Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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s.n. 1915, 22 Juin. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Accès à 28 avril 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/mc8rb70f00/
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Mardi 22 juin 1915 JE* centimes le numéro 59me année — n° m JOURNAL DE GAND I ABONNEMENTS : BELGIQUE : 8 fr. par an ; .% fr. pour six mois ; 2 fr. pour trois mois Pour l'étranger, le port en sus RÉDACTION & ADMINISTRATION : 3, RTJii] IDE FLANERIE, 3, TÉLÉPHONE 665 ANNONCES : Voir le tarif au bas de la dernière page du journal. LA GUERRE JLJ JLV Sur le front occidental Communiqués officiels allemands Berlin, 19 juin. — L'ennemi a entrepris e I nouvelles attaques contre notre front au not d'Arras et a subi de nouveaux échecs. Au nord du canal de la Bassée, nous avor I repoussé aisément une attaque des Anglais. | près de la hauteur de Lorette, des deux ci l lés de Neuville et au nord-est d'Arras, plusieui 1 ainques des Français se sont écroulées sol [noire feu. Nous avons obligé l'ennemi à évi •lier quelques morceaux de tranchées qu' nous avait enlevés dernièrement. Dans l'Argonne, des attaques purement loc: les de l'ennemi ont été repoussées à la baïor nette. . Les combats de Vauquois n'ont abouti à ai cun résultat. Au nord-est de Lunéville. nous avons pris 1 village d'Einbermenil que les Français avaiei i fortifié et occupé. Après y avoir détruit tous le retranchements ennemis, nos troupes se sor retirées dans leurs anciennes positions, emm( nant une cinquantaine de chasseurs françai qu'elles ont capturés. Dans les Vosges, on se ha, encore à quelque endroits de la vallée du Fecht. Au Hilsenfirs nous avons fait prisonniers plus de 200 Frar çais. Berlin, 20 juin. — Au nord du canal de L Bassée et sur le front nord d'Arras, nous avon repoussé plusieurs attaques partielles ennemie avec des pertes sanglantes pour l'adversaire. En Champagne, un détachement français qi attaqua, près de Perthes, après une explosio: de mines, a été anéanti. Des entreprises de Français contre nos avant-postes autour du boi de Parroy amenèrent des combats locaux, dan lesquels nous eûmes le dessus. Les nouvelle attaques ennemies dans la vallée de la Fech: e; au sud de celle-ci. furent inefficaces. Ut aéroplane appartenant à une escadrille d'aére planes ennemis qui jeta des bombes sur lse ; gtiem, en Flandre, sans occasionner, de dégât | militaires, fut descendu; plusieurs autres furen 'forcés à une retraite accélérée. Un autre aéro plane ennemi a été abattu en Champagne, pré: Je Vauquois. Communiqués officiels français W.T.B. Paris, 18 juin (15 heures). — Dan; les Vosges, nos progrès nous ont mis en pos session complète de la hauteur qui domine 1< [ vallée du Fecht au nord (le Steinabruck et df Metzeral. ! Au Sud nous avons également gagné du terrain entre les deux bras du Fecht supérieur sui [ les hauteurs qui séparent la vallée du Fecht de celle du Lauch. Paris, 18 juin (23 heures). — Grande activité | surtout le front pendant les deux derniers jours. Les combats au Nord d'Arras ont été extraordi-nairement vifs hier. Combats d'infanterie nombreux et acharnés; combat d'artillerie actif et ininterrompu. Nous avons réalisé des gains I qui ont pu être maintenus presque totalement malgré les furieuses contre-attaques de l'ennemi. Quelques-uns de ces progrès ont été encore notablement élargis aujourd'hui. Nous avons principalement avancé dans le ! nord du secteur où nous avons pris plusieurs ' lignes de tranchées des deux côtés de la route Aix-Noulettes-Souchez. Les Allemands se maintiennent au fond di Buval. Hier et aujourd'hui nous avons avancé ai N.-O., au S.-E., à l'O. et à l'E. contre Souchez Plus au sud, nous avons pris pied dans le pari du château de Carieul dont les fossés rempli: j d'eau servaient de soutien aux travaux de forti fication de l'ennemi. Nous avons gagné di ;s terrain sur les pentes au S.-E. de Souchez Plusieurs assauts ont permis d'étendre les résul i- tats d'hier. s Au nord, à l'est el au sud de Neuville, itou s avons emporté la première ligne ennemie i- Après que notre infanterie, efficacement sou tenue par le feu de 300.000 grenades, eut atta qué avec une énergie extraordinaire, elle du pendant la nuit de mercredi à jeudi s'oppose à des contre-attaques réitérées de l'ennemi entreprises sous un feu violent d'artillerie avei de fortes unités. Ces contre-atlaques furen e écartées. t Nous n'avons évacué qu'un petit bois au suc s de la hauteur 119, occupé hier malin et deveni t Intenable sous le feu de l'artillerie ennemie. Le: Allemands ont engagé 11 divisions qui ont sub s des pertes élevées : de notre côté aussi le; pertes sont sérieuses. s glNos escadres d'avions ont bombardé le: • réserves allemandes à Givenchy et dans ls boi: de la Folie et dispersé des formations de trou pes. 3 Une pièce à longue portée a bombardé deu> s fois Villers Cotterets. A Reims plus de 80 grenades, parmi lesquelles plusieurs incendiaires sont tombées sur la ville. ' Un avion ennemi a été descendu par un de 5 nos avions en Alsace. Les deux aviateurs alle-3 mands sont tués. Le bombardement d'Arras ' Arras continue à être bombardée par t'artille-■ rie allemande au moyen d'obus brisants; 70 p.c. ' des maisons sont en ruines et tous les monuments sont détruits. La population s'élevait avant la guerre à | 25.000 habitants; aujourd'hui, il reste 2,000 habitants dans la ville; ils vivent dans les caves. Communiqué officiel anglais Londres, 19 juin.— Maréchal French annonce sous la date du 18 : Les combats sur les parties septentrionales et méridionales de notre front ont continué au cours du 16 avec assistance de troupes françaises. A l'est d'Ypres, toute la , première ligne de l'ennemi resta en nos mains. Les Allemands exécutèrent deux violentes contre-attaques. La deuxième ligne de tranchées ennemies n'a pu être maintenue par nous. A l'est de Festubert, nous avons gagné un peu de terrain. Sur le front oriental Communiqués officiels allemands 19 juin. — Dans la région de Szawle et de : a Dawina, ainsi que dans le secteur de la Szla-wan.'a, nous avons repoussé des attaques russes. Au sud-ouest de Kalvaria, nous avons progressé et pris d'assaut le village de Wolko-wizna.Les Russes sont reietés à l'ouest du San jus qu'à la ligne Zapuscie-Ulanôw et. à l'est, au ; delà de la ligne Tanew-Pauczka.Nous attaquen: la position de Grodek.Les troupes ennemies u i se tenaient encore au sud du Dniester, entre les marais du Dniester et le Stryj, ont été atta . quées et refoulées vers le nord. L'offensive continue. 20 juin. — Des auaques russes contre no: , lignes dans la région de Sawle et d'Augustow furent repoussées. Quelques poussées en avan de petits détachements amenèrent la prise de positions avancées ennemies, près de Budt tirzysicki et Zalicsie>. (à l'est de la route de Hrasnysch-Myszynic. Au sud de la Pilica, les troupes du lieutenan général von Woyrsch se sont emparées, ce: derniers jours, de plusieurs positions avancée: ' ennemies. L'armée du lieutenant général vot Mackensen a enlevé les positions de Grodek , A l'aube de la journée d'hier, des troupes aile : mandes et le corps du lieutenant feldmarécha 1 von Arz commencèrent l'attaque contre- les li gnes ennemies fortement retranchées. Après ur combat acharné, presque toutes les tranchée: ennemies, creusées en plusieurs lignes les une: ; après les autres, sur un front d'une longueui ; de 36 kilomètres, au nord de Janow, jusque Nu-ta-Obeddynski (au sud-est de Rawa et Ruska) furent prises d'assaut dans l'après-midi.Le soir l'ennemi était refoulé jusque derrière la grande ' route Zolkiew au nord de Lemberg-Rawa-Rus-ka. Sous la pression de cette défaite, l'adversaire, vivement pressé par les troupes austro-hongroises, a également reculé de la position qui s'y rattache entre Grodek et les marais du Dniester. Entre les marais du Dniester et l'embouchure du Stryj, l'ennemi a abandonné la rive méridionale du Dniester. Communiqués officiels auîricfckr.s Vienne, 19 juin. — Au nord de Sieniawa.nos troupes, dans leur poursuite, avancèrent sur le territoire russe et atteignirent les hauteurs de Kreszow, les bas-fonds du Tanew et occupèrent Tarmagrad. Les troupes russes se trouvant entre le San inférieur et la Vistule reculent égarement sur plusieurs points.Cieszanow et les hauteurs au nord de cet endroit ont été pris. Dans le territoire montagneux à l'est de Niemirow, ainsi que dans la région près de Janow, des forces russes considérables se sont établies. A la Wereszyca, le combat est en cours. Nos troupes ont déjà pris pied à certains endroits à l'est du fleuve. Au sud du Dnjetr supérieur, les Russes durent se retirer, après des combats violents, des positions près de Lyttinia, vers Kolodrub. Quelques troupes atteignirent, dans la poursuite, l'embouchure du Wereszne. Pour le surplus la situation au Dnjetr est inchangée. Le groupe est de l'année de Pflanzer a repoussé hier, entre le Dnjetr et le Pruth, huit assauts des Russes avec des perles sanglantes pour ceux-ci. L'ennemi, qui fit des efforts désespérés pour refouler nos troupes dans la Bu-kovine, subit des pertes considérables sous le feu de l'artillerie et recula en fuyant; 8 officiers et 1,002 hommes furent faits prisonniers et 3 mitrailleuses capturées. Vienne, 20 juin. — La bataille galicienne continue. Assaillant la position de défense russe du nord au Wereskyca, les troupes des armées coalisées conquirent position sur position. Grodek et Komarno sont pris. Au front du nord, la rive méridionale du Tanew a été débarrassée de l'ennemi. Klanow a été occupé par un violent combat au sud du Dnjetr supérieur; l'attaque des coalisés progresse. La partie est de l'armée Pflanzer a de nouveau repoussé les attaques russes avec des pertes sanglantes pour l'ennemi. ; Vienne, 20 juin.UO h. du matin).— Refoulés sur tout le front de la position de la Wereszyca, les Russes sont en retraite partout depuis 3 heures du matin. Communiqué officiel russe W.T.B. Du communiqué de St-Pétersbourg, 17 juin. — Le combat près de Schaulen continue avec chances diverses. Des villages passent alternativement de l'une main à l'autre. A la Dubissa, duel d'artillerie, A l'ouest du Njemen moyen, l'ennemi a entrepris les 14 et 15 juin plusieurs attaques, dans le but de prendre ; l'offensive. Au cours d'une contre-attaque à l'est de Ma-riampol, nous avons repris plusieurs localités occupées par l'ennemi. Dans la nuit du 14 au 15, l'ennemi a repris le bombardement d'Ossowietz. Petits combats au front du Narew, dans la vallée de POinulew. Dans la vallée de l'Orzyc, au cours de la nuil du 15 juin, l'ennemi ouvrit un feu violent, de ses nombreuses batteries, contre le village Jednorescec. En peu de temps, plus de 10,000 projectiles y furent tirés, Le lendemain 1 ennemi tenta à nouveau l'attaque de nos positions, mais il ne réussit qu'à occuper une partie des tranchées complètement démolies d'un de nos régiments. Au nord de Praschntisch, nous avons, au cours d'une contre-attaque, repris toutes les tranchées avancées que l'ennemi avait gardées depuis de 12 juin. En Galicie, à l'est du San, la bataille se poursuit avec encore plus de violence. L'ennemi amène sans cesse de nouvelles forces au front. Au Dujesier, le 14 et 15, les combats ont continué au front Tysmenitza-Bystrica. Sur le front itaio-autrichien Communiqués officiels autrichiens W. T. B. Vienne, 18 juin. — De nouvelles attaques des Italiens au front de l'fsonzo n'ont pas donné plus de résultats que les précédentes. Près de Plawa, nos vaillantes troupes de Dalmatie ont repoussé, dans la soirée et la nuit d'avant-hier, l'attaque d'une brigade italienne. Hier l'ennemi attaqua de nouveau,mais fut encore repoussé. Dans le secteur d'attaque on a pu établir la présence de deux brigades piémontaises et d'un régiment de la milice-mobile. Ainsi que dans la région du Krn, les pertes des Italiens ont été ici très lourdes. De nouvelles attaques ennemies dans la région du Plock et sur le mont Coston ont été encore re-poùssées.W. r. B. Vienne, 19 juin. — Au front de l'isonzo et à la frontière de la Carinthie, le calme s'est rétabli après les dernières poussées en avant italiennes inefficaces et riches en pertes peur l'ennemi; ce calme n'est interrompu que par des combats de tirailleurs et un feu d'artillerie sur certains points. Une attaque ennemie exécutée de nouveau hier après-midi, près de Plava, a été étouffée dès le début par le feu d'artillerie. Dans le territoire de frontière du Tyrol, des détachements italiens, qui tentèrent d'avancer vers les passages des montagnes à l'est de la vallée de Fassa, furent repoussés partout. Des attaques contre les plateaux de Fo'garia et Laparone ont été suspendues par l'ennemi. Dans quelques localités délivrées du territoire de frontière, les Italiens tourmentent la population en arrêtant des ôtages et en exécutant des mesures de violence. Communiqués officiels italiens W. T. B. 17 juin. -— On signale des escarmouches avec l'ennemi sur tout le front dans la vallée Zugualor, près Brentonico (Vallée de l'Etsch), au Col Fedeia, au Mont Piano (Cadore), au passage de la vallée Piccolo à la vallée Grande, en Carinthie, où l'ennemi a repris depuis quelques jours ses efforts, et à quelques villages le long de l'isonzo, où nos iroupes ont atteint quelque résultat ou s'organisent. Les opérations de nos soldats alpins, dans la région du Mon. Négro, méritent une mention spéciale. Ils ont réussi à déloger l'ennemi de ses positions le long des rochers qui atteignent, du côté nord, la crête principale. L'opération commencée la nuit par des ascensions difficiles, s'est terminée à l'aube. W. T. B. 17 juin. — De petits combats heureux marquent noire avance dans les régions du frentin et du Tyrol. Près de Zugna nous avons refoulé un détachement ennemi venant ^e Kovereto dans la vallée Costeana. Nous avons occupé la position Sasso d'Istria et l'hôtel de Falzarego. En Carinthie, le combat d'artillerie s'anime. Nos batteries ont décimé quelques groupes occupés à des travaux de défense ainsi que des colonnes d'hommes et animaux en marche. Malgré le vent entravant les reconnaissances, nous avons pu constater les dégâts produits par notre feu sur Malborgeth. Des nouvelles postérieures soulignent l'importance du combat du 16, livré dans la région du Krn, malgré les grosses difficultés topographiques et le feu violent de l'ennemi, installé sur des points dominants. Hier après-midi un bataillon hongrois venant de Planina, au N.-O. de Krn, attaqua violemment nos positions à Zakrain. Une contre-atta-que le repoussa. A l'isonzo, notre offensive continue, systématiquement et avec ordre et sécurité. Les troupes qui se glissaient, vers Plawa et avaient pris les hauteurs voisines après de sanglants combats, ont organisé leurs positions et résistent aux contre=attaques-répétées de l'ennemi. Au reste du front, en aval, duels d'artillerie à grande distance. La gare de Gorz a été en partie détruite. (s.) Cadorna. Aux Dardanelles Communiqué officiel turc Constatinople, 20 juin. — Notre artillerie prit sous son feu, le 17 juin, près d'Ari-Burnu, les installations héliostatiques. La plupart des soldats ennemis y travaillant furent tués. Un torpilleur ennemi a été gravement endommagé par un obus d'artillerie. Le 18 notre artillerie a bombardé efficacement l'aile gauche de l'ennemi et lui infligea de grandes pertes. Afin de se protéger contre le feu efficace de nos batteries de la côte, l'ennemi changea de position. Mais les nouvelles positions furent également bombardées par les battertes allemandes. L'artillerie ennemie, qui ouvrit le feu sur notre infanterie, fut réduite au silence. I Feuilleton du Journal de Gand 46 LE DOCTEUR RAMEAU par GEORGES OHNET Et voilà que, subitement, les bornes du terr mire parcouru s'éloignaient, les horizons rect 'aient, à perte de vue, et Rameau se trouva avec stupeur, devant une étendue beaucou plus vaste que tout ce qu'il avait exploré. O plutôt,ces espaces,qui s'élargissaient à ses yeu: comme si un voile se fût tout à coup déchiré, commençait à le comprendre, ces espace "étaient pas insoupçonnés par lui, mais il e avait volontairement détourné ses regards pot "e pas les voir. Le champ du matérialisme éta sa possession, sa conquête et, arrivé au bu brusquement, comme Moïse sur le mont Néb< '' apercevait toute une contrée nouvelle, terr promise dont il avait nié l'existence et qui s déroulait devant lui, monde du spiritualisme mille fois plus fécond et plus resplendissant qu tout ce qu'il avait admiré jusqu'alors. Avec un frémissement d'initiation inattei due, il en eut la vision radieuse et sublimt '-'était bien le pays où la beauté était plu chaste, la vertu plus douce, et l'amour plus pui Admirable pays de l'idéal, où le bonheur dt rait éternel et où, dans la tranquille lumière, 1 doute disparaissait, comme un nuage dissipe 's soleil. Rameau, ébloui par les clartés qui p( nétraient en lui, essaya de se dérober à leur flammes. Il voulut fuir, redescendre dans so" ombre. L'immensité, au travers de laquelle ]se sentait emporté, lui fit peur, il aspira à i terre. 11 fit un effort pour rentrer dans I irdr des faits matériels. Il se calma, se reprit, e: certain qu'i.l n'était victime d'aucun sortilège affermissant sa raison, il essaya de discuter. S'il admettait un principe supérieur à la ma tière, il était donc conduit à reconnaître ce qu i avait nié de toutes les forces de son orguei i_ humain ; l'existence d'une âme. Il se mit à rin i- amèrement. Une âme? Où était-elle? Dan it quelle partie du corps se logeait-elle? De que p organe était-elle le moteur? Etait-ce dans soi u cerveau qu'elle résidait? Etait-ce son coeu :, qu'elle mettait en mouvement? Allons! 11 sa il vait bien que c'était impossible! Son âme s c'était son intelligence, l'ensemble de ses idées :i développées et acquises par le travail, le per r fectionnement de ses instincts physiques, gran l dis et épurés jusqu'à devenir des qualités mo raies. L'âme? C'éiait la mise en mouvemen i. de son libre arbitre et de sa volonté. Pas autri e cliose ? e Ft cependant, avec stupeur, il se rappelai :. que sa volonté était de haïr Adrienne; que e livré à son libre arbitre, i! se fût détourné d'elle avec horreur, et que pourtant une force, qu'i i- n'avait point su définir, mais à laquelle il obéis sait malgré lui, l'avait conduit au chevet dt s l'enfant issue de la faute, et lui avait impose la compassion, pour le jeter enfin, tremblant e i- pénétré de tendresse, aux pieds de celle qu'i e devait et qu'il voulait haïr. Et il l'aimait.' Ci n'avait pas été une surprise d'un instant, uni seconde d'attendrissement provoqué par ur s 1 ébranlement des nerfs, mais un élan de miséri i corde, profond et durable, comme un flot vivt 1 fiant largement répandu. Il l'aimait et. il le sen t tait bien, toute sa vie il continuerait de l'aimer Quelle puissance supérieure avait donc ou vert cette source sacrée qui rafraîchissait si pensée? A quelle force, latente en lui, cette puissance s'était-elle adressée? Oh! Qu'on l'ap pelât son intelligence ou son âme, elle existait I elle brûlait, impalpable e; divine, et ce n'étai 1 ni le hasard des éléments, ni la science de: ; hommes qui avait pu la créer. 5 Enlevé de nouveau en plein ciel. Rameau ne ' voulut plus en descendre. 11 sentit débordei ' en lui un enthousiasme inconnu, s'allumer une ivresse délicieuse. Il lui sembla que son fron brûlait, comme si sa pensée s'exaltait et tou son être s'emplissait d'une joie surhumaine Toutes ses convictions anciennes, il les juge; fausses, toutes ses doctrines lui apparurent vaines. Autour de lui, il ne vit plus que des décombres stériles, et des ruines poudreuses. Ls ' certitude d'un être supérieur, principe de toute : grandeur, de toute pitié et de tout amour lu apparut. Avec un cri d'ineffable bonheur, il 1 confessa son aveuglement, et ouvrit ses yeux i la i..,uvelle lumière. [ : Deux mois plus tard, par un beau mur de la fin de juillet, l'église Sainte-Clotilde était pleine t de tout ce que Paris comptait d'artistes et de 1 savants, venus pour assister au mariage de Mlle Adrienne Rameau et du docteur Robert Ser-: vant. La foule, écrasée dans la nef et les bas i côtés, refluait jusque dans la rue. Par la grande porte, restée ouverte, on apercevait le choeur resplendissant de clartés, et on en:endait 1 - derniers accords de la marche-nuptiale. Le cortège achevait d'entrer et, précédée p . les deux suisses, frappant les dalles du manct [ de leur hallebarde, la fiancée au bras de st : père traversait la nef, au milieu d'un murmu caressant longuement prolongé. Son teint ro: et ses cheveux blonds transparaissaient sous blancheur de son voile. Elle marchait gracieu: ; et lente, les yeux baissés dans un recueilleme grave, sans entendre aucune des louanges qt méritait sa beauté. Rameau, très pâle, mais so riant et l'air heureux, allait comme au trior phe, portant haut sa belle tète couronnée cheveux blancs. Derrière lui, Talvanne et R bert, et la longue file de parents et d'amis, s luant sur leur parcours, entre les rangées d< chaises, les figures de connaissance. Et, jetai avec un éclat joyeux ses pompeuses harmonie l'orgue qui chantait, exaltait les cceurs, comrr les fleurs partout répandues, les cierges étc lant l'obscurité, éblouissaient les yeux. Arrivés à leurs sièges d'apparat, les marie se placèrent et la cérémonie commença.En fat du chœur, côte à côte, un peu séparés de let famille, glorieusement assis sur des fauteui dorés, ils étaient déjà unis dans une méditatic recueillie. Le prêtre à l'autel lisait les texte sacrés, et le silence s'était fait profond sous ! voûte, troublé seulement par le roulement de voitures et le murmure étouffé des curieux dar la rue. Talvanne, assis auprès de Rameau, comn-un frère, regardait avec complaisance le jeur couple, admirait la beauté de la femme et gracieuse tournure du mari. Et, pensant à toi ce qu'il avait fallu d'efforts pour obtenir qu'i ;s fussent heureux, il bénissait la Providence qui avait souverainement manifesté sa volonté, jr Après tant d'épreuves, on était au port, et on le avait assez souffert : c'était fini, il ne devait in plus y avoir, dans l'avenir, que de la tranquilité •e et de la joie. ;é Au même instant, le prêtre, à pas mesurés, la descendit de l'autel pour unir les jeunes époux. >e Le voile d'Adrienne relevé laissait voir son it visage incliné dans une fervente prière. A la te question : Prenez-vous pour époux... elle ré- J- pondit un : oui, très distinct, et son regard, un i- peu détourné, se fixa sur son père, pour lui le offrir tout le bonheur qui s'épanouissait en elle. > Ce bleu regard exprimait une tendresse si i- profonde que le cœur de Rameau eut une pal- :s pitation exquise. En même temps, le soleil, illu- it minant les vitraux du chœur, vint caresser de s, ses rayons la tête blonde d'Adrienne et l'éclaira e comme d'une gloire d'or. Elle apparut ainsi, i- transfigurée, presque isolée dans une lumière divine, semblable à une jeune sainte descendue :s au milieu des hommes. Rameau, malgré ces e yeux d'azur et ces blonds cheveux, ne vit plus tr en elle l'enfant issue de la faute, mais un ange s qui lui avait été envoyé pour le consoler de ses n tourments. Tout ce qui restait d'amer et de dou- s loureux en lui, se fondit dans une extase déli- a cieuse, et. plein d'une humble reconnaissance, :S il se courba. Talvanne, entendant Rameau par- 's 1er tout bas, se pencha pour écouter, et il distingua ces mots murmurés avec ferveur : e — Mon Dieu!... Mon Dieu!... e C'était l'athée qui priait. a " FIN, [S

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Cet article est une édition du titre Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire appartenant à la catégorie Liberale pers, parue à Gand du 1856 au 1923.

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