L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam

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s.n. 1914, 11 Novembre. L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam. Accès à 18 avril 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/pg1hh6db37/
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jero Année N°. 19. TÎO Centimes - ■ "" TMëfCfédl if Novembre ig>?4 L'ECHO BELGE L'Union fait ia Force. t3oias*raaS cjasoiSslieri du matin paraissant à Arnstecdiami. Belge est notre nom de Famille. Toutes les lettres doivent être adressées au bureau de rédaction: N.Z. VOORBUROWAL 234-240. Téléphone : 2797. Rédacteur en Chei : Gustave Jaspaers. I Charles Bernard, Charles Herblet, Comité de Rédaction: { Gustave l'eellaqrt, René Chambry, f Emile Palnparé. a*» v j w • un:ws« w i u w t a m wm w 0 vm > * £ k a l w e Pour les annonces, abonnements et vente au numéro, s'adresser A l'Administration du journal: N.Z. VOORBURGWAL 234-240. Téléphone: 1773. Attitudes allemandes. Désormais, personne ne peut plus ignorer que l'Allemagne a été attaquée par des ennemis jaloux. Le chef de l'Allemagne n'était-il pas candidat au prix Nobel pour la paix, l'Allemagne était-elle suffisamment armée, l'Allemagne n'a-t-elle pas été surprise dans une douce quiétude, une quasi-léthargie, dont elle espérait bien ne jamais être tirée ? Les résultats de cette destruction de ses plus chers espoirs on les connaît : envahissement de la Pologne russe, envahissement de la Belgique, envahissement de la France, autant de provinces du futur empire. Personne maintenant ne doit ignorer que l'Allemagne est occupée à défendre ses foyers, ses femmes et. ses enfants. Un humoriste hollandais s'est demandé, après cette affirmation, s'il avait la berlue en voyant les Allemands détruire les foyers belges et les foyers français, mais puisque le chancelier von Betihmann-Holl-weg, solennellement, aux acclamations de députés qui ont atteint l'âge de raison, a déclaré que l'Allemagne défendait ses foyers, ses femmes et ses enfants, pourquoi ne pas le croire sur parole? Les Mommaen de l'avenir auront le plus solide échafaudage de preuves qui soit imaginable pour étayer ces faits d'histoire. N'oublions pas, tout d'abord, que selon le livre blanc allemand, les Serbes ont ouvert les hostilités oontre l'Autriche et que les, Russes, par des escarmouches de frontière, ont préludé à la guerre. Par la déclaration de'guerre à la France, il est établi que des i aviateurs français ont jeté des bombes sur Nurenberg. Ce sont les Belges qui ont témérairement envahi le territoire allemand et, si vous ne croyez pas cela, vous n'avez qu'à lire ce que les journaux allemands écrivent depuis quelques jours. Ce sont enfin les Anglais qui sont cause que le 4 août, alors que le conflit anglo-allemand n'éclata que le 5 août, des bateaux marchands anglais ont été retenus a Hambourg. Pourquoi, au fait* se trouvaient-ils à Hambourg, ces bateaux1? S'ils n'y avaient pas été, qui aurait jamais songé à les empêcher de sortir ? Est-ce assez net? Bouteriez-vous enoore? Osez affirmer alors que les Russes ne sont pas responsables de la déclaration de guerre que la Turquie a oublié de leur faire, avant le bombardement de la côte russe dans la Mer Noire? Il esb divertissant de constater le soin que met l'Allemagne aux yeux de ses nationaux ôt des pays neutres à paraître innocente de la guerre actuelle, à se poser en victime contrainte de marcher au supplice.Tout d'abord, il s'agit de faire croire que les Russes ont la responsabilité du conflit. L'empereur d'Allemagne télégraphie Je 31 juillet au tsar.: „Mes efforts pour maintenir la paix du monde sont allés à leur extrême limite. Ce n^est pas moi qui porterai la faute du malheur qui menace le monde civilisé. En ce moment, il est en ton seul pouvoir de l'écarter." Le, France, entraînée dans le conflit, c'est elle 6ur que s'abat la colère allemande. Xt&e extraordinaire collection de brochures éclosent à Berlin qui la chargent de tous les crimes. Une de ces brochures, la plus ( odieuse de toutes, s'attaque au président de la République, qu'elle nomme ,,Tsar Poinkarew, la cause de la guerre . La guerre déchaînée, comme la Belgique offre quelque résistance à qui a prétendu lui passer sur le corps, au mépris de tout . ce qu'il y a de plus sacré au monde, il importe de détourner la colère de la nation but les Belges. Brochures de naître: ,,Les Atrocités belges" et d'autres que nous examinerons plus tard. Les intellectuels allemands traitent les Belges de bandits. Et cles bandits, ne doit-on pas les massacrer et avec eux leurs femmes et leurs enfants et détruire leurs tanières, et détruire en outre leurs bibliothèques, leurs églises et leurs palais, parce que des bandits ne méritent ni bibliothèques, ni églises, ni palais! A présent, le vent a tourné. On a vu ici même que Maximilîen Harden, dont le , talent est fait de cynisme, a vanté les s qualités du peuple belge. Restait l'Angleterre. C'est elle à présent qui est la bête noire des Allemands. C'est elle qu'une campagne hypocrite, parmi ce suii iatffiiate sie Bslgts ae» .«asswrfe, pré-j tend rendre responsable de la ruine de lf Belgique. C'est elle maintenant qu'or accuse d'avoir voulu la guerre pour servii ses ambitions et son envie. Ses troupes les journaux allemands les appellent: des ménageries. Le Geheimrat Witting, dans la revue américaine ,,le Sun", traite les Anglais en général de criminels. Et comme il faut toujours ' que dans les événements les plus douloureux les pitres jouent leur partie, le ,,Jugend", journal d'humour qui transferme son masque de Thalie hilare et vulgaire en figure de Gorgone imprécatoire, embouche la trompette lyrique en leui honneur: Haine sur mer et haine sur terre, Haine du cerveau et haine de la main, Haine de l'outil et haine du sceptre, Haine qui étouffe toute une nation ; Nous aimons et nous haïssons à l'unisson, Nous avons un ennemi, un seul : l'Angleterre. Ainsi varient les attitudes des Alle-mands. Elles subiront sans doute d'autres métamorphoses. On les étudiera à leur heurea CHARLES HERBIET. mm > 9 m« Une Leçon. Le général Keim, gouverneur milita-ire de la province de Limbourg, termine une proclamation en ces termes : ,,Je regrette que beaucoup de personnes demeurent toujours loin du sol natal. Cette conduite est d'autant plus.répréhensible que les ressources financières de la province s'en trouvent diminuées. Le' vrai patriotisme consiste à partager le sort de ses compatriotes dans la joie comme dans le deuil." Ainsi le générai Keim s'avise de donner une leçon de patriotisme aux Belges. Ceux-ci la comprendront. Car il ne faut pas être grand clerc pour discerner que l'intérêt de l'envahisseur ne peut jamais se confondre avec celui de nos compatriotes. Et pas n'était besoin que le général allemand laisse percer le bout de l'oreille en déplorant que l'absence des contribuables diminue les recettes du fisc, pour que nous ne puissions immédiatement reconnaître où se trouve notre véritable devoir. Aulsi l'on demeure stupéfait de penser que ceci qui est si simple, et que les simples sentent si profondément avec l'intelligence du cœur, ne soit pas entendu par ceux-là même à qui leur science, leur éloquence ou leur expérience des affaires ont fait confier l'administration des cités. Ceux-là n'ont pas cette notion d'un intérêt, l'intérêt supérieur de la patrie. Ils ne connaissent que des intérêts, oeux-ci forcément contradictoires, mais qu'à force de sophisme» ils tentent de mettre d'accord au profit, naturellement, des plus egoïstes et des plus grossiers.Car c'est de l'égoïsme, et, par surcroit, le grossier instinct d'une âme seulement avide de bien-être matériel, qui a pu dicter telle attitude. Certes ils le nieront avec force ceux-là qui, par exemple, ont choisi le thème du relèvement d'Anvers. Joli thème, en effet, mais un peu prématuré. Le relèvement suppose un état de décadence anterieur, une calamité brusque qui a semé partout les ruines et le deuil. Qui donc a déchaîné cette calamité ? L'Allemagne. Aussi ne convient-il pas de commencer l'œuvre de réparation avec l'aide des Allemands et au profit des Allemands. Il y aurait à cela quelque chose de. monstrueux dont il paraît impossible de ne pas être choqué. Vraiment des hommes qui ne pensent et ne sentent là-dessus de la même façon ne sont pas de la même espèce. Il y i entre eux une différence qui va au delà l'un simple désaccord d'opinion, comme un Fossé infranchissable. Eux parlent affaires, trafic, argent, immeubles, administration. Mous parlons honneur. C'est opposer un not à des réalités tangibles, immédiates, ndispensables à la vie. Tout doux, un pays bout entier debout pour son indépendance, jui lutte encore quand il ne reste plus ju'un trentième de son territoire, quand bous ses biens sont perdus et que les roues les canons ennemis ont si profondément déchiré le sol que la charrue n'y pourra plus passer avant longtemps, cela n'est pas un /ain mot, cela aussi est une réalité, 1# plus grande, à la fois la plus belle et la plus terrible de toutes. Et c'est en comparaison de >ela que les intérêts particuliers d'une ville, ou, pour parler plus proprement, les ntérêts des particuliers de cette ville, ne meuvent pas un instant entrer en ligne de compte. Et quand ils nous parlent de leurs naisons détruites et de leur commerce ruiné >n est tenté de leur crier : Malheureux ! Vous n'avez donc pas encore assez perdu jue vous voulez perdre l'honneur par dessus le marché. La Belgique, ravagée et dépeuplée, n'a •ien perdu du tout puisqu'elle a gardé 'honneur, Ç. B, jsul-jou. lli. En Belgique. A Bruxelles. La qualité du pain s'est améliorée. Le prix du beurre a baissé; il est, à présent, de 1.30 fr. la livre. Le sel est rare, mais ne manque pas. Les envois do charbons commencent à arriver. Ije Collège échevinal a fixé le prix du tout- venant à 50 frg. les 1000 kilos. , * * * De nombreuses troupes allemandes, principalement de la cavalerie, sont passées par chez nous, venant de Flandre et allant vers la Russio. Par contre, il y a d'énormes transports d'infanterie, surtout des Bavarois, qui arrivent d'Allemagne et se dirigent vers Gand. • # • Un de nos lecteurs nous fait savoir qu'il est revenu de Bruxelles, par Anvers, samedi dernier, — ce qui prouve que la frontière reste ouverte à ceux qui ont un ,,passierschein" en règle. Cela nous est confirmé par une lettre do notre correspondant officiel qui nous parvient ce jourd'hui, — avec un très léger retard. * a a La vie à Bruxelles est difficile du fait (les incidents qui surgissent parfois entre Belges et Allemands. Peut-être ceux-ci ne comprennent-ils pas que la population belge est habituée à une liberté d'allures et de paroles qu'on ne connaît'pas en Allemagne et qu'il est malais,é, même lorsqu'on entre dans une ville en triomphateur, de changer la mentalité efr les coutumes de ses habitants en quelques semaines. La ,,façon,, allemande gagnerait sans nul doute à agir avec plus do modération. Elle ne s'adapte pas exactement à la situation. Les Allemands prétendent que les Belges sont montés par les Français et parlent d'expulser ceux d'entre eux qui continuent d'habiter notre ville. Le mal vient uniquement de ce que la mentalité allemande ne nous connaît pas et nous comprend mal. La nouvelle amende infligée à la ville en est une vouvellé preuve, mais au lieu d'être payable le 10 novembre, elle ne serait réclamée, paraît-il, que le 1er juin 1915. C'est un déni de justice qui a motivé l'application de cette amende. Un marchand do journaux prohibés avait été surpris et arrêté par un agent de police allemand en bourgeois. La-foule ignorant qu'elle eût affaire à policier, puisque celui-ci était en civil, libéra le prévenu. Un agent de la polie© bruxelloise, en uniforme celui-là, ne sachant pas davantage la personnalité de l'Allemand le mena au poste de police. H y eut une bousculade; l'agent allemand fut malmené. Au bureau de police il exhiba sa carte de policier et le commissaire belge s'empressa de lui présenter ses excuses. Rien n'y fit. Le pauvre ..garde ville" écoppa de cinq ans de prison et la ville fut frappée d'une amende de 5 millions. * * * On a enfin reçu dans la famille du grand violoniste Eugène Ysaye do rassurantes nouvelles. Il résidait dans sa villa du 13oete, près d'Ostende, lorsque les Allemands furent signalés. Tous les bateaux étant partis, notre compatriote _ ne put trouver qu'une barque de pêche qui le mena à Dunterque, d'où il put trouver place sur un navire "qui le mena, lui et sa famille, en Angleterre. Il réside actuellement à Londres. Ses trois fils servent dans notre armée. * * * M. Maurice Kufferath, directeur du Théâtre Royal de la Monnaie, réside actuellement à Genève. * * * Le Théâtre de la Gaîté, ..pour venir en aide aux nombreux artistes bruxellois que la misère guette faute d'engagements", organise des représentations journalières. Parmi les artistes faisant partie de* la troupe mentionnons: Mmes Nadia d'Angely, dé Vigny, Edwige, Reuter, Cretot, Rouma, Méry, MM. Willy, Duprez, Strack, Testerat, llarzé, Barman et Gilbert. îLe programme sera composé do façon à ne froisser aucun sentiment et à pouvoir être vu par tout le monde. Le partage se fait de la sorte: 90 % pour les directeurs MM. Berryer père et fils et 10 % pour l'oeuvre du ,,Secours Théâtral". Ce pourcentage porte sur la recette brute, bien entendu. « * » Parmi les cinémas qui fonctionnent, citons le Modern-Palace, le Cinéma du Cirquo Royal, l'Eden, le Kursaal et le Théâtre du Cinéma. Le Bowling de la Montagne-aux-Herbes al rouvert aussi ses portes. * * * La commune d'Ixelles a fait afficher que le sel no pouvait être vendu à plus de 10 centimes le kilo. * * * Vendredi soir, la proclamation sensationnelle que voici fut affichée: ,,Récemment le Gouvernement allemand a conseillé à tous les Belges en Belgique de reprendre leurs occupations, si longtemps déjà délaissées, afin de combattre le chômage et la misère, mais malgré tous àos efforts, le peuple belge refuse de reprendre le travail, et il y eut même des «as où les ordres directs du Gouvernement allemand d'exécuter certains travaux ne furent pas écoutés. „Par la présente, l'administration allemande réitère son ordre de reprendre le travail, ce qui est possible à l'heure actuelle, puisque le service des trains et des postes est, pour ainsi dire, normalement rétabli. ,,Si cet ordre n'est pas exécuté, on défendra aux institutions charitables de distribuer encore des secours aux sans-trava.il, puisqu'ils refusent le travail qui leur est offert. * * * A la gare du Nord, les billets de chemin de fer délivrés pour Anvers sont des chiffons de papier sur lesquels l'inscription suivante est polygraphiée: ,,Fahrkarte no. ... fur eine Person fur Brus-sel Nord nach Antwerpen uber Lowen, 79 Kilo-meter t= 7.9Q francs. Jede Haltung au5ge-spfciossen.""* A Anvers. L',,Handelsblad", ,,Là Presse" et la ,,Gazet van Antwerpen" paraissent, sans censure, dit-on. Il serait plus exact de dire que ces journaux affirment qu'il en est ainsi. Mais ils. disent aussi que, pour paraître, certaines conditions leur ont été imposées, ce qui en fait est bien la censure exercée sur eux- mêmes et par èux-mêmes. • • « L',,Handelsblad'' d'Anvers dit que l'autorité allemande ne leur impose pas d'insérer sa prose. Il est bien mal informé; à moins qu'il ne soit, aveugle et sourd volontaire, il doit savoir quo les ,,Antworpsche Tijdingen" ont reçu et publié au moins un articulet de l'autorité allemande. Dans ,,La Presse" : ,,Le bombardement fit heureusement bien ,,plus de bruit que de mal." • Trois cents tués mille maisons détruites ou atteintes c'est peu de choses n'est-ce pas? Lors de l'accident du chemin de fer de Con- tich il y avait une trentaine de victimes Souvenez-vous de l'émotion, du remue-ménage dans la presse Mais quand -les Allemands tuent trois cents de nos concitoyens, c'est entendu x, ,,Ca fait plus de bruit que de mal." Du train où vont les choses on finira bien par les remercier. „Vous nous fîtes, Seigneur, en nous croquant beaucoup d'honneur l'J * * * Un lecteur nous demande si la rue Ballaer n'a pas souffert du bombardemènt. Renseignements pris, plusieurs ol>us ont atteint la m'ai-son de M. Snepvangers, près de la rue Lo-zane et l'immeuble occupé par M. Allaerts, pharmacien. La 8e section tout entière a beaucoup souffert. Un moment donné elle était littéralement arrosée d'obus. C'est pourquoi les rues Auselmo. Brant, Lozane, Bauduin, Stéphanie, Rodolphe, Durlet, Verdussen et Ballaer ont été atteintes en différents endroits. • » # On nous raconte que des aviateurs étrangers ont laissé tomber, l'autre jour, des proclamations invitant les habitants, au cas où la ville serait attaquée par les alliés, à se réfugier dans leurs caves. Pour épargner la cité, ajoutent ces proclamations, les aviateurs alliés lanceront des bombes asphyxiantes, qui tuent sans causer de grands dégâts. Nous n'avons pu toutefois recevoir confirmation de ce fait, * * * Il paraît que les Allemands obligent la population à se pourvoir de provisions pour cinq jours, afin que, le moment venu, ils puissent donner l'ordre formel à la population de se terrer, durant ce temps, dans leurs demeures, sans pouvoir mettre le nez à la porte. A Charleroi. D'un de nos correspondants: La ville, — nous .l'avons écrit dans un de nos précédents numéros, —■ a énormément Bouffert des bombardements successifs dont elle a été victime. J'en reviens et je peux vous avouer sans exagération que, sitôt le Pont des Viaducs traversé, ce no sont plus que ruines. Le grand Magasin de Blanc, le Café du Globe, le ,,Travailleur" sont détruits. Plus haut, il ne reste rien des magasins Raphaël, du Palais do l'Industrie, de Gaty de Mortier. Enfin, ie boulevard Audent et une partie de la Montagne sont complètement ravagés. Les trois quarts des immeubles l'ont été par le feu. Aux bureaux de l'Etat-Major, situés dans la ville basse, je demande deux passe-ports pour la Hollande. On me les refuse : on ne délivre pas de ,,passierschein" pour les Pays-Bas. Nous reprenons notre route, quand même. Le passage est interdit sur le pont de Sambre, place de la Station, mais on peut traverser la Passerelle. Des canons "sont placés non loin de la Gare du Sud et les voies ferrées très étroitement surveillées. Nous croisons un assez grand nombre de soldats allemands, dont la plupart ont l'air triste et morose. Mais, contrairement à ce que j'ai pu remarquer dans d'autres villes et notamment à Bruxelles, ceux-ci n'ont pas de fusils. Tout à coup^ je me vois interpellé par un des soldats dans le plus pur wallon. J'en suis abasourdi, lorsque cet homme s'avance «vers moi et, toujours en wallon, me rapelile que nous avons travaillé ensemble jadis, dans la même verrerie. Il y avait 18 ans qu'il résidait en "Wallonie lorsqu'il fut rappelé et dut reprendre du service. Voici, textuellement rapportées, les paroles qu'il me dit: ,,On nous fait croire que nous allons arriver à Paris, mais, moi, qui connais le pays, je sais que je suis à Charleroi et, à voir les trains do blessés qui passent journellement, je sais bien que jamais nous n'irons à Paris et que nous pourrions bien crever tous ici en Belgique."Il me raconta qu'il était revenu ce matin même de Roux, avec quelques autres soldats Îui comprenaient quelques mots de français. 1 suppose, me dit-il, qu'on a pris cette mesure à cause des désertions qui s'étaient produites à Roux. Ils étaient postés le long du chemin de fer de Charleroi à Bruxelles et quand on allait les relever de faction on retrouvait leur fusil piqué en terre par la baïonnette et habillé des effets du soldat. Depuis, il y a des affiches qui disent que celui qui .sera pris à remettre des habits civils aux soldats sera sévèrement puni. Voilà les détails les plus intéressants que je crois pouvoir vous adresser. A Nivelles. Une garnison de 1200 hommes a élu domicile dans notre petite ville. Mais ils sont partis récemment, appelés brusquempljt lps Fteïtfkssî- : Dans le Borînage. Vers la fin d'octobre, la garnison allemande de Tournai a été renforcée. On peut estimer le total des troupes à 2.000 hommes. Tous les environs de la ville, les voies ferrées, les croisements de routes, les barrières de chemin de fer sont gardés par la landsturm qui ne réclame de laisser-passer qu'aux voituriers. La Kommandantur se trouvait à cette époque à Grandglise. En général, le Borinage est absolument calme. On reconstruit certaines maisons qui furent inoendiées lors du passage des Allemands. * * * A St. Ghislain, il y a 200 hommes de la landsturm qui gardent le canal de Mons à Oondo et le chemin de fer de Mon^ à Valenc ien nés, mais il no faut plus de ,,passierschein", ni pour les voituriers, ni pour les piétons. La ,,Kommandur" est installée chez M. Nachter-gael, agent de change; les soldats sont logés à i'Ecole Moyenne de l'Etat. * * * On travaille dans les charbonnages deux jours par semaine, afin de faire gagner aux mineurs de quoi payer le pain de la semaine. Des mesures identiques ont été prises par la direction des ateliers de constructions. Par contre, les verreries chôment enoore. # * « De Tournai, on entend distinctement, depuis un mois, le son du canon, dans la direction de Douai et Lille. Des quantité^ de blessés allemands ont été évacués 6ur l'Allemagne, par le Borinage. * * * Il y a huit jours, un aéroplane allié a passé au-dessus de la région. * * * Chaque commune doit fournir deux otages toutes les douze heures. • • • Vers la mi-octobre, M. Chevalier, bourgmestre de Wihéries, a été arrêté sous le prétexte que des Anglais étaient cachés dans le village administré par lui. Il fut relâché après trois jours de détention. • # * Presque tout le monde a fait des provisions de pommes de terre. Dans tout le Borinage le prix, des vivres est identique. lie beurre est. rare et coûte 4 fres. le kilo. Les Allemands empêchent les habitants d'aller s'en approvisionner, en France, à Bavay, à Berlaimonfc où ils se rendaient jadis. I^e pain est parfois sans levure, mais ce fait 6e produit rarement. * * # Les soldats ne sont pas à Bous6u-Bois ni à Frameries; ils sont principalement cantonnés dans les villes et villages située le long du chemin de fer, soit à Mons, JemappeS, Quare-gnôn, Ct. Ghislain, Boussu, Thulin, Quiévrain, etc * * » A Quiévrain, ville frontière, on avait arrêté des jeunes gens, ainsi quo cela avait été fait en France, mais sur la réclamation du bourgmestre M. Bataille qui a fait remarquer que Quiévrain était belge, ils furent aussitôt relâchés.* * * A Mons, il n'y a guère que 400 hommes, mais les passages de troupes sont assez fréquents.A Turnhout. • Un de nos amis revenu à l'instant de Turn-hout annonce quo dans cette ville règne la plus profonde misère. On ne trouve plus de pain, les autres victuailles sont rares et la population ouvrière, forte de 20,000 hommes, commence à murmurer. Des pillards ont déjà dévalisé diverses maisons et des fermes aux alentours. Les combustibles étant rares, on abat les sapinières. On a aussi volé des charbons dans la gare. Des postes allemands gardent toute la frontière de ce côté. 9 m» — Dans la presse belge. Notre confrère Jean van Boeckel nous prie d'insérer la lettre suivante : Chers confrères, Je viens d'apprendre que la ,,Presse" paraît à Anvers sous le contrôle des autorités allemandes.J'ignore à la suite de quelles pressions ce journal, qui a toujours fait preuve d'une grande indépendance, d'une parfaite loyauté et d'un patriotisme indéniable, a accepté de subir une telle humiliation. Quoi qu'il en soit, je tiens à vous déclarer, chers confrères, que je désavoue Complètement cette nouvelle attitude de la ,,Presse" et qu'en aucune façon je n© lui prêterai mon concours dans ces conditions. Pour l'honneur du journalisme belge, il serait bon, me semble-t-il, que vous fassiez connaître au public quo tous les rédacteurs des journaux paraissant en ce moment en Belgique n'ont pas accepté la chaîne — fût-elle d'or — ("jue leur tendent les ennemis de notre patrie et n'ont pas voulu se faire les complices de ce que je considère comme un crime de lèse-patrie. Bien cordialement votre Jean van Boeckel, secrétaire de la rédaction de la „Presse'% * —e ■ o- t Avis aux réfugiés belles. Le Bureau de la population, Singel 453, à Amsterdam, vient de recevoir des listes de diverses communes en Hollande où des réfugiés belges ont été temporairement recueillis. Le Bureau est ouvert aux intéressés pour la consultation de ces listes : les jours ouvrables do 9 heures à 3 heures de l'après-midi, le | samedi seulement de 9 heures à 1 heure. t " - La lérité Hieteripi Il y a diverses façons d'enseigner l'Histoire. I/o père Loriquet avait, dit-on, la sienne. J'ajoute: dit-on, parce que, depuis, il a été prouvé que le père Loriquet a été calomnié, et que s'il usa, par endroits, d'anodins palliatifs, il eut de pédants émules en Allemagne qui perfectionnèrent ses innocents subterfuges et promulguèrent au rang do science absolue le travestissement des événements historiques les mieux établis et les plus incontestables. Parmi eux brille en bonne place M. Grimm, qui sans s'en douter d'ailleurs reprit eu un pesant travail, complexe autant qu'effarant, lo paradoxe de d'Alembert, qui voulait enseigner l'Histoire... en commençant par la fin. Mais d'Alembert, lui, au moins, excluait prudemment l'histoire contemporaine de ce programme. M. Grimm au contraire entend exercer ses talents... Renversants, principalement sur cette Histoire-là, et ce système, vous le devinez sans peine, conduit aux plus affolants résultats. Imaginez, par exemple, écrit à ce propos G. Lenotre, dans lo ,,Temps", l'intérêt que présenterait l'épopée de Napoléon si quelque magister lunatique la racontait à ses élèves en débutant par l'agonie de Sainte-Hélène, pour remonter de là à Waterloo, événement que suivrait le retour de l'île d'Elbe, précédant la campagne de Russie qui, elle-même, viendrait avant Wagram et Austerlitz. L'empereur serait couronné par le pape .avaut d'être lieutenant d'àrtilleriè,' et son histoire se terminerait par les années d'apprentissage de l'école militaire de Brionno. C'est à rendre fou, et nos excentriques les plus hardis n'ont rien conçu d'aussi dément. Ainsi cependant fut élaboré un programme de cours d'Histoiro à l'usage des écoles et des gymnases allemands, et cet effarant margouillis dos plus vénérables chronologies, explique à lui seul bien des choses.Evidemment ce procédé qui consiste à enseigner aux petits Prussiens d'abord les événements flatteurs, de 1870 et la constitution du grand Empire germanique : de leur parler do Bismarck et des Hohenzollern, avant de leur apprendre que la Prusso fut jadis, au temps de Napoléon, assez malheureuse et trè-, humiliée; avant de leur décire les origines humbles de l'orgueilleuse dynastie; avant de leur expliqner comment ce petit royaume s'est élevé au rang de la puissance formidable et redoutée qu'elle était hier qu'elle no sera peut-être plus demain — ; avant do leur raconter, enfin, loyalement, les avatars d'un peuple, parvenu par sa persévérance, son obstiné vouloir et sa solidarité, aux lumineux sommets, dont le vestige dangereux, souvent, fait choir dans l'abîme...; ce procédé illogique, dis-je — cariî'ne faut jamais rougir d'être venu de bas et d'avoir gravi, à la force-du poignet,, au prix de mille difficultés, les échelons suprêmes — est tout à fait ridicule à mon avis. Combien je lui préfère la façon, un peu rude, mais au moins franche, qu'avait Jalin, professeur de gymnastique vers 1807, d'enseigner l'Histoire. Quand Jalin, accompagné de ses „ élèves, passait à Berlin, sous la porte de Brandebourg, dépouillée de son char de la Victoire, que le victorieux Napoléon traînait à sa euito vers Paris, il leur demandait: ,,A quoi pensez-vous?" Si les enfants répondaient évasive-ment, Jahn leur allongeait de formidables soufflets : — Vous devez penser, grondait-il, quo vous êtes des fils de vaincus et que votre devoir est d'aller chercher en France le char de la Victoire. Après tout, do ces deux méthodes combinées est peut-être sortie l'Allemagne militariste d'aujourd'hui. Je ne sais comment on enseignera plus tard l'histoire d'aujourd'hui. Cela dépendra, sans doute, du résultat. Constatons qu'en France, où inalgré Loriquet on a toujours appris, sans détours, aux .jeunes Français, les mérites et les revers do leur Histoire, si agitée, si flamboyante, inscrite en lettres de sang et de gloire dans les annales de l'Eternité — en France donc, lo recteur de l'académie de Grenoble a pris une initiative fort intéressante, et qui doit, dans une large mesure, faciliter la besogne aux historiens futurs — pour qui ce ne sera pas une tâche aisée que d'écrire la vérité sur le conflit européen. Ce recteur a recommandé ^ aux instituteurs non mobilisés et aux institutrices çle son ressort de tenir note de tous les événements auxquels ils assistent. ,.Cette mesure paraît devoir être généralisée" a décidé M. Liard, vice-recteur de l'académie de Paris, et il ajoute: ,,Elle n'est, pas seulement destinée à préparer pour les historiens futurs d'abondantes collections de documents authentiques; elle permettra à nos maîtres de remplir l'un de leurs devoirs actuels : chacun d'eux sera dans sa commune l'écho vivant de la conscierice publique." Il n'y a pas à dire; c'est toujours d'un puits, français que sortira la sainte Vérité... G. ' P. ■ 9 ■ en- ■ Ippel an industriels belges. Il nous a semblé que les nombreiux industriels qui se trouvent momentanément en Hollande auraient intérêt à se réunir pour se concerter et discuter entre eux diverses questions qui le& intéressent en ce moment. A cet effet, nous prions tous ceux qui s*, trouvent dans ce cas de bien vouloir nous écrire à l'adresse de notro hureaù provisoire Damrak 80—81 à Amsterdam, pour nous faire connaître leur adresse actuelle et ;nous. faire savoir, en même temps, si, en principe, ils sont prêts à assister à une première réunion, que nous tâcherons de tenir au plus -tôt. S. DE JONG, administrateur-directeur de la Soo. Anonyme Miner va Motors. -d'Anvers* h.l. . w. i.j1l.i- j-.l l—n fcj» ■-* «'*■«■> >

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