Le Belge indépendant

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s.n. 1919, 23 Janvrier. Le Belge indépendant. Accès à 28 mars 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/tt4fn1480b/
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LE NUMERO I PU4NY LE No 49 INDEPENDANT ADMINISTRATION ET REDACTION: TUDOR HOUSE i CDOR ST K O «. TÉLÉPHONE: CITY 39e0 JEUDI 23 JANViER 1919 (i MOIS 9 SHILLINGS ABONNEMENTS-? 6 MOIS. IV SHILLINGS (.1 AN. 32 SHILLINGS L'Allemagne Intellectuelle L'opinion de Heinrich Mann Munich, décembre. La défaite a réduit au silence tous les professeurs, pasteurs et publicistes qui prêchaient la lutte à outrance et justifiaient les plus abominables forfaits de l'état-major. Le fameux " parti de la patrie " s'est dissous, après avoir déclaré drôlement que l'Allemagne avait perdu la guerre parce qu'elle ne s'était pas ralliée à ses idées chauvines. En pérsence de l'effondrement du pays, la jeunesse, égarée par de mauvais guides, cherche des maîtres nouveaux. Elle se tourne naturellement vers ceux qui n'ayant pas cédé à la contagion belliqueuse ont essayé de faire entendre des paroles raisonnables. Avant de parler des nouvelles sociétés d'étudiants qui se forment dans toutes les villes universitaires allemandes et dont les programmes s'inspirent des idées de Forster, de Nelson et de Schiicking, nous publions les déclarations d'un intellectuel indépendant. Heinrich Mann n'appartient pas au monde académique, mais son influence ne fait' que s'accroître en Allemagne. Habitant à Munich, où il est entouré par un cercle de jeunes artistes, il s'est consacré, depuis quelques années, à l'étude des questions sociales. Son dernier roman, le " Sujet " (der Untertan), interdit par la censure durant la guerre, est une critique profonde et violente de l'esprit allemand au temps de Guillaume II. Heinrich Mann a vécu longtemps sur la côte d'Azur; aussi, est-ce dans un français impeccable qu'il va répondre à nos questions: -r- Quelles sont, demandons-nous, les manifestations les plus remarquables do la vie intellectuelle allemande? — C'est à Berlin, la formation du groupe des activistes; il s'est constitué pendant la guerre sous l'impulsion du Dr Kurt Hiller et compte déjà plusieurs dizaines de mille adhérents. Son but est d'amener une participation plus active des intellectuels à la vie publique et de chercher à exercer une influence morale sur la politique allemande, de la aemate-rialiser, d'y introduire des idées. Cette idée est également réalisée à Munich dans la constitution au " conseil politique des travailleurs intellectuels " (Politischer Rat geistlicher Arbeiter). Son programme n'est pas celui d'un • parti politique, ni celui d'un comité économique: il vise à "l'éducation politique du peuple établie sur une base morale." La jeunesse a été victime d'une sorte Je mécanisation de la pensée. Il s'agit .e lui rendre le sentiment de la responsabilité et de travailler à son développement individuel. Après l'établissement de a république c'est l'éducation républicaine qui reste à faire. La réaction contre une conception matérialiste de la vie se faU en outre sentir dans le domaine intellectuel et surtout chez les soldats qui re-viennent du front. Ce qui frappv. leur esprit, dans les pièces théâtrales, ce n'est plus l'intrigue, ou les détails, c'est l'Idée; et les pièces à thèse sociales soat celles qui les attirent le plus. Ce peuple, après une fausse éducation de 50 ans, revient de tout cœur aux convictions des révolutionnaires de 1848. — Que pensez-vous de l'attitude des intellectuels allemands durant la guerre ': — La grande.majorité des intellectuels s'est laissé entraîner par l'enthousiasme belliqueux qui régnait en août iy^.4. Moi, j'ai vécu très retiré. On ne m'a pas demandé de signer le manifeste des 93, :c que d'ailleurs je n'aurais pas consenti \ faire ; je mé suis refusé à signer des proclamations empreintes du même esprit Ce fameux manifeste est très regrettable. Vous savez du reste que plusieurs intellectuels se sont ensuite récusés. Brentano est du nombre ; il n a pas connu le texte, car il se trouvait en Italie et il a donné sa signature de confiance.— Mais, demandons-nous, les intellectuels indépendants, comme vous, ne pouvaient-ils pas réagir contre l'esprit militariste? — C'était impossible, .'i cause de là tyrannie militaire qui pesait sur nous. Nous ne pouvions rien faire qui fût ui-rigé contre le gouvernement sous peine d'être interné. J'ai protesté par mon activité littéraire, en écrivant des œuvres sociales empreintes d'un esprit révolutionnaire Mon drame, " Madame Legros,'' qui est une pièce dirigée contre une tyrannie inhumaine, écrite dès 1913, a été joué d. nombreuses fois depuis février 1917. En 1915, j'ai publié dans les " Weissen Blaetter," éditées à Zurich, un long essai sur Zola. Le combat qu'il a soutenu pendant l'affaire Dreyfus en faveur de ia justice m'a été un prétexte pour dépeindre la situation de l'Allemagne et insister sur le triomphe nécessaire du droit. On ne pouvait rien dire directement, et il fallait trouver des ruses pour -.xprimer sa pensée, mais cette propagation d'idées générales, s'opposant à celles qui inspiraient les actes détestables du régime militariste, a contribué à la préparation morale de la révolution. En 1916, j'ai en outre publié un roman social " Les Paiivres," et ces jours va paraître un autre roman, " Le sujet," qui, terminé en 1914 (mais impossible à publier pendant la guerre), dépein» l'Allemagne de Guillaume II. Ajoute! à cela une collaboration au " m-rliner Tageblatt " sur des questions oolitioues et sociales. Il ne faut pas croire que la révolution ait été une chose pujvn'fnt extérieure: elle s'est accomplie également dans un certain nombre d'esprits, grâce à l'influence des idées que les vrais intellectuels ont discrètement propagées durant la guerre. Vous voyez d ailleurs que ceux-ci, étouffés pendant longtemps par la dureté de . ancien régime, reviennent pour ainsi dire à la surface. — Quelle sera l'influence de la défaite sur la vie intellectuelle? — L'influence d'une défaite est presque toujours bonne, dans l'ordre intellectuel. Je l'ai étudiée pour la guerre de 1870 et je suis certain que la grande renaissance de la France a sa source dans la défaite. Je vois un effet analogue en Allemagne. Un nationaliste me (lisait, en 1915, qu'une victoire aurait eu des résultats désastreux pour nous. La démoralisation aurait été effroyable. Un peuple pauvre et battu travaille davantage qu'un peuple victorieux: je crois que nous aurons une vie intellectuelle intense et dirigée surtout vers les grandes questions sociales et humanitaires. — Ne croyez-vous pas à la formation d'un esprit de revanche? -— Pour l'instant, je n'en vois aucu.i symptôme. Nous serons trop occupés par des questions intérieures pour cultiver des pensées de .revanche. Il se formera bien un ci an de nationalistes, mai.-je crois que ce sera une minorité sans influence. Du reste, nous travaillerons à réformer notre système d'enseignement et notamment notre éducation universitaire. Pendant longtemps, nos universités ont été la source de l'esprit chauvin et antidémocratique. Apercevant sur des bibliothèques une série d'ouvrages français somptueuse ment reliés, je demande à Mann ce qu *1 pense de l'attitude de la France et de la reprise des relations intellectuelle* avec ce pays : J'ai toujours eu de grandes sympathie-i pour la France, me répond-il, et je l'ai admirée profondement pendant 11 guerre; j'ai continué à lire chaque jour, 'es journaux français. Quant à la i_>ei- i gique, la violation de sa neutralité a i.. \ un crime dû à la prépondérance du militarisme trop longtemps endurée par :a nation. Je sais que la reprise des relations intellectuelles avec l'Entente sera difficile; pendant la guerre elle avait intérêt à trai- j ter avec le môme mépris tous les inteî- ' lectuels allemands", mais j'espère qu'elle saura maintenant reconnaître ceux qui , n'ont pas participé à l'excitation du peuple, et qui, par leur attitude, ont exprimé leur réprobation à l'endroit du gouver- i nement. En tous cas nous ne nous imposerons jamais à l'Entente, comme j viennent de le faire maladroitement les j écrivains autrichiens.—{"Journal d: Genève.") R- PAYUi'. ENCORE la KULTUR Le no 9, rue des Chalets, à Bruxelles, appartenant à M. H. Dolne, a été occupée par deux sous-ofïiciers allemands, depuis le 13 février 1918 jusqu'au moment de l'armistice, mais la clef ayant' été égarée, le propriétaire n'avait pu encore constaté l'état des lieux. La clef restant introuvable, M. Jean Walter, huissier, chargé de procéder à cette opération, se décida, samedi ma tin, à faire ouvrir la porte par un serrurier.Ce qu'il trouva à l'intérieur est indescriptible : les portes et les fenêtres donnant sur le jardin et les fenêtres tabatières des mansardes étaient larges ouvertes, de telle sorte que l'eau dégoulinait à travers les plafonds jusqu'au rez-de-chaussée.Les tiroirs des tables et des armoires étaient ouverts et leur contenu éparpillé sur le sol ; des serrures avaient été fracturées et des portes défoncées ; quantité de meubles étaient brisés; 'dans une mansarde, les garde-robes avaient été ouvertes et les vêtements qui s'y trouvaient rangés avaient été jetés pêle-mêle sur le plancher après avoir été déchirés. Dans les caves, quantité de bouteilles à vin, de Champagne principalement, attestaient des occupations favorites des locataires. Dans une pièce du rez-de-chaussée, la table était encore couverte de bouteilles et de verres. Les deux jolis personnages, qui habitaient dans cette demeure et qui l'ont mise dans cet état, sont les sieurs Alexandre Zweek, sergent-major aviateur, et Keuneman, sergent-major. Deux filles belges demeurèrent avec eux : Jeanne Moreau, Mont-du-Moulin, 6, et Berthe André, rue Neuve, T.9. Déjà, pendant l'occupation, une plainte avait été déposée au procureur j impérial à charge de ces quatre tristes personnages et des perquisitions avaient été faites chez ces filles. De nombreux objets rangés dans des ' meubles et dans des pièces fermées où les Allemands s'étaient engagés à ne j pas pénétrer, avaient en effet disparu. LA VIE DE PARIS Ce qui cnraetijrfsc les 70 rçprésen- 1 tants à la Conférence de la Paix, c'est l'uniformité du costume. Tous ces ministres, diplomates ou hommes politiques sont en redingote et la seule note j pittoresque est donnée par 2 ou 3 tur- i bans ou coiffures hindoues. Nous sommes loin des costumes chamarrés, des uniformes rutilants d'or des plénipotentiaires et des princes qui prirent part au Congrès de Vienne ; les mœurs ont marché, les costumes se sont démocratisés, et si on ne savait que ces Messieurs représentent de grands et petits Etats, on les prendrait pour de bons bourgeois qui se réunissent pour établir quelques tarifs de denrées coloniales. Mais, comme dit l'autre, l'habit ne fait pas le moine. Soixante-dix, c'est un chiffre pour une conférence de plénipotentiaires, et quand, après son discours qui, entre parenthèses, est très beau de l'avis de tous et très impressionnant, quand après avoir fini e parler, avant de se retirer, M. Poincaré a voulu serrer" la main à chaque délégué, il en a p.~-ur plus de dix minutes. Cela s'est fait d'ailleurs avec une cordialité toute diplomatique : un "Shake Hand," un sourire, un mot aimable forcément1 toujours le même : "Très heureux de vous voir ici." On a remarqué que tandis que M. Poincaré prononçait son discours qu'il avait bien dans la voix, se seivant a peine dû grand papier sur lequel il était dactylographié, M. Clemenceau faisait de nombreux signes d'approbation. Ce n'est pas son habitude. D'ordinaire, le Président du Conseil écoute, mais ne 1. . manifeste pas. La voix du Président de la République, un peu £mue au commencement, s'est vite raffermie ; elle avait cet éclat métallique qu'on lui connaît et comme sa prononciation est d'une netteté parfaite, M. Clemenceau, qui est lui aussi un peu sourd, n'en perdait pas un mot. Quand aux journalistes, on leur avait bien ouvert Jes couloirs, mais la Salle de l'Horloge, qui est la grande salle à j manger des Ministres des Affaires ; Etrangères, aurait été trop étroite pour j les contenir tous. Ils ont dû se contenter ; de voir quelques dos de délégués et d'entendre le bruit lointain des discours. On a fait ce qu'on a pu, très peu de chose. A ce moment dans ces couloirs, où on ne voyait rien et on entendait encore moins, a couru un mot qu'on se passait et que venait de prononcer M. Lloyd George dans son discours : — Il vient de surnommer M. Clemenceau 'le grand jeune homme de France.' C'est de l'humour anglaise et on lui a fait un excellent accueil. Ce fut l'incident gai de cette première séance grave. JEAN-BERNARD. I Le Rapatriement AVIS OFFICIEL Ainsi qu'il a été annoncé, les réfugiés sont autorisés à emporter des vivres avec eux jusqu'à concurrence de douze livres par personne, sans distinction entre, les vivres rationnés ou non. Toutefois, chaque personne ne peut emporter plus, de deux livres de café. Il est entendu que cette autorisation n'implique aucune augmentation du poids total des bagages. Les chiens sont admis à bord des bateaux de la ligne Harwich-Anvers. Le Local Government Board organise pour les réfugiés rapatriés par ses soins un service de bateaux entre Douvres et Ostende, à bord desquels les chiens seront admis gratuitement. Ainsi disparaissent les dernières restrictions apportées au rapatriement. Félicitons la Commission de ces décisions. POUR ETRE PRETS... Une certaine inquiétude se manifeste un peu partout dans le mondé industriel belge. Le malaise qu'elle produit est justifiable. Les causes en paraissent voilées momentanément. Un silence qui n'augure rien de bon les cache encore aux yeux des uns et des autres. Que de fois, au cours des quatre années passées, avons-'nous dit: Soyons prêts ! Préparons-nous à reprendre notre vie économique dès la libération du pays ! Et sommes-nous . prêts aujourd'hui ? Ou plutôt serons-nous bientôt prêts ? Le gouvernement vient de libérer — ou presque — 35,000 hommes ; 70,000 bras qui devraient reprendre l'industrie belge au point où ils la laissèrent en 1914. Le peuvent-ils t. Non, nous manquons de tous les matériels volés par l'Allemagne, qui doit les payer ou Jes restituer. A ces hommes, le gouvernement a alloué environ Fr. 300. Le fait n'est pas discutable. Tous les soldats libérés considèrent avec envie le soltlat français, qui s'en retourne nanti de Fr. 4,000. Mais ils espèrent encore que, dans la suite, une indemnité équitable leur sera remise. Or, que peut faire Je soldat libéré, rentrant dans son foyer, appauvri pour le moins, avec la somme modique de Fr. 300 ? Pas grand'chose. Parmi les vieilles classes libérées, il se trouve d'anciens industriels et commerçants totalement ruinés par la guerre. Que pourront-ils, sans reoourir à l'emprunt ruineux, pour restaurer leur ancienne prospérité et collaborer ainsi au rétablissement de la vie nationale? Il leur reste une seconde solution : c'est d'abdiquer leur fierté et leur gloire de vieux soldats aux pieds de ceux qui ont pu travailler et amasser et se mettre en condition finalement. Il faut admettre que les patrons seront généreux et larges. Mais la plupart de ceux-ci n'ont plus rien, ou n'ont plus qu"une partie de leur matériel ancien. Ils n'emploieront pas de bras nouveaux tant qu'ils n'auront pas de machines nouvelles.Pour obtenir des machines nouvelles !... Qu'a-t-on fait pour en faciliter l'achat ou simplement l'examen. Les idées commes les' comptoirs ne manquent pas. Le plus simple moyen et le plus pratique serait le suivant : Le gouvernement devrait mander à ses consuls de lui expédier d'urgence les catalogues, illustrés ou non, des grandes firmes productrices alliées. Il organiserait à Bruxelles un vaste musée de catalogues accessible à tout citoyen belge justifiant de sa qualité. Au besoin, il ferait traduire ces catalogues classés par ordre d'industrie ou de produits. Puis il informerait par toutes voies les industriels et; commerçants, qui ne manqueraient pas de venir consulter et commander de leur propre initiative ce qu'ils savent leur être nécessaire et non pas ce qu'on a cru leur être utile avec une incompétence aussi intempestive que justifiée. Il est évident que tous les moyens de transport utiles seraient affectés au rétablissement et à la reprise des affaires en Belgique. C'est la source primordiale de la vie intérieure. L'industrie et le commerce admettent une loyale concurrence, autant nationale qu'internationale. Nous nous sommes laissé damer plus d'un pion déjà. Le sol dat qui rentre au foyer espère y vivre désormais d'une vie plus large et plus prospère que jadis; aussi réclame-t-il des hommes à poigne, qui pourront fermement revendiquer nos droits de co-belligérants et d'ennemis de l'Allemagne et traiter en toute justice de nos destinées futures. L'important, en premier lieu, est que nous soyions prêts à recevoir les héros de l'Yser rentrant chez eux, à leur permettre de recourir à leur initiative, et à levu faciliter la tâche ardue de la reconstruction de notre patrie sur des bases d« progrès. V.-V. MARTIAL. Dans les Marais du " Luneburger Heide" Holzminden, 29 août 1917., 6 h. soir. — Nous rentrons de corvée, C... et moi. Un copain nous croise: "Dépêchez-vous, on vous attend, vous êtes du convoi des punis qui partent à Lichtenhorst... Vos affaires sont prêtes... Bonne chance..." Il a dit Lichtenhorst à peu près comme on dit: "Au cimetière," "à la guillotine" ou quelque chose d'approchant. 30 août, 1 heure du matin. — Le convoi, une quarantaine d'hommes, s'en va le lendemain, dûment escorté. Punis... Nous le sommes tous ou à peu près, pour le même motif : "Avoir mis deux LL majuscules à Liberté et essayé de mettre la frontière entre les Boches et nous." Beaucoup de Belges, quelques Français, un Roumain, deux Russes et des Polonais, hâves et décharnés avec des mines de oliiens battus; deux Finlandais et un Esthonien tout aussi fantomatiques, détonent parmi les sujets du Tsar par un je ne sais quoi d'énergique et de volontaire qui émane de leur tenue-et de leurs grands yeux bleus profonds, tout remplis de rêves... lis sont là tous trois silencieux et recueillis au milieu de tout un mondç qui parle et chante pour s'étourdir.Tandis que nous mangeons, l'un d'eux s'est détourné d'un mouvement presque imperceptible : une larme furtive trop longtemps retenue s'échappe de son œil, mais sitôt maîtrisée, il s'est redressé. "Pijalsta tavarich" (s'il vous plaît, camarade)" dis-je en lui tendant quelques biscuits. "Spaciba (meroi)"... Il ne sait s'il doit aooepter ou non, surpris qu'un autre saohe qu'il a faim. Je dis "ils," car ils ont l'esprit de raice et l'un d'eux ne mangera pas sans avoir préalablement partagé. Leur âme collective s'est tournée v.ers moi. Le plus grand dit: "Laissez-moi donner à ceux qui ' ont," et ses yeux ^regardent obstinément mes vieux souliers éculés et bâillants, que ' je oherohe vainement à cacher dans l'encombrement des sacs et des caisses. Je lui .réponds: "Vous attendriez longtemps." Us ne disent plus rien, mais leurs trois expressions amaigries répondent: "Nous le savons." Le paysage nouveau, rn tunnei, l'eau qui coule au fond des vallées viennent brouiller les mille et une pensées qui se heurtent en mon cerveau; j'ou'blie mes trois Finlandais, les heures passent... Friensen, Celles, Hanovre, Schwarm-stadt. Neuf heures du soir, lions descendons à la gare de Rethem. Il fait noir, il pleut, un vent mauvais nous fouette le visage. Nous sommes quarante, et trois d'entre nous ont un mamteau. Alignés sur le quai, nous attendons... Le chef du transport demandé; un interprète; quelqu'un se présent». "Dites-leur que le premier qui s'écartera à droite ou à gauche risque d'être fusillé. Il fait noir et j'ai la responsabilité du transport." "Abmarch." Par une route cahoteuse à moitié terminée, en sabots pour la plupart, les pieds blessés ou malades, nous traînons dans la nuit, tel un cortège de fantômes. Douze kilomètres dans ce pays du diable, par le temps qu'il fait et sur pareille route! Les gardes sont furieux... ils expectorent leur rage en des crachats rau-ques et caverneux d'échappés d'hospices ou de mal bâtis, employés à l'arrière. Nous sommes trempés jusqu'aux os, l'eau nous coule le long du dos, nous marchons. Un faux pas, deux hommes qui se heurtent dans l'ombre, des jurons, des lamentations. Arriverons-nous ? Si encore on avait transporté nos caisses, nous serions arrivés plus vite. Si, au moins, nous étions protégés du vent par des maisons, un1 bois. Quelque chose enfin,

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Cet article est une édition du titre Le Belge indépendant appartenant à la catégorie Liberale pers, parue à Londres du 1918 au 1919.

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