La nation

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s.n. 1914, 10 Juin. La nation. Accès à 28 mars 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/4q7qn5zz75/
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4 e ANNEE. - N° 10. — Le Numéro : 5 centimes. Affilié à l'Union de la presse périodique Belge. Mercredi 10 Juin 1914 LA NATION « Pour la Culture Française. » Journal Iiefedoieaciaire paraissant le mercredi. < Pour la Culture Française. » ABONNEMENTS : Belgique : 3.50 francs ; France : 5 francs; Étranger : 7 francs. BUREAUX DU JOURNAL : 06B, Rue de l'Arbre-Bénit, Bruxelles Téléphone B 1848. Les manuscrits non insérés ne seront pas rendus. Il sera rendu compte de tout ouvrage dont deux exemplaires seront envoyés à la rédaction. ANNONCES : On traite à forfait. Avis à nos abonnés. De divers côtés, l'on nous signale des irrégularités dans la distribution du journal. Tous nos abonnés, indistinctement, doivent recevoir le journal le jeudi matin au premier courrier. Nous prions nos abonnés qui recevraient le journal plus tard de nous le faire savoir et surtout de nous transmettre la bande d'envoi avec le timbre. Nous n'avons que trop de raisons de supposer que certains fonctionnaires de l'administration des postes veulent nous faire payer notre hostilité à l'égard de leur flamingantisme, en sabotant l'envoi de notre journal. LA FOLSE FLAMINGANTE Les « malheureuses populations flamandes » sont plus que jamais sacrifiées au « fransquillonisme ». Telle est la déclaration bilingue affichée en rouge et à multiples exemplaires sur les murs de Bruxelles et des faubourgs. On y apprend au public que la loi scolaire méconnaît les droits de la Flandre et que, d'ores et déjà, il s'agit de travailler à sa revision, dans un sens plus nettement néerlandais. Que faut-il donc à ces enragés? La loi ne laisse pas au père de famille habitant la Flandre le droit absolu de choisir la langue « véhiculaire » de l'enseignement pour son enfant : si elle lui permet de le dispenser de suivre le cours de religion, elle ne tolère pas qu'il puisse échapper à la Foi flamingante. Le flamand est plus que Dieu. Les catholiques qui ont voté la loi scolaire se sont résignés à l'école sans Dieu: ils n'ont pu concevoir l'école sans flamand. Peut être ne s'en sont-ils pas aperçus : la lucidité et la logique n'ont pas été précisément les qualités dominantes dans le sempiternel débat scolaire.Mais, enfin, le résultat est acquis : les Wallons sont indignés, les Bruxellois goguenards, les Flamands inquiets et les Flamingants inassouvis. Comment cela finira-t-il? Tout simplement en revenant à la liberté : le droit pour le père de famille de choisir la « langue véhiculaire de l'enseignement » ne peut être supprimé, sous prétexte que tout homme vivant en Flandre doit être réputé flamand de langage. Il faut aussi rabattre le caquet au petit clan des ultra flamingants, des mauvais patriotes s'affublant du titre de « Néerlandais du Sud » descendants des oran-gistes, regrettant l'époque où notre pays n'était qu'une dépendance de la Hollande.Le Belge qui proteste contre la Révolution de mil huit cent trente ne vaut pas mieux que le Français refusant de reconnaître la déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. Nous n'avons rien à regretter du régime hollandais. Il serait aisé de démontrer que, politiquement, nos anciens maîtres ont encore beaucoup à apprendre de leurs anciens sujets. Mais essayez donc de raisonner avec les flamingants! Ils ont beau nous affirmer en français et en flamand, la pureté de leurs intentions, ils ne s'en révèlent pas moins orangistes impénitents et pangermanistes décidés. Rappelez-vous leurs indignes libelles contre les fondateurs et les martyrs de notre indépendance; n'oubliez pas leur attitude dans leurs réunions et leurs fêtes : le drapeau belge abaissé devant les couleurs hollandaises, la « Brabançonne » remplacée par l'hymne de Nassau; des' flagorneries à l'adresse de nos « frères du nord », qui les méprisent; enfin, comme conclusion, la séparation réclamée au nom de la « Zuid Neerland ». Poussés à bout par les exigences des flamingants qui ont trouvé trop d'appui au Parlement, grâce à la faiblesse de certains représentants apeurés, des députés de la Wallonie ont un jour prononcé le mot : « Séparation ». Les Flamingants qui ont obtenu tout ce qu'ils exigeaient, au mépris des intérêts wallons, ont eu la stupéfiante audace de reprendre le mot et de l'appliquer à leur « Zuid Neerland «. Eh bien, non! il ne faut pas de séparation. Nous pouvons, nous devons rétablir l'entente cordiale qui si longtemps a rapproché et uni les Belges de Flandre et les Belges de Wallonie. Bruxelles, la ville-trait-d'union, si je puis ainsi dire.se moque des propagandistes « Zuid-Ncerlandais ». Les flamands patriotes ne se laissent pas entraîner à leur suite, sachant bien qu'au lieu de relever la Flandre de pareils hommes ne peuvent que l'abaisser. La Wallonie doit se dire que dans la partie brabançonne et flamande du pays elle peut compter sur une imposante majorité de Flamands antiflamingants. Ne nous séparons pas : l'avenir du pays dépend de notre union. H. FRICK. ÉCHOS Le centenaire du Prince de Ligne Le congrès Prince de Ligne, qui se tiendra à Belœil les 25, 26 et 27 juillet, est assuré, dès à présent, des collaborations les plus intéressantes. Signalons, notamment, celles de M. Pierre de Nolhac, conservateur des musées nationaux de Versailles et des Trianons, sur: " Le prince de Ligne à Trianon " ; de M. Octave Uzanne, sur: n Le prince de Ligne à Tœplitz et ses relations avec Casanova n ; de M. Louis Du-mont-Wilden, sur: " Le prince de Ligne et l'esprit européen. n D'autre part, Emile Verhaeren parlera d'une visite à Belœil. * * ^ Henry Goujon, Troubat..' Deux charmants artistes viennent de disparaître cette semaine: Henry Roujon, Troubat. Le premier, tour à tour polémiste, critique d'art, historien, romancier, laisse de ravissantes pages dans lesquelles il déploya toutes les grâces d'un esprit subtil, toutes les ressources d'une intelligence vive, toutes les qualités d'ordre, de clarté, d'élégance d'un talent rare et délicat. Le second, Troubat, est presque un inconnu. Et pourtant quel délicieux artiste ! Il avait tout ce qu'il faut pour atteindre à la notoriété, sinon à la gloire. Il préféra rester obscur et se consacrer, avec une piété touchante, à faire connaître, à faire aimer le maître qu'il adorait, celui dont il avait été le fidèle ami et disciple, Sainte-Beuve. Il donna le meilleur de lui-même en s'effor-çant de faire partager au public son admiration et son amour pour le grand homme, auquel il avait voué sa vie. Connaissez-vous rien de plus touchant? Procédés différents Deux lieutenants en garnison à Nancy avaient récemment projeté une excursion à Metz. Afin d'éviter les formalités d'une demande d'autorisation spéciale, ils résolurent de se faire passer pour voyageurs de commerce. Mais à Novéant ils furent abordés par un monsieur à lunettes d'or qui leur demanda leurs papiers, " Nous n'en avons pas, dirent-ils n. On les fit entrer dans une petite salle, où se tenaient deux officiers allemands. Ceux-ci, après de brèves recherches dans les dossiers ne tardèrent pas à trouver les photographies des deux officiers français, dûment classées, étiquetées, et cataloguées. Avant d'être revenus de leur surprise, les deux lieutenants étaient déjà reconduits au train — heureux encore de s'en tirer à s' bon compte. Le dimanche suivant, traversant la place Stanislas, ils virent à la terrasse d'un café, deux hommes qu'ils reconnurent avec stupeur. C'étaient les deux officiers allemands de Novéant, tranquillement attablés dans un café de Nancy. Le futur pape pourrait être un wallon Depuis les derniers consistoires tenus par Pie X, les cardinaux italiens sont en minorité dans le Sacré Collège. Il se pourrait donc que les cardinaux étrangers s'entendissent, au décès du pape actuel, pour élire pape l'un d'entre eux. Mais comme l'accord serait difficile à faire sur le nom d'un cardinal appartenant à l'une des grandes nations d'Europe, il se pourrait que ce fut un cardinal d'un pays neutre qui fût choisi. , Or le cardinal Mercier est, un " papa-bile " des plus en vue. On peut même dire qu'il est grand favori. Le cardinal Mercier est, comme on sait, né à Braine-l'Alleud.Vraiment ! il ne serait pas banal de voir le siège de Saint-Pierre occupé par un Wallon. Une nouvelle découverte française Des expériences sensationnelles de téléphonie sans fil ont eu lieu il y a quelques jours en France. On a pu téléphoner sans fil à 105 km. de distance des textes entiers, sans que le moindre accroc se produise. Les appareils qui ont servi aux dites expériences ont été inventés par deux officiers de marine, deux Français, évidemment. Gageons que le jour où la téléphonie sans fil sera entré dans le domaine de la pratique, l'on en attribuera la paternité à quelque grave " herr professor " allemand. ht ce qu'il y a de plus curieux, c'est que les Français ne protesteront pas... Si cette histoire vous amuse... Une nouvelle circulaire ministérielle vient d'apporter de nouvelles modifications à la tenue des officiers. Voici près de trois ans que cette mauvaise plaisanterie dure et qu'interviennent au moins deux fois l'an des ordres et des contre-ordres relatifs tantôt à l'adoption d'un nouveau casque, tantôt à celle d'une nouvelle tunique. Et les malheureux officiers sont forcés de prélever sur leurs maigres appointements la somme nécessaire à l'achat du nouvel uniforme.Les bureaux du ministère peuvent être fiers de leur œuvre : pendant qu'ils se livrent à ce petit jeu (nous regrettons de ne pouvoir le qualifier d'innocent) la Wallonie reste exposée au danger d ' i n vasion- et-J et fa [fie ". y i, canons Krupp, commandés et payés, attendent pour recevoir l'hospitalité dans leur nouvelle patrie, que les bureaux du ministère aient le loisir de s'occuper d'eux. Ah! qu'on est fier d'être Belge... * * * Le flamand à la garde civique Un wallon faisant partie de la garde civique de Hal fut convoqué à la fin du mois de mai, à une parade de cette institution intéressante. Le colonel ayant passé les gardes en revue, adressa la parole en Hamand au wallon — les commandements se faisant en flamand à Hal — Le garde répondit au colonel qu'il ignorait le flamand, le colonel continua cependant à lui donner des ordres en flamand, auxquels le wallon ne put obtempérer puisqu'il ne les comprenait pas. Le colonel alors fit désarmer le malheureux garde wallon et le fit conduire en prison. Cet incident fait grand bruit dans le lan-derneau. Voilà où on en arrive avec les stupidités flamingantes. Tant va la cruche à l'eau... * * * Flamingantisme et architecture J'ai eu l'occasion d'avoir sous les yeux un plan dressé par un architecte flamingant; toutes les indications se trouvent être en moedertaal le plus pur, c'est ainsi que salon devient saloon, salle devient zaal, toiture en ciment volcanique se dit en flamand dekking in ciment volcanique, zinc en tasseaux égale en moedertaal zink in tasseaux, cour devient koer et ainsi de suite. Décidément il faut nier l'évidence pour ne pas reconnaître que la langue flamande est d'une richesse incomparable ! et qu'elle n'est pas d'une assimilation facile pour les n fransquillons n !... * * SainS-Saëns... et Dalila Saint-Saëns vient de publier un recueil de souvenirs. Il l'a dédié à Dalila. Dalila était la chienne du maître. Elle était née le jour même de la première du chef-d'œuvre de Saint-Saëns. Or on raconte que Dalila avait toutes les qualités exigibles d'un brave toutou d'appartement ; un seul petit travers, qui ne manquait point d'être bizarre, sinon déplacé, chez la fille adoptive du grand musicien, gâtait son charmant caractère: Dalila avait horreur de la musique ; dès qu'elle entendait plaquer un accord au piano, elle manifestait son mécontentement par de furieux aboiements. Le musicien d'ailleurs s'efforçait de ne point tracasser sa fidèle amie, et lorsque l'inspiration le prenait, le maître disait à son vieux domestique : — Allez donc promener Dalila, je vais faire un peu de musique ! O Administration ! Le lundi de la Pentecôte, j'avais à expédier un volumineux courrier et, pour comble de guigne, ma provision de timbres était épuisée. Dare dare je me rendis au bureau des postes de la gare du Midi où j'arrivai à 11 h. 1, tout juste à temps pour voir la porte se fermer sous mon nez. Gouailleur et amène, un employé galonné daigna m'indiquer du doigt une pancarte qui venait d'être apposée par ses soins sur la porte impitoyable : « Gesloten op zondag om 11 uren ». Je rassemblai toutes mes connaissances de la langue flamande et après 10 minutes, je finis par comprendre que la pancarte au style mystérieux devait vouloir dire : « Fermé le dimanche à 11 heures ». Désolé, ahuri, puis, je l'avoue, très nerveux, je me plongeai dans des réflexions qui n'avaient, croyez-moi, rien de joyeux, sur ce thème qui plus que jamais est d'actualité en Belgique : « Est-ce l'administration qui est au service du public ou le public à celui de l'administration? ». Comme j'en étais là de mes réflexions, une idée fulgura dans mon cerveau: « La Poste, la Poste centrale, espoir suprême et suprême pensée ». Une voiture du tram-car passait. Je sautai dessus et, «au rythme égal et doux qui va la soulevant », comme dit le poète (en parlant, il est vrai, non d'une voiture de tram-car, mais de la gorge d'une femme), je me fis trimbaler jusqu'à la Poste centrale. M'y voici. Zut ! Fermée ! Pourtant là-bas, au bureau du télégraphe qui, lui, est resté ouvert, une animation inaccoutumée me donne un regain d'espoir. Comme un bolide je pénètre dans le bureau et j'avise un guichet qui porte une mention en flamand et en une langue qui pourrait bien être du français : Vente de -fes&ÊS§~postes limitée aux besoins immédiats.Stoïquement, une trentaine de personnes attendent leur tour... Je prends modestement ma place à la suite de cette file et moi aussi patiemment, héroïquement, j'attends. Mais on avance à peine : chacun de mes compagnons d'infortune palabre longuement avec l'employé préposé au guichet. J'entends des bribes de phrases : — C'est idiot... — C'est possible mais c'est le règlement.— Cependant... mes besoins immédiats...— Je vous dis que c'est le règlement... Je n'allais pas tarder à connaître et, permettez-moi l'expression, à savourer la clef de l'énigme. Mon tour vint enfin. Doux comme un agneau qui tette encore le ventre de sa mère : « Donnez-moi, je vous prie, 10 timbres à 10, 10 à 5 et 4 à 25, balbu-tiai-je.Comme une goutte d'eau bouillante sur mon âme endolorie, l'employé laissa tomber ce seul mot: « Impossible ». Je sursautai. — Mais, Monsieur... — Impossible, répéta cet homme impitoyable. Le règlement s'y oppose. — Mais enfin, Monsieur, me direz-vous...— Le règlement défend de délivrer à ce guichet pour plus de un franc de timbres... — Mais il est idiot, Monsieur, votre règlement... J'ai un immédiat besoin des timbres que je vous demande... L'employé sourit. Moi pas. Mes compagnons d'infortune non plus. Je dus en fin de compte me contenter de dix timbres à 10. Nous avions parlementé 3 minutes. En 3 secondes, l'employé aurait pu me délivrer les timbres que je demandais. C'est ce qui s'appelle en langage administratif « gagner du temps ». Après avoir affranchi avec mes dix malheureux timbres les envois les plus urgents, je m'avisai de ce qu'il me serait impossible de déposer l'un d'entre eux (un volumineux pli de papiers d'affaires urgents) dans une boîte aux lettres. Je m'adressai à un employé chamarré qui faisait les cent pas dans la salle en bayant aux corneilles et lui demandai à quel guichet je pouvais déposer mon pli. L'homme me toisa, dédaigneux et sen-tencia: « Ce n'est pas ici iin bureau de postes, Monsieur, mais un bureau de télégraphe. Tâchez de déposer votre pli dans une boîte aux lettres. » Cette fois, je l'avoue, la moutarde me monta au nez et d'un : « Zut » retentissant (Je crois même que dans mon exaltation j'ai employé un mot plus énergique qui veut dire, en allemand, « en avant ») je clouai sur place l'employé abasourdi. Je sortis du bureau et déposai à grand peine mon pli dans la boîte aux lettres voisine. Je crois bien qu'il l'obstrua. Tant pis! je m'en bats l'œil. Et triturant dans mon cerveau les idées les plus noires, je regagnai le domicile conjugal. Voilà comment, en l'an de grâce 1914, le lundi de la fête de Pentecôte, sous le gouvernement d'Albert et de la tyrannie administrative, un honnête citoyen, qui paie régulièrement ses contributions et a un casier judiciaire aussi vierge que... (je ne trouve pas de terme de comparaison), faillit se mettre en colère, parce qu'un employé, abrité derrière un règlement, refusait de lui délivrer les timbres dont il avait un besoin immédiat et qu'il cherchait à se procurer depuis une bonne heure Quand j'étais petit, l'on m'enseignait que le service des postes était un service public. Je commence à croire que c'est plutôt un service destiné à emb...nuyer le public. Qu'en pensez-vous? F. La Science criminelle Le Matin et, à sa suite, un grand nombre de journaux et de revues belges et français, ont entrepris une campagne énergique contre les traitements barbares que, sous le couvert de la science, des tortionnaires font subir à de malheureux animaux. Non contents de faire souflrir leurs victimes physiquement, certains poussent la cruauté jusqu'au sadisme. Lisez plutôt ce que raconte le Dr Germain Sée, qui, avec une énergie admirable, combat les vivisecteurs sur leur propre terrain : n Une dame qui avait suivi les cours de la Faculté entra un jour, malgré sa répugnance, dans le laboratoire et assista à cette scène odieuse: un malheureux chien, qui avait déjà enduré deux fois la torture, fut amené pour une nouvelle expérience. Couvert de plaies, il faisait pitié à voir, se traî nant à peine, agité du frisson de la peur, les membres chancelants. Cette détresse amusait ses bourreaux ; ils plaisantaient, imitant la gaucherie de sa démarche; tout le monde riait ; le chef, fier de son succès, continua cette comédie sinistre: pour donner le change au martyr, il lui présenta un morceau de sucre, l'invitant à faire le beau. Le malheureux comprit qu'il s'agissait d'obtenir sa grâce ; il fit un effort pour exécuter le commandement, mais ses forces le trahirent, ses jarrets meurtris refusèrent le service ; il retomba épuisé ; alors, à la grande joie de la galerie, le professeur continua son manège; le sucre au bout des doigts, excitant l'animal avec un sourire perfide, il balançait le bras en minaudant. Le pauvre mutilé fait un effort suprême; il implore et lèche la main de celui qu'il croit son bienfaiteur... Mais tout à coup le décor change : assez de plaisanteries ; il faut se remettre au travail ; en un clin d'œil, le chien est ligotté, entravé, couché à nouveau sur la table de supplice... n Jean d'Ardenne, avec cette bonté généreuse qu'on lui connaît, n'hésite pas, dans un récent article de la Chronique, à qualifier les vivisecteurs de brutes, de maniaques et de criminels. Est-ce excessif, et d'aussi monstrueuses pratiques ne finissent-t-elles par rendre la science haïssable? La science barbare, la science inhumaine, la science criminelle ce n'est plus la science. Des mesures urgentes s'imposent, dans un intérêt de moralité publique : la place des tortionnaires dont le Dr Sée raconte les nombreux méfaits n'est pas au laboratoire: elle est au cabanon! LETTRE DE PARIS A tout seigneur tout honneur. Paris vient encore d'avoir des hôtes qui pour n'être ni de l'importance du roi Georges, ni de la taille de Christian de Danemarck, n'en sont pas moins considérables.Reçus à bras ouverts par nos édiles, des maires, bourgmestres et alcades de quelques grandes villes européennes, ont été, huit jours durant, l'objet de mille attentions diverses. On les a pilotés de plaisir en plaisir — de la Morgue aux Folies-Bergère, du Père-Lachaise au Moulin-Rouge ; on leur a fait faire la tournée classique des grands ducs, donné à connaître quelques dessous (hum!) de la capitale, épargné la visite aux nombreuses expositions soi-disant artistiques qui éclosent, en cette saison, à tous nos carrefours; ils ont vu nos hôpitaux, nos prisons, nos maisons ouvrières, les champs de courses, les catacombes et les égoûts; ils ont tout vu, sauf une exécution capitale — de quoi le Président du Conseil municipal s'est excusé avec une bonne grâce confuse, il n'a pu trouver personne consentant à jouer le rôle de guillotiné par persuasion ; comme nous ne sommes pas en Chine ou en Turquie, nos chers hôtes ont dû se contenter de contempler sous son hangar, dans son farouche isolement, la terrible veuve. Aujourd'hui nos visiteurs se sont dispercés ; quelques-uns d'entre eux sont repartis pour leur cité qu'habille la brume ou que vêt le soleil; d'autres ont poussé jusqu'à Lyon, où se tient une Exposition Universelle ; tous emportent de leur séjour au milieu de nous un souvenir certainement agréable et un projet considérable: la création d'une sorte de grande conférence internationale des municipalités, à laquelle les cités importantes enverraient annuellement des délégués chargés de discuter les grandes questions intéressant l'hygiène, le bien-être et la beauté des villes. Voilà, n'est-ce pas, de la bonne, de la saine et pacifique politique. * Depuis samedi, nous détenons en France un record mondial ; il semble difficile qu'il soit jamais battu. Le ministère Viviani constitué à 11 heures du matin avait cessé d'être à midi précis. Son bulletin de naissance fut un acte de décès. Et cela simplement parce que le nouveau Président du Conseil avait parlé dans la partie de la plus future déclaration ministérielle relative à la loi de trois ans, de l'éventualité d'un allégement des charges militaires « quand les circonstances extérieures le permettraient ». Les stratèges de la rue de Valois n'ont pas admis cette formule dilatoire. Les circonstances extérieures ne comptent pas pour eux ; la raison électorale prime tout. Quand donc se rendront-ils compte qu'entre un candidat à la députation à Moissac ou à Brive-la-Gaillarde et un ministre responsable, il y a tout de même quelque différence ; l'un voit, touche et sait et l'autre ignore. Quoiqu'il en soit, nous continuons à patauger dans un joli bourbier. Quel dommage qu'Hercule °oit mort depuis si longtemps ! Les écuiies d'Augias ont besoin d'un rude coup de balai ! * * Mes excuses, chers lecteurs! Si Sarah Bernhardt a quitté précipitamment votre terre hospitalière et charmante, ce n'est pas, comme nous le supposions, parce qu'elle s'était foulée quelque chose ou parce qu'elle avait entendu baragouiner flamand, mais tout uniment parce qu'elle était en bisbille avec « son cher grand poète » Edmond Rostand ; en effet, à peine de retour à Paris, elle a sommé celui-ci, par ministère d'huissier, d'avoir à faire interdire les représentations au cinéma de son drame « L'Aiglon ». Galamment, mais en un style qui rappelle davantage — hélas — « Chante-cler » que « Cyrano de Bergerac » Edmond Rostand s'est empressé de donner satisfaction à l'illustre tragédienne. Et le procès s'en est allé... en réclame. * ¥ Et nous exposons toujours. Aujourd'hui, la foule se porte au Jardin d'acclimatation du Bois de Boulogne où des entomologistes ont organisé une exposition peu banale. On y trouve « vivants » les plus somptueux et les plus hideux insectes qu'enfantent les caprices de la nature : depuis de gigantesques papillons mesurant 30 centimètres d'envergure et dont les ailes semblent une palette d'aquarelliste, jusqu'à la répugnante mygale, monstrueuse araignée qui tend des rets capables d'arrêter au vol les oiseaux du paradis dont elle se repait, et à la mouche tsé-tsé-dont la piqûre fait dormir aussi sûrement que la lecture du « Journal officiel ». Je cite pour mémoire la « monte religieuse » ainsi qualifiée sans doute, parce que délibérément opposée à la loi du divorce, elle dévore son époux, le jour même des noces et au moment même où celui-ci achève d'accomplir le rite le plus précis et le plus nécessaire du mariage. Voilà, n'est-il pas vrai, une peuplade bien sympathique et chez qui toute loi sur la recherche de la paternité serait parfaitement vaine. Ce qui est délicieux dans cette exposition, ce sont moins les sujets exposés que les mines effarées, les faces pâles d'émotion des visiteuses, et aussi les soins touchants qu'ont les exposants pour les élèves dont ils ont consenti à se désaisir pour quelques jours en faveur du public parisien. On cite le cas d'un haut personnage qui, deux fois par jour, apporte dans un mouchoir, la bouse de vache toute fraîche, à défaut de laquelle l'épouvantable stercoraire dont il fait son orgueil, se renfrogne et s'en va bouder dans un coin. Bébé, va ! Ch. Maqoé.

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Cet article est une édition du titre La nation appartenant à la catégorie Katholieke pers, parue à Bruxelles du 1914 au indéterminé.

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