L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam

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s.n. 1915, 13 Avril. L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam. Accès à 13 mai 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/r20rr1qr9v/
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jsre Année Nô« 17 ^ S cents (io centimes) Mardi 13 avril 1915 L'ECHO BELGE VU mon lait la Force. Journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam Belge est notre nom de Famille. Toutes les lettres doivent être adressées au bureau de rédaction: N.Z. VOORBUKGWAL 234-240 Téléphone: 2797. Rédacteur en Chef : Gustave Jaspaers. ( Charles Bernard, Charles Herbiet, Comité de Rédaction: J Gustave Peellaert, René Chambry, f Emile Painparé. four les annonces, abonnements et vente au numéro, s'adresser à l'Administration du journal: N.Z. VOOHBUROWAL 234-240. Téléphone: 1775. Abonnement I En Hollande fl. 1.50 par mois, payable par anticipation \ Etranger fi. 2.00 „ Romain Rolland Je n'ai pas là prétention de découvrir Romain Bollind. Le public lettré connaît l'auteur de ,,Jean-Cbristoplie'J' et sait quelle place prépondérante il occupe dans la littérature française contemporaine. Je veux seulement essayer de caractériser le «rand écrivian, et de signaler ■ l'intérêt de son oeuvre, pour le jugement des civilisations latine et. germanique, actuellement en conflit. Romain Rolland est un des précurseurs de la renaissance française. Il a exercé sur la jeunesse une influence extraordinaire et a rendu possible, pour une grande part, la magnifique cohésion qui» a permis à la République, que l'on croyait en.décadence et en régression, de tenir tête au flot tragique des hordes teutonnes. L'esprit de tolérance et de liberté, qui anime l'auteur du ,,Théâtre de la Révolution" et des ^Musiciens d'autrefois''", ainsi que la juste évaluation des qualités intellectuelles de la raoe allemande, témoignent de la haute valeur - de cet artiste, qui n'appartient a aucune école, ne se réclame d'aucune doctrine, no sert les théories d'aucun parti. Celui qui a écrit ,,Jean-Christophe' ' a fait l'apologie de la liberté. Il le dit, sous une forme modeste, dans la préface de ce roman, que l'on croirait volontiers être une auto-biographie;, lorsqu'il dédie le fruit de son labeur aux hommes de tous les pays qui apprécient l'indépendance, au-dessus des autres biens. Romain Rolland, qui a beaucoup étudié la révolution française, ne croyait pas si bien dire, lorsqu'il mettait dans la bouche d'un des personnages du ,,Triomphe de la Raison", l'une des ,,Tragédies de la Foi", lete paroles suivantes : ,, J'ai devancé la victoire, mais je vaincrai!"' Quelle connaissance du but visé par les efforts de3 dernières générations françaises qui fussent parvenues & la maturité I Malgré tous les déchirements, "ravivés par l'affaire Dreyfus et la question des congrégations, et que Romain Rolland déplore dans la partie de ,,Jean-Christophe" intitulée ,,Da-ns la Maison"; malgré l'intrusion' des étrangers dans la vie intellectuelle française, — ce phénomène qui est étudié j avec tant de finesse d'observation dans ,,La Foire sur la Place" —, une France nouvelle naissait, qui pou/ait concilier la tra- i aition religieuse, si vivace dans ce pays gouverné par le radicalisme républicain, avec les idées nouvelles de libre-pensée et de plus large tolérance confessionnelle. Pour maintenir dans sa pureté le prestige de la France, il fallait cimenter "l'union de tous les coeurs vraiment français, et démasquer impitoyablement les faux bonshommes, que les voisins jaloux avaient envoyés à Paris et même en province, pour semer, avec leur scepticisme et leur internationalisme de mauvais aloi, — cet internationalisme qui s'appelle le cosmopolitisme, — la discorde nécessaire à l'accomplissement de leurs plans. Romain Rolland, parce qu'il était indépendant, et ne relevait que de sa conscience, a pu parler en toute franchise, et a réussi à jeter les bases d'uli rapprochement entre toutes les classes dirigeantes du monde intellectuel. Les Agathon l'ont reconnu dans leur enquête sur la jeunesse française. Il ne faut pas croire que -le mouvement des idées n'ait pas eu, dans ces dernières années, une importance extrême. La littérature, elle aussi, a joué son rôle cl'épure-ment, et a permis aux Français de se reconnaître et de s'apprécier, quelles que fussent leurs divergences de culte ou d'opinion. Il importait aussi bien de rabaisser les grotesques manifestations des Hcmais de la franc-maçonnerie française, que de déjouer les intrigues d'un monde clérical, désireux de goûter, à son tour, aux délices du pouvoir. Mais il ne fallait surtout pas craindre de stigmatiser les tortueuses menées de ces Allemands francisés, qui, sous le prétexte que l'art n'a pas de patrie, servaient la propagande militariste et économique de leur pays d'origine Romain Rolland était d'autant mieux qualifié pour cette mission, qu'il avait montré, dans la première partie de ,,Jean-Christophe", un enthousisme profond pour ce qui, en Allemagne, est beau dans l'art et dans le caractère national. ^ En abolissant ce qui était, pour ne point se borner à faire oeuvre de négateur, pour mériter la sympathie et le concours des patriotes sincères, Romain Rolland devait proposer un programme effectif. Il n'eut garde de manquer à cet apostolat: toute son oeuvre prêche la tolérance et 1 union, elle ne contient que des accents enthousiastes sur la nécessité de l'action, sur la force suprême de l'indépendance loyale. Ce subtil analyste de la psychologie de Beethoven (la Vie de Beethoven), ce poète qui a évoqué la farouche et titanesque anarchie d'£g Michel-Ange a démontré que ces deux illustres exemples qui dominent la civilisation de leur rayonnement surhumain, pouvaient avoir des reflets dans la vie quotidienne de n'importe lequel d'entre nous. Chacun porte en soi une fierté, une part de bonté et d'altruisme, qui permettent la vie en société et préparent le' sacrifice au bien commun. Tous, ûfiua nnuvons, au contact de l'art,, et à l'école des grands artistes, dont la souffrance a servi à nous délivrer des préjugés et des injustices, purifier nos coeurs des souillures qu'y laissent les exemples mauvais, — hélas 1 encore trop nombreux — de -la foule. Un culte nouveau, le culte des héros et des artistes désintéressés, est bien fait pour réunir tous les hommes, sans distinction de croyance. C'est ce culte, propice au développement de la liberté, que Romain Rolland a proposé à. la France nouvelle, et qui a rendu aux combattants de la Marne la confiance mutuelle et la foi patriotique, sans lesquelles la victoire n'est pas possible. De toutes les poitrines est sorti le même cri, chez nos voisins du Sud. L'accord s'est fait sur la notion de ^Liberté" et les athées • ne raillent pins les croyants, les conservateurs ne méprisent plus les progressistes: ■ il n'y a plus que des Français, il n'y a plus qu'une- patrie, et comme elle est. belle ! Chez nous aussi, que l'on ne s'entre-déchire donc plus! Le drapeau mutilé qui flotte encore à l'Yser, au-dessus des légions héroïques, et que notre Roi tient ferme et haut, nous rappellera, plus tard, notre union indissoluble, si jamais nous devions oublier qu'elle fut le gage de notre affranchissement.Romain Rolland, toi qui nous a parlé, avec tant d'àpropos, de la Légende d'Uylenspiegel, dans le King Albert's Book, nous saluons eu toi un de nos amis les plus honorés. Eugène Cox. Pour h fête du Roi. Au moment de clore définitivement notre liste, de nouveaux dons continuent à pleuvoir. Nous ne pouvons, naturellement, murer nos portes et refuser les marques de cct élan magnifique. Voici donc les sommes que nous avons reçues encore hier: Montant des 16 listes pi'écéd.... '5S//7.35 frs. j 2280.99 fl. I £ 1/2/6 De la part de M. et Mme Joseph Walk 600.00 frs. Collecte faite parmi les ment-* bres de l'Union Belge d'Eindhoven et parmi les dames belges ayant épousé un Hollandais séjournant dans cette ville 137.00 frs. A l'occasion du payement du personnel des Chemins de fer. Postes et Télégraphes, par M. Fitchy .. 11.20 fl. -■f- 62.3o frs. A l'occasion du, paiement des agents des départements des Chemins de fer,Postes et Télégraphes. Collecte effectuée par M. le comptable Mau- roit à Aviersfoort 13.20 fl. Idem à Almelo 13.80 ,, ,+j 5.00 frs. Idem à Lciden 19.90 fl. Idem à Velp 19.00 ,, -K 6.50 frs. Idem à Edc 33.55 fl. -f 12.00 frs. Hommage à nos Héros. Pour que j'aie le bonheur de revoir ■mon mari et mes deux fils 2.50 fl. Pour être bientôt; chauffeur militaire 5.00 frs. Pour l'auto-ambulance M. V. H 10.00 „ En l'honneuA• de notre bon Roi Albert à l'occasion de son anniversaire. Un Belge Ph Ï.50 fl. Souscription ouverte entre quelques sous-officiers et soldats de la baraque 5, Camp I, Zcist, qui songent-à leurs frères d'armes. (M. Yerhammey E. C'ollard, Wouytens, Deliard, F. Her-zet, E. Rivage, J., il/. Lan-genfeld, fl. Hall, Huy-brecht, Demannet, Cuvelier, De Stoop, Strobbc, Tallc-man, Herbaut, Nottebom, Van den Houttc, Van He-melrijk, Desmet, Lcclcrq, Lourette, Decraen) $.1/7 ,, Pour Vauto-ambulance des soldats qui combattent autour des étendards d,e Liberté, 2 soldats réformes 20.00 frs. .aas»— Le prince LéopoSd à la manoeuvre. Mercredi, la jeune prince a été pour la première fois à l'exercice avec son peloton, sous les ordres du lieutenant Gérard, pendant deux heures consécutives, dans les plaines de l'Yser. Il occupait la place de guide Je droite et manoeuvrait aussi bien que les autres soldats. Son peloton a exécute notamment plusieurs mouvements en ordre dispersé, avançant par bonds en ligue de tirailleurs. Une vive canonnade s'échangeait à proximité, Jurant les exercices,. En Belgique. A Bruxelles. M. Jules Potvin, bibliothécaire à l'Académie Royale des Beaux-Arts, à Bruxelles, communique à,,Paris-Télégrammes" 1-* page d'histoire que voici. C'est, dit M. Potvin, le récit véridique d'un témoin qui raconto l'arrestation de M. Adolphe Max, le bourgmestre de Bruxelles, prisonnier depuis de longs mois, comme un simple détenu de droit commun, dans une forteresse du pays de la Kultur. Cè sont les motifs de cette arrestation, racontés ■ par "le vénérable bourgmestre d'une commune de l'agglomération bruxelloise, que j'ai eu l'honneur et le plaisir de rencon-, trer récemment et qui a cru pouvoir — enfin — raconter les faits exacts, pour mettre fin à tant d'histoires naïves. Voici.le récit —' je laisse la parole à mon interlocuteur: — ,,Vous savez sans doute que la ville de Bruxelles et les faubourgs avaient été frap-, pés d'une Contribution de guerre par les Allemands. Ils demandaient cinquante millions ! ^Lorsque Max eut connaissance de ces exigences énormes, il provoqua une entrevue avec les bourgmestres des communes voisines, les gros banquiers belges et les directeurs des banques de la capitale. Il fut décidé de faire l'impossible pour amener les Allemands à réduire la somme à payer de cinquante à vingt millions, et les banquiers déclarèrent pouvoir faire cette dernière somme en cinq semaines. ,,Une deuxième conférence eut lieu ensuite, à laquelle n'assistaient que les bourgmestres de l'agglomération. Tous furent d'avis qu'il y avait lieu de donnér carte blanche à Adolphe Max qui s'offrait à traiter et à essayer d'obtenir l'a réduction de la contribution.. Dès. le surlendemain, nous fûmes convoqués à une nouvelle réunion où il n'y eut encore une fois que les bourgmestres, et-cela explique pourquoi il n'y eut pas d'indiscrétions. ,,Max nous fit connaître l'heureuse nou- | velle immédiatement. La transaction propo- j sée par lui avait été acceptée. Bruxelles et j son agglomération ne devaient payer que vingt millions, en cinq semaines, soit quatre millions tous les samedis. Quatre échéances I furent payées régulièrement-. ,,Or, la veille de la dernière échéance, le général gouverneur allemand se fit annoncer dans le cabinet du bourgmestre et, sur un ton dégagé, la conversation suivante s'engagea: ,,—Alors, Monsieur le bourgmestre, demain sera versée la dernière partie des vingt millions ? ,,— Certes, comme toujours, a heure fixe. — ,,Et pour après, pour les trente millions restant, qu'avez-vous décidé? ,,— Comment, les trente millions restants! Mais... nous ne sommes plus d'accord...Si, si... nous vous avons consenti le mode de paiement de quatre millions par semaine pour les premiers vingt millions. Maintenant il nous reste à régler le mode de paiement des autres trente millions. Si, selon votre expression, nous ne sommes plus d'accord, j'aurai le regret de ne plus rien faire ..réquisitionner", mais bien faire ,,prendre" par mes troupes ce qu'elles auront besoin. . x ,,Adolphe Max, après le départ du gouverneur, prit une grande résolution, seul, 'et sans aucune crainte des conséquences qui allaient en résulter. ,,II-donna immédiatement ordre aux banquiers de ne pas payer les quatre derniers millions; puis, cette grave décision prise, il convoqua pour le lendemain, soir de l'échéance, la conférence des bourgmestres de l'agglomération. ,,Dans cette séance, désormais historique, Adolphe Max, avec son autorité habituelle, avec sa profonde science juridique, nous mit au courant de la situation, faisant en quelque sorte toucher du doigt l'infamie allemande, 6on machiavélisme, son illégalité, et nous communiquant la décision qu'il avait prise d'empêcher le paiement. ,,A un moment donné, au milieu de sa conversation, un officier allemand se fait annoncer et, à peine introduit: Monsieur le bourgmestre, S. Exc. le gouverneur de la Belgique vous prie de me suivre, pour avoir immédiatement, à la Kommandantur, une entrevue avec elle. ,,Max n'hésita pas. }}— Je regrette vivement de ne pouvoir vous ,,précéder" (sic), niais je suis en conférence avec mes honorables collègues, MM. les bourgmestres de l'agglomération bruxelloise, et jo ne puis leur fausser compagnie. Je serai à 5 heures à la Kommandantur. ,,Et Max avait tranquillement tiré sa montre et, avec un ineffable sourire, fixait lui-même l'heure du rendez-vous. ,,L'officier prussien sembla ahuri. Il réfléchit un instant, regarda M. Max, puis ses. collègues, et enfin sortit. Max continua ses explications, nous montrant des pièces officielles qui établissaient la duplicité allemande.,,Une demi-heure à peine s'était écoulée, que l'officier allemand revenait: }y— M. le gouverneur ne peut ni ne veut attendre. J'ai ordre de vous conduire immédiatement devant lui. ,,—- J'ai dit 5 heures, monsieur. Je n'ai, moi, Qu'une parole^ „Et le geste congédiait. ,,A ce moment, nous eûmes ,,froid dans le dos" et j'ai pensé: cet homme va à la mort. L'officier se retira. Dès que*la porte fut fermée: — Chers confrères, la séance continue, dit Max. ,,A 4 h. 45, Adolphe Max levait la séance et nous disait: _ 3,— Ce n'est pas à mes collègues que .je tiens ici à serrer les mains, mais, à des amis, à des compatriotes. 11 est 4 h. 45; à 5 heures, je serai chez le gouverneur, mais je crois que je n'aurai pas le plaisir de vous revoir... ,,Nous avions tous les larmes aux yeux... ,,Nous n'avons, en effet, plus revu celui qui, avec calme, ^avec flegme, toujours souriant, était parvenu à tenir tête, pour le bien de la capitale, au valet éperonné du kaiser." A Anvers, Le pillage systématique et les réquisitions ne suffisent pasà décidément. oiVoici l'ordre que l'autorité temporaire allemande adresse aux négociants en bois de la place: ,,Ce que vous avez pour votre compte ou pour compte d'autres: madriers sapin 5—9 cM. aussi larges que possible et d'au moins 4 M. de longueur, planches de sapin aussi larges que possible et au moins de 4 M. de long sur 2J cM. -d'épaisseur environ (bois cariés) sont saisis ou réquisitionnés par le bureau de l'armée allemande et seront sous peu expédiés en Allemagne. Vous êtes responsables pour la conservation garantie ou l'assurance de la marchandise. Le prix sera fixé, dans la suite, par le ministère de la guerre à Berlin." Or, les 9/10 du stock sur place sont dans les dimensions précitées. Cette réquisition se chiffrera par des millions de francs. Et nous nous demandons si nous avons bien lu l'arrêté signé jadis par von Bissing, à-savoir que toutes les réquisitions seraient payées comptant. Cette lettre-ci — notoris-lé — date du 31 mars 1915. Il est vrai que von Huenè dit ignorer von Bissing et vice-versa. Ces généraux se rejettent la balle. Après l'arrêté du gouverneur-général, nous laissons nos lecteurs juges. C'est donc à Berlin que les prix seront décidés. La commission spéciale, composée de deux négociants et de trois juristes, se nomme Reichs Entschâdigungs Kommis-sion, Mauerstrasse 53, à Berlin. Jusqu'ici, les Boches ont enlevé rien qu'à Anvers 40.000 tonnes de froment, 18.000 de maïs, 48.000 tonnes d'orge, valant environ 18 millions de francs; pour 2 millions et demi de francs de lin; 5 millions de tourteaux; 4 millions de nitrates; tout le stock d'huile valant 3 millions, pour 6 millions de laine, 10 millions de caoutchouc, 20 millions de cuivre, pour plus d'un million de crin de cheval; 785.000 francs d'invoire, 2 millions de cacao, 2 millions de riz, et un stock de coton si important que le chiffre n'a pu être évalué (une seule firme a dû en livrer pour environ 1.300.000 francs!) Et voilà qu'aujourd'hui les Allemands veulent manquer une fois de plus à la parole donnée, en saisissant les bois. Evidemment, cette convention n'est qu'un chiffon de papier, mais que pensez-vous de l'honnêteté de ces gens-là généraux, fonctionnaires et juristes, allemands? * * * Le 6 avril, les réunions de contrôle de la garde civique ont recommencé. Tous les officiers devaient se présenter, — ce qu ils ont fait. Les gardes ont fait acte de présence les jours suivants, - Ion l'ordre alphabétique figurant aux affiches. Tous les gardes civiques étaient munis de leurs papiers d'identité. * c- » Le commandant freiherr von Bodenliau-sen a fait afficher cet avis : les attroupements dans les rues et sur les "laces publiques sont défendus, de même que les cortèges publics, les réunions non autorisées par décret spécial. Il est interdit de pavoiser les maisons aux couleurs belges. A Liège. La Ligne des commerçants locataires vient do former définitivement sou comité. Président, M. Victor Dcchamp ; secrétaire, M. Rodoiphe Dubois; trésorier, M. Piron. La Jigue comptera bientôt un millier de membres. Tous les jeudis, le comité exécutif reçoit les visiteurs, au local provisoire du Terminus, boulevard d'Avroy, et un© vingtaine d'affaires y sont régulièrement solutionnées. Les propriétaires sont visités par un délégué. Et il faut reconnaître qu'ils s'entendent parfaitement avic l'association. Les réductions de 25 et 30 % à titre définitif sont courantes et on les obtient pour tous les genres de commerce situés , dans des endroits particulièrement atteints. La ligue préconise le reçu sous réserve de tous droits et tous les propriétaires l'acceptent car ils s'attendent à une réduction. Au sujet des réductions, la ligue étudie profession par profession. Des rapports ont été déposés : Pour les pâtissie par M. Collard ; pour l'industrie du Livre, par M. Vanderheyd; pour les cafetiers, par M. Drion ; pour les assureurs, par M. Decliamp: pour les... articles funéraires, par M. Poulmans- pour la boucherie, ;iar M. Jamar; pour la confection, par M. VW-cruysio.plusieurs corps de métiers se sont affiliés en bloc a la jLigue et constituent des associations spéciales avec comité distinct. La ligue n'attend plus que l'autorisation des autorités compétentes pour commencer une tournée de conférences dans les communes suburbaines et y fonder des comités locaux. * * * La guerre n't pas nui à notre pardin botanique. Il n'a jamais été envahi, pas même au moment critique où, en août, des centaines de milliers de soldats allemands ont traversé Liège. Le jardin avait été fermé et l'autorité militaire occupante a respecté cette fermeture. C'est kolossâl, car les Allemands n'ont pas eu la même discrétion vis-à-vis du Parc ni du Jardin Botanique do Bruxelles. * * * Dans un village des environs de Liège parviennent trois cartes postales venant de Hollande, à l'adresse d'une dame. Ces cartes ont été dûment affranchies ; . la censure les a laissé passer. Il n'y a donc aucune objection à soulever. Et vous vous imaginez que le facteur va les remettre à la destinataire? Pas du tout! Un monsieur se présente, porteur des missives et réclame... un franc par carte. L'employé belge ou allemand qui commet de tels actes est un ! voleur, tout simplement, et, des lors, l'autorité doit le traiter comme tel. Pour que nul n'en ignore, le cas s'est présenté rue de l'Enclos, à Bressoux. A L ouvain L'affaire ôîs faux-monnayeurs -de la prison 1 de Louvain prend une grande proportion. Oui, quelque bizarre que paraisse ce fait, c'est à la maison pénitentiaire que se fabriquait la , fausse monnaie! Aussi, comme bien l'on pense . plusieurs gardiens so trouvent sous verrous, à l'heure qu'il est. Nourris dans ce sérail, ils ou connaîtront, à présent, tous les détours. Quelques femmes n'ont pas été étrangères à cette affaire. La fausse-monnaie était fabri- -quéo à la pison centrale du Boulevard De Jodoignc. On y faisait surtout des pièces françaises, du type de ,,La Semeuse" do un et de deux francs et des marks qui contenaient, — évidemment — beaucoup d'aluminium, de l'étain et fort feu d'argent. L'enquête se poursuit. Il y a de nombreux interrogatoires, tous les jours, mais la lumière n'est pas faite sur cette affaire aussi étrange quo sensationnelle. C5£ara«3. Nous mettons sous les yeux- de nos lecteurs ] un petit articulet. paru dans ,,De Yiaamsche Po'st", le journal qui s'imprime Begijnhoflaan , à Gand sous la direction de' Léo Picard, Min- naert, Domela Van Nieinvcnhuyse et de quelques Allemands. . La .,Yiaamsche Poxt" a une façon toute délicate de critiquer l'état-major belge (c'est ] le moment, n'est-ce pas?) ,.A Lierre, dit le ; torchon, le génio belge a fait sauter tous les ] ponts de la Nèthe. Tous, sans le ,,Witte ] Brug". Il est très naturel que le génie belge n'ait pas fait sauter le ,,Witte Brug" .,,il ne so trouvait renseigné Sur aucune carte militaire. Il est aussi naturel quo les Allemands soient entrés à Lierre par le .,Witto Brug". Voilà une façon à la fois discrète et détournée- d'élever une_ critique, -au moins préma- 1 turée. Et c'est l'oeuvre de goujats, doublés j do misérables, que d'insérer de tels articulets dans un journal que surveille (au fait, n'est-ce qu'une surveillance?) nos ennemis teutons. j Dans Ses Flandres. Jeudi dernier, une nouvelle réquisition de chevaux à St. Nicolas, a donné le résultat sui- ' vant: Sur 900 bêtes, 84 ont été rentenues. C'est d'ailleurs tout ce quo le pays de W'aes 1 veut encore fournir. Lorsque nos ennemis réquisitionneront encore des chevaux, ce sera ] pour les envoyer aux abattoirs d'Allemagne, s • * • Une auto allemande a dérapé au passage à ] niveau du chemin de fer, au hameau du ,,Ma- i ret". On déplore quo l'auto soit dans un état } qui ne lui permettra do subir aucune réparation. Le chauffeur est grièvement blessé. j * Le Comité National do secours et d'alimeit- ' iation, dont le siège est à Bruxelles et qui a pour but d'alimenter et de secourir la population belge de tout le Royaume, fonctionnera 1 à (St. Nicolas, sous la présidence de M. Al- i phonse Vermilghen. La banque de "Waes sera i garante des paiements, pour les livraisons c éventuelles, le département alimentation • ^ étant organisé sur des bases commerciales. • * m A la frontière liollando-belge, à Selzaete ^ pour mieux dire, les soldats allemands viennent de nouveau de "montrer leur supériorité 1 comme tireurs. Des personnes essayaient, do * passer la frontière en fraude. Un des soldats i en faction n'hésita pas à tirer dans leur direc- i tion. Les personnes ne furent pas atteintes, { mais la, balle alla frapper mortellement un ] autre soldat, qui essayait à son tour d'abattre ] les fuyards. * * * < Voici plusieurs semaines, nous avons ^ écrit qu'Alidor Van Damme avait été ( fusillé par les Allemands parcs que ceux-ci ' l'accusaient dé faire des signaux lumineux 1 aux Belge-3 et que le curé M. Blanke avait été arrêté et envoyé en Allemagne avec ( M. Barra, le vicaire. Il nous revient maintenant qu'Alidor • Van Damme a été arrêté au moment où 1 il priait dans une chapelle où il venait de faire allumer deux cierges. ■ Est-ce ,,faire des signaux lumineux"? Et les -.troupes belges pouvaient-elles apercevoir les deux cierges allumés ^ans une chapelle de Cortemark? ( Toujours est-il que les Allemands fusil- . lèrent Alidor Van Damme et refusèrent-le cadavre à M. Blanke, le curé, qui vou- 1 1-art le faire euterrer dans le cimetière. Un | incident surgit à ce propos.et les Allei lands arrêtèrent M. Blanke et son vicaire, 71. .tsarra, qui turent envoyes comme prisonniers en Allemagne, alors qu'ils s'étaient toujours ingéniés à maintenir le calme parmi leurs paroissiens ! Voilà comment les Allemands traitent le clergé belge et ses ouailles. C'est une page sanglante de plus à leur dossier déjà lourd ! , m la rééication. Lorsqu'à première vue on considère la formidable boucherie dont le monde est témoin, dans le cadre terrifiant de la destruction qui la décore sinistrement, l'oeil soucieux de l'artiste se porte sur l'amoncellement des ruines qui marquent la place où s'élevaient d'abord les édifices superbes et les merveilleux monuments, qui témoignaient du génie de nos aïeux et illustraient leur talent. Lorsque se meurt par instants ^ nos souvenirs l'image de la patrie calme et prospère, dans toute la mâle vigueur de son prodigieux développement, nous nous sentons enclins au pessimisme, quant à ''heure qui sonnera la Rédemption matérielle de notre paj's. Louvain, Aerscliot, Alost, Termonde, STpres, Dixmude, toutes nos vieilles cités sont là, outragées, îavagées, anéanties, qui fleurent douloureusement sous leurs dénombres fumants, et, tandis qu'à chaque velléité de relèvement, le canon annihile eurs efforts timides de convalescents, nos moeurs souffrent, et parfois le doute plane lutbur de notre âme angoissée... Qui nous rendra nos monuments vieux de plusieurs siècles, dans la pureté de leurs contours? Qui réédifiera les beffrois aux ignés pittoresques où se traduisait toute la 'oi antique de nos merveilleux architectes? Qui nous rendra ces mêmes tours crénelées aux -flèches audacieuses, surplombant les champs prospères, les villes et les villages aborieux? Et toi, pauvre cloche, annonciatrice de toutes les joies, toi aussi qui nous nvitait à prendre notre part dans la souffrance commune, qui te ranimera, qui nous ?era oublier le cri terrible de terreur et do lésespoir que tu poussas lorsque tu fus ensevelie sou s les débris du clooher?... D'autres constructions superbes s'élève-'ont, là où fument encore les ruines accumulées, mais quel que soit l'effort, elles ne )ourront avoir d'autre prétention que celle le faire vivre le souvenir, de perpétuer la némoire de l'oeuvre disparue. Votre image glorieuse, o monuments disparus martyrs d'une cause sacrée, restera à amais présente à notre mémoire; vous fûtes es manifestations occultes et pacifiques, qui •appelaient aux foules la vie historique de la patrie. Vous nous rappeliez les vertus de nos ancêtres, comme les peintures qui décoraient ves murs nous en montraient les traits nobles et énergiques. Salut à vous! L'histoire dira quelle part vous eûtes dans es souffrances de la patrie, l'avenir glori-iera votre carrière, immortalisera vos formes? Vos souffrances amères ont été un baume sur une plaie, car l'indifférence de a masse a subi elle aussi l'infuence ascen- K lante de votre beauté piétinée, mais grau-lie par la destruction brutale ! La pioche de paisibles démolisseurs vous eût porté une mort sans honneur, tandis que vos ruines ic'tuelles sont auréolées de la gloire la plus )ure ! Comme il y a là un puissant réconfort jour les âmes inquiètes [ Or, malgré la Mesure affreuse que la Patrie porte au flanc, ualgré la destruction et les ruines irréparables qui s'amoncellent, ma foi est illimitée dans la réédification par le sentiment ég'énéré du Beau, je ne crains nullement, r.algré tout, qu'on dise de nous ce que 'auteur de 1',,Expiation" a dit de Paris: ,Nos pères avaient un Paris de pierre, nos ils en auront un de plâtre!" Non! Jamais nous n'aurons mieux connu îi estimé les trésors inépuisables que renfer-nait notre belle patrie, aucune puissance l'était capable de nous montrer nos riches-es architecturales avec plus de vérité in-ense; notre caractère national se démentira moins que jamais en ces tragiques ciroon-tances, notre esprit d'entreprise, notre 'olonté, notre courage sont toujours entiers m nous comme ils doivent l'être! Nous monterons une fois de plus au monde ce que îous sommes, nous témoignerons aux yeux îtonnés des peuples de ce que le plus grand ataclysme n'a pas amoindri chez nous notre îaute conception du Travail et du Devoir, nais qu'au contraire, ces sentiments, lavés it purifiés dans le sang, ont atteint en nous e summum de leur perfection. Dans une létente superbe de son torse puissant, sym-)olè de la Noblesse, glorification de la For-ne, personnification de la Volonté conscien-:e de sa force, la Belgique libre et indépen-lante donnera à l'univers le spectacle admirable de sa rédemption rapide par la oi pure, le labeur constant et le courage te-îace!Willy Timmermans. AVIS. Nous ssrions reconnaissants à nos abonnés lui reçoivent leur Journal par la poste et dont 'abonnement expira le 15 avril, de bien louloir nous envoyer un mandat-poste de I. 1.50 en mentionnant sur le mandat poste: Renouvellement tfabonnepient.

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Cet article est une édition du titre L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam appartenant à la catégorie Oorlogspers, parue à Amsterdam du 1914 au 1918.

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