7m armée. N* 13 Le Numéro 25 centimes GAND, le 29 Avril 1914 L'ETUDIANT CATHOLIQUE Abonnement : . . . fr. 5,00 et 3,00 Étudiants : fr. 1,50 ADMINISTRATION - RÉDACTION : 29, rue des Champs. ORGANE BI-MENSUEL DES ÉTUDIANTS CATHOLIQUES GAND DIEU! PATRIE ! LIBERTÉ ! Les manuscrits non insérés ne seront pas 'endus. Il sera rendu compte de tout ouvrage dont un exemplaire nous sera parvenu. Les opinions émises par les collaborateurs l'engagent pas la rédaction. LE IIIe SALON D'ART ESTUDIANTIN Les Comités. Deux ans s'étaient écoulés, sans que nos artistes-étudiants aient trouvé l'occasion de réunir leurs œuvres en cette jolie manifestation d'art qu'est un salon estudiantin. Deux ans ! On progresse, on se forme ! Et cette troisième expo- Bob est au camp. Il nous fit, il y a de cela quelques jours, des adieux éplorés. Il a bien demandé un sursis, mais l'obtiendra-t-il ? Et voilà qu'au dernier moment, il nous revient,tout joyeux, droit du camp où le service de la patrie l'avait appelé -— le sursis est obtenu — Mais indisposé — le camp est si fatigant !... .— il « El quand je revis la rivière, elle s'était ouverte toute, au ciel. » Je ni étais assis dans la prairie, au bord de l'eau, je voyais un spectacle très simple, mais je :rois bien que rien ne m'a jamais plus ému que ce très simple spectacle : l'agonie d'un soleil d'hiver. « Le disque blanchâtre baissa à l'horizon. Vue de la 1" Salle. sition marque, au dire de ceux qui virent les deux autres — je n'en suis pas, malheureusement — un pas très grand pour beaucoup de nos jeunes maîtres, vers une plus complète possession de leur talent. Succès donc, très joli succès même. Et pouvait-il en être autrement ici, dans cette bonne ville de Gand, où nous possédons un public qui s'émeut à notre vie estudiantine, qui la vit à nos séances, à nos revues, à nos fêtes, à nos salons d'art. Rien d'étonnant, alors, si l'on s'écrasait le jour du vernissage, comme à l'ouverture, le lendemain. * * * Erigé sous le bienveillant haut patronage de Monsieur Poullet. ministre des sciences et des arts, notre Salon avait comme comité d'honneur : MM. Cooreman et Vanden Heuvel, ministres d'Etat (présidents), MM. De Braban-dere, prorecteur, etFirmin de Smet, bourgmestre de Vinderhaute (vice-présidents), Monseigneur Stillemans, évêque de Gand, M. le Gouverneur de Flandre Orientale, MM. les sénateurs et députés de l'arrondissement, M. Georges Hulin de Loo, professeur à l'Université, (membres), qui avaient bien voulu donner à notre oeuvre l'appui de leur nom et de leur encouragement. Madame la Baronne H. délia Faille d'Huysse, MM. L. Tytgat, Joseph Cornelis, Georges Hulin de Loo, Albert Canfyn, Geo Verbank avaient accepté de constituer notre jury. Enfin le comité exécutif estudiantin : Rob. Logie (président), Léon Engels (vice-président), Maurice Vander Schelden (directeur technique), Jules De Wilde (trésorier), secrétaires : Jacques Eeman, Gustave Wolters, membres : Guillaume De Baets, Roger d'Udekem d'Acoz, Albéric Fraipont, Joseph Libbrecht. L'Ouverture. Monsieur le Gouverneur de Flandre Orientale Baron R. de Kerchove d'Exaerde, nous fait le grand honneur d'ouvrir le 3e Salon d'Art des Etudiants Catholiques Gantois. Et tandis que là-haut, dans la salle des fêtes du Cercle Catholique, le jury distribue prix et mentions, Jacques Eeman, l'un de nos secrétaires, reçoit les autorités, cède la parole à Jacques Eéman, qui nous donne le charmant discours d'ouverture que voici : MESDAMES, MESSIEURS, « A parcourir notre salonnet, vous vous convaincre\ que les étudiants sont nombreux qui ouvrent leur âme aux jouissances de l'Art : « Joie de reproduire sur la toile le coin qui a séduit, joie de jaire jaillir hors de la glaise, à coup de pouce, la forme rêvée ; joie surtout de regarder la nature, de s'évader par les champs goûter le charme des heures qui coulent, mesurées par le soleil dont la marche lente rétrécit, et puis, allonge l'ombre, au pied des haies. «Ils rentrent cheç eux l'âme lourde de visions radieuses, souvenirs qu'ils tisonneront avec joie aux heures grises. * % * « L'image m'est restée, très vive, d'une promenade que je fis, aux bords riants de la Lys, « Comme une mandarine qui mûrit,il jaunit, puis il prit une teinte orange. « Il baissa. « Je le vis s'empêtrer dans la ramure noire d'un grand parc, et s'éteindre comme s'éteint aux nuits de fête une lanterne ronde de Chine, en papier. « Quand il eut disparu, je vis que son agonie avait déteint sur le ciel pâle en nuances exquises — orange, jaune, rose fondues,— irisées de nacres fines. « Et c'était très beau, ce ciel qu'on eût dit brossé par un Corot, un Corot qui serait un ange. Mais ce qui était divin, c'était de voir la nudité diaprée du ciel se glacer au miroir large étalé de l'eau, l'eau lumineuse, si recueillie,sur laquelle de beaux gars athlétiques poussaient à la gaffe leur barque... « Quand je me réveillai, la cendre de la nuit tombait sur les berges. Vue de la 2e Salle. après qu'une absence m'eût éloigné quelque temps de ma rivière préférée. «La dernière fois que je l'avais vue,les arbres roux penchaient encore sur la rive leur Octobre ; l'eau, tissée d'or comme un brocart, pesait lourdement sur ses berges. « Pendant mon absence, les feuilles étaient tombées, une à une ; les arbres nus les avaient pleurées — larmes d'or. « Vous m'excusere^, Mesdames et Messieurs, 'avoir évoqué devant vous ce souvenir. « Vous ave\ senti, n'est ce pas, combien l'on zvient de pareilles excursions l'âme plus haute ; ' quand l'âme monte, elle se rapproche de Dieu. « C'est bien aussi, je crois, cet élan de l'âme vers le Bien par le Beau, qu'ont voulu encourager les autorités, si nombreuses en cette salle. « Nous n'avons pas d'illusions sur la valeur de nos œuvres ; ce n'est pas à leur mérite intrinsèque que nous devons de vous trouver ici, Messieurs, vous qui ouvre\ les Expositions officielles, à la cimaise desquelles s'étale la somptueuse maturité des artistes, nos grands frères. « Si vous êtes venus nous apporter l'encouragement de votre présence, c'est que vous êtes heureux de voir s'ouvrir au cœur des jeunes la petite fleur de l'Idéal et que vous désire% applaudir à son éclosion. Nous sommes très sensibles, MM., à cet encouragement. Qu'il me soit permis, M. le Gouverneur, de vous remercier tout spécialement ainsi que M. le Ministre d'Etat Vanden Heuvel de vous être rendus à notre invitation. «Vous nous faites,MM.,un honneur que nous sentons vivement et dont nous vous sommes profondément reconnaissants. » * H> * Monsieur le Gouverneur veut bien nous adresser quelques mots, puis tous, nous montons au premier, nous visitons le Salon. Maurice Vander Schelden en est l'auteur,si je puis m'exprimer ainsi ; depuis des jours, on le voit passer, vite, vite, qui court au Cercle, trace des plans, délimite les salonnets. préside au placement des cloisons, choisit les tentures, pend les tableaux. — Il est un des derniers représentants de ces vieux, de ceux qui ont passé le stade-étudiant et qui vivent encore notre vie estudiantine et nous sacrifient leur temps. L'espèce s'en fait rare, de plus en plus. — Aussi suis-je certain d'être l'interprète de tout le comité exécutif en remerciant et de tout cœur notre directeur technique; si le Salon a remporté un grand succès, c'est bien à lui que nous le devons pour une grande part. * * * Je n'ai pas à vous parler des œuvres elles-mêmes, ce serait empiéter sur la tâche de Noël Dubois et je serais bien mal venu de le faire avant un habitué de la critique des Salons d'Art estudiantins. Mais la salle du cercle, avec ses œuvres si fraîches et jeunes, avec la foule qui s'y presse et chuchote — avez-vous remarqué qu'il en est de même d'une exposition que d'un temple que l'on visite : on y parle bas, dans une sorte de recueillement religieux ou artistique — me fait une impression délicieuse. C'est le succès de curiosité d'abord, d'intérêt ensuite qui se dessine dès cet après-midi du vernissage. Demain ceux qui sont là aujourd'hui vont nous revenir emmenant d'autres. L'on achètera des œuvres parce que jeunes et qu'elles témoignent d'un idéal d'enthousiasme artistique, parce qu'elles prouvent un talent formé déjà et qui se possède ou bien le

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