L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam

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s.n. 1914, 17 Novembre. L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam. Accès à 29 mars 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/x05x63cb7d/
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jire Année M». IO Centimes Mafdï 15" Novembre 1914 L'ECHO BELGE L'Union fait ta Force. Journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam, Belge est notre nom de Famille. I Toutes les lettres doivent être adressées au bureau de rédaction: N.SB. VOORBU8GWAL 234-240. Téléphone: 2797. Rédacteur en Chef : Gustave Jaspaer». ( Charles Bernard, Charles HerWeî, Comité de Rédaction: ! Gustave Peellaert, René Chambrj», ( Emile Palnparé. / :— —— Pour les annonces, abonnements et vente au numéro, s'adresser A l'Administration du Journal: N.Z. VOOBBL'HGWAL 234-240. « Téléphone: 1775. I Belges et Anglais. ! Au début les Allemands en voulaient beaucoup aux Belges, ces „pelés", ces raleux", d'où venait tout le mal. N'était-ce I HDal ' I # pas leur faute si le plan du grand état-major I allemand, qui était de bousculer les armées françaises, surprises en pleine mobilisation, et de g'emparer de Paris, cœur de la France, avait lamentablement échoué? Cette résistance de la Belgique, aussi acharnée qu'imprévue^ exaspéra l'envahisseur et fut la cause des excès et des atrocités consignées dans le rapport de la commission d'enquête. Il n'apparaît que trop, hélas 1 que ce rapport même est incomplet^ et, tous les jours, le forpiidàble dossier des cruautés allemandes commises en Belgique s'accroît de témoi-S gnages nouveaux. Nous n'attendons à ce sujet que la première communication officielle | pour y revenir. Aujourd' hui que la Belgique est piétinée que les efforts de nos héroïques soldats s« confondent dans le colossal effort des arméef immenses levées au nom de la civilisation et de « la justice, les Allemands ont détourne 9 leur haine des Belges pour la reporter su: les Anglais. Car il apparaît de plus er plus que los Anglais constituent le plus 1 grand obstacle à cette conquête de l'Europe dont avait rêvé le militarisme prussien. Cette guerre qu'il avait entreprise parce qu'il était formidablement préparé, qu'i! voulait courte parce que' si riche, si puissante, si peuplée que soit l'Allemagne, ses ressources en argent, en matériel, en hommes sont forcément ' limitées, cette guerre menace de durer. Or, I tandis que'l'Allemagne s'épuise, l'Angleterre, Ir à rebours, accroît sa force au fur et à me-S» sura que le temps passe. Cette „mépnsable II petite armée", que l'empereur Guillaume fpi avait donné l'ordre à ses troupes de ba-I layer devant elle, est devenue une armée ! aussi sérieuse par le nombre qu'elle l'a toujours été par le courage et la science. Mieux encore, alors que l'Allemagne est obligée d'envoyer sur le front des enfants de 16 ans, dont la bravoure incontestable ne rachète pas le manqua d'entraînement mili-i taire, ou des. hommes mûrs aj'ant dépassé la f quarantaine guère plus exercés et assurément moins résistants, l'Angleterre dispose déjà de plus d'un million d'hommes dans h toute la force de l'âge, triés sur le volet [■| et que la pratique des sports a merveilleu-, sement préparés aux fatigues comme aux ruses de la guerre moderne. Et il est incontestable' que cette formidable réserve, iau jour maïqué par le généralissime JofFre, ne fasse pencher la balance du oôté des alliés. Ceci, les Allemands, qui conservent devant le monde une belle assurance, le sentent vivement. Même ils le pressentaient en ce soir sinistre, au lendemain des délirantes manifestations qui accueillirent la déclaration de guerre à, la Russie et à la France, où l'ambassadeur anglais fit demander ses passeports. La foule alla hurler sous les fenêtres I de l'ambassade et les trois agents de police qui la gardaient ne purent empêcher que 9 tous les carreaux ne fussent réduits en | miettes. Première et significative explosion | de cette haine qui, depuis, n'a fait qu'aller | en grandissant. Aussi quand fut passé le premier moment de colère et de dépit contre les Belges et I que d'aucuns Allemands affectèrent vis-à-vis I de nous une pitié plus injurieuse que tout, I ne manquèrent-ils point de rejeter sur l'Angle-I terre la faute de nôs malheurs. Nous avons déjà fait justice de cette calomnie absurde encore plus que mensongère, d'après laquelle notre Roi et notre Gouvernement n'auraient été que les instruments ou les complices des ambitions anglaises. Ils ont ensuite tenté d'exploiter contre lés Anglais on ne sait quel prétendu désappointement tfe la Belgique de n'avoir pas été secourue à temps. Tout d'abord nos ennemis n'ont pas pris garde que cet argument détruisait leur thèse d'une coopération militaire anglo-belge, préalablement établie. D'autre part faut-il que nous répétions une fois de plus que le Gouvernement belge, comme le conimandaient son honneur et sa dignité de puissance indépendante ayant assuré librement ses destinées dans la paix, a refusé fièrement tout ^secours" étranger, entendant jouer aussi librement son rôle dans la guerre à côté des puissances dont l'inqualifiable agression de l'Allemagne avait fait ses alliés. Et maintenant que la Belgique, incarnée toute entière dans son armée et son roi, continue de jouer ce rôle — les Allemands savent ce qu'il leur en a coûté — sur les bords de l'Yser rouge, voici comment nos ennemis essayent d'avilir en les dénaturant les actions d'éclat accomplies par ces braves : „Les Anglais" dit la„FrankfurterZeitung", ! ont le commandement suprême et les Belges n'ont plus rien à dire. Les Belges ont devant eux l'ennemi et derrière eux les Anglais, et des deux côtés on tire sur eux. Quand les «Belges ne peuvent plus avancer et se retirent, ils sont tout simplement tués par les Anglais. On les force à marcher en rangs serrés vers les tranchées allemandes. Dans 15 jours, il n'y aura plus un seul Belge, car ils seront tous tombés, ou auront été assassinés. Les Belges reçoivent un pain par 4 soldats, tandis que les Anglais se nourris-! sent do Champagne, de chocolat, de gâteaux, ' de oonserves et parfois même s'enivrent." Comment répondre à ces vilénies ? Mais pourquoi répondre... Pas un Belge qui ne : les repousse avec dégoût, et si les Aile- ■. mands croient qu'ils pourront par d'aussi | plats procédés diminuer la dette de reconnais- j sance qui relie la Belgique à l'Angleterre, j garante de son indépendance et de sa liberté, ils se seront trompés une fois de plus. Voilà tout. CHARLES BERNARD. —■ Propos de Guerre. < J'ai touché deux mots de V ,,Emden" t , dans mon ,,Propos" d'hier. Je veux, aujourd'hui, -parler plus Jon- ^ guement de ce croi-seur-fantôme, qui hanta, trois mois durant, le vaste Pacifique, semant la terreur parmi la marine mp.r- , « chande ennemie, et renouvelant, à une époque oïl- le romanesqu-e tient si peu de place dans les récits de batailles, les exploits légendaires d'un Jean Bart, d'un Sur cou f. Insaisissable et surprenant, on l'avait pris pour un sous-marin monstre, tant il met- . tait d'adresse à échapper à ceux qui le pour-suivaient avec acharnement. Aux Indes, évidemmentf le pays des fakirs et du surnaturel, on attribua des pouvoirs mystérieux et occultes au capitaine de V t,Emden'\ Ce vaillant, que ses plus âpres ennemis eux-mêmes admirent et respectent — respect et admiration justifiés par la façon chevaleresque dont cet héroïque corsaire conduisit toutes ses opérations navales, par les ■; égards qu'il témoigna toujours envers ses j prisonniers — ce vaillant marin, vivra ; magnifiquement dans la légende et. dans l'Histoire. Après le bombardement de Madras, il s'en fut, tranquillement, faire du charbon à Pondichéry, après avoir ordonné, par télégraphie sans fil au poste anglais de Rangoon t de se rendre à Calcutta — réussissant, en somme, avec plus d'andace et d'utilité, le coup joyeux du capitaine de Koëpenick... Les Anglais ont laissé son sabre au capi- ^ ' taine de V,,Emden"; ils se proposent de c l'accueillir avec enthousiasme. Voilà la € Guerre saine,' noble, loyale; une Guerre à laquelle, hélas.1 les Allemands ne nous ont pas habitués. G. P. — , Triste mentalité. * n n Nous avons relové dans une lettre privée *1 adressée par une dam© de Hambourg à une de ses amies, en Hollande,'un passage significatif" Je ne comprends pas, dit en substance e l'auteur de cette lettre, votre sympathie pour n les Belges, ce peuple qui s'est conduit d'une v façon tellement bestiale qu'il n'y en a point d d'exemple dans l'histoire, et qui paie main- d tenant votre hospitalité avec de faux billets de h banque.'' k Nous n'avons pas le courage d'en vouloir à l£ cette dame. Mais sa lettre nous dit assez quelle ti campagne do calonnies infâmes est menée pré- n sentement en Allemagne contre notre mal- s' heureux pays. I d m ■ % — —le En Belgique. A Bruxelles. Nous extrayons de la ,,Vossische Zeitung" lur la façon dont les Allemands administrent Bruxelles et la Belgique, les renseignements suivants : Le siège du Gouvernement central allemand est à Bruxelles où le maréchal von der Goltz travaille avec son état-majer militaire, de concert avec l'administration civile, placée sous la direction de von Sandt, anciennement ,,Regierungsprà-sident" à Aix-la Chapelle. L'état-major du maréchal s'ooeupe uniquement de la question militaire. C'est lui qui a le soin des troupes d'occupation, qui nomme, les commandants d'étapes, choisit la nourriture des troupes opérant en France et veille au maintien de l'ordre. Les gouverneurs militaires veillent, de leur côté aussi, à se que le bon ordre règne dans les villes. L'étendue du territoire occupé a nécessité la décentralisation des différents services. On a maintenu la division de la Belgique en neuf pro-vinoes et nommé dans chacun des chefs lieux deux gouverneurs, l'un milita-ire, l'autre civil. A 'Bruxelles, la tâche du gouvernement civil est de veiiler à co que la vie redevienne normale le plus tôt possible. Son attention se porte actuellement sur les moyens de procurer du travail à la population, ce qui ne sera possible que lorsque les différentes branches de l'industrie et du commerce auront repris le travail. Mais dans un pays comme la Belgique qui doit exporter 80 % de ses produits, cette mesure ne peut s'appliquer que sur une petite échelle, car l'exportation est nulle actuellement et les moyens de transports quasiment impossibles. Néanmoins il faut veiller à ce que du voharbon soit eiïcyé dans tout le pays, de boutes les contrées minières. Lorsque cet anvoi est impossible par voie ferrée, il convient qu'on emprunte la voie des canaux. Lea petites industries peuvent aussi déjà" ;ravailler: le gouvernement civil s'occupe le faire venir sur place les matières premières qui font présentement défaut. Il y a aussi la question de la nourriture jui vaut d'être examinée. La Belgique n'est >as un pays un pays agricole. Elle a toujours lu importer les grains nécessaires à sa consommation. Les stoks qui, au ccmmence-"c.ent de la guerre étaient disponibles dans es entrepôts d'Anvers, ont été partiellement iétruits, partiellement réclamés par 'armée. Le besoin se faisant sentir plus impérieusement chaque jour, cette question les vivres exige une solution rapide. La reprise du trafic est de Ta plus grande mportance pour la Belgique. Il va sans liro quo le trafic des chemins de fer ne X5ut être que partiellement repris, a cause le la situation stratégique de l'armée alle-nande en vue des opérations en France. Nonobstant, il est indispensable de faire rout ce qui est possible à ce sujet, d'autant ;lus que le trafic postal est rétabli* partielle-nent. Dans plusieurs villes, les facteurs >nt même repris leur besogne. Mais _ à-Bruxelles, ils se refusent à tout travail, ja raison qu'ils donnent est qu'ils ne veu-erit pas travailler pour le gouvernement allemand. Toutefois, la réalité serait diffé-ente; un riche bruxellois leur paierait une >artie de leur salaire, afin de mettre les Allemands en difficulté. Le correspondant de la ,,Vossische Zei-ung" parle ensuite des petits journaux [ui, en Belgique, ont repris leur publica-ion, 6ous l'oeil vigilant de l'autorité alle-nande (sic). Il se peut, continue-t-il, qu'un ;rand quotidien reparaisse sous peu, mais 1 est nécessaire que cette publication soit édigée avec la plus grande prudence, car es Bruxellois sont très sceptiques et ne roient pa6 au succès des Allemands. Le gouvernement civil devra, d'autre •art, 6'occuper de la question' des impôts et ontributions et surveiller sévèrement les ransactions des banques.9 Cette dernière urveillance s'exerce déjà 6Ur une. grandfe ehelle, mais le règlement des impôts n'a as encore pu être solutionné. Le morceau éfet joli ! Nous ne le déflore-ons pas par aucun commentaire. Mais la uestion des impôts, non-encore solutionnée, st un poème. Après les millions d'impôts e guerre et d'amendes, quTalîons-nous neore devoir payer? A A rave a* s. Les hommes âgés do 18,-à 30 ans ne peuvent lus sortir de la ville. Cette mesure, appa-îmment, sort des bureaux du maréchal von cr Goltz, car nos correspondants du pays allon ou du pays flamand ont remarqué, lême dans les moindres villages, que des tesures identiques ont été prises. Partout le iot d'ordre a été donné. 11 est suivi ponc-xellement, à la lettre peut on dire. w * * L'abord de la Kommandantur, est de plus il plus encombré. Il y a un vif méoontente-lent, parmi fes personnes qui doivent faire iser leurs passe-ports. Nous avons rencontré ïs messieurs qui étaient revenus trois jours 3 suite sans pouvoir être servis! Dès six sures du matin, il y a déjà du monde sur trottoir. Les Anversois qui veulent gagner , Hollande sont fort en peine de cette situa-on. Le nombre et l'activité des employés 3 6'est pas accru, alors que les pièces à signer augmentent de toutes les porsonnes venues 3 l'intérieur du pays. Même les sujets étran-M-s, tels des Hollandais, peaws do JJruseUes avec ,,passierschein" à destination de La Haye, ont du passer, par la Kommandantur d'Anvers. Chaque application du oachet coûte un mark, ce qui est bon marché en comparaison des dix francs qu'on reclame à Bruxelles. Mais los Hollandais et sujets de pays neutres et non-belligérants, habitants la* capitale, ne doivent versçr que cinq francs. Certains jc/urs, plus de 500 personnes attendent. Imaginez la joie d'une pareille station sous la pluie qui déferlait, à Anvers, ces jours derniers ! Quelques privilégiés, munis d'un ,,passiersohein" visé pv les Kommandantur de . l'intérieur du pays peuvent avoir directement accès dans le bâtiment. Il en vient un, puis deux, puis cent. -Et les pauvres bougres au dehors, qui n'ont le tort, eux, quo de venir de BorcUem ou de Borgerhout, voient avec désespoir la file des privilégiés s'allonger démesurément. Mais à co mal, nul remède, à moins que l'autorité militaire ne l'apporte de son plein gré ; comment voulez-vous exposer vos désidé- ; rata? Par la voie des journaux anversois; dites- j vousl Ah! fichtre: il suffit d'en parcourir un ' seul, quoiqu'il soit pour voir qu'il a enchaîné ' volontairement sa liberté. Mais il en est, n'est-ce pas? qui pour un os se contentent du collier do l'esclavage. * * * En règle générale, le's soldats sont aimables, volontiers causeurs. Libre à vous de juger si votre dignité ne se compromet pas en serrant * la main à ceux qui tirèrent sur vos compatriotes, défenseurs de la ville. Ça, c'est question d'appréciation. Nous avons parlé des faibles et des égares ici même, quelqu'é-cœurante que soient certaines choses qu'on nous rapporte. Les soldats, très nombreux en ce moment, (les mouvements de troupes sont assez fréquents, et tel jour la ville fut à peu près entière-: ment dégarnie) sont donc aussi aimables que ■ possible, ceci à l'encontre des officiers. Ceux-ci continuent d'afficher une morgue qui nous surprend d'autant plus que nos héroïques officiers belges sont si simples, si'allants, il y a entre eux et leurs hommes une certaino camaraderie qui fait de l'armée une grande famille. Dans l'armée allemande — nous lo remarquons journellement à Anvers, — l'officier est aussi éloigné du soldat que la terre $e j la June. Jamais un mot aimable. Us passent; j ? adressent parfois une observation à leurs hommes, et c'est tout. On pourrait croire que le . fait d'avoir combattu côté à côte, d'avoir risqué sa vie en commun, rapprocherait les j distances jusqu'à faire des frères d'armes des officiers et des simples soldats. Mais dl faut ' croire que la disciplmo ne, permet pas certains • rapprochements. Quelques uns entro nous étaient même volontiers enclins à croire ! éxagéré — pour ne citer qu'un exemple, — ,,La ; Retraite „do .l'écrivain allemand Beyerlein. Nous nous persuadés, à présent. par le spectacle quotidien des rapports entre subalternes et supérieurs qu'il y a une distance infranchissable, un esprit de caste que nous comprenons mal, nous qui vivons si près les uns des autres. Mais à chaque pays ses moeurs, ses coutunes. Ne nous en plaignons pas! * # » Le prix d'une voiture de Merxem au coeur de la ville coûte de trois à six francs, suivant ! le tarif particulier du cocher.», ou la tête du client. # * * Les soldats allemands aux gares-frontières ! sont on no peut plus difficiles pour les pdsse- f»orts. S'ils ne sont pas établis suivant toutes es règles adoptées par la Kommandantur d'Anvers, et timbrés en bonne place par celle-ci, ni supplications ni prières ne vous permet, tront d'atteindre le sol hospitalier de la Hollande, ,,la terre de délivrance" comme on l'appelle à Anvers. traie pauvre vieille femme, qui voulait rejoindre ses enfants à Bréda, a été impitoyablement refusée parce que son ,,passier-schein", n'était pas conforme, comme'on dit en langage administratif» A Liège. Les gardes-civiques continuent à remplir ponctuellement leurs fonctions. Le jour, . ils font le service d'ordre, la nuit, des patrouilles avec les soldats allemands. L'importance de ce service ne doit pas être méconnu. Car au début de l'investissement, les patrouilles allemandes livrées à elles mêmes, tiraient parfois des coups de feu, 6aus rime ni raison. Le résultat "était le: „man liât geschossen!'' et certaines répressions dont chaque Liégeois ressentait moralement, les effets douloureux. Les soldats prétendant qu'on tirait sur eux, plusieurs civils furent faits prisonniers, et parfois, la répression s'exerça, implacable, cruelle et — malheureusement! — sanglante.Depuis que les gardes-civiques les accompagnent, aucun de ces faits ne s'est plus reproduit. C'est donc une garantie de sécurité et de tranquillité. A Gand. M. Braun a convoqué les gardes-civiques gantois dans une des salles de l'Hôtel de Ville et leur a exposé les désirs de l'autorité militaire allemande. Ce fut, en quelque sorte, uiie explication de la dernière proclamation du gouverneur militaire, ordonnant que les gardes veillent au maintien de l'ordre. M. Braun a donc prié ceux-ci de vouloir bien collaborer avec la police : qui se trouve être manifestement insuffisante.Les autorités militaires, a expliqué M. Braun, permettront aux gardes qui se sont réfugiés à l'étranger, après leur licenciement, de revenir librement, à condition qu'ils eoient pas armés.. Qefi appel n'est pas limité aux seuls gardes-civiques, mais à tous les hommes valides âgés de 18 à 33 ans. Le ohef de la police peut, le cas échéant, les requérir. Quelques personnes présentes voulurent demander des. explications. Celle-ci notamment: les Allemands laissant sortir de la ville et du pays les hommes âgés de plus de 30 ans, ce nouvel ' arrêté les obligerait à demeurer à Gand M. Braun a refusé la parole à tous les assistants. ,,Mes explications, dit-il en terminant, sont suffisantes." * * * Do Gand on peut atteindre Anvers en une journée... par lo chemin do fer et lo bafoau. Voici l'intinéraire : Gand—Selzaete—Sluiskil— Axel—Hulst—St. Nicolas—Tamise—Anvers. A Bruges. Le correspondant particulier du ,,Courant" signale, à la date du 13 nov. que les Allemands ont fait évacuer les habitations situées entre lé canal de Schipdonck et le canal Léopold afin de faire sauter lo ,,siphon" au Nord de Damme et d'inonder de la sorte tous les alentours. Bruges sans être isolée d'une façon complète, l'est cependant assez sévèrement. Oû no peut quitter librement la ville que dans la direction de Gand ; mais le tram vers Ursel ne roule plus. Pour aller à Gand il faut marcher . à pied jusque Ursel, soit 4 heures environ. L'époque des diligences semble r r.'>î r . r la chaussée, entre Bruges et Gand'on no rencontre pas de soldats allemands. * * * Une proclamation caractéristique vient d'être affichée ii. Elle défend aux soldats de loger encore chez l'habitant, pour empêcher, dit-eile, Iqs bruits calomnieux répandus dans la Presse ennemie, concernant les <^sertions de soldats allemands en bourgeois. Voilà un démenti qui ressemble singulièrement à1 un aveu. * * * L'abbé Fonteyne, très populaire comme on sait, fut arrêté dimanche au saut du lit, et emmené par les Allemands. On ignore les motifs de son arrestation et il èst imposible d'en être informé car sitôt que deux citoyens s'abordent dans la'rue, un rude: „Weiter freîien" retentit et les passant sont oblig'és de dbntinuer leur route, sans pouvoir communiquer leurs impressions. Les Allemands, ici, paraissent particulièrement craindre les espions. Les couvents aux environs ne peuvent plus sonner leurs, cloches ; cela pourrait être un signal destiné à fournir des indications aux aviateurs des alliés A Narra air. Le baron Ch. de Montpellier, de Vedrin, ancien gouverneur de la province de Na-mur, ^ent de mourir. Il était âgé de 84 ans. A Spa. Nous pouvons tfanquiliser les personnes qui ont a Spa des parente ou dos biens. Les Allemands sont entrés dans la coquette cité du Pouhon le jour même de la déclaration de guerre. C'étaient^ tout d'abord, des uhlans, venus du fameux camp d'Eisenborn, — qui efft comme la preuve matérielle d'une préméditation do l'invasion de .la Belgique. Le baron Joseph de Crawhe, bourgmestre, fut aus3i:l>ot arrêté et gardé comme otage. Mais après une détention de quelques heures, il fut assez heureux d'être relâché. Evidemment, Spa a dû payer une rançon en vivres. Et voici comment les Allemands s'y prirent: La commune n'ayant pas de blé à leur fournir, les Allemands lui en vendirent contre bel et bon argent belge. Et le lendemain, le service d'intendance venait réquisitionner cette même quantité. La commune ne pouvait pas nier les provisions qu'elle détenait et elle dut s'exécuter. Mais à Spa on en parlera longtemps de cet honnête procédé ! A Saint-Nicolas. Une proclamation concernant la police des rues interdit aux passants de chanter ou de siffler, ordonne do tenir toujours la droite et de marcher sur les trottoirs, afin do laisser le pavé libre. J1 est également défendu aux habitants de St. Nicolas de parler haut dans les rues ou dans les cafés. La ville est morne et triste, comrrft bien vous devei comprendre, ce n'est plus une ville, c'est un cimetière. Le pain, lo charbon, le pétrole font défaut. La question du pain est surtout angoissante.. Une boulangerie anversoise, ayant une rombreuse clientèle à St. Nicolas, ne peut plus fournir que quelques pains par jour. Pour parer à cette quasi-disette, ses employés, vont do village on village et dans les plus petites boulangeries campagnardes, achètent le plus do pains possible, qu'ils transportent ensuite à St. Nicolas. On attend ces hommes comme le messie. On se prend à so demander ce que réserve l'avenir, alors que la ville n'est sous la domination allemande quo depuis un peu £lus d'un moisi A Lokeren. Voici la traduction fidèle de la dernière proclamation ^allemande affichée à Lokeren: • La .,Deutsche Kommandantur" porte à la connaissance du . public qu'il est sévèrement interdit d'exporter : le lin, le chanvre et le pute brut; les fils de lin, de chanvre et de jute et, en général, tous les tissus confectionnés à l'aide des matières premières précitées. Tous les possesseurs de ces matières ou tissus sont tenus d'en faire la déclaration à la ,,Kommandantur" avant le 10 Novembre, dans la perspective d'un achat éventuel et ce. par l'entremise du bourgmestre de la commune da Lokeren. . Les- producteurs et cultivateurs de lin doivent communiquer le détail du stock qu'ils détiennent et des quantités qui sont 6ur champs. $n ce aui çonoerno l,a ville de Sk Nicolas, : celle ci sera tenue de rendre/compte de la quantité de laine, de fils et de tissus de laine qui se tarouvent dans son enceinte. • • M Les Allemands ont exprimé un vif mécontentement de ce qu'il y eut encore à l'hôtel de ville des fusils appartenant aux gardes civiques licenciés. Ils mirent en état d'arrestation le bourgmestre et s'emparèrent de cinq 'otages. Il a été affiché que toutes les personnes trouvées en possession d'armes seront punies rigoureusement. 'On commente très vivement cette mesure d'autant plus que les fusils des gardes-civiques étaient rassemblés dans une salle spéciale et sous la responsabilité des autorités communales. Sur l'Yser. Récit vécu. Voici une lettre qu'un jeune anversois de nos amis nous écrit du fameux champ de bataille de l'Yser t 2 novembre 1914. Depuis que nous avons passé par Ostende pour n'y rester qu'un jour, nous ne faisons que nous battre ious les jours et c'est entre la vie et la mort que nous vivons encore 1 Nous sommes en plein dans cette fameuse bataille de l'Yser, où les Allemands en nombre considérable tâchent de forcer nos lignes, mais heureusement, sans suqcès. Nous y sommes aidés par les français et cela marche ass'az bien. Mlais oeua devient de plus en plus terrible au fur et à 'mesure que nous avançons. On m'a confié la mission d'estaffette cyclisme, ce qui augmente encore singulièrement les risques d'être attrapé dans une salve de shrapnells, qui pieu vent autour de nous depuis 5 jours, i'outes les fermes sont incendiées à coups d'obus, et le pays est jonché de cadavres de chevaux en putréfaction, qu'on n'a pas le temps d'enterrer. C'est triste, et on ne nous donne aucun repos. Nous ne sommes plus que 1300 au régiment et encore il y en a presque plus de 150 qui sont revenus, il y a quelques jours des hôpitaux de ( France. Les privations, on ne les compte plus, et il faut supporter ce calvaire jusqu'au bout. J'écris pendant quelques instants de répit, car aujourd'hui, jour des morts, les Allemands n'ont pas l'air de donner tant ! Je fais dans cette ferme, où se trouve l'état-major de la brigade, de la popotte de fortune polir mes camarades estafettes comme moi ; hier nous avons abattu un porcelet dépecé et bouilli, et noua avons considéré cela comme un festin. Noua sommes faiblement ravitaillés, mais ne manquons pas de pain, mais le tabap est inob-tenable. Je résiste tant bien que mal à toutes ces. épreuves, car il le faut. La nuit je n'ai presque pas de repo6, car je dois aller porter le plis et les ordres aux différent» chefs-de fractions de corps. Comme avan-i tage, je n'ai que le risque de me voir „ohop pé" plus vite que le» autres. Le nombre de ehrapnels et d'obus que j'ai vu éclater et dont les éclats me sifflaient aux oreilles est incalculable. L'autre jour j'ai été renversé de ma bicyclette -par le déplacement d'air d'un e1>us de 15. J'ai été blessé légèrement au doigt médium de la main gauche par un éclat qui me serait allé dans la figure, car en l'entendant erriver (j'avais mis ma main devant les yeux! Combien de temps cela va>t-il durer encore ? Je ne sais et nul ira peut le prévoir. En tous cas, la campagne d'hiver, s'annonce certaine et nos 60uffran» ces vont aller en s'accentuant. On ne songfl plus a rien. Je vous plains, vous autres aussi, d'avoir dû quitter tout, pour fuir devant l'ennemi! Mais ce qui me donne encore le courage c'est de vous savoir eo. sûreté, loin des obus et de la mitraille. Mais la malheureuse armée de campagne trimera ferme. Nous ne pouvons connaitre le repos. Mon bataillon afcest couvert d$ gloire, il y a dix jours, quand, à lui seul, il. s'est porté à l'attaque, la nuit d'un vili lage près de Nieuport. Il y a quelques jours nous sommes passés par la France! J'ai eu le temps de me faire raser la tête et mes favoris, mais j'ai laissé ma barbiche! J'ai une physionomie assez rigolo, mais je suis sale et rempli de boue d'avoir rampé dans les fossés de-v puis lors ! Je fais des voeux pour que ces quelques nouvelles vous .parviennent, car il y a un mois que je «n'ai eu l'occasion de vous donner signe de vie: cette retraite d'Anvers et ces batailles continuelles vous abrutissent et vous enlèvent toute conscience du devoir envers les vôtres. J'espère bien revenir malgré tout, et mon silence ne doit pas encore vous alarmer outre mesure. Ayez bon courage et espérons. Je suis malheureux de me sentir si loin de vous, mais Anvers et Wavre Ste Catherine c'était le bon temps! Aujourd'hui toutes les horreurs de la guerre, se font sentir et tout le monde doit en souffrir. De la Belgique il ne reste plus que des ruines et ce sera dûr de reconstruire ce que l'ennemi a détruit. Enfin, que voulez-vous ? Il faut aller jusqu'au bout. A bientôt j'espère, ne perdea pas courage et donnez-moi de vos nouvelles ; je suppose bieu que vous en avez le temps. Dites-moi ce que vous faites et comment vous passez votre temps pendant que nous nous battons. K. d. S& (Défense de reproduira sans çi^r 1$ source).

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Cet article est une édition du titre L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam appartenant à la catégorie Oorlogspers, parue à Amsterdam du 1914 au 1918.

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