Le soir

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s.n. 1914, 01 Août. Le soir. Accès à 28 mars 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/wd3pv6c51p/
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INSERTIONS AGENCE ROSSEL, 29, plaos ds Louvain (Treurcnberg) Succursale : 68, Marohé-aux-HerbflS Petites annonces (1 à 3 lignes). . , .fr. 1.00 La petite ligne • » . 0.49 Faits divers(lr* partie), la ligne. • 5.00 (2m* partie), 4.00; (3m* partie) . • . 3.GO Sport et Réparations Judiciaires. . i . 3.G0 Nécrologies, la ligne 2.00 Réclames après les Nécrologies .... 1.50 , , ( Annonces : A 591 TÉLÉPHONES { Administration : A 4738 l Rédaction : A 190 et A 3549 Pour la France, l'Angleterre et les Etats-Unis, les annonces sont reçues exclusivement à la 3oolétô Européenne de Publloltô, 10, rue de la Victoire, Paris, et 1, Snow Hill, Londres, E.C. Pas d'affolement Rien ne le justifie On cherche à alarmer la population au moyen d'édHions spéciales et a l'aide de fausses nouvelles Nous le répétons : la situation est critique. On doit tout prendre au sérieux, mais rien au tragique. On doit espérer en dépit de tout ce qui se dit, en dépit même des apparences. Toutes les mi-nutes qui passent sont des minutes gagnées pour la cause de la paix. Et si le conflit austro-serbe devait, malgré les vœux de tous, avoir des répercussions fl n'est pas prouvé que nous aurions directement â en souffrir. (Jne communication de la Banque Nationale Le» billets gardent leur pleine valeur. - La Eanque fait frapper vingt millions de monnaie d'or. La Banque Nationale nous adresse la communication suivante : La Banque Nationale tient d déclarer à nouveau qu'elle rembourse libéralement ses billets. Chacun recevra, en échange des billets qu'il présentera, la contrevaleur en monnaie. Mais le public doit comprendre qu'il faut le temps matériel de servir les personnes qui se présentent aux guichets. Ce serait une erreur d'ailleurs de croire que les circonstances politiques aient pu changer quoi que ce soit à la pleine valeur des billets. Pour le surplus, la Banque vient de décider la frappe immédiate de vingt millions de pièces d'or. L'édition AB du "SOIR" publie à 3 heures les dépêches reçues jusque 2 h. 3/4 de ses correspondants spéciaux et des agences télégraphiques. L'édition B du "SOIR", en vente à 6 heures, contient les dépêches parvenues à Bruxelles jusque S h. 3/4. Le "SOIR" ne tait pas d'éditions spéciales. L'organisation scieniiflqug des usines On parle de plus en plus de la nouvelle organisation du travail dans les usines appelée «Système Taylor», du nom de l'ingénieur américain qui en est l'inventeur. Les théories de Taylor ont provoqué déjà de nombreux articles de revues et de journaux ainsi que des discussions dans certaines sociétés scientifiques. Un a fait quelques essais de mise en pratique du système, notamment dans une usine métallurgique de Gand, où il a même provoqué une grève. La question fut longuement examinée, il y a quelques jours, au cours de'la semaine syndicale que les associations ouvrières socialistes avaient organisée à Cuesmes. En quoi.consiste le système Taylor? L'expérience qui en a été faite par l'ingénieur américain lui-môme en donnera une meilleure idée qu'une longue description théorique. Elle a eu lieu à l'usine de Bethléem Steel Company et elle concernait les différentes méthodes de manutention de la fonte. Taylor l'a exposée dans un livre que l'on a traduit en français sous le titre : « Principes d'organisation scientifique des usines ». Dans cette usine de Bethléem, soixante-quinze porteurs chargeaient des gueuses de fonte dans des wagons. Un plan incliné était établi contre la paroi du wagon à charger. Chaque homme prenait dans le tas une gueuse pesant environ quarante-cinq kilogr. et la portait dans le wagon. L'équipe chargeait ainsi par jour et par homme douze tonnes et demie de fonte. Il s'agissait d'accroître ce chiffre. Taylor avait remarqué que d.ans la manière de travailler des ouvriers, il y avait perte de temps et déperdition de force. 11 voulut obvier à ces inconvénients. Pour faire son expérience, il choisit une bonne brute de Hollandais, du type «bœuf», comme il dit lui-même, travailleur comme une bête de somme et très âpre au gain. On le met au courant de ce qu'on attendait de lui et on fit luire à ses yeux l'espoir d'une notable augmentation de salaire. Un contremaître, montre en main, dirigeait ses mouvements, lui disant de commencer le chargement, lui faisant prendre du repos, le commandant comme on commande les soldats à l'exercice. L'homme arriva ainsi à transporter par jour quarante-sept tonnes et demie de fonte au lieu de la moyenne constatée auparavant de douze tonnes et demie. Son salaire s'éleva de 5 fr. 75 à 9 fr. 25, soit une augmentation de 60 p. c. L'augmentation de là production avait été de 280 p. c.! Il ne restait plus qu'à étendre la méthode, à la généraliser à tous genres de travaux. De même que l'on soumet au calcul et à la mesure les machines proprement dites pour régler leur marche, Taylor introduisit un système presque identique pour le travail humain. La position du corps, la nature et l'amplitude des mouvements sont déterminées pour une besogne donnée, d'après un ouvrier-type sur lequel porte l'expérimentation; puis la durée du temps pour l'accomplissement de cette besogne est mesurée au chronomètre. On arrive ainsi, suivant l'in- fénieur américain, au meilleur rendement conomique de l'ouvrier. Il paraît que. dans la plupart des entreprises des Etats-Unis on a établi des bureaux scientifiques, sortes de laboratoires, chargés d'étudier l'adoptat ion rationnelle des mouvements de la' machine humaine aux travaux divers des usines. Il existe dans les industries modernisées, tant en Allemagne Gu'en Amérique, des «entraîneurs», c'est-à-dire des ouvriers chargés de fournir le maximum de production, et le résultat obtenu sert à déterminer la somme de travail que l'on exigera de l'ensemble des ouvriers, svstème Taylor a été diversement ac- "f'Ilî sel«n les milieux. Il a donnéil donne encore lien chaque jour à des controverses passionnées. Au sein des organisations ouvrières, il a été, comme bien on pense, combattu avec âpreté. Emile Pouget, le syndicaliste français, l'a discuté dans une brochure à laquelle il a donné le titre significatif de l'« organisation du surmenage». Dans la «Vie ouvrière », M. A. Merrheim, le secrétaire de la Fédération des métallurgistes de France, l'a analysé très en détail, très consciencieusement, avec un remarquable souci d'impartialité. Le reproche qu'il fait au système Taylor est de fournir aux employeurs le moyen le plus propre à tirer des ouvriers le plus grand rendement possible de travail utile, et il ne veut pas admettre que les salaires croîtraient nécessairement là où la nouvelle méthode serait appliquée. De plus, cette sélection scientifique aurait pour résultat une élimination pure et simple d'ouvriers, leur mise à pied, donc le chômage pour tous ceux qui ne sont pas propres à la besogne demandée. . Chose curieuse, dans cette même revue, «La Vie ouvrière», le système Taylor a trouvé un défenseur, M. J. Ravaté. L'avantage le plus important à ses yeux est, qu'avec ce système d'organisation du travail, tous les ouvriers peuvent arriver à devenir à peu près de même force et ont aussi les moyens d'acquérir la même valeur professionnelle. Chez les employeurs, l'accueil fut naturellement très bienveillant, enthousiaste même. Le nouveau système avait, en effet, le mérite incontestable d'apporter dans l'organisation du travail, tout au moins dans certains cas, plus de rigueur et, surtout, d'avoir appelé l'attention de tous les chefs d'industrie sur la possibilité d'introduire dans les usines et les chantiers une meilleure répartition des tâches,c'est-à-dire le moyen d'augmenter la production dans des proportions notables. Mais si le système Taylor est applicable à un travail de manœuvre, il le serait beaucoup plus difficilement à une besogne où l'habileté manuelle-est nécessaire. Le transport des gueuses, qui servit à l'expérience, n'est soumis qu'à des mouvements simples. Le type «bœuf», à l'esprit lourd et obtus pouvait être assez facilement convaincu par l'argument qu'on lui fit brutalement valoir. Il n'en va pas ainsi pour l'ouvrier de métier. La personnalité de l'individu est ici plus marquée, plus difficile à plier à une sorte d'exercice militaire. Et nous ne parlons pas de l'obstacle le plus redoutable à vaincre, l'hostilité des syndicats ouvriers. Enfin, bien qu'on y emploie le chronomètre, le système Taylor n'en demeure pas moins, malgré les apparences, une méthode empirique. La base n'en est pas scientifique. C'est ce qu'a fait observer M. Jules Amar dans son livre «Le Moteur humain». Au point de vue psychologirnie, le système Taylor est insuffisant. L'ingénieur américain ne s'est point occupé des moyens « d'apprécier le degré de fatigue, de connaître la vitesse, le rythme, l'effort qui, pour un travail maximum, n'exigent que la plus petite dépense d'énergie». C'est que le moteur humain est un moteur compliqué, aux rouacres délicats, animé d'une puissance assez difficile à mesurer et qui n'existe pas dans les autres moteurs : La volonté. L'homme échappe à la servitude et à la tyrannie des formules où l'on croit enfermer ses gestes en domptant mathématiquement ses nerfs, on eommamlant étroitement à ses muscles. Et il faut'se féliciter qu'il en soit ainsi et que soit conservée la personnalité de chaque individu. Charles LE VIGAN. m 1 LE TEMPS Vendredi 31 juillet UCCLE. - institut royal météorologique Température, I4.A; (norra.ile. 17.4); maximum I9.9;(max. absolu, 31.0); minimum 12.8; (minimum abs., 7.7); baisse, 0.3; pression, 765.0;hausse 3.7; baromètre, monte; vent W.N.W.; ciel, couvert; eau tombée, 6.0. Soleil.—Lever : 4 h. 8. Lune.— Lever : 16 h. 37. '"Y — toucher : 19 fi. 29. — Coucher : 23 h. 22. OSTENDE Température, 17.8; maximum. 18.4; minimum, 10.0; hausse 3.0; pression, 765.1; hausse 3.1; baromôtro, monte: Tent, W.N.W.; ciel, nuageux ; eau tombée, 0.0; mer, lég. agitée. spa Température, 15.5; maximum. 16.0; minimum, 8.6; hausse 2.5; nressiou, 765.i; hausse 3.4; baromètre, monte; vent, W.N.VV.; ciel, nuageux; eau tombée. 0,0. ARLON Température, 13.4; maximum. 18.2; minimum, 8.7; hausse 1.4; pression,764.7; hausse 3.6; baromètre, monte ; vent, N.N.W.; ciel, brouillard; eau tombée, 0.0. PARIS Température 14.0; maximum. 21.0; minimum, 8.0; sans var.; pression,765.6; hausse 3.2; baromètre, monte; vent, calme; ciel, serein; eau tombée, 0.0. NICE Température, 19.3; maximum,25.0; minimum, 13.1; hausse 1.3; pression* 761.8; hausse 2.2; baromètre, monte; rent, calme; ciel, serein; eau tombée, 0.0. BIARRITZ Température. 12.2; maximum.20.0; minimum, 11.1; baisse, 5.6; pression, 763.7; Hausse 0.8; baromètre.descend; vent. E.N.E.; ciel, nuageux; eau tombée. 0.0. Situation atmosphériaue La situation atmosphérique s'est de nouveau considérablement modifiée depuis hier. Deux dépressions s'étendent aujourd'hui, l'une sur l'ouest des Iles britanniques et l'Atlantique (Valentia 755 inm),-l'autre sur l'est de la Scandinave, le nord-est de l'Allemagne et la Russie. Les plus fortes pressions, supérieures à 765 mm, s'observent sur le nord-est de la France, la Belgique, l'ouest de la Hollande et le sud-est de l'Angleterre. Le baromètre baisse sur l'Atlantique, l'Irlande, le sud-ouest de la Grande-Bretagne, la Bretagne et la péninsule hispanique; il monte partout ailleurs. Le vent est faible d'entre W. et N.N.W. sur nos contrées, où la température est comprise entre 13° et 18°. Prévisions : Vent S. faible ; beau ; réchauffement.2 août : S. Alphonse de Liguqrl. ■■ PETITE GAZETTE La joyeuse-entrée de Namur est contremandée En présence des événements de l'heure présente, qui retiennent le Roi à Bruxelles, la joyeuse-entrée du souverain qui devait avoir lieu dimanche à Namur est remise à une date ultérieure. * * Le duc et la duchesse d'Orléans Le secrétariat du duc d'Orléans communique au «Temps» la note suivante : Sur une information venue de Bruxelles, plusieurs journaux ont dit que le tribunal arbitral chargé de juger le différend entre Mgr le duc d'Orléans et Mme la duchesse d'Orléans avait rendu sa sentence. Certains même ont cru pouvoir en indiquer la teneur. Nous pouvons affirmer que cette informa-lion est complètement erronée. Aucune sentence n'a été rendue, les représentants des deux parties ayant préalablement accepté un arrangement amiable. Il est tout aussi lnexact de prétendre que. Mgr le duc d'Orléans a dû rendre à la prin cesse sa dot et son apanage, puisque Mme la duchesse d'Orléans les avait depuis longtemps en sa possession. ^ Précisons donc : L'arrangement des parties équivaut à une sentence. En effet, les arbitres ont soumis au duc d'Orléans une proposition en vertu de laquelle il payerait une pension de 55,Q00 fr. à l'archiduchesse Marie-Dorothée. Le duc d'Orléans a donné son adhésion à cette proposition. ❖ * * L'élection sénatoriale de Namur Le conseil provincial de Namur est convoqué pour le 11 août prochain à l'effet d'élire un sénateur en remplacement de feu le marquis de Beaufort. * ♦ * Les évêques belges L'assemblée annuelle des évêques belges, réunie à Malines, sous la présidence de Mgr Mercier, a duré trois jours et s'est clôturée hier après-midi par un banquet de quatre-vingts couverts, auquel assistaient toutes les autorités religieuses du diocèse de Malines ainsi que les personnalités officielles de l'arrondissement. Mgr von Hartmann, cardinal-archevêque de Cologne, assistait à la réunion de nos évêques. * * La liberté de l'Escaut Le conseil général de la Ligue maritime belge, réuni hier soir, sous la présidence de M. Léon Hennebicq, a émis, à l'unanimité, le vœu suivant, qui sera transmis au gouvernement : Le Conseil général de la Ligue maritime belge, s'associant aux sentiments d'union patriotique de tous les Belges devant les dangers de l'heure présente, exprime sa confiance dans le gouvernement qui, au-dessus -des partis,qs-sume la mission de défendre la patrie. » Il attire respectueusement l'attention du pouvoir exécutif sur la nécessité impérieuse d'assurer la défense de notre frontière maritime et la liberté de l'Escaut au triplq, point de vue du ravitaillement de la nation, du maintien de l'intégrité du territoire et du respect de notre neutralité. » * * îjï Un nouveau chemin de fer Nous avons annoncé la mise à double voie de la ligne de Hasselt à Maeçtricht, travaux qui sont prévus pour 1U14 et 1915. Un étudie en ce moment la construction d'une ligne de chemin de fer d'Asch à Visé, qui relierait les charbonnages de la région à la voie ferrée Louvain-Maestricht, à Ey-genbilsen, et passerait directement, par le territoire belge, vers Visé, où elle aboutirait au canal, à la Meuse et à la ligne de Visé' à Liège. D'autre part, la ligne projetée suivrait, entre Asch et Eygenbilsen, les bruyères Asch-Interdael-Gellick-Eygenbilsen et passerait par les communes du canton de Sichem-Sussen-Bolré, jusqu'ici dépourvues de toute voie ferrée. Le projet Eygenbilsen-Visé prévoit le déchargement de la ligne de l'Est d'une partie de son trafic vers l'Allemagne. ^ * , -..r t'i Les vicinaux dans le Luxembourg La ligne d'Etalle à Villers-devant-Orval a été, pour les pouvoirs publics, la cause de bien des soucis depuis sa mise en exploitation.La Société nationale la géra tout d'abord elle-même; puis elle constitua, avec le concours de la province, des communes et de quelques particuliers, une intercommunale, dont le capital disparut en très peu de temps. La société fut dissoute et l'exploitation de la ligne mise en adjudication; mais les conditions offertes par les soumissionnaires furent telles que la Province décida de réunir en un groupe les lignes d'Arlon à Ethe, d'Arlon àMartelange et d'Etalle à Villers-devant-Orval, ce qui mécontenta les habitants des communes qui avaient souscrit mix deux premières combinaisons. La ligne aboutit, de part et d'autre, en cul-de-sac, et elle traverse, à deux reprises, les lignes de l'Etat : Athus-Libramont et Marbehan-Virton. Le trafic des marchandises est relativement nul et celui des voyageurs peu important, car il n'est pas possible de faire coïncider les horaires du vicinal avec ceux de l'une ou de l'autre de ces lignes de l'Etat. Pour remédier à cet état de choses, on a relié la ligne avec Arlon par un vicinal Etalle-Vance-Stockem et on l'a prolongée de Villers-devant-Orval vers Marguy (France), avec raccordement à la grande ligne de l'Est français; mais en raison de la première expérience, qui ne fut guère encourageante, les populations des cantons d'Etalle et d'Arlon ont mis jusqu'ici peu d'empressement à souscrire, et, d'autre part, les autorités françaises, tout en acceptant le prolongement de la ligne sur leur territoire, n'entendaient pas participer aux frais de son établissement. Il semble cependant que l'on soit près d'aboutir à.un résultat. Arlon a assumé une grosse partie de la charge financière; au cours d'une réunion tenue à Sapogne, les autorités françaises ont décidé d'accepter les propositions qui leur étaient faites par la Société nationale des chemins de fer vicinaux belges, qui construira à ses frais le tronçon compris entre la gare de Villers et le bureau des douanes de Marguy. * * Futurs soldats Grosse curiosité intriguée, gros émoi même hier aux abords de l'école militaire. Toute la journée ce fut une allée et venue de jeunes gens pénétrant par groupes dans le grand bâtiment solennel ou sortant avec rlee airs affairés, s'attroupant sur le trottoir, discutant passionnément. Dans une allée du parc du Cinquantenaire, en face de l'école, sous les yeux de nombreux badauds vite rassemblés et intrigués, ces jeunes gens se livraient à des exercices méthodiques — sauts et courses — dirigés et surveillés par de graves officiers et des médecins militaires tout chamarrés. De quoi s'agissait-il ? Procédait-on aux formalités d'enrôlements volontaires en vue des possibles conflits prochains ? La vérité était moins tragique. Les quatre cents jeunes citoyens belges désireux de conquérir les épaulettes d'officier venaient subir devant une commission ad hoc les épreuves d'aptitude physique préalables au concours d'admission de cette année à l'école militaire. Celui-ci commence lundi matin. Il y aura ou il pourra y avoir cent vingt élus; il y a près de quatre cents appelés... Les menaces de guerre sanglante ne refroidissent pas, on le voit, l'enthousiasme guerrier des jeunes Belges. & * * Et la Croix-Rouge Gouverner c'est prévoir. « On a pris d'excellentes mesures, que chacun approuve, pour la défense du pays, nous écrit un lecteur; mais s'occupe-t-on de l'organisation de la Croix-Rouge ? » —— Nous avons été aux informations. Inutile de dire que, suivant la tradition antique et solennelle, les dirigeants de la Croix-Rouge de Belgique n'ont pas bougé. Ces messieurs ne sont pas, paraît-il, au courant des événements ! * ' * Dans les théâtres On pourrait croire que la panique a eu pour conséquence d'éloigner le public des théâtres, le moment n'étant pas aux divertissements. Eh bien, c'est une erreur!... Jamais aux «petites places» (50 centimes et 1 franc) ne se sont présentées tant de personnes. Seulement l'attrait des spectacles leur importait peu. Elles venaient... munies de billets de banque : leur présence au bureau de location ou aux guichets d'entrée n'avait d'autre but que le désir de « se faire de la monnaie». Bien entendu, bon nombre d'amateurs ont dû rebrousser chemin : on n'a pu leur donner satisfaction. *% A l'instar de Paris Hier, à Paris, on n'était pas moins affolé qu'à Bruxelles, à en croire cette note de la « Liberté » : Hier, je m'assieds à une terrasse de café, sur le boulevard. — Garçon, un bock... — Blonde ou brune ? — Brune, voyons I .. — Monsieur veut-il me payer d'avance ? C'est l'ordre... — La confiance ne règne pas ? — Si, monsieur, mais nous avons la consigne de ne plus accepter de billets de banque... Depuis ce matin, c'est un défilé de clients qui payent un bock avec un billet de cent francs, histoire de changer leur papier en or ou en argent. — Rassurez-vous, je vous payerai en espèces sonnantes et trébuchantes... Des scènes semblables se sont passées dans les bureaux de poste, chez les épiciers, les bouchers, etc. Allons-nous, tel un vagabond qui n'osait changer son billet de mille de crainte d'être arrêté, mourir de faim ou de soif avec des bank-notes dans notre poche ? v & # Ce que pense la marchande de crabes Dans un vieux cabaret de la Grand'Place, des consommateurs faisant trêve un instant aux préoccupations anxieuses qui sont dans tous les esprits, apostrophent, en souriant, la vieille et proprette marchande qui vend des crabes et des œufs durs, des amandes et des noisettes : — Héwel, madameke, est-ce que la guerre a une influence sur votre commerce? Qu'est-ce que vous en pensez? Et la vieille de répondre : — Och ! menheer, dat stinkt!... (Cela sent mauvais.) Et l'on ne sait si elle parlait de ses crabes ou de la situation internationale. ❖ * « Les facteurs surnuméraires L'Association générale des facteurs surnuméraires et candidats facteurs des postes de Belgique, reconnue par arrêté ministériel du 4 mars 1912, et groupant à ce jour plus de 3,700 adhérents, tiendra son quatrième 'congrès national 12 lfr août prochain-en la salle du théâtre Varia, rue de la Couronne. Diverses questions professionnelles y seront discutées. * * Le carillonneur Denyn en Angleterre Les mélomanes anglais et la population du comté de Dorset ont réservé hier après-midi au carillonneur malinois une belle manifestation à l'oocasion de l'audition spéciale qu'il donnait au clavier de l'église. SS. Pierre et Paul à Cattistock. La pittoresque commune avait été envahie par une foule de plusieurs milliers d'auditeurs, qui se rangèrent sur les vertes pelouses entourant l'église, et parmi lesquels figuraient les membres de la haute aristocratie du comté. Le concert fut préoédé d'un lunch offert aux notables de la région et au carillonneur belge par le Rév. A.' Stickland, recteur de Cattistock. L'audition fut merveilleuse de sentiment et d'effet ; elle se composait principalement de gracieuses cantilènes françaises du seizième siècle et de chansons flamandes de Vermeulen, Jaminé et Benoit. Le succès de Denyn fut à son comble quand il termina en jouant le « God save the King», dont les accents graves et fervents furent soulignés ensuite par une entraînante « Brabançonne ». Une chaleureuse manifestation d'admiration et de sympathie accueillit notre artiste à sa descente du campanile. Août astronomique Le soleil. — Le grand astre, actuellement dans le signe zodiacal du Lion, s'avance vers l'hémisphère austral, avec un mouvement diurne de 18 minutes. Il atteindra, le 24 août, le 150° degré de sa course sur l'écliptique et entrera, à 0 h. 30 m., dans sa demeure mensuelle, la constellation de la Vierge. Le lever solaire aura lieu le 1er, à 4 h. 8 m. ; le 31, à 4 h. 54 m. ; le coucher, à ces dates, respectivement à 19 h. 29 m. et à 18 h. 33 m. La hauteur du soleil au-dessus de l'horizon, qui était de 57°23', le lor, et ne sera plus que de 48°4, le 31, aura, par conséquence immédiate, la diminution de la durée des jours. Ceux-ci décroîtront du 31 juillet au 31 août de 1 h. 59 m. A cette date, ils atteindront, y compris les clartés crépusculaires, 14 h. 51 m. L'activité solaire qui vient de passer par un minimum très étendu semble se réveiller, des groupes de taches assez importantes ont été signalés dans les régions nord et sud-est du disque. La lune. — Les différentes phases de la lune se présenteront dans le courant du mois, dans l'ordre suivant : Pleine lune, le 6, à 0 h. 41 m. ; dernier quartier, le 14, à 0 h. 56 m.: nouvelle lune, le 21, à 12 h. 26 m.; premier quartier, le 28, à 4 h. 52 m. Notre satellite se trouvera à l'apogée, le 12, à 10 heures, et au périgée, le 24, à 6 heures. A remarquer, à l'époque des quartiers, la lumière cendrée ou « clair-de-terre », lueur faible qui permet de voir le disque complet de notre luminaire des nuits. Les planètes. — La rapide Mercure sera visible dans de bonnes conditions du 1 au 15, avant le lever solaire, dans le Cancer; sa conjonction avec la lune aura lieu le 20; avec le soleil, le 30, à 18 heures. Vénus, dans la constellation de la Vierge, brille, le soir, dans le ciel empourpré de l'Occident; le disque de la belle Vesper, d'un diamètre de 20 secondes, arrivera en conjonction avec Mars, le 6, à 10' au sud, et, avec le croissant lunaire, le 24. Mars, l'ardente planète rouge, ne sera guère observable; on pourra toutefois la chercher au couchant, dans les lueurs crépusculaires, et au voisinage de Vénus, avec qui elle arrivera en conjonction lunaire le 24 Jupiter, le prodigieux brillant du Capricorne, étincelle vivement dans la merveilleuse parure du ciel actuel. Le 15, le globe jovien, d'un diamètre de 48", se lèvera à 19 heures, passera au méridien vers minuit et disparaîtra dans les premiers blanchissements du jour. Le géant solaire, en conjonction avec la lune, le 6, à 10 h., passeia4 en opposition avac le soleil, le 24. La planète annelée Saturne reparaîtra à l'aurore, dans le ciel oriental ; elle se trouvera, le 17, à 5 heures, en conjonction avec le mince croissant de la lune. Uranus occupera le Capricorne et sera visible toute la nuit sous l'aspect d'une étoile de sixième grandeur ; en opposition avec le soleil, le 2, elle se rapprochera de Jupiter en rétrogradant. La lointaine Neptune ne sera guère observable. Etoiles filantes. — Durant ce mois, l'activité météorique atteint son maximum d'intensité. Dans les nuits du 9 au 14 août, on pourra observer l'intéressante pluie des Perséides, du radiant étha Persée; ces étoiles rapides, connues sous le nom de « Larmes de saint Laurent », laissent derrière elles une traînée jaunâtre. Elles proviennent de la désagrégation de la comète de Tuttle, découverte en 1862 — les météores suivent, en effet, sur les routes infinies de l'espace, la même orbe que la grande comète. L'averse de cette année se présentera dans des conditions favorables, la lune croissant vers le premier quartier. Dans la nuit du 10 au 11, lorsque la Terre rencontrera la partie la plus dense de l'essaim, le nombre horaire des fugitives étoiles sera de cinquante environ. La pluie des Perséides cesse vers le 22, le radiant qui s'est déplacé se trouve alors dans la constellation de la Girafe. Outre cet essaim principal, il existe d'autres radiants secondaires dans le Cygne et le Dragon, actifs en août. Quant aux bolides, les nombreux ra- j diants se trouvent dans le Verseau, les Pois- j sons, le Scorpion, le Dragon, le Capricorne. Comètes actuelles. — La comète Delavan se rapproche rapidement de la Terre ; l'étrange visiteuse, entraînée par la formidable attraction solaire, entrera ce mois dans la zone de perpétuelle apparition pour nos latitudes et deviendra visible, à l'aide de faibles jumelles. Elle promènera son noyau de septième grandeur, d'où se dégage uni queue de plus d'un degré, dans la constellation du Lynx. Le 1er, on pourra la chercher, au matin, entre Capella et Castor, elle se trouvera alors à 250 millions de kilomètres du soleil et à 356 millions de la Terre; au 31 août, elle se sera approchée de 50 millions de kilomètres du soleil et de 82 millions de la Terre. Il est probable qu'en septembre elle devienne visible à l'œil nu. Tandis que la comète Krîtzinger plane dans les parterres d'Andromède et éloigne de notre globe sa faible nébulosité, la comète Neujmin, de treizième grandeur, poursuit lentement dans la constellation d'Ophinchus, son orbe vers les régions boréales. Phénomènes intéressants. — Le 21 août aura lieu une éclipse totale de soleil visible à Bruxelles comme éclipse partielle : le phénomène commencera dans nos contrées à 11 h. 4 m. 5 s., atteindra sa plus grande phase — les sept dixièmes de notre grand luminaire seront éclipsés — à 12 h 7 m. 5 s., et prendra fin à 13 h. 28 m. 1 s. La zone de totalité part des régions arctiques, traverse la Norvège, la Suède, entre la Russie, près de Riga, et en sort par la Crimée, traverse la Perse et se termine dans les Indes. Le cône lumineux de la lumière zodiacale sera visible à l'Orient, bien avant le coucher du soleil. Les marées. — Les jours des plus grandes marées auront lieu : à Ostende, les 7 et 22, respectivement à 13 h. 4 m. et 1 h. 3 m. ; les hauteurs seront 1 m. 93 et 2 m. 38. Ces marées se produiront à Anvers,à 16 h.20 m. et 4 h.l9m. ; elles atteindront 2 m. 19 et 2 m. 70. FOUSI. Distributions de prix Hier, a eu lieu, au Cirque royal, la distribution des prix aux élèves de l'école moyenne C (garçons), dirigée par M. Edouard Lamotte. Siégeaient au bureau : M. Max, bourgmestre ; M. Jacqmain, échevin; M. Vauthier, secrétaire communal; MM. Anspaoh et Jauquet, conseillers communaux, Babut du Marès, Fierens-Gevaert; M. Devogel, directeur des écoles. Les élèves ont chanté, avec le succès habituel, plusieurs chœurs habilement dirigés, et les petits ont mimé et rendu avec grâce et élégance et un curieux souci d'observation la jolie scène de Dalcroze « Grands Papas ». M. Fierens-Gevaert avait accepté l'offre que lui avait faite le collège échevinal, de pronon-oer le •discours. Il avait pris comme thème « L'Art ennoblit la vie «. En une forme impeccable, l'orateur a développé-son sujet avec charme, avec grâce, avec force également. Il a obtenu un très grand succès et sa péroraison, dans laquelle il a convié la jeunesse à défendre le patrimoine de la Nation, et particulièrement ses richesses artistiques, a été couverte d'acclamations. Les événements actuels donnaient à cette fin du discours de notre grand critique d'art, une actualité poignante. Un discours d'Emile Verhaeren Ce matin a eu lieu, au Cirque royal, la distribution des prix aux élèves de l'Ecole moyenne C pour filles. Le grand poète Emile Verhaeren y a prononcé un discours, dont nous détachons ce qui suit: Mesdames, Messieurs, Soyez sans crainte: je serai bref. Je sais votre im-patienco: vous êtes rassemblés ici non pour entendre de longs discours, mais pour fêter le mérite de vos enfants. Seules, peutrêtre, votre bienveillance et votre politesse vous feront garder le silenoe pendant que je parlerai. Puis-je espérer toutefois que ce sera aussi votre attention. Car je vous entretiendrai d'un èujet oher entre tous: le pays. Je vous montrerai non pas la Belgique historique, mais celle dont nous fixons le sort à cette heure même. LA BELGIQUE DANS LE MONDE Il y a trente-oinq ans, lorsque voyageur inlassable, je parcourais et l'Allemagne et l'Angleterre et la .France et l'Italie et l'Espagne, dites combien la Belgique y était ignorée. En Bavière, mes hôtes ne me distinguaient guère de n'importe quel étranger qui s'en venait d'au delà du Bhin. En Italie, on s'entêtait à me confondre aveo les touristes des provinces françaises. Dans le Poitou, à Poitiers môme, comme je prononçais le mot belge devant un gardien de musée, il me demanda soudain ce que c'était qu'un Belge. Je le lui dis de mon mieux <■ Tiens », me répondit-il, « je m'imaginais qu'être Belge, c'était appartenir à- quelque ordre ^religieux qui évangélise les Japonais et les Chinois ». En Espagne, comme je me baignais un soir d'été, en compagnie d'un douanier et d'un gardien de phare, sur les côtes de la Guyposcoa, un de mes compagnons m'interrogea sur mon pays d'origine. Je lui affirmai que j'étais né on Belgique. « Parfait ! » me réponditril, u j'ai chassé le tigre en votre pays ». Il confondait tout simplement la Belgique avec jr» ne sais plus quelle peuplade d'Amérique ou d'Asie. Aujourd'hui les peuples de l'Europe — non seulement l'élite mais la foule — ont appris à nous connaître. Nous nous sommes universalisés. Nous avons organisé d'immenses expositions chez nous; nous avons participé à. des manifestations de science et d'art, faites ailleurs. Nos ouvriers, nos ingénieurs, nos commerçants, nos hommes de loi se sont répandus en Russie, en Perse, en Egypte, en Chine. Le monde est sonore des entreprises industrielles que nous avons partout fondées; sur mille points de la terre nous faisons ooncurrenoe aux grandes nations; Anvers est ou devient le premier port du continent; le geste qui soumit l'Afrique à la colonisation régulière et complète est un geste de chez nous; nous ne cessons de conquérir et de fixer de la richesse, et nous prenons goût au danger. Bien plus, notre art s'impose à tous. Un sculpteur, Constantin Meunier, a séduit les maîtres et les critiques de France, d'Italie, d'Allemagne. Il a ployé sous son influence ceux qui, en Europe, cherchaient une forme nouvelle. Il a fait sortir de ses mains rudes et comme prédestinées, un nouvel homme: celui que les écoles étrangères avaient dédaigné jusqu'alors., celui qui travaille le fer, la houille, la pierre, et qui, dans notre vie sociale d'aujourd'hui, entra tout îi coup comme un être farouche, indispensable et dominateur. En même temps un dramaturge, un essayiste, Maurice Maeterlinck, pénétrait de sa pensée les deux continents. On montait 6es pièces à Londres, Berlin, Paris, Moscou, New-York. On lisait ses livres dans les solitudes soit torrides, soit glacées, aussi bien que dans les villes surpeuplées et frémissantes. Les homme» de toutes races y trouvaient des suggestions pour xiyrfi noblçment; ou ne. BRvajt Q.U§11« no^« velle beauté y était enfermée; elle était faite de persuasion lente, douoe et sûre, et son charme tran-quilisait et rehaussait l'esprit. Ces conquêtes intellectuelles sont d'importance majeure. Dernièrement, lors d'une tournée de oonférence9 que je fis en Russie, le consul belge de Moscou voulut bien mo persuader que ma présence en ces payu lointains n'était rien moins qu'inutile. Il insistait sur oe fait que les Belges qui s'établissent en pays étranger n'y semblent représenter qu'un pays exclusivement marchand, et que l'âpreté de leurs trafics leur aliène maintea et maintes sympathies. Ils passent pour être trop uniquement des hommes de gain, en attendant qu'on les lasse passer pour des hommes de proie. Or il est urgent de démontrer qu'en Belgique l'intellectuaiité est, en honneur, et qu'4» côté des hommes d'affaires, il y a les hommes de pensée. Ceux-ci doivent soutenir ceux-là. La France est redevable de quelques-uns de ses succès les plus clairs à sa manière de se présenter devant tous : elle met en avant ses idées do nation raffinée; elle fait admettre qu'elle est fine et intelligente avant d'être intéressé? et brutale. NOTRE ELITE Encore que nous ne possédions pas ces qualités d'aisance et ^'entregent des Français, il s'est fait cependant que, grâce à nos qualités de ténaoitê et d© oourage, nous nous sommes développés, miraculeusement, depuis vingt ans. Si l'on en excepte rAiie-ma^ue, aucun autre peuple n'a connu un tel réveil. Mieux que personne nous avons usé de la paix et, chose plus merveilleuse, nous avons réussi à créer rapidement des élites. Nous possédons, en effet, tout un groupe d'esprits qui sont à l'affût de tout ce que le siècle apporte do témérité et de nouveauté sous le soleil. Ils vivent d'une vie ardente et brûlante; ils la marquent au coin de la décision et du sang-froid. Ceux-ci fondent et dirigent au loin d'énormes entreprises; ceux-lu manient l'or et créent des banques colossales; quelques-uns sont à la tête des affaires publiques, d'autres agissent à l'autre bout du inonde et colonisent; ceux-ci sont des savants qui cherchent; oeux-l^ tiea manœuvres qui appliquent ce que d'autres ont trouvé; voici des inventeurs, voici des conseillers, voici des artistes, voici des mécènes; voioi, enfin, tous ceux qui enseignent, soit dans les universités, soit dans les athénées; voioi vous, enfin, vous maîtrea et maîtresses d'école, dont la vie est vouée tout entière à créer de vrais hommes et de vraies femmes modernes Tous vous faites partie do l'élite de ce pays, tous vous en oompreuea les exigences et les besoins nouveaux, et vos élèves vous éooutent et déjà, vous suivent. Mais, entre vos deux groupes — groupe de maîtres, groupe d'élèves : groupe du passé qui réfléchit et s'amende, groupe do l'avenir qui s'affirme et eo lève, — il y a vous, les parents, qui êtes le présent et qui souvent ne sui\ez guère et n'écoutez pas. Oh ! je sais-, bien qu'il n'y a pas do votre faute; que o'est l'éducation ancienne et timide do jadis qui est la grande ooupable; que cette éducation vous pèse peut-être à cette heure; que vous la détestez même, mais qu'il vous est impossible d'en secouer les mille préjugés. AUX PARENTS Parmi oea préjugés le plus funeste est de croire que vos enfanta sont faite pour avoir vos idées et pour vivre votre vie. Vous avez trop peur de l'inconnu que vos fila et vos filles devront affronter; vou3 mettez à leur disposition un bonheur éprouvé et à portée de leurs mains; vous vous étonnez qu ilu le négligent; vous voulez que leur ménage continue votre ménage et leurs affaires vos affaires. Votre héritage leur devient ainsi non pas une faveur, mais,, un poids. Les générations se succèdent en 6 opposant les unes aux autres. Les circonstances ne sont jamais identiques à ce qu'elles furent. Au bout de trente ans, tout s'est métamorphosé: les rêves, les espoirs, les tristesses, los joies, les coutumes, les lois. D'autres ressorts soulèvent et bandent les volontés. Les mêmes mots n'ont plu3 exactement le même sens. Un père et un fils parlent d'accord et pensent différemment. Voilà ce que vous, les parents, et quoi qu'il vous en coûte et quelque Répugnance que vous ayez a accueillir mes paroles, vous do\ez comprendre. Et, de grâce,'ne vous écriez pa6. « De mon temps tout allait mieux ! ». Mais souvenez-vous que vos père et vos mères, durant votre enfance, tenaient le même langage. De tels axiomes ne peuvent plus servir ni de retenue, ni d'obstaclo. La vie ardente et sans cesse montante, Bauto pardessus.Il est bon, d'ailleurs, qu'il en soit ainsi. Il ne faut pas que los parents aiment leur enfant avec égoïsme. Il faut qu'ils admettent, presque aveo allégresse, son départ vers sa destinée a lui. Qu'ils lui imposent l'obéissance pendant l'âge tendre et vacillant — cf.r il faut avoir su obéir pour savoir commai der, — mais qu'ils l'en dégagent dès l'âge ferme et hardi. Voilà le nouveau devoir. Ils doivent aveo les maîtres travailler à susciter dans le cerveau de leui fils le sens de îa responsabilité. Une nation où tout oe qui est jeune aurait d'abord la notion juste et ensuite le culte de l'indépendance rapide mais haute et noble, serait la première de toutes. L'exploit eet presque toujours l'œuvre d'un jeune homme ou d'une jeune fille. Il faut leur faire crédit et confiance. Qu'ils sachent que la liberté qu on leur passe est un danger, et que c'est à eux de le circonscrire ou de le dominer. LE BELGE D'IL Y A TRENTE ANS Il aimait la bonne chère. Quand il rêvait de quelque idéal, il se représentait une kermesse ou une cccagne. Tous nous avon3 connu quelque oncle ou quelque cousin qui n'était homme de poids que par son embonpoint. Oh ! ces festins belges d'il y a trer.ta ans, sois dans telle ville des Flandres, soit môme ici, dans un faubourg à Bruxelles ! Une grosse cordialité y régnait. On y dégustait des vins fameux; on y parlait de sa oave comme d'un Banctuaire; tout y était jovial mais terre-à-terre. Au dessert apparaissaient sur les bras do leurs bonnes, les nouveau-nés de la famille dont on louait les petits corps dodus et roses, aveo une joie abondante et sentimentale. En l'on souhaitait aux enfants de marcher un jour sur la trace des pères, en buvant ferme et eeo à leur tour et en faisant de bonnes affaires avec le voisin d'en face. Certes, depuis ce temps les choses ont changé dans les grandes villes, mais dans les ohefs-lieux de province, 0II03 se perpétuent. Le plaisir y est quelconque, l'activité monotone. Jamais — si vous me permettez cette expression — les aotions de l'effort et du travail n'y dépassent le pair. Or aujourd'hui un peuple ne compte que si les aotions de son travail et de son effort tendent continuellement à dépasser le pair. NOS HEROS En France, des héros tels que Napoléon ou Jeaum d'Aro sont mêlés si intimement à la vie de la jeunesse qui monte, qu'ils animent sa pensée et renouvellent son cœur. Us sont et seront longtemps encoie, quoique morts, de merveilleux vivants. Un homme de lettres me disait dernièrement: a Je vis tellement aveo le grand Balzac, que je dîno avec lui tous les soirs. Toujours un do ses bouquins gonfle ma poche. Je me promène aveo lui au Luxembourg, près de la fontaine Médicis. Il mo parle. Viens donc le voir; il est prodigieux. »> Chez nous, les héros restent presque toujours chez eux. Us ne sortent pas du livre scolaire où leur biographie est consignéo. Et pourtant do quelle beauté morale ne brillent-ils pas ? Laissant de côté les Ambiorix, les Charlemagn®, les Godefroid de Bouillon et autres chefs de royaume ou d'empire, dites, quel admirable tribun, quoi politique subtil et tenace, quelle force de haine et d'amour n'était-il point re formidable Jacques Vaiï Artevelde, qui oréa, le premier au monde, une démocratie urbaine ? Dites, quel savant scrupuleux et attentif n'était-il point cet étonnant Vésale, qui dressa le plan parfait de l'anatomie humaine ? Dites, quel artiste génial et raffiné 11'étaitril point ce Pierre-Paul Itubens, dont la gloire se refait sans cesse au fur et à mesure que la peinture se développe et prend conscience de ses moyens ? Dites, quello rude et pourtant élégante liéroïno n'était-elle point cette princesse d'Epinoy, qui trouva dans sa vaillance de femme la force de défendre et do soulever une villo tout entièro ? Dites, quel géant do résignation et de fermeté fut ce doyen des drapiers bruxellois, Annees-sens; quel subtil et ingénieur fabricant d'étoffes fut ce Liévin Bauwens, à qui Gand doit sa prospérité; enfin, dites quel hommo de vaillance et de Bang-froid fut cet ouvrier Hubert Goffin, qui, enseveli dans une mine du pays de Liège, fit preuve d'une grandeur d'âme si simple et si belle que la Rome antique lui eût élevé des autels. Comme vous le voyez, il est chez noua, en Belgique, des héros pour toutes les conditions soolales. Tous oeux qui travaillent et qui pensent peuvent oe ohoisir en quelque sorte parmi eux des saints et des patrons. Jusqu'en nos temps ces grands Belges ne furent, grâce à notre indifférence, que des prétextes ou plutôt que des sujets à cantates. Or il faut qu'ils nous deviennent des oollabora^ teurs et des compagnons. Us ont véou sur notre sol, ils ont aimé et haï comme nous; cette Flandre et cette Wallonie qui nous sont ohères furent les lieux de la terre où ils ont appris à penser, à vouloir, à souffrir, à triompher; leur sang est mêlé encore à notre sang, nouB sentons leur âme d'accord aveo nos rêves de force, avec nos espoirs do grandeur, nous devons apprendre le bien, la joie, la douleur, l'ardcxir, la ténacité, l'orgueil à travers eux. Ainsi nous nous éduquerons par l'enthousiasme qu'ils nous inspirent/ et nous vivrons peutrêtre, h. certaines belles heures de notre existence, comme eux-mêmes ont vécu. Je sais bien que plusieurs d'entre eux n'ont œuvré d'abord que pour eux-mêmes — l'égoïsme humain étant inévitable, — mais tout en travaillant pour eux, leur geste fut si large et si ardent qu'il les dé-passa et fut utile à la communauté tout entière. Si je songe un instant à notre patrie, si prospère mais si petite, l'image d'une haute colonne à ba^ étroite me vient immédiatement à l'esprit. Or, plus cette base est restreinte, plus il faut qu'ello soit solide. Mesdames et Messieurs, il appartient à la jeunesse de la rendre telle en renouvelant et çn mul-tisîiiftt 1m Eestu ardegts et larges do nos aïeui, À 28^ samedi f août i9i4.~Edition ^ .....n° 213

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