Le soir

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s.n. 1914, 05 Août. Le soir. Accès à 29 mars 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/mk6542k557/
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Les Allemands, violant la foi jurée, viennent de déclarer la guerre à la Belgique. L'heure n'est plus aux discours ni aux articles. Il faut se défendre ; il faut que tout le monde fasse son devoir. Et tout le monde le fera. L'Angleterre jette son épée dans la balance pour la cause du droit, de la justice, de la liberté. Car il ne faut point s'y tromper. Il s'agit du choc sinon de deux civilisations, du moins de la lutte entre deux mentalités : l'une, la mentalité des dirigeants allemands qui ne reconnaît que la force, la brutalité; l'autre, celle des Latins et des Anglais, qui a comme idéal la justice et la liberté. C'est pour le plus précieux des biens de l'homme que nous nous battrons ! Nous lutterons donc jusqu'au bout, car è quoi nous servirait de vivre en esclaves ? Haut les cœurs ! Tous debout ! et vive la Belgique libre -et indépendante ! Voir plus loin nos Dernières nouvelles L'ULTIMATUM ALLEMAND Mesures d'intimidation L'Ultimatum lancé par l'Allemagne à la Belgique aurait été interprété trop formellement, affirme le ministre d'Allemagne, M. de Below qui, dimanche matin, nous déclarait que jamais l'Allemagne ne songerait à violer la neutralité belge. Voici, en effet, la déclaration envoyée par le diplomate allemand à l'Agence Havas : Le ministre allemand a déclaré que, pour ccuper court à toutes les informations erronées mises en circulation lors de la remise de sa note au gouvernement belge, il avait demandé qu'au cas où l'Allemagne aérait obligée de traverser la Belgique certaines facilités lui fussent accordées. Si le passage de la Belgique devenait nécessaire, on ne pourrait y voir qu'une simple mesure de stratégie. L'Allemagne n'a jamais eu et n'a pas l'intention de faire le moindre mal à la Belgique. Bien au contraire, les sentiments <ie l'Allemagne envers la Belgique continueront toujours à être empreints de la même sympathie et de la même cordialité. Si les Allemands traversent la Belgique, ce sera uniquement parce qu'ils y auraient été obligés par l'attitude de l'adversaire. Nous avons demandé de pouvoir faire usage des routes et le libre passage, sans obstacle. Nous avons demandé ceci parce que nous sommes sûrs que l'ennemi est massé de l'autre côté, sur la ligne Givet-Naraur. Nous avons des renseignements exacts nous permettant de dire que l'armée française est massée sur cette ligne. Tout dernièrement, du reste, notre état-major en a été averti, et c'est contre un mouvement français qui menacerait notre aile droite et pourrait être très dangereux pour notre mobilisation que nous avons été obligés de faire notre demande. Nous n'avons nullement l'intention de violer la neutralité belge. Contrairement à la nouvelle répandue par les journaux et suivant laquelle le ministre d'Allemagne aurait demandé la disposition des forts de Namur, M. de Below a démenti formellement cette information. Le ministre a déclaré, en terminant, que ses sentiments d'affection envers la Belgique étaient toujours les mêmes, et qu'il regretterait beaucodp si les circonstances amenaient l'Allemagne à être obligée de traverser la frontière. La faute n'en serait pas à nous, a-t-il dit, car nous y aurions été forcés par les circonstances Nous n'ajouterons rien, sinon que cela témoigne d'une absence totale de sens moral. Le roi Albert échange des téSégrammes avec Ee Kaiser Le Roi, dès hier, a télégraphié à l'Empereur pour lui témoigner l'étonnement Indigné que lui avait causé l'attitude de l'Allemagne, attitude si contraire aux affirmations les plus formelles. Le Kaiser a répondu que « 'es destinées et l'avenir de l'Allemagne ne lui permettent pas de modifier ses intentions ». « Il est temps encore, aurait ajouté Guillaume II, que je garde pour la Belgique l'amitié que je n'ai cessé de lui témoigner. » Donc, si nous ne cédons pas, on nous passera sur le corps ! Etrange amitié ! Les desseins de l'Allemagne à l'égard de la Belgique s'attestent d'ailleurs dans les déclarations officielles anglaises. Déclaration de sir Edward Grey - Le coup de l'ASSemagne était prémédité Le ministre des affaires étrangères d'Angleterre, sir Edward Grey, a fait hier après-midi, à la Chambre des communes, la déclaration suivante : La semaine passée on a soumis au gouvernement britannique la question de savoir si l'Angleterre r.coept<;rait comme suffisante une déclaration portant que l'intécrijé territoriale do la Belgique serait assurée er. tout cas après la guerre. Le ministre anglais aurait répondu à cette eirunye ccmmun:caiion qu'il ne lui était pas possible de faire un marchandage quelconque au sujet de l'intérêt qu'a la Grande-Bretagne de voir respecter la neutralité de la Belgique. C'est-à-dire que si la convention a forfait à notre égard, on nous ferait peut-être l'honneur de nous laisser indépendants après la guerre... indépendants, probablement, à la manière de l'Alsace-Lorraine. Rupture des Relations diplomatiques entre la France et l'Allemagne Paris, 4 août. La rupture des relations diplomatiques entre la France et l'Allemagne est due à l'initiative de l'Allemagne. Londres, 4 août. Le «Times» annonce que l'ambassadeur d'Allemagne a reçu ses passeports et a quitté Paris, à -<0 heures du soir, hier. Le gouvernement français a immédiatement envoyé des instructions à l'ambassadeur de France en Allemagne pour qu'il demande ses passeports et quitte Berlin. Paris, 4 août. M. de Schoen a quitté Paris à 10 heures du soir avec le personnel de l'ambassade et du consulat d'Allemagne, ainsi que les membres de ia légation de Bavière. Le gouvernement français a ordonné à l'ambassadeur de France de quitter Berlin après avoir remis les archives de l'ambassade et la protection des intérêts français à l'ambassadeur des Etats-Unis. M. de Schoen a prié l'ambassadeur des Etats-Unis de vouloir bien se charger du 90ln des intérêts allemands en France. Les Allemands prétendent que ce sont les Français qui ont commencé Berlin, 4 août. Selon une communication officielle, Ie9 troupes allemandes, conformément aux ordres reçus, n'ont pas jusqu'ici traversé la frontière française. Par contre, depuis hier, les troupes françaises ont attaqué des postes-frontières allemands sans déclaration de guerre, bien que le gouvernement français ait annoncé à l'Allemagne, il y a peu de jours, le maintien d'une zone non occupée de dix kilomètres. Des compagnies françaises ont franchi la frontière allemande en différents points. Elles ont occupé depuis la nuit tiorniere des localités allemandes. Des aviateurs, qui lancent des bombes, arrivent jusque } dans le grand-duché de Bade et la Bavière. Violant la neutralité belge et en passant ; ^-dessus le territoire belge, ils parviennent dans la province du Rhin et cherchent h i».détruire nos voies. La France a commencé ainsi l'attaque contre nous et a amené ^ Jétet de guerre. La sûreté de l'Empire nous oblige de nous défendre. L'Empereur a > donné les ordres nécessaires. L'ambassadeur d'Allemagne à Paris a été invité à réclamer \ «es passeports. A nos Frontières Mouvement des troupes belges L'année étant partie pour combattre, nos lecteurs comprendront que nous ne publiions aucune nouvelle concernant les mouvements de troupes quelconques appartenant à l'armée belge. Vers la frontière de l'Est (De nos envoyés spéciaux) Salnt-Trond, 3 août. De Tirlemont vers l'Allemagne... Ici cela se • corse . décidément. La nouvelle de l'ultimatum allemand, du moins de l'arrivée possible des Allemands dans le Limbourg, s'est répandue comme une traînée de poudre. Les femmes courent d'une maison à l'autre, affolées. Les enfants, quoi qu'ils ne se rendent sans doute pas compte de ce qui se passe et de la menace suspendue sur leurs jeunes têtes, sont silencieux et inquiets. Les 1/ommes conversent par groupe. Nous arrivons à Saint-Trond. La garde civique prend justement les armes sur La place principale, baïonnette au canon. L'officier qui la commande nous déclare que la garda fera son devoir. Les réquisitions sont, paraît-il, poussées à fond et la popul.atioii a des inquiétudes au suflet de ses gasrr^^ions de bouche. Tongres, 3 août. Nous quittons Saint-Trond et nous allons vers Tongres. C'est un peu ici le paradis des pensionnats et, à toutes ces écoles que nous rencontrons sur la route, nous voyons les professeurs conduisant les élèves qui au tramway vicinal, qui au chemin de fer. La population scolaire qui devait passer les vacances au pensionnat prend la fuite. A Tongres, sur la place Communale, la garde civique a été réunie devant la statue d'Ambio* rix. La garde de Tongffes n'est pas active. Aussi n'a-t-elle pas d'armement. Que faire ? C'est simple. Toute arme est bpnne, proclame le commandant : fusil de chasse, revolver, couteau-poignard, faux. Il y a. dans oette proclamation faite par le chef devant ses hommes, un souffle héroïque qui rappelle les vieux Ebu-rons.On nous dit que les vivres sont excessivement rares. L'armée a tout pris. Sous nos yeux, à la gare, la gendarmerie réquisitionne tout envoi de denrées alimentaires. Que deviendront les populations? Un incident. Le génie nous réquisitionne pour transporter un officier e^t trois hommes vers un ouvrage d'art assez lointain. En avant 1 mon lieutenant. Notre auto file en yitesse At, dépose le chef et les soldats au pied d'un defc nombreux ponts de la région qui sont minés. Au retour à Tongres, nous rencontrons deo'1 Verviétois. Ces voyageurs sont les plus calmes du monde. Verviers n'est donc pas envahi ? Les Verviétois tombent des nues quand on leur dit que la nouvelle a été donnée de l'occupation de Visé et du plateau de Herve par les Allemands. Il n'y a là rien de vrai, disent-ils paisiblement. Parmi les troupes Nous quittons Tongres et nous allons à Liège, en passant par Maestricht et Visé. Pas un soldat allemand dans le Limbourg hollandais, nous <Iit-on, à Maestricht. Une discrétion bien compréhensible nous est imposée au sujet des troupes au milieu desquelles nous nous trouvons. Dans la province de Liège, on le sait, c'est l'occupation militaire et on y voit l'ébauche du dur visage de la guerre. Toutes les routes sont gardées par des cavaliers et des fantassins, les armes chargées. Il y a ries villages où l'on peut encore entrer, mais dont on ne peut plus sortir, mesure prise pour assurer les réquisitions. Partout les bêtes sont parquées, vaches, bœufs, cochons, et acquisSs par l'armee. Dans une suite de vastes prairies nous voyons un rassemblement que l'on nous dit être de douze cents bêtes venues du plateau de Herve. Le pays a été vidé, suit la frontière. Lorsque viendront les soldats allemands, ils ne trouveront rien. Les événements semblent produire sur la population deux impressions bien différentes, selon le tempérament de chacun. Les uns, les vieux surtout, sont atterrés. Les autres sont insouciants et extrêmement intéressés par les mouvements de troupes et l'occupation du pays qui les livre cependant aux strictes exigences de l'autorité militaire. Une panique à Liège Liège a été lundi matin le théâtre d'une panique irréfléchie, voici dans quelles circonstances ,qui nous sont contées ici. Au matin, la position, remarquablement prête, fut mise en état de guerre et livrée à ses propies moyens. Le canon d'alarme tonna dans chaque fort et chaque garnison fit brûler les grands baraquements qui l'abritent en temps ordinaire. Cela fit, à chaque fort, un beau feu de joie. Des habitants voisins des forts prirent peur à ce spectacle et croyant que l'ennemi était là s'enfuirent en ville où ils jetèrent l'alarme. Le bruit se répandit en un instant que les Allemands étaient à Liège. On vit alors les passants se sauver dans toutes les directions, se bousculant mutuellement, pour rentrer chez eux et fermer la porte à clef. Les rues furent vidées en quelques minutes.Le soir, par une heureuse réaction, ce fut une animation et un enthousiasme délirants. Les femmes demandaient des armes. L'aspect des troupes Il serait temps de nous arrêter. A deux reprises des cavaliers ont mis notre auto en joue. Mais voiéi qu'on nous réquisitionne pour transporter un membre du personnel de l'intendance. Cela nous oblige à faire une tournée à travers les avant-postes. Rendons hommage à ces troupes splendides d'asipect militaire. Cavaliers et fantassips occupent le pays en vrais soldats, faisant respecter inflexiblement les consignes et prêts & combattre. Les officiers avec qui la conversation s'engage sont animés d'un esprit magnifique de résolution et de froide audace. On crut, lundi matin, à une attaque allemande. On annonçait les Allemands à "Visé. C'était invraisemblable. Néanmoins la cavalerie partit à fond de train et explora le pay^. Soudain, des paysans déclarèrent avoir vu une forte troupe de cavaliers à peu de distance au nord de Visé. Ce sont eux! Le commandant se tourne vers ses hommes ; il lève son sabre et pousse le cri de ; « Vive le Roi ! » Tous les hommes, la lance au poing, répètent le même cri et l'escadron part... Combien ces braves regrettèrent de n'avoir point rencontré d'adversaires ! Saluons bien bas cette brave armée qui va, d'un moment à l'autre, affronter les périls fl'ung guêtre qui s'annoncg setns mercL EST-CE L'INVASION? ARLON, 3 AOUT Cette après-midi, nous nous sommes rendu de nouveau à la frontière grand-ducale, à Stein-fort, à Bettingen et Pettingen. A 5 heures, la situation éftait toujours celle que je vous ai indiquée hier. On ne signalait 1 arrivée d'aucun coptingent sérieux de troupes allemandes. Les cavaliers allemands qui étaient en reconnaissance près de Steinfort, au Windhof, se sont retirés à Capellen, sur la route d'Arlon à Bastogne. Tout est calme. Différentes personnes que nous rencontrons nous certifient que des patrouilles allemandes ont été vues du côté de Wiltz, à Wampach et à Winseleer. Comme le bruit court toujours que des troupes allemandes seraient entrées en territoire belge par Visé, on redoute une invasion simultanée par tous les points de la frontière où passent les routes importantes de Maestricht vers Liège par Visé, d'Aix-la-Chapelle par Hombourg et par Henri-Chapelle par Eupen et par Limbourg, vers Verviers, pendant aue dans notre province de Luxembourg les forces allemandes se dirigeraient vers la frontière française par les nombreuses routes presque parallèles qui y conduisent de Malmédy par Marche, de Recht par Laroche, de Saint-Vith par Houffalize, de Clervaux et de Wiltz vers Bastogne, de Martel ange vers Virton et enfin vers Arlon par Redange, Beckerich, Steinfort et Athus. Mais il est certain que pour opérer un tel mouvement il faudrait disposer d'énormes quantités de soldats et qu'il ne pourrait se faire sans être longuement préparé. Ce serait comme un coup de râteau à travers nos provinces de Liépre, de Namur et de Luxembourg. De l'avis des officiers belges avec lesquels je me suis entretenu, les Allemands n'auraient pas seulement pour but d'atteindre la frontière française mais aussi d'assurer à nos dépens le ravitaillement, de leurs armées. Suivant une version plus rassurante, la menace d'invasion du territoire belge par les routes que nous venons d'indiquer serait, une manœuvre habile pour attirer vers Sedan, Mézières, Charleville, Monthermé et Givet des contingemts français très considérables et les distraire de la marche des armées allemandes vers Nancy et la trouée de Verdun. Les bruits pessimistes qui continuent à nous parvenir nous décident à nous diriger vers Neufchâteau, dans la crainte de voir notre route coupée et de nous trouver immobilisé à Arlon. NEUFCHATEAU, 4 AOUT Nous apprenons, à 6 heures du matin, que l'on a fait sauter les ponts de Lavaux et de Rastogne. Le train d'Arlon qui devait arriver à 6 heures 27 à Neufchâteau n'est pas signalé. A 7 heures nous arrivons Drès du pont de Li-bramont, gardé par des soldats. Dans toutes les localités, sur la route de Neufchâteau à Dinant. les communications sont coupées. Pour atteindre un poste télégraphique, nous devons remonter jusque Dinant, d'où je vous envoie cette dépêche. Une après-midi à Maubeuge Les troupes françaises. — Les avions de Douai. — La nouvelle de l'ultimatum allemand à la Belgique. — Manifestations franco-belges. QUEVY, 4 AOUT Ce n'est point sans peine que nous avons pu hier aller deux fois de Belgique en France, et aller passer l'après-midi à Maubeuge. Le maire de Feignies nous a donné le matin un sauf-conduit qui était valable jusqu'à 6 heures au plus tard, et encore sans garantie aucune. On i nous a dit au poste de douane, malgré ce sauf-conduit : « Vous passez, monsieur, mais nous ne savons pas si vous pourrez rester en France jusqu'à 6 heures. Les dispositions changent d'heure en heure. » Quatre fois (deux fois en chaque sens) nous avons fait à pied le trajet de la gare de Quévy à Feignies, par le bois de l'Erelle et le Trieu (il y a plus d'une heure de marche). A Feignies, nous avons eu la chance de trouver un ami belge dont l'auto n'était pas réquisitionnée, mais mise gracieusement par lui à la disposition des autorités pour de petites courses dans La zone du fort Leveau. Depuis deux jours, quatre Allemands, employés aux sondages des nouveaux puits de mine, ont été arrêtés dans la région, de même qu'un bijoutier allemand de Maubeuge et sa femme. D'autres sont partis précipitamment il y a quatre ou cinq jours. A TRAVERS BOIS Les Français se montrent, non sans raison, très défiants. En plein bois, comme pour la troisième fois nous arrivions à proximité de l'endroit dit Croix de Pierre, un individu armé d'un formidable gourdin, et qui surveillait les chemins dans l'espoir de pincer des espions, nous arrêta et nous força d'exhiber nos papiers. Heureusement, nous avions un sauf-conduit en règle. Quand nous arrivâmes au poste de douane, mon gardien dit fièrement au brigadier en me désignant : « Je l'avais à l'œil depuis ce matin... » On nous assure que des malandrins infestent la région. Dans la nuit de dimanche à lundi, plus de trois mille personnes rentrant de France ont fait le trajet à pied ou en carriole entre Feignies et Quévy, à travers bois. Une dame hollandais'e a. été délestée d'une sacoche contenant plus de trente mille francs de bijoux. Quant à nous, nous n'avons égaré ou ne rous sommes laissé voler qu'un pardessus, que nous avions fait porter dans'un café. FRANÇAIS ET BELGES Le matin, nous sommes arrivé avec une cinquantaine de Français employés aux charbonnages de Ghlin lez-Mons, tous insoumis, et qui rentraient sous les drapeaux, chantant frénétiquement la Marseillaise, acclamant la France et la Belgique. Au Borinage comme dans la région-frontière, à la nouvelle de l'ultimatum allemand à notre pays, des manifestations de fraternisation franco-belge se sont produites à chaque instant. Des drapeamr français ont été arborés à des fenêtres. La police les a fait enlever immédiatement. Place d'Armes, à Maubeuge, j'ai vu un tableau émouvant, qui m'arracha des larmes, et que je n'oublierai jamais. Deux réservistes belges qui rentraient chez nous marchaient bras-dessus bras-dessous avec des soldats français, escortés par une foule énorme qui criait sans cesse : « Vivent les petits Belges ! Vive la France ! » Un ami me dit qu'il a vu le même spectacle à Lille. Dans un café voisin de la Porte de France, nous rencontrons un garçon tfecafé biep .conny à Bruxe}Ies et qui^rentre sous les drapeaux. Il nous dit en nous quittant, les larmes aux yeux : « S'il m'arrive malheur, prenez soin de ma femme et de mes deux enfants que j'ai laissés là-bas. » Mais cette fraternisation franco-belge qu'explique le brutal ultimatum de l'Allemagne aux neutres pacifiques, elle fut d'abord tangible, visible pour moi, grâce à une femme qui rentrait de Frameries à Paris. Elle habite Paris depuis 17 ans; son mari. Français, rappelé sous les drapeaux, est à Nancy. Elle est venue rapidement samedi amener sa fillette chez ses i parents, à Frameries, et elle rentre là-bas, pour s'engager comme ambulancière, vivandière, ou tout ce qu'on voudra. Cette Valkyrie boraine riait, plaisantait, réconfortait deux jolies petites Parisiennes, exténuées, qui rentraient à Paris, et lançait des plaisanteries sur leurs talons Louis XV. Voilà qui m'amusa; mais, hélas! j'ai vu encore bien des choses pénibles : j'en cite une seule entre toutes : une jeune femme qui ren- 1 trait à Malines, avait accouché il y a trois ; jours à l'hôpital Beau jonc, à Paris, et tenait | dans ses bras son poupon. Nous l'avons fait asseoir au bord du chemin, et, avec son mari, sommes allé demander au brigadier de la douane voisine de laisser passer une carriole pour prendre cette malheureuse. Il y a consenti tout de suite. Nous avons vu enfin une Hongroise qui arrivait de Bordeaux, voulait rentrer à Budapest feomment?); elle était venue de Paris sans billet... Un seul train dans la journée va de Maubeuge à Paris, et un seul de Feignies à Maubeuge. Il faut donc faire deux ou trois .heures à pied. Comme en Belgique, le téléphone et le télégraphe sont exclusivement à l'usage de l'armée. A la poste, il y a une seule levée par Jour. LA FRANCE EST PRETE Aux portes de Maubeuge, à chaque pas, nous voyons des artilleurs, des fantassins, des charrois militaires. Nous entrons par la porte de Bavay dans la vieille ville aux fortifications impressionnantes, entourée de fossés et de hautes murailles sur lesquelles sans doute on peut mettre la signature de Vauban. L'animation est grande, surtout à la place d'Armes, où le monument de la défense de Waftignies, œuvre du sculpteur Theunissen, prend en ce moment une signification émouvante. L'animation est plus grande encore à la porte de France, où se trouvent la caserne de Watti-gnies et les bureaux de l'état-major. Officiers et soldats se montrent calmes, devisent en souriant. Je vois arriver une centaine de réservistes. tous hommes de 40 ans environ, portant leur baluchon sur l'épaule. Ils ont l'air calme et résolu. 0 Tout se passe dans un ordre parfait. Dans la cour de la caserne l'on procède avec un ordre admirable à la remise des équipements. A chaque instant, je vois arriver des voitures portant des bidons, des gourdes, des effets. Il n'y avait jusqu'ici, à Maubeuge, que 1« 145e d'infanterie, des chasseurs à cheval et des artilleurs. On attend des cuirassiers de Douai, de l'infanterie de Cambrai, [^'escadrille d'aéroplanes de Douai est partie pour Reims. Contrairement à un bruit qui courait à la frontière belge, les troupes ne bougent pas de Maubeuge. Il y a simplement de petits cantonnements dans les environs du fort Leveau. Mais, à Maubeuge, on attend que la Belgique envahie par les Allemands, fasse signe, en appelle comme en 1830 à la protection de la France, et les cuirassiers, les fantassins, les chasseurs à cheval impétueux se rueront à notre secours, comme des lions ! Tel est le sentiment qui rèprne là-bas. depuis qu'on n connaissance de l'odieux ultimatum à la Belgique.Les ouvriers belges qui veulent rester e France peuvent être employés par le'génie ai nouvelles aciéries, aux usines de la Provl' d-ence, ou aux derniers travaux du fort Ia veau. Ils reçoivent 5 francs par jour. DANS L'EST FRANÇAIS Nous avons vu deux réservistes arrivant dr Longwy et Belfort. Ils nous disent que l'ardent et l'ordre des troupes est admirable là-ba mais ils démentent les bruits de combats c de destruction d'aéroplanes par Védrines o i Garros. Du moins, ces hommes, partis de 1E»; lundi matin, n'avaient appris rien de serî blable. Celui de Belfort m'a dit avec c>'me, er quittant notre auto, près du fort Leveau <■ « Nous attendons les Boches; on va leur flanquer la pile, et ce sera dans Irvr intérêt. Pnur le bien de la nation Allemande, il faut que l'orgueil impérialiste soit maté. » Détails complets sur l'occupation i§ Luismlioiirg par tes mirais [ un jius em Luxembourg, 2 août. Le Luxembourg étant entièrement privé de communications télégraphiques et téléphoniques avec tous les autres pays, il a été impossible d'annoncer immédiatement, à Bruxelles les événements graves qui se passent ici depuis hier soir. Tout le Grand-Duché est occupé par les troupes allemandes. La population est abasourdie et vit-comme dans un mauvais rêve. On ne rencontre que des visages consternés et c'est à peine si le public comprend ce qui est arrivé. Le premier bruit inquiétant s'est répandu dans la ville, hier, vers 10 heures du soir. On disait que Trois-Vierges, la localité située à la frontière nord du pays, là où la ligne ferrée de Liège à Luxembourg par Spa rejoint la ligne d'Aix-la-Chapelle à Luxembourg, était , occupée par les troupes allemandes. Puis on : démentit, puis on transforma la nouvelle de cent manières différentes. Si bien que, ne pouvant la contrôler à cette heure tardive, on la tint généralement pour un faux bruit, car, depuis le matin, chaque minute voyait éclore un canard nouveau. Mais ce matin, dès l'aube, la ville fut réveillée par cette alerte : « Les Prussiens arrivent 1 » Ils arrivaient, en effet, ils étaient là. Et voici comment l'occupation s'est faite, d'après les résultats de l'enquête du gouvernement luxembourgeois.L'incident de Trois-Vierges n'était pas un canard. Des automobiles transportant un lieutenant et des soldats du génie étaient arrivés à la gare. Revolver au poing, le lieutenant était entré dans le bureau de télégraphe où se trouvait le chef de gare. Il avait exprimé son intention de se saisir des appareils. Le chef de gare résista. Une discussion assez vive s'engagea, à la suite de laquelle le chef de gare, dans un mouvement de colère, renversa la table où était fixé l'appareil télégraphique. L'officier fit alors déboulonner par ses hommes les rails sur une longueur de cent cinquante mètres dans la direction de la frontière belge. Vingt minutes après, une autre automobile militaire arrivait. Ellefipportait au premier détachement l'ordre de se retirer et une déclaration suivant laquelle le premier ordre avait été mal compris Cependant, pendant qu'ils détruisaient la voie, un employé avait dit au lieutenant et au sergent : a Mais ne savez-vous donc pas que vous êtes ici sur territoire neutre ? » Er ils avaient répondu : « Nous le savons. Mêlez-vous de vos affaires ! » Ils repartirent. Le dimanche matin, à 3 h. 1/2, une automobile militaire traversa le pont sur la Moselle, à Wasserbillig. Le gendarme luxembourgeois voulut l'arrêter. Les soldats qui se trouvaient dans l'auto le prirent par les épaules, le jetèrent dans le fond de la voiture qui reprit à toute allure sa route dans l'intérieur du pays. D'autres arrivèrent. Il en venait par tous les ponts • par Schengen, par Wormeldange, par Remich, par Grevenmacher. A Schengen l'échevin qui se mettait en travers de la routé eut le même sort que le gendarme de Wasserbillig. A Grevenmacher, un gendarme fut simplement désarmé Entre 3 h. 1/2 et 5 heures on compta 41 automobiles, un grand nombre de motocyclistes et de cyclistes militaires. Des motocyclistes arrivèrent jusqu'aux portes de Luxembourg. Ils inspectèrent les voies du chemin de fer, les viaducs et les ouvrages d'art, et repartirent en toute hâte. Les premières automobiles qui se présentèrent en vue de Luxembourg s'arrêtèrent à un village de la banlieue et repartirent. Le major van Dyck, commandant la force armée luxembourgeoise, qui se tenait à la porte de la ville pour leur faire des représentations, les Vit partir et revint à l'Hôtel du gouvernement où les ministres siégeaient en permanence après avoir fait placer en travers de la route une grande voiture automobile qui sert au transport des prisonniers. Mais à peine était-il parti que cinq voitures automobiles arrivèrent. Le revolver au poiiv les officiers, qui occupaient la première ordonnèrent au chauffeur de la voiture cellulaire clo se ranger pour leur faire place. Il dut obéir. Averti, le major van Dyck sauta dans son auto, et se lança à leur poursuite. Ils avaient déj;< traversé toute la ville. Il les rejoignit sur la route de Longwy, les dépassa, et leur adressa une protestation qui n'eut aucun effet. Ils s'installèrent sur une hauteur qui domine la route de Longwy, à Merl. Cependant, deux trains militaires allemands avaient traversé le pays, venant de Trêves. Us étaient remorqués par des locomotives blindées et les wagons étaient cuirassés extérieurement de sacs maintenus par des cordes. Les soldats qui en descendirent occupèrent la gare, puis des détachements partirent à travers la ville occuper les ponts et le bureau des postes. Le premier ministre, M. Eyschen, envoya un officier luxembourgeois porter au commandant du corps d'occupation de la gare une protestation écrite. Il avait déià protesté auprès du ministre d'Allemagne. Il envoya en outre un télégramme de protestation à Berlin. De son côté, la grande-duchesse a protesté par télégramme auprès de l'Empereur. A dix heures du matin, le chef des troupes qui occupent le Luxembourg se présenta au gouvernement: c'est le major von Baeren-sprung. Il exposa au premier ministre qu'il a ordre d'occuper tous les points importants du Grand-Duché, qu'il ne doit en rien s'immiscer dans les affaires civiles, que tous les droits des citoyens luxembourgeois seront respectés. Devant la protestation du gouvernement, il fit retirer les hommes qui occupaient la poste II déclara que les trains de voyageurs ordinaires pourraient toujours circuler à l'intérieur du pays. Cependant des troupes en automobiles ne cessent, d'arriver et de circuler. Toutes les gares du pays sont occupées, et la ville est sillonnée de soldats allemands à pied ou en automobiles. A deux heures après-midi, le télégramme suivant, envoyé par le chancelier de l'Empire allemand, parvint au premier ministre : « Nos mesures militaires dans le Luxembourg ne constituent pas des actes d'hostilité contre Luxembourg, mais simplement des mesures de précautions pour assurer la sécurité des chemins de fpr dont nous avons l'exploitation contre une attaque possible des Français. » Le Luxembourg sera indemnisé des dommages éventuels. » Je vous prie d'en aviser votre gouvernement.» (s.) BETHMANN-HOLLWEG. » La population, comme je le disais en r-om-mençant, ne bouge pas : elle est abasourdie. Pourtant, on signale quelques rares incidents de peu d'importance. Un dentiste qui voulait photographier le pont Adolphe garni des troupes vêtues d'uniformes kaki et coiffées de casques à pointe a été appréhendé et gardé quelques heures au corps de garde qu'ils ont établi dans un bâtiment privé de la ville basse. Ils « achètent », contre des bons de guerre, co dont ils ont besoin. Us ont ainsi réquisitionné toutes les automobiles qui se trouvaient dans les garages publics et l'essence. A la frontière française, rien ne se passe. Le gros des troupes, qui se trouvaient dans les garnisons avancées ont été, depuis avant-hier, suivant le plan d'opérations de l'état-major retirées et ramenées sur la ligne Verdun-Toul.' La neutralité de l'Italie Le prince Ruspoli a visité, dans la matinée de lundi, M. Viviani, à qui il a notifié officiellement la déclaration de neutralité qui sera publiée en Italie le jour même. Le président du conseil a remercié avec émotion le représentant du gouvernement italien et s est félicite de ce que les deux sœurs latines, qui ont la même origine et le m t? -et f°Llt u-n, pass^ de ",01res communes, ne soient pas opposées. M. Viviani a prie aussitôt 1 ambassadeur de France, M. Barrère, de se faire auprès du gouvernement italien l'interprète du gouvernement français. i „ .• j.t. i- i t, . . Bruxelles, 3 août., La légation d Italie a Bruxelles nous communique la note suivante: Plusieurs puissances européennes se trouvant en état de guerre, et l'Italie étant en état de paix avec toutes les parties belligérantes, le gouvernement du Roi, les citoyens et sujets du royaume d'Italie ont l'obligation d'observer les devoirs de la neutralité selon les lois en vigueur et selon les principes du droit international. * ,.i^l!,c1on(ÏU? v!?Jfra c?s devoirs en subira les conséquences et encourra, le cas . « 28- ANNEE . MERCREDI 5 AOUT 1914. ÉDITION AB' ___ N° 217 ——rnr'tni i i i n !■—n—m——— , - _ ;

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