L'indépendance belge

1279 0
close

Pourquoi voulez-vous rapporter cet article?

Remarques

Envoyer
s.n. 1916, 21 Mars. L'indépendance belge. Accès à 25 avril 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/057cr5p733/
Afficher le texte

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software.  

87èœs année. "Na '65 L'INDEPENDANCE BOYAU(VIE-UNI ; ONE FENNY BELGE. CONTINENT: 15 CENTIMES tHOULANDEî 6 CENTS.) ADMINISTRATION ET REDACTION • BUHEAU A PARIS : ÏCDOB HOaSE. TUDO.R ST., LONDON. E.C. 11. PLAGE DE LA BOURSE. mvniîPÇ \T\Rnr 91 M4R<5 1Q1fi .tninvumm» f3 MOIS, 9 SHILLINGS, ) t3-^<s»ic tci CDuniHC. riTV oocn (311-57 et LU-MJIvfeb, MARDI <Sl JMAKS lyib. ABON^EilENlS: -, 6 MOIS, 17 SHILLINGS, i CONSERVATION PAR LE PROGRÈS, HLtfWPIt, OITY JSbO. TELEPH.Î 1 238-75. ( 1 AN. 32 SHILLINGS. 1 LA SITUATION. Mardi, midi. Fidèles à leur nouvelle tactique, qui consisté à procéder par assauts spora-.diques, les Allemands ont livré dans le secteur de Verdun deux attaques, l'une sur la rive droite, l'autre sur la rive «gauehé de fa Meuse. La première, visant la Côte du Poivre, s'est déelanchée dans la nuit de dimanche à lundi et, bien qu'elle eût été précédée par un violent bombardement, elle a échoué complètement.La seconde, dirigée contre les positions d Avocourt-Malancourt et exécutée par uue division ennemie ramenée d'un autre point du front-, était particulièrement riolente. Elle s'accompagnait de jets de flammes et avait été précédée d'un bombardement de plusieurs heures par l'artillerie lourde. Elle n'eut d'autre succès que de permettre à l'ennemi de progresser légèrement sur un point du front d'attaque dans la partie orientale du Bois de Ma-iancourt.1 Dans les secteurs adjacents du nord-ouest et de l'est, c'est-à-dire en Argonne et dans la Woevre, l'artillerie a été très active. Du côté de la Haute-Chevauchée un obus français a éventré des réservoirs à gaz allemands et tonte la contrée fut, de ce fait, envahie par des nuages épais de vapeurs sulfureuses qui ont dû faire de nombreuses victimes dans les tranchées ennemies. Le communiqué allemand insiste beau-côup sur de prétendues attaques françaises dans les environs du fort de Douau-mont et du village de Vaux, que Paris ne mentionne pas et dont le communiqué semi-officiel fera probablement justice. Nous croyons avec le "Petit Parisien" que les Allemands continuent la lutte autour de Verdun sous la pression de l'opinion publique, qui réclame la victoire promise, et lious pensons que nos 'ennemis espèrent, en étendent petit à petit la lutte à droite et à gauche, faire rentrer dans l'oubli, insensiblement, une entreprise coûteuse qui a, porté au prestige militaire allemand le coup le plus sensible qu'il ait eu à supporter depuis le début de la guerre. On continue de signaler une certaine activité du côté de Loos et d'Ypres, mais v est sur le littoral belge que la journée d'hier a été particulièrement mouvementée.Vers quatre heures du matin une escadre aérienne composée de 65 appareils, dont 15 avions de combat, et comprenant «es aviateurs français, britanniques et r>elges, a attaqué les hangars du centre d aviation allemand établi à Zeebrugge, ainsi que l'aérodrome de Houttave (?), 'sur lesquels plusieurs tonnes d'explosifs ont été lancées avec un complet succès, lous les aviateurs sont rentrés sains et saufs, à^ l'exception d'un officier belge, ,qui a été sérieusement blessé. Le bombardement aérien a été suivi, ? il faut en croire le "Telegraaf" d'Amsterdam, d'un bombardement naval qui, selon notre coufrère hollandais, se serait prolongé jusqu'après midi. Vu l'absence de toute confirmation officielle de ce ^second bombardement, il est prudent de accepter cette version que sous les réserves d'usage. En tout état de cause, le raid sur Zeebrugge— le sixième depuis que les Allemands occupent le littoral belge—constipe, quant au nombre des appareils qui ;y participèrent, Je plus important qui ait ete effectué jusqu'à ce jour. La meil-^ure réponse aux fréquentes incursions des aviateurs allemands sur territoire britannique est évidemment de les attaquer chez eux et de détruire les oiseaux de proie dans leur nid. Au point de vue militaire général, l'attaque de Zeebrugge est très importante. Les Allemands, depuis qu'ils y sont installés, ont construit des ouvrages de défense formidables, y ont, établi un centre d'aviation, une base pour leurs sous-marins et un poste d'observation d'où, au moyen de ballons 'captifs qui s'élèvent jusqu'à plus de 2,000 mètres, ils explorent le ciel et la mer-tant- qu'il fait jour. II y avait donc de multiples raisons pour nos aviateurs de détruire les installations de l'ennemi sur ce point. Nos alliés russes commencent, eux aussi, à manifester une activité nouvelle tant au nord qu'au sud de leur immense front. Les troupes du général Ivanoff, qui n'avaient plus progressé sur le Dniester depuis leur occupation d'Us-ziezka et leur passage du fleuve, viennent d'enlever d'assaut de-s tranchées et une tète de pont à l'est du village de Micha-lezi (à cinq kilomètres environ au nord-ouest d'Usziezka) pendant- que dans la région de Dvinsk nos Alliés ont enlevé de haute lutte le village de Valiksieselo (à l'est- de là ville de Tveritck). Dans la région lacustre, les troupes russes ont également progressé, et c'est sans doute à ces combats que se référaient les inertes signalées par le bulletin allemand auquel nous avoils fait allusion déjà. Le dernier 'communiqué de Berlin y revient et signale que, malgré les lourdes pertes de là veille, les Russes ont renouvelé leurs attaques avec des forces importantes des deux côtés de la Postawy et, entre les lacs de Narotch et de Wisniew. "Toutes ces attaques," dit Berlin, "furent vepoussées et nous expulsâmes l'en- : nemi des positions qu'il avait occupées la veille en avant de notre front." Voilà bien des circonlocutions pour avouer un succès russe qu'àn avait eu soin d'ignorer dans le communiqué précédent ! Les Turcs, pressés au sud, à l'ouest et ! au nord par les armées du grand-duc Nicolas, essayent d'arrêter leur marche victorieuse sur Trébizonde. Mais tant sur le littoral qu'au nord-ouest d'Erzeroum les forces turques ont été obligées de céder, et l'avance cl© nos Alliés va reprendre dès maintenant aussi rapide qu'il y a trois semaines.. Le général Cadorna, généralissime des armées italiennes vient d'arriver à Paris pour assister aux conférences iuter-al-liées en vue desquelles les représentants cles autres armées alliées sont déjà réunis. Le généralissime italien a été l'objet d'une réception enthousiaste et les journaux se promettent de sa visite d'excellents résultats. Les incidents du Mexique sont suivis avec passion aux Etats-Unis. Les troupes américaines qui, sous le commandement du général Pershing,. se sont lancées à la poursuite de Villa se trouvent à près de deux cents kilomètres au-delà de la frontière et on semble espérer* avec l'aide des troupes clu général Carranza, cerner le fameux général et ses partisans. Cependant des voix se font entendre qui mettent en garde contre un optimisme prématuré. On fait remarquer qu'en Va-vançant si loin sur territoire mexicain, le général Pershing risque d'être cerné lui-même. Surtout si Carranza et Villa agissaient de côncert. Le gouvernement britannique est sur le point, annonce l'Associated Press de New-York, d'interdire complètement l'importation d'une série d'articles considérés Comme articles de luxe. CEUX QUI NE SERONT PAS LÀ ! ~——„ ' C ministl"e Julien Davignon.—Le sénateur Nestor Catteau.— Le citoyen Laurent Vandersmissen. -f- nous causent une particulière na-\ °7'L.e' ces décès que- l'on nous annonce «e loin. Dans l'entourage de chacun de i.ou» des jeunes gens auront disparu luand nous rentrerons au pays. Beau-''°UP 90morts, d'autres mourront encore pour la défense de la patrie. Ceux-i n auront pas eu leur part d'existence, 11 «est grand'pitié que soient fauchés eus ta„t. d'espoirs d'avenir; leur sou-emr du moins demeurera nimbé de Çioire. Mais quand nous apprenons la mort « «lis ou de Belges notoires avec les-lue » nous comptions nous retrouver un jour au pays, c'est un peu de la patrie! ,U1 9 €n va devant que nous ayons pu j atms -a îai-re miîtuçr par les bandits qui nous 1 ont prise. Quelle amertume de songer que oes compatriotes ne seront plus là quand nous rentrerons, et que rien n'aura compensé pour eux les souffrances venues de l'invasion. Coup sur coup les journaux de ces derniers jours ont porté à notre connaissance la mort,de M. le sénateur Catteau, celle du citoyen Laurent Vandersmissen celle enfin de M. le ministre Davignon. Ce dernier n'a pu revoir avant de mourir 1s sol sacré; les deux premiers ont gardé jusqu'au dernier instant l'obsession de la botte allemande qu'ils y entendaient sonner depuis dix-huit mois 1 M. Julien Davignon était un homme affabie. simple et bon. Il ne paraissait pas devoir être dans sa- destinée cle rece voir un jour le document le plus tragique de notre histoire nationale, l'ultimatum allemand du 2 août 1914. M. Davignon était un fort honnête homme, et son nom n'était pas indigne de figurer au bas de la fière réponse qui fut faite pour la Belgique à cet ultimatum. Depuis avant la guerre, l'état de santé de M. Davignon était précaire. En juillet 1915, M. le baroiî Beyens fut chargé de le remplacer par intérim comme ministre- des affaires étrangères. Récemment, M. Beyens était devenu le titulaire du département, tandis que l'on songeait à confier à M. Davignon, resté membre du conseil cles ministres, les fonctions d'inspecteur "des formations sanitaires belges de l'arrière." On attendait pour cela qu'il eût rétabli à Nice sa propre sant.é. La sympathie dont jouissait M. Davignon empêcha toute protestation. Le reproche qu'on aurait pu formuler — et qui, sans doute, aurait dû l'être, car les considérations personnelles devraient être de peu. de poids et ce moment- — se serait d'ailleurs adressé à d'autres que lui : était-il raisonnable de laisser indéfiniment vacant un poste que l'on jugeait nécessaire de créer,"et qui, selon moi, est de grande importance? Ce qu'on appelle dans le jaigon administratif' "les formations sanitaires de l'arrière" comprend en effet, -si je ne me trompe, non seulement tout ce- qui concerne les hôpitaux ei ambulances militaires et les maisons de convalescence, mais aussi tout ce qui touche à la,situation des soldats devenus inaptes au service militaire, j Souhaitons que le nouveau ministre I du service de santé ne doive pas commencer jiar soigner la sienne avant de s oécuper de celle des autres souhaitons ! aussi. qu il ait les qualités de cœur que possédait M. Julien Davignon. P-ius directement que celle de notre ancien ministre <2?a affaires étrangères,,] ïa mort de M. îsestor Catteau, peut être, laconte-t-on, rattachée aux événements dont.- souffre _ notre patrie'. L'honorable sénateur était président du conseil des Hospices de Bruxelles. Comme tel il se trouva en conflit avec l'autorité allemande. Les émotions l'ont tué. Et la population bruxelloise, manifestant à la fois sa reconnaissance pour l'un de ses administrateurs communaux qui avait tenu tête- à l'occupant, et sa haine à l'égard de celui-ci, a fait à M. Nestor Cat-, teau d'émouvantes et grandioses funérailles.* * De même que M. le ministre d'Etat Louis Huysmans, mort au Havre il y a quelques mois, M. Julien Davignon et M. Nestor Catteau côtoyaient la vieil-less'e. Mais Laurent Vandersmissen était dans la force de l'âge. Il avait 42 ans et semblait jouir d'une santé robuste. J'ai peine à me figurer que je ne reverrai plus,ce brave ami. Vandersmissen était un "manuel." Il était de ces ouvriers d'intelligence supérieure qui pourraient-, s'ils voulaient, utiliser leurs capacités à leur profit personnel, s'évader de leur classe et s'enrichir peut-être, mais qui demeurent' fidèles à leurs origines et consacrent leurs forces et leurs talents à organiser leurs camarades de travail. Laurent Vandersmissen était l'une des plus nobles figures du prolétariat belge. C'était un administrateur de premier ordre. Après avoir été secrétaire de la Fédération des Travailleurs du Bois, il était devenu secrétaire général du Parti Ouvrier belge. 11 remplissait ces importantes fonctions avec le dévouement le plus admirable. Quand on ne le trouvait pas à la Maison du Peuple, c'est qu'il était en route pour la propagande ou pour aplanir les difficultés survenues au sein d'un groupe en quelque coin du pays. Un jour que nous revenions d'une conférençe électorale donnée dans le Tournaisis, il me fit le compte des dimanches Qu'il avait pu consacrer à sa femme depuis plus de dix ans qu'il était marié. Le nombre en était infime. Il le constatait avec mélancolie, car il adorait sa femme et ses enfants. Quand j'allais le voir à son bureau pour quelque affaire du Parti, j'y trouvais parfois l'un de ses fils ; le gamin accomplissait gravement une besogne facile que lui avait confiée son père ; et Vandersmissen goûtait ainsi la joie familiale d'avoir auprès de lui l'un de ses enfants. Il était si souvent loin-d'eux ! Vandersmissen avait été le principal organisateur de la grève générale- de 1912 pour le suffrage universel. II disparaît sans avoir vu les prolétaires belges obtenir enfin cette égalité politique que nul ne pourrait plus désormais leur refuser dans un pays qu'ils ont héroïquement défendu et dont- l'honneur fut payé et se paye encore de leur sang. Laurent Vandersmissen était un Flamand, Mais sa bienveillance et sacordia-1 lité, son ardeur socialiste et sa sincérité lui valaient non pas seulement la fraternelle camaraderie, mais la profonde amitié cle tous les militants du parti, même en Wallonie. Depuis la guerre, une fois je l'avais revu. Peut-être n'étions-nous pas entièrement d'accord sur une question : celle de savoir si les députés sans mandat communal avaient bien fait de suivre le gouvernement en. -ex.il paut -ûïnplir à ses côtés un mandat dont- ils étaient destitués cle fait et de droit en pays occupé. En présence l'un de l'autre, nous ne songeâmes même pas à la discuter. Et je me rappelle avec émotion sa longue poignée de main et ses propos affectueux quand le moment fut venu de nous quitter. En ce temps affreux, l'on sait moins que jamais si l'on reverra l'ami dont on se sépare. C'est par une dépêche, parue dans P "'Humanité," que j'ai appris le mort de Laurent Vandersmissen. En pensée j'ai suivi son cercueil parmi la foule des camarades pour qui, Jà-bas, il avait organisé le ravitaillement, comme il avait autrefois organisé leur effort en vue de conquérir le suffrage universel. Vandersmissen était un des hommes sur qui le Parti ouvrier belge comptait le plus. Pour le prolétariat, pour sa famille, pour ses amis, pour lui-même, il s'en est allé trop tôt. Mais les batailles continuent. Sachons donc reprendre à notre compte le mot sur lequel se termine l'un des romans de Zola : cles peiiïtres, des écrivains, des sculpteurs viennent de conduire en terre l'un des leurs, auquel la vie n'avait point souri et qui laissait comme inachevés son rêve d'art et le destin qu'il s'était proposé. A ce sujet, ses amis venaient de philosopher tristement. Et pourtant, au moment de se quitter très naturellement, cette simple parole leur monte aux lèvres : Allons travailler ! EMILE ROYER, Député de Tournai-Ath- ÉLOGE FUNÈBRE. Diseôurs prononce par M. le baron Beyens à Nice, aux funérailles de M. Davignon, ancien ministre des affaires étrangères, membre du conseil des ministres. r * " Par dévouement. Le membre éminent du gouvernement belge auquel nous venons rendre aujourd'hui un dernier et solennel hommage, ne s'attendait pas à jouer un rôle écrasant aux heures les plus tragiques de l'existence cle la Belgique, quand il succéda, en 1907, au baron de Favereau à i la tête du ministère des affaires étran-! gères. li avait accepte'M,te ioTifde tâche par dévouement à son pays, sur le conseil de son ami le comte de Mérode. A peine était-il entré en fonctions que les difficultés surgirent. Ce fut d'abord la laborieuse Conférence, de La Haye, à laquelle, sous sa direction, lies délégués belges prirent une part importante. Puis vint immédiatement après l'annexion du Congo à la Belgique, l'acte le plus considérable accompli depuis la fondation du royaume, qui ouvrait à l'activité et à l'esprit d'entreprise cles Belges un champ d'action pour ainsi dire illimité. Julien Davignon eut à préparer et à négocier les accords diplomatiques indispensables à la reconnaissance par les Puissances de notre prise de possession de cet empire colonial. La négociation était difficile autant que délicate, et l'on sait comment elle fut bien engagée et bien menée par notre ministre des affaires étrangères. Après la mort de Léopolcl II, Julien Davignon eut l'honneur dé faire partie du premier cabinet investi de la confiance du roi Albert et continua de diriger avec la même distinction la politique exterieure de la Belgique. La vision du danger. Une courte accalmie dans la situation européenne signala les débuts du nouveau règne. Après les visites du Roi et de la Reine aux cours étrangères, suivie de la venue à Bruxelles des souverains allemands, gage d'une amitié qui devait être si trompeuse, éclata la crise marocaine d'Agadir. Elle ouvrit les yeux de bien des Belges sur les dangers que courait la neutralité de leur pays en cas de guerre européenne. Ses dangers, Julien Davignon fut un des premiers à les apercevoir, avec ce clair jugement qui était une des qualités principales de son esprit, et il .m'en a souvent entretenu dans les conversations qu'il eut avec moi. Les conflits balkaniques, précurseurs d'une conflagration générale, achevèrent de l'éclairer. Aussi, quand, au mépris des engagements les plus sacrés, le gouvernement belge reçut brusquement l'odieux ultimatum allemand, notre ministre des affaires étrangères était-il prêt à assumer en face de l'Allemagne, avec une dignité, avec une noblesse et un courage dont nous avons tous été fiers, le rôle périlleux de porte-parole de son pays. On sait quelle digne et simple réponse Julien Davignon opposa aux sommations du ministre de l'Empereur. Le signataire de cette réponse, approuvée par le ,oonseil de la Couronne, fut ce jour-là l'interprète éloquent du séntiment national. Et il le fut même après la chute de Liège, en repoussant, comme il le fit, d'accord avec ses collègues, les insidieuses propositions de nos ennemis. C'est là une attitude que la postérité n'oubliera pas, quand elle évoquera l'image de Julien Davignon. Dirai-je, d'autre part, que son urbanité, sa courtoisie, sa bienveillance naturelles rendirent particulièrement profitables pour le pays les relations qu'il était chargé d'entretenir avec les représentants des gouvernements étrangers ? Personne n'occupa plus dignement que lui l'hôtel de la rue de la Loi, où il fut secondé par la grâce charmante de Mme Davignon et de ses filles. Patriotique angoisse. C'est pendant le siège d'Anvers que aotre regrette collègue sentit la première atteinte du mal qui devait l'emporter aix-huit mois plus tard. Nul doute que les patriotiques angoisses qu'il éprouva alors, la douleur affreuse de voir sa patrie bien-airtiée livrée comme une proie aux envahisseurs, n'ont hâté l'éclosion de la maladie et abrégé sa vie. Sa santé avait paru se raffermir durant son séjour au Havre, dans la chaude hospitalité qu'offre aux ministres belges exilés l'amitié de la France et du gouvernement cle la République. Obligé cependant, pour ménager ses forces, de se décharger du fardeau qu'il avait si noblement porté aux moments les plus critiques de notre histoire, il s'était voué avec une ardeur nouvelle à la tâche qui lui avait été réservée dans l'inspection et l'organisation de nos services sanitaires, quand la mort' est venue le terrasser brusquement. Julien Davignon a été, lui aussi, une victime de la guerre et de l'inexpiable agression de l'Allemagne, une victime tombée sur le champ de bataille du devoir. Il n'a pas eu la suprême consolation cle revoir sa chère Belgique, cette terre promise, vers laquelle sont tendus tous nos regards, toutes nos espérances, toutes lés fibres de nos coeurs. Il n'a pu reposer une dernière fois sa vue sur son beau pays de Liège, le premier envahi, ni sur son domaine familial qu'il aimait tant. Il a dû renoncer à cet immense bonheur et il s'est incliné devant la volonté divine, avec la soumission d'un chrétien fervent. Pieuse reconnaissance. Appelé à lui succéder comme collaborateur et comme ami dans le poste où il a su toujours faire honneur à la Belgique, je m'acquitte envers lui d'un devoir cle pieuse reconnaissance en lui apportant le tribut des regrets profonds et l'hommage de la sincère douleur de son ancien département. Tous les membres de ce département et moi-même, depuis les fonctionnaires les plus élevés en grade jusqu'aux modestes employés, ont senti les effets de sa. bonté et cle sa sollicitude. Sous sa paternelle direction ils ont été heureux, certains de trouver toujours en lui le chef le plus juste et le plus indulgent. Puisse cette affectio"5 unanime, en se mêlant à celle de son admirable compagne et de ses enfants, contribuer à en adoucir un peu l'amertume. Quant aux membres du gouvernement du Roi, ils pleurent en Julien Davignon le collègue le plus dévoué et le plus sûr. Le chef du ca,binet belge, de ce cabinet qui s'honore, à côté de son grand Souverain et de sa vaillante armée, de personnifier la résistance nationale, M. de Broqueville, forcé à son grand regret, par une indisposition, de renoncer à venir saluer une dernière fois la dépouille mortelle de son ami des bons et mauvais jours, m'a chargé de lui dire au nom de tous urf suprême adieu. Au nom des membres du gouvernement belge, au nom de vos anciens subordonnés qui conserveront fidèlement votre souvenir, adieu, mon cher Daviguon, adieu 1

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software.  

Il n'y a pas de texte OCR pour ce journal.

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software.  

Il n'y a pas de texte OCR pour ce journal.

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software.  

Il n'y a pas de texte OCR pour ce journal.
Cet article est une édition du titre L'indépendance belge appartenant à la catégorie Liberale pers, parue à Bruxelles du 1843 au 1940.

Bekijk alle items in deze reeks >>

Ajouter à la collection

Emplacement

Sujets

Périodes