Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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s.n. 1915, 19 Août. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Accès à 28 mars 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/js9h41p08b/
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jeudi lî> aoiil IÎH> — «ji mwnmmmtmmmmM £f- centimes numéro 89me année - '231 JOURNAL DE GAND ABONNEMENTS : BELGIQUE : S fr. par an ; î fr. pour six mois ; 3 fr. pour trois mois Pour l'étranger, le port en sus KIÏDACTION & ADMINISTRATION : 3, jri U .Mi J. .tLl jSI i. Jtî ii, 3, C3- A- f •J' .D TÉLÉPHONÉ 665 ANNONCES : Voir le tarit au bas de la dernière page du journal. I^niiicieis de l'autorité allemande AVIS H fjo 2 du Verordnungsblatt fiir dus Etnp-à paru le 14 courant et contient ■mbie des ordonnances édictées et encore Bue, Ce journal est envoyé à toutes les BJjistrations Communales ; on peut en outre ■procurer un exemplaire au prix de 20 pf. à Biinistration Civile de l'Inspection d'Etape, ■Lue Basse des Champs. secours aux chômeurs ce titre, nous recevons la communi-E suivante, que nous insérons volon- Hfbs compatriotes, soumis à la plus dure Breuve qu'ils aient jamais eu à supporter, Hnern de multiples exemples de sagesse ■ de force morale. ■ Ce n'est pas seulement la puissance mili-■L ou la richesse financière d'un peuple Kj, fait sa grandeur. C'est aussi par ses ver-■civiques, par son esprit de solidarité et Bchanté notamment, qu'il peut com-Kândc-r l'admiration, même de l'ennemi. Bus pensons ne pas exagérer en affirmant Ki'à part . quelques faiblesses isolées, le Biple belge a stoïquement porté le poids Bleutés les conséquences de la guerre. Et Belle-ci a fait verser bien des larmes, elle Ka. d'autre part, rendu plus étroits les ■ens de fraternité si nécessaires entre les ■d'une même patrie. ■ Tout le monde a pu constater, dès l'ou-Hure des hostilités, l'unanimité et la Bntanéité avec lesquelles les secours fu-Hl recueillis. Dès le lendemain de l'in-tsion. on réussit à parer aux premiè-Enécessités et à soulager les souffrances Ep'lus douloureuses. C'est ainsi que nous Kmes. à côté de l'oeuvre de la Croix Rou-HL fonder l'œuvre de la Soupe commutai! celle de la Croix Verte, celle du Lait Eur les petits enfants, et d autres, auxquel-Hçhacun apporta son concours ou son à mesure que la misère augmentait. K les souffrances devenaient plus péni-m \a charité publique et privée rivalisè-B de zèle et de dévouement afin de gar-B à notre population cette énergie si né-■jsaire en ces moments tragiques, où Bne les plus forts se sentent déprimés. |)ans une ville comme la nôtre, dont la opulation est en majeure partie composée Bvriers, la suite la plus funeste de la juerre devait être le chômage; et en effet, celu-ci a atteint bientôt des proportions ef-Bantes. Mais aussitôt naquit le Comité Recours aux chômeurs, qui sut prendre lesmesures les plus urgentes et réussit a pû/ager bien des infortunes. [Dès le mois de mai, ce Comité accueillit irès de 30.000 inscriptions d ouvriers et [ouvrières chômeurs, appartenant aux di- Isyndicats ou mutualités ou non affilies organismes. ^aniser les divers services, établir les i, les copier, les classer et par ordre bétique et par sections de police, rues méros, ne fut pas une mince besogne, iguer les inscriptions régulières de celai avaient été enregistrées sans réunir éditions requises par le règlement du té. attribuer ensuite les secours, dres-s bordereaux d'émargement et opérer les paiements aux intéressés, furent t d'opérations longues, parfois diffi-toujours délicates, car la plus stricte tialité devait présider à ce travail le. Mais le tout fut mené à bonne fin. n considère qu'on se trouvait devant un organisme nouveau, et pour ainsi, dire improvisé, on peut affirmer que le résultat a dépassé les prévisions les plus optimistes. A partir du mois de juin, l'organisation nouvelle fût perfectionnée; la Commission administrative prit successivement une série de mesures qui eurent pour conséquence d'empêcher les fraudes et de donner satisfaction aux réclamations fondées. Les services des inscriptions et du paiement furent transférés au spacieux local « Guillaume lell », rue des Baguettes; par son utilisation, le paiement put se faire en quatre jours, et les chômeurs ne furent plus obligés de stationner dans la rue, attendant leur tour, stationnement toujours humiliant et de nature à porter atteinte à la dignité de ceux pour lesquels l'obligation d'être secourus est une triste nécessité, née des circonstances.Nous ne saurions trop y insister, il ne faut jamais perdre de vue qu'il ne suffit pas de donner, mais que ia manière de donner importe avant tout, (^ue tous ceux qui par leur fonction ou emploi dans une des oeuvres de charité ou de secours instituées en notre ville se trouvent amenés à entrer en contact avec le public, aient conscience de ia véritable mission sociale qu'ils remplissent en ce moment, baissons aux moi-heureux forcés d'avoir recours à la charité ie sentiment qu'on leur accorde un « secours » et non point qu'ils reçoivent une « aumône ». Nous le répétons, d'excellentes mesures ont été prises en vue d'améliorer et de perfectionner les divers services du fonds de secours aux chômeurs. Comme il n'entre pas dans le cadre de cet exposé de faire connaître en détail le mécanisme de l'œuvre, nous devons forcément nous borner à des considérations générales. Toutefois, pour donner au lecteur une idée de l'importance de pareil organisme, nous citerons quelques chiffres qui en disent plus long que les plus beaux discours sur l'utilité et l'opportunité de la fondation du Comité de Secours. A la fin du mois de juillet,plus de 45.0CÔ chômeurs, complets ou partiels, s'étaient fait inscrire. Ce nombre compreno 12.000 chômeurs syndiqués, 6.000 mutualistes, 6.500 ouvriers employés aux darses, 1 100 ouvriers occupés aux divers services communaux extroardinaires et 12.000 ouvriers non-syndiqués. Nous croyons ne pas exagérer en affirmant que plus de 50.000 personnes sont secourues par le Comité,en comptant les ménagères et les enfants de moins de 16 ans. Nous nous proposons d'exposer dans une série d'articles, si le Journal de Gand veut bien nous continuer l'hospitalité de ses colonnes, sur quelles bases le secours est accordé aux chômeurs et par quelles nesures le Comité favorise la reprise-du travail. Nous parlerons ensuite de l'organisation de l'enseignement obligatoire aux chômeurs, dont nous soulignons, dès à présent, la haute portée morale et sociale. Enfin,nous nous permettrons de signaler au Comité quelques améliorations que l'on pourrait apporter à l'œuvre si intéressante ec si humanitaire aux destinées de laquelle il préside. Nous estimons ne pas devoir prodiguer des éloges individuels aux membres du Comité de Secours, tous les méritent au même titre; mais il serait injuste de ne pas citer M. l'avocat Albert Mechelynck, le dévoué président, qui met au service de la cause des malheureux toute son activité. H. LA G (JERUE Sur Se f refit occidentsi Communiqué officiel allemand Berlin, 17 août. — Devant Ostende, noire artillerie de la côte a repoussé deux destroyers ennemis. Dans l'Argonne orientale, une tranchée a été prise près de la Fille-Morte. Près de Bapeaume, un aéroplane anglais est tombé en nos mains. Les occupants,deux officiers, ont élé faits prisonniers. Communiqués officiels français Paris, 16 août (après-midi). — Au cours de la nuit, canonnade intermittente dans la région de Souciiez et sur le plateau !de Nouvron, au nord de l'Aisne. Combats à coups de grenades et de bombes dans le secteur de Quennevières et dans les Vosges coup de mine sur une tranchée ennemie, entre Burnhaupt le Bas et Ammerzweiler. Paris, 16 août (soir). — Violente lutte d'artillerie pendant toute la journée sur un grand nombre de points du front. L'ennemi ayant encore envoyé des obus sur Saint-Dié, nous avons tiré sur Sainte-Marie-aux-Mines.Sur Se front oriental Communiqué officiel allemand Berlin, 18 août. — Groupe d'armée du général feldmaréchal von Hindenburg : D'autres combats dans la région de Kupuchky ont été heureux; 626 hommes, dont 3 officiers, tombèrent dans nos mains. Des troupes de l'année du lieutenant général von Eichhorn ont pris d'assaut les forts du secteur sud-ouest du front de Kovno, entre le Niémen et la Jessia. Plus de 4,500 Russes ont été faits prisonniers, 240 canons et un autre nombreux matériel ont été pris. Les armées des généraux von Scholtz et von Gallwitz ont refoulé l'adversaire dans des combats ininterrompus. Plus loin, dans la direction est, 1,800 Russes, dont 11 officiers, ont été faits prisonniers; un canon et 10 mitrailleuses ont été amenés. Au front nord-est de Nowo-Georg'iewsk, un grand fort et deux ouvrages intermédiaires ont été pris d'assaut. Sur le restant du front, nous sommes parvenus presque partout à refouler l'adversaire plus loin. 2,400 prisonniers ont été faits et l'9 canons et d'autre matériel pris. Les groupes de l'armée du général feldmaréchal Prince Léopold de Bavière et du général feldmaréchal vonMackensen continuent leurs progrès victorieux. Dans son communiqué officiel du 16 août, la direction de l'armée lusse prétend que des avant-gardes russes ont pris te 13 août, près de Donajow, à la Zlota-Lipa, deux rangées de irancliees allemandes et ont abattu leurs défenseurs. Nos troupes qui combattent sur ce point n'ont connaissance que d'une entreprise de patrouilles qui eut lieu dans la nuit du 12 au 13 août, entreprise qui échoua complètement et à l'occasion de laquelle l'adversaire abandonna devant notre position 4 morts et 2 blessés, sans nous infliger la moindre perte. Communiqué officiel autrichien W. T. B. Vienne, 16 août. — Dans la région de Bug, la poursuite des Russes a fait des progrès rapides. Les forces austro-hongroises s'avançant au centre des armées coalisées se sont attachées aux talons de l'ennemi en retraite, à l'ouest de Biala, au delà de la Klikawka. Les divisions de l'archiduc Joseph-Ferduiand ont atteint le soir, en combattant, la région au sud et au sud-ouest de Krzna Biala, ont construit des ponts sur la Krzna et l'ont franchie ce matin tôt. Les arrière-gardes ennemies furent attaquées partout où elles s'établissaient et culbutées. Les troupes du général von Kovelz ont refoulé l'ennemi au-dessus de la Klikawka supérieure. Dans la région de Biala et vers Brest-Litowsk on voit des incendies nombreux et étendus. Près de Wladimir-Wolynskij, où nous avons pris pied à plusieurs endroits sur la rive est du Bug, ainsi que en Galicie orientale, la situation est inchangée. Communiqué officiel russe W. T. B. St-Pétersbourg, 16 août. — Pas de ehangement dans la région de Riga. Dans les directions de Jacobstadt et Dilnaburg, les combats ont augmenté de violence, le 13 et 14 août. A la rive gauche du Bug, nous avons arrêté le 13 et le 14 une forte offensive ennemie contre nos positions le long du chemin de fer Sjedlez" Lukow. A Nowo Georgiewsk, les ennemis opérant contre plusieurs secteurs par une série d'attaques isolées, ont bombardé les remparts avec des canons de gros calibre. Sur la'rive droite du Bug, pas de changement réel. A la Zlota-Lipa, au sud de Ujunow, nos avant-gardes.ont exécuté le 13 une reconnaissance, contre des troupes allemandes. Au Dnjestr, combats isolés, le 13 août, et la nuit suivante dans la région des embouchures de la Strypa et de la Zlota Lipa, au cours desquels les Autrichiens firent un feu violent de canons de carrlpagne et de siège. L'évacuation de Riga D'après une dépêche de Pétrograde à l'agence Havas, la ville de Riga est complètement évacuée. Les Russes ont même emporté les rails des tramways. Les toitures en cuivre ont été toutes enlevées, de même que la statue gigantesque de Pierre-le-Grand. Aucune fabrique ne travaille plus. Sur He front tolo-autrâhsen Communiqué • officiel àtitiieiiien W. T. B. — Vienne, 16 août. — Au front du Tyrol, l'artillerie ennemie lourde, après une longue pause, a ouvert à nouveau le feu contre nos ouvrages, notamment contre ceux du Col Tonale et sur les plateaux de Lavarone et Rôlgaria. Les tentatives d'atlaques de l'infanterie italienne à la route de Tonale et sur la position Popena (au sud de Schluderbach), ainsi que dans la région de Trente (Dreizinne'ngebiet) ont été repoussées. De même échouèrent au front de la région côtière les attaques renouvelées de l'ennemi danr la région au sud du Km et une atlaque contre la partie en saillie du plateau de Doberdo. Un de nos hydroplanes a lancé, le 15 août, après-midi, des bombes sur quatre forts de la côte à Venise ; toutes, à l'exception d'une seule, ont explosé à l'intérieur des ouvrages. Cinq, aviateurs ennemis se sont mis à sa poursuite ; deux s'étaient à peine élevés qu'ils furent contraints à la retraite et à l'atterrissage par le feu de notre mitrailleuse. Deux autres renoncèrent à la poursuite après quelque temps , le dernier aviateur ennemi suivit notre hydroplane jusqu'à proximité de la côte d'istrie, où il dût rebrousser ' chemin sans aucun résultat. Malgré le feu violent des navires de guerre et forts ennemis, notre ' hydroplane est rentré bien conservé. D'après le communiqué officiel italien notre U. 3 a été coulé le 12 août dans l'Adriatique du Sud ; le 2' officier et 11 hommes du sous-marin furent sauvés et faits prisonniers. Communiqué officiel italien W. T. B. Rome, 16 août. — Dans la vallée d'Etsch, nous avons arrêté un train blindé ennemi, armé de petits canons et de mitrailleuses, qui tentait une attaque contre la gare de Serravalle. Nous avons repoussé de petites attaques contre nos positions au Monte Maggio, sur le haut plateau au nord-est de Arsfero. Nous avons arrêté, après une violente bataille, des forces ennemies considérables à Popenatale, où elles faisaient l'assaut des positions. Dans la vallée Sexte, l'ennemi n'a pas répondu le 23 au feu de notre artillerie. L'infanterie s'est alors avancée et a atteint le versant du Seikop-fel et Cresta Rossa. Un train blindé ennemi, armé de canons légers, a fait une attaque contre nos positions au sud-ouest de Monfalcone, à l'extrême aile gauche. Aux Dardanelles Communiqué officiel turc Constantinople, 17 août. — L'ennemi, qui a débarqué depuis les 6 et 7 août cinq nouvelles divisions, prononça avec ces renforts une attaque contre nos positions. Grâce à la résistance héroïque de nos troupes et leurs contre attaques, ! ennemi n obtint aucun résultat, quoiqu'il eut perdu la moitié de ses nouvelles forces. 11 se maintient seulement sur les pentes de la rive. Le 15 août, nous avons refoulé dans les environs de Anafartas une attaque ennemie en infligeant à l'adversaire des pertes considérables. Nous avons fait prisonniers un capitaine et quelques soldais; deux mitrailleuses ainsi qu'une quantité de fusils furent conquis. Nos troupes occupent actuellement partout des positions qui dominent celles de l'ennemi. Notre ai tillerie a touché un torpilleur ennemi devant Ari-Burnu qui s'est éloigné en brûlant. A Sedd-ul-Balir, nous avons fait exploser une mine sur notre aile droite à une distance de 2 à 3 mètres devant la position ennemie; 1 explosion a fait écrouler la position ennemie avec son lance-mines et ses obstacles en fils de fer barbelés. L'ennemi riposta pendant toute la nuit avec une prodigalité inutile de munitions. SX HO S Le tissu d'orties De Genève au Temps : Les Leipziger Neueste Nachrichten conseillent d'établir des tissages d'orties. Si l'on crée pendant la guerre des fabriques de tissus d'orties, non seulement on pouvoira aux besoins du pays pendant cette période, mais on pourra, après la guerre, faire concurrence aux étoffes de coton de l'étranger. GSwonique Gantoise CENSURE des imprimés. — Les bureaux de la Censure, établis lue de Bruges, 25, à Gand, sont ouverts tous les jours ouvrables de 9 heures du matin à midi (H. A.), exclusivement pour la censure des imprimés. Inutile de s'y adiesser après-midi. (Communiqué) SECOURS aux sans-travail nécessiteux. Le paiement des secours aux sans travail nécessiteux aura lieu jeudi et vendredi 19 et 20 courant à la salle Guillaume Tell, rue des Baguettes, 33 et au Local quai des Tonneliers, 4. Les réclamations et inscriptions nouvelles ne seront pas acceptées aux dates susindiquées. ■ Jifeton du Journal de Gand 70 I Le Comte Iûnte-Cristo par I ALEXANDRE DUMAS fes porteurs firent une vingtaine de pas, u's ils s'arrêtèrent et déposèrent la civière "fie sol. ^ des porteurs s'éloigna, et Dantès en-snàit ses souliers retentir sur les dalles. à suis-je donc ? se demanda-t-il. - -Sais-tu qu'il n'est pas léger du tout ! celui qui était resté près de Dantès en fcyant sur le bord de la civière. •Ç premier sentiment de Dantès avait été ychapper, heureusement il se retint, r^claire-moi donc, animal, dit celui des F Porteurs qui s'était éloigné, ou je ne Itérai jamais ce que je cherche. ! nomme au fallot obéit à l'injonction, feue, comme on l'a vu, elle fût faite en les peu convenables. — Que cherche-t-il donc ? se demanda Dantès. Une bêche sans doute. Une exclamation de satisfaction indiqua que le fossoyeur avait trouvé ce qu'il cherchait.— Enfin, dit l'autre, ce n'est pas sans peine. — Oui, répondit-il, mais il n'aura rien perdu pour attendre. A ces mots il se rapprocha d'Edmond, qui entendit déposer près de lui un corps lourd et retentissant; au même moment,une corde entoura ses pieds d'une vive et douloureuse pression. — Eh bien ! le nœud est-il fait ? demanda celui des fossoyeurs qui était resté inac-tif.— Et bien fait, dit l'autre; je t'en réponds.— En ce cas, en route. Et la civière soulevée reprit son chemin. On fit cinquante pas à peu près, puis on s'arrêta pour ouvrir une porte, puis on se remit en route. Le bruit des flots se brisant contre les rochers sur lesquels est bâti le château, arrivait plus distinctement à l'oreille de Dantès à mesure que l'on avança. ' — Mauvais temps ! dit lin des porteurs, •! il ne fera pas bon d'être en mer cette nuit. I . — Oui, l'abbé court grand risque d'être: mouillé, dit l'autre, et ils éclatèrent de rire. Dantès ne comprit pas très bien la plai- ! santerie, mais ses cheveux ne s'en dressèrent pas moins sur sa tête. — Bon, nous voilà arrivés ! reprit le pre- ; mier. — Plus loin, plus loin, dit l'autre, tu se:; bien que le dernier est resté en route, brinj" sur les rochers, et que le gouverneur nous a dit le lendemain que nous étions des fainéants.On fit encore quatre ou cinq pas en montant toujours, puis Dantès sentit qu'on le prenait par la tête et par les pieds et qu'on le balançait. — Une, dirent les fossoyeurs. — Deux. — Trois ! En même temps Dantès se sentit lancé en effet dans un vide énorme, traversant les airs comme un oiseau blessé, tombant, tombant toujours avec une épouvante qui lui glaçait le cœur. Quoique tiré en bas par quelque chose de pesant qui précipitait son vol rapide, il lui sembla que cette chute durait un siècle. Enfin, avec un bruit épouvantable, il entra comme une flèche dans une eau glacée qui lui fit pousser un cri, étouffé à Tintant même par l'immersion. ' Dantès avait été. lancé dans la mer, au fond de laquelle l'entraînait un boulet de trente-six attaché à ses pieds. La mer est le cimetière du château d'If. XXI l'île de tiboulen. Dantès étourdi, presque suffoqué, eut cependant la présence d'esprit de retenir son' haleine, et, comme sa main droite, ainsi que nous l'avons dit, préparé qu'il était à toutes les changes, tenait son couteau tout ouvert, il éventra rapidement le sac, sortit le bras, puis la tête; mais alors, malgré ses mouvements pour soulever le boulet, il continua de se sentir entraîné; alors il se cambra, cherchant la corde qui liait ses jambes,et, par un effort suprême, il la trancha précisément au moment où il suffoquait; alors" donnant un vigoureux coup de pied, il remonta libre à la surface de la mer, tandis que le boulet entraînait dans ses profondeurs inconnues le tissu grossier qui avait failli devenir son linceul. Dantès ne prit que le temps de respirer, et replongea une seconde fois; car la première précaution qu'il devait prendre était d'éviter les regards. Lorsqu'il reparut pour la seconde fois, il était déjà a cinquante pas au moins du lieu de sa chute; il vit au-dessus de sa tête un ciel noir et tempétueux, à la surface duquel le^ vent balayait quelques nuages rapides, découvrant parfois un petit coin d'azur rehaussé d'une étoile; devant lui s'étendait la plaine sombre et mugissante, dont les vagues commençaient à bouillonner comme à l'approche d'une tempête, tandis que derrière lui, plus noir que la mer, plus noir que le ciel, montait, comme un fantôme menaçant, le géant de granit, dont la pointe sombre semblait un bras étendu pour ressaisir sa proie; sur la roche la plus haute était un fallot éclairant deux ombres. Il lui sembla que ces deux ombres se penchaient sur la mer avec inquiétude; en effet, ces étranges fossoyeurs devaient avoir entendu le cri qu'il avait jeté en traversant l'espace. Dantès plongea donc de nouveau, et fit un trajet assez long entre deux eaux; cette manœuvre lui était jadis familière, et attirait d'ordinaire autour de lui, dans l'anse du Pharo, de nombreux admirateurs, lesquels l'avaient proclamé bien souvent le plus habile nageur de Marseille. (A ïuîvrç).

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