L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam

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s.n. 1915, 05 Avril. L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam. Accès à 03 mai 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/dr2p55fh30/
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tcrc aimecnsffiriB^^, "S cents CiO CeatîKiesj Lundi S avril 1915 L'ECHO BELGE L'Union fait la Force. «Journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam. Belge est notre nom de Famille. Toutes les lettres doivent être adressées au bureau de rédaction : N.25. VOOHBUHGWÂL 234-240. Téléphone: 3797. s Rédacteur en Chef : Gustave Jaspaers. [ Charles Bernard, Charles Herbiet, Comité de Rédaction: ■! Gustave Peellaert, René Chambry, ( Emile Painparé. Pour les annonces, abonnements et vente fu numéro, s'adresser à l'Administration du Journal: N.Z. VOORBURGWAL 234-240. Téléphone: I77S. Abonnement r En Hollande fl. 1.50 par mois, payable par anticipation l Etranger fl. 2.00 „ „ l'heure de a dipomatie ^ IIVMI W M» Eli© est encore lointaine, mais déjà les Allemands y rêvent, et avec inquiétude, Elle ne leur réservera rien de bon, et même ceux d'entre eux qui croient encore à une victoire possible des troupes de Guillaume II redoutent que la diplomatie impériale ne tourne la victoire qu'ils escomptent en une défaite, — que nous espérons tous. Si pour parler comme M. Prudhomme, la parole, actuellement, est au canon, il. arrivera bien un jour où le canon se taira, et-où la paix se fera. La guerre a déjà duré huit mois et si longtemps qu'elle doive durer encore, elle ne peut pas durer toujours. Donc, au canon succédera la diplomatie. Aux champs de bataille, les 6alons d'un hôtel ou d'un palais de la paix. Et ici les alliés ont en mains quelques atouts pas ordinaires. Dans la presse allemande, on commence à s'occuper beaucoup de la paix.^ On s'y prend un peu tôt, mais cette liâte même est significative. Et on cite déjà, timidement, quelques noms de plénipotentiaires allemands possibles. Qui seront-ils? On met en avant le prince de Bùlow, le maréchal von Hindenburg, M. Balliu. Il y en aura d'autres. Il y aura certainement le ohanchelier lui-même ou, au moins, un membre de son gouvernement, soit M. de Jagow, soit M. Zimmermann, bref le gratin de l'Allemagne diplomatique. Du côté des Alliés, on peut difficilement citer des noms parce que} d'abord, il y en a trop qui paraissent qualifiés, et surtout parce que personne ne songe réellement à une paix prochaine. Mais on peut être certain que les gouvernements qui font actuellement la guerre aux empires du centre européen mettront en ligne une ,,équipe" diplomatique, consciente de son rôlei historique et qui saura traiter l'ennemi — comme il le mérite. Cette conférence de la paix, elle inspire aux .Allemands une crainte tout à fait amusante. Car les Allemands, instruits par l'expérience, ont une peur folle de leurs diplomates. Des journaux sont déjà partie en guerre contre le chancelier de l'empire, qui est à la tête du corps diplomatique allemand. La ,,Deutsche Presse" de Vienne a publié ces jours derniers un article d'une extrême violence où elle reproche à M. de Bethmann-Hollweg de vouloir dicter la paix, non pas aux Alliés, mais au peuple allemand. Cet article a été vu et approuvé par la censure berlinoise. Or cette censure est purement militaire. On pourrait donc en conclure que la censure militaire voit sans chagrin qu'on attaque M. de Bethmann-Hollweg. C'est probable. En tous cas le mot récent du Chancelier: ,,Nous devons faire avant tout des conquêtes morales" n'a pas paru fort heureux aux grand-prêtres berlinois de la terreur militaire. Des conquêtes morales? C'est mince, même en y ajoutant les pendules déjà mises en li-su sûr ! Aussi le chancholier est-il aujourd'hui l'un des hommes les moins populaires d'Allemagne^. On j lui reproche, non, pas d'avoir déchaîné la guerre, mais de n'a.voir pas su l'empêcher ; puis d'avoir cru qu'elle tournerait bien pour l'Allemagne, alors qu'on.commence en Allemagne à redouter le contraire... M. de Bethmann aurait besoin prochainement d'un long congé, dit de santé, que cela ne devrait étonner personne. Ses ennemis sont puissants. Son seul partisan, à la vérité, c'est l'empereur, mais lors-que la fortune ^ de l'Allemagne aura tourné, c'est à dire bientôt, l'empereur lui- même trouvera peut-être que son fidèle chancelier a'bien mauvaise mine et qu'il a besoin de reptfs, de beaucoup de repos... ...Du haut des cliamps élyséens, sa demeure dernière, le prince de Bismarck dont on vient de fêter le centenaire, doit bien s'amuser s'il voit ce qui se passe dans le pays dont il a voulu réaliser l'émancipation et assurer la grandeur. H doit voir non sans plaisir ce que ses successeurs ont fait de son colossal héritage. L'empereur, ^ qui le ohassà, on sait comment, le voilà malgré toute sa superbe et son vieux dieu aux prises avec des difficultés et des dangers que Bismarck lui-même avait déjà prévus lorsqu'il considérait que l'amitié de la Russie devait être la pierre angulaire de là politique extérieure allemande ; le chancelier actuel, le voilà à la veille d'être puni d'avoir toujours obéi sans discuter aux ordres de son maître. Oui, l'ombre de Bismarck doit s'éclairer parfois d'un bien ironique sourire, surtout lorsqu'elle compare le faux magistral de la dépêche d'Ems à l'aveu piteux du ,,chiffon de papier" que M. de Bethmarm a si souvent et si malencontreusement essayé de corriger, d'adoucir, d'expliquer ! Et l'ombre de Moltke aussi doit rire, de ce rire must et terrible qui terrorisait les soldat, du vieux maréchal, lorsqu'elle hante les camps où l'inévitable défaite attend les troupes impériales, lorsqu'elle juge ce Hindenburg, à qui on s'est trop dépêché de fair une popularité, et qui ne fait plus aujourd'hui que des ^mots" que les journaux reproduisent, faute de pouvoir annoncer ses victoires; et quant au propre neveu du vieux Silencieux, on a dû lui fendre l'oreille sur le champ de bataille et l'envoyer' à Berlin sous un fallacieux prétexte de santé compromise. On sait que ces opérations en Allemagne se font, si je puis $re, sans mitaines! Mail .quelle. |ete îçxû Bisiiiarcls lorsque l'heure de la diplomatie aura» sonné, et lonsqu'autour d'une table verte, peut-être au palais de la paix de La Haye, les plénipotentiaires alliés se rencontreront avec ceux des empires du centre pour donner à l'Europe ensanglantée sa forme nouvelle. Cette heure sera pour l'Allemagne pleine de dangers, car elle sera celle de l'épuisement total. Elle est encore loin de nous mais elle sonnera^ elle doit sonner. Elle sonnera lorsque les clairons des alliés auront sonné eux aussi la diane matinale sur les rives conquises du Rhin ; et alors, malheur aux diplomates allemands, aux Buelow, aux Ballin et aux autres! Malgré leur intelligence, malgré leur génie, s'ils en ont, ils arriveront difficilement à faire comprendre au peuple allemand cette paix qu'ils lui apporteront et qui s'annonce inévitablement vengeresse et désastreuse pour l'Allemagne. Car des illusions fleurissent encore au coeur des sujets de Guillaume II. Mais quel réveil se prépare dans les forêts de l'Argonne et sur les rives de l'Yser! René Felbelman. « Pour h fête du Roi. Parmi tant de lettres émouvantes et vibrantes de patriotisme que nous recevons à l'occasion de notre souscription pour la fête de notre Roi, il en est une que nous voulons publier parce qu'elle vient de ceux qui sont peut-être les 2>lus malheureux d'entre nous tous, et qui iticntre que dans les baraques des ■réfugiés le coeur des Belges bat aussi chaudement pour notre lloi et pour la Patrie que partout ailleurs. Voici le texte de cette lettre: M. le rédacteur en chef, Répondant au pressajit appel de l' ,,Echo belge" qui, par un geste magnifique, ouvre une souscription aux fins de pouvoir à l'occasion de l'anniversaire de notre Roi bien-aime offrir une voiture ambulance automobile pour transporter nos chers petits soldats belges qui depuis plus de huit mois luttent vaillamment pour reconquérir le territoire lâchement envahi, des réfugiés ayant encore le coeur belge se sont cotisés et sont parvenus à récolter 21 francs que nous nous empressons de vous faire parvenir pour être ajoutés à la somme déjà recueillie.Nous regrettons infiniment, Monsieur, que le montant ne soit pas plus élevé, mais notre pauvreté individuelle ne nous a pas permis de faire davantage, vu que nous ne gagnons iri que 10 cents par jour. Toutefois si la somme est modique elle est offerte de bon coeur et nous souhaitons que des personnes généreuses daigneront délier les cordons de leurs bourses et faciliteront de la sorte votre tâche si bien inspirée.Mettons une confiance illimitée dans Ta haute bravoure de nos soldats qui versent si généreusement leur sang pour nous. Nous esjférons pouvoir retourner bientôt dans notre Patrie où nous chercherons, tous, à nous rendre utiles. Daignez agréer entretemps, Mr. le rédacteur en chef, avec les sentiments de notre entière reconnaissance, l'assurance de notre profond respect, au nom de tous les réfugiés belges. Mme Segers-Binjé nous ayant fait parvenir 5.00 fl. au lieu de 6.50 fl., comme nous l'avons dit par , erreur, le montant des 9 listes précéd. se monte donc à 2610.99 frs. + 965.701 fl. Pour que Dieu protège la santé de notre charmante Reine 1.00 frs. Léa S... Sandvoort 5.00 „ Un souvenir de notre fils et frère St., volontaire tombé pour la Patrie 5.00 ,, Jacques et Jeanne pour l'automobile 1.00 fl. Pour la félicité de P 1.00 ,, Deux petites Namuroises 1.00 „ Fl. Bancu, B. 17 9mc de ligne 5/1 Zeist ' 0.25 ,, aCCLaMons bien enthousiastes L'héroIqUe roi Des belges albert I 1.00 M. Firmin Soenen, Boxmeer (voyez on nous écrit.) 3.00 „ Petite obole offerte de tout cœur, Mme A. Stevens 1.00 ,, D'une Sérésiennc pour Que sa mère ait bientôt le bonheur de revoir la famille royale à Bruxelles 5.00 frs. La famille Is. pour nos braves petits soldats 3.50 fl. D'une Anversoise à Amersfoort pour que beaucoup de compatriotes puissent répondre à notre appel pour montrer leur attachement au Grand Roi d'un petit' pays 1.00 ,, M elles Destexlie, à Zwollc .... 5.00 frs. Chacun donne selon ses moyens, Suzanne et Olga ... 1.00 fl. Obole de la petite Marie-Thérèse , Heumen sur Meuse .... 10.00 frs. M. et Mme Charles Gevers 10.00 frs. Renéy Fanny, Pierre et Hélène 12.00 ,, Comme témoignage d'ad/mira-tion à notre cher et bien-airne Roi Albert, le plus grand, le plus vaillant héros de cette funeste guerre 5.00 En attendant l'heureux jour d* V entrJ* trumvnhule. d* En Belgique. notre chère famille Royale à Bruxelles, Vive le Roi Albert, Vive sa ch re épouse 5,00 „ Gaston Joosen, à Bergen-op-Zoom, pour le bonheur, de notre grand Roi 5.00 ,, Un Lierrois à Bréda » 1.00 fl. Pour que le grand Roi d'un petit pays rentre triomphalement ,..., 1.00 ,, Honni soit qui mal y pense, S. de Jong 1.00 9> Au Roi héroïque, à la Reine sans égale, S. Tokkie 8.00 ,, Famille J. Starck, — à la gloire impérissable de la famille royale . 10.00 ,, En souvenir de mon regretté beau-frère, Constant Schneider, sergent au 6e de ligne, tombé au champ d'honneur à Emblehem, Au g. van Gyseghem 1.00 „ M, Honoré Lenaerts, de Bor- gerho-ut 5.00 frs Mme la douairière van Langen- hove 60.00 ,, Plus de Flamands; plus de ■ Wallons; riefi que des Belges! 1.00 „ Pour que Dieu protège mes deux chers volontaires, Comte de Changy 100.00 „ De la part de Mme Vve V. S., d'Anvers, 10 francs pour Vanniversaire du Roi, de son fils John, à Calais, et 10 fro/ncs pour l'auto-am-bulancier, son fils étant secrétaire de la Croix-Rouge 20.00 „ Une famille Alsacienne qui sympathise de coeur avec la vaillante Belgique et son héroïque Roi 5.00 „ M. Mawice Passelecq, ingénieur 25.00 fl, U ne communauté religieuse de femmes, très dévouée à la patrie et à la famille royale 100.00 frs U ne vingtaine de Belges pour leur Roi bien aimé et leurs compatriotes au front ...... 90.00 „ D'après mes moyens et de tout coeurl Que le Devoir et l'Amour de la Patrie soient seuls mes guides et... Vive le Roi! M. V. postier, Roosen- daal 1.00 fl. Pour que les provinces françaises envahies et la Belgique soient vite débarrassées des Allemands, Marie Derwel, La Haye 3.00 ,3 Collecte des sous-officiers, brigadiers, et soldats de la 1ère batterie de côte internés au camp de Zeist pour achat d'une automobile de la Croix Rouge à offrir au Roi Albert 1.00 ,, Les sous-officiers, brigadiers et soldats de la 12e batterie de siège, internés au camp de Zeist, n'oublient pas leurs frères d'armes 7.00 ,, Mme la douairière Cox (voir souscription oeuvre de l'alimentation) 2.50 , y Modeste offrande de 3 exilés Gantois pour le triomphe de leur Roi 5.00 ,, Les sous-officiers, brigadiers et soldats de la 18c batterie de siège, baraque 25, camp Zeist 2.02 ,, Le petit Willy et ses petites cousines Yvonne et Raphaële, pour qu'ils aient bientôt le bonheur de revoir leur cher papa sain et sauf 10.00 frs De la part des soldats internés à Gaasterland, cantonnement de Sondel, par l'entremise de M. le sous-lieutenant Bot-rrtan. (Nous publierons le détail de cette liste dans un prochain numéro) 1/.9.25 fl. Collecte faite à la première réunion de l'Union Belge à Bois-le-Duc. (M. le sénateur suppléant Vercruysse, président d'honneu/r de ce cercle nous a s déjà fait parvenir 100 frs. et M. Van Santé, président, 20 frs.) 5.00 fl. Pour, le bonheur de notre Roi- bien aimé, J. P., Gaasterland 1.00 ,, Quelques gradés d'élite, maréchaux des logis, brigadiers et gendarmes du corps de la gendarmerie, internés à Har-derwijk 12.50 „ P.S. Le 3 avril nous avons mentionné les souscriptions suivantes : Pour notre Roi bien aimé, Simone Gaétan 10.00 fn Alfred, Robert, Christian .... 10.00 ,, On nous prie de modifier ces souscriptions en ce sens: Pour notre ' Roi bien aimé, Simone, Gaétan, Alfred, Robert, Christian 10.00 ,, Eisa et Roger 10.00 ,, Pour le comité de VAlimentation. Pour les Pauvres "Belges 1.00 fl. \M?nc la douairière Cox ........ $/J0 „ A Bruxelles. De notre correspondant de Bruxelles; Le gouvernement temporaire allemand semble bien décidé à faire tout ce qui est en son pouvoir pour appliquer la fameuse taxe sur les absents. Déjà il a sommé les admi-* nistrations communales de l'agglomération de lui donner en-déans les quarante-huit heures la liste des contribuables a-bsents. Mais cette démarche n'a pas été couronnée de succès, les administrations ont toutes refusé nettement, en invoquant l'article de notre Constitution d'après lequel ,,tous les Belges sont égaux devant la loi." Cet article s'applique en effet à tous les Belges, fussent-ils au pays ou à l'étranger. On ne peut donc imposer les uns, sans imposer le9 autres. Le von Bissing ne s'est cependant pas déclaré battu et il est revenu énergique-ment à la charge. Les choses en sont là, à l'heure où je vous écris. Je ne puis donc vous dire si les absents peuvent être débarrassés de toute inquiétude, car il est certain que l'envahisseur fera l'impossible pour faire venir à lui les petits ,,cent francs." Car aux raisons déjà nombreuses qu'il avait de pressurer notre pauvre pays, vient s'en ajouter une. nouvelle. Il lui faut de l'or français pour payer les céréales achetées à la Roumanie. Les producteurs de là-bas refusent toute autre monnaie en payement. Il faut donc coûte que coûte que l'Allemagne se procure des louis et des Napoléons, et elle compte le faire à coup d'arguments sonnants. Elle ira jusqu'à offrir vingt, trente p.e. de prime et si cela n'est pas assez, elle offrira davantage encore. Qu'importe, c'est la Belgique qui paye. Mais ce n'est pas tout de faire payer les Belges, il faut encore les empêcher d'encaisser, d'encaisser l'argent que les troupe» teutonnes dépensent dans le pays. C'est sans doute dans ce but qu'on voit les établissements boches se multiplier dans nos murs. A la faveur de l'occupation allemande, ils* poussent comme des champignons. A ceux . qui existaient avant la guerre et qui se rouvrent succesivement avec d'immenses enseignes tirant l'oeil, tel par exemple le fameux ,,Zum Schiitzenliesl", viennent s'ajouter des gargotes nouvelles et de nouvelles tavernes à serveuses. C'est ainsi que nous avons à présent Rue du Midi, derrière la Bourse, un café qui s'intitule pompeusement: ,%Zum deutschen Kaiserhaus, Famïlien- und Militaer-Lokal." Le propriétaire en est; un certain Richard Meyer. En attendant, les casques à pointe viennent chez lui s'empiffrer et boire frais. Il en reçoit de toutes les tailles et de toutes les couleurs; j'en ai vus qui, soyons polis, avaient une épaule plus haute que l'autre, j'en ai vus qui étaient presque aussi cagneux que Quasimodo. C'étaient des hommes de la Landsturm, de ceux que l'on nomme-ici des ,,ouragans du pays", car, malgré tous les ennuis de l'heure présente, la blague bruxelloise ne perd pas ses droits. Jacques Herman. * * « L'Oracle, journal qui paraissait à Bruxelles (1800 à 1827), publiait l'entrefilet suivant, dans son no. du 5 germinal an VIII (1800): ,,Plusieurs habitants de Bruxelles nous ont envoyé des réflexions et des plaintes sur la manière dont on traite notre superbe promenade du Parc; on se plaint surtout de la dégradation de ces belles allées plantées en quinconce qu'une main ennemie et de mauvais goût dégrade de la manière la plus barbare. Il est temps d'arrêter les changements qui se font au Parc et ceux qu'on y projette encore, sans quoi notre promenade, l'admiration des étrangers, sera bientôt méconnaissable." Que dirait l'honnête journaliste qui écrivit ces lignes, s'il pouvait, par un caprice de la nature, ressusciter soudain et être retransporté à Bruxelles? Il verrait le Parc, notre beau Parc, transformé par l'envahisseur en manège, en autodrome, en terrain de football. Il y verrait les soldats allemands et leurs officiers se livrer à toutes sortes d'exercices, qui à pied, qui à cheval, qui en motocyclette, qui en auto, au grand, dam des allées, des pelouses et des bosquets ! Les Allemands viennent de refuser le oaiement en marks de l 'indemnité mensuelle de 40 millions, imposée à la capitale de la Belgique. Ils ont exigé le versement de la somme en francs et billets belges de la Banque nationale et de la Société Générale. N'est-ce point un signe des temps? * * * La police de St. Josse-ten-Noode a hospitalisé un ménage de pauvres hères, composé du père, de la mère et de cinq enfants, qui étaient venus à pied deValen-ciennes, sans sou ni maille, et se rendaient , à Moerbeke-Waes! A Ara vers. La censure a opéré. C'est l',,Handelsblad" qui a encouru ses rigueurs. De là un blanc dans l'un de ses derniers numéros. Etrange! * * * Les gazettes paraissant, tant à Anvers que dans les autres villes du pays, sont remplies de récits de vols, Il y en a des colonnes entières. A Liège. Le juge d'instruction a lancé, dans toutes les directions, le signalement d'un fau^" monnayeur connu, qu'on n'a pas eu chance de prendre la inain dans le sa0' mais dont on sait l'affiliation à une band6 qui s'est fait des rentes aux dépens de8 braves Liégeois. Au Luxemlbour^. C'est au mois d'août que les ulilans firent leur première apparition dans la Famenne. Comme ils venaient de rencontrer quelque résistance de la part d'un parti de cavalerie française, ils entrèrent furieux à Iîargi-mont. Les officiers, rogues et arrogants, s'installèrent au presbytère où ils ordonnèrent à M. l'abbé Emile Hanin cle leur servir à souper. Le prêtre, croyant en se montrant prévenant, éviter des ennuis à ses paroissiens j fit de son mieux pour les satisfaire. Durant ce temps, le commandant avait -équisitionné tous les chevaux du village et les soldats se grisaient des vins enlevés de la cave du château. Le souper s'achevait chez le curé, quand une détonation éclata, bientôt suivie d'une pétarade infernale. D'un bond, les officiers se levèrent et le commandant dit: — On a tiré sur mes hommes ! Monsieur le curé, vous êtes mon prisonnier. Il me faut dix otages et dans deux heures une somme de 100,000 francs. Or, voici ce qui s'était passe. Un uhlan, ivre, avait tiré un coup de feu en l'air, en sortant du château. Les soldats qui se trouvaient dans le village crurent à une attaque et se mirent à tirailler à tort et à travers. M. Lefèvre, bourgmestre du village, qui ramenait des chevaux réquisitionnés, fut atteint d'une balle et tomba mort sur la route ; son beau-frère, M. Edouard Dubois, qui le suivait, s'effraya et voulut s'enfuir. Arrêté bientôt par les Allemands, il fut accusé d'avoir tiré sur les troupes eb mené au presbytère. Là, les otages étaient rassemblés autour de M. l'abbé Hanin. Ceiui-ci voulut plaider leur cause... En vain! il n'obtint qu'une réponse : ,,H nous faut 100,000 francs î...'' Le curé les promit. Mis en liberté pour une heure, il se rendit chez Mme la baronne de Sauvage, qui lui remit un chèque sur la Société Générale de Bruxelles. Le commandant allemand l'empocha et rendit la liberté aux otages. Le cadavre du malheureux Lefèvre gisait sur la route, et, au loin, plus de dix maisons flambaient, allumées par la troupe avinée... Et ce n'était pas tout. M. Ed. Dubois était prisonnier et l'on ordonna de le conduire devant le tribunal militaire établi à Buissenvilîe, avec deux autres otages: le curé et M Albert Lecloux. Après un voya-ge de deux jours, au cours duquel ils furent en butte à toutes les vexations imaginables, à des mauvais traitements de la part des soldats, les prisonniers arrivèrent à Buissenvilîe. Ledoux passa le premier; comme il parlait assez correctement l'allemand, il put s'expliquer et fut acquitté. C'était le tour de Dubois. Troublé par le baragouinage des officiers, brutalisé, ayant le coeur tout plein de douleur d'avoir vu l'assassinat de son beau-frère, Dubois se troubla... —• Condamné à mort ! lui cria le major prussien... Et devant ses deux compatriotes atterrés, Dubois s'écroula, foudroyé par les balles allemandes. Le curé passa ensuite. Après un long interrogatoire, le tribunal décida de le renvoyer devant un autre tribunal ^militaire établi à Celles, près de Dînant. On l'attacha sur une auto-mitrailleuse et le dur calvaire recommença. Deux jours encore, l'abbé Hanin eut à subir les railleries et les coups des Allemands. Au loin, le canon tonnait avec violence ; de tous côtés arrivaient des convois de blessés. Des estafettes arrivaient au quartier général... Toujours attaché à son canon, l'abbé Hanin attendait son sort... Tout à coup, un brouhaha se produisit. : Les ordres se succédaient, brefs, énergiques; les mitrailleuses furent mises en bat-terie... Enfin, on se souvint du prisonnier ; un officier s'avança. On détacha le malheureux prêtre, on le mit devant les canons et l'officier dit : ,,Priez Dieu pour moi!...1' Puis, brusquement, on le renvoya. C'était \ le jour de la bataille de Dinant. L'abbé Hanin était sauvé. Il revint dans sa paroisse, terrorisée de ce qu'elle avait vu et/privée, hélas, de deux hommes de grande valeur, aimés de tous et que tous pleurent aujourd'hui, M. le bourgmestre Lefèvre et son beau-frère M. Edouard Dubois. Au Pays Wallon. Un boulanger voleur de Marcinelle vient d'être frappé d'une peine légère. Cinquante francs d'amende, c'est peu quand on délivre aux pauvres gens, contre bon argent sonnant, des pains de 1V£ kilo au lieu de pains de 2 kilos. Il est bon que la justice se montre sévère et fasse des exemples. * * * A Charleroi, une façade s'est écroulée, ensevelissant deux ouvriers qu'on a pu dégager assez à temps pour leur sauver la vie. Mais il fallut les transporter d'urgence à l'hôpital, ils avaient les membres brisés. ' a— " M A Charleroi on a procédé à l'arrestation de quatre soldats allemands qui avaient déserté le front français et se prélassaient impudemment à Charleroi. * * * ^ A Namur,, plusieurs arrestations, sur l'ordre des autorités allemandes, ont été faites, soi disant parce que ces personnes cachaient des revolvers chez elles.. Résultat, une lois encore, de dénonciations anonvmes * * * J Des voleurs se sont introduits dans la maison communale de Bouges près de Naraur et ont réussi à enlever des poêles et les plaques do zinc. Ayant chargé ce butin sur une charrette, ils s'en furent vers Namur mais, "remarquant qu'ils étaient suivis par le wserétaire communal de Bouges, ils mirent le feu à la voiture et prirent la fuite à toutes jambes. mm % mm La déclaration d'allégeance Après plusieurs mois d'occupation, les Allemands se sont souvenus que la Convention de La Haye leur octroie le droit de Itever les contributions et met à leur charge le payement des fonctionnaires de l'Etat belge. Sans doùU> jugent-ils que l'opération leur laissera ,,un bedit bénévice". Mais avant de s'acquitter de cette charge avec plus ou moins de bonne foi, ils exigent de c»?s fonctionnaires la signature do la déclaration, dite d'allégeance. Elle est ainsi libellée : ,.Je promets, conformément aux dispositions de la Convention de la Haye du 18 oct. 1907, de continuer scrupuleusement et loj'alement l'accomplis3?ment <le mes fonctions, do ne rien entreprendre et de tout omettre qui puisse nuire à l'administration allemande dans le territoire belge occupé." Jusqu'à quel point cette promesse de neutralité, cette promesse de rester spectateur si-non_indifférent, du moins inactif de la lutte émouvante de la Belgique pour son existence nationale, peut-elle se concilier avec le serment de fidélité au Roi et à la Constitution? Les avis sont partagés. Partisans et adversaires <le la signature font valoir ctos raisons qui méritent considération. ,,Puisque les conventions internationales, disent les uns, imposent à l'occupant certaines obligations, nous aurions- tort d'en refuser le • bénéfice. Acceptons l'argent que les Allemands nous doivent, ne fût-ce que pour éviter qu'il ne serve à combattre les alliés. Autant de pris sur l'ennemi. Certains services, d'ailleurs, ne peuvent chômer. I»> refus de signer la. déclaration entraînerait la suspension des juges, la fermeture des établissements d'enseignement, universités. athénées, académies, conservatoires. La situation deviendrait intolérable en Belgique. Vivre, et faim vivre ceux qui dépendent de nous, pendant les quelques mois que durerr encore l'occupation, voilà le meilleur servie/, que nous puissions rendre au pays. Et surtout, ne nous exagérons pas la portée de la déclaration! Obtenue par la contrainte, elle est sans valeur." Ce ^ raisonnement n'est pas du goût des récalcitrants. >,La Convention de La Haye, disent-ils, codifie les droits et les devoirs des nations qui, ayant épuisé les moyens de conciliation, recourent aux armes pour vider une querelle. Elle n'est pas applicable en l'occurrence. Nous n'avions avec les Allemands aucun différend, aucune querelle d'aucune sorte. S'ils ont piétiné, ravagé la pauvre Belgique, c'était uniquement pour 6*assurer une avance 6ur leurs adversaires les Français. Notre tort sterait grand _ si nous reconnaissions à cette lâche agression le caractère d'un fait de guerre, ressortissant à la Convention de La Haye. Ap-pelons un chat un chat, et l'envahissement de la Belgique par les Allemands, un exploit de ...Allemands. ,,La Belgique a été. parmi les nations européennes, la première à sortir des ténèbres du moyeu âge. Ce fut en Belgique que le peuple arracha, les premiers privilèges qu'il ne cessa d'accroître au prix de luttës obstinées. En Belgique, pas un pouce de terrain qui n'ait été trempé du sang cfo quelque héros. Ni la dure domination autrichienne, ni la cruauté espagnole n'ont eu raison de son ardent désir de liberté. ,,La réunion à la France napoléonienne, l'association avec la Hollande, n'ont pas donné des résultats durables. La soif d'indépendance, le sentiment national sont trop forts pour qu'une tentative d'absorption, d'où qu'elle vienne, ait des chances de réussite. ,.Mais ce n'est pas en signant la pièce d'allégeance que nous ferons comprendre cela à l'Allemagne. Alors que le oeuple sé garde do tout contact évitable avec l'envahisseur, alors que les ouvriers endurent la misère plutôt que de travailler pour lui, alors que notre Roi magnifique et notre armée admirable affirment tous les jours de nouveau leur inflexible volonté de reconquérir la patrie — les fonctionnaires, les intellectuels se doivent de pratiquer une résistance passive, de s'interdire tout compromis avec l'ennemi. 11 y a trente-six manières de lui témoigner lo mépris qu'il mérite. En dehors des juges — dont aucune revendication politique ne doit trouber la sérénité — personne n'a le droit de rester neutre. La neutralité n'a jamais été qu'une vertu équivoque: elle devient une faibles?»?, lorsque l'indépendance de la patrie est en jeu. Quant à l'argumentation qui voudrait conclure à la non-validité de la déclaration d'allégeance parce que obtenue par la contrainte, elle manque de noblesse. Même aux Allemands il ne faut pas faire des promesses qu'on n'a pas l'intention de tenir. Laissons-leur le monopole de la mauvaise foi. De plus, ce raisonnement est plein d'embûches. Car ce qui ne serait que peccadille pour le commun des mortels est imputé à crime aux signataires de la déclaration. M. M. Jacobs, Nicodème Prijot et tant d'autres fonctionnairës, arrêtés sous l'inculpation de haute trahison, viennent d'en faire la pénible expérience." Nous nous bornons ici à exposer les deux thèses sans prendre position dans le débat. On peut servir la patrie de plus d'une -manière. Tout au plus dirons-nous que celle-ci nous paraît dIus hautaine que celle-là. ^arl Smulderg,

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Cet article est une édition du titre L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam appartenant à la catégorie Oorlogspers, parue à Amsterdam du 1914 au 1918.

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