Le XXe siècle: journal d'union et d'action catholique

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s.n. 1918, 19 Novembre. Le XXe siècle: journal d'union et d'action catholique. Accès à 19 avril 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/2j6833nj01/
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ABONNEMENTS Les prix seront fixés très prochainement ANNONCES (Tarif provisoire) Annonces ordin., petite ligne 1 00 Réclames (3* page), la ligne. . . . . . 2 50 Faits div. corps la ligne 5 00 Faits divers lin . . » 4.00 Réparat.judiciaires. » 4.00 Nécrologies . ; . # 3.50 •f centimes ' ® ^ le numéro Instaurare omnia in Christo Rédaction et Administration : 4, impasse de la Fidélité, 4, Bruxelles Les annonces sont reçues au bureau du journal La rentrée solennelle de M. Max à rHôtel=de=Ville Un merveilleux début de fêto que cette réception solennelle de M. Adolphe Max revenant en triomphe parmi ses compatriotes. Dans la salle gothique dont les vieilles boiseries resplendissent sous le ruissellement des lumières et dont les oriflammes chatoient, tout cfl qua Bruxelles compte da personnalités est assemblé. On est dans la fièvre, dans l'exaltation de ce retour longtemps attendu et la salle, toute entière, est frémissante d'une curiosité que chacun est impatient de satisfaire. Dans le fond de la salle, sur l'estrade où s'alignent les fauteuils dorés réservés aux membres du collège, deux drapeaux aux couleurs de la Belgique et de la Ville entremêlent leurs soies. M. Lemonnier est là, entouré du ministre de Hollande, M. Van Vollenhove, de ses collègues Jacqmain, Steens, Max Hallet. Brabandt, Pladet. A droite et à gauche les conseillers so sont groupés et, rangés autour du Collège, MM. Franqui, président du Comité national, van der Rest, vice-gouverneur, Lepreux et Hautain, directeurs et Janssen, secrétaire de la Banque nationale, le député Louis Bertrand, mêlent la sévérité de leurs redingotes aux teintes grises des uniformes des officiers des armées alliées. Aux premier^ rangs de l'assistance, les Bourgmestres de toutes les communes attendent pour l'acclamer leur héroïque collègue de Bruxelles. Derrière eux, c'est la foule, la grande foule des fonctionnaires communaux, des invités, des curieux aussi, car on a voulu donner à cette fête un caractère populaire en la rendant accessible à tous. Le coup d'œil de cette galle surpeuplée qu'anime l'éclat des bannières et la richesse des tapisseries est étincélant. Au dehors une foule formidable a assiégé lePalaio communal. M. Max a quitté l'hôtel de ville il y a quelques minutes pour aller la saluer et reprendre cuiitact avec elle. L'auto qui le transporte fait une courte apparition dans les rues qui entourent l'Hôtel de ville, puis gagne lentement la cour d'honneur en traversant l'immense multitude qui s'est massée sur la Grand' Place pour lui faire accueil. De la salle gothique, on entend à merveille l'immense voix du peuple acclamant son bourgmestre, et les chants de patriotique allégresse qui s'élèvent autour le lui. Et soudainement, touta lq, r,alle est de-Bout, donnant libre cours à ses transports. Minute émouvante pendant laquelle toutes les mains battent, toutes les voix sfc fondent 3n une seule clameur de bienvenue. M. Max oionte lentement à l'estrade où M. Lemonnier lui donne l'accolade.Quelle joie de le retrouver et de constater que ces quatre années le cruelles souffrances n'ont pas altéré cette ittachante physionomie. Les traits sont plus lurs, le Iront plus têtu, l'attitude plus résolue. Le régime cellulaire, vaillamment subi, i mûri l'homme, sans rien enlever de ce que aous aimions en lui. La barbe est un peu plus drue, la chevelure a légèrement grison-lée, mais le regard est aussi vif et le sourire lussi spirituel. M. Max se présente en simple tenue de voyage, veston court, col mou ; nais, au milieu de cette pompe officielle, sa prestance correcte ne le fait pas paraître négligé.M. Lemonnier prend la parole : Mon cher Bourgmestre, Je suis incapable de trouver les mots pour caracteri-eria joie et 1*allégresse des Bruxellois en apprenant le etoiir d'exil de leur grand Bouigmestre. Oui, mon cher Max, de leur " f.rand Bourgmestre ,,, ?est ainsi que vous qualifie îa population fièreet orgueii-juse de son premier magistrat parce qu'elle a compris, jarce qu'elle a sourtout senti, avcc ttarte son âme ar-(ente et imprégnée de patriotisme, quo^pus êtes la plus laute personnification de la bravoure et du courage ci-iques ; parce que vous lui avez montre comment les magistrats communaux belges devaient résister à l'en-ïemi.M. Lemonnier fait ici rhistoriqui des événements Soubliables qui marquèrent les débuts de l'occupation; j rappelle la tragique journée du 20 a®ùt 1914, date de invasion, le relus terme et énergique du bourgmestre pposé à la demande des allemands ae livrer cent nota-Jes comme otages, la façon dédaigneuse et tière dont il poussa la main tendue de l'envahisseur, le démenti >rmel oppo-<» au gouverneur de Liege. M. Max écoute tout r>ela d'un air en apparence calme, > yisage grav* réfléchi. Par moments on voit un sou-ire passer stir son visage ou pas un muscle ne bouge, lais dont le regard s'illumine. Puis, c'e^t 1 évocation des protestations éloquentes dressées à l'envahisseur lorsqu'il prétendit nous Iterdire d'arborer nos couleurs et la lecture de cette fl'che mémorable entre toutes ou ie bourgmestre a eu n langage empreint de tant dignité, invitant ses pnçitoyms à accepter proviso'rement ce sacrifice, à >tir-r -î*s drapeaux pour c\'fer des confits, et à ttendre patiemment î neare de la délivrance. Qu'elle fierté, dit M. lemonnier, quel réconfort our nos concitoyens quand lurent cett.> digne rotestation sur les murs de la Yilk. Toute la salle est debout, fr">mlss?nte, chapeaux ivés et acclame longuement M. Max. Votre exil, continue Vorr.teur a duré.plus de quatre p» Et pendant c(* t<*u.ps, quel calvaire pour vousl Nous -ns, 'iiimju'à priant, les détails Ce voire êtentw»n; tous e*pA?t>B? <ja'un avoj votre élo» quence et votre humeur habituel, vous voudrez bien nous narrer « vos prisons ». Je me borne, aujourd'hui à luire votre « curiculum vitao » ou plutôt votre « curiculum carceris »; c'est le plus éloquent discours qui puisse faire éclater aux yeux de tous votre indomptable résistance. De Bruxelles, on vous a transporté à la prison de Namur où vous êtes interné jusqu'au 10 octobre; de là vous êtes envoyé à la prison de Glatz où vous êtes entermé jusqu'au 5 novembre 1915, puis au cliiteau-iorteresse de Celle-Schloos jusqu'au 12 octobre 1916; vou* êtes, alors, incarcéré à la prison cellulaire de Berlin, du 12 octobre 1916 au 29 janvier 1918. Vous laites, ensuite, un nouveau séjour à Celle-Schloos de 30 jours jusqu'au 28 février 1918, pendant lequel vous êtes muré pendant 30 jours dans un obscur ckchot. (M. Max fait de la tète un geste d'assentiment.) Enfin, vous êtes à nouveau interné à la prison militaire de Berlin, jusqu'au 30 octobre 1918, date à laquelle vous êtes envoyé à Goslar. Cinquante mois d'exil, dont 39 mois de prison! voilà votre odyssée. J'ai, comme vous, monjeher M x, passé de longs mois dans une cellule de prison allemande et, d<,n> ce cruel isolement, je me suis sou\ent demandé quelle était la mentalité de ce Gouvernement, qui, aux applaudissements de son peuple, i\ jeté dans ses prisons, au milieu des assassins, des voleurs, des escrocs et des malfaiteurs de tous genres,des magistrats eomniunaux et le premier magistrat de la capitale belge qui, pour seul crime, aviit commis des actes de patriotisme. Comme ils méritent bien l'épithète de Barbares ! Tant qu'ils ont été vainqueurs, jamais un Allemand, même au Reichstag, n'a proteste contre ces actes de cruauté ! Il a fallu qu'ils soient vaincus par la force pour qu'ils affichent des sentiments humains. Ne l'oublions jamais! (Non ! non ! jamais, crie l'assistance indignée.) Pendant votre exil, la population a subi les violences physiques et morales les plus atroces Les caisses publiques et privées ont été mises au pillage sous l'orme de contributions, d'amendes et de tor-midables pénalités. Les condamnations à mort, aux travaux forcés et a l'emprisonnement ont frappé une foule de nos meilleurs concitoyens. La police, qui a fait preuve d'un patriotisme indomptable, a été tout particulièrement l'objet des violences physiques et morales. Foulant aux pieds toutes les lois humaines, lè* Allemands ont dépouillé la population au moyen de réquisitions multiples; ils ont été jusqu'à enlever à nos concitoyens leurs pauvres matel s de laine, sur lesqùels ils reposaient leurs corps amaigris par les privations. Et cependant, tous les moyens de terreur mis en oeuvre pej' l'occupant n'ort pu abattre un instant l'énergie de la population bruxelloise, qui ; constamment résisté à l'ennemi, et, telle est la sant morale de nos concitoyens, qu'aux heures les plus sombres de ces quatre années* de soutïrauces et d'espérances déçues, la plaisanterie bruxelloise s'exerçant aux dépens du lourd esprit teuton, n'a pas perdu un instant ses droits. M. Lemonnier rend ici un vibrant hommage aux administrations communales, au Conseil, au Coilège, au personnel communal et à son distingué secrétaire, M. Vautier, dont la piume experte a été d'un si précieux concours pour le Collège. * Pendant ces quatre années d'occupation ennemie, dit-il, le Conseil a montré une union absolue, complice; ici, pendant ces quatre années, plus de partis, plus de nuances : un seul Conseil communal, uni dans les mêmes sentiments patriotiques pour faire face à l'ennemi.Il a fait preuve d'une bravoure, d'une éneiyie et d'un esprit d'initiative auxquels la postérité rendra un juste hommage; il a réconforté et soutenu la population, qui avait constamment les yeux tournés vers l'Hôtel de Ville; il a organisé des œuvres d'alimentation et de solidarité qui étonneront le monde quand on en fera l'histoire. Le Collège et tous les conseillers ont travaillé à ces œuvres, pendant ces longues et tristes années, avec une ardeur et un zèle dignes des plus vifs éloges. Je ne puis m'empècher d'ajouter que l'Administration communale a été constamment soutenue par les Ministres Protecteurs d'Espagne qi de Hollande, par la Commission for Relief et par l'admirable Comité National, qui ont sauvé la Belgique des horreurs de la faim. (Longnes acclamations.) M. Lemonnier termine en offrant un souvenir au bourgmestre, les deux originaux des affiches fameuses qui ont valu à M. Max une si grande popularité. Toute la salle s'associe à ses paroles par ses vivats. A M. Lemonnier succèdent MM. Steens, Bosquet, Bauwens, Conrardy et Brabandt qui apportent successivement au premier magistrat de la commune l'hommage d'admiration et de reconnaissance des différents groupes politiques représentés au Conseil communal. Tous font le procès de labarbarie et de la brutalité teutonnes. Et leur voix prend au rappel de tous les crimes allemands des accents indignés. « Votre crime, lui dit M. Bosquet, est d'avoir prêché le calme et la dignité, d'être resté ferme et vigilant, d'avoir compris votre devoir de premier magistrat. Les allemands vous voyant fort des éternels principes du droit et de la justice, éprouvèrent. de l'inquiétude. Voilà la raison pour laquelle ils vous ont fait jeter en prison.» M. Bosquet célèbre ensuite l'héroïsme du chef de l'édilité : Lorsque j'apprenais autrefois, dit-il, l'Histoire de Belgique je m'intéressais surtout aux actes do nos grands communiers. Nous savons aujourd'hui que notre Histoire comptera désormais un grand nom de plus. M. Bauwens salue avec éloquence et chaleur le prisonnier de Celle-Schloss : Mon Cher Bourgmestre, Vous allez reprendre vos lonctions do Bourgmestre dont vous avez porté si haut l'éclat que le monde entier a retenti de votre nom* Vous nous revenez porté sur les ailes de la victoire et c'est justice, car vous êtes un des vainqiîBurs de cette guerre. Alors que la ruée allemande passait sur notre pays énorme, formidable, semblant devoir tout submerger, tout broyer sur son passage, vous vous êtes dressé, simple magistrat communal, opposant à ces hommes qui ne connaissait d'autres droits que celui de la force, ia force du droit. Ils ne comprenaient pas et je crois bien qu'ils sont tombés sans avoir compris ; j'ajoute : pour n'avoir pas compris. N'etaient-ils pas invincibles? et leurs victoires n'avaient-elles pas tout purifié, tout légalisé ? \ uu*, vous n'aviez d'autres armes à leur opposer que votre conscience de libre citoyen d'un pays libre, une âme bien trempée, votre haute sentiment de la dignité de vos fonctions et cette ferme volonté de ne vous prêter à aucune compromission, ce courage civique à toute épreuve que n'ont pu ébranler quatre années de ia plus dure captivité. Mais avec ces armes, iî devait vous être donné d'incarner en une heure décisive, I^âme belge, l'àme belge indomptable en sa résistance. Le Gouvernement parti, plus de presse, sans moyens d'action aucuns. 11 lailait reconstituer derrière le front allemand un nouveau front beige. Le front de la résistance civique, où c'est allirmé, durant quatre années avec une inlassable énergie, la volonté d'un peuple 1 libre, décidé à tout souffrir — et l'on ne saura jamais tout ce qu'il a souffert — plutôt que -de perdre ion indépendance.Il fallait provoquai* contre la criminelle violence faite à notre Patrie, ce soulèvement de la c i -cience universelle qui lui a valu des alliés et <.!/'•> -ara ju&que par delà les océans. Il fallaic enfin mobiliser les forces mora-. , < >ont de nos jours l'indispensable facteur delà \leLnrt) et sous lesquel l'Allemagne a Uni par succomber. A tout cala vous avez puissamment contribué par votre tière attitude. Et c'est pourquoi j'ai lo droit de dire que vous êtes un des vainqueurs de cette guerre, qui consacre avant tout la, victoire des forces morales. En les méconnaissant, en les dédaignant, en ne vous comprenant pas, nos ennemis, suivant un mot historique, commettaient plus qu'un crime, ils commettaient une faute, et c'est cette faute qui les a perdus... ... Un souffle dé fraternité et fie démocratie passe sur le pays. Et, pendant que la Patrie marcl^ra vers les lendemains splendides qu'elle a su mériter, notre Chère cité se prépare à suivre son grand Bourgmestre vers lies destins nouveaux et plus vastes. M. Brabandt s'attache plus spécialement à metti e en lumière la noblesse du caractère et la mâle énergie qui sont les masques essentielles du premier magistrat de la capitale. «Après le geste brutal qui vous enleva à Bruxelles, dit-il, un grand vide se fit chez nous ; mais heureusement votre esprit nous restait et continuait à veiller sur la capitale, en la préservant de toute défaillance. Les yeux tournés vers son premier magistrat, la population attendait calme et confiante. Elle se souvenait de ses fières proclamations qui faisaient vibrer son âme. Aujourd'hui sonne l'heure do la réparation que vous annonciez si prophétiquement. C'est aussi l'heure de l'expiation pour nos ennemis terrassés. C'est enfin aussi celle de la victoire pour nos braves soldats ei nos valeureux alliés." M. Vautier, secrétaire communal, apporte aussi l'hommage ému du personnel de l'administration communale envers le héros de cette manifestation : " Est-il donc vrai, lui dit-il, que vous nous ayez quittés pendant quatre ans et quatre mois? A ceti-e question, jo serais tenté dj répondre à ia fois oui et non. Oui ! Car durant cette longue période, enfermé dans tes cachots de l'Allemagne, vous avez supporté avec un stoïcisme qui ne s'est jamais démenti, les souifrances vous valurent votre pur et ardent patiiousme, votre souci de Conserver intact l'honneur de la magistrature communale. Non! Car ces quatre années, queique chose de vous n'a jamais cessé d'être présent parlai nous. Queique chose de votre âme a passé dans l'àme de la population bruxelloise. Les exemples qua vous avez donnés vivaient dans nos mémoires. La loi que nous n'avons cessé de garder dans lo triomphe de la plus juste et de la plus sainte des causes, c'est à vos leçons que nous en sommes principalement redevables. » Et pour terminer la série des discours officiels, M. Vierset, secrétaire particulier du Bourgmestre, le salue à l'estrade do ce sonnet fort bien conçu : A Adolphe MAX • Bourgmastra de Bruxelles A tous ceux qui pendant ceue épreuve tragique, Contre l'assaut des Huns et le joug des bourreaux. Nobles fem-nett, fiers magistrats, humbles héron, Menèrent sans relâche une lutte énergique, A tout ceux-là qui font sa gloire, la Belgique Elèvera sans doute, avec des soins dévots, begrands mitnoria.lt et des arcs triomphaux Rappelant aiaz passants leur sens apotoyique, Maisl'airuin se corrode, et le maigre hautain Se disjoint soin- l'effort du lierre qui Vétrcint, La pierre, avec le temps, s'effrite dans le sable. Toi qu'on incarcéra, toi que l'on a proscrit, Ton monument du moins s'aff\ me impérissable, Puisque c'est dans nos cwurs que ton nom est [ nscrit, X. V, < On attend avec impatience la réponse que M. Max va faire à toutes ees manifestations de si franche et si sincère affection. Sa voix claire, nette, tombe dans le silence qui s'est brusquement établi : Mes chers collègues du Collège et du Conseil communal, mes chers collaborateurs de l'administration, vous tous, mes chers amis, je ne sais s'il me sera possible de surmonter mon émotion et de vous parler comme je le devrais et le voudrais. Mais vous comprendrez l'intensité des sentiments qui m'étreiguent au moment où, après une si longue séparation, je me retrouve au milieu de vous dans cet hôtel de ville qui évoque en moi tant d'inoubliables moments. L'accueil que vous m'avez fait, me trouble profondément. Chez moi, les fleurs, les gerbes, les corbeilles s'accumulent et embaument la maison de leur parfum. Et déjà, jo me sens ellrayê par l'excès des hommages dont je suis l'objet. Mais c'est assez parier de moi-même. J'ai hâte de donner libre cours aux sentiments de mon cœur. Ma première pensée est pour ceux de nos collègues et collaborateurs qu'il ne devait pas m'êirj donné de revoir et qui, disparus pendant ia période sombre de l'occupation étrangère, n'auront pas eu la joie d'entendre sonner cette heure de la séparation et d'assister enfin à la revanche du Droit et de la Justice. A l'instant où la capitale vient d'être libérée de l'odieuse présence des troupes allemandes, comment ne pas dire notre émerveillement devant la population bruxelloise dont l'attitude fut admirable durant les jours de souffrance et qui, j'en ai l'espoir, restera digne d'elle-même dans la célébration de la victoire. Déjà des misérables se livrent au pillage et à l'incendie, obéissant à des inspirations dont il est aisé de deviner le mobilejils essaient de tirer parti do l'état de désorganisation provoqué par les réquisitions et confiscations allemandes. Je reprendrai ce soir mes fonctions et j'emploierai toute mon énergie à mettre un terme à ces désordres. La population se doit de me seconder dans' cette tâche; elle le doit aussi à ceux qui l'ont protégée et soutenue aux heures de détresse. En rappelant cette protection et cette assistance, je songe aux représentants des Etats neutres, MM. le marquis de Villalobar, Brand Witloo'ck et Van Vollenhoven, à la Commission for Relief, au Comité National, à M. Ernest Solvay, à M. Prancqui, à tous les collaborateurs de cette œuvre magnifique à laquelle leurs noms demeureront attachés. Pendant mon absence, M. l'échevin Lemonnier çt M. l'échevin Steens ont alternativement assumé la tâche de me remplacer. Vous avez été les témoins de la dignité, de la conscience, de la fermeté dont ils ont fait preuve devant l'arrogante soldatesque qui s'est cru tout permis jusqu'au jour ou la défaite a succédé à la victoire. Je remercie, M. Lemonnier et M. Steens d'avoir porté haut et ferme le drapeau d es libertés communales (Applaudissements) et j'associe à l'hommage de ma reconnaissance,M. l'échevin Jacqmain qui, de même que M. Lemonnier, a payé de l'exil la haute conception de ses devoirs. J'exprime aussi toute ma gratitude à MM. Max Hallet et Pladet qui ont été constamment sur la brèche, à MM. Bauwens, Brabandt et Bosquet qui, cULià des circonstances difficiles, ont partagé les responsabilités et les risques de leurs fonctions, au conseil communal tout entier dont l'attitude a été admirable, à M. Maurice Vautier, à la police, aux pompiers, au personnel tout entier qui a été a la hauteur do sa tâché et s'est acquis des titres imprescriptibles à notre affection et à notre confiance.' Honneur à tous ceux qui ont occupé un poste de combat, car le conflit qui a bouleversé le mondé ne mettait pas seulementaux prises le Droit contre la Force; c'était l'esprit dejustice contre l'esprit de conquête et de domination, la chiilsation contre la sauvagerie, c'était, pour me résumer en un mot, contre le despotisme et la réaction, la démocratie contre le passé, l'avenir. La Belgique et sa capitale ont souliert cruellement dans cetie guerre. Mais je suis presque tenté do dire que je rie regrette pas l'agression dont noue pays a été victime car, en la contraignant à prendre les aimes pour sauvegarder son honneur, elie l'a préservé d'un rôie passif dans ce grand duel. Roi et peuple ont été dignrs 1 un de l'autre, ils ont conquis pour nous une g'io!re immortelle dont les rayons enveloppent à la fois les héroïques soldats du front et la population civile de 1'mtéiieur. La Belgique Pcuts'énorçuciliirde voir son nom inscrit dans les l'a."t-« de i '-Iiftoire à côté des grandes rui!.san>s lrtiérstricev et d'av<~>'>' pa^é de ses douleurs et <on s*ng la rénovation de i'Humanite. Ah ! la lutte a éfé longue et t. ri ible : elle a été à chacune de s>-« éup-s wAr%uéo ie. lai mes et de dfeulî, m «..s ^,.i a«- s$at k vigueur qui y ont pitfé ms éu«rtiiei,la 'orce dont elle a trempé nos carwaères. Qu« cix énergies, aa servie cef v®rtus> ces forces soient mises uevant ne œuvre immense qui s'ouvre la Franc0?3' Après 1870, on a pu dire : c'est aujouru'f tPu^;eili'i^fe à refaire. On peut dire truire. : c es^ ^oute la Belgique àrecons-Mais, cette fois, la tâche n'est pàs ontrariée par 1 amertume du patriotisme blessé ; nous 1 abordons ie cœur gonflé de justice, d espérance et de joie. A cette Belgique devenue grande et vers laquelle affluent les sympathies, restituons un capital de richesses et de vertus. Aidons nos ouvriers à i eti ouver dans un travail rémunérateur, la compensation des souffrances qu'ils ont endurées. Reconnaissons leur sans marchandage, dans un esprit sainement, loyalement démo-ciatique, les droits auxquels ils ont plus de titres que jamais sur le terrain politique et sociai et dont ils se sont montrés dignes. (Applaudissements). Ne négligeons rien pour assurer ia renaissance du cemmercô bruxellois. favorisons de tous nos efforts la résurrection de nos industries locales. Resserrons ies liens qui nous unissent et que tous nos actes s inspirent de ces deux lois : le souci du Bien public et le sentiment de la fraternité. (Longuesalve d'acclamations.; A ce moment, un garçonnet et deux fillettes se dirigent vers l'estrade apportant a M. Max une gerbe et une magnifique corbeille, hommage de la jeunesse des écoles. M. Max s attendrit et embrasse les enfants. M. Lemonnier profite de ce gracieux incident pour lever la séance, car la foule du dehors s impatiente et réclame le Bourgmestre au balcon. M. Max s'enveloppe de sa pelisse et descend i'escalier des Lions dans l'intention de se mêler à la multitude.- Mais il hésite devant le prodigieux spectacle qui se déroule sous ses yeux. Ce spectacle, vu du balcon du Palais communal, arrache aux invités de 1 administration communale des exclamations admiratives et les plonge dans 1 extase. Il semble,à le considérer,que toute la population de Bruxelles ait afflué brusquement vers l'immense l'orme où grouille une multitude fantastique. Du pied du Palais communal aux colonnades de la Maison du Roi et do la rue de la Colline à la rue au Beurre s'agite un océan de têtes et la densité do cette foule est telle que les retardataires 'se trouvent bloqués dans les rues latérales où le filet des curieux s'est immobilisé. Sous le ciel de novembre, avec les tonalités des corporations se détachant sur les façades patinées par le temps, la Grande Place envahie par cette cohue formidable est animée d'un mouvement prodigieux. L'apparition très brève de M. Max au pied de l'escalier des Lions y suscite une vie intense. Des milliers de mains et de chapeaux se lèvent; des mouchoirs papillonnent; c est uii spectacle d'une couleur et d'une vie inoubliables. Mais voici que l'Harmonie communale exécute la Brabançonne et le spectacle devient grandiose. Dix mille voix accompagnant l'orchestre entonnent, avec ensemble, le chant national. Les cœurs de tous les patriotes vibrent à l'unisson. Puis c'est la Marseiliaistm rythme triomphant, reprise en cœur par la même multitude exubérante; puis encore le God Save* ihe King, plus gravo et plus majestueux, l'air national italien et le Yankiie Duddle, plus sautillants. Cstio fois, le rythme plus alerte provoque, dans ce peuple en liesse, des remous désordonnés. Et l'air américain, amusant comme une figure de cotillon, met le comble a cette frénésie. La foule danse et chante et, les musiques s'étant tues, se disperse, se désagrège, se disloque dans une confusion d'un pittoresque et d'un imprévu merveilleux.Ainsi le retour de M. Max à l'Hôtel de Ville a pris des proportions triomphales,.. «®+€5»—< Chez ms boys-scouts Nos Boy-Scouts ont tenu dimanche matlt à 11 heures, une réunion plénière en la salle du Coliseum, rue des Fripiers. Le local était bondé et c'était plaisir de revoir les tenues de nos pimpants scouts, les uns pas plus hauts que ça, les autres devenus des hommes au cours de ces quatre aunées. La séance a débuté par un pe»i de cinéma i fflmes nationaux et patriotiques, naturellement. auxquels on a fait grand ssccès, Qurtro orateurs ont pris ensuite la parole : MM. Bouvé, chaf des Eclaireurs de Belgique, Graux, chef des Boy-Scouts Belles. Corbisier, ch-f des Baden-Powcli B"'g!in Boy-Scouts, et l'abbé Mccr, aumônier militaire. Tous quatre ont p-t-'é dans un esprit d'union, d'cordialité et d'e-tente ab-solu-s. Aucune décision n'a été prise, sauf, *C pnn -îp- , celle de tra ai 1er tons ensemble dwjs 1 intérêt ^'néral. Les questions se-coi*tnur»-c d O'wuiisat" n ont été débattues s^v*^«v-n. pv ^.aC'ue d s associations, .u*s d-s r univns Ua«.es l'après-midi et lun4i mauc, MARDI 19 NOVEMBRE 1918 L'UNION DANS L'ACTION VINGT-QUATRIEME ANNÉE " ' — —————— -m- — ———

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Cet article est une édition du titre Le XXe siècle: journal d'union et d'action catholique appartenant à la catégorie Katholieke pers, parue à Bruxelles du 1895 au 1940.

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