La Belgique nouvelle: journal quotidien indépendant

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s.n. 1915, 29 Decembre. La Belgique nouvelle: journal quotidien indépendant. Accès à 24 avril 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/qr4nk37d89/
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1ere Année.—No. 36 £dition A Mercredi, 29 Décembre 1916 La Belgime Domelle Royaume Uni. 1 an. 30 sh. 6 mois 15 sh. 3 mois 7 sh. 6d. On l'abonne: 43, CHANCERY LANE, LONDRES, W.Ç. Twt ce qui concerne la Direction ou ia Rédaction doit être adressé au Directeur. Le Journal ne pouvant répondre des manuscrits communiqués prie les auteurs d'en garder copie. Téléphone : Holborn 212. Journal Quotidien indépendant Le Numéro : Royaume-Uni, 1 Penny; Continent, 10 Centimes—Pays-Bas, 5 Cents. Regtsiered ai the G.P. 0. as a Newspaper. Contin nt. 1 an 36 fr. 8 mois 18 fr. 3 mois 9 !r. On s'abonne: 43, CHANCERY LANE, LONDRES, W.O. Tout ce qui concerne l'Administration ou les Annonces doit être adressé à l'Administrateur. Le Journal décline toute responsabilité quant àlatencur des annonces. Téléphone: Holborn 212. La catastrophe du Havre Appel à nos lecteurs Tous les Belges ont encore présente à la mémoire, la catastrophe du Havre qui a eouté la vie à plus de 140 de nos compatriotes. La plupart étaient des soldats des vieilles ciasses ou des réformés qui, ne pouvant plus combattre sur les champs de bataille, avaient volontairement repris du service dans les usines de munitions. La plupart aussi étaient des pères de famille, et la " Belgique Nouvelle " croit faire œuvre de patriotique reconnaissance en ouvrant dans ses colonnes une souscription en faveur des veuves et des orphelins. Parmi les différentes œuvres qui sollicitent la générosité des Belges, il n'en est pas qui ait plus de titres à leur sympathie, et nos lecteurs, nous en avons la conviction, répondront largement à notre appel. Les souscriptions doivent être adressées à la Direction de La Belgique Nouvelle, 43, Chancery Lane, Londres, W.C. Liste de souscription ouverte par îa " Belgique Nouvelle " en faveur des familles des victimes Listes précédentes .. .. £389 19 8 Un anonyme 1 o 0 Deux Sœurs (M. J.) 2 0 Un rigolo 1 3 Total 391 2 11 Souscriptions à Paris. La Princesse de Ligne .... Frs. 20.— Fonderies Marcovici, Paris 5.— M. F. Monfroy de Granglise 5.—- A. Tenvagne 5-— Georges Rueg i-— M. Gambette 1.— Total Frs. 37 — Lettre ouverte à M. Maximilien Harden Personne ne connaît mieux que vous les tarés et l'insuffisance des gens qui gouvernent actuellement l'Allemagne et la mènent à la débâcle. Naguère vous avez osé leur dire de rudes vérités, dénoncer leur bassesse morale et leur néant intellectuel. Vous vous êtes constitué le gardien de l'héritage de Bismarck, et faire l'éloge de Bismark fut, au cours des dernières années, la plus âpre façon de critiquer le régime qui s'était substitué au sien. Observateur attentif de l'évolution de votre pays au cours du dernier quart de siècle, vous ne pouviez pas ignorer que des gouvernants malhabiles et prétentieux le menaient à l'abîme. Vous avez du reste joué à plusieurs reprises le rôle ingrat de Cassandre et, naturellement, vous ne fûtes pas écouté. Ivre de vanité, le peuple allemand a préféré suivre ceux qui lui disaient qu'il était élu entre tous les peuples pour assumer la direction du gouvernement de la planète et conduire l'humanité vers de définitives destinées. Vous même avez fini par vous laisseï gagner par l'ambiante atmosphère de folie. Il vous est arrivé plus d'une fois de tenir un langage regrettable qui fit comprendre aux peuples plus pondérés que le vôtre toute l'étendue et la gravité du péril allemand. De toutes les folies, la folie d'orgueil est la plus contagieuse. Aujourd'hui, vous paraissez, dans une certaine mesure, revenir à la raison. Vous vous évertuez— oh ! timidement — à faire entendre aux vôtres la voix du bon sens. Mais il est trop tard et on ne vous éconte plus. La folie a gagné tous les cerveaux en votre pays et on n'est pas loin de vous considérer, sinon comme un traître prêt à pactiser avec l'ennemi,tout au moins comme un original qui n'a souci que de se singulariser. Le gouvernement qui vous redoutait naguère, fort aujourd'hui de l'appui d'une opinion publique qu'il a triturée à son gré, vous impose silence et vous signifié clairement que vous ne comptez plus. Vous subissez ainsi un châtiment mérité. Vous étant abaissé à hurler avec les loups, les loups, aujourd'hui que vous détonnez dans leur concert, vous dévorent. Personne ne doit vous plaindre. Vous voyez seul l'abîme au bord duquel votre peuple s'agite et se démène, au fond duquel l'inévitable destinée veut désormais qu'il tombe. Votre cri d'alarme arrive trop tard. Plus aucune force humaine ne peut arrêter la folle ruée. L'abîme appelle votre peuple et l'attire irrésistiblement. Et, si vous ne faîtes taire vos prophéties de malheur, vous aurez le sort de tous ceux qui veulent s'opposer à l'accomplissement des destins inévitables. Borgne parmi des aveugles, la foule vous fera payer cher votre reste de clairvoyance. Vous serez honni et maudit, empêcheur de danser en rond au sabbat de la folie. Et plus tard, lorsque votre peuple sera enfin désabusé, lorsqu'il aura compris que des malfaiteurs l'ont conduit à sa perte, il vous maudira davantage encore, parce que vous avez parlé trop tard et que vous avez craint de donner à votre voix une force suffisante. Car vous fûtes lâche en un temps où un peu de courage eût encore pu être utile. Vous avez hurlé à l'unisson avec la bande, vous n'avez pas osé être la grande voix solitaire et vous avez craint de crier dans le désert. Votre actuel repentir est bien tardif. Tout est consommé et le mal que vous auriez peut être pu empêcher est accompli. L'orgueil a fait de votre peuple le fléau de l'humanité et l'humanité se dresse contre lui, toute l'humanité qui pense, et il a la honte suprême de n'avoir pour soutiens que les Scythes et les Turcs, ennemis séculaires de la civilisation, et les plus lâches parmi les neutres. Il me souvient que, voici de longues années déjà, vous répétiez que le peuple allemand est le seul qui ne sache jamais la vérité, le seul auquel on mente toujours. Mais avez-vous fait effort suffisant pour lui dessiller les yeux, pour contrebalancer les effets de cette vérité officielle qui n'était que mensonge et qui seule atteignait les Allemands ? On a toujours et depuis toujours menti à vos compatriotes. On leur mentait en ce qui concerne le passé aussi bien qu'en ce qui avait trait aux événements contemporains. L'histoire, telle qu'on l'enseignait à vos enfants dans vos écoles, n'était que l'apologie constante deâ actes du peuple allemand. Au Gesta dei per Francos, depuis longtemps démodé, vos pédagogues substituaient un gesta dei per Germa-nos qui est devenu parole d'évangile pour votre peuple et l'a persuadé de la divinité de sa mission. Vous qui étiez un des rares Allemands doué de sens critique—peut-être parce que vous n'êtes pas de race germanique — vous auriez dû rappeler votre peuple à plus de modération, lui montrer que son appoint à la civilisation était jusqu'ici des plus modestes et que la victoire de 1870, due au hasard de circonstances favorables, ne suffisait pas plus que jadis les occasionnelles victoires des barbares germains sur les légions romaines, pour mettre les Allemands à la tête de l'humanité civilisée. Vous connaissiez le néant de la vétilleuse e tvaniteuse science de vos professeurs et vous voyiez clairement, par les extraordinaires produits du soi-disant art moderne de vos architectes, de vos peintres et de vos sculpteurs, combien le goût de votre peuple était demeuré barbare. Imitant toujours et imitant fort maladroitement, les artistes allemands n'ont rien produit qui soit comparable à l'oeuvre des Français, des Italiens, des Flamands, des Espagnols. Les Allemands avaient encore tout à apprendre dans le temps où ils s'avisèrent sottement de vouloir instruire les autres peuples. Votre langue aujourd'hui encore est en formation. Vos meilleurs écrivains reconnaissent que la prose allemande existe à peine et qu'une demi-douzaine d'écrivains tout au plus ont su au prix d'une dure lutte contre une matière ingrate, lui donner la souveraine empreinte de l'art. Faites-vous donc, vous qui savez et qui comprenez, le prêcheur de modération et d'humilité au milieu de ceux qu'un orgueil imbécile affole. Et si vous ne réussissez plus à vous faire entendre, si vous succombez aux abois de la meute, du moins aurez-vous sauvé votre honneur. Revenus de leur folie, les Allemands de l'avenir vous admireront et comprendront mieux l'aberration de ceux d'aujourd'hui. Et ils vous éleveront des statues après qu'ils auront renversé celles que leurs semi-dieux d'aujourd'hui, fous d'orgeuil, se dressent à eux-mêmes. Mais pour jouer ce rôle, il faudrait le courage des héros et des martyrs. Je crains fort que vous ne le possédiez pas et je vous vois plutôt finir vos jours dans la peau d'un Geheimarth de celui qui sera redevenu simple roi de Prusse. Justin Vallon. Propos du Grincheux De la grâce suffisante Ne croyez pas que la grâce suffisante soit celle qui confère la suffisance. Vous risqueriez de vous faire une idée exagérée de la fréquence de ses manifestations. Au péril de me mettre gravement en désaccord avec Port Royal, je prétends appeler grâce suffisante cette manifestation de la bonté divine qui fait qu'un homme qu'on croyait ordinaire et quelconque, accepte, sans hésitation ni émotion, des responsabilités incalculables et ne s'étonne meme pas de se voir tout-à-coup attelé à une tâche à laquelle suffirait à peine le génie d'un Bonaparte ou d'un Talleyrand. La sagesse des Nations nous enseigne que les circonstances font les hommes, tout comme l'occasion fait le larron. Quoi d'étonnant alors à ce que, dans les circon-tances exceptionnelles et graves, il y ait pléthore de grands hommes? Et c'est peut être le seul avantage des tribulations de l'heure présente : elles nous révèlent l'existence de quantité de grands hommes dont, si les temps étaient restés ordinaires, nous eussions toujours ignoré l'existence. Si je ne craignais la trivialité d'une telle comparaison, je dirais que les perturbations politiques ont sur le génie des effets semblables à celui que les perturbations atmosphériques exercent sur certains batraciens : elles l'incitent à sortir des cachettes où ils se dissimidaient. La foi en la grâce suffisante ainsi entendue est la meilleur remède au doute et aux incertitudes qui pourraient nous assaillir aux heures particulièrement sombres. Aussi convient-il de se débarrasser de ce scepticisme qui incite à l'ironie, proche parente de la méchanceté. Oh! comme vous aviez tort de prendre X... pour un serin, Y pour un sot et Z pour un âne bâté. Comme vous aviez tout et comme vous étiez injuste ! Il a suffii, pour que leur génie se révèle et soit exposé à notre administration par toute la presse, qu'un fou mette le monde à feu et à sang. La ; grâce suffisante a remédié à d'apparentes insuffisances. Elle a fait surgir de terre une foule impressionnante■ d'hommes de génie et nous lui devons en définitive, — nous ne le devons meme qu'à elle—de voir partout " the right man in the right place." Il serait criminel de ne pas s'incliner devant les effets merveilleux de la grâce suffisante. On se verrait fort justement accuser de pactiser avec l'ennemi et de trahir. Mais nul n'en arrivera là, grâce aux censeurs infaillibles, toujours par l'effet de la grâce suffisante, vigilants défenseurs des nouveaux dogmes. Et c'est fort heureux pour les imprudents Supposez que, par. un impossible malheur, nos affaires n'aillent pas tout à fait bien. Qu'arriverait-il ? Ceci, qu'on endosserait fort justement toutes les responsabilités non pas à ceux qui auraient présumé de la part de grâce à eux dévolue, mais à celui qui aurait énervé leur vertu en mettant en doute l'omniscience et infaillibilité qui leur sont tombées du ciel d'une façon si imprévue qu'on peut considérer un tel miracle comme au moins égal à celui de la Marne. Choulette. Ce que nous pensons de la paix. Dédié à M. Ford L'Allemagne a perdu la liberté des mers, elle a aussi perdu la bataille de la Marne. Depuis lors, malgré ses soubresauts désordonnés, elle était blessée à mort l'Allemagne et virtuellement battue. L'esprit lourd et lent du peuple boche ne lui a pas encore permis d'entrevoir la possibilité de la défaite, quoique les moins clairvoyants la jugent aujourd'hui inévitable.Le jour où la vérité se fera jour, le désastre sera complet, immense, kolossal. L'Allemand brutal et mauvais, l'Allemand à l'arrogance odieuse tombera suppliant. Nous le retrouverons tel que nous l'avons toujours connu, plat valet ou insolent, selon qu'il se sent faible ou fort. Wilhelm l'assassin et l'homme au chiffon de papier chantent victoire, ils savent qu'ils mentent mais il faut prolonger l'illusion pour gagner quelques heures. Déjà cependant l'agonie morale a commencé.La bête ne pouvant plus avancer à l'Ouest, poursuivie à l'Est a cherché du champ vers les Balkans. Les chefs allemands cherchent des gages dont ils espèrent trafiquer. Nous avons la Belgique, huit départements français des plus riches, la Pologne, la Serbie ; nous vous offrons la paix. C'est la politique du chantage après celle du crime, les moyens s'aveulissent.Dans cette question, nous, Belges,nous avons notre mot à dire, vous, braves Serbes, vous avez le droit de parler. Criez donc bien haut aux alliés, pour être bien certain d'être entendus en Allemagne : " Vous avez violé notre patrie. Vous y faites régner la misère et la terreur, vous avez détruit nos foyers. Eh bien ! continuez à souiller notre sol. Nos frères resteront sous votre botte infâme aussi longtemps qu'il le faudra ; nous, nous resterons exilés. Mais pas de paix sans la victoire, pas de paix sans l'écrasement, sans l'anéantissement de votre ignoble militarisme." A celui qui oserait nous proposer de nous rendre notre chère Belgique, sans avoir préalablement lavé l'injure et puni le crime, nous jetterions notre mépris à la face. Voilà ce que nous pensons de la paix. Terrifiants aveux d'un officier allemand 5.781 Belges exécutés depuis l'occupation Le Petit Parisien reproduit un article du Record Advertiser de Boston (Etats-Unis) au sujet des exécutions en Belgique, sous la forme d'une "lettre de confession" adressée par un capitaine allemand à un fonctionnaire du gouvernement turc ; ce capitaine a déserté en Hollande et c'est de là qu'il a écrit cette lettre d'aveux qui, même après tout ce que l'on sait de la barbarie allemande, est tout à fait stupéfiante. Voici les passages principaux de cette lettre : " Depuis notre arrivée en Belgique, nous avons exécuté exactement 5.781 Belges, sous un prétexte ou sous un autre ; et ce chiffre ne comprend pas les exécutions qui furent opérées sans aucune forme de jugement. "Si terrible et si inhumain que soit le cas de Miss Cavell, il est moins pathétique que celui de Mme. Frenay, qui fut exécutée au début d'octobre, sous ma surveillance. Je suis terriblement honteux d'avoir accompli cette action, que je ne puis plus considérer comme un devoir militaire. " J'étais alors au fort de la Chartreuse ; nous apprîmes qu'on allait procéder à de nouvelles exécutions : vingt-neuf personnes comparaissaient devant la cour martiale qui siégeait en permanence à Liège ; cette cour prononçait- les condamnations à mort aussi facilement qu'un juge de simple police prononce ses arrêts. Ainsi l'interrogatoire de ces vingt-neuf inculpés ne dura que trente minutes, de 4 h. 30 à 5 heures du soir. L'arrêt de la cour en condamna onze à Ja peine de mort et les autres à la détention à perpétuité en Allemagne. A dix heures du soir on nous prévint que huit des condamnés à mort devaient être exécutés avant minuit. La principale " coupable " était Mme. Frenay ; la dernière exécution devait être celle de Julien Landers, un écrivain local assez connu, paraît-il. "L'exécution devait être accomplie par une escouade de cinquante soldats, disposés en rangs de dix ; la première ligne de dix hommes devait tirer ; le* autres ne devaient faire feu qu'au cas où les huit condamnés ne seraient pas tous tués dès la première décharge. " Je fis d'abord exécuter la femme ; non pas par pitié pour son sexe, mais parce que je n'avais pas confiance en ma propre force pour aller jusqu'au bout. L'attitude des soldats ne me plut pas : je les alignai, je leur donnai, revolver en main, l'ordre de faire feu, et tous les dix tirèrent ; Mme. Frenay tomba, mais elle avait simplement reçu une balle à la cheville. " Pourquoi me torturez-vous ? " Je me précipitai vers elle, je la fis se tenir debout de nouveau contre le mur ; elle criait de toutes ses forces : " Mon Dieu, mon Dieu ! pourquoi me torturez-vous ?...." J'ordonnai à la seconde rangée de dix hommes de faire feu : elle tomba de nouveau ; mais cette fois elle n'était pas même atteinte ! Elle était terrorisée et ne cessait de crier : " Oh ! mon Dieu ! quelle torture ! " Comme elle tombait presque sans connais-• sance, je la maintins debout avec le bras. Peut-être m'accusera-t-on d'avoir été lâche ; mais j'avoue que je le fus en effet, et que je le suis encore ; nous autres Allemands, nous avons le " courage disciplinaire," mais, individuellement, nous sommes des lâches. Je saisis mon revolver, lui appliquai le canon sur l'oreille et je la tuai, de sang-froid, sans la moindre émotion. Pourtant, j'éprouvai ensuite un malaise et pour les exécutions qui devaient suivre je me fis remplacer par un autre officier. En dix minutes ce fut fini. Julien Landers fut exécuté le dernier. Quel courage ! Toutes les victimes se montrèrent d'ailleurs plus courageuses devant la mort que nous ne l'étions, nous, leurs exécuteurs. Un peu plus tard, les huit cadavres furent chargés sur un camion et emmenés vivement au cimetière de Robermont. Dans ce cimetière, plusieurs milliers d'autres patriotes belges, des héros, sont enterrés par cinq, par dix et parfois même par vingt dans la même fosse. Quand les huit victimes que nous avions exécutées furent enterrées, un de mes officiers supérieurs me déclara : " Ces victimes seront immortalisées et les générations futures se souviendront que nous fûmes leurs assassins." A quatre heures et demie, on les avait fait comparaître, avec vingt et un autres " inculpés," devant la cour martiale ; en trente minutes, leur sort avait été décidé ; à deux heures du matin, la terre recouvrait leurs cadavres dans le cimetière ! " L'EMPRUNT NATIONAL Les résultats généraux de l'emprunt ont été officiellement communiqués hier au Sénat par M. Ribot. Ils sont conformes aux indications déjà fournies par le Temps. Ils sont tels, que le pays est en droit d'en concevoir quelque orgueil. Considérons, par exemple, les versements effectifs, dus aux souscriptions " en numéraire," ou, plus exactement, en espèces et en billets de banque. " Je ne veux pas donner des chiffres précis, a dit le ministre des finances, mais je puis vous dire qu'd prendre seulement le numéraire, il dépasse, à cette heure, dans les vérifications que nous avons faites, la somme de 5 milliards-de francs, et qu'il atteindra probablement 5 milliards et demi." Devant une pareille somme, apportée réellement, on eût été stupéfait à juste titre, en temps normal ; mais quelles ne doivent pas être la surprise et la fierté quand on songe aux circonstances au milieu desquelles elle a été obtenue ! Ainsi que l'a fait remarquer M. Ribot, " un quart de la fortune de la France nous manque en ce moment." Quelques-unes de nos régions les plus riches sont aux mains de l'ennemi. Quant au reste du pays, il est " profondément troublé dans ses moyens de production." Non seulement les opérations commerciales n'ont pas repris l'activité qu'elles avaient autrefois, mais " beaucoup de personnes ne peuvent disposer de leurs créances, soit les propriétaires qui n'ont pas touché leurs loyers, soit ceux qui ont des effets commerciaux arrêtés par le moratorium prolongé bien longtemps." Malgré ces difficultés, l'Etat recueille des fonds à ce point considérables que l'Allemagne, au lendemain de la guerre de 1870-1871, en avait jugé la réalisation à peu près impossible. On s'est habitué depuis lors à compter par chiffres énormes. Les imaginations jonglent volontiers avec les milliards. Mais rêver de milliards, ou en tenir cinq, venus librement de l'épargne, tirés des capitaux disponibles, c'est tout autre chose. Et l'on a ainsi une attestation admirable de la puissance assurée à l'Etat par les lois qui président, en France, à l'essor de a richesse, à la sécurité de la propriété et de l'épargne, à la prudence et à la justice fiscales. L'Etat recueille les fruits de son ancienne sagesse. L'un des premiers effets des souscriptions "en numéraire"-—l'expression étant prise dans son sens le plus étendu — a été de permettre à l'Etat de réduire sa dette envers la Banque de France. Dans la situation au 23 décembre, le montant des avances faites par notre premier établissement de crédit, conformément aux lois des 5 août et 26 décembre 1914, ne ressort plus qu'à 5 milliards, en diminution de 2 milliards 400 millions sur la somme correspondante au 16 décembre. Cette modification est de celle auxquelles on ne saurait trop applaudir. Moins forte est la dette envers la Banque de France, plus élevée reste la réserve latente que constitue la possibilité d'appel à cette institution. La masse des billets de banque cesse d'être gonflée de ce côté. Au point de vue des répercussions inévitables de toute inflation fiduciaire sur le change, il y a là encore un fait des plus heureux.

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Cet article est une édition du titre La Belgique nouvelle: journal quotidien indépendant appartenant à la catégorie Oorlogspers, parue à Londres du 1915 au 1916.

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