L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam

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s.n. 1915, 24 Juillet. L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam. Accès à 05 mai 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/pn8x922n91/
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1 jere "S cents CIO Centimes^ 'sawseat s^~>30ïîief 'ïSSs L'ECHO BELGE L'Union fait la Force. Jouma! Quotidien du matin paraissant à Amsterdam. ^e/^e esf /?c//'e nom de Famille. Toutes les lettres doivent être adressées au (bureau de rédaction: S N.z. VOOHBURGWAL 234-240 Téléphone: 2797. Rédacteur en Chef : Gustave Jaspaers. . . I Charles Bernard, Charles Herbieî, Comité âe Rédaction: _ , „ , , ( René Chambry, Emile Painparé. Pour les annonces, abonnements et vente au numéro, s'adresser èt l'Administration du Journal: N.Z. VOORBUKGWAL 334-240. Téléphone: 177S. Abonnement I En Hollande fl. 1.50 par mois, payable par anticipation \ Etranger fl. 2.B0 ,, ,, France et Hollande. T1 m'y a pas de pays comme celui-ci o F • ee croisent tagit de courants internationaux n n'y en a*pas non plus qui offrent ui I caractère mieux défini ou les hommes et 1 I paysage, ceux-là sont toujours un reflet d celui-ci, présentent à ce point une marner d'être particulière et "une marque qui n aj--; partient qu'à eux. 'M une originalité réelle, enrichie par u: § multiple apport étranger, telle nous paraît là nous, étrangers, la caractéristique d ■ ironie hollandais. Là où ce génie s'exprim ■ | la fois le plus librement et le plus direc m tement, en peinture, il est vierge de tou ■ alliage comme de toute influence. Le pr€ 1 mier venu peut s'en rendre compte en pai ■ courant les galeries du musée. Le peintre ■ eil principe, n'est pas un savant. Qu'i ■ connaisse son métier, son* âme et son oei font le reste. En littérature il n'en est déj [plus ainsi. Celui qui écrit ne peut^pas n pas être tributaire de ce qu'ont écrit le autres. Qu'il le veuille ou non il se sou viendra toujours et son inspiration, si spon tanée qu'elle soit, ne prendra jamais unique ment sa source dans lui-même. Il est toujours intéressant de démêle: cette part de l'étranger dans une littératur nationale. Donnez à ce mot, littérature son sens le plus vaste en tant qu'expressioi de l'idée. En Hollande l'influence es | anglaise, allemande, russe, Scandinave ' flamande et aussi française. Jusqu'à que point1? Ceci dépend évidemment des individus et des époques et nous n'avons mêm< pas l'intention d'écrire la première ligne di sommaire de l'étude en six volumes qu i y faudrait. L'influence allemande est devenue .pei a peu prépondérante. Celle-ci n*entach< nullement le fond demeuré profondémen original du génie néerlandais. Nous vouloir Feulement dire que, pour des causes qu'i est facile d'indiquer, l'attraction de la lit térature et de la science allemandes est le | plus forte. Dans les Universités l'allemand sous un certain angle, a remplacé le latin. L< fond a aussi rejailli sur la forme et le ger marasme est devenu la faute vénielle de quiconque écrit la langue où jadis le pèn Cats enfanta sa philosophie facile et un pei terre à terre. Beaucoup de bons esprits ou d'ailleurs bien soin de prémunir leurs compatriotes contre cette contamination commf naguère, en France, on protesta contre h manie des sportifs de parler anglais éz français. Mais, dans cette matière, l'influence des philosophes est autrement redoutable que celle des jockeys et des boxeurs. Elle est sans doute aussi plus nocive qu< i celle des modistes qui ont doté le hollandais de quelques vocables vaguement empruntés Ià Voltaire. C'est que le français, a dit h ! grave professeur Bolland, ne sait parler que de chiffons et d'amour. Mon Dieu, oui! I; sait parler également de science et de philosophie mais, comme il le fait sans pédanterie et avec une telle clarté que même la Martine de Molière pourrait l'entendre, Vadius-Knatchké le repousse avec hauteur.D'ailleurs cette influence française n* [ s'est pas bornée à un courant d'affaires i entre la rue de la Paix et la ELalverstraat. t Elle s'est manifestée dans tous les domaines H et a poussé des racines profondes. Peut-être ■ a-Ulle subi un temps d'arrêt; elle a dans ■ tous les cas été distancée par sa rivale de W l'Est. Sans doute, au siècle de Louis XIV, ■ le français primait toutes les autres langues Ien quoia-t-il démérité aujourd'hui? Jamais i la littérature française n'a été aussi riche. : aussi vivante, jamais la pensée française ' ne s'est manifestée avec plus d'éclat. Et ceux-là qui avaient su apprécier cette littérature et cette pensée à sa juste valeur n'ont point été étonnés, de ce que d'aucuns ont considéré comme un miracle, de voir la France unie devant le I péril, défendant sa terre et le patrimoine ! do huit siècles de civilisation, avec une énergie qui a brisé l'élan de ces Teutons dont la prétendue culture n'avait été qu'une préparation scientifique à la plus formidable et la plus sanglante des guerres. Les Hollandais qui sont amis de la France, les Français qui sont amis de la Hollande, ont pensé que le moment était bien choisi pour raviver et renforcer ce courant intellectuel qui a "toujours reflué de la France vers les Pays-Bas et des Pays-Bas vers la France. Ils ont créé la „ Revue de Hollande" (1). Dans cette publication d'un luxe simple et délicat, conforme aux traditions d'une bourgeoisie amie des beaux livres, je retrouve cet échange de vues entre penseurs et artistes de deux nationalités si différentes mais de culture bien plus rapprochée qu'on ne croit: le goût commun des idées, ce qui ne veut pas dire nécessairement de l'abstrait, le souci des nuances et une vive sensibilité. Il n'entre pas dans mes instentions de tenter une analyse, et je me borne à des généralités. J'ai voulu indiquer seulement à quoi répondait une oeuvre comme la ,,Revue de Hollande" et la nécessité d'une action, purement intellectuelle s'entend, et à laquelle participent les Belges de culture française, au moment (1) Paris — 92 rue de Miromesnil — La Haye^ — Plaats 24 — A. W. Sijthoff — Editeur à Leydes où d'autres s'efforcent de créer des courants d'opinion moins désintéressés et d'une portée nettement politique. Il ne me reste qu'à féliciter M. G. S. de Solpray, rédacteur en chef de la ,,Revue de Hollande", de l'avoir entreprise. 1 Charles Bernard. ^ Bas Ses Masques La ,,Vlaanische Post", à laquelle collabore 1 Stijn Streuvels, attaque le Roi Albert à » propos de sa réponse au télégramme dé MM. 1 Deswarte et De Clercq, que nos lecteurs ' e connaissent. Ce n'est jamais d'un gouveme-" ment belge que les Flamands peuvent at-^ tendre la réalisation de leurs droits. Et de ~ qui donc, sinon? De l'Allemagne? La " ,,Vlaamsche Post" le laisse assez clairement > entendre si elle ne le dit pas en toutes ^ lettres. 1 Plus personne ne doute, au surplus, que 1 la ,,Vlaamsche Post" ne soit une entreprise 3 de trahison. Il est temps maintenant que ces 3 messieurs déposent leur masque flamand et arborent résolument les couleurs du roi de Prusse. Leur opinion serait tout aussi détestable mais au moins auraient-ils la -franchise de lerur opinion. i Le manifeste fiemaiid | M. J. Hoste jr. nous écrit: La Haye, 22 juillet 1915. ' Monsieur le Directeur, J Permettez à un des signataires du manifeste flamand d'exprimer son étonnement au sujet du point d'interrogation que vous 1 introduisez dans la phrase suivante: ' ,,Nous, partisans du mouvement flamand, lj nous avons toujours été au premier rang parmi ceux qui s'intéressaient à l'art et à la science de l'étranger, et nous n'avons jamais cédé en rien à personne pour l'admiration de la littérature française qui fut (?) réellement belle." Ce point d'interrogation pourrait se justifier, si une erreur typographique de votre journal n'avait fait omettre l'accent du mot ,,fût"; le texte frappé à la machine à écrire que nous avons sous les yeux est cependant très clair. Vous n'allez pas nous représenter comme des Flamands qui estiment que la beauté de la littérature française appartient au passé; nous ne connaissons guère des Flamands qui auraient une pareille opinion. Le texte flamand dit d'ailleurs: ,,Wij, VlaamscHgezinden, zijn steeds > vooraan getreden in belangstelling voor ■ vreemde kunst en wetenschap, en m be-- wondering voor de echt schoone Fransche 1 woordkuiist hebîben wij nooit ondergedaan. " Agréez, Monsieur le Directeur, l'assurance de ma parfaite considération. J. Hoste Jr. Nous nous sommes, en effet, permis d'intercaler un timidèl point d'interrogation après certain passé défini qui nous parut suspect, La lettre de -M. J. Hoste jr. met heureusement les choses au point, le texte flamand ne laissant au surplus aucun doute. Nous ferons seulement observer : lo. Que la traduction officielle du document était fautive comme peut s'en rendre compte le premier écolier venu en comparant les textes reproduits dans la lettre de notre correspondant.2o. Que la copie nous envoyée par les signataires du manifeste ne portait nullement un accent circonflexe, comme le dit Mr. Hoste. mm p—c= Socialistes anglais et français Le ,,Socialist National Defence Committee" à Londres a adressé le 13 juillet la lettre suivante au secrétariat général du parti socialiste en France: Citoyens, Le Comité socialiste de défense nationale a obtenu un si grand nombre d'adhésions, provenant de citoyens appartenant aux différents partis socialistes anglais, qu'il peut se considérer comme la première manifestation virile de l'unité socialiste anglaise. C'est au nom de cet accord commun pour la défense de la liberté, que la grande révolution française a si puissamment aidée à établir en Europe, que le ,,Comité socialiste de défense nationale", récemment créé en Angleterre, s'adi*esse au parti socialiste unifié de France. Il voudrait, par l'intermédiaire de ses camarades socialistes français, exprimer à la France entière, et sans distinction de partis, combien nous, socialistes anglais, nous sommes unis de coeur et d'âme avec la France dans cette lutte des peuples contre l'absolutisme allemand, lutte qui doit sauvegarder en Europe les libertés acquises par la Révolution de 1789. En Angleterre, comme en France, nous célébrerons le 14 juillet, fiers d'être cette fois-ci les compagnons d'armes de ceux dont les aïeux ont pris la Bastille et qui vont bientôt démolir toutes les Bastilles de l'Allemagne. Lorsque nous ne serons plus menacés par cette ,,horde d'esclaves" et lorsque notre nation sera maîtresse d'elle-même, nous pourrons établir l'internationale des peuples libres. En attendant ce grand jour de victoire, combattons ensemble, chers citoyens, pour la liberté du monde., En Belgique. A Bruxelles. La fête nationale a été nous ne dirons pas fêtée, mais célébrée avec une ferveur touchante, une foi unanime, une communion do pensées réellement remarquable. Les bonshommes qui font paraître des journaux avaient cru bon d'octroyer à leur personnel un joui- de congé. ,,Le Bruxellois", le journal de la Kommandantur, n'avait pas fiait cause commune avec ses confrères qui sollicitaient l'autorisation de ne pas paraître. „Fort bieai, leur fut-il répondu. Mais si vous ne paraissez pas le 21 juillet, voua serez suspendus peur toute la semaine. ' ' Le gouverneur intérimaire de Bruxelles von Muller avait, des l'avant-veille, fait afficher l'avis suivant : „J.e préviens le public que le 21 juillet 1915 les démonstrations de tout genre sont expressément et rigoureusement interdites. ,,Le>s réunions, les cortèges et le pavoise-ment des édifices publics et particuliers tombent aussi sous l'application de l'interdiction ci-dessus. ,,Lss contrevenants seront passibles d'une peine d'emprisonnement de trois .mois au plus et d'une amende pouvant aller jusqu'à 10.000 marks ou d'une de ces deux peines à l'exclusion de l'autre". Le public avait fait, devant ces tartines blanches étalées sur les murs de la ville, les réf lexions que vous pouvez imaginer ! D décida d'ailleurs de manifester sobrement, dignement. Il ne fallait pas laisser passer le jour de notre indépendance nationale sans montrer aux Allemands que le sentiment patriotique de tous les Belges était plus vivace que jamais. Et on le fit bien voir à l'envahisseur! Dès sept heures du matin, des groupes circulaient, en vêtements de fête, portant ostensiblement des fleurs ou les insignes A. E. (Albert, Elisabeth), Les ketjes, toujours aussi par tisans des feuilles de lierre, depuis que von Bissing en a défendu le port, les portaient en collier ou en couronne. En signe de déuil, tous les grands magasins avaient fermé leurs volets. A quelques balcons du centre de la ville et de l'avenue Louise, on avait attaché des noeuds de orêpe. Tous les grands cafés étaient fermés, à l'exception des établissements tenus par des Boches et du café des Boulevards, de la Métropole, des Augus-tins. Une foule énorme se massa devant les cafés dont les patrons, dans un but de lucre, avaient gardé ouverts leurs établissements trouvant sans doute plus patriotique > de vendre des chopes. Devant la colère de la foule, les quelques assoiffés qui y consommaient prirent le parti de laisser là promptement leur bock. La plupart des cafetiers fermèrent aussitôt, à l'exception' cependant de deux établissements de la place des Nations : le Palace et Jjp Café des Boulevards. Le public resta stationner, si bien que personne n'osa plus se risquer dans ces établissements dont les patrons en furent pour leurs frais ! La foule, dans toutes les rues du centre, devint à ce point dense qu'on avait peine à circuler. Tout à coup, à onze heures précises, comme si le mot d'ordre avait été donné, lentement, pas à pas, la formidable cohue, par la rue Neuve, avança Vers la place des Martyrs où les années précédentes une cérémonie patriotique a lieu. Mais les rues qui y accèdent sont toute fort étroites. Cependant, la foule rest calme, 6ans manifester, à cause de l'insensée bousculade qui se produisit. On n'entendait parler que de la victoire finale, de nos valeureux souverains, de ceux de nos frères qui combattent sur l'Yser. Toutefois, l'énorme cortège parvint défiler devant le monument où des fleurs furent jetées. Quelques gerbes, que des manifestants avaient pu habilement disséminer sous leurs pardessus, furent accrochées aux quatre coins du monument. Le spectacle était impressionnant, indescriptible. Tout à coup, plusieurs compagnies do soldats apparurent, les fusils chargés dirigés vers la foule. Les héroïques guer riers avaient même amené une mitrailleuse qu'ils mirent en position, après avoir bousculé les manifestants qu'ils poussèrent dans les rues adjacentes à coups de crosse Pendant que se déroulaient ces inci dents, un ,,Te Deran" patriotique était chanté en l'église collégiale de St Michel et Ste Gudule, auquel le tout Bruxelles officiel assistait. Les orgues jouèrent la Brabançonne et, malgré la sainteté du lieu, des cris partirent de toutes les poitrines: ,,Vive le Roi! Vive la Belgique indépendante!"Ce fut un moment émouvant qui arracha des larmes à un grand nombre d'assistantsCependant, en ville, la foule augmentait sans cesse. Des soldats allemands débouchaient bientôt des rues avoisinant la Place des Nations qu'ils cernèrent. Les personnes rassemblées en cet endroit furent chassées — c'est le terme — brutalement et, heureux de ce succès éclatant, les soldats occupèrent la place. S'ils avaient eu un 42 à Bruxelles nul doute qu'ils l'eussent amené ! Malgré leur nombre et •bien qu'ils fussent en armes, certains d'entre eux n'en menaient pas large. Quel ques-uns de ces „feldigrauen" étaient même livides. Place de Brouckère, vers midi, un bataillon se rua sur la foule qu'il dispersa. Ce brillant fait d'armes accompli, les fusils furent disposés'en faisceaux, tandis que des postes en armes montaient la garde tout autour de la place. De café en café, des soldats se rendirent, annonçant qu'il fallait fermer à 8 heures du soir. Ordre avait été transmis téléphoniquement aux directions des théâtres et des cinémas de ne pas jouer. ^ Durant toute la journée et la soirée, la ville connut une affluenoe de public considérable, comme rarement il fut donné d'en voir. Il est à remarquer que cette manifestation restar digne, malgré les provocations des soldats allemands qui trouvèrent, malgré tout, le moyen d'arrêter un grand nombre de patriotes. Toute la nuit, les autorités ennemies et leurs soldats restèrent levés, prêts à réprimer un mouvement populaire. Peine perdue, car les Belges ne sont pas sots au point de lutter à coups d'ongles contre les soldats armés de pied en cap. Ils savent d'ailleurs qu'un jour ils auront leur revanche. Et, ce jour-là, ils l'attendent avec une patience admirable et une confiance que rien ne viendra ébranler. " * * * „Ils" s'occupent de constituer des sociétés anonymes belges ou de fonder des établissements financiers belges aussi. C'est ainsi qu'une agence de la ,,Deutsche Effek-ten und Wecliseibank" 3j été créée au- capital d'un demi-million de francs ! A Anvers, Les Allemands n'ont pas dormi la veille du 21 juillet. Toutes les troupes avaient été cantonnées en ville, prêtes à intervenir au moindre signal. Les fusils étaient restés chargés. Chaque soldat de garde avait le sac au dos, la baïonnette au canon, même à l'intérieur des casernes. A la kommandantur. tous les officiels durent être présents durant toute la journée. Le gouverneur militaire avait d'ailleurs donné des ordres sévères et il avait recommandé tout spécialement aux soldats qui seraient appelés par leur service à circuler en ville de ne pas entrer dans les débits de boissons. Les officiers aussi reçurent communication d'un ordre d'éviter de se montrer dans les restaurants. Ceux qui devaient 6'y rendre étaient priés de ne pas sabler le Champagne (avec ostentation) comme c'est fréquemment le cas. Dès le matin, une gerbe de fleurs, cravatée aux couleurs nationales, était déposée au pied de la statue de Léopold premier. Bientôt les rues furent remplies de monde. Foule admirable de calme, manifestation grandiose. Tous les boursiers, représentants du monde commercial, financier, maritime, étaient en redingotes ou en jaquettes et en hauts de forme. Tous les ouvriers portaient leurs vêtements de fête. Et, indistinctement, homme ou femme avait la boutonnière ou le corsage orné de quelques fleurs. Une main patriotique, dès l'aurore, avait été fleurir le Palais du Roi et y avait accroché un immense drapeau belge. La circulation, place de Meir, devint très intense. On ne se cachait pas pour montrer ses sentiments ouvertement. Si bien que les Allemands, pris de peur, firent évacuer la place de Meir et établir des barrières. La foule dut s'écouler vers la gare ou le port. Mais le pont de Meir et le marché aux Souliers furent gardés militairement. Les hommes, accourus des casernes, prirent position également avenue de Keyser, i rue des Tanneurs, rempart Ste Catherine. Les cafés, les cinémas reçurent l'ordre de fermer leurs portes à 8 heures précises. A chaque rencontre d'amis, c'étaient des j souhaits de victoire prochaine, échangés avec force. Même devant les soldats allemands, chacun dit son espoir dans l'issue de la lutte. Toutes les pensées allaient vers nos chers souverains et nos braves soldats. Ce fut vraiment une journée remplie d'un patriotisme ardent dont personne, de ceux qui l'ont vécue, ne pourra perdre le souvenir. * * * Les examens annuels viennent de se terminer et les résultats sont excellents. Il y aura huit semaines de vacances, comme d'habitude. * * * On fume beaucoup à Anvers. Les nombreux amateurs de la pipe ont été bien mortifiés d'apprendre que toutes les marques de tabac sont frappées d'un renchérissement de 50 centimes au kilo ! A Liège. La loi défend d'introduire en Belgique et d'y vendre de la margarine ne contenant pa6 d'huile de Sésame et de fécule de pommes de terre, produits qui en empêchent le mélange frauduleux avec le beurre. Un nommé Jean S..., courtier à Liège, avait établi à Maestricht un magasin de légumes. En réalité, dans ce local, on préparait de nombreux colis de margarine dissimulés sous des légumes divers qu'on expédiait par bateaux sur Liège. La police hollandaise découvrit ce dépôt et en informa la police belge. Il s'en6uivit une très longue instruction. Plusieurs prévenus furent renvoyés en police correctionnelle. Me C. Dupont, avocat du département des finances, réclame con-, tre trois prévenus 4 mois de prison et 4,300 francs d'amende. Le tribunal acquitte les prévenus du chef d'importation frauduleuse de margarine, mais par contre il le6 condamne pour transport, détention de margarine non conforme à la\Ioi: lo Joseph de C..., à Anvers, à 200 francs d'amende; R..., commissionnaire expéditeur, à 50 fr. d'amende; Jean S..., qui est en fuite, à un mois de prison et 200 francs d'amende; 2o Pierre L... est acquitté. Lo fisc a interjeté appel. Comme on voit, la justice ne chôme pas. * * * Les tramways Liége-Seraing mettent en vente des carnets de 20 billets à 10 centimes et des carnets de 20 billets à 15 centimes au prix respectif de 2 et 3 fr. Ces carnets combinés permettent d'effectuer n'importe queî parcours. A Gand. La nouvelle monnaie a fait son apparition. C'est une pièce de 50 centimes en aluminium. D'un côté, cette pièce a l'air d'être en or. Du côté face, sa teinte est plus jaune. On y voit un lion, avec cette mention: ,,Stad Gent; ville de Gand." Dans les FB^ratlres. Un cheval de course se trouvait dans une prairie à Aerseele. Les Boches le firent galoper jusqu'à ce que la pauvre 'bête tombât épuisée. Le fils du propriétaire de la bête voulut s'approcher d'elle pour la soigner; il fut arrêté sur le champ et envoyé en prison à Thielt. Il ne fut relâché qu'en échange d'une amende de 150 marks. Les Boches se présentèrent 4 il y a environ trois semaines chez le meunier Van P. et lui défendirent de moudre le moindre grain pendant quatorze jours. Cette période écoulée ils lui permirent d'accepter des commandes moyennant une certaine taxe sur chaque ordre. • * » f/a Kommandantur de Thielt a pris un arrêté interdisant la livraison de la moindre marchandise sans qu'il soit donné en échange un bon en due forme. Cette mesure n'est évidemment qu'un nouveau bluff de la part des Boches. En voici la preuve: Les Allemands se rendent chez un échevdn d'Aerseele—un octogénaire — et veulent lui enlever un taureau. Le vieillard exige le bon prévu par le susdit arrêté, bon qu'ils no possèdent pas. Le fils de l'écfyevin se rend à Thielt pour réclamer le bon. A peine est-il parti que la bête est emmenée. En route nos Teutons rencontrent le courrier qui revient en possession du fameux bon, l'arrêtent et le mènent en prison. Le père parvint à faire libérer son fils contre le paiement d'une amende de 500 marks. Quinze jours après cette aventure, le vieillard mourait des 6uites de ses émotions. * * * Certain jour, cinq jeunes gens chantaient da-ns un établissement public ,,l)e Vlaamsclie Leeuw". Immédiatement une patrouille intervint et ordonna aux chanteurs de 6e taire. La patrouille s'éloignant, les chants furent repris, mais le lendemain les cinq délinquants furent arrêtés au saut du lit et emmenés à Thielt où ils restèrent quinze jours en prison. Après ce laps de temps ils furent envoyés en Allemagne. Ils y sont encore. * * * Dans l'industrie du lin, les heures de travail ont été réduites de 24 à 18. On dit même qu'on ne travaillera plus, prochainement, que 12 heures par semaine. Jadis, 17,000 ouvriers, à Gand, étaient occupés dans l'industrie du lin. A présent, on n'en occupe que 1300. ^ A Coîïrirai. Le6 Allemands avaient hospitalisé leurs blessés dans l'église de Lendeleede. Ils ont fait évacuer cet hôpital aux malheureux qu'ils ont transportés à l'arrière. « * •* La misère est terrible. Au lieu de pain, les Allemands offrent à la population des concerts de nrisique militaire. Am ïPasrs WaSlon. Dans plusieurs villes, les Allemands ont in- ' stitué, à l'usa-ge des militaires et des civils hoches, des établissements décorés à l'allemande, dans lesquels ils peuvent vivre à l'allemande et boire à l'allemande. Des sociétés musicales ou dramatiques, allemandes, ont été également fondées. Mais des troupes iront en Flandre donner des représentations flamandes. Avec l'accent allemand, ça promet des joies aux auditeurs, fût-ce à Stijn Streuvels lui-même. * * * Le travail de construction de la quadruple voie ferrée qui doit relier Aix-la-Chapelle à Bruxelles via Tongres est arrêté. * * * L'industrie du charbon n'est pas dans une situation brillante; celle du cocke, en ' plein marasme. Les affaires sont calmes en charbons industriels. Les prix sont en augmentation d'une couple de francs sur ceux ; de 1914. Aaax frontières. L'aéroplane anglais qui dut attérir à Philippine a été soumis à une fusillade nourrie < lorsqu'il survola la frontière. Les deux of- 1 ficiers anglais ont mis leur avion en feu, ( plutôt que de le voir tomber entre des mains | étrangères. « • • rAvant-hier. à dix heures du matin, cent , quinze orphelines ont passé par Esschen. El- j 1 les se rendaient à Rotterdam, d'où elles devaient s'embarquer pour l'Amérique. * * * Le fil barbelé a environ .un mètre cinquante de hauteur. Quinze mètres plus loin se trouve un réseau de fil ordinaire, haut de deux mètres et quinze mètres plus loin est dressé un troisième réseau de fil barbelé. Cela n'empêche pas ceux des Belges qui veulent venir en Hollande de passer la frontière. Et il y en a! A Turnhout A la? Kommandantur, honorée des visites d'Adonis Splichal-Casque à Pointe, on a affiché que la vente du foin était interdite, même, entre particuliers. flamands, Mandais et Àlesaads. Un télégramme du Roi. Sous ce titre, la ,,Métropole" publie un extrait d'une lettre que M. Deswarte, rédacteur en chef' de la ,,Vlaamsche Stem", lui avait adressée à la suite d'un article que nous avons publié ici-même. M. Deswarte nous avait envoyé un duplicata de cette lettre. Aujourd'hui que notre confrère de Londres a jugé bon de .lui répondre nous nous empressons de reproduire son texte avec lequel nous sommes absolument d'accord : En réponse à un article que nous avons publié sous ce titre le 7 de ce mois, dit la ,,Métropole", et où ni lui, ni son journal, n'étaient pas même cités, M. A. Deswarte, rédacteur de la >,,Vlaamsche Stem," d'Amsterdam, nous envoie line lettre d'uhe colonne et demie où il se défend, non contre toute l'attitude de la ,,Vlaamsche Stem" et do ses amis et comparses hollandais, mais contre l'accusation de ,,chantage" que nous lui avons imputée. Nous regrettons de no pas pouvoir publier cette lettoe ,,in-extenso," d'abord parce que nous ne désirons pas entrer dans une polémique avec un journal belge en ce moment-ci sur une question soulevée par lui et dont nous estimons la discussion hautement inopportune; ensuite parce que, si M.- Deswarte désire une polémique, il a toute latitude de nous répondre dans son journal, conformément aux usages de presse. Nous voulons cependant reproduire ici la façon dont M. Deswarte se défend du dessein dont nous l'avons chargé: ,,Dans le cas présent, qu'eût-il fallu pour, qu'il y eût chantage, c'est-à-dire une indigne tentative de donnant donnant? lo. Il eût fallu un essai d'extorsion d'engagement gouvernemental sous' la menace tacite ou expresse d'efforts tendaut au ralentissement du zèle héroïque des soldats flamands. Notre conscience répugnerait à une telle manoeuvre, en effet criminelle. Notre oeuvre de parfaits patriotes unionistes—voyez les 160 numéros parus de notre journal et les éloges réitérés de la ,,Métropole ' à cet égard—nous défend mieux que la plus véhémente protestation contre une suspicion aussi infamante. 2o. Il eût fallu en outre, pour que les gros mots do chantage criminel fussent appropriés, les attributions, la compétence constitutionnelle du gouvernement pour prendre un engagement. Or, chez nous, tous les pouvoirs émanent de la Nation. Seules nos Chambres législatives décideront du sort interne do la partie flamande de la Belgique." Nous rapprochons cette explication de la phrase incriminée par nous: ,,La Flandre aide à sauver la Belgique du cataclysme universel, que fait la Belgique pour la Flandre? Ou sera-i>il dit que la représentation officielle de la nation restera en arrièio sur les avances do l'ennemi?" M. Deswarte est avocat et se tire d'affaire par une avocaisserrie, c'est-à-dire par une définition juridique basée sur des précédents, tout à, fait irrelevante en la matière. Nous laissons dos lecteurs juges de l'argument. M. Deswarte nous reproche aussi de ne pas avoir cité les nombreux passages de ses écrits où il témoigne de son aversion des méthodes allemandes. Nous lui répondrons simplement que nous estimons ces' sentiments trop naturels chez un Belge pour que nous ayions cru nécessaire de les relever, et que c'est précisément parce qu'au milieu de tels écrits M. Deswarte montrait le bout de l'oreille, que nous ivons cru devoir lui donner un avertissement sérieux. Nous sommes du reste sous ce rapport eu brès bonne compagnie. M. Deswarte veut bien aous écrire que l'union nationale est tellement a préoccupation journalière de la ,,Vlaamsche stem" qu'elle lui a valu cet hommage de notre rénéré Souverain : ,,Le Roi'sse réjouit de ce que ,,De Vlaamsclie Stèm", se pénétrant de sa devise, défend avec raillance et sagesse les plus précieux intérêts lu pays." M. Deswarte eût 2)out-être mieux fait, sem-ble-t-il, de nous transmettre le texte d'un télégramme royal POSTERIEUR à sa campagne violemment flamingante, et dont voici le texte : ,,La Panne, 14 juillet 1915. ,,Le Roi' a pris connaissance de votre télégramme et vous remercie des sentiments do dénouement que vous lui exprimez. ,,Sa Majesté considère que les autorités constituées du pays sauront prendre, quand la îation aura recouvré lo libre exercice de sa iouveraineté, toutes les mesures destinées à sauvegarder les aspirations et les intérêts do SON peuple. ,,En attendant, le Roi fait un pressant appel i tous les Belges pour que devant l'ennemi ls n'aient D'AUTRE BUT NI D'AUTRE SOUCI QUE LA LIBÉRATION DU TERBI-roiRE.,,lngenbleeck, secrétaire." Nous souhaitons que la ,,Vlaamsch© Stem" ît ses comparses hollandais entendent cet ap->el royal,encore que le commentaire nébuleux lont ils le font suivre ne nous donne pas à •et égard tous les apaisements que nous vou-Irions.Dans ce ca£, il ne nous Testerait qu'à oon-inùer à dénoncer devant le pays la. politique le discorde dont ils ont commencé de donner e très regrettable exemple.

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Cet article est une édition du titre L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam appartenant à la catégorie Oorlogspers, parue à Amsterdam du 1914 au 1918.

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