La Flandre libérale

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s.n. 1914, 28 Fevrier. La Flandre libérale. Accès à 09 mai 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/4f1mg7gg0q/
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40* innée — Samedi 28 Ftfrrler 1914 QUOTIDIEN. - 10 CENT. H. 59 « Samedi 28 Février 1914 LA FLANDRE LIBÉRALE ABONNEMENTS» 1 mois. 8 mois. t moi», 1 «a. BELGIQUE : Fr„ 2.0G 4.00 8.00 16.00 UNION POSTALE i Fr. 3.75 9.00 18.00 36.00 On t'abonna an bureau du Journal el dans tous les bureaux da posta RÉDACTION, ADMINISTRATION ET ntPRDIlRII 8AHD, l, RUE DU NOUVEAU BOIS, l, G AND ABONNEMENTS ET ANNONCES ; -- RÉDACTION « Téléphone 32 Téléphone 13 - " ' ■ -'-L' L"L''' 1 11 ' ■ -"| — ANNONCES Ponr la vflle et les Flandres, s'adresser an bnrean da lonrnaL — Pour le reste du pays et l'étranger, s'adresser à l'Office de Publicité, rue Neuve, 36, à Bruxelles. • • Morale catholique ILa morale est-elle la même pour un homme, qui est catholique, et pour un honnête homme, qui ne l'est pas? Il semble qu'à une question si claire, il ne puisse y avoir qu'une réponse —' pour les honnêtes gens. Un ami, qui aime les vieux papiers, cous en montre un, qui paraît jeter une ombre sur cette clarté. C'est un numéro, d'un journal ecclésiastique, l'Ami du clergé, revue de toutes les questions ecclésiastiques, dogme, morale, liturgie, droit canon, toiture sainte, patrologie, prédication, jurisprudence civile-ecclésiastique. Ce pieux journal est publié à Langres, avec l'imprimatur de Mgr l'évêque de Langres, sous la direction de Mgr Per-riot, protonataire apostolique, et de M. A. Rozier, docteur en théologie. Le numéro, que nous avons sous ! les yeux — c'est celui du 29 octobre 1908 — contient un article en réponse aux questions que voici 1. Un maître de maison ayant des 6oupçons graves pourrait-il prendre I connaissance de la correspondance I adressée à ses employés ou domesti-I ques, ou même intercepter cette cor-I respondance ? "2. De même, serait-il permis d'm-I tercepter la correspondance adressée à I tel membre de secte anticatholique où | l'on sait qu'il s'agit de faits intéres-I sant la polémique? " . D'une manière générale, 1 Ami du ■ clergé donne à cette double question la ■ réponse qu'y donne le premier hon-I nête homme venu. [ Chacun, écrit-il, a un droit strict sur ■ soi propre secret, soit qu'il l'ait gardé ■ encore en lui-même» soit qu'il l'ait con- ■ fié à une lettre cachetée ou mise en ■ réserve. Chercher à le connaître en em- ■ ployant des moyen® que la loyauté et ■ l'équité ne neuvent approuver, c'est ■chercher à prendre injustement le bien ■ iTautrui. Tant qu'une lettre n'est pas ■arrivée à sa destination, elle doit être ■reganMa comme le bien propre de ce-Khi qui l'a écrite; et après, comme le ■hier, propre de son destinataire. Donc ■ la lire sang le consentement donné ou ■légitimement présumé de celui qui l'a ■écrite ou de celui à qui elle est adressée, est un péché contre la justice, mor- ■ tel ou véniel selon la gravité ou l'im-■portance de la chose... E C'est bien parler, dites-vous, com- ■ ffie le ferait un brave homme, de ■ n'importe quelle religion ! N'allez pas ■ si vite, de grâce, et attendez la fin de ■laphrase. La voici, cette fin: ■ A moins qu'il ri'y ait des raisons suffisantes pour permettre cette lecture ■ Malgré celui à qui la lettre appartient, ■comme il peut y en avoir aussi quelque- ■ rais de faire usage du bien d'autrui, ■ fflêmw malgré lui. I \eus voyez que vous aviez l'appro- ■ ration naïve et trop prompte. Et cet- ■ te approbation, vous la retirerez sans ■ (ioute avec empressement, si vous lisez ■ la suite du pieux article. L'écrivain dé- ■ elara, en effet, que si les particuliers ■ Jie peuvent avoir aucun droit de lire ■•les lettres des autres, cependant, ila ■ peuvent intercepter, rechercher et lire ■ te lettres adressées à d'antres, s'ils ■ ont des raisons graves de croire que ■ » bien public ou particulier le deman- ■ «e, et que ces lettres seraient de natu- ■ pâleur causer injustement à eux- ■ mêmes ou à d'autres un tort sérieux, ■ ®t dans leurs biens, soit dans leur ■ ^putation, ou enfin à propager le ■ L Ami du clergé explique qu'en ver- ■ cette idée, le maître de maison ■ M prendre connaissance de la cor- ■ IesPondance adressée à ses employés ■°» domestiques ou même de l'intercep-■tef. s'il a des raisons sérieuses de croi-■re : que cela est nécessaire pour prévenir un mal bien grave. I u assez joli. ■ Mais l'Ami du clergé passe ensuite ■ « la question des lettres adressées à I membres de sectes anticatholi- ■ ^'ous citons textuellement les pa- ■ foies du journal ecclésiastique : ■ Peut le® intercepter ou en prendre ■ onnaissaoce, si par là on croit sérieu- ■ ment pouvoir empêcher un grand mal ■llP|r0C?rer 1111 Krand bien, parce qu'a-ltn,c i- 11 Public l'emporte sur le bien Bdrc1CU jT" il faut toujours pren-■illn.-Sarti? 4e 30 faire trop facilement ■voir'00" j S1* ^anS 06 cas" on 31 cru ^e" ■ a/l-f. Ten e connaissance de lettres; ■d!h5 SS„ h un autre, on est tenu à la ■ user ,P>an<ie réserve; il ne faut en Kt m ï'i °lue le bien le demande ■inorsi,, Mrî conlla^tre que ce qu'il est ■ cens nécessaire de révéler et à Blet nnr „em^nt à. <lui c'est nécessaire, Bpublinn 0Ila-quent ne rendre lai chose l«ri!„qM,s.41 y » pour cela des rai- ■ b16n suffisantes. Bsées^i °n v°ler les lettres adres-I ' a des membres de sociétés anti catholiques ! et, après les avoir volées, les publier, s'il y a pour cela des rai-Bons suffisantes 1 Avions-nous tort de penser que la morale est la même pour tous les honnêtes gens, même s'ils sont catholiques?Non pas ! Mais nous aurions dû ajouter qu'aux yeux du catholique, c'çst un droit et un devoir de violer la morale, quand il y a une raison suffisante, et que l'intérêt de l'Eglise est une raison qui suffit toujours, parce qu'il primé la morale, comme il est supérieur à la vérité et à, la justice. Billet bruxellois 27 février. On avait un jour besoin d'un ministre des travaux publics et de 1'agrioulture. M. Auguste Beernaert, qui se faisait d'autant plus volontiers le beau-père du gouvernement que la belle-mère) de celui-ci avait à son avis un rôle excessif, M. Auguste Beernaert alla partout conseillant : — J'ai votre affaire... un homme étonnant. C'est mon collègue! Van de Vyvere, de Thielt. Un homme étonnant, étonnant, vous verrez... Précisément, celui qui formait le cabinet était extrêmement embarrassé, tant les compétitions étaient vives. Il mit tout le monde d'accord en faisant arriver, "comme dans un fauteuil", l'outsider Yan de Vyvere. Et M. Van de Vyvere, que l'on ignorait complètement la veille, et qui se retrouvait tout à coup ministre, se mit à potasser consciencieusement l'agriculture. Il étudia aussi les travaux publics et passa notamment de nombreuses nuits sur les dossiers du port d'Anvers. Il s'était à peu près assimilé ce' gros morceau, quand il arriva malheuar au gouvernement. Un, remaniement s'imposait. M. Helleputte prétendait redevenir ministre, et il avait dans sa poche, pour soutenir cette prétention,un excellent projet de loi militaire, qui, par hasard, détruisait complètement celui de M. de Bro-queville. Il fallait bien y passer, et il fallait bien, de même, passer par les fourches caudines de M. S'egers. Seulement, M. Helleputte en sa qualité de ministre d'Etat fraîchement promu et de victime de la loi scolaire, avait des exigences. Non seulement il prétendait être ministre, mais ministre des travaux publics. Il avait en effet en réserve un remarquable projet de désorganisation des ponts et chaussées. M. Van de Vyvere eut beau protester, au nom des veilles qu'il avait consacrées aux travaux d'Anvers : il lui fallut déguerpir. Car on ne lui laissa même pas son hôtel. On lui offrit celui de la guerre... d'où il aurait désormais à diriger les chemins de fer. Cet homme étonnant s'en fut donc aux chemins de fer et s'en, tira fort bien : tous ceux qui voyagent en ce moment le constatent avec joie. _ Cependant, voilà que le ministre des finances, son collègue, ressent tout à coup un immense dégoût pour le maroquin et demande instamment à s'en aller, justement scandalisé des attaques que les contribuables belges, ces ingrats, se livraient à son égard, sous prétexte de quelques méchants impôts nouveaux. Et voilà les sphères ministérielles en. grande agitation. Tous les ministrables sortent leur plu® beau sourire. M. Du Bus de Warnaffe fait le modeste, et M. Mé-lot est plein de réserve. On parle de M. Tibbaut, une fois de plus, et l'on cite le nom de M. Verhaegen. Qui décrochera laj timbale 1 Trois mois se passent, en fiévreux commentaires. La Belgique est haletante. Et qu'apprend-on ? C'est que M. Van de Vyvere déménaige une fois de plus, et devient ministre des finances. Quant au ministre des chemina de fer, on le supprime... ou plutôt on en donne l'intérim à M. Segers. Dans les coins, on voit des nez s'allonger.... Tout de même, ce M. Van d© Vyvere, quel homme! Il n'y en a qu'un, dans le ministère, qui soit encore1 plus fort que lui: c'est M. Hubert qui traverse cette nouvelle crise en souriant, et parvient une foi® de plus à sauver son portefeuille. M. Hubert est comme le lierre: il meurt où il s'attache. On le considérait naguère comme un ministre indésirable. Il mérite aujourd'hui de s'appeler Hubert l'Indé-crustable. Echos & Nouvelles La « Coude 11 lait pur lu petits Hoirs > Une abonnée dje la Flandre nous écrit pour nous faire remarquer que les fonds recueillis par lie comité des fêtes pour l'œuvre dlef la Goutte de lait des petits noirs, iront au comité central de Bruxelles, et seront répartis par lui entre les missions catholiques et protestantes. Elle ajoute que certes il y a plus de missions catholiques que de protestantes et que la répartition des fonds se fera entre elles, proportionnellement et en toute justice. Que pouvons-nous, de-mande-t-elle, désirer davantage? Il est certain — et sur ce point notre aimable correspondante a raison — que pour tous ceux qui ont à cœur de favoriser les missionnaires catholiques au Congo, il serait difficile de demander plus que ce qu'on promet à ceux-ci, à moins de leur assurer toute la recette. Les missions catholiques sont, en effet, plu® nombreuse® que) les protestantes; elles bénéficieront donc de la très grosse part de la recette. Est-ce bien le rôle des libéraux d'augmenter ainsi les ressources dont elles disposent, et par là même leur influence. Les débats de la Chambre nous ont récemment montré de quelle manière ces missionnaires catholiques entendent exercer cette influence. C'est assez, nous seimbl'e-t-il, qu'ils puissent compter sur l'aide et les inépuisables subventions de notre clérical gouvernement, sans qu'il faille y ajouter celles que la naïveté de trop de libéraux est prête à leur fournir sous couleur de charité. Il s'agit aujourd'hui de la goutte de lait pour les petits nègres. Souvenons-nous de grâce du rachat des petits Chinois que leurs mères barbares donnaient en pâture aux cochons! L'étiquette est différente : le but est le même, et hélas ! aussi la naïveté de ceux qui se laissent prendre aux éti-ouettes.In eeastll nadOBal libéral Le comité permanent du conseil national libéral s'est réuni jeudi. 11 a accepté la démission que lui offrait M. Van Marcke, député de Liège, en qualité de président du conseil national libéral et il lui a donné M. Mechelynick pour successeur. Les deux présidents du conseil national libéral' sont donc MM. Mecheilynck et Hanrez, sénateur. «*>• 4V «U• iu pilafs ta Bol M. Merlin, gouverneur die l'Afrique orientale française, a été reçu jeudi en audience particulière par le Roi, auquel il rendait la visite que lui fit le prince Albert lors de son voyage au Congo. M. Merlin était à cette époque gouverneur du Congo français. Le même jour, M. Merlin a visité le musée d'e TerVueren. Li lilgt n'émlgn pis asm Telle «ist la conclusion d'un article sur la question de l'émigration que publie 1' "Action économique": "La Belgique est, quant à l'émigration, le pays le plus arriéré de l'Europe, tout en étant cependant le pays le plus surpeuplé, celui où la lutte pour la vie, va s'accentuant avec le plus d'âpreté. Tous autres petits pays — le Portugal, la Norwège, la Grèce, la Suisse, le Monténégro' même — nous devancent singulièrement dans cette voie. " Les raisons d'e cette situation seraient intéressantes à étudier en détail. En somme, notre communauté représente un peuple extraordinaire,- obstinément, étrangement replié sur lui-même en son individualisme "middelma-tiste" et son particularisme casanier ; absorbé à outrance- en ses querelles intestines sectaires ; refusant de regarder aux fenêtres de sa maison ; inconscient d'un but collectif et révélant, hélas ! trop souvent, l'absence de sentiment social et corollairement celle d'esprit national." Nous ne sommes pas les seuls à nous plaindre d'une telle passivité dans la question d'émigration, d"un tel oubli de cette vérité économique: "Emigration, c'est production ". " E'migrer à travers le monde, coloni-" ser la terre, dit M. de Lanessan dans " ses "Principes de colonisation", est "un signe irrécusable, de supériorité " anthropologique. Le fait ne se vérifie " pas chez les races inférieures. " " En Belgique sévit un snobisme "patriotique" qui oroclame, vante, exalte 1' "expansion belge" à bouche que veux-tu, à tort et à travers, avec accompagnement de ronflantes, mais creuses tira^ des et fanfares... Illusion! Logomachie! Inconscience étrange! Le sineje de 'a fable de La Fontaine n'avait aussi oublié qu'un point: "Celui d'allumer sa lanterne"..." L'expansion vraie, réelle, positive, tangible, — l'expansion par essence, — c'est l'expansion personnelle, c'est l'émigration. " Or, l'émigration belge est nulle ou quasi nulle, car on ne saurait raisonnablement baptiser de ce nom un minuscule mouvement émigratoire de 1,900 à 3,000 Belges qui partent en moyenne par an ; tandis que l'exode global des Européens vers les pays neufs d'outre-mer com-pcfrte douramment d!es centaines de mille individus. " Tartofs on lollando On sait que. les œuvres de Maurice Maeterlinck viennent d'être mises à l'index. Depuis lors, les gens pieux boycottent notre illustre concitoyen avec l'absence de vergogne qui les caractérise en tous pays. En Hollande, le théâtre dirigé par Herman Heijermans, l'auteur dramatique bien connu, donnait depuis quelque temps des représentations de "Mon-na Vanna". Aussitôt une violent? campagne fut entamée contre ce chef-d'œuvre prétendument immoral, par un orga- » ie nisme clérical de là-bas, qui s'appelle >- "Action sociale catholique". ,u A Nimègue, où "Monna Vanna" de-:r vait être représentée par la troupe de à M. Heijermans, une feuille bien pen-santé publia en première page un aver-tj tisisement, adressé à la population, et ■ signé par le doyen et les curés d'e la ,e ville. Cfes messieurs y protestaient "avec e indignation" contre la représentation an-5_ noncée, et convoquant tous les habitants à à un meeting de protestation. Le soir de la réunion, on distribua une feuille vo-it dans laquelle le comité de 1' "Ac- e tion catholique" regrette la non-in.ter-, vention die la- police municipale, et s'élè-V9 contre "Monna Vanna", cette pièce "effroyablement immoral*»". Et dans un élan die _ tartuferie grandiose, le per-' sonnage qui rédigea ce factum original c'onclut: "Les bons tremblent, lefe âmes .[ légères se réjouissent, et les corrompus attend.en/fo aveo un© allégresse infernale l" les scènes lubriques... " N'est-ce' pas que "ces messieurs" sont e bien les mêmes partout? — L'énergie coloniale —*— Les coloniaux viennent d'être fort maltraités par la presse de droite, même par celle qui, ouvertement ou secrètement, répugne aux procédés de M. Brifaut, et, tant il est vrai que d une calomnie, il reste toujours quelque chose, on a sorti à cette occasion de vieilles histoires où le blanc, Belge, Français ou Anglais, dans ses rapports avec le noir n'a pas eu précisément le beau rôle. Histoires inventées? Non, histoires vraies. Il faut bien se dire qu'au début d'une colonie, certains abus sont inévitables, parce que, en dehors de quelques hommes exceptionnels, qui, ceux-là, sont des types d'humanité de tout premier ordre, les gens qui vont tenter l'aventure et risquer leur vie dans les pays neufs, ne_ sont généralement pas des âmes délicates et pitoyables. Un des aspects du mouvement colonial à la ûn du XlVe siècle, c'est qu'il a servi A'exutoire à l'Europe pacifique. *** Quelque rudimentaire que soit encore cette science nouvelle, la psychologie des peuples, elle nous permet de constater la coexistence dans toutes les nations occidentales de deux grandes espèces d'hommes variées en leurs nuances selon les diverses circonstances où on les examine, mais caractérisées par d'invincibles tendances psychologiques et perpétuées tout le long de l'histoire selon des avatars et des fortunes diverses. L'une développe son énergie par le travail pacifique : c'est la race des ouvriers, des laboureurs, des boutiquiers. Elle est patiente, timide, productive, innombrable. Aux époques primitives, elle fournissait la masse immense des esclaves. Dans notre démocratie, qui n'a rien de commun avec ce qu'on appelait démocratie dans l'antiquité, elle est la force, parce qu'elle est le nombre; et parce qu'elle est le nombre, elle fait la loi. L'autre développe son énergie par la guerre, la conquête et Paventure. C'est la race des soldats, des guerriers et des aventuriers. Ce fut la race des maîtres. Aux époques troublées où, pour avoir le droit de bien vivre, il fallait avoir le • courage de bien mourir, elle constitua, en effet, l'aristocratift. Elle fit la loi, parce qu'elle était la force et que le nombre n'était que faiblesse. Etant la Eorce, elle était le Bien. Remontez 4 l'origine de toutes les nationalités européennes ; vous trouvez une aristocratie d'abord conquérante, puis protectrice du travail. C'est fausser l'histoire que de représenter la féodalité comme le règne d'une bande de brigands exploitant l'humble travailleur. La féodalité, c'est le règne du guerrier, de l'homme fort entretenu par le travailleur, à charge de défendre celui-ci dans le grand désordre social où il vit. Mais^peu à peu, soit que cette race des maîtres eût perdu la conscience de son intérêt, soit que le suicide de ce qui doit disparaître soit la loi de l'univers, elle fit régner l'ordre parmi les hommes, et à mesure que cet ordre se consolida dans les sociétés humaines, elle devint de moins en moins utile. Elle finit par devenir dangereuse. Tous les caractères psychologiques, qui jadis donnaient le premier rang, parce qu'ils étaient l'apanage d'une espèce d'hommes indispensables au maintien de la vie : le goût du combat, la passion du risque, i'instinct de la vengeance, la soif de l'aventure conduisent assez sûrement aujourd'hui en cour d'assises quand on ne peut les réfréner.Ce sont d'autres vertus que l'on I exige de la classe dominante : l'attention, le travail, l'intelligence marchande, l'esprit de lucre. Or, ces vertus nouvelles sont incompatibles avec les vertus ' périmées de guerriers aventureux de nos vieilles aristocraties. ^ Aussi toutes les étapes des sociétés européennes en marche vers cette consolidation industrielle et financière que nous voyons aujourd'hui, marquent-elles un amoindrissement, une diminution, une défaite de cette classe guerrière qui paraît bien appartenir à une autre race que la classe des travailleurs obstinés et timides, forces invincibles de nos démocraties. Mais un obscur instinct la pousse à resister à cette consolidation pacifique. Elle s'agite confusément au sein des nations, et quand elle n'arrive pas à provoquer la guerre, elle arrive du moins à en profiter pour reprendre, pour quelque temps, le rang qu'elle occupait autrefois. Depuis le XVIe siècle, époque à laquelle le mouvement de concentration industrielle de l'Europe a commencé, on voit périodiquement reparaître dans toutes les grandes guerres qui ont troublé l'Occident ce type d'aventurier propre à la guerre et à la conquête, impropre au travail pacifique, dont Wallenstein. Sobieski, les généraux de Napoléon sont des exemplaires représentatifs. Ce sont des représentants attardés du vieux type militaire fondateur de nos races royales. Il n'a pas disparu aujourd'hui, et, favorisé par des circonstances, peut-être arriverait-il à provoquer encore quelque guerre nouvelle, car il pousse invinciblement »à la guerre, la guerre étant son milieu naturel, si, par un de ces traits merveilleux où s'affirment les ressources infinies de la vie, la société nouvelle et pacifique n'avait trouvé moyen de détourner à son profit cette énergie dangereuse et de lui trouver un emploi : la conquête et l'exploitation coloniales. ploitation coloniales. C'est l'Angleterre qui, d'abord, a trouvé moyen de détourner vers les profitables aventures d'outre-mer les forces de sa classe militaire inutilisées. Ses premières conquêtes colonia-Ies datent du règne mercantile et pacifique des Tudors. Elles se font par des hommes comme _ Drake, Hawkins, Raleigh, qui, si Elisabeth, bien avisée, n'en avait fait des corsaires ou des colonisateurs, fussent devenus des pirates, des outlaws ou des conspirateurs. La seconde période de grande colonisation anglaise coïncide avec la défaite^ des puritains, rudes soldats disciplinés par la plus dure des religions, et qui, vaincus par l'impossibilité où ils étaient de s'adapter aux conditions do la paix nécessaire s'en furent déployer leur énergie et pratiquer leur culte au-delà de l'Océan. Si les autres pays occidentaux ne colonisèrent que beaucoup plus tard, c'est probablement que leurs aventuriers trouvèrent à s'employer plus longtemps dans les environs de leur pays d'origine.Grâce aux ambitions dynastiques, il y out encore de beaux jours pour les soldats de fortune aux XVIIe et XVIIIe siècles. Mais peu à peu les guerres continentales sont devenues de moins en moins fréquentes, de plus en plus difficiles, et l'on peut remarquer que la consolidation de la paix coïncide avec l'expansion coloniale des pavs continentaux. Remarquez, au surplus, que nos coloniaux modernes sont généralement recrutés dans les provinces qui fournissaient jadis les meilleurs et les plus nombreux mercenaires.L'exemple de la Belgique est frappant. Nous avons aujourd'hui nos coloniaux, et ils ont un type bien particulier.Dans les entreprises lointaines auxquelles ils se sont livrés : colonisation -congolaise, grandes affaires extrême-orientales, ils ont déplové des qualités et des défauts qui les différencient nettement des coloniaux des autres pays. On les reconnaît, d'autre part, rarmi notre population casanière, laborieuse et sensuelle. Ils ont développé dans ce pays des réactions psychologiques particulières. Or, ils appartiennent, pour la plupart, aux populations ardennaise et wallonne où l'Espagne et l'Autriche recrutaient jadis de si rudes soldats. S'ils ont merveilleusement réussi dans leurs conquêtes, leurs organisations, leurs entreprises industrielles et commerciales, c'est qu'ils v ont apporté l'énergie aventureuse et le sens positif de cette race de cultivateurs pauvres, économes et laborieux dont le^ fils cadets ont si longtemps fourni l'Euro pe de soldats aussi vaillants que pillards.Si Tilly avait vécu de notre temps, il serait commissaire de district au Congo, dirigerait quelque comptoir en Chine ou quelque banque coloniale à Bruxelles. Le colonial est un aventurier qui a su s'adapter à la société industrielle et marchande. Si cette société l'avait rejeté, au lieu de l'asservir merveilleusement, il eût travaillé à la détruire. L. DUMONT-WILDEN. REVUE DE LA PRESSE — A propos d'une nomination Le grave Journal de Bruxelles déclare que l'incident de la commission sénatoriale est une " zwanze " : « L'incident est regrettable, dit notre pieux confrère, parce qu'il a pour effet de retarder la discussion du projet d'au; moins une huitaine de jours, en un moment où le Sénat n'a pas trop de temps devant lui pour compléter la besogne qu'a faite et fera encore la Chambre d'ici aux élections; il est regrettable ensuite, et nous sommes presque tentés de dire surtout, parce qu'il dénote d'e la part de membres de la droite sénatoriale une apathie, une indifférence inexcusables, quand il s'agit d'un projet qui', en soi et politiquement, offre l'intérêt du projet scolaire. » Après avoir essayé de ridiculiser M. Fléchet, le Journal de Bruxelles conclut: « Et dire qu'après avoir montré une si naïve satisfaction d'être nommé rapporteur, et avoir tant parlé à l'avance du grand rôle qu'il jouera comme tel, ce bon M. Fléchet ne sera pas, en fait, rapporteur, et ne jouera aucun rôle dans la discussion ! Car, évidemment, à la prochaine réunion de la commission, les sept membres de la droite seront présents et la majorité qu'ils forment ainsi nommera ■ un autre rapporteur que M. Fléchet. La ' presse de l'opposition prétend qu'ils n'en auraient pas le droit. C'est trop absurde ; pour qu'elle-même le croie. Comment ! ce que la commission a fait, elle ne pourrait j le défaire 1 Ainsi donc, s'il convenait à ; un rapporteur de faire attendre indéfiniment son rapport, la majorité de la commission ne pourrait le destituer et confier le travail à un autre 1 Un rapporteur serait en quelque sorte nommé à vie, et M. A. Fléchet pourrait être, s'il lui plaisait, <? rapporteur perpétuel de la commission sénatoriale du projet scolaire-» 1 Permis peut-être de le faire croire à M. Fléchet, mais cette tentative de mystification restera sans succès et auprès de la droite de la commission, et auprès de l'opinion. » A ous comprenons la mauvaise humeur de notre confrère : mais, ne lui en déplaise, ni M. Fléchet, ni la minorité du Sénat, ne permettront qu'on foule leurs droits aux pieds. " Les journaux ministériels sont tellement affolés par l'idée que le projet Poullet pourrait n'être pas voté avant les élections prochaines, écrit le " Peuple qu'ils en arrivent à ridiculiser les sénateurs catholiques. "Ils les conjurent, en effet, de voter le projet scolaire en bloc, sans y ajouter ni retrancher une virgule, afin d'empêcher que le projet revienne devant la Chambre. De telle sorte qu'un texte législatif, qui a été voté et modifié par la Chambre et amendé par le gouvernement, devra être adopté " ne varietur les yeux fermés, .par les sénateurs ! " L'Etoile, commentant l'incroyable prétention, qu'affichent les feuille» cléricales d'annuler 'la nomination de M. Fléchet, écrit : « Autant proclamer que le régime parlementaire, qui est fondé sur la libre discussion et le respect de la minorité, n'existe plus. Autant avouer que le Sénat n'est plus qu'une sorte de bureau ministériel, très décoratif, servant seulement à enregistrer les décisions du gouvernement et de la droite de la Chambre ! » Devant de telles prétentions, devant une telle méconnaissance du régime parlementaire, devant un tel mépris des droits de la minorité, la gauche du Sénat fera son devoir en résistant, par tous les moyens réglementaires et légaux, aux incroyables injonctions du gouvernement. Et si, mal inspiré, le gouvernement s'entête, elle en appellera à l'opinion publique, de qui tout le monde relève dans un pays libre. » La Dernière Heure, d'autre part, dit: « Aucun texte, aucun règlement, aucune tradition, n'assure à la majorité le droit d'imposer son rapporteur à la commission, en dépit d'un vote régulier de celle-ci. Il faudra donc que les cléricaux en fas--sent leur deuil. » Dans les sphères gouvernementales, on y est d'ailleurs résigné. Aussi commen-ce-t-on à songer à recourir à d'autres armes. Des amis complaisants sont chargés de faire chanter la gauche de la Chambre, en la menaçant d'une session extraordinaire, pour le cas où le rapoorteur de la loi, au Sénat, n'irait pas assez vite en besogne. » Cet enfantillage n'effraiera personne ; messieurs les ministres, les députés et les sénateurs cléricaux en seraient les premières victimes. » i

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Cet article est une édition du titre La Flandre libérale appartenant à la catégorie Culturele bladen, parue à Gand du 1874 au 1974.

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