L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam

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s.n. 1916, 11 Août. L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam. Accès à 28 avril 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/7659c6t155/
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2^MO Année No. 65- 5 cents Vers«£s°@dli II &oilt Ï91C5 L'ECHO BELGE L'Union fait la Forcer •Journal Quotidien du matin paraissant en Hollande Beige est notre nom de Famille. Toutes les lettres doivent être adressées au bureau de rédaction: X. VOORBUHCWAL 234-240, AMSTERDAM. Téléphone: 2797. Rédacteur en Chef : Gustave Jaspaers. „ ... . ( Charles Bernard, Charles Herblet, Comité de Rédaction: J „ , „ , , ( René Chambrr, Emile painparé. Pour les annonces; aBonnements et vent au numéro, s'adresser A l'Administration d journal : N.Z.Voorburgwal 234-240, Amsterdar Téléphone: Ï77S. Abonnements: Hollandefl. 1.50 par mois. Etranger <1.2.00 par moi Annonces: 15 cents la liane. Réclames: 30 cents !a ligne. Leur mentalité. Quelques neutres se laissent prendre au bluff allemand. Ils admirent l'ingéniosité allemande. Nous avons souri de oe Hollandais que réclamait naïvement la paternité de l'idée de se servir de sous-marins comme de navires <lo commerce et de forcer ainsi le blocus allemand. Quelle meilleure preuve de l'admiration que suscite dans certains milieux l'exploit du „Deutschland . Exploit banal. Dix sous-marins construits au Canada ont déjà rallié l'Angleterre. A tout prendre, le „DeutscUand'' n'est que le onzième navire de cette espèce qui ait traversé l'Océan. Aussi, exploit pour exploit, celui accompli par l'aviateur frarfçais Marchai est autrement intéressant. Mais les Berlinois ne l'apprécient point puisque Marchai n'a lanoé sur eux que des proclamations. Àh! s'il avait jeté des bombes. Los Allemands viennent maintenant de construire un Zeppelin „Kolossal ^ pour tenter à son tour la traversée de 1 Atlantique. La vitesse est de deux cents kilomètres à l'heure, ce qui permet de défier les avions de chasse les plus rapides. Déjà le comte Zeppelin aurait conduit l'engin jusqu'aux côtes anglaises. Pour seiner des marmites? On n'est pas sur. Mais en acceptant que ce dirigeable soit aussi pacifique que pout l'être le ,,Detutschland lui-même, selon la conception américaine, et s'il est vrai qu'il réussit à atterrir au Nouveau-Monde, les Allemands détiendront incontestablement un record. En attendant ce nouveau triomphe de la Kultur, restons sceptiques. Orbes, nous ne refusons pas de reconnaître l'intelligence de nos ennemis mais nous refusons d'admirer cette intelligence parce qu'elle s'applique au mal. Il n'y a point d'équilibre entre elle et ces qualités de l'âme qui ^seules la vivifient. Transcrivons ici oette pensée que les événements actuel inspirent à Gustave Lebon: ,,L instruction qui élargit la vision de 1 univers n'agit pas sur le caractère. Il reste tel que l'eût légué les aïeux. Si savant que puisse devenir un barbare, il conservera toujours sa mentalité de barbare. Une intelligence très haute se superpose très facilement a une âme très basse." Ce sont les constructeurs des sous-marins et dos Zeppelins transatlantiques qui président avec Une férocité de marchands d'esclaves aux odieuses déportations des jeunes femmes et des jeunes 'filles "de Lille et de Roubaix. Après les assassinats de Dinant et do Badonviller quoi d'étonnant? Crimes d'une soldatesque affolée de meurtre et de stupre, se précipitant avec une sorte de délire dans les abominations du „frisclie, froblicher Krieg" ? Non point. Ces meurtres portent officiellement le nom d exécutions, ils ont été voulus, prémédités comme l'assassinat de miss Cavell et du capitaine Fryatt. Ils ont été non seulement justifiés par les bourreaux-juges, ils ont ete chantes par les bourreaux-poètes. Ecoutez ces strophes trouvées sur -un prisonnier, un Bavarois, digne descendant de ces hordes qui naguère invitaient au massacre les hordes barbares qui te précipitaient à l'assaut du monde latin. 3e n'est pas la féroce ironie d'un Henri Heine qu'on y retrouve; ces vers, auxquels îe manque point je ne sais quèl abominable yrisme, rendent le son même de 1 ame d ou ,1s sont sortis: Comme le ciel sombre s'illumine! Malheur à toi, joli Badonviller !_ La colère bavaroise t'a condamne Et t'a muo en une mer de flammes. Des coquines, chats-tigres féminins, Se cachaient dans les maisons. Le lion bavarois, de sa patte puissante, 6ans pitié les a jetées sur le sol. Vois-tu, là-bas, dans la nuit, On les conduit en troupeau, hommes et femmes, Hurlant comme des chiens, Tes habitants ô Badonviller 1 Là-bas les hommes sont collés au mur ; Les femmes et les filles ont obtenu pardon. Comme elles se lamentent, comme elles implorentPour leurs pères et pour leurs fils! Feu! les femmes et les enfants crient: Ceux qu'ils ont aimés no sont plus. Par leur sang les cadavres de nos braves sont vengés. Malheur à toi, joli Badonviller! Peut-être, n'étant plus au fort de la babille la mentalité des soldats qui s'en 'ont 'à trois heures du matin, arracher des eunés filles au repos est .encore plus basse. !ls demeurent insensibles aux larmes com-ne aux malédictions des mères, et ils s arau-ent de la pudeur outragee de ces petites françaises qui se voient emmenees dans la dus honteuse promiscuité! S'en amusent-ls parce que ce sont de petites Françaises. Traiment, pour agir ainsi, il faut^ qu eux-riêmes respectent bien peu leur mere, leur Ipouse et leurs soeurs. ^Le respect de la emme, ce sentiment sacré qui se manifeste ,u premier éveil de la conscience humaine, es Allemands l'ignorent. Nous n'en vouons pour preuve que la propagande ouverte , quoi certains cercles, en Autriche-Hongrie, © livrent pour la repopulation. Bizarre fa-:on d'appliquer le ,,crescite et rnultiplica-nini" do l'Ecriture que de préconiser le K>uu3£rc9 libre §fitr© les sexes 1 Hamilcar reoommandait au chef de ses esclaves d< laisser ouvertes les portes des cabanes où il: logeaient, pendant la nuit, pour favorise: leur union. Mais, lui-même, combien il res sentait l'outrage fait à sa fille Salammbô Et ces Allemands (1) voudraient jet^ef leur filles à l'avidité du premier venu pour ré parer les vides que la guerre a creusés dans leurs rangs, ils voudraient en quelque sort< fabriquer en grand ce que l'un d'eux, Scho penhauer, appelait ,,ce produit industrie que la nature fabrique à raison de q'ua rante mille exemplaires par jour". Oh oui, je comprends que, même en Autriche des mères, des épouses protestent contre ce: détestables doctrines. Mais ces mères, ce: épouses qui crient leur dégoût ce sont des femmes tchèques — qui attendent des Russes en même temps que leur délivrance 1< respect qui leur est dû. Charles Bernard. (1) Propagande faite dans ,,Dio Briicke" de Vienne, dans le ,,Reichenberger Zeitung" et lo ,jPrager Tageblatt", cités par le „ïijd" di 9 août dernier. Le msurtes du capitaine Fryatt Suivant un rapport de Maestricht, lit-on dans le ,,Daily Mail", le jugement du capitaine Fryatt fut soumis au quartier impérial, en réponse à un télégramme du Duc de Wurtemberg, qui en demandait la confirmation. Cette confirmation fut accordée télégraphiquement. Le Conseil de guerre, qui comprenait l'empereur et le général Falkenhayn, chef de l'état-major général, a approuvé la sentence. On aurait tort de croire que l'indignation, dont le monde civilisé tout entier a été secoué à l'annonce du meurtre du capitaine Fryatt, a eu le moindre effet sur les cervelles boches officielles ou autres. Les Allemands sonfc des barbares, ils se conduisent en barbares et raisonnent en barbares. La preuve vient d'en être donnée une fois de plus par la ,,Gazette de Cologne" qui, à la fin do deux colonnes de commentaires officieux sur le cas du capitaine Fryatt, montre pleinement que l'Amirauté allemande entend continuer à suivre la même ligne de conduite. Voici, en effet, ce qu'écrit cette feuille dont les attaches officielles sont bien connues : ,,Ce dont nous devons nous occuper avant tout c'est d'inspirer le respect nécessaire de nos sous-marins, de garantir la vie et la sauvegarde de nos braves et/héroïques marins, ce qui est infiniment plus important pour nous que la vie d'un insolent Anglais. ,,Le but de la politique navale de l'Allemagne devient de plus en plus clair : c'est celui d'exercer une action forte et sans pitié en vue de nettoyer les mers des pratiques de piraterie". Ainsi donc voilà les Allemands, qui n'ont cessé de se conduire en pirates depuis le début de la guerre scus-marine, accusant les Anglais de se comporter comme des écu-meurs de mep ! Il serait difficile de montrer plus de mauvaise foi et de cynisme. Mais patience, le châtiment approche, et le jour ne semble plus bien éloigné où les contempteurs de toutes les lois divines et humaines auront un compte terrible à rendre. C'^t ce que faisait tçès justement remarquer le ,,Vaderland", quand il écrivait à propos du capitaine Fryatt: ,,Si les apparences ne nous trompent pas, la chance semble tourner sur lés champs de bataille, et, pour le cas où l'Allemagne serait battue, elle souffrira sans aucun doute gravement pour oette sévérité inutile". — Petites inconséquences. Dernièrement l',,Algemeen Handelsblad" publiait une lettre de son correspondant ■d'Anvers où il était démonti^ qu'on no pouvait attacher la moindre importance à certain petit journal anarchiste gantois : ,,De Waarli-eid"» Quelques jours après ce doux obstiné, qui répond au nom de M Elout, brandissait comme argument suprême un numéro du ,,Waarhoid" à l'appui do sa venimeuse campagne anti-belge. Le ,,Handelsblad" donne ici une preuve nouvelle d'éclectisme qui a son prix. Mais1 qu'est-ce que ses lecteurs doivent croire? Quo son correspondant d'Anvers dit la vérité quand il affirme que ,,Do Waarheid" ment, ou que M. Elout... se trompe quand il assure que ,,De Waar- heid" dit la'vérité? Une nomination Nous apprenons que notre compatriote M. Daniel vient d'être agréé on qualité de ,,privaat docent" à l'Université d'Amsterdam, où il donnera un cours sur les matières explosives. M. Damiël est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages sur les explosifs, notamment du ,,Dictionnaire des Matières Explosives", préfacé par l'illustre Berthelot, dont M. Daniël fut l'élève pendant de longues années.Nous avons lieu de nous réjouir de cet hommage rendu à l'un de nos savants et nous présentons à M- Dapiel nos vives félicitations En Belgique. ! ! ESs s'appliquent à ruiner : ie pays. Les Boches, sous la conduite de leur valeureux chef von Bissing, essaient par tous lès moyens de ruiner le pays, comme nous nous sommes attachés à le démontrer à différentes reprises. Affamer et ruiner, car leur oeuvre > ne serait pas complète s'ils permettaient à ; nos compatriotes de manger à leur faim et à ; nos industriels de gagner quelqu'argent pour payer leurs ouvriers. En attendant, nous verrons s'étaler dans les journaux suédois des articles dithyrambiques consacrés à la gloire de von Bissing. Des mots que cela. Voici un fait à ajouter à tous ceux que nous avons mentionnés et que nous défions quiconque, sur-' tout Wolff, de nier. Aujourd'hui, nous sommes en possession d'un document, envoyé par la Société Nationale des chemins de fer vicinaux, qui prévient les intéressés que : ,,Plusieurs de nos lignes n'étant pas en mesure d'assurer un trafic normal, il en résultera une situation particulièrement fâcheuse lors de la prochaine campagne sucrière. La plus grande partie des demandes de transports à l'usage des betteraves sucrières ne pourront être satisfaites." Pourquoi ne peut-on assurer un trafic normal? Parce que les boches ont de nouveau enlevé les rails de nombreuses voies, ce qui,, obligea la direction des vicinaux à supprimer certaines lignes. Si les Boches et les neutres voulaient publier ce court avis ils rendraient service à la vérité. Ainsi, on pourrait se convaincre que, si notre industrie sucrière, par exemple, est menacée, c'est à l'administration de von Bissing qu'elle le doit. Les fabricants de coutellerie suédoise ne savent rien de toutes les réquisitions qu'on nous a fait subir. Il est vrai qu'ils ont vu Louvain. C'est assez convaincant...Mais les clieminç de fer vicinaux faisaient une concurrence trop Bévère aux chemins de fer gérés et désorganisés par les Boches. Plus personne, ou presque, no prenait le train. D'abord il coûte trop cher et ne profite qu'aux Allemands, ensuite il est trop lent, enfin on n'est jamais sûr d'arriver à destination. Qui nous eût dit que le voyago eu vicinal serait trouvé un jour plus agréable que le rapide bloc Anvers-Bruxelles ! Car les Belges en sont arrivés, pour se rendre de la métropole à la capitale, à emprunter les moyens de locomotion suivants : ils s'embarquent en vicinal à la porte du Kiel et sont rendus à Malines en une heure. De là, une carriole les conduit à Vilvorde où ils trouvent le tramway électrique jusqu'au centre de Bruxelles. C'est aussi rapide que le chemin de fer allemand et ça coûte moins cher. Par ailleurs, personne, parmi les voyageurs qui empruntent nos voies ferrées, ne prend une seconde classe. Tout le monde voyage en troisième. Avec infiniment de raisons, l'on trouve qu'il est inutile de faire gagner de l'argent aux Boches alors que, pour un prix moins élevé, on arrive tout aussi lentement et tout aussi mal. Le prix du kilomètre en 3e classe est compté à raison de dix centimes, alors qu'on paie trois sous le kilomètre en seconde. Les voyageurs ,,sur coussins" — très rares,, rarissimes faut-il dire — sont donc mai notés par les patriotes. Encore, que les Boches se contentent d'encaisser les recettes produites par nos chemins de fer et de nous en faire supporter les frais, il n'y aurait rien là que de très naturel de leur part. Mais ils ont enlevé tous nos aiguillages, tous nos blockhaus, et détruit tout notre système de signalisation, afin qu'après la guerre notre commerce, notre trafic, nos industries soient considérablement entravés et que la vie économique ne puisse reprendre. Il y a là un acte d'hostilité dont notre gouvernement et nos alliés, à la signature de la paix, devront exiger réparation. Le système allemand a été adopté sur toutes les grandes lignes. De là, sans doute, ces retards. Car ceux qui ont voyagé en Allemagne ne sont pas sans avoir été frappés dôs retards anormaux des trains. Le long des voies dq grandes communications, nos ennemis ont établi un système souterraïh de fils téléphoniques et de signalisation. Et, bien entendu, ils ont pris soin d'enlever tous nos fils télégraphiques et de téléphone qui so trouvent actuellement remisés dans certaines gares, en attendant qu'ils prennent un jour ou l'autre le chemin de l'Allemagne. M. von Bissing nous veut du* bien ! A Bruxelles Nous avions raison d'être rassurés sur le sort du réfractaire Jean Bary rentré en Belgique bien qu'il n'eût pas 40 ans. Flanqué à la porto par le conseil d'administration dè la ,, Gazetteil a été agréé tout de suite comme rédacteur à la ,,Belgique" de Bruxelles. Il y signe du pseudonyme de Remember de violents articles contre le gouvernement.* * * Il vient de se produire un petit incident tragi-comique bien fait — malgré la condamnation qui en fut le dénouement — pour provoquer l'hilarité de nos compatriotes. A Bruxelles, on colporte l'histoire avec des rires homériques. Car l'invention de ce cafetier du Hoyssel était, en vérité, remarquable. Ainsi qu'on sait, depuis plusieurs semaines les Boches — qui ont fait appel à toutes les réserves et aux réserves des réserves, c'est-à-dire aux bossus et aux tuberculeux — les Boches ont supprimé les sentinelles qui se trou- • vaient en faction devant les * monuments publics. Ça no formait; pas de nouveaux régiments, mais les Allemands n'en sont plus se montrer difficiles. Avant de lancer les éléphants de M. Hagenbeck contre les troupes franco-anglaises, ils jugent nécessaire de faire appel à l'arrière ban des éclopés et des manchots.Or, ces sentinelles, pendant les deux ou. trois heures que durajttla gaj^e^ avaieat^ à leur dis position une guérite, une solide, vaste, presque spacieuse guérite, peinte aux couleurs allemandes. Et, comme l'argent ne se trouve pas sous les semelles de M. von Lu mm, commissaire aux banques, l'autorité militaire boche songea à mettre en vente, comme bois à brûler, les petites boîtes 'en bois ou Hans et Heinrich son-gaient si souvent à leur Gretchen en proie aux crampes d'estomac de 'la faim. Des acheteurs se présentèrent qui avaient l'intention de faire du bois à brûler des guérites achetées à assez bon prix. Mais parmi eux so trouvait. le cafetier du Heyssel dont nous allons parler et qui, en vrai brusse-leer, ne manquait pas d'esprit d'à propos. Aussitôt payée, il fit transporter son acquisition chez lui (il possède un café avec grand jardin où, le dimanche, les habitants do Laeken viennent — ou plutôt venaient — vider un bon lambic et manger Une tartine de ,,plattekees" avec de petite oignons blancs. Dans le plus grand secret, l'homme fit prendre des mesures et creuser une grande fosse au fond de son jardin. On vit aussi un menuisier prendre les dimensions de la guérite en question, remisée temporairement dans un hangar. Et, un beau matin (ils sont 6i rares par cet été pluvieux que chacUn, dans les environs, s'en rappelle : c'était un dimanche!), les voisins intrigués virent à travers la haie et les gloriettes du jardin se dresser au fond de co-lui-ci uno superbe guérite peinte de neuf aux couleurs allemandes. Un curieux s'approcha et -partit bientôt d'un formidable éclat de rire. Chacun qui venait rit aussi de tout coeur. Enfin, l'après-midi, le bruit ayant couru dans tout Laeken, le café-jardin fut plein .d'un public joyeux et l'on inaugura, en grande pompe (mais sans chasse!) le petit établissement en question. Car le facétieux cafetier avait fait transformer la guérite en (pardonnéz-moi, mesdames!) un pittoresque water-closet. Il y avait fait apporter une porte percée d'un coeur (on se demande ce qu'un coeur peut bien représenter dans les portes de ces petits endroits secrets?), striée aussi de lignes noires, blanches et rouges. Les premiers clients n'osèrent pas entrer dans "ce petit lieu de court séjour, mais le patron tint à inaugurer lui-même ce qu'il appelait un trône allemand; Et chacun voulut suivre l'exemple. A Bruxelles, où l'on adore les plaisanteries et la zwanze, vous pensez si l'on s'amusa. Les Boches, quo des mouchards avaient prévenus, ne voulurent pas y croire. Ils se décidèrent pour tant à arriver, en bande, accueillis par les rires et les lazzis des consommateurs. Mais ils ne purent pas ,,saisir" la guérite dont la base avait été maçonnée. Ils s'en retournèrent, furieux, prendre les ordres de la Ivommandan-tur où un conseil do cabinet fut aussitôt tenu. On décida d'arrêter le cafetier. Cependant, il fallait encore trouver la raison de motiver une condamnation sévèra. Je ne sais pas comment ils s'y prirent (pour condamner les Allemands no sont jamais en peine), mais ils octroyèrent cinq années de prison au bonhomme et ,,saisirent" la pièce à conviction, assez encombrante il faut bien l'avouer." C'est égal, cette histoire a fait passer un bon moment a tout Bruxelles et les Allemands purent voir — une fois do plus — dans quello estime on les tenait, eux, leurs lois... et leurs guérites! Après les manifestations du 21 juillet c'était une farce énorme dont il faut que L',,Echo Belge" fasse profiter nos compatriotes d.3 l'étranger. Pour changer de sujet — et passer, du plaisant au sovero — à la suite de la visite des aviateurs alliés sur Bruxelles., le bruit court que nos bourreaux vont prendre des^mesures. On sait ce que cela signifie. J'en veux pour preuve qu'un officier racontait en tramway tout récemment. qu'on ferait dorénavant loger des notables bruxellois, à tour de rôle, dans les hangars à Zeppelins et à aéroplanes. C'est, d'ailleurs, ce qui se fait dans r.,Etappengebied" de la, IVe armée. Tous les jours, cinq notables sont enfermés dans ces bâtiments en planches et, depuis le terrible bombardement auquel certains endroits des environs do Gand ont été soumis, il n'est pas douteux que les mesures soient renforcées rigoureusement. Voici longtemps que, le long des voies ferrées où passent habituellement les trains de munitions, les habitante de toutes les communes limitrophes doivent 'monter la garde. Ce n'est pas pour veiller à la sécurité des voies, — on 'le pense bien —, en prévision d'attaques aériennes. Noue nous demandons ici, avec impatience, quand les alliés se décideront à user de mesures analogues? Krieg ist Krieg. Ne pas se servir des mêmes armes que son adversaire, c'est aller au combat les yeux bandés. Chacun est de cet avis en' pays occupé. A Anvers Les voleurs ne chôment pas. Ils ont fracturé- le coffre-fort d'un rentier de Ber-chem et, outre une coquette somme d'argent, ont dérobé au préjudice de celui-ci 332 obligations de la Banque belge de prêts fonciers. * * * On vient de célébrer en l'église de Sainte-Walburge un service solennel à la mémoire de M. Joseph Hennebicq, adjudant sous-officier de l'artillerie do siège, chevalier de l'ordre de Léopold, tom'bé au champ d'honneur. L'église était bondée. Parmi les assistants, toutes les autorités riviles, le gouverneur de la province en itêfe, les sénateurs ©t représentants qui se trouvent à Anvers, le président du tribunal do première instance, les hauts dignitaires retraités de ['armée belge, les hauts fonctionnaires de la police, etc., etc. # M. Hennebicq, qui est mort âgé de 33 ans, était marié et laisse deux enfants. Il était avant la guerre agent de police de la 4e section et l'un des membres les plus estimés et les plus capables du corps; il avait devant lui uno belle carrière. M. le sénateur Leclef, en l'absence do M. lo bourgmestre, empêché d'assister à la cérémonie par son devoir do magistrat, a prononcé un discours qui a vivement ému l'assistance. Lo lcndemaiu a eu^lieu .^l'cgliso des M. PP. Jésuites, avenue, des Arts, un nouveau service solennel à la mémoire des anciens élèves du collège Notre-Dame, qui sont tombés au champ d'honneur. La fois précédente la liste portait dix-sept ou dix-huit noms ; il y en a vingt aujourd'hui. Parmi eux figure uu aviateur. | Cérémonie impressionnante. Le recteur a prononcé un émouvant discours. Dans l'assistance, l'élite de la société anversoise. * * * Un journal néerlandais insère une lettre d'un de ses lecteurs, qui montre avec quelle lenteur fonctionne le service postal organisé en Belgique occupée par l'administration allemande. L'auteur de la lettre cite les exemples suivants: ,,Le 17 juin .dernier j'expédiais à Anvers une lettre (recommandée) dans laquelle je demandais une réponse immédiate. La lettre ne m'est pas revenue (15 juillet) et cependant le destinataire n'a pas été touché, puisqu'il a quitté la ville. ,,La dernière carte de Belgique qui m'est parvenue portait la date du 31 mars; je l'ai reçue le 30 avril! Peut-Qn dire qu'un tel service est un modèle de bonne organisation?" Il serait possible que la lenteur dont se plaint le, public néerlandais fût calculée. En tout cas, elle montre qu'il est réellement impossible dans de telles conditions de faire renaître les transactions commerciales, comme l'administration allemande se vante volontiers de l'avoir fait. A Il a été placardé à Liège un arrêté boche ainsi conçu: ,,Le sentiment de mécontentement qui s'est manifesté en ces derniers temps dans la province de Liège au sujet de la cherté de certaines denrées est de nature à éveiller des doutes sur le bon sens dont la population belge avait fait preuve jusqu'ici. (Sic.) En certains endroits, la population, sous prétexte sans doute de se faire justicière, a menacé les négociants et les producteurs,de voies de fait dont l'exécution continue — comme dit M. le.Procurëur du Roi à l'administration allemande —, des- vols en destructions en bande, des atteintes portées à la sécurité publique et d'autres crimes et délits. Ces incidents m'incitent à exhorter, avec la plus grande insistance, la population de la province de Liège- au calme et à l'avertir de ne commettre aucune atteinte-contre l'ordre ou la sécurité publique. Des représentants des diverses administrations belges, de concert avec des représçn-tants professionnels intéressés ou lésés, seront appelés à examiner avec l'administration allemande la situation actuelle des marchés aux vivres et rechercheront ensemble les moyens d'assurer une répartition équitable des denrées importantes non soumises au rationnement, comme le lait et le beurre, et viseront entre autres à ramener ' ces produits à des prix plus à la portée des cercles les moins favorisés économiquement. J'ai la conviction que ces considérations retiendront la population de toute exaction nouvelle qui pourrait entraîner les suites les plus fâcheuses pour la généralité de la population. En vertu des dispositions de la Convention do La Haye et eu égard aux pouvoirs qu'elle confère à la force d'occupation,. je porte ici à la connaissance publique que je sévirai, à l'avenir, contre toutes les atteintes portées à l'ordre public. Pour en assurer la répression, toute infraction devra être immédiatement portée à ■ la connaissance de la police locale afin que cette autorité soit en mesure d'en découvrir les auteurs et de les faire poursuivre. Der Gouverneur, GFaf von der Schuienburg, Generallieutenant. ' ' * * * L'évêque de Liège, Mgr Rutten, a présidé la distribution solennelle des prix aux élèves du Collège St. Servais. Quarante-trois anciens élèves sont tombés pour la patrie l'année dernière. Cette année-ci, on a à déplorer la mort de 24 autres jeunes gens. Des diplômes ont été décernés en guise de prix et la somme généralement affectéfc à l'achat de ceux-ci versée à une couvre charitable.*• * * t On annonce la mort de M. Jules Roland, directeur de l'hôpital des Anglais. Il souffrait cruèllement depuis cinq mois d'un mal implacable. * * * Joseph Brasseur s'est pourvu en cassation contre l'arrêt de la Cour d'assises qui l'a condamné aux travaux forcés à perpétuité pour assassinat. Dans Ses Flandres Le pouvoir occupant en Belgique a pris des mesures, avant l'ensemencement des terres, pour s'assurer le produit total de la récolte du lin. Les cultivateurs ont été tenus d'ensemencer des étendues au moins égales à celles qu'ils cultivaient d'ordinaire. A présent, un nouvel arrêté du gouvernement général fixe, avec minutie, les prix maxima de chaque catégorie de lin des Flandres, l'un des plus fins du monde. Seules la ,,Rohestoff-Abteilung", à Gand, et les ,,Flachsbùros", de Courtrai et Loke-ren, ont le droit de procéder aux achats. Aux frontière© Les Boches, comme l'a dit Joffre aux journalistes américains, en 6ont à leurs dernières réserves. Èt le fait est Qu'on voit monter la garde aux frontières Hollandaises par d«s.phénomènes mvrai semblables. Uè n'est pas encore l'homme à deux têtes ou l'adolescent à trois pieds, mais les Boches arriveront à enrôler tous les „sujets" de musée de foire ou de ménagerie. A Bou-chautshaven, les militaires qui avaient piqué au plus haut point la curiosité des Habitants, parce qu'ils restaient enfermés toute la journée dans les maisons, sont des vestiges de régiments qui ont fondu dans le creuset de Verdun. Le jour, ils n'osent se montrer, car ils sont touts éclopés, manchots, borgnes, bossus. La nuit, ils montent la garde. Des loustics hollandais, de l'autre côté du fil de fer, prétèndaient qu'on attendait pour le soir même un arrivage do culs-de-jatte ! C'est exagéré. Mais — quand même — les spécimens dont les Boches nous ,,honorent" ne sont guère avantageux l mmrrp » » ■ igjiw. taoilss alniiies en Afrique Les indigènes du Cameroun déclarent que les Allemands leur ont dit que les forcés des Alliés pourraient prendre le pays mais n'y trouveraient plus d'habitants. Un livre bleu relatant -les atrocités allemandes et les violations des lois de la guerre en Afrique, publié à Londres le 2 août, est un terrible commentaire de la politique allemande. Le major-général Dobell en a recueilli des preuves palpables et certaines. De nombreux indigènes ont été examinés et les documents trouvés sur les commandants allemands montrent que la manière d'agir barbare était en faveur. Les barbaries relevées à charge des Teutons n'ont nul besoin d'être exagérées* le simple exposé des faits étant suffisamment éloquent par lui-même. Le fonctionnaire politique, dont le rapport s'est limité aux fusillades et aux; mutilations, laissant dans l'ombre d'autres horreurs, termine par ces mots: ,,On doit attirer l'attention sur le fait que les civils tués par les Allemands sont des indigènes d'un pays sous leur protection,^ qu'ils ont gouverné pendant plusieurs années. Les meurtres ne furent pas commis par une armée d'invasion". Partout où se rendent les Allemands on peut Us suivre à leurs traces sanglantes et barbares. ,,A la nouvelle que les Anglais avaient occupé Jabassi, les Teutons avaient reçu pour instructions de tuer tout indigène qu'ils rencontreraient" a déclaré un soldat indigène allemand. ,,Je sortais de ma maison portant un bébé dans mes bras et accompagnée de mon mari quand un Allemand, revêtu de vêtements civils blancs, fit feu sur moi et mon époux, nous blessant tous les deux" tel fut le témoignage typique d'une femme indigène.-Un homme gravement blessé, mais qui put néanmoins s'échapper, a fait le récit suivant: ,,L'officier blanc dit aux soldats: ,,Pourquoi m'amenéz-vous tous ces hommes vivants. Allez-vous en et tuez-les!..." Les soldats commencèrent alors à me frapper avec des machettes (couteau largo et lourd) et je tombai inanimé sur le sol où je fu3 laissé' pour mort." Le témoignage des médecins français est tout aussi probant. ,,Leur rapport, écrit le général Dobell dans une lettre de protestation adressés au gouverneur allemand Ebermaier, à Junde, enlève tout doute au sujet de la réalité des faits en cause. Il ne contient le récit que d'une petite partie des atrocités inouïes commises actuellement par vos troupes". Le rapport français renferme des photographies d'hommes mutilés. Outre ces massacres en grand d'un peuple innocent le général DobeU signale d'autres atrocités: ,,il existe suffisamment de preuves que les Européens allemands ont encouragé les brutalités on tranchant eux-mêmes le cou aux blessés anglais au moyen de couteaux, tirant sur les habitants paisibles pour les terroriser et fusillant des in-d'indigènes armés de flèches empoisonnées sous mes ordres m'ont rapporté des cas d'indigènes armés de flèches empoisonnés combattant dans les rangs allemands. On tira sur le personnel de la Croix Rouge et les troupes allemandes se servirent de balles explosibles molles à l'intérieur et revêtues d'une enveloppe dure." Les noms des Allemands responsables de ces hauts fais sont: ,,Le gouverneur Ebermaier; le lieutenant von Engelbrech-ten, officier do l'un des régiments do la garde; le Hauptmann Gaisser; Meinhardt, lîaedicike, Haveman, von Gaslcir, Distler, Kuntz et Fischer, négociants; Frank et Priester. Le capitaine M. I. Parker, qui était blessé, vit Priester poignarder deux soldats indigènes anglais blessés qui demandaient de l'eau. Le capitaine Parker a déclaré qu'un soldat indigène dit à Pri.ee-ter: ,,Pourquoi no tuez-vous pas ce blanc; vous avez bien tué l'autre homme blanc." Les prisonniers étaient eouanis à un très mauvais traitement. Un médecin militaire capturé rapporte: ,,Les prisonnière indigènes étaient enchaînés pair le cou... Lg premier camp était mauvais, étant établi dans un ancien camp réservé aux g^na atteints de la maladie d*u sommeil, le pins mauvais endroit pour les moustiques que j'aie jamais vu. La nourriture était insuffisante comme quantité et de médiocre qualité. Trois Européens, coupables de peccadilles, étaient enfermas dams^une pefate cellule en briques, infestée do jiçgers (une espèce 1» peau.)^1 '

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