La Flandre libérale

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s.n. 1914, 23 Juin. La Flandre libérale. Accès à 29 mars 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/vt1gh9d58r/
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40* Innée ~ Hardi 23 Juin 1914 QUOTIDIEN. -10 CENT. R. 174 — Hardi 23 Juin 1914 LA FLANDRE LIBERALE IA.BONNEMENTS 1 moi». I mois. I mon. 1 u. BELGIQUE s Fr„ 2.00 4.00 8.00 16.00 UNION POSTALE s Fr. 3.75 9.00 18.00 36.00 ■a •'abonni ao huraau du Journal et dans loua las bureaux it porta RÉDACTION, ADMINISTRATION ET IMPRIMERIE 6AND, I, RUE DU NOUVEAU BOIS, I.GAND ABONNEMENTS ET ANNONCES : — RÉDACTION -Téléphone 32 Téléphona 13 , - . " - - ' -j»-. - - 7n iiaaMÎâli ANNONCES Ponr la ville et les Flandres, s'adresser an irareas m lonrnaL _ Pour le reste du pays et l'étranger, s'adresser I l'Office de Publicité, rue Neuve, 36, à Bruxelles. TOUT LE PROBLÈME " L'Etoile belge " houspille fort agréablement, ce matin, M. Verhaegen, qui vient, après un mois de pénibles cogitations, de nous dire son sentiment — combien alambiqué ' — sur les élections du 24 mai. Notre confrère choisit un passage de cette élucubration : | " Ces bons calculateurs rouges et bleus oublient une chose essentielle. On n'additionne pas_ des chiffres dissemblable*. On n'improvise pas le cartel des chiffres, quand les électeurs n'ont pas voulu du cartel des partis d'opposition. Faute de îespecter cette règle de bon sens élémentaire, on tombe dans des erreurs grossières et l'on en arrive à découvrir qu'un parti qui dispose de 99 sièges à la Chambre devrait rendre les armes à un parti qui ne dispose que de 45 sièges. " , C'est l'éternelle confusion grâce à la quelle on espère leurrer encore les esprits obtus. L' " Etoile ,après s'être moquée- de cette "salade romaine" — notre confrère bruxellois, par exception, n'a pas employé le mot précis, car " tomate " s'applique plus exactement à M. Verhaegen — bouscule cette logomachie " hirsute et poméranienne ", en trente l'gnes d'une clarté et d'une logique impitoyables:Le député démocrate est ennuyé parce que les suffrages recueillis par ' le parti socialiste et par le parti libéral sont pluis nombreux que les suffrages recueillis par le parti clérical. Et il nous crie: ''Défense d'addbtionncr ces chiffres-là!'' Nous comprenons son ennui ; mais il nous semble qu'il se donne une peine inutile. Pour démontrer que le. gouvernement n'a pais obtenu la majorité des suffrages, il n'est pas nécessaire d additionner ce que M. Verhaegen appelle dles chiffres dissemblables. U suffit d© faire le compta dles suffrages recueillies par les listes cléricales. C'est ce que nous avons fait, et cette addition de chiffres que M. Verhaegen ne traitera point de dissemblables prouve que le gouvernement n'a pas obtenu la moitié des -suffrages. 11 n'a pas la moitié des suffrages, — et il a la moitié des sièges, plus six. Tel est le fait brutal. Nous n'en avons pas conclu que le gouvernement doive céder le pouvoir à un ou à 1 autre des partis d'opposition, mais qu'il est urgent de rentrer, par une prompte revision de notre législation électorale, dans la vérité du régime représentatif. Après, on verra s'il v a une majorité, et de quel côté elle se trouve, on bien, s'i/1 n'y en a pas, comment on pourrait s'y prendre pour en former une bu sein des Chambres. Voilà toute la question, que nous avons posée également, il y a, quelques ours. I Quant à la solution éventuelle, 1' "Etoile belge ' encore Rappelait dimanche matin 1 opinioni d'un ancien député catholique de Bruxelles, M. de Jaer, appor- I tcur, en 1899, du projet de loi établissant la représentation proportionnelle. L Etoile" signalait d'abord l'étrange conception du régime représentatif par les feuilles ministérielles. Pour la première ■ois, faisait-ello observer très justement, nous entendons des politiciens revendiquer le droit le gouverner pour la minorité la plus nombreuse. j " Cette revendication, ajoute-t-elle, qui eût déjà semblé excessive sous le régime majoritaire, est encore beaucoup 1 plus inadmissiblei sous le régime de la. re- • présentation proportionnelle, dont la ver-'u esti précisément de donner la majorité parlementaire à la majorité du corps j Rectoral, s'il en existe une, et sinon à 1 "Miger les partis à former dans les Cham- 1 res une majorité parlementaire. " tEt elle citait le texte du discours de , M. de, Jiaer: Sans doute, il 3e peut qu'il n'y ait pas 1 majorité dans l e paya lui-mê-T[,r, ' <ïuei trois partis, par exemple, s'y ' Km ^8nt c.°'rps électoral, sans qu'au- y ait, à lui seul, la majorité. 1 ans cette hypothèse, il est normal S 1 * ? y ait pas davantage Elle T ^ ® ^ J a Cïhambro. 1 K etietera la situation miême du pavs. lin P0lU^-être le cas de former j cabinet d'affaires. 1 le n-n116 f11 n'y a pa'a de majorité dans PaS* H ne P°.urrait y en avoir une au la «it ? clue celui-ci ne reflétait pas ' désirabÎÎT' Téelle d0 la nati0n" Est"ce | Situation anormale! C'est toute l'af-L.lre" Mais les journaux cléricaux s'ab-F'enoent soigneusement de répondre. Et [ mment prétendez-voua gouverner si les mines élections aggravent encore l'é-,;'L qui V0Us sépare de la moitié des P «rages exprimés? Allez-y... *** ''' c^ricanHt sont en minorité, c'est L ,e^ ^discutable après le travail très ■ nsciencieux auquel vient de se livrer | Secr®tar^at du Conseil national, En négligeant les liste® fantaisistes ou qui ont un! caractère exceptionnel — comme celle de® daensistes-flamiingants gantois —, en ajoutant aux votes gouvernementaux les voix obtenues par M. Cou-sot à Dinant en 1912, et en comptant parmi les partis antigouvernementaux le " Christene Volkspartij " qui a toujours affirmé son hostilité aui ministère, on arrive à ce résultat définitif que la minorité gouvernementale est de 5,609 voix. En réalité elle est beaucoup plus importante encore, oar les cléricaux ont reculé de 25,900 voix en 1914, tandis que îles partis d'opposition gagnaient 61977 suffrages, de telle sorte que l'écart pour quatre provinces est de 87,877 voix. On iMïut) affirmer, sans crainte, que l'écart eût été au moins aussi sensible dans les cinq autres provinces s'il y avait eu des élections générales et que la mi-■norité virtuelle du gouvernement est donc d'une centaine de milliers de voix, dans le pays entier. C'est ce gouvernement qui va, notamment, appliquer la loi scolaire. Cette majorité d opposition tout entière réclame la revision. Beaucoup de catholiques la réclament aussi. Comment, dans ces conditions, la refuserait-on ? Comment, d'autre part, prétendrait-on gouverner 2 On répond toujours à côté en affectant de railler la minorité libérale. Mais les partis anticléricaux n'ont la prétention de prendre la barre que s'ils disposent d'une majorité dans le pays et à 1 a C h a m b r e. S'ils n'ont pas ces deux majorités, ils laisseront place au cabinet > d'affaires dont parle M. de Jaer, et qui serait constitué évidemment en dehors du personnel politique. Leur attitude modérée et constitutionnelle tranche avec les prétentions outrecuidantes de la minorité cléricale qui veut imposer sa loi, envers et malgré tout; prétentions réellement, comme on l'a dit, révolutionnaires: Le plus joli, c'est que ces révolutionnaires ne s'entendent même pas "entre eux, que des majorités se constitueht et s'évanouissent parmi eux; que des tendances absolument contradictoires se combattent dans leurs rangs. Et qu'ainsi c'est une majorité incertaine et instable de la "minorité la plus nombreuse" qui veut faire danser !a majorité du pays comme elle siffle, hier sur un air "démocratie-sociale" et demain sur le mode conservateur. Quoique ce soient toujours des crosses qui battent la mesure, nous trouvons que cette "très moutarde" plaisanterie a suffisamment duré. Déclaration de revision et consultation générale. Après cela — comme disait M. Braun et comme le répète 1' " Etoile fort à propos — on verra. Echos & Nouvelles Le reeul elérleil D'une intéressante étude que vient de consacrer le secrétariat général du conseil national du parti libéral aux dernières élections, il résulte que l'avance de l'opposition, dans les quatre provin-Jes, où il y avait, élections, est de 61,977 + îô,900 = 87,877 voix. Si l'on veut faire une comparaison en-ire les dernières élections et celles de .900, la première année que fut appliquée a R. P. et où il n'y eut pas de cartel, on xmstate que le recul ou le progrès des 'orces respectives des. partis peut être déterminé comme suit par 1,000 voix valables, dans les quatre provinces où des jlections viennent d'avoir lieu : Les cléricaux ont, en ces quatorze ans, ■eculé de 19 %. Les libéraux ont, en ces quatorze ans, jrogressé de 15 %. Les socialistes ont, en ces quatorze ans, progressé de 4 %. Il s'en suit que l'opposition tout entière a progressé de 19 %", tandis que le parti clérical a reculé de 19 %. Il est à remarquer que le progrès du larti libéral est de 11 % plus considéra-dé que celui du parti socialiste. L'augmentation du nombre de1 voix valables a été, pendant cette période de quatorze ans, de 29 1/2 %. Une élection provinciale Une élection provinciale a eu lieu dimanche à Teirmonde, à l'effet de pourvoir au. remplacement de MM. Van Damne, bourgmestre de Termonde, décédé, ït Vermersch, notaire, démissionnaire. Les libéraux, qui n'avaient obtenu que 1,250 voix aux élections du 5 juin 1910, ont obtenu cette foas 4,820 voix, ïes catholiques 8,989 voix contre 9,310 en 1910 et les socialistes 537 voix. Ils ne luttaient pas en 1910. Le gain anticlérical, on le voit, est sensible. La majorité absolue étant 7,165, les catholiques sont donc élus : ce sont MM. Del Bruyne, avec 8,637 voix et M. Van Mossevelcfe avec 8,989 voix. *** V La question flamande à Bruges Le cqnseil communal de Bruges, réuni samedi soir, s'est occupé de la question de savoir si les inscriptions des rues actuellement bilingues devaient être rédigées exclusivement en flamand. Cette séance a été particulièrement houleuse, toute la question flamande ayant été sou-lévée. Finalement, par 17 voix contre 9, le conseil a adopté l'ordre du jour du collège maintenant le " statu quo ". Coqullll La typographie nous a fait parier hier, dans notre article sur le roman de M. Detillieux, de la " conversation " in extremis d'un libre penseur. U fallait évidemment lire "conversion''. Nos lecteurs auront, d'ailleurs, fait d'eux-mêmes cette rectification. *** Une condition Les écoles de pupilles de l'armée sont ouvertes aux fils de militaires, fonctionnaires ou agents de l'Etat et aux enfants mâles de familles comptant au moins six enfants. C'est fort bien. Mais certaines conditions d'admission à ces écoles sont quelque peu singulières et témoignent bien de la mentalité cléricale. Pour être accepté dans une école de pupilles, il faut être enfant légitime ou ié-gitimé et il faut avoir fait sa première communion si l'on appartient à la religion catholique. Qu'est-ce que cela a de commun avec la préparation militaire et que signifie cette sotte exclusion des enfants naturels 1 Car il y a lieu de remarquer que l'on exige la légitimation ; la reconnaissance no suffit pas. C'est ^tout simplement indigne, et on îeconnaît bien là des règlements faits par des sectaires. *** L'uniforme Ce n'est pas fini. L'uniforme était définitif, mais on n'en vient pas moins de supprimer le® pattes d'épaule des officiers. On s'est aperçu que les plaques en aluminium reoouvertes d'étoffe rendaient tout à fait impossible le port du havrosac en manœuvres ou en campagne. Dont coût 18 francs. Les tailleurs militaire® eux-mêmes ne s'y reconnaissent pas. Nous avons sous les yeux, écrit le "Matin" d'Anvers, une carte postale amusante d'un defâ premiers dans la partie demandant à un officier de lui renvoyer sa tunique pour en modifier les boutons "pour la cinquième fois" : "Je me suis trompé, dit-il, mais ça ne fait rien. Ce n'est que' provisoire en attendant une nouvelle fantaisie de M. le ministre de la guerre". Ou allons-nous ? Leg tailleurs eux-mêmes se fichent effrontément de M. de Broqueville. La flottille Ostende=Douvres Lo gouvernement a l'intention d'e faire construire a bref délai deux nouveaux paquebots à turbines, ce qui porterait à sept le nombre des navires de ce genre composant la flottille de la ligne Osten-de-Douvres.Les deux paquebots " Princesse-Joséphine ' et " Princesse-Henriette " seront tiès probablement vendus cette année. Le, premier de ces paquebots est dès à present désaffecté. Le baptême de Thanus "La Croix", de Paris, raconte l'édifiante histoire suivante : " Les dames de qualité se faisaient peindre autrefois avec leurs enfants. Cela Revient maintenant un snobisme de se faire peindre avec ses chiens. Il en est de même à la. promenade, d'où l'enfant a disparu :_ il y donnait la main à sa maman, qui préfère s'embarrasser de la laisse de son griffon ou de son danois. Le croirait-on? L'imbécillité va jusqu'à parodier sur ces bêtes les cérémonies de la religion. Ces jours derniers, à Versailles, était distribuée cette carte: " Madame et Monsieur... ont l'honneur de prier M... de bien vouloir assister à la soirée musicale et dansante qu'ils donneront le samedi 6 juin 1914, à partir de 5 heures, à l'occasion du baptême de leur colley écossais "Thanus". R S. V. P. " Une cinquantaine de personnes étaient présentes. C'est un abominable sacrilège. Et vraiment, qui est le plus sot ici, de l'animal ou des maîtres?" L'indignation du journal orthodoxe est d'autant plus justifiée que les coupables sont sans aucun doute d'excellents catholiques. Dans le cas contraire, "La Croix" n'eût pas manqué, en effet, de rendre la franc-maçonnerie responsable de ce forfait. Type Belge contemporain Un peintre : James Ensor On l'a dit maintes fois, la Belgique est le pays des contrastes : c'eut la terre classique du bon sens, d'un bon sens un peu épais, un peu étroit. Mais c'eJ.tt aussi le pays de® mystiques, des rêveurs les plus échevelés. En général, ses artistes sont sages, très sages, trop sages. Ils ont peur de quitter les sentiers battus et craignent un peu. trop ces inquiétudes fécondes qui sont la vie de l'art français. Mais c"est aussi parmi les artistes belges qu'on trouve quelques-uns dies novateurs les plus hardis de l'école contemporaine. Parmi ceux-ci Ensor n'est pas le moins intéressant. U n'y a pals de peintre plus original, et surtout ,il n'en est pas de plus naturellement original, de plus instinctivement étrange. 1 Tout en lui, peut-on dire, est exception- ' nel, et l'homme n'est pas moins étonnant que l'œuvre. On l'appelle "Monsieur", Monsieur ' tout court parce que, même quand il ' cause avec, sets amis les plus intimes, il a l'habitude de ponctuer se® phrases de 1 ce vocable1 banal, mais dans lequel i'1 * met une nuance indéfinissable de respect, d'ironie et de méfiance. De méfiance surtout, car c'est un être lointain, mys- ' térieux et craintif, qui n'aime poinit à * f^ire pénétrer les gens dans le dédale -1 singulier de son âme insondable. Il est 1 habituellement silencieux ; dans les par- ' lottes de café où se concentre la vie 1 intellectueille de la Belgique, il se tient 1 naturellement à l'écart. Il écoute la con- 1 versation et ne s'y mêle que quand il 1 ne peut pas faire autrement. De temps ( en temps, il rit silencieusement, et ce 1 rire silencieux de "Monsieur" paraît c eu.,si énigmatique là ses camarades que ' le rirei silencieux du trappeur aux lec- * teurs de Fenimore Cooper. Que pense 1 au juste "Monsieur" de ses amis, de ses relations, de ses contemporains? Nul ne ' le sait, et peut-être ne le sait-il pas bien lui-même, mais il semble qu'il ne leur ' fasse pas grand crédit, et que le senti- c ment qui le domine à leur endroit soit ' l'ironie et la peur. * o Par instants, une force mystérieuse ^ pousse "Monsieur" à exprimer oe qu'il < sent et cc qu'il pense du monde et des g choses, et alors ill peint, il peint des vi-sionis étranges qui font penser tour à tour à Longhi et à Flaubert, à Edgar < Poë et à Goya, à Polichinelle et au bour- ^ reau, aux funambules et à la mort; il j( se représente entouré de masques, aux visages immobiles et bariolés, aux yeux ( fixes et hallucinés; il voit l'univeTs com-m© une sorte de gigantesque mardi-gras où s'agitent toutes les tui-pitudes hu-malnes et dont la Mort dirige le bal. " Grâce à ses goûts, mais aussi grâce ^ à son caractère, écrit à son propos Emile , Verhaeiren, qui est de ses plus vieux ] amis, il n'a vécu pendant longtemps ( qu'avec des êtres puérils, chimériques, r extraordinaires, grotesques, funèbres, c macabres, avec dès railleries faites clo- r doches, avec des colères faites chienlits, avec des mélancolies faites croque-morts, avec des désespoirs faits squelettes. U s'est improvisé le visiteur de lamentables "décrochez-moi ça", die mal-Odorantes arrière-boutiques de marchandes à la toilette, de piteux bric-à-brac su plein vent. U a vogué par des allées de misère, où lui apparaissaient des plier-rots malades, des arlequins en goguette, | d'as oolombines saoules. Parfois, comme un ménétrier fantasque, il monte sur uni tonneau et, sur la place de je ne sais f quelle ville du pays de "Narquoisie", il c agite aiu son d'un relbec invisible en un p trémoussement soudain, tout une joie1 lu- f, gubne et bariolée. Il pleure peut-être lui- h même en peignant tel masque hilare, ou I sourit en dessinant telle, tête de mort ; C les contrastes lés plus aigus doivent lui 1: plaire, et il les réalise en oppositions p violentes, les rouges, les bleus, les verts, d les jaunes se donnant comme des coups t: de poing, gur la toile. Son art devient b féroce, ses terribles marionnettes expri- a ment la terreur au lieu de signifier 'a c joie. Même quand' leurs oripeaux arborent le rose et le blanc, elles semblent n revêtir une telle tristesse, elles semblent r incarner un tel effondrement, et repré- ' senter une telle ruine, qu'elles ne prê- a tent plus à rire jamais. J'en sais une q d'une angoisse de cauchemar. Et la t< camarde se mêle à la danse ; le sque- h liette lui-même devient tantôt pierrot, tantôt clodoche, tantôt chienlit; masques de viel et têtes de mort s'id'entifient; on ne songe plus à quelque carnaval loin-bain d'Italie ou de Flandre, mais à quelque géhenne1 où les démons se coiffent die plumes baroques et s'affublent de draps de lit usés, de bicornes invraisemblables, de bottes crevéeis et de tignasses multicolores. " Comment imaginerait-on, en vérité, la vie d'un homme que hante ce rêve grotesque et macabre, et dont les démons familiers sont le masque Wouse, les diables Dzitas et Hihahox, les pouilleux Désir et Rissolé, les soudards Rès et 'HiVata, enfin tous les citoyens de la ville de Bise et du territoire de Phno-sie? Ne la croirait-on pas faite d'étranges aventuras, de noces effroyables, de misères atroces, de démêlés continuels avec les autorités régulières ? Quelle neille légende pittoresque on écrirait sur ses dessins ! La réalité, au contraire, ?st prosaïque et bourgeoise: "Monsieur" »st un notable commerçant ; il habite me ville brillante qu'on appelle "La l'eine des Plages", où, durant les mois l'été, le luxe européen s'étale avec complaisance', et qui s'enrichit méthodique-nent des dépouillas de la vanité contemporain© : il habita Ostende. Mais, lans une chose vivante comme une ville, i'1 y a bien des aspects: cette noce cosmopolite paraît joyeuse et triomphante lu plus grand nombre; un esprit cha-çiûnl y découvrira je ne sais quoi de si-îistre. C'est devant les expressions du il.aisir que les prophètes maudits voient e plus clairement la. signe d'u néant de îotre aspèce. Or, "Monsieur" a pu long-«mps sel croire maudit. U ne peignait *as comme (les autres ; cette halluoina-ion qui le poursuit quand il représente les masques le saisit aussi quand il leinit des natures-mortes, des intérieurs, les paysages ; il voit la couleur comme es autres ne la voient point. Aussi, juand, il y a une trentaine d'années, 1 montra ses premières toiles, les autres durent-ils pris d'un rire inextinguible. De rira, 31 ne 'leur a jamais pardonné. Parce qu'il est obstiné comme un Fla-nand mâtiné d'Anglais, et puis parce [u'il lui serait impossible de peindre autrement qu'il ne voit, il continua à lonnier corps à ses hallucinations colo-■istefe et peu à peu l'on commençai à ,'apercevoir que ces ' hallucinations itaient plus près de la vérité que la agesse commune ; on comprit que "Mon-ieur " faisait l'éducation de l'œil de ;es contemporairts, et, depuis lors, 'Monsieur" a vendu, "Monsieur" a des oiles au musée, "Monsieur" est d'é-oré, "Monsieur" passe pour un grand iieintre; et c'est un grand peintre, en "ffet, un grand peintre qui oublie quel-[uefais d'avoir du talent^ mais à qui il -ritfve souvent d'avoir du génie. Son tom, James Ensor, ne restera pas seulement comme celui d'un personnage pit-oresque qui aura mis un peu d'impré-'u dans la vie si quotidienne de notre ielgijiie contemporaine, mais aussi omme celui d'un d'e ces artistes vision-aires qui, dans le monde visible, font istinguer aux hommes des choses qu'ils l'avaient jamais vues. L. DUMONT.WILDEN. A TRAVERS TOUT © te s futuristes et le passé Rien n'est plus étonnant de la part des îturistes que l'énorme souci qu'ils ont u passé. Signose Marinetti, par exem-le, vient de lancer un manifeste, cette >is sur l'art anglais. U est tellement anté par le passé qu'il le croit présent. I part en guerre, devinez contre quoi ? îontre l'esthétisme, contre le préraphaé-sme, contre notre idée que l'art est un asse-temps frivole tout au plus bon pour e petites écolièrés, contre notre conoep-on grotesque du génie, débraillé, buveur, ohème, contre notre post-rossettisme ux longs cheveux sous le sombrero, et antre d'autres erreurs passéistes. Or, toutes ces choses ne sont pas seule-ient passéistes, elles sont passées. On di-ait que M. Marinetti vient de lire le Punch" d'il y a un quart de siècle, qu'il visité Londres une seule fois, il y a uplque trente ans. Car les préraphaéli-ss ne sont pas nos contemporains, et bien )in de considérer l'art comme un passe- temps futile, les artistes d'aujourd'hui sont sérieux jusqu'à l'hypocondrie. Quant à nos post-rossettistes à la longue chevelure, M. IVtarinetti pourrait aussi bien nous parler de dames en crinolines. Si vous rencontrez à Londres un homme chevelu au large chapeau, ce sera un musicien étranger ou quelque végétariea du terroir. Certes pas un peintre anglais. Nous n'attendons pas du génie qu'il soit débraillé, ni ivrogne, et le génie lui-mè me ne se pique pas de l'être. Nous avons de même perdu le sens du mysticisme : il n'existe plus d'anachorètes parmi nous, ni dans le domaine religieux, ni dans lo domaine de l'art. Nos hommes de géni<i ont soin de leur toilette, avec un peu d'exagération même quant à la mode, tubs et baignoires leur sont aussi indispensables qu'aux banquiers leurs contemporains, ils sont tempérants et corrects. La bohème n'est pdus du tout une pose, elle est une terrible réalité pour quelques-un:?, ystS n'est plus considérée, hélas ! comme la marque du génie. U est évident que M. Marinetti a cru tout ce qu'on lui a raconté sur l'Angleterre. Mais qui peut lui avoir dit ces choses-là? L'Angleterre, affirme-t-il, peut être fière de ses pionniers, de poètes comme Shakespeare et Swinburne. Nous admirons Swinburne jusqu'à l'idolâtrie, mais personne jamais, avant M. Marinetti, ne l'a pris pour un pionnier en poésie. U fut le dernier, un peu en retard même, du mouvement romantique, il rendit la poésie romantique impossible à ses successeurs. Nous voudrions bien, si c'était possible, connaître son opinion sur l'art futuriste et sur toute'la théorie du futurisme, non pour la publier évidemment, mais comme document intéressant pour l'art et la littérature. Swinburne, que M. Marinetti nous en croie, était entaché de passéisme, des traditions grecque, anglaise de la grande époque d'Elisabeth, française; et italienne. U parlait, dans ses poésies d'Atalan-te, d'iErechtée, de Tristan et Iseult; même sa Dolorès était belle de la beauté antique. Elle n'était pas seulement noble dans sa nudité, mais absolument païenne, Libitina étant sa mère et Priape son père. Tout cela Swinburne le dit expressément, comme s'il prévoyait que M. Marinetti verserait en d'étranges erreurs à son sujet et qu'il eût pris soin de le3 réfuter d'avance. Si M. Marinetti rencontre un jour dans les Champs-Elysées l'ombre de son collègue, car ce futuriste' est aussi un poète, et s'il pousse son cri de guerre, il pourra se convaincre que les invectives du passé valent celles du futurisme. Ce cri de guerre qu'il pousse tout à coup, on ne sait pourquoi, au beau milieu de son manifeste est : En avant I Hourrah pour les autos ! Hourrah pour la vitesse ! Hourrah pour les grands courants rapides! Hourrah pour l'éclair! Pourquoi l'éclair, qui est vieux comme le monde et qui a déjà tant servi aux poètes du passé ? Le futurisme devrait évidemment ignorer la nature, qui appartient aux temps les plus reculés, tout en persistant dans le présent avec une étrange obstination. C'est le point faible du futurisme. Il méprise, il hait la nature, parce qu'elle fut toujou»*, «nain rualgre tous ses efforts, il ne peut la déloger du présent. Il y a le soleil, le même qu'Homère chanta, illuminant toujours de sa splendeur notre ciel, il y a le printemps qui chaque année répète son absurde renouveau. Et l'âme de l'homme ne vaut" pas mieux. Car les hommes d'aujourd'hui aiment, tout comme si Jacob et Pâris n'avaient pas aimé il y a tant de siècles. Ils chantent même l'amour, malgré la vieillesse toujours jeune du "Cantique des cantiques." Bien plus, ils parlent d'amour mieux que M. Marinetti des automobiles.Et voyez comme cet enthousiasme à propos des automobiles paraîtra vieux jeu, lorsque tout le monde ira en aéroplane? Figurez-vous un poème commentant par ce cri : Hourrah pour le gaz ! Il eût pu être écrit au temps déjà lointain où régnait en Angleterre la reine Victoria. Martin Tupper pourrait en être l'auteur, dans un moment d'enthousiasme pour les grands progrès de cette époque. Tupper était un futuriste de son temps. U n'écrivait pas comme le vieux Shakespeare et plaisait à ceux qui trouvaient Shakespeare un peu passé de mode. Il n'y a certes pas là de quoi nous effrayer outre mesure. Il se peut que M. Marinetti lui aussi réussisse dans ses efforts, qui font du reste honneur à sa modestie, pour échapper à l'immortalité.

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Cet article est une édition du titre La Flandre libérale appartenant à la catégorie Culturele bladen, parue à Gand du 1874 au 1974.

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