La métropole: journal quotidien du matin

2038 0
close

Pourquoi voulez-vous rapporter cet article?

Remarques

Envoyer
s.n. 1918, 24 Novembre. La métropole: journal quotidien du matin. Accès à 28 mars 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/3x83j39x90/
Afficher le texte

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software.  

LA MÉTROPOLE 10 CENTIMES le numéro JOURNAL QUOTIDIEN DU MATIN 54, RUE NATIONALE, 54, ANVERS Dimanche 24 novembre 1918 Journal admis par la censure AVIS. — Les difficultés actuelle! ne permettant pas d'organiser poui le moment le service des abonnements, nous prions nos lecteur: désireux de recevoir quotidienne-ment la « Métropole • à domicile, de s'adresser à nos bureaux 54 rue Nationale, (rez de chaussee) çï ils peuvent se faire inscrire pour le service provisoire par porteurs. | ^rTr, Justiceet pitié Enervé par la longue dureo do li guerre, répugnant à ses horreurs e poussé par leurs sentiments altruistes un. certain nçmbre de belges, sur ton ihï sexe faible, est porté à la pitié Leur commisération v.a surtout am subalternes ennemis que leur boi cœur imagine do transformer en vie times. En rendant hommage à la généro oité de sentiment de ceux des nô très qui poussent l'altruisme jusqu'i oublier' non seulement les injuies mais, ce qui est plus grave, les cri mes sans nom d'un ennemi san£ scrupules et sans merci, il est d( notre devoir de réagir au moment 01 nous aillons obtenir justice. La pitié, sentiment louâble, est l'ui des joyaux do notre civilisation ^ lati ne, c'est es sentiment qui nous incit ù protéger les faibles, qui nous ; toujours fait mettre le droit avant 1; force, il est inopportun en ce mo ment, il doit céder place entière à h justice. Voici pourquoi i Convaincus d'avoir finalement 3î victoire, les Allemands, abusant d< l-eur force, se sont livrés sur les nô très auxj actes les plus inqualifiables les plus a/trocos, lc3 plus injustifié au point de vue du droit, de la jus tice, de la civilisation et de i'humani té. La victoire obtenue à un prb a^ussi vil no devait-elle pas les absou dire en une fois de tous leurs mê faits, en les faisant oublier dans e i qu'ils pensaient être la gloire ?, Diwis leur conception erronnée di droit, de l'a vérité et de la Justice nos ennemis ont mésestimé la fore< \ irrésistible d'attachement du mond< * entier à ces principes essentiels d< la civilisation. v Le monde entier, indigné des pro cédés de la "Kultur" qui foulait au? pieds tout ce qui est le plus chei aux consciences des peuples civilisés s'est unanimement soulevé et, les ar mes à la main, a opposé à la ioxo brutale de l'oppression, de l'iniquité (ta 1',orgueil, la force éupériouro né cjès&âire pour rétablir sur des base inviolables la Vérité, le JDroitJa Jus %• ;.Lo colossal monstre gei'inàmriiH chaucolio, il fj'ôcroulo commo un* masso sous nos Coups... allons-nouf Qii avoir pitié ? ? plus tard peut-être màia d'abord place à la Jusiice ! ) Justice d'abord, clament de toute; parte les crimes innombrables com mis impunément par nos ennemis. Ce sont \ce mùines des nôtrcG C("u la réclament, non pour être vengés mais pour obtenir la justice pour la quelle Us ont combattu... les mânes de nos soldats, qui protégés par h parole donnée, por la foi des traités n'avaient ni i se battre, ni à mou rir ; les mânes de nos patriotes bas sement torturés et fusillçè parce que, obéissant au sentiment élevé de l'amour de lia Patrie, ils aaerifiaklnl tout à sa défense légitime ; les mânes de nos concitoyens tombés victimes du régimo le phis infâme quo l'histoire do la Belgique aie jamais connu ; les mâijes de nos onfants mort; de maladiesi ou de misères causées par les méfaits de l'occupation teutonne...Vous ditos : Pitié, ils vous répondent : Justice, Justice d'abord, avec tous les nôtres qui vivent encore, mais qui ont souffert. Si Justice n'était pas rendue, os serait l'impunité du crime, ce seraii I'encouiragement au mal, oe eera.il l'écroulement d'un des piliers essentiels de la société moderne : Justico ! Justice ! Nous nous joi gnons à tous nos martyrs pour li réclamer et quand ceux qui auron été atteints par la sentence auron prouvé par leur repentir, non poin en paroles, mais en actions, qu'ils sont dignes d'un autre sentiment nous leur accorderons peut-être d( lu pitié. V1NDEX. ■ v '• vV Les régiments et les grades K En 1914, les uniformes des régiments et les sign©3 distinctifs do3 grades noue I étaient familiers à tous ; mais les nécessitée de la guerre ont si bien supprime itous les insignes voyants que notre publie so trouve aujourd'hui perplexe lors 'qu'il désire reconnaître une arme ou un 'grade. | Voici, détaillés cette fois, les signes distâactUa des armes et des grades : fi Les armo3 1 Sur la vareuse kliaki qui est commune à toute l'armée, les .lignards portent le col rougo ; les grenadiers col rouge avec gTenade ; les Qhasseurs écusson vert ; les carabiniers ^cusson vert avec cor ; l'artillerie écusson noir j le génie écusson noir avec casque romain ; guides écusson amaran-,the ; lanciers écusson blanc 5 chasseurs h cheval écusson jaune ] corps des transports écusson bleu ; corps d'admiiiistra-tion écusson bleu do roi avec passe-poil bleu. j Les grades 1 Le sous-officier porte une ou des cordes de soie cousues sur les inanches ; les insignes do grade de3 officiers se portent sur lo col : sous-lieulc-•Biant uno étoile ; lieutenant deux étoiles ; /capitaine deux étoiles d'or et uno étoile (d'argont ; commandant trois étoiles d'or ; major uno baretto et uno étoile ; lieutenant-colonel une barette et doux étoiles; >Colone\ uao baretto et trois étoiles ; gé-ilièral major deux bajrettea et deux étoi-f}03. » heutonant-général deux baret-cs et 'trois étoiles, lijte pefttes raies que nos otliciors et portent sur le milieu do la man-Ljho sont des "chevrons do front". Ils •Çont attribués, le premier, après une année de campagne, les suivants après jPn; n0uvoll° période do six mois. ? Jasons encore, quo les soldats anglais portent un casque sans cimier ni lion, ron forme parfaite d'un petit plat r»Jfra I^03 poupes françaises ont 'informe bleu do ciel 1 ^ r^rryr-r^-rmmr^, J - "t» L'ACTUALITE : Siliîoustfes politiques : le Pfésitfenî Wilson S'il convient de rendre hommage, le lendemain do la victoire brillante et complète remportée sur l'ennemi, ù la Grande République de l'Ouest, la vérité oblige d'y comprendro colui qui personnifie la nation américaine en ce moment 1 nous avons nommé M. Wilson, successivement gouverneur do ■ Nevv-Yersey, puis de l'Etat do New-York, rnembro do la Cour Suprême et enfin Président des Etats-Unis. Il n'est point sans intérêt de dire un mot do la politique intérieure do M. "Wilson. Démocrato convaincu, il s'est déclaré advorsaire résolu d'un système ou d'un état do choses où la république est uno démocratie nominale, uno aristocratie financière en réalité. Et si 1 inlluenco ! du monde des affaires sur le monde po-1 litique est inévitable, ii veut qu'au moins » cetto inlluenco soit à grand jour et non t pas oculte. ; Oe que M. Wilson exècre plus que tout, : c'est quo lo monde financier agisse sur ï lo parlement dans l'ombre des commissions,, faisant avorter les projets d'intérêt populaire et faisant ôcloro lo plus promp-toniont du monde les projets d'intérêt " ploutocrntique. Jeter la lumière sur ces menées souterraines: voilà co qu'il faut 1 avant tout, et voilà à quoi peut servir lo " président tribun du peuple ", que M. ! Wilson veut être. ' Ces idées, développées , dans lo petit volume "New Liberty", publié par M. Woodrov/ Wilson, il y a quel-) ques années, no faisaient-elles pas pré-1 voir l'hostilité du futur Chef d'Etat à la diplomatio secrète ? Et ses principes dé-1 mocratiques no se sont-ils point réflétés . dans sa politique extérieure ? 3 Nous. n'avons pas do conflit avec le peuple allemand, disait lo Président dans un message au Congrès, lo 3 avril 1017. 1 " Lo gouvornomont allemand a entamé la " giïerro sans l'initiative ni l'approbation 1 du peuple. La guerre fut décidée par ceux qui détenaient lo pouvoir, et menée dans k l'intérêt do la dynastie et d'un petit , groupe d'ambitieux habitués à se servir do leurs compatriotes co'mme d'outils. Nous sommes sur lo point maintenant 1 d'ontamor la guerre contre Vennemi na-1 turel do la liberté et au besoin, nous ■ einployerons touto la force de notre na- • tion à fairo avorter ses prétentions à la puissance. Nous n'avons pas l'intention . de fairo des conquêtes, nous ne sommes que lo champion du droit des gens et nous [ serons satisfaits lorsque ces droits seront ' garantis. " *** 1 M. Wilson ne s'est point contenté d'of-' /rir ses services aux belligérants en vuo ' d'amener la fin des hostilités — décem-' bro 1916 — de renvoyer des diplomates > allemands et autrichiens qui abusaient do l'hospitalité et do l'extraterritorialité, do déclarer la guerre à l'Allemagne, d'enga- . ger les Etats neutres à suivre son exom-; pie, de refuser de traiter avec les Hd-henzollorn. Il a jeté dans le monde de » la politiqu.o internatien,alo un ensemble ■ d'idées nouvelles. i Ses remontrances à, l'Allemagne au su-f jet do la façon inhumaine dont elle pra-. tiquait la guerre sur mer, constituait une 3 leçon magistrale, dont les Allemands deft-' vont, en co moment, regretter singulièrement do 210 pas avoir tiré profit. Et ce qui amena l'intervention américaine dans > lo grand conflit européen et transforma 1 celui-ci en conflit mondial, c'est la mau-i vaise foi qui caractérisa la politique des gouvernants allemands, la mémo mau-1 vaise foi qui avait amené ceux-ci, au nom derimplacablc nécessité militaire, à vio-' lor la neutralité de deux petites nations. Parmi ces idées nouvelles, soulignons tout d'abord colle d'un ordre de choses • nouveau, dans lo monde des relations internationales, basé sur des principes lar- ' ges et généraux de droit et do justice. Co nouvel ordre do choses implique 1g ' rospect des droits des petites nations et • des petites nationalités, dont la môcon-naissanco fut uno des causes do la guerre . qui vient do finir. C'est la politique des , nationalités, touto différente de celle de Napoléon 111, chez qui lo principe du droit des peuplos do disposer d'eux-mêmes était combinée avec la politique d'annexions territoriales. Cetto politique va do pair avec la limitation des armements : les armées et les flottes deviendront des instruments de l'ordre, et cesseront d'être des instruments d'agression ou de cruauté égoïste. Uno autro idée, c'est celle relative à la nécessite d'un concert des puissances, d'une Ligue des Nations, dont feraient nécessairement partie les Etats-Unis, et destinée à rendre impossible dans l'avenir ; uno catastrophe telle quo la présente guerre — la guerre des guerres, selon le mot do Wilson on septembre dernier. Co qu'il faut aux yeux du grand pacifiste américain, co n'est pas un 11 équilibre mais uno communauté des puissances ; non pas uno rivalité organisée, mais une association d'intérêts organisée. Co qu'il faut encore, c'est des garanties en vuo d'assurer un paix durable, une foreo susceptible de garantir la durée des traités, uno forco effectivement su-^ pêrieuro h cello do l'une Quelconque des ' nations entraînées dans le présent con-; flit. En d autres termes : une police in-; ternationalo sans laquelle lo désarmement, l'arbitrage international, un codo inter-t national, et mémo uno Ligue des peuples seraient do vains mots. Ces principes constituent la base du programme des 14 points, accepté par l'Allemagne et sos anciennes alliées et au sujet desquels, sauf la question de la liberté des mers, les puissances de l'Entente se sont déclarées d'accord. Specfafor VERS LE " I EJSyîAT „ Les troupes allemandes traversent le territoire hollandais Lo passage des troupes allemandes sur lo territoiro hollandais, prend do vastes proportions, grâce la complicité tacite de nos voisins du Nord. Les journaux hollandais font remarquer avec candeur et sans uno ombre de protestation quo 10,000 hommes au moins pénètrent chaque jour en Hollande par le pont do la Meuse, à Iloosteren. Cetto ^ "pénétration pacifique" paraît assez goûtée des Hollandais qui constatent qu'ello s'exécute régulièrement ot en bon ordre. Les officiers et les soldats remettent leurs armes aux autorités militaires néerlandaises avec une résignation vraiment touchante. Les Hollandais, de l3ur côté, n'opposent pas la moindre résistance au désir exprimé par les Boches de retourner chez eux par lo plus court chemin. La population elle-même \ ouï fairo do bonnes petites affaires profito go l'occasion pour so procurer ù, des prix dérisoires uno foule d'objets quo les soldats leur vendent comme souvenirs de guerre. D après 1' "Echo , de Paris" les gouvernements dos puissances alliées ont déoi-1 dé do protester auprès du gouvernement néerlandais contre cetto scandaleuse violation do la neutralité hollandaise. On nous assure do source bien infor-môo que des troupes allemandes traversent le Liinbourg hollandais avec armes et bagages. II est certain quo les alliés ne permettront pas que les conditions do l'armistice soient violées d'uno façon quelconque.Il y à déjà en Hollande l'ancien kaiser do toutes les Allemagnes et son turbulent héritier, oela devrait suffire^ nu bonheur dça sujets do la reine Wilhel-mine * L'Siisîoire de râpés d'bODiieur du Roi Uno épéo d'honneur sera remise au Ro' quelques jours après sa rentrée triomphale à Bruxelles. C'était en 1914, dans un café do la villo oCi quelques amis so^ réunissalcnl quotidiennement pour recueillir les nouvelles du jour. Après les journ.ées glo, rieuses de l'Yser,. l'idée vint simultané ment à plusieurs membres ■■ de co pelii groupe, quo la conduite si simplemcn héroïque du Roi avait transportes d ad miration, de fairo remettre une épi\< d'honneur à leur Souverain le jour d< son retour bans la capitale.M. Matton, 1( sculpteur bien connu, prit sur lui, sans s'arrêter un instant aux difficultés d< l'entreprise, de réaliser ce projet. .11 i tenu parole. Parti do Bruxelles avec h maquette de son œuvre qu'il avait mode léo secrètement, il rapporte l'épéo pro mise, à. la date souhaiteo, exact au ren dez-vous comme Philéas Fog, dont il 1 renouvelé la vie aventureuse. Les circon stances do son départ et do son rctou: valent d'être contées brièvement. Pour passer en Hollande ave3 son pré cioux colis qu'il eAt défendu jusqu Il mort plutôt quo do lo laisser surprendra par uno patrouille boche,!») dut se ca cher pendant plusieurs heures sous le: copeaux d'un sabotier. Il réussit à fran dhir le fil do fer redoutable le 21 avri 1915, date inoubliable ! C'est co jour-1: qu'un ennomi criminel fit usage, pour 1 première fois, des gaz asphyxianis. Aprîs un séjour do quelques uois a Cons:6, M. Matton alla se fixer à Paris où ii devait rencontrer les ouvriers d'a-r qui mirent à ciseler l'épéo d'honneur 0 à la sertir de pierres précieuses tout l'application fervente que développait e^ eux l'admiration qu'ils portaient cù Poi Soldat qui l'avait si noblemont méritée L'aigle teuton, les ailes tombantes, 1 regard mourant, vaincu par le Lien Bel gc, qui lo domino avec uno calice ma jostô, tel oat, dans son symbolisme sai sissant, lo groupe que représente la poi gnép parmi un enroulement do fouilles d chêno, de lierre et de laurier, sur leque court cetto inscription : "Lo peuplo telg à s:n Roi\ qui do ient: "De Belgenra hunnen Koning", lorsqu'on retourne l'c péo. Si nombreuses quo soient 1?3 piei res qui allument un scintillement lége parmi l'or et le platine, cotte épèe n donne pas l'impression fragile d'un bijor Co n'est pas l'épéo d'un académicien. Pa son aspect à la fois harmonieux et sol: do, c'est bien l'épéo d'un soldat. L'épée terminée, il restait à la trans porter h Bruxelles. Dès quo l'armistjc fut conclu, il devenait urgent de fair route vers la Belgique, mais par quel! voie ? M. Matton songea à demander ^ 1 faveur d'uno petite place à bord d'u avion. Mais on lui objecta les dangers d voyage. Il fallait arriver à bon port, < vite, et sûrement. Lo ohef de cabinet d M. Clemenceau, qui connaissait l'épée,m un empressement délicat à faciliter so transport en Belgique, et c'est dans ur auto de la Présidence qu'elle fut appoi tée à Bruxelles, à travers les lignes, pa l'artiste, qui n'avait plus à craindre, a 1 retour, que des mains indignes s'en sa sîssent. Et, tandis que l'épéo symboliquo jetter tous ses feux, le jour où «Uo eera/remi; au Roi; on achèvera de tisser ]o voil d'or qui est destiné à la Reine, cor 0 no saurait adresser un hommago distini à l'un des membres du couplo \oyal qi fut si constamment uni dans la pratiqi quotidienne du courage et du devoir pi triotique. • Le Roi à Bruxellei Le discours de M. Max A la réception des Souverains à l'Hôti de ville do Bruxelles, vendredi à 5 het res, M. Max a prononcé le discours su vanfcs : " Sire, Lorsqu'en 1914, tout au début du moi d'août, le Roi eut la bonté de m'appelc auprès de lui, le jour même où,so me tant ô, la tête de son armée,il allait paj tir pour le quartier général, 'j'entendi de sa bouche des paroles qui laissèirei en mon esprit une ineffaçable impressioi "La Belgique, mo disait le Roi, entr dans une guerro où pour elle nul intért matériel n'est un jeu. Seul un intérj moral lui fait prendre les armes...C'e£ pour la sauvegarde de son honneu qu'elle va so battre. Qu'avant tout 1 souci de l'honneur soit donc lo guide d tous ceux qui, par leurs actes peuvei engager le pays devant le jugement d l'Histoire." Noble langage. Il éclaire de la lumièr la* plus vive toute la conduite du Ro C'était en quelques mots tout un prograu mo — un programme auquel celui môm qui le traçait resta fidèle avec une cor stanco qui fit affluor vers lui le respec et l'admiration du monde. D'autres diront quelle fut sur l'armé l'influence de ce grand exemple. Je pui attester que la population civile y puis la vigueur morale sans laquelle la Beï gique eût infailliblement succombé sou 'le poids de ses souffrances. Ce peupl tyrannisé, outragé, martyrisé, gardait ïe yeux fixés sur la haute figure royale,qu personnifiait pour lui toute la patrie,qi symbolisait ses espérances et qui soute naît sa foi en l'avenir. Et jusque sou ia botte de l'ennemi, il conserva sa vail lance et refusa do fléchir. Quel spectacle émouvant que celui qu nous fut offert ce malin dans les rues d Bruxelles ! Cette foule immense devan nos -soldats accompagnés de délégation de ceux qui, dans la victoire,fu<rcnt leur compagnons d'armes, c'était de brave gens acclamant d'autres braves. Et dan l'enthousiasme qui s'est déchaîné sur 1 passage du Roi, on a pu lire le magnj fique hommage d'un peuple fier de soi Souverain et saluant en lui l'imago vl vante do la puissanco du Droit et d 1 idée morale au siècle où nous sommée De cet enthousiasme, lo Roi aura vi avec joio -quelle part allait vers la Rci ne. On sait partout ce qu'elle fit poui no3 soldats, pour nos blessés, dans le cantonnements, dans les ambulances, a-mépris des fatigues et du péril, avec u dévouement, uno. abnégation qui no s lassaient jamais Combien do héros or emporté dans la tombe comme suprêm et dernière vision, la consolation d'u: rogard dont la do<uceur et la bonté cor tenaient toutes les promesses de l'infini Combien d'autres, arrachés à la moirl savent à quels soins attentifs et patient ils doivent, avec leur résurrection, la joi de retrouver aujourd'hui le foyer qu'il avaient craint no plus jamais revoir, Sire, Jo n'ai fait ici quo traduire des son tiinents qui sont coux do toute la popu lalion. Au nom du Conseil communiai auquel ont tenu à so joindre les bourg mestres do toutes les communes environ nautes, 30 remercie lo lîoi d'avoir biei voulu, lo jour môme do sa rentrée dam Bruxelles, so rendre à l'hôtel do vill4 avec les Princes et la jeune Princesse dont nous saluons la présence à se* côtés. Cet empressement nous toucho au delà do touto expression ot la significa tion n'en échappera pas à nos conci loyens. II témoigne do l'intérêt que notr Souverain accorde aux institutions don nous sommes les organes et, par cel; même, nous dicte des devoirs auxquelf nous promettons do no jamais faillir." Dca acclamations soulignent ces paro les. Discours de M. Solvay Après M. Max, M. Solvay a pris la pa-rolo en ces ternies ; " êire, A,rvoné à prendre la parole au nom du Comité National, à l'occasion do votre rentréo triomphale dans la capitale, jo ne veux un seul instant songer à vons exposer notre rôle à nous, qui fut toujours simple et tout naturel, niais bien vous diro notro joio délirante à tous do vous ; rovoir avec la Reine et la famille royale. L'âmo belge, droito et fiêre que, si purement, vous incarnez, Sire, doit être satisfaite. Lo colosso qui nous défiait en 1914 el ; à qui, si dignement, vous avez barré le chemin, gît par terro abimé, disloqué, i L'orguoil, la déloyauté contractuelle, 1 l'hypocrisio et lo mensonge ont trouvé : leur tombeau. i Vous avez, Sire, fier de la Belgique, ci > la Belgiquo fière do vous, tout lo temps, i sans jamais un instant hésiter, accompli i vôtre immense devoir. L'âme do tout Belge et la vôtre i.e fon1 • plus qu'uno âmo et cetto âme vibre, du • bonheur d'avoir fait co qu'ello devait. 1 Vous avez hautement mérité do la Pa ■ trio, vous avez mérité du monde. Vivo lo Roi! Vivo Léman, le héros 1 Vivo notre armée ! Vivent nos alliés ! . Vivent nos mutilés et, avant, ,1a mémoire k do nos glorieux morts ! > Princes et Princesse, Quel exemple pour vous, que dos belles 5 et fortes leçons vous avez reçues poui . former votro avenir et dont vous saurez I profiter. > Vive, la famille royale î \ Sire, notro victoire est eello de la sin cérité et du droit chemin. C'est l'honnê j toté qui fut soutenue et c'est eîlo qu. triomphe. ' [ Éllo doit être la base mémo de tout< t organisation et nous saurons vouloir plue 3 qu'auparavant et de touto façon dans 1< ^ sens mental et dans lo sens mat'-riel, ci imprégner notro vio législative et notr* vio publique. Vive la Belgique ù\ vive f-a rénova tion I " Réponse du Roi S. M. a répondu on ces termes ; j " Messieurs, 3 Jo suis très touché des paroles cl-ar a mantes que vient de m'adrosser M. Sol vay. C'est pour nKi un devoir do rondr hommago ù ce Comité National qui i sauvé la Belgiquo do la faim. Mon cher Bourgmestre, combs jo sui heureux do vous revoir, et sjuTout d vous revoir ici, chez vous, dans cet liô tel do villo qui est le - symbole de L liberté ot où vous avez été, \ our tous un exemple. Vous avez combattu pied 0 pied, sans traïasigcr avec lo dévoir, 1 b front' haut, fiiromont, comme il convier g à un citoyen belge. Quel sôuftlo patrie a tiquo et quelle dignité dans les proclama r1 tions quo vous faisiez placarder sur le u murs do la oapilaio 1 Nous avons ét :t émerveillés, do l'autro côté des lignes e quand nous avons lu ces superbes pre it tostations où tout notro peuplo s'exprima: II par vous et quo chacun de nous aura: e voulu pouvoir signer. (Vivo Max ! Viv •- le Roi ! ) 1 r Et vous aussi, M. Lemonnier, vous ave u bien mérité do la Patrie. Jo vous fél: i- cite cordialement. Vos noms (1 tous deu. ennoblis par la prison, font (léscirmai a partio du patrimoino de Bruxelles. (Bn ,e vo ! Vivo Lemonnier 1) 0 Honneur à vou.7. tous. Messieurs le n échevins et conseillers, qui êtes dhmei ;t rés inébranlablement au poste, qui ôte ii restés fidèles aux traditions do nos vioi 0 les communes, qui avez fait revivre e i- vous ies plué belles époques de notr Histoire nationale, celles où, rebelles touto loi qui n'était pas la leur, les m£ - gistrats communaux n'hésitaient pas prendre l'échafaud, plutôt que do trahi les intérêts ou do parfaire à l'honneu jî do la cité. La Belgiquo doit se félicite d'avoir, 011 quelque sorte, pu maintenu par l'action tutélaire des autorités cou munales, l'exercice de sa souveraineté :1 côté do l'autre, la maudite, qui chercha: 1- sa mort. L- Honneur aussi aux habitants do la cz pitalo qui furent dignes do leurs vai' lants magistrats. Mes pensées ont été cor slamûnent auprès d'eux pendant ces qus _ tro années d'exil. Ahl quelle joio j'éproi ® vais quand, sur lo front do l'Yser, 0 ^ bien encore et surtout parmi les héro — ils sont nombreux les vôtres ! — qu s j'avais l'honneur do décorer, jo pouvai lt serrer la main, loyalement tendue, d'u: L_ enfant do Bruxelles. Nous parlions alor q de noire chère ville, do son bon moral des vives revanches que son esprit pe :t tillant exerçait sans trêve sur l'ennemi do sa résistanco opiniâtre et aussi de se r souffrances : et laissez-moi vous lo dire e nous étions alors tous deux émus, pre e fondément. ^ Messieurs, Je sois heureux de revoir avec vou c notro hôtel do ville, do parcourir ses sal • ies où l'âmo do la cité a vécu au miliei l" do vous, a bravé l'oppresseur, lorgueil 0 leuse et ardente. " t Un tonnerre d'applaudissements ; pui lo roi, accompagné du bourgmestre et de 0 échevins, so rend. au balcon où il ci s longuement ovationné par la foulo ir 11 croyable qui stationne sur la Grand " Place. 3 Lo Roi parcourt ensuite l'Hôtel de Vill 3 tandis qu'un raout est servi aux assis ? lants. Il signe lo livre d'or ainsi quo le, ] princes ot la princesse. 1 Puis se passo la cérémonie de la remi , so d'un voile d'or à la Reine et auRc ' de l'épée d'honneur, dont nous donnon aujourd'hui la description. •x Cettecérémonio provoque un enthousias 3 me sans paroil : o.n acclame encore ^ L'assistanco est ôlectrisée et tout lo mor 3 de a les larmes aux yeux. 3 A la sortie, des clameurs, des vivats 5 du déliro. La foulo qui fourmille sur 1 3 place entonno les airs variés ot les hyim 3 nos nationaux quo jouo l'Harmonie Coir . munale. Et toute la soirée la vague hv j maine, qui n'a quitté la placo quo trè . tard, s'écoulo par les grandes artères, c: 3 cortèiges d'uno exubérance indescriptible au milieu d'uno inexprimable joio. 1 Co fut pour la capitale, pour la Bel . giquo entière, uno journéo qui sera ins p crite en lettres d'or dans les fastes d 3 notro Histoire. 1 a v'V^ 0 t 0 Les femmes catholiques belge; à S. M. la Reine » Un Fédération des femmes catholique ? do Belgique, que préside î.Ime Jules d 0 Trooz, a envoyé à S. M. la Reine l'a 3 dresse suivante | Au moment de la rentrée à Bruxolïe do nos héroïques Souverains, nous men: bre3 du comité-directeur et délégués d la fédération des femmes catholiques bel ge3 noua sommes heureuses d'offrir, a nom des quarante mdllo membres de notr fédération, ù S. M. la Reine des Belge; l'expression do nos sentiments do recon naissanco et d'admiration pour lo magna nisme dévoûment ot rinalLérablo énorgi avec lesquels^ notro gracieuse Souverain' s est appliquée à adoucir pour nos fili et nos frères soldats-, les terribles ri gueurs do la guerre. Fidèles au sentiment de patriotisme qu nous a soutenues durant ces quatre an nées, nous nous efforcerons, par notr< action incessante & développer toujours davantage, chez le® femmes belges, 1 dévoûment à notre, ^rai)de patrie et 1 at tachememt à nof:i;o1 famUle ^ royale bien laîmé®. / I LA QHÂSSE JUJHBÏiySSTES Descente du parquet Samedi, 22, lo parquet a fait une lon-guo perquisition à Yvrechelen-tcr-Zando, en la maison qu'occupait depuis peu de temps M. Ad. Hcnderickx. Députés arrêtés L'o bruit avait couru que les députés Henderickx et Augusteyns, par rvspect pour l'immuiiité' parlementaire, auraient été relâchés. Cetto nouvelle doit être démentie. —VVv—— * LE CHATIMENT Un coquin L'avocat Frit?. Norden, du Bruxelles, boche naturalisé belge, uno des pl is hideuses ligures do l'occupation allemande, s'est soustrait, en allant occuper des positions préparées à l'arrière conformément au plan, un mandat d amener décerné contro lui du chef de criino contre la sûreté do l'Etat. ■ 'VW— La presse Lruxeiîoïse et la " Belgiqua „ 1 AI Maurice Benoidt, juge d'instruction, diMéguù do l'arrondissement do Bruxelles a rendu à la dato du 20 novembre, la remarquable ordonnance quo voici, et dont il y a lieu do lo féliciter. "'Vu 103 cil-constances présentés -. AUCiida qu'il est d'un intérêt public d as.-Jrer la parution régulière des jour-naux représentant la grando presse quo-» tidienno do la capitale, qui reflète ei 1 exactement la conscience- nationalo ; 1 Attendu que celle-ci' est mise en péril 1 par sujilo de l'enlèvement des machines 1 et papiers, effectué durant 1 occupaiion allemande ; ^ ■ Attendu qu'il -a été saisi en cause do la Belgique, des machines, du matériel et du papier à imprimer ; , Attendu que le papier est chose péris 'saille, tout au moins susceptible de détérioration, quo l'usage des machines ^ ne peut qu'assurer leur bonne conservation: Attendu que les considérations qui prê-. codont justifient les mesurés ci-aprts or-) données ; i Autorisons Messieurs Rcssel et brôc&rt, lo premier, directeur du "Soir", et le se-3 cond direoteur-administrateur do "Le 3 Dernière Hourc", agissant au nom ce^ - journaux suivants : i " " L'Etoilo Belge", " Het Laatste Nieuws "L'Indépendance Belge11, "Le ,\Xe Sta [ clo", "Lo Journal do Bruxelles", 1 Le a Gazette", "Het Nieuws van doa Dag " t "La Libre Belgique", "Lo Peuple", "L< - Soir", "La Dernièro Heure", ù, dispose] . jusqu'à nouvel ordre, après inventaire 3 dressé par l'expert désigné par nous de-â niacliinos, du matériel d'imprimerie et di papier saisis on cause "J- dgiquo" ,ru< ,! Montagine-auXrEîerbcs-Potagères, et con- t sorts ; aux Papeteries do Saventhem el t chez lo sieur Dorchy, quai des Chan c tiers, ù, condition d'en user sur place e d'en assurer la bonne conservation, en cc z qui concerno lo matériel et les machines. .J et en co qui concerno le papier, d'er « rendre, lorsqu'ils en seront requis, pa- s reillo quantité et qualité, et d'en payei - la valeur à c§ jour." Voilà qui est bien. C'est la Justicï s même* Eir 'è^Kntioîi do cette ordonnances les s anciens journaux; bruxellois ont pri'spos-L- session, jeudi, des locaux placés- sous n[leur surveillance. 0 ECHOS Etalages suggestifs Los vitrines d'Anvers et des faubourgs regorgent en co moment d'objets soitis ^ en toute hâte d'introuvables cachettes, où 1 les argousins du Kaiser avaient vaine-ment essayé do les découvrir. Sur un lit do laine épaisse trônent lus - très, poignées do portes, marmijes, lou- - geok-s, eto. Èn certains endroits des ins- * criptions naïves soulignent la joio des - propriétaires d'avoir soustrait leur hier J à la rapacité des Boches. ° Lloyd George à la ville de Bruxelles 1 En réponse au télégramme do dévoue ) mont quo la villo do Bruxelles lui a adressé lo jour de la délivrance, Lloyc 1 ^eorgo vient do _epondre : 11 Veuillez accepter mes plus chaleureux l remercioments pour votro aimable me3sa ge du 18 novembre. Je suis certain qut 1 la Belgiquo qui s'élèvo sur lo champ d^ bataillo du passé, sera digne do l'endu rance héroïque do votro peuplo j 3 La reconstruction des villes Le Conseil communal do Termondo ï 1 adopté lçs plans pour la reconstruciior " de la ville, L'auteur de ces plans, est M. J. Sterclc ^ architecte. 1 3 Les colis de secours * Tous les prisonniers de guerre de l'ar * rondissement d'Anvers recevront uncolk secours, vivTes et vêtements, à la succur sale d'Anvers do 1' "Agence Belge de ren 3 seignements pour les prisonniers d< guerro", 33, Marché aux Œufs. 5 Les distributions se font tous les' jours samedi", exepté, de 9 1/2 à 111/2 heures " Les lundis, mercredis et vendredis de c \ à 4 heures, pour le public Bureaux militaires L-63 buroaux do la Position fortifiée - d'Anvers et de la 2 D. A. sont traasfé-rts ruo Gounod (coin do la Chaussée d( , Malines) , Les anciens timbres-posta Les anciens timbres-poste belges, que h * Pcs.e1 n'acceptera plus on affranchisse 5 ment du port des lettres, feront rem 1 bourses. t Les aérobus Après Londres, Paris a son aérobus ; " celui-ci a survolé la ville^ mardi ayani 2 35 personnes à bord. Parti do Combes-la-ville, il a survolé la banlieue parisienne et est ensuite retourné à son poini * de départ. Lo premier concert militaire > Exécuté hier après-midi h Tni place Verte, par la musique du Ge do iigrie, i a, obtenu lo plus vif succès. Il y avai si longtemps quo notro bonne vieille placc s n'ait présenté semblable aspect. On croyail c fêver oh lo revoyant. Tout illuminé pai r les cintres garnis d'ampoule3 électriques 10 kiosquo resplendissait littéralement ar milieu d'uno foule compacte où civils c 3 militaires fraternisaient avec joie. Inutile do diro quo l'exécution fut parfaito e chaleureusement applaudie f Los demandes de musiques militaires nous dit-on, affluent à l'Etat-major. Partout on veut pouvoir applaudir vos soldats musiciens. ______ • , . j La direction du Théâtre Royal Georges Villier, directeur du Tliéâ-tro des Variétés, où par suite ^do la guerre, il avait dû monter l'opéretto avec sa troupo d'opéra, so met sur les rangs pour obtenir encore cette annéo la direction du Royal, dont tous, civils et militaires, souhaitent la promplo rôouvorluro. Artiste do talent et consciencieux, l>on citoyen, c'est une figure sympathique.Fait prisonnier à Naanur pî\r les Allemands, 11 fut retenu treize mois par l'ennemi, puis fut échangé. De retour en Belgique, il dirigea uno saison d'opéra! au Palace, U» interne* rêvée Comment j'ai rendu visite, en songe, à M. Edmond Picard 1 C'était, jo pense, vers le 21 octobre. J'étais commodoment installé dans mon fauteuil, occupé à lire une pièce de vers, lorscjue, arrivé aux dernières rîmes, 30 m'endormi3 profondément. Lt je ûs un rêve bizarre. Je mo trouvais transporté à Bruxelles, place des Palais. Et voioi qu'en apercevant devant moi la plaquo indicatrice do la rue Duoale, je 1110 rappelai soudain quo M. Edmond Picard, habitait là, et 1 idée me vint d'allor le voir. Je sais bien que Me Picard, ne reçoit pas volontiers ceux qu'il considère comme des gêneurs. Mais par bonheur j'avais ma carte de visite, portant, accolé à mon nom, lo titre fascinaleur d'avocat; et comme je savais «'juo "mon oncle le jurisconsulte", a 1111 faible pour sos confrères du barreau qu'il considère un peu comme de sa famille, je nie dis quo jo no courais pas grand irisciuo d'êlre mis à la porte. Je m'acheminai donc vers le n. 51 et sonnai hardiment. Do fait, je ne tardai pas à être introduit. Après m'avoir fait monter au premier étage, à travers un vestibule orné de tableaux drolatiques, on m'ouvrit la porte d'une assez vaste pièce à peu près carrée où je n'aperçus d'abor qu un bon feu ronflant et de jolis meubles. 1 Je me crus seul. Mais en m'avariçant, jo constatai la présence, dans l'angle de gauche où je n'avais pas encoro porté le rogard, d'un grand Monsieur, tout de bleu vêtu, maigre quoique sans oxcès, avec une figure légèrement enluminée faisant ressortir la blancheur de 1?- moustache et de la barbiche, comme celle de deux grosses touffes de cheveux surplom-blant bizarrement les oreilles.Deux yeux pétillants, une bouche ironique, complétaient cotte vraie physionomie d'arliste. Jo me trouvais devant Mo Picard, qui de son côté me dévisageait^ curieusoment. Comme il ne disait rien, j'y- allai de mon petit boniment : connu lo juriste à l'Université, puis, plus tard,dans la presse, le polémiste... Curieux de le voir en personne et de l'interroger sur les probabilités do demain... La répons© fut plutôt fraîche r Je 11e sais rien ! Jo no dis rien ! Jo crus l'entretien terminé, et qhe j'allais rovoir, sans, plus _ tarder, les fantasques tableaux du vestibule... Pourtant, j insistai. Il répondit : — Non, Monsieur. Jo ne partage pas la folie fiévreuse générale. Jo ne sais rien de ce qui arrivera au lendemain do la guerre, pas plus que vous. Comme tous, je suis transformé depuis quatre ans en machino 5, attendre. J'assiste on specta icur aux événements qui marchent inexora* bloment d'eux-mêmes alors quo les hom- 1 mes croient les pousser. Et c est très cu-' rieux. 1 Co disant, mon oncle s'approchait de la 1 fenêtre, et en agitant l'espagnolette veuve l 1 de son cuivre, regardait les frondaisons > I du parc étalées devant sa demeure, les hôtels de la rue de la Loi, la foule mêlée de Boches, qui se pressait fiévreuse-mont.Moi, jo guignais do l'œil les deux moël-1 leux fauteuils qui so tendaient les liras dorant le bon feu, tout étonnés cjue "Me Picard no daignât point s'y asseoir ni m'offrir d'en faire autant, en face de lui. Et je restais là, debout au milieu du tapis, assez décontenancé et gêné do ma personne, tandis que M. Picard continuait à parler on se promenant de long en farge, ou bien s'arrétant devant moi le do's tourné, avec le visage de guingois, pour mo lancer des œillades par dessus son épaule. ïl me faisait des compliments : ;—. Je n'aime pas les intervieweurs; ce sont des menteurs ou des gens cjui comprennent mal ce qu'on leur dit. Aussi n'allez pas vous mettre en tête.de répéter co que jo puis vous raconter. Je dirai, que je ne vous connais pas, que je ne sais pas si vous avez do la barbé,et quo jamais de la vie vous n'êtes monté à ce premier étage. Do nouveau, je revis le vestibule et ses images... Mais, par bonheur, Me Picard, ne m'invitait pas à sortir. Il continuait au contraire. Alors je mo hasardai : —. Que pensez-vous du gouvernement qui va nous revenir ?" —1 Je ne vois qu'une solution : la dictature. Le Roi (no se gênant pour personne, il disait tout simplement : Albert) a multiplié ses qualités pendant la guerre. Elïbien ! quand .Albert reviendra,qu'il soit dictateur. Foin des polémiques et des querelles ! A moi les problèmes ! A moi les solutions ! Il a môme été blessé, dit-on. C'est très beau, ça ! Guillaume et ses fils ne peu-. vent pas en dire autant. Il devrait y avoir au moins uno couplo de tués dans cette famille-là. J'écarquillais les yeux,' | autant du moins qu'on peut le faire en dormant.., —. Mais oui, la dictature est partout : Œémenceau est dictateur; Lloyd George est dictateur; Lenin est dictateur; Wilson, le plus grand des dictateurs dans lo , plus libre des pays. —. Mais, cependant, les parlements so réunissent dans la plupart de ces pays, ot nos Chambres- Ce fut à son tour d'écarquillor les yeux tandis que des paroles de mépris désabusé sortaient à foison do ses lèvres... Je parlai des questions électorale,, sco-' lairo. — Allons-nous recommencer toutes ces vieilles disputes! _ Laissons celà, de grâce ! •—.Et la question flamande ? 1 Finies les folles et coupables combinaisons do ceux, qui voulaient couper la , Belgique en deux, comme un gâteau ! —-L'activisme est fini. Quant à l'Uni-1 vorsité flamande, elle oât acquise.A Gand ou ailleurs. Pas question , évidemment, de remercier les professeurs de langue française qui ont fait leur devoir, mais on en nommera d'autres à côté,tout sim-' plement. .—1 L'université bilingue, donc ? 1 —Et pourquoi? Deux universités: La villo de Gand est assefc grande pour cela. Mais enfin, ne me faites pas parler. Je cherchais un terrain d'entente. Jo 1 balbutiai le 110'm do Migr Mercier... Im-. prudent 1 J'ignorais que sur les 7 millions de Belges, il y en a un qui n'apprécie pas le rôle glorieux du grand Cardinal, et "que c'ost précisément M. Picard.Il en'flo la voix et tonne : ■—tll a prêché la haine et la vengeance entro hommes do mémo race. Il l'a écrit, dans une pastorale c^ue j'ai là. Et c'est néfaste. — Faudrait-il donc prêcher l'amour en-vers ceux qui ont saccagé la Belgique en 1911 ? 1—1 Combien eîi reste-t-il de ces cocos ? Tous sont morts, sans doute. —.Mais la poigne qui les dirigeait, ' existé encore. —. Oh ) no discutons p£ts. C'est inutile, pa ne mène à rien. On se butte toujours à des torts des deux côtés. .Je ne cacho pas qu'il peut y en avoir dans mes idées comme dans les vôtres. Vous êtes cléri-, cal. Moi jo suis socialiste, et lo dernier , dos socialistes. Le3 autres n'ont pas man-, qué l'occasion de s'enrichir. Autrefois les socialistes mouraient pauvres. Je mourrai pauvre. La conversation se prol ^.geait à bâtons rompus. J'avais pu y glisses: quel-cpies compliments sur l'allure dégagée de cet hommo do 72 ans. Tout guilleret de co que "jo ne lui trouvais pas l'air trop décaté", mon oncle s'assit enfin et mo pria d'en fairo autant. Ce fut pour recommonceî' ecs critiques contro S. JE, JDu reste, conclut-il, j'ai tout celà dans mon journal. Mon journal ost tenu au jour lo jour et il est dAjù, énorme. Et vous comptez lo publier ? •«— Vingt-cinq ans après ma, mort.Aveo ce rocul seulement l"lûstoire est intéxes-sanlo. J'y noterai aussi mes efforts pacifistes. Après "l'année glorieuse", 1914-1915, celle où j'ai composé ma variante de la Branbaçonne do Rogier —. viendra l'annéo 19l6r à la fin de laaucllo - (. j'ai publié mon programme pacifiste, io-quel n'est autro clioso cpi'une anticipa* lion des 14 points de Wilson. C est a ce moment-là qu'on eût dû faire la paix. L'Allemagne était mal en point. Un eut épargné des millions de vies et 600 inil-liards de dépenses —. car la dette addi-lionnée de tous les pays, dépasse main.-tenant lo trillion, chiffre qu'on m employait quo pour désigner ladis'anco do^ étoiles.—. On eût êviié aussi cet odieuso haine des peuples qui s est eir\ enirnéa surtout depuis deux ans, et tous ces tripotages honteux qui ont, dans le même laps, déshonoré une fraction de notro population. w , Sut ce sujet pacifiste, M. Picard, est intarrissable. 11 dépîoro les vies humai-uos perdues encore tandis quo nous causons, et il se demande, non sans quelque acrimonie pourquoi lo grand arbitre' do l'heure, M. Wilson, n'oppose pas un vélo immédiat à la continuation des carnages. Alors je parle du Saint-Père. . —.Le Pape, répond M. Picard, a fait tout ce qu'il pouvait faire pour l'œuvre de paix et .peur soulager les misères. Mais il doit-être prudent. Il est en Italie et sa situation est délicate. Je ne le cacho pas, j'apprécié son œuvre et il m est sympathique, (sic.) . . ... Tout rêve o.it plus où moins incohérent. Il s'y mêle des intervalles troubles qui laissent, dans le souvenir une empreinte moins profonde. Bien d'autres propos cn^ core, subtils ou burlesques, sagaces où déconcertants, furent échangés dans ce léthargique entretien. Mais ma mémoire ^ en a perdu le3 traces. Je mu rappelle seulement que pour finir, mon oncle, devenu tout à fait amical, mo conduisit, à travers une enfilade de pièces, dans son immense bureau du rez-clc-chaussée et me remit là, comme souvenir, le texte polygraphié do sa Brabançonne.Une poignée de maifc et son imago s'évanouit. Mais comme je mettais le pied sur lo trottoir, au sortir de la chambre bien chauffée, soudain le froid d'octobre, me saisit jusqu'aux os. Et celte sensation subite m'éveilla en sursaut. Non loin de moî, les accents retentissaient d'une Brabançonne endiablée, jouéo par un pianiste impatient de la victoire. Je m'élirai. J'ouvris les yeux. Et j'eus alors l'explicalion des coïncidences qui avaient pirovoquô mon rêve cocasso : Froissée dans ma moin par la véhémence de mon cauchemar, la fouille que jo tenais et quo j'avais achevé do lire quelques instants plus tôt, c'était tout simplement la "Brabançonne" do Picard : Quand de cruelles destinées Ravageaient nos prés en nos toîts, Quand au choc sanglant des armées Tintait le tocisin des beffrois ; Flamands, wallons, sortant de terro, K'ayant qu'une âme, ont arrêté Ceux qui proiînnaient par la guerre La Justice et la liberté ! Ame belge, longtemps niée, Par . des fils ingrats et sans fol, Tu resplendis, ressuscitée. Gloire à ceux qui crurent en Toi r_ Par toi, leur vaillance affermie, Avec la Force et la Fierté, A ramené dans la Patrie, La Justice et la Liberté ! 0, Vous, objets do tant d'alarme», Frères, morts au feu des canons, /' Alors quo la Patrie en larmes . Put connaîlre à peine vos noms, Dans la Gloire réj/aratrice, Dormez, martyrs, groupe sacré, * Qui sauva, par son . sacrifice* La Justice et la Liberté, 0. D. -vV Les Parlementaires défunts ei leurs suppléants Dix-neuf députés et vingt et un sénateurs sont morts au cours de. la guerro. En voici la liste avec, entro parenthè» ses, les noms do leurs suppléants ; Trois députés socialistes : MM. Bas. lien, do Mons (Dondal) ,Cavrc-t, do Char-ieroi (Souplitï et Emile Royer, do Ton» nai-A tli (Dciaux). Huit catholiques : MM. Bo al ot Hoyoît d'Ath-Tournai (Renard ot Houtart) ; Dai vignon, de Verviers (Rultenou Winun-dy) ; de Lial'ieux, do Nivelles (Terliu.-den) ; [leynen, 'do Neufcliâteau-Virton (Braffort) ; Nérincx, do Bruxelles,' (Fieullien) , Schollaert, de Louvain, (Cao-knvaerts) et Verhacgen, do Gand-Eecloo, (Pussomier). Un démocrat-chrétion, M. Daens, d'A* lost (Plancquaort). Enfin cinq libéraux : MM. Fréd. Del-vaux, d'Anvers (Vokemans) ; LouisJ3uys« mans, de Bruxelles (Robyn) ; Georgoa Lorand, de Noufchâteau-Virton (Dahlon-; heck) ; Van Damme, do Termondo (Van Cauteren), et Raoul Warocqué, do Thuin (Vilain (. tLo3 députés Delbeko, do Roulers, et Van Merris sont également décédés.Uno élection sera nécessaire pour désigner lours remplaçants, les suppléants à la listo du premier (MM. Van Naemen et Osaort) étant morts également, ot lo so< cond n'ayant pas do suppléant. Treize sénateurs catholiques j MM.Lek clef, do Ramaix, et Biart, d'Anvers (ba« ron Cogels, Edgard Vorcruysso et da Moester, ce dernier actuellement membre do la Chambre) ; Messens, do Bruxelles, (Edmond Orban de Xivry ; baron de Nèvo die Roden et Van Naemen,do Ter* monde-Saint-Nicolas i (chevalier Schclle* kons et comte do Broucklioven do Ber« ge)rck) ; Raepsaet, d'Audenarde-Alost (vicomte de Ghellinck d'Eiseghem Vacrne-wyck) ; do Savoye, dje Mons-Soignies, (vicomte Adrien Vilain X1111) ; baron Stiénon du Pré, do Tournai-Ath (Thié-bar.t) ; comto Werner do Mérode.de Char-leroi-Thuin (Thiébaut) ; Fraeys do Vou-bo.te, do Courtrai-Ypros (Landas) ;Me} er* et Jules Vandenpeoreboom,' sénateurs provinciaux. Deux Eocialietes : MM. Chovallcr, da Gand-Eecloo (suppléant Verlinûen déco-da), ot Keppenno, d6 Lié^e (sans suppléant) , , Et six libéraux ! MJI. Van do Wallo, u Anvers (Calions) ; Catteau, do Bruxcl. les (Boliaegol) ; Van der Kelen, do Lou.' vaia (Swinnen) ; Piret-GoMet et Edouard Steurs, do Oharleroi-Thuin (Dryon et Croquet), et Nouman, da Mons-Soignioa (Demerbes). " — VW CHAMBRE DE COMMERCE D™£RS Comité Central. Séance du 23 nov.ï9lSi_ Présidence de AL Casfeleict, M. lo Président rond hommagS à niée et au Kol, pour la délivrance triomV phale dont le pays leur est redevable. Il communique le télégramme suivant adrcs< sé liior au nom do la Chambire de Corni merce, à S. M. lo Roi à l'occasiou <iQJ sa rentrée dans sa capitale ; A Sa Majesté le Roi, La; Chambre do -erôj heureuse et fièro de ÎW du triomphe de la Patrie, ofî|r<L- k Votro Ma*. jesti, l'expression de son Admiration pouBj l'œuvre héroïque aocomplie à la tôte do nos glorieux soldats dans l'union indéj fectiblo de tout le peuplo belge.Ces qua-J tre années d'éprouvés, de résistance et da| \ aulnxico de la. nation onti<^ro sottôo uy.v (oui* do sos Souvorjtlne rc lcronl uno <Ic & plu 3 nobles pngos <Io l'histoire <Io J'IiuV inanité. JLm Ohnmlxro clo Co'iunorco jvrev. met A Votro Majesté, lo concours énccM giquo et résolu du commerce anvarsois a la restauration économique du pays.Elld! présente à Votre Majesté et àSa Majestôjl la bien aimée lleino Elisabeth, l'hommtej 1 ge de ça. fijatitude, do son dévoucmciil

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software.  

Il n'y a pas de texte OCR pour ce journal.
Cet article est une édition du titre La métropole: journal quotidien du matin appartenant à la catégorie Katholieke pers, parue à Anvers du 1894 au 1974.

Bekijk alle items in deze reeks >>

Ajouter à la collection

Emplacement

Périodes