Le matin

1773 0
close

Pourquoi voulez-vous rapporter cet article?

Remarques

Envoyer
s.n. 1914, 16 Juillet. Le matin. Accès à 24 avril 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/rn3028qq1j/
Afficher le texte

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software.  

Jeudi 16 Juillet 1914 arjtfrina'tirfiiiéaaaiftamrtttiiiifcibagtt'frwtffc^ i —^«rtnïi èêê i^«**wg DOUZE Ë*AGE§~CIIVOCMMTSME8 " 21me Année — n° 197 v ft" %J \ ■•'■■ V RÉDACTION 39 VIÉIL'LE BOURSE, 39 ■ is i Ar«VES4S Téléphone Rédaction : S l'y — ^uonnements : 1 Un an . . , . .lr. ÎS.OO Anvers \ Six mois G.2>0 AK /Trois mois .... 3.SO 1 Un an Ï1S.OO Intérieur ] Six mois g îîO /Trois mois .... î».00 Étranger : Fiance, Angleterre, Allemagne et Union postale, par trimestre, fr. O.OO. - Hollande c! Grand-Duché, par trimestre, fr. î'oOO» I Abonnement se poursuit jusqu'à refus formel. LE MATIN ADMINISTRATION 39,VIEILLE BOURSE, 39 ArevEit© Téléphone Administration : S6I C. de CAUWER, Directeur Aanoiiees : Annonces la petite ligne, fr. 0.30 Annonces financières id s 1 OO Réclames la ligne, t 1.2»4> Faits divers corps id. > ït .OO Chronique sportive id. » 3 OO Faits divers fin id. > 2.00 La Ville id. > ÎÎ.OO Emissions Prix à convenir. Les annonces de la France, de l'Angleterre et de l'Amérique sont exclusivement reçues à Bruxelles ckes mm. j. lebegue & Ço. JOURNAL QUOTIDIEN UN MÉFAIT DE L'INDUSTRIALISME le Sonneur! Personnage énigmatique et philosophique aimé et chanté par les poètes et les roman-i ciers. Comme le fossoyeur, il est un peu en dehors de l'humanité; il sonne: il sonne toujours quoi qu'il doive annoncer; il son-I ne la joie; il sonne le danger; il sonne la mort. C'est l'être détaché des contingences Je ce monde, indifférent aux événements I auxquels il consacre une sonnerie spéciale; il sonne! i Hélas! Le sonneur, le maître de l'heure donnant l'envolée aux sonneries ailées des cloches, a vécu. L'industrialisme l'a tué. Et en quels termes! Ecoutez ce style de j prospectus d'une revue scientifique annonçant cette grande nouvelle. On dirait l'ai-I gre réclame de Mac Nab en faveur des poêles mobiles, intercalée entre les strophes [ d'une poésie lyrique. «L'usage de l'électricité pour la sonnerie | des cloches s'impose davantage chaque jour | devant les exigences et la rareté de la I main-d'œuvre; toutefois, il fallait trouver [ un système simple, sûr de marche et écono-[ inique d'installation comme d'entretien, un [ appareil enfin qui puisse être abandonné à | lui-même sans autre soin qu'un peu de [ graissage; il fallait encore que cet appareil puisse fonctionner sur tous les courants; continu ou alternatif, tels que les distri-[ huent les nombreuses stations centrales d'é-[ lectricité qui étendent leurs lignes souvent [ sur une très grande étendue de territoire.» Un peu de graissage; ô Schiller, quel détail pour ton ode célèbre! * * * C'est la sonnerie envolée, la sonnerie des I joies et des grandes fêtes, la sonnerie à I tours de bras où les cloches, emballées, sou-[ lèvent d,e terre le sonneur et ses aides, I cramponnés aux cordes, la sonnerie aux [ sonorités sans cesse grandissantes emplis-Isant le clocher d'une vibration continue. Les cloches destinées à être toises en t volée sont actionnées chacune par un moiteur leur transmettant son effort par une lîchaîne et des poulies. Un câble actionne un I appareil de commande envoyant le courant [ électrique dans ce moteur, l'interrompant, I en renversant le sens, entretenant un mou-Lveinent régulier, régulier, régulier. C'est [ abominable de régularité; l'oscillation est I limitée par un maximum, un frein interdisant à la cloche de s'emballer. En bas, dans un réduit quelconque ressemblant à un coin d'usine, un sacristain rcrasseux met les cloches en volée en fer-I mant, sur un tableau de commande en mar-l.bre, les interrupteurs correspondants et I suit froidement sur l'aiguille d'un ampére-[ mètre, les oscillations de chaque cloche, [ prêt, au besoin, a se servir des coupe-cir-Icuit de sécurité. i Pour arrêter, le sacristain ouvre simple- | ment les interrupteurs. * # * C'est la sonnerie tintée, la sonnerie légère et aérienne de l'angelus, la sonnerie fignolée par l'artiste, installé à côté de sa I cloche et tirant sur le battant pour ne frapper qu'une des parois. [ Le sacristain procède autrement. Chaque I cloche est pourvue d'un électro-aimant soulevant un marteau qui frappe la cloche i I tinter. ; Tous les électro-aimants sont commandés [ sur le tableau de marbre par un bouton | électrique qu'il suffit de presser et de lâcher [ Pour faire tinter la cloche correspondante. On sonne ainsi facilement l'angelus par [Une série de tintements terminés par une Icloche mise en volée. * * * C'est le tocsin. Le sonneur tinte à coups ! rapides, précipités; il tinte nerveusement, [rageusement, tout en suivant de l'œil, du de sa tour, les progrès de l'incendie, j ûe l'émeute... ou de la Saint-Barthélémy. 10 Sonneur de Saint-Germain l'Auxerrois! j dusses-tu donné le signal fatal si tu n'avais Pu entendre ni les cris de haine ni les cris e détresse ni pu suivre les lueurs rou-I Voyantes des torches et si tu avais dû, i comme si tu écrivais éternellement la même Pyllabe sur une machine à écrire, presser alternativement deux boutons actionnant Peux marteaux? Ce n'eût, plus été déchaî-er l'horreur que-de remplir cette mission | e sage électricien. * * * I, c'est la sonnerie de mort: il faut met-e une cloche en volée et faire tinter deux ■cloches voisines. ■tp 'e sonneur> allez les aides; allez len-ïnJn.ent et régulièrement. Qu'à chaque son- : KL n.e du bourdon, aux vibrations s'éva-[ iJ1'^1^' succèdent deux tintements grè- ; ■qui ' sonnerie suprême; c'est celle ■et ,Siera aussi sonnée pour vous, sonneur I voi 6S' raa's un autre remplacera l'un de I oln 1aux cordes. Sonnez; chaque coup de 1 est un pas vers l'éternité. I tartec mise en volée actionne des con-? ,env°yant alternativement le courant Ullue dans deux électro-aimants com- [; mandant des marteaux qui viennent frapper les deux cloches voisines, et cela à des intervalles réguliers et bien en accord avec les battements de la grosse cloche en volée. Un interrupteur spécial, placé sur le tableau de marbre, commande ces deux élec-tros; cet interrupteur est fermé lorsque la grosse cloche commence à sonner en volée, puis ouvert. La sonnerie de mort est ainsi parfaitement réalisée automatiquement dit froidement l'organe scientifique. Pour arrêter, il faut ouvrir d'abord l'interrupteur commandant le moteur de la cloche en volée, puis ouvrir l'interrupteur des électros quand la grosse cloche commence à voler. * * * Toutes les sonneries se trouvent ainsi réalisées d'une façon pratique et automatique et la fonction de sonneur est radicalement supprimée. Et la consommation d'énergie électrique est absolument insignifiante. Notre confrère assure que les fabriques d'église s'en tireront pour trente sous par mois. Trente sous pour tant d'automatisme! Ca n'est pas payé! Trente sous, morbleu! pour supprimer quasi modo! C'est pour rien! Automatisme et industrialisme, que nous voulez-vous? Votre tableau de marbre est une pierre tombale sous laquelle gît le sonneur.Il sonnait, le pauvre, il sonnait même irrégulièrement, sa sonnerie était parfois plus lente, parfois plus pressée, parfois un peu fantaisiste. Mais cette irrégularité avait son charme et nous aimions surtout ces battements, ces tintements en retard des fins de sonnerie, ces coups de cloche que le sonneur ne parvenait pas à retenir, et qui tombaient, isolés, comme un soupir musical. Fini: ce sera sec, régulier, automatique et mécanique. Nous ne savons si c'est un progrès. C'en est peut-être un pour Lux, scientifiste impénitent, mais il nous semble que c'est encore un peu de la poésie et du symbolisme des églises qui s'en va. Numa Carnet de route lL.orresponuaiice parue uneie uu L'enchantement d'Alger Alger, juillet. El Djezaïr, la magnifique, diamant serti dans l'émeraude, Alger, s'est découverte à nos yeux ce matin. Depuis l'aube.comme un écran d'azur fonce, le massif kabyle s'interposait entre l'horizon et la mer, quand tout à coup, la pointe d'un petit promontoire tournée, la baie tout entiere s'est offerte à nos regards émerveillés. Je renonce à décrire la gloire fulgurante de ce paysage. Imaginez un cirque immense de montagnes et de collines, vertes aux premiers plans, mauves dans les lointains. La mer calme, incendiée de soleil, intensément bleue, en baigne les rivages cependant qu'au fond la ville blanche grimpe au flanc de la côte et s'arrondit, se déroule, se prolonge en demi-cercle, sur une distance de cinq ou six kilomètres entre la Maison carrée, à l'extrême gauche, et le phare de l'Amirauté. A mesure que l'on approche le détail se découvre, de la ville et du port. Les habitations qui bordent la rade sont uniformément garnies de hautes arcades au rez-de-chaussée. Elles comptent quatre et cinq étages, de sorte qu'au premier coup d'œil on dirait d'une rue de Rivoli transportée au bord de la mer. Mais au-dessus, tout de suite, c'est l'entassement des villas mauresques —tours carrées, toits en bulbe, dômes, pinacles, minarets, terrasses — et la verdure, l'envahissante et tumultueuse verdure tropicale, avec les couronnes en bouquet des palmiers, les masses lourdes des cactus épineux garnis de leurs fruits rouges, les feuilles souples et comme effilochées des bananiers. Douceur heureuse, terre bénie des dieux, perle de la mer enchantée, voilà tes noms, Alger ! L'installation du port dans ce havre naturel, n'a pas causé grand'peine. Deux môles tendus (levant la ville isolent au fond du golfe un coin de mer. C'est tout. Les navires entrent par une passe de deux cents mètres et jettent l'ancre. Le long de leur bord viennent se ranger les radeaux, les bacs, les chalands. Il est neuf heures lorsque le Princess Alice vient au mouillage. Autour du navire deux pontons,alourdis de charbon empilé en masses ( cubiques, viennent amarrer, tandis qu'au fond le barques brunes une cinquantaine de porteurs arabes, noirs de poussier, s'apprêtent à remplir les mannes à l'aide desquelles on va charger le combustible. Plus près, dans l'eau qui scintille, nus et bronzés, de petits plongeurs passent et repassent comme des dauphins. Du haut du pont les passagers, riant, criant, gagnés déjà par l'in-jomparable griserie qui tombe du ciel avec la lumière et remonte avec elle de la mer, leur lancent des piécettes d'argent. Et les petits nageurs de plonger et de rattraper la monnaie parmi l'eau transparente qui s'irise. Ciel bleu, mer bleue, ville rose et fond de lécor vert, c'est El Djezaïr, diamant serti dans l'émeraude. Un canot à moteur nous met à quai. Et dès lors la ville européenne se révèle toute. En roici la physionomie en deux mots : un coin le Paris sur là côte d'Afrique. Encore est-ce le Paris des plus nouveaux quartiers. Les maisons à six et à huit étages, tout en pierre blanche, abondent. Ce ne sont que magasins de luxe, restaurants, garages automobiles, hôtels particuliers. Voici, dans les rues secondaires, le bar français avec son zinc, le bureau de tabac, le kiosque à journaux. Les tramways électriques filent dans toutes les directions, les ' lutos ronflent, les omnibus se succèdent. Mais il y a parmi tout cela le soleil et sa magie, | j la blancheur rose qui illumine tous les murs, et les palmiers. Puis il y a l'Arabe aussi. Au-I tant le public de nos villes est anonyme et froid, autant ici le promeneur est pittoresque. Les rues fourmillent des uniformes clairs des soldats coloniaux — zouaves et chasseurs d'Afrique — des burnous blancs, des turbans jaunes et du fez rouge des indigènes. L'Arabe est partout, passant, musant, rôdant, dormant; il s'attable aux terrasses des cafés ou vend les journaux du soir, suivant qu'il est caïd ou galopin issu des souks de la rue du Chameau et du quartier israélite. Vous le trouverez debout au bord du trottoir, drapé dans ses haillons blancs, gris et bleus, des babouches aux pieds, un chapeau de paille conique à larges bords enfoncé sur la tête, rêvant avec une inaltérable et souveraine majesté. Il tient son écran de paillon d'une main et fume sa cigarette de l'autre, avec une noblesse que la pauvreté ni l'asservissement ne sauraient amoindrir. Il a des aïeux et s'en sourient. Et d'ailleurs, n'a-t-ii aussi pas le soleil magnifique d'Allah et sa mer caressante et bleue ? Mustapha Le quartier chic, résidence d'été du gouverneur et séjour des Européens riches, est à Mustapha supérieur. Un tram électrique y conduit qui grimpe de pente en pente à l'est de la ville, sur les vertes collines du Sahel. On passe par le Jardin d'essai, qui est un parc tout planté de palmiers, de dragonniers, d'oliviers, de mûriers, de lataniers et de platanes. Tout y pousse, croît et s'enchevêtre avec une sorte de fureur. Le datura y fleurit, et l'aloës, et le bougainvillier aux touffes violettes. C'est un coin des tropiques, ou mieux, une oasis. Plus haut, à mi-côte, se découvre le cimetière arabe avec ses pins-parasols, ses cactus géants, ses cyprès. Puis c'est le « ravin de la femme sauvage », tortueuse déchirure de la montagne, au fond de laquelle se découvre, par-dessus le panorama azuré de la ville, la douce et miroitante mer. De l'autre côté de la colline, un quart d'heure de marche nous conduira au quartier arabe, le plus ancien d'Alger, où se trouve la citadelle; la Kasba ! Il faut ici que vous fassiez abstraction de toute notion de cité que vous auraient léguée nos villes occidentales. Le quartier juif et le quartier arabe sont constitués par un fouillis de ruelles en escalier dont les marches ont tantôt six mètres, tantôt deux, et dévalent l'une dans l'autre, à gauche, à droite, sous des arcs de cintre, des voûtes, des tunnels, des couloirs et des corridors. Lorsque la rue est large, elle a trois mètres; ordinairement les façades des maisons se rapprochent dès l'étage, de telle façon que le.s fiancés arabes se puissent émbrasseï étroitement de l'un côté à l'autre de rue. Entre le haut des murs, le ciel écrase un mince ruban d'azur. A terre, c'est un pavage incohérent, de granit bleu et blanc. Pour l'Arabe, il vit dans la rue. Au rez-de-chaussée de chaque maison, à côté de la porte peinte en vert ou en noir, s'ouvre un magasin, un petit ate^'er, un café en plein air. Un auvent de bois domine l'étal, et comme tout de suite les étages, percés de minuscules fenêtres carrées et grillagées de fer, saillent, d'un demi-mètre sur l'entresol, des piquets de bois alignés formant râtelier servent d'étais tout le long de la façade. En bas, des profondeurs bleues tapissées de céramique algérienne, se creusent et se compliquent; et ce sont dans la rue de la Mer Rouge, ou dans celle du Lézard, les mêmes petits ateliers de brodeurs, de cordonniers, les mêmes épiceries, les mê-mes éventaires de maraîchers où rutilent les gousses de piment, les courges et les pastèques. Des bouts de la rue dégringolent les petites « croyantes », tout emmitouflées de blanc et voilées jusqu'aux yeux, coulant entre leurs cils bombés et leurâ sourcils de velours, des regards bruns et noirs pleins d'ironique moquerie. L'Arabe superbement pouilleux, en loques bleues," en haillons gris, le turban serré sur les tempes, est accroupi par terre, à moins qu'il ne gise dans le premier coin d'ombre ou qu'il ne marche, nonchalant et bronzé, maniant une baguette longue, espèce de verge d'Aaron, qu'il porte sans trop savoir pourquoi. Dans ses petits cafés, assis en rang sur des bancs de bois, il s'éterni'se en parties de domino et en conversations tranquilles. Ce peuple respire la sagesse et la plus saine philosophie par tous les pores. Il vit pour vivre, sans plus, ses sages, ses poètes et ses mathématiciens ayant fait pour lui le tour des choses et ne lui ayant rapporté que la fleur suprême du « Rubayat » d'Omar Khayam : « Ici, avec une coupe de vin, une miche de pain, et Toi, chantant à mes côtés, le désert me sera le meilleur paradis. » Le café maure Je suis retourné ce soir, comme pris de nostalgie, vers tel minusculfe café arabe de la rue des Tanneurs — si vous la pouvez comparer à la vôtre 1 — où un brave homme de Maure m'a préparé à grand renfort de cafetières minuscules le plus délectable moka. A cette heure, encore que la lune soit dans son plein et l'azur d'une profondeur immaculée, les ruelles du quartier sont presque noires. Quelques anachroniques becs de gaz en éclairent les pentes, dans tels recoins. Je retrouve partout d'ailleurs les visages de la journée. La partie de domino nulle part n'est terminée, ni la broderie, ni la friture de piment qui rissole, en plein air, dans un poêlon concave. Devant son petit feu de bois incandescent niché à hauteur d'appui dans la céramiqup du mur, l'hôte manie encore ses curieux ustensiles. Un pot contient de l'eau bouillante; un autre le café moulu. Des godets de métal blanc, montés sur une baguette, servent à tendre au feu le café mouillé, qui doti bouillir trois fois. Il est ensuite additionné d'eau chaude et servi dans une cafetière de poupée dont la contenance est de moitié plus petite que notre demi-tasse. Avec des gestes prudents, éternels, identiques, le cafetier nous prépare le divin breuvage qui stimule la pensée et libère l'esprit. — Combien? — Un sou. Et je prends place sur le banc de bois parmi les consommateurs bénévoles. Toute la pièce à bien deux mètres sur trois. A l'entrée quatre joueurs de dominos sont accroupis autour d'un tapis. Au mur, le banc où nous sommes qua-J tre, l'hôte compris. Au fond, du haut d'une es- { pèce de soupente, un Bédouin à demi couché \ nous regarde en portant à ses lèvres sa tasse f de porcelaine toute petite. I L'hôte parle et l'un des consommateurs se i mêle par instants à la conversation. j — J'ai été cinq fois à Marseille, dit-il, deux fois à Lyon et j'ai travaillé à Paris. Là-bas il me fallait sept francs par jour pour mourir de faim. Ici, si tu as deux francs, tu es riche. î Toujours le beau soleil, l'air libre et les J fleurs. Viens habiter ici. Là-bas, au coin de : la rue des Tanneurs, tu achèteras une maison. J'en connais tant qui sont venus du Nord * et ne sont jamais repartis. f Et le consommateur de bronze cuivré d'in- c tervenir, sur un ton las: — Laisse. Il ne viendra pas. A chacun sa patrie. — Encore une tasse de café, reprend l'hôte, * fais-moi le plaisir d'accepter; c'est moi qui l'of- f fre. 1 Je pense en ce moment à l'emprise des pays J musulmans sur nos esprits d'Occidentaux; je Songe à la passion de Pierre Loti pour ses ï amis de Stamboul, et à Lucie Delarue-Mar- drus et à Myrrian Harry. A quoi sert notre agi- c tation? Prolonge-t-elle l'heure fugitive où nos yeux boivent l'inépuisable splendeur du monde? Nous venons de lever l'ancre. Adieu perle vivante de la mer bleue, adieu fleur, musique <- inquiète qui s'alanguit sur un mode mineur, 1 adieu lumière, adieu féerie. Sous nos yeux, découpée en çampes de c flammes que l'eau décuple et réfléchit. Alger i tout entière s'abandonne. Très naut, dans 'un è ciel de turquoise mourante, la lune resplen- 1 dit. La mer est immobile, comme épuisée d'à- 1 Voir palpité tout le jour. Dans le port quel- 1 ques barques silencieuses glissent. Sur les c hauteurs de Mustapha, les lumières scintillent c comme autant de lucioles dans son parc des 7 mille et une nuits et sans doute le muezzin monté dans la tour blanche rappelle-t-il l'heu- r re fugitive à l'insouciance des croyants. r Adieu, Alger-la-Blanche! Adieu, l'hôte-cafe- s tier de la très bonne auberge. Adieu, mes frè- c res de rêve! Il n'est de Dieu qu'Allah. c René Sancy * LES FAITS DU JOUR c LE «HOME RULE > t: I , La Chambre des Lords a abordé avant-hier la Ë discussion, en troisième lecture, du bill d'à- ) mendement du Home rule. Lord Crewe, au nom du ministère, a repro- ( ché à l'opposition d'avoir accru la portée des c propositions du gouvernement, sans s'occuper d de la situation qui serait faite aux arrondissements catholiques de l'Ulster. Les arrondissements nationalistes csftholi- s ques ont, dit-il, autant le droit de soulever I des critiques à l'égard du gouvernement de a l'Ulster, que les arrondissements protestants en ont de soulever des objections vis-à-vis du 1 Home rule. g q Lord Crewe critique en détail les amende- 1 ments apportés par les lords. , ^ Lord Lansdowne reproche à Lord Crewe de se renfermer dans le bill du gouvernement L et de ne rien faire pour collaborer avec l'op- E position, en vue de trouver un terrain d'en-tente. a En tout cas, dit-il, l'exemption permanente de la province de l'Ulster du bill du s Home rule et indispensable si nous voulons e nous épargner une guerre civile. a La Chambre adpote ensuite, à mains levées, n un amendement de Lord Dunraven, ajournant ^ l'application du Home rule jusqu'à ce qu'une £ commission spéciale ait fait rapport sur les a relations constitutionnelles de l'Ulster avec les e autres parties du royaume. Lord Morley dit que la Chambre aurait agi r plus honnêtement en repoussant le projet de ti bill. a Ainsi s'est terminé le débat. Les Lords ont d voté le bill en troisième lecture et ont levé la séance. c Fox. n c L Etranger li La politique française « M. POINCARE RETARDE SON DEPART POUR LA RUSSIE b PARIS, 15. — En raison de la prolongation a de la session parlementaire, le président de la n République, qui devait qu.itter Paris ce matin P à 11 heures, pour aller s'embarquer à Cher-bourg à destination des eaux russes, a décidé de retarder de quelques heures son départ de Paris. M. Poincaré partira ce soir à minuit pour Dunkerque, où aura lieu l'embarquement. Le commandant de la division navale qui L accompagnera le chef de l'Etat en Russie, a g, été avisé dès ce matin de cette modification au programme du voyage présidentiel. LA PRESSE ALLEMANDE ET LE DISCOURS DE M. HUMBERT L BERLIN, 15. — Les journaux allemands publient des commentaires à propos de la séance du Sénat et du discours de M. Charles Hum- c' bert. ei La catholique Germania écrit: u M. Clemenceau et ses collègues, qui se mon- n trent si ardents actuellement, ne connaissent- te ils donc que d'hier l'état de l'artillerie française?... M. Clemenceau lui-même a pourtant, K été président du conseil et ses amis ont occu- j a ié à plusieurs reprises le même poste. U est rai que tous avaient une autre préoccupation: aire surtout la guerre à l'église catholique, ït maintenant, voilà qu'ils s'aperçoivent des légligences commises pour la défense du lays1 ». La Gazette de Francfort écrit: « Le fait que le ministre de la guerre a pu ré-iondre au rapporteur qu'il n'était pas préparé , ces révélations, a produit une impression pi-oyable. Le président du conseil n'a pas été ion plus en état d'effacer cette mauvaise im-•ression. Toute cette affaire n'est pas un bon irélude au voyage du président de la Républi-;ue et du président du conseil en Russie ». LE CONGRES SOCIALISTE PARIS, 15.—Le congrès socialiste a discuté a question des moyens éventuels pour em-lêclier la guerre. Les orateurs sont partagés. ,es uns estiment qu'il ne servirait à rien de larler d'insurrection et de grève générale en emps de guerre alors que l'on sait qu'on ne iourrait le faire. Les autres demandent qu'on asse davantage confiance à la puissance sô-ialiste.Aucune décision n'a été prise. La politique allemande UN PROCES INJUGEABLE BERLIN, 15. — La Gazette de Francfort dit ;ue le procès de Rosa Luxemburg ne sera ja-oais, ne peut pas être jugé. En effet, l'article 22 du code de procédure riminelle enjoint que ne peut siéger comme uge dans une affaire de diffamation tout ma-:istrat apparenté directement avec la person-ie diffamée ou apparenté avec elle collaté-alement jusqu'au troisième degré ou par al-iance jusqu'au troisième degré. Or, l'acte l'accusation contre Rosa Luxembourg l'in-ulpe d'avoir diffamé, dans ses discours du mars 1914, les officiers, sous-officiers et sol^ .ats, anciens et actuels, de l'armée prussien-le. Si donc un seul juge de la chambre des aises en accusation ou du tribunal est allié, uivant les termes de l'article 22, à un officier u soldat de l'armée prussienne (la personne iffamée), toute la procédure est nulle, d'après 'article 377, et la .cause doit être portée à louveau devant la Cour de l'Empire. Or, étant .onné le caractère à peu près universel de armée prussienne, dans les rangs de laquelle assent un ou plusieurs membres de presque haque famille en Prusse, il est à présumer ue le cas de cassation dans le procès Luxem-urg se présentera une ou plusieurs fois. On •ortera la cause devant la Cour de l'Empire? lais la même difficulté s'y présentera. Trou-era-t-on dans cette Cour sept juges tous com'-lètement étrangers, par leurs procires, à Parlée prussienne ? Ce n'est pas possible. La lour n'aura pas plus le droit de siéger dans e procès que le tribunal.Le procès Luxemburg evra donc être remis ad infinitum. LES AUGMENTATIONS DE LA MARINE ALLEMANDE RERLlN, 15.—Le lieutenant de vaisseau Per-ius critique, dans le Berliner Tageblatt, le rojet d'augmenter de nouveau les armements u cours de l'exercice budgétaire prochain. « Les feuilles semi-officieuses ont bien pré-3ndu, écrit le Berliner Tageblatt, qu'il ne s'ev-issait pas d'un nouveau programme naval, u'il était tout simplement question d'augmen-sr les effectifs de la flotte afin de pouvoir ntretenir à l'étranger un plus grand nombre e bâtiments. » Mais on peut objecter à cela que, d'après i loi en vigueur, une augmentation des équi-âges n'est pas permise. Le dernier program-. le naval n'avait pas prévu seulement le nonn re des vaisseaux à construire, mais il fixait ussi l'augmentation des équipages et les épo-ues où elles devaient avoir lieu. » Donc, ou les équipages resteront tels qu'ils ont aujourd'hui, ou un nouveau projet naval st nécessaire. » La mesure en question s'impose-t-elle ? joute le Berliner Tageblatt. D'après la der-ière loi, le chiffre actuel des équipages avait té déjà considérablement augmenté. Il était assé de 64,500 en 1912 à 79,386 en 1914, soit ne augmentation de 15,000 hommes en trois ns. La marine anglaise elle-même n'a pas nregistré une pareille augmentation. » En 1912, elle comptait 136,451 hommes; ae-jellement, elle en possède 151,363. Or, la ma-ine anglaise a une capacité totale de 2,205,000 )nnes, contre 1,019,000 tonnes pour la marina llemande. » Le nombre des équipages actuels suffit onc largement. » D'autre part, le peuple allemand a dépehsé ette année 2 milliards 245 millions 633,000 îarks pour son armée et sa marine, ce qu'au-, an peuple de la terre n'a pu faire encore, a Russie paie 1 milliard 634,908,000 marks et Angleterre 1,640,990,000 marks. Le budget mi-taire français, non encore voté, est estimé our cette année à 986,600,000 marks plus 500 allions 500,000 marks pour la marine, soit n tout 1,440 millions de marks. » Par contre, les dépenses de nos alliés sont ien modestes, car l'Autriche dépense pour son rmée 575,000,000 marks et 150 millions 500,069 îarks pour la marine; l'Italie, 369,400,000 larks pour l'armée et 260,200,000 marks pour i marine. » La situation en Orient ENTRE ALBANAIS ÊT EP1ROTES JANINA, 15. — Iji ville de Tepelon a été rise par les bataillons épirotes qui ont voulu révenir l'attaque de cette ville par les in-îrgés albanais. Dépêches diverses A RUSSIE TOUT ENTIERE S'EMEUT DU SORT DE RASPOUTINE PETERSBOURG, 14. — Les dernières dépê-îes concernant Raspoutine déclarent qu'il ;t à toute extrémité. Les nouvelles de l'attentat' qui a produit ne si grosse sensation à Pétersbourg, continent de soulever de nombreux commen-.ires.La meurtrière est une paysanne du nom de hionie Gousseeff. Elle est âgée de vingt-huit as. Tout récenjment, elle a séjourné siSc

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software.  

Il n'y a pas de texte OCR pour ce journal.

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software.  

Il n'y a pas de texte OCR pour ce journal.

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software.  

Il n'y a pas de texte OCR pour ce journal.

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software.  

Il n'y a pas de texte OCR pour ce journal.

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software.  

Il n'y a pas de texte OCR pour ce journal.

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software.  

Il n'y a pas de texte OCR pour ce journal.

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software.  

Il n'y a pas de texte OCR pour ce journal.

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software.  

Il n'y a pas de texte OCR pour ce journal.

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software.  

Il n'y a pas de texte OCR pour ce journal.

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software.  

Il n'y a pas de texte OCR pour ce journal.

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software.  

Il n'y a pas de texte OCR pour ce journal.

Ajouter à la collection

Périodes