La Flandre libérale

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s.n. 1918, 27 Decembre. La Flandre libérale. Accès à 29 mars 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/jm23b5xx79/
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44" ARRfo - Vendredi 27 Décuaibra 1918. PRIX i 10 6ENTIMÎS «* 46. - Vendredi 27 Décembre 1918. LA FLANDRE LIBÉRALE ABONNEMENTS Momentanément 2 £r. 50 par mois ou 7 fr. 50 par trimestre Pour l'étranger le port en sus. RÉDACTION, ADMINISTRATION ET IMPRIHBIE ; GAND, i,«RÙE DÛ NOUVEAU BOIS ANNONCES Pour le prix des annonces, s,a(lresser au bureau du journal. On traite â forfait', Çanà a fait aux français un accueif enthousiaste En ville Vive la Franco Vivent les Alliés Le jour de gloire est arrivé Honneur aux Poilus On lit ces souhaits de bienvenue à tous le* étalages et aux fenêtres d'un grand nombre de maisons particulières. Même le» façades des demeures les plus humble» sont pavoisées, sur le passage de la 132" division. Comme au jour de la délivrance et lors de l'entrée triomphale du roi Albert et de notre chère année, le drapeau belge flotte partout aux habitations. On voit également beaucoup de drapeaux français. Alors que mardi soir on avait de sérieuses craintes pour la réussite de la journée sous le rapport du temps, le soleil s'est mis de la partie pour donner un aspect riant à la ville. Une foule énorme, à laquelle se sont mêlés des centaines de campagnards; se presse sur l'itinéraire qui doit être suivi par les Français. Des enfants, portant des petits drapeaux, sont rangés le long des trottoirs. Ils forment une haie d'honneur charmante. Fillettes et garçons attendent avec impatience le moment de pouvoir chanter de tout cœur la M a r s e i 11 a i -s e sur le passage de la valeureuse 132* division qui se joignit à nos soldats pour balayer les oppresseurs. La colonne militaire Au boulevard de la Citadelle vient prendre position un bataillon du 3mo de ligne belge, avec le drapeau du régiment et la musique. Il est chargé d'ouvrir la marche. Derrière lui se place la musique militaire française. Les différents régiments de la 132e division, avec leurs mitrailleuses, tirées la plupart par des mulets, sont rangés le long du boulevard et de la chaussée de Swynaerde. La colonne s'étend loin au-delà du viaduc. Elle se termine par l'artillerie de la division,., qui comprend-,- entre autres, quelque» grosses pièces de 150 mm. Un groupe de cavalerie ferme la marche. Un détachement d'Américains, commandé par un officier, est intercalé dans la division. La 132e division est une des plus belles divisions de l'armée française. C'est la division du Mont Comiller et du Mont Sans Nom. C'est elle qui contribua en grande partie à arrêter la grande offensive allemande du 15 juillet et qui s'illustra ensuite dans les attaques et dans la poursuite de l'ennemi en août et septembre derniers. Tous les régiments de cette division, y compris l'artillerie et les compagnies du génie, portent la fourragère, indice de leur vaillance et de leur endurance militaires.Tous furent portés deux fois à l'ordre du jour. Le passage des Poilus Le général Sicre, suivi de son état-major, donne le signal du départ à 9 h. 45, après qu'on lui eut offert plusieurs gerbes de fleurs. A partir de ce moment se font entendre des acclamations sans fin. tant dans les rues qu'aux fenêtres des habitations. Les enfants agitent leurs drapeaux ; les mouchoirs des dames ressemblent à une nuée de grands papillons blancs qui ▼oient aux étages des maisons. L'enthousiasme est indescriptible depuis la fontaine de Kerchove et l'entrée de la rue de Courtrai, où on présente à nos hôtes une profusion de fleurs artificielles élégamment confectionnées, de petites couronnes de laurier, et des rubans tricolores. Ues Poilus s'empressent de s'orner les boutonnières de ces souvenirs. Des poignées de mains s'échan- Sent- Il en est ainsi jusqu'au marche au Beurre, sans que dans un seul petit bout de rue il y soit fait exception. La foule ne se lasse pas un instant de crier : " Vive la France ! Vivent les Alliés ! Vivent les Poilus ! Le bataillon belge, bien entendu, est salué avec une égale cordialité, de même que le détachement américain. A l'f nstitut de Gand, rue basse des Champs-, tous les élèves 'étaient rangés devant l'établissement. A l'arrivée des troupes, le plus jeune élève s'est avancé vers M. le général Sicre et, au nom de l'Institut, lui a offert une .superbe couronne de lauriers. aux couleurs françaises. A la place d'Armes, la troupe passe entre une double rangée'de drapeaux dés sociétés participant au cortège du " Souvenir patriotique Les Français remar- • quent spécialement cette délicate attention.Il est 10 h. 20 quand la tête de la colonne s'arrête un moment à la place St-Bavon, pour les dispositions à prendre en vue du défilé. La revus des troupes an Marche' au Beurre Dès 9 heures les abords de l'hôtel de \ilJe, où flotte un grand drapeau' français, sont noirs de monde. Le service d'ordre y est assuré par l'arme e belge, conjointement avec la police. Un détachement du 3e régiment de lign* forme 'la- haie. Des personnalités nombreuses viennent occuper- \«?. places qui leur ont été spécialement réservées sur le perron. Les troupes françaises sont signalées à la place St-Bavon à 10 h. 30. Toutes Jes autorités civiles se placent à droite des chefs de l'armée, au pied du grand escalier de l'hôtel1 de ville. On remarque MM. le lieutenant général Bcrnheim, commandant la Ire division de l'armée belge; le lieutenant général De-goutte, commandant la 6e année française ; le général Rouquenne, chef de l'a mission française près de l'armée belge; les généraux De Blauwe, gouverneur militaire de la province, Lambert, commandant la division d; infanterie, Lartige, du génie ; le colonel OÙaerts, commandant l'infaikerde divisionnaire, etc. Aux côtés de M. le bourgmestre Braun notons, outre les échevins et membres du conseil communal, MM. les sénateurs De Bast, Coppieters, Ligy ; le procureur général A. Callier : A. Mechelynck, vioe-présidént de la Chambre des représentants ; Jeaa de Hemptinne, président du Comité provincial de secours et d'alimentation; F. Feyerick, agent consulaire de France ad intérim ; G. Thienpont, consul d'Espagne ; le gouverneur baron de Kerchove d'Exaerde ; H. de Kerchove d'Exaerde, commissaire d'arrondissement ^ des conseillers communaux, des magistrats, etc., etc. Signalons encore la présence de très nombreux officiers de l'armée bel^e. Et 'tandis qu'au Beffroi pavoise le carillon joue alternativement îa '•Marseillaise" et lia "Brabançonne", parais la musique du 3e régiment de ligne. Le détachement de l'armée belge et son drapeau sont très acclamés. Bientôt parait M. le général Sicre, commandant la 132e division française, à la tête d'un nombreux état-major. Us sont l'objet d'ovations frénétiques. La foule lies acclame longuement et bruyamment. Les mouchoirs sont agités à toutes les fenêtres, dont les baies «suffisent à peine à contenir les personnes qui les encombrent. Tout le monde est découvert sur leur passage. Les cris, .répétés mille fois, de: "Vive la France!", "Vive l'armée française'" retentissent partout et domi-n3mt presque i es accents entraînants c" une excellente musique militaire française qui se pi>ace devant Le commissariat central de police, à droite du général Sicre et de sa suite, face à l'hôtel de ville. M. le bourgmestre Braun va adresser, an nom de la ville de Gand, la bienvenue au général commandant la division. Et aussitôt commence la revue passée par M. le lieutenant général Dégoutté et le défilé des troupes, marchant d'un pas alerte et martial, d'utne partie de cette grande armée dont l'allure et la tenue ne trahissent rien des quatre années de luttes et de souffrances, d'une vie dure et pénible dans les tranchées, et sous le feu continu de l'ennemi qu'elle eut à subir. Les hommes ont H'alllure crâne et reposée, les uniformes brillent de fraîleheur et de propreté, tout l'équipement parait neuf, malgré les longues campagnes. Le temps s'est mis de la partie. Un gai rayon de soleil contribue à animer la fête, à exciter 0'enthousiasme du public, à augmenter l'a joie non dissimulée des troupiers, heureux de cet accueil qui couronne leiîr victoire. Il donne plus d'éclat encore à l'auréole de gloire de ces vaillants soldats qui nous ont rendu la liberté et la paix. Les troupes défiilent en rangs serrés avec un remarquable ensemble. L'effet produit est superbe. Elles étaient entrées en villle les baïonnettes garnies de drapeaux français ou belges. Toujours acclamées, toujours applaudies, les troupes françaises ont défilé, au pa^s accéléré, pendant plus de quarante minutes. Leur passage à travers les rues de Gaind fut imposant au plus haut point, et les manifestation!» sans cesse répétées auxqueliles il dlonna lieu, laissera à tous les Gantois une impression inoubliable. A l'Hôtel de Ville A l'issue du défilé, une réception a été faite aux généraux français par l'administration communale, dans la salle du conseil communal, à l'hôtel de ville. En pénétrant dans le hall d'entrée, un groupe de jeunes filles, vêtues de blanc et portant les couleurs françaises, s'avancent vers M. le lieutenant général De-goutte; l'une d'elles lui adresse un compliment et lui offre une gerbe de fleurs, au nom de la population reconnaissante du quartier de la porte de la Colline, par où los Français victorieux sont entrés à Gand. Le général prend tendrement, l'enfant dans ses bras et l'embrasse. Dans la salle du ^conseil'communal,, dont l'enceinte 'réservée au-publiera été rapidement, envahie, M. le bourgmestre Braun prend la '.parole en ces termes : Messieurs les - généraux, Dans .cet hôtel de. ville qui, il y a quatre ans, fut souillé par/l'invasion de généraux allemands, le revolver au poing, T~ j'\ suis heureux et fier de pouvoir aujourd'hui souhaiter la bienvenue à des 'généraux français, qui se présentent * à nous les mains cordialement tendues. :( Cris 'prolongés :1 Vive- la France!). ; Nous les, presserons - avec effusion, ces mains, qui ont si brillamment porté l'é-pée et opt aidé si puissamment à sauver notre patrie. L'accueil que vous a fait -aujourd'hui la- population gantoise, vous a. moutré que nos cœurs battent à l'unisson des vôtres et que, comme la Belgique entière, elle est animée des sentiments de gratitude les plus ardents à l'égard de cette belle et noble France qui vient, par sa chevaleresque et héroïque attitude, de conquérir dans l'histoire une place plus éclatante qu'elle n'eut jamais. Combien ont été fidèlement tenues les promesses que le gouvernement français fit à la Belgique au début des hostilités ! Du jour où le sol belge a été foulé par les Allemands, a dit, en août 1914, le président de la République française, du jour où le sang belge a été versé pour s'opposer à leur passage, les causes des deux pays sont devenues intimement liées. Elles se confondent désormais. Lai France est décidée à tout faire pour libérer le territoire de son alliée. Elle considère que son devoir ne sera entièrement accompli que lorsqu'il ne restera plus un soldat allemand en Belgique. Lorsque le moment sera venu, l'armée belge se montrera aux côtés de l'armée française, à laquelle les circonstances l'ont si étroitement unie Eh bien, cet engagement, la France l'a tenu point par point, et nous avons le bonheur de saluer ici en ce moment le général de division Dégoutté, commandant la 6me armée française, et le général Sicre, commandant la 132me division qui, dans la dernière phase de la guerre, jouèrent un rôle si éclatant sous le commandement supérieur de notre Roi bien-aimé.Le défilé des troupes auquel nous venons d'assister nous a montré ce qu'il y a de mâle énergie, d'endurance et de fierté dans ces héroïques poilus. Les Gantois brûlaient du désir de les Voir, de les acclamer, de fraterniser avec eux. Leurs vœux les plus chers sont maintenant exaucés et je puis vous donner l'assurance que de cette fraternité d'aujourd'hui subsisteront une fructueuse intimité et un commerce cordial. Après votre passage dans les Flandres et ensuite dans la Wallonie vous emporterez l'impression qu'il n'existe^ qu une âme belge, profondément attachée à sa patrie, à ses institutions, à son Roi, mais frémissante de sympathie et de gratitude à l'égard de ceux auxquels elle doit d'exister encore. Jamais elle ne l'oubliera et en toutes circonstances un de ses cris les plus chers sera toujours: Vive la France! Des cris répétés de Vive la France! retentirent encore. M. le général Dégoutté répond à cette allocution : " Je ne puis m'empêcher de vous dire combien nous sommes profondément touchés de l'accueil si cordial que nous avons . .reçu -dans la ville de Gand, " Français, nous avons tout su sacrifier pour la défense de notre sol et des droits de l'humanité, dit-il. " Hélas, près de deux millions d'homme© sont morts et reposent sous terre. Us ne peuvent assister à notre triomphe. Ceux qui restent sont fiers de voir l'accueil qu'on nous fait aujourd'hui. " Si la France a réussi à remporter la victoire, elle le doit _ spécialement aux Belges qui surent résister aux premiers chocs, et nous permirent ainsi de nous ressaisir. " Les Allemands avaient déchiré* les traités. Heureusement que le roi des Be'-ges, par son attitude noble et fica:e, sut prendre les dispositions nécessaires pour arrêter les armees allemandes à la Meuse et à l'Yser. " Nous avons subi quatre années de guerre, mais cette fois nous les tenons! "Je remercie la Belgique pour ce qu'elle a fait pour la France et pour l'humanité. " (Acclamations prolongées ; cris de: Vive la France. ) Se tournant vers le public M. le général Dégoutté ajoute : " Permettez-moi, à mon tour, de crier : Vive la Belgique, sœur de la France! " (Nouvelles acclamations.) M. le bourgmestre invite ensuite; les généraux à signer un parchemin spécial qui doit constituer une des pages les plus éclatantes du livre d'or de la ville de Gand. Il porte le texte suivant: VILLE DE GAND. l< Le mercredi 25 décembre 1919, après la victoire complète des troupes alliées sur les hordes allemandes, la 132e division de la glorieuse armée française a fait son entrée à Gand. " Cette division, placée sous les ordres du général -Sicre, fut passée en revue en présence du collège des bourgmestre et échevins, et des autorités constituées, parle lieutenant général Dégoutté, commandant la 6me armée. " Cette page fut signée par les généraux 1 français et belges. Une superbe corbeille d'orchidées était arrivée à l'hôtel de ville, avec l'inscription suivante: " La Fédération gantoise du parti ouvrier, à nos amis français. " Les chefs militaires ont été invités ensuite à examiner les plus précieuses pièces des archives gantoises, étalées sur^ les tables de la salle du conseil, et dont l'éru-d i t archiviste; M. • V ictor F ris leur a expl i-, que l'importance.- * - •• Ce sont "spécialement : la "charte de ! 1339, dite . de', Jacques Van Artevelde,. le, livre des échevins de 1301, le plus ancien', compte communal de 1314, le .livre de l'hospice Wennemaer de 1325, deux volumes d'autographes des princes - des anciennes provinces belgiques, des manuscrits enluminés des différents corps de métiers, etc. • La cérémonie a pris fin par.une visite des diverses salles de l'hôtel de ville. Au Marché aax Grains •* La musique, du,366e d'infanterie s'est 'fait entendre, l'après-midi, sur-le kiosque du marché aux Grains. La^ foule réunie sur la place n'a pas manqué d'ap-; "plaudir fréquemment- l'excellente phalange. Suivant la tradition, une-,gerbe fut: offerte au chef de la musique. Après le concert, des bandes joyeuses se sont formées et nos midinettes gantoises ne se sont pas fait faute de se montrer des plus aimables à l'égard de® sol dats français qui en paraissaient enchantés.Plusieurs d'entre eux ne se sont pas fait faute dJtémoigner leur étonne-mont d'eptendrj tant de personnes, même parmi le Weuple, s'exprimer si facilement en fonçais. " Nous nous croyions dans uïe ville du Nord de la France déclaiiient-ils. " Avec cette différence, ajoutaient d'autres, qu'on n'aurait pas su nous y accueillir a-ussi chaudement que le public gantois lé fit ce matin A ia {lace d'Armes •Jamais, même au jour du bal populaire le plus animé on ne vit une affluence de monde pareille. à-^celle qui, à partir de 5 h. 30, assisté au concert de la musique du 3° de ligné belgeT On y .dansa, et on y chanta aves; un entrain endiablé : militaires français, américains, . belges, ne formaient plus avec nos jeunes concitoyennes et- lc-3 civils qu'une famille, dont tous les cœurs battaient à l'unisson. Malheureusement, vers 6 h. 30, une violente "drache'j a fait fuir la masse du public qui s'est réfugiée dans les salles de spectacles et les cafés. Cela ri'a pas empêché des groupes de se reformer plus tard pour reprenne leurs gaies promenades à travers les rues du centre de la ville. L* banquet Un magnifique banquet a réuni, à 5 h. 1/2, plus de cent cinquante convives i dans les salons dnjGrand Théâtre. Les salles superbes qui semblent n'avoir, heureusement, que peu feouffert^du passage des Teutons, — il a suffi d'uw bon nettoyage pour :les remettre'dans leur état primitif, — avaient reçu iifte décoration essentiellement patriotiqiie pour il a circonstance, fournie t>ar de très_ nombreux drapeaux aux couleurs nationales belges et françaises, ainsi qu'àpedlos: des autres pays de l'alliance.. Ajoutons que les tables étaient abondamment fMri'es. • Un orchestre syEiphonique a exécuté un brililant programme, débutant par la "Marseillaise", au moment oiù les invités allaient occuper leurs places respectives. La table d'honneur, dressée à l'une des extrémités," était i présidée par M. le bourgmestre Braun, ayant à ses côtés MM. les généraux;G. Dégoutté, Bcrnheim, Lambert, Rouquenne; le procureur général Cal lier ; Mgr Segers, évolue de Gand ; les généraux Lartigue, £5icre, G. De Blauwe ; le gouverneur baron de Kerchove- - d'Exaerde ; les colonels Poupard, de Billy, Maison ; Albert Mechelynck, vice-président de la Chambre des représentants; les cotlonels Mercier, Migeotte, Piazza, Olaerts ; Jean de Hemptinne, président du Comité provincial de secours et d'alimentation, le sénateur Ligy, secrétaire, Jacques Feyerick, trésorier ; les colonels Uytterhoeven et Fayaert; Schoen-tjens, recteUr de l'Université de Gand; les colonels Chaffary, Soula et Cambier; le docteur Laine,- médecin divisionnaire. Parmi les convives on comptait une centaine d'officiers français et belges, dont les uniformes rehaussaient l'éclat de la festivité, des membres du conseil communal, etc. La partie gastronomique du banquet fut certes un problème difficile à résoudre. M. Clément a su s'acquitter de sa tâche de façon remarquable: les plats étaient variés et copieux, préparés dans les règiles les. plus parfaites do l'art culinaire, et les vins étaient des meilleurs crus. C'est à'»douter de la 'réalité des temps qu'on a vécus, si récemment encore ! A l'heure deé toasts, M. Pe bourgmestre Braun a prononcé le discours suivant: " Messieurs les généraux , et officiers français, Au nom de la ville de Gand, je vous exprime la joie que nous causent votre présence et celle de vos admirables troupes ; nos cœurs ont tressailli dans leurs fibres les plus profondes à l'aspect de vos soldats ;avec quelle allure joyeuse et martiale ils ont défilé devant les chefs auxquels les attachent les liens les plus sacrés, une confiance réciproque, une communauté absolue dans les dangers et dans les^sacrifices comme dans la victoire! "Je les ai regardés ardemment; j'ai cherché à deviner de quelles diverses régions ils se sont levés à l'appel du devoir, supputé leurs âges, leurs conditions sociales, et vraiment j'ai eu l'impression qu'ils sont venus de toutes les sources vitales et qu'ils incarnent toute la France. " Aussi, Messieurs, est-ce à la France que je lève mon verre, en votre personne et en celle de vos soldats ; à la France que nous, ïUamands, nous avons toujours aimée! (Longs applaudissements.) " Généreuse autant que loyale, la France s'est plu à déclarer qu'en acceptant la-lutte si inégale, impose© par l'honneur, notre armée a acconipli un rôle important, peut-être décisif, dans l'immense mêlée*. Ce service, l'armée française nous l'a bien rendu.A qui puis-je le dire mieux q li ' à - vous, > à vous. qu i • avez, • dans • 1 a ba.~ 'taille- supriVmè,-côte à cote avec nos 'soldats, 'libéré la Flandre» et précipité 1»?retraite allemande. (Applaudissements.) " Méssieurs, "Je salué tous ceux'des vôtres qui ont, en terre f.aman de, succombé pour la tâche sacrée. A l'heure où vos premiers fusiliers marins sont tombés aux portes de • Gand, et ont été pieusement déposés dans noire cimetière communal, qui'aurait osé prévoir l'épouvantable et nécessaire hé-cato'mbé 1 Notre population a fleuri leurs lieux de' repos, elle- les -a visités comme ceux .dés nôtres; à côté.des- nôtres, ces héros vivront dans nos souvenirs et dans notre respect. (Applaudissement^.) "Et maintenant que l'épreuve est terminée» je vous ^ convie,' Messieurs, à acclamer avec moi les" grands Français auxquels nous devons le triomphe final. ; Je bois à ceux qui furent vraiment les or- fanisàteufs de la victoire; au président e la République française, à Clémen-ceau, son premier ministre, au maréchal ! Foch ; tandis que les uns maintenaient l'unité d'action de touteS les forces civiles, l'autre assurait l'unité de tous les efforts militaires. " Il m'est particulièrement agréable d'associer à mon toast le maréchal Putain, dont Gand eut. récemment la visite, qui rendit Verdun imprenable et fit irrésistible la ruée finale ; ainsi que le général de division Degouijte, que nous avons l'honneur de voir assister à cette table. (Longs applaudissement.) " Laissez-moi rappeler qu'au début dé septembre 1918 notre Roi fut investi du commandement du : groupe d'armées des Flandres, comprenant les forces françaises, anglaises, américaines et belges, échelonnées entre la nrter du Nord et la Lys devant le front allemand à enfoncer. " De son côté, le général Dégoutté fut choisi comme chref d'état-major général du groupe d'armée des Flandres et de ce fait, conseiller militaire de notre Roi. Cette distinction est l'hommage le plus éloquent rendu à la valeur militaire et aux brillants états de service du général Dégoutté au cours de la guerre. " L'offensive conduite sous l'inspiration du général Dégoutté se déclancha avec ensemble, gigantesque et irrésistible, le 28 septembre au matin entre Dix-mude et Comines, en passant par la forêt d'Houthulst, de légendaire mémoire, et fut menée tambour battant, pendant 45 jours, malgré les fatigues, les privations et le mauvais temps, pour aboutir au magistral résultat que l'on connaît, l'effondrement total de l'ennemi le long du canal dé Gand à Terneuzen et lé Long de l'Escaut, C'est-à-dire aux portes de Gand. " Placé aux côtés de notre Roi pour l'œuvre commune de délivrance, le général Dégoutté représente mieux que personne l'union profonde des cœurs belges et des cœurs français. " Messieurs, " La 132e division qui a fait aujourd'hui son entrée en notre ville, sous le commandement du général Sici'e, vint, le 18 octobre dernier, après s'être brillamment distinguée sur d'autres parties du front, reprendre à son compte une partie du front d'attaque devant Roulers et alla de succès en succès jusqu'au 11 novembre où elle franchit la Lys de vive force devant Olsene. " Général Dégoutté, vous qui avez vu nos soldats à l'œuvre, et vous, général Sicre, qui avez conduit la 132e division par les chemins et les villages de Flandre, 'vous avez pu juger quéïle haine et quel mépris les hordes teutonnes ont semés dans nos contrées ; vous êtes aussi les mieux à même de me comprendre lorsque je parle de la reconnaissance fière de notre peuple pour la nation française, dont nous sommes et voulons rester différents, mais à laquelle nous unit une affection loyale et durable. (Applaudissements). " Je ne puis mieux vous témoigner cette affection qu'en me réjouissant avec vous, avec le général Sicre .surtout, Lorrain d'origine, de l'événement qui vous récompense de tous vos sacrifices. Soumis pendant quatre années au joug allemand, nous savons ce qu'ont dû souffrir pendant un temps dix fois plus long, les provinces qui vous avaient été arrachées. " Ayant résisté, nous aussi, à l'occupant avec une volonté farouche, nous apprécions l'indomptable énergie de vos populations de l'Est, dont la brutalité et fa fourberie allemandes n'ont pas altéré le patriotisme. " Laissez-moi, au nom de la ville de Gand délivrée, saluer ses sœurs délivrées comme elle, les villes d'Alsace et de Lorraine ; et puisqu'elles sont rattachées à la mère-patrie, les vœux que'nous formons pour'elles et ceux que nous adressons à toutes vos villes du front, meurtries et décimées, se résument en. une seule acclamation : celle que vous, avez lue sur nos murs, entendue dans toutes les bouches et nui est dans tous les cœurs, Messieurs : VIVE LA FRANCE ! " Cris répétés: Vive la. France! L'orchestre joue la " Marseillaise"., M. le' lieutenant-général Dégoutté se lève ensuite.- "Ce n'est pas sans une appréhension compréhensible, dit-il, que je prends la parole après M. le bourgmestre de la ville de Gand, en qui je salue à la fois un grand magistrat et un grand orateur. " Je tiens à exprimer ce que je ressens tant pour l'armée belge que pour le peuple belge, depuis que le maréchal Foch m'a détaché près du roi dés Belges. " La vaillante résistance des Belges nous a permis dfc rétablir l'équilibre. " L'armée belge sut retenir l'ennemi pendant quatre ans dans les marais de l'Yser. Les soldats belges eurent à endurer entretemps toutes les souffrances possibles, loin de leurs foyers et de leurs proches. "Mais ils furent soutenus dans les tranchées avancées et dans les hôpitaux de première ligne par leur coura-geux .Roi.et par leur admirable Reine. " Et; grâce* à cet''appui de chaque jouiv •le. moral des• troupes resta • excellent. " Lorsque commença- la grande, offensive, rarraéou belge, dans, un élan irrésistible,'enleva la forêt d'Houthulst et les crêtes des Flandres, et elle tint à outrance malgré un ennemi tenace et opiniâtre. " Les Français intervinrent alors. Ce fut la ruée du 14 octobre. " On enleva de haute lutte les plateaux de l'Yser et de Thielt. Ce fut la libération. ; " Les troupes : américaines vinrent se -joindre, à nous. ■ v Le 31 octobre, lés plateaux entre ia Lys et l'Escaut furent' enlevés d'assaut. " Cette troisième victoire amena les Belges aux portes de Gand. Une nouvelle offensive était décidée pour le 11 novembre. Il s'agissait, de traverser l'Escaut et de chasser les Allemands de la ville de Gand, sans tirer sur elle un coup de canon. " L'Escaut fut passé avant cette date, " et lorsque sonna l'heure de l'armistice, les troupes belges étaient a Gand, et le» troupes françaises occupaient Gram-mont, à mi-chemin de Bruxelles. " Et si les ennemis ont cru devoir accepter l'armistice, c'est qu'ils se sentaient et s'avouaient vaincus. " Les Belges se sont défendus vaillamment avec les Français, les Anglais et les Américains. " Lorsque les boulets ont fait l'œuvre d épuration nécessaire!, i3 semble compréhensible que ceux qui viennent d'être libérés fassent bon accueil à leurs libérateurs. Mais cet accueil dépasse bout ce qu'on peut imaginer, et il se manifeste jusqu'aux frontières rhénanes. "Tous, depuis le siinple soldat jusqu'aux généraux, nous sommes profondément touchés de la réception qui nous est faite à Gand "Je vous en exprime toute ma gratitude et .toute ma reconnaissance. " Gand est la capitale très vieille et très illustre de vos anciennes provinces. " 'Soldats et officiers y ont été reçus comme des fils ou comme des frères. " Une émotion profonde nous étreint. Noiis ne l'oublierons pas, et aucune ombre ne ternira jamais cette bonne amitié, cette franche et cordiale fraternité des soldats des deux armées, dés citoyens des deux pays. " Vive la Belgique libre et indépendante ! " La musique joue la "Brabançonne" et les cris de "Vive la France ! Vive la Belgique!" saluent ces paroles. Le banquet a pris ainsi fin. Disons, pour terminer, qu'il fut très bien organisé et ordonnancé, grâce aux soins apportés à tous les détails de la fête par M. A. De Bruycker, notre dévoué secrétaire communal. Au Grand Théâtre Au moment où les convives, quittant le banquet, sont entrés dans la salle des spectacles, ils ont été accueillis par de longues ovations. Les chœurs, accompagnés par la musû que, chantaient la Marseillaise puis la " Brabançonne ' Le Grand Théâtre était comble. Ici aussi le public fit preuve du plus grand) enthousiasme.La représentation de "Madame Butter-fly" a obtenu un fort grand succès, et les différents interprètes de la pièce ont ét® très applaudis. La soirée s'est terminée par une dernière exécution des hymnes nationaux, bruyamment acclamés. ît.î. Ce fut imyjournée inoubliable de fraternisation franco-belge, qui laissera dans les cœurs de tous ceux — Belges et Français — qui ont vécu ces heures d'enthousiasme et de joie délirante, une impression qui ne s'effacera pas. t ■ *■' Le cortège du Souvenir patriotique Après avoir eu la joie d'acclamer les glorieux vivants, les Gantois n'ont pas oublié hier, qu'ils avaient uu devoir sacré à remplir vis-à-vis des héros morts pour la Pat'irie et qui reposent au cime-tière^ çte la porte de Bruges. P'V.s de deux cents sociétés ont répondu à l'invitation du comité o ganisateur du " Souvenir patriotique "*e< paitici-pant avec un très grandi nombre d© membres au cortège oui s'est formo immédiatement après le passage de la division française à la place d'Armes Ou. ne se souvient pas d'avoir jamais vu à Gand un cortège d'une pareille Ion gueur. A la tête marchait la musique du 3me de ligne ainsi qu'une troupe de boys-scouts portant plusieurs couronnes, parmi lesquelles on remarquait particulièrement celles du comité organisateur, ornées respectivement de rubans aux couleurs anglaises, belges, françaises et italiennes. Il y avait encore une couronne de rad:v:inistrat:on_ communale, une de la Société française de bienfaisance, et plus de cinquante autres, offertes par différentes sociétés particulières. Derrière le président, M. Alb. Verbes-sem, et les commissaires du " Souvenir patriotique . suivaient, dans dea voitures. plusieurs militaires estropiés ou mutilés. Pour éviter la cohue au cimetière, on ne Dut y admettre que les drapeaux et quelques délégués de chacune des sociétés.L'armée était, représentée au cimetière par M. le général Lambert, en remplacement _ dé M. le lieutenant-général Bcrnheim. empêché. Il était accompagné du chef d'état-major de sa division, M. le maior de Villers. M. le capitaine Verbaeys avait été délégué par M. le général De Blauwe, gouverneur militaire. M. l'écheVin De Weert. représentait ;"\T 1p-bourgmestre, retenu à l'hôtel de i ; ville. - Trois v discours, qui ont profondément impressionné les assistants, furent prononcés par MM. Vfrhessem, l'échevin t. De Weert et le général Lambert. La foule s'écoula silencieusement après que les couronnes eurent été déposées j sur les tombes dés héros et des martyrs oui ]sacrifièrent leur vie à la gloire de la Patrie. Nous reviendrons demain sur les discours. Le défaut de place ne nous permet pas de donner à nos diverses rnbriques leur développement accoutumé. Nos lecteurs et nos hôtes français qu'intéressera particulièrement le compte^rendu de la grandiose et historique manifestation d'hier, voudront bïea nous excuser. Nous p.vons l'espoir que la cris© du pa Ïrter, dont nous sonîïrons, ne dorera plus ongtemps.

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Cet article est une édition du titre La Flandre libérale appartenant à la catégorie Culturele bladen, parue à Gand du 1874 au 1974.

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