L'indépendance belge

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s.n. 1918, 24 Decembre. L'indépendance belge. Accès à 28 mars 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/086348h73d/
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Mardi 24 décembre 1918. lo centimes 89" année."- L'INDEPENDANC EBELGE TÉLÉPHONEt Direction •• M M M •• M A 2278 Administration m — •« •• B 73 Rédaction. «•••••MM B 75 Adressa tâéfraphiqa» i UNDEBEL- BRUXELLES Fondée en 1829 ADMINISTRATION ET RÉDACTION i RUE DES SABLES, 17 ABONNEMENT I BELGIQUE t Un an, 24 £r« $ «ht noii, 12 Cr» i moi», 6 franc». ÉTRANGER i Ua an, 40 tr.j six mou, 22 (r,| trou noii, 12 francs. LE CONTRÔLE PARLIEMENTAIRE . n est encore des gens, imbus de faux prin. cipes, qui en veulent à mort au régime parle ïnentaire et, hypnotisés par ses défauts ou se vices, croient que le salut serait dans sa dis çarition. — Par quoi donc le remplaceraient-ils? Eh! ne leur en demandez pas si long! Le Jflestructeurs sont rarement des constructeurs Jls critiquent, et 'c'est assez. Si on les pouss ;un peu, ils déclarent : — Qu'on nous donne un bon tyran, un die ,iateur, ou bien un collège de conseils, respon sables devant le pays 1 L'histoire de la guerre démontre combien il 6ont dans l'erreur. Nous résumerons ici, à leu Intention, quelques-unes des remarques, foi Judicieuses, faites par M. Gustave Le Boi 'dans un livre paru en 1916, c Premières consé quences de la guerre >. M. Le Bon expose d'abord comment, au dé 'but des hostilités, les Chambres française iétant suspendues, le conseil des ministre d'alors constitua de fait, un gouvernement at 'solu, c'est-à-dire sans contrôle. « Il forma vite, dit-il, un pouvoir complète ,ment autocratique dégagé de tout contrôla et rappelant le fameux Conseil des Dix à Ve nise. > Quel fut le résultat de cette transformation ï Le mieux que l'on puisse en dire, c'est qu'i ne fut pas très bon. * Les ministres durent forcément délégué 'leurs pouvoirs à une foule d'employés suba] ternes qui abusèrent de la situation et se rec dirent rapidement odieux par leurs réqulsi tions intempestives et bassement intéressées Le gaspillage, dans tous les services, était réel lement scandaleux. Encore, si le mal s'étai borné là I Mais ces milliers de petits autocra tes désorganisèrent peu à peu la vie induî trielle de la France et ne surent sur aucu: point tirer du pays les ressources presque in< puisables qu'il contenait.Un détail entre millt en dépit des premières leçons de la guerre, le bureaux se refusaient o,bstiném'ent à mettre e fabrication des canons lourds et à intensifie la fabrication des obus. Sur l'Aisne, aprè la Marne, l'armée avait dû s'arrêter faute d matériel et de munitions. Cette amère constî tation était restée lettre morte par les potei tats du ministère. Ses excès mêmes, heureusement pour 1 France... et pour nous! amenèrent la chute d ce gouvernement autocratique. On dut cré* des commissions parlementaires, en mêm temps qu'on formait un nouveau ministèr< composé des chefs de tous les partis. On vit alors s'exercer derechef l'action d Parlement. Elle fut extrêmement bienfaisant* Et cependant, on s'en souvient,' les Chambre élues en 1914 étaient composées d'élémeni plutôt fâcheux. Les adversaires de la loi d trois ans — cette loi qui a sauvé la France -y étaient très nombreux. Comme le disait ] « Journal de Genève », à la date du 27 mar 1915, la Chambre des députés était faite avai: tout « de spécialistes pour les luttes électc raies, d'hommes de partis professionnels ». E: somme : « une pétaudière délirante d'aniiiu Silés de partis et de rancunes personnelles. « Et voici, continue le journal, que la néces ftité historique et le sentiment national, r( veillé par le péril, imposant à cette Chambr détestable une unanimité, une cohésion dor aucune de ses devancières n'a donné le spet tacle, doublement impressionnant paroe qu'; s'agit d'elle. L'impératif catégorique de 1 France a passé. Les groupes sentent qu'à r« prendre leurs sempiternelles disputes, ils riî queraient gros. Le peuple ne le pardonnerai pas. > Les commissions parlementaires se miren aussitôt à parcourir le pays, à chercher, à dé couvrir, à signaler les abus, à en exiger l'iir médiate réformation. Et elles réussirent à ne' toyer les écuries d'Augias. Sous leur impulsion, la France s'industrif lisa. Les usines travaillèrent pour l'armée. De prodiges furent réalisés. Et bientôt les soldat isurent de l'artillerie lourde, des munitions lies vêtements, des vivres. Le contrôle paiit mentaire avait triomphé, :;our le pius gra:> bien du monde, de l'inertie et de la mauvais volonté des bureaux. En Allemagne, où, bien qu'il y eût un Pai lement et qu'il siégeât, le contrôle était nu au moins de ses effets; dès 1916, le « Loke Anzeiger », journal peu suspect, signala déjà les erreurs néfastes commises.au point d vue du ravitaillement, par le gouvernemer absolu. Le Parlement ne sut pas ou ne vouii prendre le dessus. On voit à présent où ce méthodes ont conduit — ne nous en plaignon pas d'ailleurs! — ce puissant pays. En Russie, même situation. Après les pr< miers désastres, le Tsar, se sentant entouré d traîtres, se décida, trop tard, hélas! à convc quer la Douma. Pauvre Parlement de comédie, vinculé, ju gulé, paralysé par un règlement draconien e par les louches manœuvres d'une bureauers ile éhontée ! Eh bien, malgré toutes ces entraves, la Doi ma fit œuvre utile. Elle démasqua les traîtres Le ministre de la guerre fut jeté en prison.Soi protégé qui vendait à l'Allemagne les plans d l'état-major russe et qui était le-meilleur ar tisan des prétendues victoires d'Hindenburj lut arrêté, jugé, convaincu et perdu! La Do'u ma eût fait plus et mieux encore. Elle eû peut-être sauvé la Russie comme le Parte ment de Paris avait sauvé la France. Mais le scandales découverts étaient tels qu'on se hâti de la dissoudre. Et à peine eût-elle cLispan que tout fut consommé. Ne médisons pas trop du régime parlemen taire. Il n'est pas l'idéal, certes, mais il est e demeure celui qui s'adapte le mieux aux né cessités de notre temps. Mil ■ ** "" L'kérolsmejontagisi! Nous avons découvert l'héroïsme. Certes, ï. existait naguère. Il existait dans le sacrifice obscur, admirable puisque délibéré, intégrale' ment consenti. Tel l'héroïsme du mécaiïicier demeurant sur sa machine, pour tenter de sau ver les voyageurs qu'il conduit, celui du s#vani à l'heure de l'épidémie. Mais la foule le discernait vaguement. Elle est plus sensible à ce lui fourni par la guerre. Et cela s'explique, en somme : en de telles circonstances l'héroïsme est multiple, il frappe'par sa gé néreuse abondance. En Belgique, nous le connaissions peu ; sans doute la race en avaii donné de magnifiques exemples, mais ils étaient lointains déjà et les leçons d'histoire à l'école, les avaient entachés de banalité. C'était fini; cet héroïsme-là appartenait exclusivement au passé. Peut-être nous croyions nous incapables de le renouveler- Il a ressurgi soudain, d'autant plus prodi gieux, d'autant plus saisissant que rienvn€ l'avait préparé. Nulle part notre jeunesse n'v avait été excitée. Pas de romans de cape e1 d'épée, chez nous; pas d'ambition de conque te, non plus. Pas de d'Artagnan, pas de Cyrano, et pas d'irrédentisme. Pas d< voix exaltante dans cet ordre de senti ments. Rien que de douces chansons d'amou autour d'un clooher et, isolées, quelques ra res hymnes d'orgueil mais point belliqueux et se gardant, dans leur exaltation scientif que, des évocations guerrières. Et l'héroïsme est venu, spontané. Il a grand j non seulement ceux qui se battaient et 1 - donnaient, mais aussi tous les autres qu les comptemplaient. Il est né en une heur où rien ne distrayait de lui l'attention, où toi: s tes les activités et toutes les passions qu'elle engendrent étaient . arrêtées, où certain 3 pouvaient, devaient, pour la première fois se recueillir, penser en dehors de toute sug - gestion corruptrice. Une longue pause étai - imposée à ceux qui le plus fièvreusemen travaillaient. Chez un grand nombre d'entr 5 eux, les préoccupations ordinairement domi r nantes et qui conseillaient l'égoïsme, étaien t. sans objet : on ne pouvait songer a gagne i de l'argent, on ne pouvait songer à la brigue . à l'ostentation mondaine, aux petites lutte coutumières, à tout ce qui, d'habitude, dim: - nue, restreint, abaisse l'idéal. Rien n'entravai 5 la pure exaltation, l'abandon aux ser s timents généreux. L'Hir était momentané - ment purifié. Dépouillé par la tforce, mai libéré tout de même de ses volontés me: . quines, chacun était attentif, presque excli î sivement, aux souffles sonores que l'héroïs - me y faisait passer. Je ne veux pas prétendre ingémaernent qu ? le pays, durant ces longs mois de détress 1 et d'angoisse, a été tout entier héroïque, n' plus compté d'âmes mesquines et d'esprit r fermés. Il y eut encore des rentiers egoïstes - sensibles seulement aux pertes matérielles pa - eux éprouvées; il y eut des commerçants aï - tentifs surtout aux menues spéculations poî sibles, et des citoyens aigris cherchant de _ défaillances à critiquer à côté des belles a( t tions. Mais la noblesse prodiguée a atteir _ l'immense majorité. Les hommes de ce pays sont meilleurs qu'o: i ne le supposait. Les sceptiques avaient tort i- le niveau moral est plus élevé qu'ils ne 1 s: voulaient croire. Et même les plus chagrin: s les plus égoïstes et les plus dénigreurs s i taisent dès qufune voix résolue leur pari r du sacrifice prodigué, les invite à ne rie s dire qui puisse affaiblir ses conquêtes. e L'héroïsme est souverain. Ce qu'il accompl; i- montre la puissant© de i'extmple et ce «*u l- peuvent sur un peuple quelques homme! par le désir obscur chez tous, l'instiactive vc a lonté de ne pas aggraver les distances : on s e résigne à être différent de ce que l'on ac r mire, nais reulemen, dans une certaine mt e sure. Quand l'élite s'élève, la foule fait u !, effort pour s'élever d'autant, pour la suivr d'aussi près qu'auparavant. On se demand ii même, en présence de ce qui se passe, si l'e; i. fort est nécessaire et si l'élan n'est pas autc s matique, si la foule n'est pas attachée s l'élite et si celle-ci n'entraîne pas celle-là de] e rière elle dans son essor ? Le Belge parlant de oe qu'a fait l'armée dit e « nous ». « Nous avons résisté ; nous avons ét s stoïques ; c'est à nous que l'on doit... » Il pren t sa part de l'épopée ; c'est celle de la collectivit _ dont il éêt membre, celle de sa race, « c'est l'ai i flrmation des facultés de cette race, donc d h ses qualités à lui. Parlant ainsi, il ne peu » plus être ce qu'il était hier, il ne peut plus en - visager les choses sous le même angle. i- Il n'y a point là d'orgueil ridicule, de foi e fanterie, mais simplement l'effet d'une décor t verte sincèrement accomplie. C'est la précieuse vertu de l'héroïsme d 1 rayonner ainsi, de tout hausser vers lui, d a teinter toues les âmes et toutes les choses de • reflets de son auréole et de leur communique - des lueurs. Par lui les idées et même les fait t deviennent plus palpitants, s'élargissent d'un aspiration, les caractères d'un consentemen t de sacrifice. Dès que les hommes meurent pour un - cause, quelle qu'elle soit, tous les hommes s ,- sentent plus capables de désintéressemen plus disposés à perdre de vue leurs mobile personnels et restreints, leurs trop proches ot s jectifs, pour rearder en dehors d'eux-mêmes s et plus loin. C'est une beauté contagieuse,don , on est plus ou moins atteint, mais à laquell • personne, lorsqu'elle règne, ne se soustrai 3 complètement. Marnix. e ECHOS u e Le Roi visitera le Limbourg au printemp t prochain et visitera le bassin houiller de 1; t Campine. s La reine Elisabeth recevra sous peu, au pa lais de Bruxelles, une délégation du Comit y des dames néerlandaises, qui a recueilli, ei e Hollande, une somme d'un demi-million d< - francs destinée à la fondation d'une maisoi pour les orphelins "de guerre belges. La délégation sera accompagnée de deu: t orphelins d'Amsterdam, vêtus de leurs uni forme mi-partie rouge et noir, lesquels remet tront eux-mêmes ce capital à la Reine. Une entrevue de ministres anglais et belge: 1 aura lieu à Londres, prochainement. 2 M. Delacroix, chef du cabinet, accompagne . de M. Franck, ministre des Colonies, partirc l jeudi pour la capitale anglaise et y rencontre. - ra M. Lloyd George et le chancelier de l'Echi t quier. 3 M. Ernst, ancien chef de cabinet du minis i tre de la Justice, vient d'être nommé sécrétai i re général du département. M. Wilson viendra en Belgique. C'est chose t décidée. Nous l'avons dit. Et l'on a décidé aussi de montrer à M. Wilson Louvain, Dinant, quelques usines du pays industriel. On veut qu'il puisse juger par lui même des procédés allemands. On annonce ciu'une mission anglaise d'ex perts textiles partira prochainement pour la Belgique et le nord de la France, dans k but d'aider, à rétablir les industries textiles dans ces contrées ravagées. La mission examinera les dégâts commis et s'efforcera de donner du travail aux réfugiés rentrant dans leurs foyers. Les sections du Conseil communal de Bruxelles se sont réunies, lundi matin, afin d'examiner le budget. Celui-ci a été vote à l'unanimité.M. Loucheur, ministre français de la Rénovation économique, passera quelques jours en Belgique. Il aura jeudi une entrevue avec 1g premier ministre, M. Delacroix; le ministre des Affaires économiques, M. Jaspar, et le ministre de la Guerre, M. Masson. Où déportera-t-on Guillaume II? C'est ce que demande 1' « Illustration », et à qui répond un lecteur du « Figaro », qui "propose d'assigner comme villégiature à l'ex-em-pereur, le « Kaiser Wilhelm's Land », banquise découverte en 1902 et située'exactement 3ous le cercle polaire antarcticiue. Elle est habitée exclusivement par des pin. î gouins ou manchots. Ces palmipèdes, aux - quels la conformation de leurs membres-an r térieurs donne une certaine ressemblance avei - l'empereur déchu, ont, comme lui, le goût di , défilé et de la parade. Ils se réunissent volontiers en formation: régulières et quasi militaires, que nous avora i pu admirer sur les films de l'expéditior 3 Shackleton. Ceux qui les ont vus de plus près i assurent même qu'ils marchent naturellemen 3 au « pas de l'oie ». - t Avec un peu d'imagination, l'ex-kaiser pour s 'rait encore se croire sur le champ de manœu s vre de Tempelhof. Le roi Musingha, eiui est souverain di Ruanda, pays de l'ancienne Afrique alleman 1 de, ne sachant comment remercier les alliés ô de l'avoir débarassé de ses « protecteurs », e ■ envoyé une superbe défense d'éléphant ai 1 roi Albert Ior, en le priant de verser le produi' 1 de la vente de cet ivoire aux œuvres belges ' des orphelins de la guerre, s Le corps professoral de l'Académie des t Beaux-Arts de Bruxelles organise une mani * festàtion en l'honneur du président et d'ur membre du Conseil académique : MM. le 5 bourgmestre Adolphe Max et l'échevin de - l'instruction publique Jacqmain. i- Au cours d'une cérémonie qui aura lieu ui - jour très prochain, on remettra au premier un albun contenant des dessins exécutés pa] 3 tous les professeurs restés à leur poste duran 3 la guerre; au second, une plaquette commé- * morative due à Isidore De Ridder. 3 Tout doucement la circulation sur les voie* r ferrées se développe. Sur les grandes lignes le mouvement tend à s'améliorer, à s'intensi i- fier chaque jour. Et déjà sur quelques ligne: a locales le service a repris. On annonce que U > ligne Statte-Landen est à nouveau ouverte ai t trafic. Un train quitte Statte tous les jouis i 12 h. 40 pour arriver à Landen à 15 h. 20. i Un autre train quitte Landen à 7. heure* : pour arriver à Statte à 9 h. 37» e — i, Il y a beaucoup d'Allemands encore en Bel e gique< Le gouvernement belge s'est mont-r< e magnanime : il a autorisé les sujets allemand: n établis ici avant la guerre et qui trouvaien deux répondants belges, à ne pas quitter 1< i pays. e Sans doute, procédera-t-on à des enquête: >, sérieuses concernant chaque cas. L'opinioi i publique admettrait eiifficilement que l'oi e montrât trop de confiance; notre confiant - d'avant la guerre nous a coûté trop cher. Il est même des citoyens point du tout fan 1 taisistes qui 6e demandent pourquoi les Aile e mands tolérés ne seraient pas placés sou e contôle et astreints à se présenter périodique '- ment comme l'étaient les étrangers des pay; i- alliés sous le régime de l'occupation. ï Certes, il ne faut pas se laisser dominer pa: le désir d'exercer des représailles; mais i convient d'être prudente 2 Au cours d'une assemblée des agents d< i change de Bruxelles, tenue lundi matin, l 5 l'Union syndicale, le président de la compa gnie, ÎV1. Mertens, & communiqué à ses con frères le résultat des entrevues qu'ont eue: les délégués de la Bourse avec les délégué: du gouvernement au* sujet du retrait de* mark et de la réouverture de la Bourse. Celle ci, selon 3a réponse de M. Lepreux, direc teur de la Banque nationale, pouirait sï faire vraisemblablement le 6 janvier, tandii 3 que le retrait du papier allemand se ferai 3 dans les tout derniers jours du présent moi: 3 de décembre. r La Banque nationale ouvrira à cet efïe 5 un guichet spécial pour les agents de chan 3 ge; ceux-ci recevront un récépissé établis t sant leur encaisse en mark, et il leur sere remis, suivant les disponibilités, 25, 30 oi 3 40 p. c. sur ce montant. 3 Après un long échange de vues à propo: > de la fréquentation de la salle par les étran s gers ressortissant aux pays ennemis et neu - très, — échange de vue demeuré sans solu . tion — l'assemblée a émis, à l'unanimité, ui t vote en faveur de la réouverture de la 3 Bourse pour le 6 Janvier. t Plusieurs journaux ont annoncé que la vil : le de Bruxelles avait porté à 500,00 francs 1< : subside qu'elle alloue au théâtre royal de lf Monnaie. U a été dit aussi que l'administration com. munale interviendrait désormais dans la ges tion du théâtre et percevrait une part des bé. s néfices éventuels de l'exploitation. i Ces nouvelles sont inexactes et l'adminls tration communale nous prie de les démentir. La recherche des animaux, enlevés dans les i régions flamaneles par les Allemands, puis i abandonnés çà et là, se poursuit méthodieiue-i ment : des équipes de cultivateurs, accompa-t gnées de soldats, visitent les régions intéressées et font renvoyer le bétail aux anciennes « kommandantur o dont ils portent la marque. On les y expose à des dates annoncées * d'avance et les cultivateurs viennent reconnaître leur bien. Prochainement du bétail sera importé d'Angleterre; mais il semble que des achats de jeunes bêtes seraient possibles dans le Grand-Duché, où il y a abondance relative. On songe aussi à transporter les jeunes porcs d'une région belge où ils sont très abondants dans celles où il n'en reste plus. Des éleveurs seront prochainement envoyés en Allemagne occupée, puis plus tard dans touté l'Allemagne, pour rechercher les chevaux volés chez nous; probablement réquisi-tionnera-t-on en Allemagne tous les chevaux nécessaires à notre agriculture. Avez-vous. déjà vu comment les sentinelles anglaises montent la garde? C'est tout-à-fait curieux. Il y a, au commencement de l'avenue de Fré, une sentinelle double devant la propriété de M. Errera, où sont logés sans doute des officiers supérieurs. Les factionnaires marchent d'un pas régulier et rapide en se i tournant le dos, s'arrêtent net après uiie. ving-. laine de mètres, font deux fois un quart de tour à gauche, puis repartent du même pas en allant l'un vers l'autre. Ils s'arrêtent' de nouveau et répètent le mouvement. Et oela est fait avec une telle aisance souple que personne ne songerait à. sourire. Le deuxième spectacle de la Monnaie était La Tosca, que l'on revit et que l'on réentendit avec plaisir, tant il est vrai crue l'absence ravive le charme des plus vieilles relations. Iyé rôle de Mario était chanté par M. Au-douin, à qui le public a fait un très vif succès personnel. M. Albers — Scarpia — se sentant très fatigué, avait fait solliciter l'indulgence : il n'en a pas eu besoin. Mm0 Ed-vina, qui devait chanter le rôle de Tosca, n'ayant pu arriver à Bruxelles, M110 Cuvelier avait bien voulu la remplacer. On l'a beaucoup applaudi pour sa jolie voix, conduite avec adresse et, avec goût. Et le public i'a • as manqué d'associer l'orchestre de M. Corneil de Thoran aux applaudissements répétés qui ont signalé la lin de cette représentation. On a Commencé, à Anvers, la déchargement de plusieurs navires de vivres, dont les car- - gaisons sont destinées au ravitaillement de la - province de Brabant. En voici la liste : « Char-; leroi », 60 tonnes de sucre; « International », i 240 tonnes de café et 11 tonnes de jambon ; c Divinitus s, 44 tonnes de lait concentré; 21 ; tonnes de cacao, 64 tonnes de savon; « Sans > Crédit >, 2,650 kilos de café. i C'est en terre belge, à Neuf château, que le t maréchal Pétain, commandant en chef de l'armée française, a remis la Médaille Militai- ■ re française au général Guillaumat, comman- ■ dant la cinquième armée., devant les autorités civiles belges, les notables de la ville, la foule nombreuse et les représentants militaires al- i liés. La brève cérémonie, d'ailleurs, fut tout . à fait belge par son décor et les choses qui fu-i rent dites. i Le bourgmestre a éloquemment salué le L maréchal de France, qui honorait la petite vil-, le laborieuse du Luxembourg belge libérée de-i puis peu : « Vous avez été, a-t-il dit, un des principaux artisans de la victoire, vous avez l'admiration et la reconnaissance de tout le ■ peuple belge. » Des applaudissements de la population groupée là malgré le temps plu_ L vieux ont coupé à plusieurs reprises le dis-, cours du bourgmestre, qui s'est achevé sur les I cris répétés de : « Vive la France! Vive la Belgique! Vive Je maréchal Pétain, Vive le libé-L rateurl » Le maréchal a répondu en remerciant les . autorités et la population de l'accueil fait aux troupes françaises du général Guillaumat et à ' lui-même : « Dès que j'ai posé la première fois le pied sur le sol de Belgique, a-t-il dit, j'ai compris que le sort des deux pays est indis-; solublement lié. » Le maréchal a passé en revue les troupes ^ massées sur la coquette petite place de l'Hô-; tel de ville, où sur le mur d'un édifice se mon-, tre en témoignage permanent de la barbarie [ allemande une grande couronne dédiée aux L 21 civils de Neufchâteau fusillés par l'ennemi, sans motif, en 1914, Doit-on dire Fok ou Foch ? Cette question a été souvent posée. Il y a quelepies mois, une revue parisienne ouvrit là-dessus une enquête pour savoir si le « ch », dans le nom du généralissime français Foch, doit se prononcer comme «k"» ou comme r-ch». Les opinions " furent partagées, mais comme l'a dit alors le « Journal des Débats », les raisons les plus ; plausibles plaident pour la prononciation J « Foche j).- t D'ailleurs, un argument essentiel en faveur } de cette dernière opinion, c'est que c'est cette prononciation qu'emploient la famille et l'entourage du général. De plus, c'est ainsi que ' dans le pays de la langue d'oo, ia patrie de | Foch (né à Tarbes), on prononce habituellement les noms terminés en ch : la ville d'Auch, j par exemple; la rivière Buech; le soulpteur Puech, autant de noms que les habitants du , pays prononcent « ch ». . .Voilà donc la question entendue. Nous dirons Foch. On sait ce que coûtent les œufs, les fruits, : beurre et Je vin à Bruxelles, et ce qu'il faut \ payer pour se procurer -du tabac «t des allu-[ mettes. " Pendant ce temps-là, les œufs se vendëht, ? en Algérie, trente-trois sous la douzaine; le ' vin se vencl, au détail, de quarante à soixante ' centimes le litre; les bananes valent un sou, les oranges et les mandarines, de quatre à six sous la douzaine. Le tabac vaut deux cent cinquante francs les cent kilos. Quant aux allu-î mettes, elles coûtent un sou la boîte eo' Al-ï gérie, fabriquées par les usines du pays, et s elles n« ratent jamais* ^ Heureux pays! Que va-t-on faire de toutes les médailles frappées en Belgique occupée pendant la 1 guerre ? 1 Depuis 1914, nous en avons vu de toute espèce. Les œuvres de bienfaisance en ont ven-' du, on en a distribué comme souvenir à ceux ' dont la bonne volonté s'est révélée toujours ' prête à consoler les misères. Assez souvent, ■ ces petites médailles étaient l'œuvre d'artistes 1 excellents,, et nous nous souvenons de quelques-unes qui étaient d'un très joli effet. Si l'on fait, à Bruxelles, comme dans d'autres pays, une exposition de guerre, les mé- ■ dailles de charité et les médailles patrioti-' ques, répandyes chez nous, depuis quatre - ans, ne devront pas être oubliées. II y a deux mois, chaque foi6 qu'on rencon-• trait un ami, ou simplement une connais- ■ sance, la conversation s'engageait immédiatement. On n'était pas en peine-de l'amorcer. : leur dernière affiche, leur dernière ignominie, leur dernier communiqué était les ordinaires et permanents sujets de discussion. Dans toutes les classes de la population, on parlait de la même chose l'ouvrier, après sa journée, les employés, dans leur bureau, les fonctionnaires, entre collègues, les médecins à leurs malades, les commerçants à leurs clients, en chemin de fer, en tramway, dans la rue, chez soi, partout. Il y avait toujours quelque chose à dire, toujours une « nouvelle » nouvelle à raconter. Aujourd'hui^ avez-vous remarqué que deux personnes qui se rencontrent paraissent, au premier abord, embarrassées? On n'a plus rien à se dire. On n'a plus de nouvelles à se confier, on a les journaux, des journaux que tout le monde sait lire. Mais nous sommes ainsi faits. On trouvera autre chose. On critiquera ; le discussions se ranimeront, et tout le monde sera content 1 Les Cantonnements de l'Yser - La visite de M. le Ministre de la Guerre On se rappelle qu'à la Chambre, il y a peu de jours, M. Masson, ministre de la Guerre, avait promis d'aller en Flandre pour se rendre compte dos plaintes formulées au sujet de certains cantonnements, dont l'état déplorable avait été sévèrement critiqué. M. Masson s'est donc rendu sur les lieux et a procédé personnellement à une enquête scrupuleuse. Il a parcouru les divers cantonnements, dans la boue tragique et sanglante de la région héroïque,cantonnements faits d'un peu de briques et de beaucoup de bois et où incontestablement les soldats, aujourd'ui, manquent d'aise et de lumière, car pour eux, là-bas, la nuit, sans éclairage aucun,tombe vers trois ou quatre heures de l'après-midi. M. Masson est rentré à Bruxelles. Nons avons eu l'occasion de le voir, pendant quelques secondes, outre deux portes, assez longtemps cependant pour lui demander les résultats de son voyage d'inspection. — Je suis fixé, nous a-t-il dit ; les plaintes formulées étaient fondées, incontestablement. En campagne.nos soldats ont pu et ont dû se contenter de ces abris, mais il n'y a plus de nécessité de leur imposer de tels baraquements. — Quelles sont vos décisions, Monsieur le Ministre— Voici. Tous les volontaires qui se trouvaient cantonnés là-bas, seront renvoyés dans les régiments auxquels ils doivent appartenir. C'est la première mesure. Les autres consistent-à renvoyer chez eux et les anciens internés de Hollande [revenus au pays et les soldats auxiliaires inapte; au service. Le ministre de la Guerre s'est aussi 'rendu à Bruges où il a visité les casernes. Celles-ci étaient, au départ des Allemands, dans un étal déplorable. Nos soldats les ont mises en état el aujourd'hui elles sont parfaitement habitables. Le public saura gré à M. Masson de n'avoir pas tardé à vérifier le bien-fondé de plaintes relatives à la situation de certains de nos soldats. I) a montré qu'il a le sentiment très net et très haut de ses devoirs et de ses responsabilités. * Le Conseil des Ministres Les ministres se sont réunis, lundi matin, en conseil, sous la présidence du Roi, au Palais de Bruxelles. Les délibérations ont été longues. Le conseil, commencé, à 9 heures du matin, s'est terminé à midi et demi. Les ministres ont reçu communication du projet de consultation électorale. Celui-ci consiste à soumettre les prochaines élections au régime du S. U. pur et simple, à l'âge de-21 ans. Les Chambres, que les élections prochaines éliront donc sur cette base, surfont à procéder à la révision constitutionnelle. C>st elles qui feront office de Constituante, qui décideront quels articles de notre pacte fondamental il s'agira de réviser. ** Le projet électoral sera sous peu ijuprimé et distribué. On compte que' les députés pourront en avoir connaissance danslles premiers jours de janvier. On sait que la Chambre avant de se séparer a autorisé son bureau à faire imprimer, et distribuer immédiatement tous les projets de loi que déposerait le gouvernement. Le conseil s'est ensuite; occupé des plaintes formulées par certains commerçants et industriels au «ujet du prochain réveil, économique du pays. Le ministre des Affaires,'économiques est d'avis que les déclarations récentes qu'il a faites à la Chambre ont été, peut-ôtre, mal interprétées. Il a donné, au surplus, connaissance au conseil de diverses mesures qu'il a prises en vue de faciliter la reprise des affaires industrielles et commerciales.Le conseil a aussi examiné d'autres questions sans grande importance. .— Nouvelles Parlementaires £a Commission aSnatoriai^ de la guerre s'est réunie, lundi après-midi. M. de Ro a été désigné en qualité de Président et M. ie duc tf'Ur-sel «a qualité de rioe-ps-éstiient. M. CarpcnUer a été désigné pour remplir les fonctions de secrétaire.-ta Commission a examiné le projet de ai relatif au contingent qu'elle a adopté, et a chargé M, de Ro d«j présenter son rapport. a** L" Séaai se -retuul, vendredi. 11 examinerait votsra divers projets admis p«v !» Chambre. éitfr'ë'èMfres le projet fiscal. La Haute-Assemblée discutera eiusei la proposition de -Qi d<e M. Gobiet d'Alvielîa efc con-sort relatff à *a consécration nationale de la datfl du 27 novembre. / **• ta Commission sénatoriale des finances s'est occupée, lundi après-midi, du projet de loi fiscal. Présidée par M. Hanrez, elle a désigné, comme rapporteur, M. Max Hailet. *** Au cours de sa prochaine sèaaoe, le Sénat aura à ^désigner w. greffier eu remplacement de fou M. Carnpioni. £e candidat de la grande majoiité du Sénai est M. Maes, qui, depuis la décés de M. Cam* pion:, remplissait les fonctions de son ancien chef. Al. Maes est très sympathiquemesit appiii-cié au Palais de la Nation. 11 appartient aux services du Sunat depuis de longues années et a toujours accompli sa mission. à la saWrfac-tioa» du bureau. Il semble que sa candidature doit rencontrer l'unanimité de3 voix des sénateurs. Cependant, bien qu'il ait l'avantage da la pratique, on lui reproche peuWtre, dans certain groupe, de :'ie pas être docteur «n droit. Et une auto candidature a brusquement surgi : celte de .M. le baron diu Trannoy, ancien attaché au cabinet de M. Schollaert, alors qua ce dernier était ministre de l'Intérieur. On pense que le Sénat, tout en reconnaissant évidemment les titras de M. du Trannoy, ne négligera pas de consacrer, ipar uné nomination légitimement, attendue, l'expérience déjà longue de M. Maes. ' Rappelons que M. Campioni était un ancien officier d'infanterie. *** Un sénateur, M. Carpenlàer, officier-instmue-teuir de l'armée belge, demandera, vendredi, au cours de 1a séance du Sénat, à M. le minitre de la Guerre de suivre l'exemple do la France et d'autoriser les 'soldats démobilisés à emporter leur casque'en souvenir des années de campagne.LE RAVITAILLEMENT Le Comité local de Moleubeek-Saint-Jean mettra en vente, les 26, 27 et 28 courant, de S à 11 heures, rue Deschampheleer, 26, des sons destinés aux chevaux, ânes, mulets et bœufs, à raison de 150 kilos par bête, au prix de 40 francs les 100 ltilos. Se munir de la carte spéciale pour nourriture d'animaux et de sacs pour l'ensachage. w*«p Le Comité national autorise tous les militaires c en tenue » à se présenter dans les restaurants économiques, et à y recevoir, t sans carte », un repas à consommer; sur place en payant le « prix plein ». Quant aux militaires belges appartenant à des familles déjà admises à l'œuvre, à prix réduit, ils peuvent obtenir le repas dans les mêmes conditions que les autres ■ personnes du mjnage, mais pour obtenir la réduction de prix, ils doivent préalablement se pourvoir d'une carte au bureau de la rue Ernest Al-lard, 2c, où Us ont à se présenter munis des diverses cartes du ménage dont ils font partie. Les employés de l'Etat domiciliés on dehois de l'agglomération, et venant en tenue à Bruxelles, tels que les gardes-convois, chefs-gardes. etc., sont placés sur le même pied que les militaires recevant le repas A • prix plein ;>. Les gardes-convois portent au collet un nu-'méro qui sera inscrit sur la feuille de contrôle des militaires, Pour les chéfs-gardes, qui n'ont pas de numéro, c'est le nom qui sera annoté, suivant pièce d'identité. En ce qui concerne les agents de l'Etat en civil, ils peuvent obtenir le repas a prix plein, mais ils doivent être porteurs d'une carie de restaurant à demander à notre bureau des cartes de la rue Ernest Allard, 2c, où ils ont à se présenter munis d'un certificat attestant leur emploi ainsi que de leur carte d'identité prouvant qu'ils habitent en dehors des communes de l'agglomération bruxelloise. On bienfait de la guerre Nos,plaies saignent encore et notre deuil, helas!- est loin d'être fini. Comment os^r ce rapprochement de mots et parler d'un bien-fait, q$e la guerre nous aurait apporté? Comment, admettre que la cause effroyable de tant de maux ait pu faire en même temps quô.que bien. Il en est ainsi pourtant, et nous Xô verrons si nous consentons à descendre en nous-mêmes : car ce bienfait est d'ordre / moral et c'est notre umoi» intime qui l'a reçu. Au début Ues hostilités, il régnait partout un état de l'ièvro et d'affolement, propice à toutes les erreurs, à toutes les crédulités,à toutes les dérogations.On vivait au dehors, parmi ta louie bruyante ; on se laissait emporter par ce fleuvo démonté. Ou allait-on? Au har sard, à la débandade : de nouvelle en nouvelle, d émotion en émotion, de paroxysme en paroxysme. Et tantôt, l'enthousiasme nous taisait délirer; tantôt le plus amer découragement noiU'S fauchait les genoux. Cela dura' -longtemps, et certes plus d'un an. Durant ces longs mois de persistante frénésie, bien rares (fuient ceux qui connurent une heure de repos intellectuel, de calme psychique. EUU on voula s'abstraire de l'agitation ambiante, que 1 on ne l'eût pas pu. Il n'est pas aussi laciie qu on le croirait de s'arracher au courant, de s'ag«crocher aux herbes pendantes de la rrve.v II faut suivie, il faut aller!. Le tumulte ctetf flots vient vous troubler jusqu'en votre chambre. La clameur de la foule vous appelle. M faut vous enfiévrer, vous passionner, croire avec elle, espérer avec elle, nous aecow.ager avec elle. Pas de réserve, de calcul,, de scepticisme : l'abandon pur et simple, la foi du charbonnier... Mais au bout d'une année, la fatigue, la bienheureuse fatigue se fit sentir. \os neifs se ^ trouvaient épuisés. Ils avaient tant vibré qu'ils aspiraient éperdume.ut à l'anesthésie. Ll nous commençâmes à devenir indifférents 5Cux bruits qui pénétraient du dehors. Ce fut a ce moment que l'on comprit ia nécessité a ime longue durée des hostilités. On avait: appris que les Alliés prévoyaient une guerre de trois ans. Cette nouvelle, au début, n'avait rencontré que des incrédules. «Trois ans ! Etait-ce possible? Mais le monde entier serait mort de faim!» Et puis, peu à peu, l'idée avait paru plus raisonnable. On pesait la valeur des enjeux, la force des joueurs en présence : on se rendait mieux compte, chaque jour, do l'importance capitale de la lutte engagée. Pour la mener à bien, il fallait du temps. Le Temps est l'étoffe indispensable des grandes choses. Le Temps use, dissout, disjoint, corrompt, détruit. disperse; mais il permet aussi an germe précieux de lever, d'apparaître, de grandir, de donner des fleurs et des fruits.: Et tous, a présent, nous sentions profondément que le temps abattrait peu à peu le colosse aux pie6s d arg?!f de îvoiYjuei| germanique, tandis qu'il conduirait jusqu'à l'épanouissement splendide les idées d'affranchissement, de solidarité universelle semées à pleine volée par les Alliés Il 'audrait du temps, beaucoup de temps... Dès lors, plus de fièvre, d'exaltation, d'im-pati'enGe... Plus de chasse aux nouvelles,:" vraies ou fausses... Plus de conciiiaJjules dans les états-majors de carrefours-.. Plus de discussions vaines dans les clubs de tavernes... Mais un sage repliement sur soi-même, un retour vers le home, un désir dêtre seul, dans le silence et la paix. L'évolution décrite ici a été celle de tous les gens réfléchis, au cours de l'année 1910. Et depuis lors, sans se désintéresser de la marche des événements, ils sont demeurés fidèles à cette attitude morale. Attitude excellente, attitude féconde... Ceux qui habitent la banlieue, aux approches de la campagne, connaissent cette sensation délicieuse, après une journée passée dans le tumulte et l'atmosphère viciée de la pleine ville, de rentrer le soir en leur quartier lointain. Il y, fait silencieux et doux. L'air y est pur, chargé d'arômes vivifiants. On y respire mieux. On s'y sent soulagé comme d'un poids trop lourd... Et aux époques des vacances, qui n'a pas éprouvé Je délice de débarquer un beau matin dans un petit village, à î orée d'un bois; de s'enfoncer au plus vite sous les voûtes impénétrables, de mettre des hectares de futaie vierge entre la civilisation et soi, de goûter là le simple bonheur que la nature prodigue à ceux qui l'aiment?... Ainsi de nous tous, au jour où résolument nous fimes notre retraite, tournant le dos aux agités, aux optimistes et aux pessimistes de cabarets, demandant à la lecture, à 1 étude, à la méditation un dérivatif, un remède, un réconfort, une consolation. Avons-nous lu, relu! Avons-nous médité! Les statistiques des bibliothèques en font :'oi : jamais on n'a lu aillant que pendant la guerre, et, chose curieuse, jamais autant de livres ,graves, sérieux, instructifs, utiles. Nul ne songera à dire que tant de lectures n'auront servi à rien, qu'elles n'auront pas éclairé, nourri les esprits de ceux, innombrables, qui s y sont livrés. Nous avons lu, et nous avons médité. La méditation solitaire n'est pas*moins fructueuse que la lecture. Quels résultats nous aura-t-elle donnés ? • Tout d'abord, il me semble, elle nous aura fait toucher du doigt la vanité, le peu d'importance, de stabilité de biens auxquels nous attachions un prix excessif. Nous tenions énormément à nos situations sociales. Pour les garder, pour les améliorer, nous étions prêts à toute sorte de sacrifices. Il y en avait parmi nous qui ne reculaient pas devant certains sacrifices de conscience et qui, serviteurs aveugles du pouvoir, évoluaient savamment pour demeurer toujours du côté du soleil. Ces abdications déplorables, pour ne pas dire ces apostasies, étaient l'un des phénomènes les plus affligeants de ia société d'avant la guerre. Eli bien, elle a montré, cette guerre, que ces places tant convoitées, tant disputées sont à la merci d'un brusque cataclysme. el qu'on peut vivre parfaitement jans s'y incruster, sans sacrifier ô leur conservation tout respect de soi-même. De ce point de vue, il faut se féliciter de l'obiigation morale, ou la séparation administrative perpétrée par les Allemands en Belgique, a mis nos fonctionnaires de choisir entre !a .soumission avantageuse, lucrative, et l'ausière devoir. Ils ont choisi le Devoir. C'est un grand exemple qu'ils se sont donné à eux-mêmes, qu'ils ont donné à leurs successeur dans la carrière. Désormais, sous peine (l an lamentable reniement, d'un pénible désavœu de leuï noble résistance à l'ennemi, notre admini.s* tration saura se garder, yis-à-vis du pouvoir, de toute complaisance servile : du moins, il faut le croire, el on peut légitimement l'espérer.Mais nos longues méditations auront eu d'autres bénéfices. Elles nous auront appris à nous concentrer, à nous dérober aux influence' extérieures, à écouler davantage «es voix profondes de la conscience. Faisons le compte de tout cc qui s'est réveillé en ndus ! pendant la guerre. Nous éiiong auparavant livrés au tourbillon des plaisirs et des af. faires : médiocres plaisirs, affaires qui de^sè-

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Cet article est une édition du titre L'indépendance belge appartenant à la catégorie Liberale pers, parue à Bruxelles du 1843 au 1940.

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