La chronique: gazette quotidienne

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s.n. 1918, 20 Octobre. La chronique: gazette quotidienne. Accès à 29 mars 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/0g3gx4660s/
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Dimanche 20 octobre iôis, - : M|b*KyjW£ , LE NUMÉRO" ï 1 O CENTJMFS 51® ANNEE. No 6. . LA CHRONIQUE DUAIiAU A ■ 31, Rue de Mogador, 31 PARIS >9e) JOURNAL D'UNION BELGE TÉLÉPHONES! CENTRAL 30-13 GUTENBERG 67-92 ABONNEMENTS : France et Colonies.... Un an f fr. 5© Autres Pays ÎO fr. s> Abonnements Militaires.. 5 fr. > Journal Quotidien à Bruxelles DIRECTEUR : Frédéric ROTIERS ( Jean d'ARDEJiNE REDACTEURS EN CHEF ) Léoa SOU6UEXET Journal hebdomadaire à Paris pendant la Guerre PUBLICITÉ : Aax Bureaux da Journal 31, Rue de Mogador LA FLANDRE DÉLIVRÉE < Le dfisain du lieutenant Jean Droit illustre d'une façon épouvante le/, faits< (d'aujourd'hui ; Ostonde, Courtrai, Bruges, 'Lichtervelde so-nt à nous. L'armée beige, d'un bond, a rejoint les chers compatriotes vaincus. D'autres noms vont s'ajouter aux noms glorieux. Et c'est le baiser du retour dans les larmes heureuses que la Béigi<jue délivrée donne au soldat libérateur.i A es soldat va toute notre reconnaissance i - et toute. notre admiration. Et mous n'ou-( blions pas nos alliés Français et Britanniques, si magnifiquement discrets, si no- , blement effacés, acteurs et témoins de - l'acte suprême du grand drame. Le drapeau ibelga flotte désormais fier i et 'libre sur Ostende, sur les clochers et i les beffrois des villes libérées. Bientôt il flot- - te.ra sur les tours de nos hôtels de ville, de nos cathédrales et, d'un bout à l'autre du pays, sera célébrée la Joie du Retour. LA FLANDRE DÉLIVRÉE LE ROI A OSTENDE. — LE MONDE entier acclame les belges Jeudi la rumeur glorieuse courait dans «Paris : Lille, Douai, Ostende délivrés, la .cavalerie belge devant Bruges1. C'est 'l'écroulement des Boches, c'est lé jour de '4a justice qui se lève. rt Les journaux français ont dit leur joie S«ie la délivrance de la' Flandre» française et (nous la partageons fraternellement, mais (on comprendra que dans ce journal qui ne paraît qu'une fois par semaine, nous nous |attachions au fait symbolique de la délivrance d'Ctetende. J Les comibaîts des jours précédents Savaient porté leurs fruits. Le 17 au matin, (de® aviateurs anglais signalaient que les «Boches avaient évacué Ostende. Le vice-mmiral anglais sir Roger Keyes y déibar-iffuait à 13 h. 55. f Une heure plus tard le roi et la reine arrivaient eux-mêmes à Ostende à bord d'un pestroyer anglais. i Une dépêche du commandement de la marine française annonçait à Paris l'événement en ces ternies : f Des batteries angCiaises et françaises étaient jén surveillance an iLarge. .Des Groupes venant [du sud et le long de 2a plage omit occupé Qf-. ■Stende tsans coup fléï6r. / ! la batterie Tirpitz a été prise, son énorme («atériel n'ayant pu être évacué. } Le roi et Ua reine sont allés à Ostende à & bennes sur un destroyer anglais, arborant (tes pavillons anglais et (français ; un grand je-nthousiasiae ségne dans ùa viûfie. i L'amiral Ronarch, qui s'est rendu là Oetende «ur une vedette avec les souverains belges, a été reçu1 par De iouirgunestre. (De fortes explosions qui se font entendre p l'ouest d'Oetende 'laissent supposes* que l'en-inecii détruit les grosses batteries qu'il ne g>eu.t eniever. «. ^ue^<Tues heures plus tard, un bataillon pelge venu par terre à travers les routes pnondées et les ponts coupés faisait son [entrée en ville musique en tête et drapeaux déployés. L <"es ^eures sont des heiures inoubliables, jïieureux ceux qui les auront vécues, i Cependant la presse du monde civilisé «acclame les Belges. Ecoutons-la. Gustave flervé dans la Victoire v va de tout son grand cœur. f .Est-il besoin de dire que nous nous associons tous à Sa joie de nos amie Beiges. Ils kmt tous mérité, depuis ileur roi et îleur reine, [jusqu'au dernier poilu ce 'l'armée belge, jusqu'aux ouvriers et ouvrières gui travaillant pans nos usines ou dams 110s campagnes depuis quatre ans, Wallons* et Flamands, leur (grand bonîieur d'aujourd'hui. Hs fl'ont méri. ffe par leur toi' robuste en ila justice de leur jtause, par la nabtïesse avec laquefile ils ont Supporté S'exiil sur une terre araniie où, malgré pes efforts de tous pour les traites- comme irios (compatriotes, ikris n'avons pas toujours pu, ®u mîldeu de Ytos propres soucis, tteaj-r* térnoi-tener toute notre 'reconnaissance pour leur [geste d'août 1914. ; et les poilue belges, des hé-jxos de (Liège et de î'Yser, l'ont (mérité pflus encore que tous Iles autres, par î'endurance Ma Sa yailltaince qu'ils ont gaîdées dans les Sbouee des 'Flandres, pendant quatre ans d'une (guerre sans éc2ait, où da «dodre des grandes KUtaées aûliées taisait panfois oublier ce qu'ils ' Souffraient ©.-bas, silencieusement , pour la éfense du dernier ûarabeau de leur territoire. I René d'iAral dans le Gaulois qualifie justement de shakespearienne la beau-lé actuelle de la grande aventure. >"ous invoquerons enfin une raïutre entrée triomphale, qui s'aocemplissait presqu'à la tnèrne (heure : oeiïle du roi et de la reine des Befltees à Retende... «score qu'en. ces iheuras merveilleuses, *>ù nous sommes «.nporiés en. quelque sorte •laos le tourbillon de cette onareshe fantastique A d'Etoile, noua apprécierons avec te recul du temps la .beauté au dénouement de cette liis-Jodre sbakespearianns qui. aura éé 4ÎU îoi AtfoeK & 'partir ® Sa» où il eéc-Uirc de défendre iîes principes tjacrés de ^honneur au prix Me fia "1^, Depuie icru, son attitude fut cons-*aarbineait â. la nauitscr des sacrifices qu'elle lui Imposa. Il (fut héroïque daisiw 3a lutte pied â pied çui, devant lia supériorité du noimibre, l'obligea à atoandonner Je sa'.' national ; il sut avec une dignité admirable supporter d'adversité et ■subir 4a. iongue attente ; hier encore, son royaume était -réduit à quelques kilomètres de plage, où fièrement flottait son étendard. H sus, aidé de fia Heine, conserver l'âme de son peuple et son alïection,. parce qu'iis furent tous deux a'.exeanple du plus noble (patriotisme et de l'inébranlable confiance dans (l'avenir. iî.e jeune souverain trouve aujourd'hui la suprême .récompense qui lui était due dans le fait qu'il a 3a fierté de reconquérir son royaume à la pointe de eon épée. àlauride Barrés dans i'Echo de Paris : Œ.e te,m>ps n'est point éloigné sans doute où fie noble roi Albert, respecte de tous Ces peti-■pïos fera une entrée triomphale -à Bruges, î'Allemand ayant été (forcé de .relier -seu ligne de défense a la (frontière hollandaise, par Valeneiennes, l'Escaut et Gand. Les Aiieniands de 19144918, dressés au- ipas de l'oie, et croyant dur comme fer que la « (force crée de droit », ne seront dessoûlés des doctrines de Bernhardi qu'à l'heure où ils verront, le châtiment, qu'à l'heure où dl!s sentiront le fouet de fia justice. C'est à l'heure où le roi Albert, la pùus haute figure représentative du Droit héroïque., rentre sur ses terres, que la Justice doit annoncer aux peuples qu'elle saisit ses -lanières et va .poursuivre irapfacabiiament Ses assassins dissimulés sono runiî&nne. Aux h unira h s en l'honneur ttes armées de Flandre les journaux mêlent d'ailleurs des considérations prophétiques ai. jwa-tiques.Paris-Midi i La grande totafisfi© û& FùsSx marche à pas. rapides vers ses dernières conchieions dont le faisceau sera la victoire comcî'ète et définitive.En attendant associons nos coeurs à lia joie des Beiges, qui se mêle si bien, là la nôtre. La délivrance approche «jour tous. Odile d'Os-tende; Lille, Roubaix, en annonce d'autres, ainsi que la fin du cauchemar. Haut les cœurs, etacore un temp?. Aprèâ oe sera la terre promise de cette paix glorieuse et féconde qui est co'iome nn Qiœour naturel au- cœur de l 'IioaMiie. Mais remettons-nous îatî jïas des événements. La victoire (Iw (Filandres semble assombrir rudement le sort des armées allemandes encoie établies sur notre sol ■Les résultats de cette victoire en amorcent d'autres qui sont de la plus haute impor-tanée.L'Action française : (Décidément, Se maréchal' iFooh est en train de rendre au monde étonné et joyeux de type de la victoire élégante et savante dont s'émerveillaient les grognairds quand l'empereur faisait la gueaTe avec leurs jambes autant qu'avec leurs bras ! Chaque station là emporter, enaque position là apprendre .est, marquée par de durs combats, imais chacun de ces avantages semble avoir la vertu de se multiplier par ses conséquences ; là chaque défaite ennemie, une retraite correspond e-;, si les premiers re-p'I.s allemands n'ont d'abord consenti qu'à nous laisser quelques villages dont la géographie (militaire connaît seule le nom, l'heure est .bientôt venue des glandes villes, glorieuses têtes de :pays et de région. Après Cambrai, Douai ■! Après Douai... Oui, tandis que Leurs Majestés le roi et 2a meine des Belge» rentrent triomphalement là Ostende, les aimées franco-britanniques ramènent nos couleurs victorieuses dans .Lille. Lille pleine d'histoire, paiée de chefs-d'œuvre de l'art ! Lille, un dès plus grands centres industriels le l'Europe nouvelle ! C'est de commencernent de fia reprise de lé (Belgique, c'est (presque la fin de la conquête de la (France du nord. Grande date, grand (jour que cet hier 17 octobre. Et le Matin devance de quelques jours e glorieux événement que nous prévoyons : Dans cette bataille multiple et cependant concordante, admirons avec le commandant de jCivneux (Matin) la souplesse variée du génie stratégique du maréchal 'Fodi : En Belgique ,les troupes Iranco-ibelges poursuivent rapidement leurs mouvements vers Bruges et vers Gand. (Les possibilités acquises de débarquement là Ostende 'promettent I entree en ligne de renforts, de tâle manière qu une masse puissante puisse à bref délai peser sur l'extrême aile droite du dispositif allemand et achever de briser ses unités anémiées. L'ermée von Arnim n'est plus de taille ù ccuvrir efficacement -un large théâtre d'opérations agrandi depuis la frontière française jusqu'à la frontière hollandaise, la marche à traveire la Belgique peut être rapide : le roi Albert n'est qu'à quelques courtes étapes de sa capital NOUS, et les BOCHES C'était à la gare de Calmar; nous avions de menus bagages à faire expédier et, tout en causant avec l'abbé Wètterlé, nous étions arrivés devant le guichet. L'un de nous y va, explique sa requête au préposé, qui ne comprend pas ou feint de ne pas comprendre. Notre délégué nous signale son embarras; je vais à la rescousse, j'utilise mon allemand des grands jours qui ne vaut pas celui de Goethe, m^is m'a toujours permis de manger, de boire, de dormir — et le reste en Bochie. Je ne tire de l'employé qu'un grognement rauque. L'animal me semble curieux et je le considérerais volontiers à loisir si j'en avais le temps. Mais intervient l'abbé Wetterlé qui avait continué jusque-là avec le seul interlocuteur qui lui restait le développement de ses plans d'émancipation alsacienne-lorraine. Il demande : — Quoi? Qu'est-ce qu'il y a? On ne vous comprend pas ? Il m'écarte, se campe au guichet, y encadre sa tête que me dérobe le tricorne et Fichtre 1 II n'y va pas par quatre chemins l'abbé, sa voix éclate. L'employé « prend quelque chose ». Ce fut bref, une bordée de mots que je n'ai pas compris, mais cela a suffi. L'abbé se retourne : — Où expédiez-vous vos valises? Ce qui m'étonne, c'est qu'il à l'air catme, nullement en colère. D'ailleurs, l'employé est, désormais, empressé, docile, soumis L'abbé Wetterlé reprend l'exposé de la question de l'autonomie alsacienne-lorraine. Une minute plus tard je me permets de l'interrompre : ~~ Vous l'avez bien arrangé, l'employé ? Il me regarde étonné, vraiment étonné : — Mais non, vous vous trompez complètement, je lui ai simplement dit ce que vous vouliez. Et en effet — incident normal, inaperçu dans la vie d'un Alsacien, mais révélateur pour nous — il n'avait pro noncé que les paroles nécessaires, mais il leur avait donné le ton qu'il fallait. Celui du maître. Je suis bien convaincu que ce ton serait inopérant, funeste même dans nos pays : France, Belgique, Angleterre, mais l'anecdote si menue éclaire pour moi toute la situation d'aujourd'hui.Cette platitude soudaine d'un employé devant quelqu'un qui parle net, un quelqu'un qu'il connaissait, vaincu dans son propre pays, emprisonné déjà auparavant, cetteplatitude correspond à selle de la haute bochie, du personnel impérial, militaire, intellectuel, maintenant qu'ils ne sont plus les vainqueurs. Eh quoi! la France a perdu dix départements; les trottins de Paris ont vu tomber autour d'elles les obus de la grosse Bcrtha, pendaEfc des nuits eî des nuits de Paris, îes mères ont dû fuir dans les caves, emportant leurs enfants hâtivement habillés; pendant quatre ans Paris nocturne entendit le canon, et que dirons-nous des réfugiés et des captifs des pays envahis? Quant à la Belgique ? C'est bien simple, elle avait tout perdu; elle était, ou prisonnière ou exilée. La Belgique ét la France ont-elles demandé la paix ? Que se passe-t-il donc dans une Allemagne qui est encore loin d'être envahie et qui, même envahie, aurait, à notre sens, le devoir de lutter de son épée brisée jusqu'à l'épuisement de ses forces, On peut tout perdre, fors l'honneur. L'honneur? Mais, pour le boche l'honneur c'est d'être le plus fort. » Même au temps des marches triomphales des boches en France, les poilus se sont étonnés devant les ennemis qui faisaient « Kamerades », avec une promptitude singulière. Le mot sauveur, le geste des bras levés, avaient, à coup sûr, été étudiés auparavant en vue de l'éventualité présente. Et d'ailleurs, jusqu'au moment où il se rendait à merci, le boche s'était battu avec une vigueur, une bravoure indis cutable. Il y avait là pour nous une contradiction singulière qui nous fit raisonner faux, croire trop tôt à un abaissement de la valeur des armées ennemies. C'est que, à un moment donné, le boche ne s'était pas senti le plus fort; c'est à ce moment-là qu'il perdait ce que nous appelons l'honneur, et de recevoir une blessure ultérieure ou d'être tué dans un combat k négal, cela ne correspondait pour lui à aucune nécessité morale, à aucun sentiment de la gloire ou de l'honneur. Je laisse de côté, la croyant injuste, l'hypothèse que le boche ne se bat bien que sous l'œil de chefs redoutés, ou en bande. Non il y a eu, il y a encore en lui un courage mystique etfarouche, une foi dans l'Allemagne que seule fera tomber la révélation — elle est en route — que l'Allemagne n'est pas la plus forte. A ce moment précis tous les boches feront kamerades et au dessus d'eux la Germania symbolique, bras et a;les levés, hurlera un kamerade qui fera de cet ensemble un groupe assez semblable à celui dont Hude vivifia un des pieds de l'Arc de Triomphe. Comprenons enfin les boches, Cyrano n'est pas de chez eux : quand on n'est pas le plus fort, non seulement on ne se bat pas, on est soumis au plus fort. Ils nous l'ont dit cent fois depuis 1870, nous avons ri, nous avons cru qu'on se moquait de nous. Ils étaient sincères. Remarquez d'ailleurs qu'il y a là une permanence d'un sentiment antichrétien (ou anté-chrétien) ; les musulmans vous expliqueraient très bien que c'est Allah qui donne la force, donc il faut reconnaître et admettre la force. A cette lumière, toute la conduite de l'Allemagne s'explique; l'accusation de frivolité portée depuis toujours contre laFrance, l'indignation contre le blasphème belge qui méprisa la force, les atrocités du début delà guerre, les crimes persistants depuis, jusqu'à cette demande brusque, presque suppliante d'un armistice et l'aplatissement que nous prévoyons pour dans quelques jours ou quelques mois. D'ailleurs logique, vaincue, mais pas, quoi qu'elle dise, humiliée au sens que nous donnons à ce mot, l'Allemagne n'aura ensuite qu'un devoir : redevenir la plus torte. Malheureusement, il est possible que nous oubliions une fois de plus par lassitude ou par dédain. Nous n'avons pas vraiment le culte de la force, nous en avons, jusqu'ànn certain point, le mépris justifié, soit. Encore faut-il nous garder. Il n'y a avec les boches que deux alternatives: se soumettre ou les soumettre. Pour le moment nous disons, à l'issue de la guerre, que nous, allons leur changer l'esprit, en extirper le virus de la force... C'est une assimilation que nous voulons tenter. La besogne est belle, aussi difficile que de ramener l'Islam au Christianisme. Léon SOUGUENET. : -■ Faits menus, menus propos LES MOTS Méfions-nous ! nous ne sommes peut-être plus tout à fait tenus de nous taire mais méfions-nous encore, méfions-nous des mots. Tout voisin du bourrage de crâne qui ne fut pas si mauvais puisqu'il nous a menés d'illusion en illusion jusqu'à la belle réalité d'aujourd'hui, il y a le camouflage des héros qui est moins utile à nous qu'aux boches. Croyez-vous qu'il soit utile dès aujourd'hui de distribuer les lauriers définitifs. Le boche dit parfois : le meilleur soldat du monde, c'est le Serbe : ou bien : le Monténégrin n'a pas son pareil dans le combat individuel, ou encore : le Bolivien (je ne sais pas exactement où en est la Bolivie dans cette guerre) est le premier cavalier de l'univers. Si, gobe-mouche, le Bolivien, le Monténégrin, le Serbe acceptent pour la piquer à leurs drapeaux cette plume empoisonnée ils font le jeu du boche en provoquant l'amour-propre de leurs alliés. L'éloge de l'ennemi est sans valeur et non avenu; plus tard, nous nous louerons nous-mêmes et vous verrez comme ce sera bien fait. Ainsi méfions-nous des mots envenimés, méfions-nous aussi des mots poncifs et bébêtes. Que nous chante-t-on avec ce diplôme de martyr qu'on décerne à la France et à la Belgique. ? Un martyr, c'est une façon de héros., mais sans rien de guerrier. C'est un monsieur qui se laisse faire. On le grille, on le dépèce, on lui enfonce, comme disait Ubu-roi, des petits bouts de bois dans les oneilles, il trouve ça naturel. Et il laisse faire. Polyeucte, s'il avait collé un swing au fonctionnaire qui le venait décoller de la part de son honorable beau-père, n'aurait pas moins droit à votre estime, mais il n'aurait plus droit au titre de martyr. Idem pour tant d'autres, sublimes, mais résignés, qui poussèrent la conscience de leur profession jusqu'à remercier leurs bourreaux et les encourager dans leurs petits travaiuk. Voyez même où nous allons avec un emploi inconséquent des mots. Si nous nous proclamons martyrs, nous encourageons Hindenbourg à nous martyriser. Nous 1 n'avons pas le droit de réclamer. La France est-elle martyre ? Et la Serbie? Et la Belgique? Elles bourrrent, non le crâne, mais le derrière des bourreaux à coups de bottes. Singuliers martyrs, infortunés bourreaux qui, sur la foi des traités, se ! croyaient assurés d'opérer en paix. Non, ces peuples furent des peuples de héros, un moment vaincus ; ils ont ressaisi la victoire, ils se battent, ils ne sont pas des . martyrs-nés. A moins qu'on ne les ait changés en nourrice, comme dit ma concierge qui, évidemment, ne veut dire que ceci : à moins qu'on ne les ait changés pendant qu'ils étaient en nourrice. BOB La Situation Politique la reponse de m. wilson La seconde réponse du Préeident Wileon à l'Allemagne est telle que nous serions vraiment difficile si nous n'en étions pas satisfait. iLa (première, celle du 8 octobre, semblait ouvrir aux Allemands la possibilité d'une conversation qui eût pu être dangereuse_ ; la seconde leur enlève tout espoir de traiter d'égal à égal des conditions de l'armistice. Le bon sens populaire en France s'était prononcé dès le premier moment : qu'on laisse la parole au maréchal Foch. Wilson semble avoir entendu cetïe grande voix. Ce qu'il y avait d'un peu vague/d'un peu conftus dans sa pensée s'est précisé et ceux de nos socialistes internationalistes impénitents, qui comptaient sur lui pour nous empêcher de tirer de la vietoire tout ce que nous pouvons en attendre seront obligée de chercher un autre grand homme à opposer à Clemenceau. « Nul ' arrange-merit ne peut être accepté par .le 'gouvernement des. Etats-Unis, qui n'assurerait pas des sauvegardes et des garanties absolument satisfaisantes pour le maintien de la présente supériorité militaire des Etats-ilînis et des aM'ési sur 'les champs de bataille. » Cela est parfaitement dit. C'est là le point central de la réponse américaine ; cela coupe, court à tous les espoirs de commissions mixtes et de tractions louçhes que le gouvernement de (Max de Bade pouvait avoir conçu. Mais 'M. Wilson va plus loin. Il impose à l'Allemagne un nouveau sujet de conversation qui n'a rien d'agréable ; «'Ni le gouvernement des Etats-Unis, ni — il en a .l^ntière certitude — les gouverne-, ments avec lesquels le gouvernement des Etats-Unis est associé comme belligérant, ne consentiront à envisager un armistice aussi longtemps que les forces armées de l'Allemagne continueront de se livrer aux pratiques illégales et inhumaines dans .lesquelles elles persistent. » Ainsi s'exprime la nofe, et elle dénonce les atrocités que les Allemands commettent « au moment même où le gouvernement allemand approche le gouvernement des Etats-Unis avec des propositions de paix ». Le peuple allemand lira ces phrases, et peut-être se rendra-t-il compte de la situation inextricable où ses dirigeants l'ont mis. Ceila ne consolidera ni la situation de Max (de Bade, ni celle du Vice-Chancelier vo.n (Payer, ni celle de M. Soif, ni celle de Guillaume II. M. Wilson attend la -réponse du peuple allemand lui-même. Il ne veut pas traiter avec les Hohenzollem. Est-tce donc un appel à la révolution ? C'est tout au moins un appel au changement de régime. Mais qu'on y prenne garde. Si nous avons tout intérêt"à voir l'Allemagne se transformer, et renverser le irègne de cette aristocratie prussienne qui lui a donné, avep sa force expànsive, cet appétit de domination auquel nous devons la guerre, nous ne devons nullement souhaiter de voir l'immense corps-germanique en proie à des troubles violents analogues à la Révolution russe. Si l'Etat allemand se désagrégeait totalement, nous nfe saurions plus avec qui traiter, ni de qui exiger les réparations qui nous sont dues. Ajoutez à cela que le bol-ebévikisme est un mal aussi contagieux que la grippe espagnole : nous 6avons qu'i.1 couve an Allemagne (comme en Autriche ; cette menace fait tremblçr le Gouvernement impérial, et cela est excellent, mais nous devons souhaiter que ia maladie ne se déclare pas. Nous devons vaincre l'Etat allemand, ruiner sa puissance, le mettre hors d'état de recommencer plus tard son entreprise de domination universelle ; nous devons en obtenir da réparation de tous les dommages qu'il a causés. Nous pouvons même souhaiter de rendre à l'a Germanie le régime que lui avait imposé la paix de Wesphalie ; mais nous devons craindre pour nous comme pour lui une dissolution totale analogue à celle dont nous sommes les témoins en Russie. « .Le Gouvernement, allemand a le plus grand intérêt à ce que les Alliés se montrent implacables, me disait un homme qui connaît bien l'Allemagne. C'est le moyen de lui éviter la guerre civile. Si, à là faveur d'un armistice mal fait, les pangermanistes voyaient de moyen de recommencer la guerre," la guerre civile éclaterait à coup sûr, et notfe savons ce que Heine pensait de la guerre civile allemande. » Sous le paradoxe, il y a beaucoup de vérité dans ce propos et, c'est cet intérêt gouvernemental allemand qui peut nous faire espérer que finalement et peut-être après quelques'manifestations théâtrales de désespoir, des conditions de Foch seront acceptées si dures soient-elles. A moins que... Quos vult perdere Jupiter dementat ! JL. DUMONÏ-WILDitft* ÉCHOS lia Çeiûe lnftoièffa On sait avec quel dévouement, la Reine, iès le commencement de la guerre, alors nême qu'elle était encore à Bruxelles, s'est occupée du service de santé. Depuis 'installation à 1a Panne, elle ne s'est pas contentée de donner son appui au Br Dopage et à tous ceux qui ont fait du service chirurgical belge un des plus parfaits qui soient au monde, e'ie n'a cessé de :ravailler au côté des médecins comme in-îrmière. Au chevet des blessés, devant la table d'opérations, elle ne connaissait plus, le protocole, jamais elle ne se contentait iu rôle officiel et vain de la grande dame, de la souveraine qui vient visiter les hô-aitaux et donner aux blessés l'aumône 3'un regard et d'une bonne parole. Elle fut vraiment en fous temps, et surtouS dans les moments de presse, l'aide précieuse, attentive et modeste des médecins, l'infirmière modèle. Mais depuis l'offensive du 28 septembre, el'e s'est véritablement multipliée- Tandis qu'on préparait les opérations dans le plus grand secret, elle,visite minutieusement tous les hôpitaux, toutes les formations sanitaires, pour voir de ses yeux si tout était prêt, si tous îes services fonctionnaient normalement, si l'on n'avait besoin de rien. Quand les blessés commencèrent à affluer, elle ne perdit pas un (instant, restant certains jours jusqu'à quatre heures du matin dans les hôpitaux, travaillant de ses mâiris coUi-me la p'us humbles .des .nurses. Discrète et silencieuse, légère comme une ombre, on la voyait passer dans les salles, ne quittant les tables d'opérations que pour , porter aux blessés et aux conva'escents des gâteries délicates, des soins vraiment maternels. Aussi, sa popularité dans l'armée est-elle immense : elle est, pour tous les so'dats, l'incarnation de la patrie dans-ce qu'elle a de plus doux et de plus tendre. x, i — . ... Fraternité Nous recevons de M. le sénateur Halot la lettre suivante que nous nous faisons, un plaisir de faire connaître à nos dee» teurs. (Berne, octobre 1918. Monsieur le Directeur de la 1Chronique, Je vois dans un de vos derniers numéros, un petit article intitulé' « Fraternité », dans lequel vous voulez .bien Mentionner i«a présence aux funérailles du très .regretté Georges Lorand. Vous me pardonnerez de tirer parti de cette citation de mon -nom pour vous laire part des réflexions que Vos lignea me suggèrent. Vous semblez dire que c'esjt.par un effet heureux de la guerre que j'ai" pu me résoudre à assister aux funérailles civiles de M. Lorand. Souffrez que je proteste en vous rappelant que la plus large tolérance à l'égard des opinions philosophiques et religieuses de chacun est à la base du programme du Parti Indépendant auquel je> m'honore d'appartenir, et que si je n'aO-mets pas que qui crue ce soit se mêle de contrôler mes convictions intimes, je ne me suis Jamais reconnu le droit d'intervenir dans celles de mes concitoyens. J'estime que le rôle des hommes politiques est de s'occuper des affaires publiques d'intérêt national, et qu'ils stérilisent l'action des pouvoirs de l'Etat en même, temps qu'ils-avilissent la religion elle-même en la mêlant aux luttes des partis. ■Ce sont là des idées qui toujours inspl rèrent la politique des Indépendants et qui d'ailleurs sont absolument conformes au bfn. sens' du peuple belge ! Il n'a donc pas fallu la guerre pour que nous respections le droit de chacun d'avoir tel enterrement qui lui convienne, et je me souviens, à titre d'exemple parmi d'autres, d'avoir suivi, le cortège*, funèbre d'Hector Denis. Je suis d'ailleurs très heureux de constater que la guerre ait amené la plupart de> nos compatriotes à partager enfin ces idées que mon ami Théodor et irpoi n'avons cessé de défendre avec tant d'autres hélas disparus, car j'y vois la seule possibilité du groupement indispensable de nos forces pour la: relèvement de la patrie. Veuillez agréer. Monsieur*le Directeur, Ii/a assurances do mes sentiments très distioj gués. HALOT, - ' ' «' ♦ V * Il nous paraît utile d'ajouter aux noms des personnalités catholiques, dont la lar-s geur de vues contraste avec la mesquinerie de quelques autres, celui du R. Père Rut-ten, dominicain passionné pour la Sociologie et les problèmes économiques d* l'après-guerre qui se rencontrait sur c* terrain, avec feu Emile Waxweiller. Bien qu'épris chacun d'une philosophie différente, ils n'en étaient pas moins de fervents amis. Aussi, lorsque le grand savant fut tué net comme devait l'être, quelques mois plus tard, le grand poète Emile Ver-< haeren, à la suite d'un brutal accident, l<t R. P. Rutten n'hésita pas à suivre, comme ami, la dépouille mortelle d'Emile-Waxwei'ler jusqu'au cimetière, bien qu'ife fut enterré civilement. Nous nous souvenons aussi .du bel article nécrologique que» le R. Père Rutten écrivit à la mémoire de* son ami et nous nous souvenons des paroles par lesquelles il croit pouvoir affirmer que « jamais Emile Waxweiller n'aj péché contre la lumière. » D'autre part, îes paroles, les écrits, lesf actes du Cardinal Mercier respirent la< plus grande largeur de vues et, dans sat « Lettre pastorale » de Noël 1914, rie dit-, il pas formellement, en parlant de la mort( de nos soldats : « Tous nos héros ne figurent pas à l'or-,, dre du jour, mais nous sommes fondés à. espérer, pour eux, la couronne immortelle qui ceint le front des élus. Nous n'avons "pas, dit Notre Seigneur, de meilleur moyen, de pratiquer la charité que de donner notre vie pour ceux que mous aimons. Le scrK dat qui meurt pour sauver ses frères, pour* protéger les foyers et les autels de la pa-( trie accomplit cette forme supérieure de la charité et telle est la vertu d'un acte, de charité parfaite qu'à lui seul il efface* une vie entière de péchés. D'un coupable, sur l'heure, il fait un saint. Ce doit nous, être, à tous, une consolation chrétienne-, de le penser. Ceux qui, non seulement parmi les nôtres, mais dans n'importe quelle-armée be'ligérante obéissent de bonne foi! à h discipline de 'leurs chefs pouc seryin

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Cet article est une édition du titre La chronique: gazette quotidienne appartenant à la catégorie Liberale pers, parue à Bruxelles du 1868 au 1918.

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