Notre Belgique

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s.n. 1917, 14 Mars. Notre Belgique. Accès à 19 avril 2024, à https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/fr/pid/7s7hq3ss87/
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._;_- fee A.iijaée.':*i-r]V0ïöï D/'eu protège la libre. Belgique, Et son Roi l ^.fTVW7T7VVVTV,»VTTVVV777VT7V77V7?T.yyTTT; "Tarif de® JUbonxfreiiuieials flftiSitaires : Civils : (France) . (Etranger) 3 M ois 4 fr3 fiflois 5 fr. 3 ÎVlois 8 fr. I Mois 1,50 fi\ I Mois 1,80 fr. I ftëois 2,80 fr. 'www wwwwsr^r. l TST?Xrai&teö " S Ot'1*** OUOTTMENT RédietisD et Msrâlsfr^oa : 29,1\%U la W\m, CALAIS V r Li Monde et ; ï% Et puss'qui ir.ci} '£tv&3&3& Abc Par Semaine : Par Mois ; (TVVV' ^ents W V v v v,v ▼.V.^fl «Notre Belgftfue.» pupoJe^dèmtófes noyveH^s L'Hiver sur le rivage de la Mer du Nord Dans le ciel devenu, gris, la nuit pas d'étoiles ; Plus de fleurs sur la dune où l'oyat, resté vert, Tremble au vent ; sur la mer houleuse pas de voiles ; Plus de mouettes au bord de l'eau : c'est l'hiver. C'est la saison où le pêcheur dans sa chaumière' 1fermée, a toujours froid et quelquefois faim, Où l'enfant du marin mort, ferme sa paupière En disant : « Soufirirai-je encore autant demain » ? C'est l'époque où, d'un pas chancelant, vers la tombe Va le malade qui n'a guère que vingt ans, Où le vieillard, chargé d'ans et de maux, succomba ■TE?-- . « Pour que leur vie, avec Kl lusion d'un rêve «.Ravissant, avec moins de souffrance, s'achève", » Fuis, hiver cruel, fuis et fais place au printemps >> ! B. Mol. Du front, 28 Février 191?. • L*»»tt*it*«i I. ..Notre nation wallonne doit aujour bYhui plus que jamais affirmer sa per sonnalité. La guerre actuelle, a posé le j .-problème des nationalités, et la paix future, ainsi, que l'ont proclamé les puissances alliées, doit s'apprêter à le 'résoudre, d'une façon définitive. La Wallonie, qui vit en bonne harmonie avec sa sœur Flandre, a le droit comme le devoir de grouper sous son égide tous ses enfants. Eî d'abord qu'est-ce que la Wallonie ? Partie de la Gaule Belgique, située au sud de la voie Agrippa joignant Dun•kerque• à Maestricht. elle comprend les anciens territoires des Nerviens, des j Aduatiques, des Eburons, les vaillants j adversaires de César, conquérant des \ Gaules. ■ horb de- l'invasion frasque, la Wallonie, protégée par les fortifications romaines élevées à la limite septentrionale du pays, vit s'écouler vers la Flandre le long de la vaste et ténébreuse forêt 'charbonnière les bandes armées de Mé'rowig'. Ainsi la race Wallonne composée primitivement de Celtes et seulement imprégnée de sang latin, par suite d'alliance avec les conquérants romains, garda dans sa pureté initiale son sang gaulois. Les Gallo-romains établis en Wallonie jouirent bientôt d'une civilisation ..avancée grâce aux rapports continus de 'la civilisation romaine ; ils joignirent •à la taille.élevée et à la force musculaire de leurs ancêtres celtes la mobilité d'esprit et le goût des arts et des lettres dévolus aux latins. Peu de siècles après la conquête de la •France par Clovis, les rois fainéants, cif'origine franque, durent confier le gouvernement de l'état à un maire du palais. Pépin de Landen, un Wallon de Heshaye, occupa le premier cette importante fonction. Dès le milieu du ,VI1° siècle la race Wallonne prenait dans les conseils des royaumes d'Austrasie et de Neustrie une place préponmte, en effet, après la bataille de Testry (Somme) où Pépin de Herstal, petitfils de Pépin de Lai'don, vainquit Austrasie et Neustrie remirent leur sort commun aux mains de l'heureux vainqueur CharlesMartel, son fils, infligea aux Sarrasins dès 732 la sanglante défaite de Poitiers, sauvant ainsi la vivante civilisation chrétienne du suaire musulman. Pépin le Bref à son tour, après avoir été proclamé roi des Francs en 752, repoussa les Saxons et enleva aux Maures d'Espagne Narbonne et la septimanie, partie du Languedoc. Puis vint le règne illustre d'un empereur Wallon, Charlemagne, né à Jupille-lez-Liège. Après avoir soumis les Lombards, les Saxons, les Bavarois et lutté contre les Sarrasins, il ceignit à Milan la couronne de fer des rois lombards, et à Rome, le jour de Noël de l'an 300, celle plus précieuse d'empereur d'occident. Ainsi dès le VIÏP siècle, la race Wallonne brillait d'un vif éclat dans l'Europe occidentale ; désormais les siècles pouvaient s'ajouter aux siècles, son renom de bravoure ne devait plus jamais faillir. En 843, le traité de Verdun mit fin .à l'empire de Charlemagne en le partant entre ses trois petits-fils : Charles le Chauve reçut la France, Lothaire la Lotharingie formée des provinces Wallonnes, de la Lorraine, de la Bourgogne et de l'Italie, enfin Louis à qui échut la Germanie. Les deux grandes nations rivales d'occident se trouvaient dès lors en présence, séparées par un état tampon . le duché hybride de Lotharingie. Aussitôt surgit cette question, vieille aujourd'hui de onze siècles, et que la guerre présente doit définitivement •trancher. Dans quel orbite, ou gaulois ou germain, la Lotharingie va-t-ellc évaluer? La réponse ne tardera guère le premier comte de Hainaut, Régnierau-long-col, d'accord avec son peuple, déterminait dès Oil le duché de Lotharingie, dont son père avait occupé le trône, à se ranger aux côtés de la 'France. Durant les siècles suivants, la Wallonie continua son aide fraternelle aux rois de France ; elle fut avec eux à Bouvincs, à la bataille des à Monsen-Puelle, et contribua à payer 'la rançon de Jeanne d'Arc. La terre d'Enghien, première !mronnie de France, appartint longtemps aux Montmorency, branche cadette de la maison centrale de Hainaut, et son cri de guerre « Dieu ayde au premier baron chrétien ! » est le cri de la Wallonie catholique, celle des Croisades, des cathédrales, des grandes abbayes, et, de nos jours, ceUes des œuvres sociales ouvrières et agricoles, toujours à l'avant-garde du progrès et des conquêtes de la civilisation. A la terre de Hainaut, surnommée Hainaut-la-Noble, /répondait à l'auhre extrémité de la Wallonie, Liège, la cité ardente : toutes deux terres de liberté, 'de travail, d'énergie créatrice, amies des arts et gardiennes de l'humanisme^ L'histoire de la principauté ecclésiastique de Liège est une longue suite de querelles et de luttes entre l'arbitraire des princesévêques, souvent do sang étranger, et le peuple de Dinant et de Liège, ces villes sœurs dans le martyre. 'Dès 1200, cependant, l'évêque Albert de Cuyck octroya une charte importante sux bourgeois .de. la citéj et le 1& juin Is Si ■" ■ii"" 1316, la paix de Fexhe reconnut le principe de la souveraineté nationale. Vers la même époque, le comté de Hainaut, dont la lignée de souverains était éteinte, s'administrait lui-même, et l'empereur Sigismond fut contraint en 1416 de reconnaître l'affranchissement complet de cette province. Jamais plus les souverains nominaux, qu'ils fussent bourguignons, espagnols ou autrichiens, ne purent faire plier sous leur joug un peuple né sitôt à la liberté. La grande tourmente de la Réforme, cette invention de l'orgueil germanique, trouva peu d'adeptes en Wallonie. L'esprit mystique et rêveur, le franc parler, le goût du bien-être des Wallons devait mal s'accommoder de la rigidité, de la froideur et de l'austérité du protestantisme. Les abbayes wallonnes : SaintGéry do Cambrai, Crespin, SeintGhis-lain, Cambron, Saint-Denis, Villers, Bonne-Espérance, Lobbes, Aulne, Waulsort, Orval, Saint-Hubert, Stavelot, jouissaient d'ailleurs depuis de longs -siècles d'une popularité de bon aloi ; autour d'elles, se groupaient les savants, les artisans d'art, les industries naissantes. La langue romane y avait trouvé un précieux asile, c'est chez elles qu'étaient nés ces joyaux de la littérature du moyen-âge ou sous leurs auspices que se propageaient les chansons tie geste des trouvères : la cantilene.de Sainte Eulalie, le Conte d'Aucassin et de Nicolette, le lai de l'Ombre, la légende du Chevalier au Cygne, les prouesses des quatre fils Aymon, la suite de la conquête de Constantinople, de Geoffroi de Villehardouin, écrite par Henri de. Valenciennes. Ainsi la langue d'Oïl, cette forme première du français, trouvait en Wallonie, trois siècles avant la Chanson de Roland, ses monuments primitifs. L'œuvre immortelle du chroniqueur Jehan Froissart, devait leur donner une suite glorieuse. Dans les arts, Bles de Bouvignes, Joachim Paternier do Dinant, que Larousse ilifie erronément de peintres flamands, Jean Gossaert de Maubeuge, le niatumïe mon-quemarcl Fî vaine, le Maître de Flémalie, les frères de Limbourg rivalisaient dès le xv° siècle, avec les primitifs des Flandres ; mais les deux premiers surtout tiraient de leur origine mosane la tendresse et le rêve. Le sentiment vrai de la nature et le voile de buée transparente, qui, montant du fleuve, adoucit la rudesse des contours, rencontraient en eux de merveilleux adaptateurs ; à l'instar d'un saint François d'Assise, dont la terre ombrienne offre tant d'analogies avec l'horizon des collines wallonnes, ils aimaient la nature, les arbres, les fleurs des champs, les bêtes, et apportaient ainsi dans l'art occidental une note originale par sa nouveauté et son souci de la vérité. Les croisades, de leur côté, clamaient bien haut les actions d'éclat des Wallons : avec Godefroid de Bouillon, deux chevaliers toumaisiens montaient à l'assaut des murailles de Jérusalem ; puis, Baudouin de Hainaut ramassait le sceptre de Byzance. A travers les siècles et sur tous les champs de bataille de l'Europe, les régiments wallons de Ligne, d'Arbérg, de Murray, de Los Rios et de Tierset, les chasseurs Leloup, les dragons de Latour, sous des chefs tels que les Thiennes, le Clerfayt, les Le Louchier, les Mercy-Argenteau, les Wolff, tous du Hainaut ou de Liège, brandissaient l'épée et conquéraient des étendards. Ainsi, dans tous les domaines s'affirmaient la vitalité et la personnalité de la race, jusqu'au jour où, devant Liège, en août 1914, l'énergie wallonne fit plier le front d'airain de l'irréconciliable ennemie : la Germanie. Le caractère ethnique de la race wallonne est venu jusqu'à nous, pur de tout mélange. Un tel héritage de gloire peut-ii tomber en quenouille ? Toumaisiens, Montois, Carolorégiens, Brabançons, Namurois, Liégeois, Condrusicns, Ardennais, tous Wallons, il nous appartient de lui conserver sa splendeur, et de monter 'ensemble la garde aux créneaux du dernier bastion latin, face à l'Allemagne traîtresse et parjure. George Soiiier. RENGA5N Lundi. Voilà trois jours que je colle dans le fondant des boyaux, et ça « chouichoite » dans mes chaussettes. En culottant ma pipe, j'ai songé... « Ma mère, si tu voyais ton fils!... « Ma que j'ai passé la tête au-dessus des sacs, tantôt, un Boche a lâché un coup c!~ fusil. Idiot î la loi du moindre effort eût bien dû le faire cesser. Un peu de soleil, n'importe lequel, qui réchaufferait le cœur et durcirait cette mélasse bourbeuse recevrait le plus chaud accueil.... On l'attend toujours, et l'Yser coule bêtement, et les « vaarts » barbus de roseaux s'épanchent boueusement sur les prés. Ce qu'ils sont déjà marines, bon Dieu, les prés de la mère Flandre ! Le Boche suiffeux et bedonnant qui m'a vu sans doute, continue à m'additionner ses coups de feu. Il doit' avoir froid, à coup sûr, derrière la plaque d'acier où l'on sent son œil bête au possible. Mardi. 3 heures. Le quart s'étire... et moi donc !... Si vous passez dans une heure, fûtce même dans mon pi rêvé, laissezmoi roupiller. C'est la gloire qui dort. 4 heures \. Pas mèche ! le pieu est télescopé et baille sur cinquante centimètres. Guigne de guigne ! les pigeons du colombier militaire rouspettent et chahutent dans le panier, et je ne puis les lâcher qu'en cas de casse. Ce n'est pas l'envie de le leur tordre qui me manque (détérioration du matériel servant à la défense nationale !!!), mais il faut y regarder à un cou ! La vermine se lève et grouille dans ia paille ; ;j'envoie bêtes et boches à tous les diables, et... je m'endors. Et l'enfant qui dort Fait des rêves d'or. Mercredi. Il gèle à fendre l'âme ; j'ai mis une peau de mouton pour faire la ronde aux sentinelles, et je m'ouate dans le noir. A la tête de pont : Halte-là ! — C'est ton adjudant, mon vieux ! — Eh ! bien, « Bokske », on n'a pas trop froid ? — Kaâ vœte !?? — Nie gelunf (sic) lui dis-je... C'est pourtant aussi vrai que l'espèce d'aboulie qui me relance depuis hier. Et j'exhibe une bouteille de cognac vulnéraire et maléfique qui me fait voir un rire trop large... Ainsi j'ai porté 'un peu de joie chaude à tous mes pos- nqué de tomber dans une bande "de fils téléphoniques, des prises de terre, qui font songer aux interminables prises de bec entre le major X.. et le commandant Z.., depuis que le major a vu d'autres cheminées que la sienne qui fument dédaigneusement vers les boches. Jeudi. Je me suis endormi trois fois sur un roman de Guy Chantepleure, « La Passagère ». J'étais fatigué, il faut le dire... et la relève qui ne vient pas. Avec le troisième bataillon, c'est toujours la même chose. Jef. jass. Les Bullions trituiiue Ce mot de dominion sonne étrangement à notre oreille. Chez nous, on emploie couramment l'expression de colonies pour désigner toutes les possessions britanniques oVau-dela des mers. Dans le Royaume-uni de Gran-deBretagne et d'Irlande, on se servait encore généralement de ce mot jusqu'au commencement de ce siècle. Mais, comme la chose qu'il servait à nommer a changé de nature, il a fallu changer aussi le mot. Parmi les possessions et établissements britanniques d'au-delà des mers, beaucoup conservent le nom et le caractère de colonies. D'autres, dont les Indes, constituent à elles seules un immense empire, gouverné par un viceroi, composé d'un grand nombre d'Etats, de races, de langues, de religions différentes, et comprenant un total de plus de trois cents millions d'habitants répartis sur près de cinq millions Je kilomètres carrés. LE CANADA Mais le Canada, l'Australie, la Nou-velleZélande et l'Afrique du Sud sont devenus des dominions, c'est-à-dire de grands Etats se gouvernant eux-mêmes et rattachés à la métropole par les liens les plus ténus. Le premier le Canada, a porté ce nom. La raison en est que, la première, cette vieille colonie, conquise sur la France dans la seconde moitié du xvin0 siècle et considérablement agrandie depuis cette époque, s'est constituée en Etat pourvu de tous les rouages gouvernementaux. Comme le Canada s'ëtençj de l'Océan Atlantique à l'océan Pacifique sur près de dix millions de kilometres carrés, dix-huit fois la superficie de la France, on ne pouvait décemment continuer de l'appeler une colonie. Il forme luimême une confédération de dix provinces autonomes pourvues chacune d'un ministère et de chambres, sans compter les « territoires » qui seront successivement élevés à la qualité de provinces autonomes à mesure crue leur peuplement, leur mise en valeur et leur organisation permettront cette transformation. C'est en 1867 qu'une loi britannique, « The British North America Act », a consacré le nouvel état de choses. Le gouvernement central ou fédéral consiste en un gouverneur général nommé par le roi de Grande-Bretagne et d'Irlande, un « Conseil privé » et un Parlement composé d'un Sénat et d'une Chambre des députés» ' Le gouverneur général a des fonctions presque purement honorifiques. Le confond en réalité avec le ministère responsable devant les deux Chambres. Comme les autres dominions, le Canada ne fournit à la mè-repatrie ni subsides, ni contingents militaires d'aucune sorte. Il dispose souverainement de son budget et de sa milice. Il conclut des traités de commerce avec les puissances étrangères. Depuis le commencement de cette guerre, il a envoyé un contingent considérable sur le front français, mais c'est volontairement. Personne, en France, ne doit oublier que ce magnifique concours a été spontané et entièrement gracieux. Auguste Gauvain. (A suivre.) Lettre à lalbrr aine Petite Marraine Dehors, il fait froid et très humide, te brouillard très léger cependant, couvre la plaine, dérobant à mes regards passionnés les nostalgiques et décevants horizons bas et termes de la Flandre glorieuse. Et près de moi, flambe le feu, le feu joyeux les bûches se consument avec un grand •ns les .lammes claires et i tes. -* bues, m'apparaissent quelques hauts peupliers maigres et tourmentés dont les têtes échevelées se perdent dans la brume. Il me semble qu'ils sont las d'être sans répit balancés et courbés sous les assauts de la froide bise d'hiver ou par les voluptueuses caresses ce la brise tiède et pourtant si pleine de jeunesse et de fraîcheur des matins clairs. Quelquefois, un corbeau fatigué, se pose avec un grand bruit d'aile, sur les rameaux dénudés et se tient là quelques minutes dans une attitude d'étrange découragement. Puis, il repart, vers d'autres solitudes aussi mornes et mélancoliques. Où donc ai-je rencontré ce fataliste décevant, qui promenait mélancoliquement son « moi » démesurément pessimiste et sceptique, comme ce vilain oiseau de mort traîne son plumage effrayant de deuil parmi les solitudes des champs de bataille ? Oh ! souvenirs lointains, souvenirs cruellement lancinants et que l'on aime tant à ressasser maintenant que le sort est conjuré et que l'on est conscient de sa double victoire et militaire et morale. Nous fûmes 'le ces corbeaux ; je dis nous, parce que tous comme moi, ont souffert dans les boues infectes de l'Yser, ce même mal moral après l'effort physique surhumainement fourni par nos énergies vitales et de race. Nous fûmes donc de ces corbeaux sinistres portant en nos cœurs ce mal qui fait souffrir sans que l'on sache ce qui le provoque, et pourtant, Dieu est témoin de ce mal comme tant d'autres, nous en fûmes vainqueurs. Gloria, Victis ! Les jours et les nuits de malheur ont passé, passé, et fuient dans les profondeurs infinies de l'oubli. Arrière, sinistres figures du passé, arrière, souvenances douloureuses, nous sommes forts et puissants ; à nous la Victoire et la Gloire. Un rêve passe en mon âme et qui prend dans les formes imprécises du brouillard des nettetés de réalité. Et soudain, la brame s'écarte, se dissipe, une échappée de lumière surgi' et s'étend sur la campagne désolée, sur les haies dénudées, et court en gais rayons tout le long des arènes nostalgiques soudainement tirées de leurs sombres rêveries. C'est le soleil qui se lève, le gai, le franc soleil de printemps qui vient nous réjouir, nous apporter la confianc : dans l'avenir certain de nos races. Et les contours un instant entrevus, s'alonguissent, et peu à peu disparaissent dans la brume, s'étendent loin, vers les horizons mauves et indécis, un sourire me vient aux lèvres, un cri m'échappe, un cri contenant tout mon être, toute l'exaltation exubérante et forte de mon âme, « Confiance ! » Oui, confiance, confiance toujours et jusqu'au bout. Sur nous se déploient déjà les gais rayons du soleil de printemps, chassant les sombres journées pluvieuses, c'est le printemps de l'ultime victoire avec, au fond, reposant dans les plis de nos couleurs de liberté, la Paix, loyale et juste, toute de progrès, d'avenir tranquille et de force intellectuelle. Voilà, beaucoup bavardé marraine, pom un vilain corbeau venu reposer son vieux corps fatigué devant ma fenêtre. Bon corbeau, je te remercie quand'meme.. Amitiés, amitiés, amitiés. G. DE RUYTER. Lire demain, dans Notre Belgique : L'AVANT-POSTE AQUATIQUE chronique par Maurice GAUCHEZ, qui commence dans notre numéro de jeudi une collaboration régulière à. tQr tre quotidien.. en M O S Ai SIMPLE OMISSION Du «. Souvenir » Bien que le père Ciron, chef de gare à l'un de ces petits « tacots » qui avoisinent les lignes, se considère comme un veinard d'embusqué, il n'a pas pré: cisément « le filon ». Chaque nuit, en effet, depuis trois semaines, sa cahute est visée par les avions boches. Tous les matins, le père Ciron confie à un cycliste son « rapport » sur les incidents de la veille, rapport qui consiste en quelques mots griffonnés au crayon sur un bout de papier. Une nuit deux bombes s'abattirent tout près de la petite gare, éndohiiriageant un peu le bâtiment et enlevant au père Ciron la moitié d'une oreille.' Et le, brave homme de libeller ainsi son rapport : « A 23 h. 30, deux bombes. Simples dégâts matériels. » Du « Crocodile »: Le verbe « camoufler » a désormais dépassé la signification que lui donnent nos fameux peintres et nos vaillantes équipes de camouflage que nous rencontrons fréquemment sur le front... Pour nos poilus, « camoufler » est maintenant synonyme de « faire disparaître » ; on disait autrefois « grouper » « Quel est l'enfant d'voleur qui m'a groupé ma gamelle ? » Aujourd'hui, on dit : « Que je trouve seulement l'amphibie qui m'a camouflé mon perlot, je lui lïanque la bourre » Le choix du mot est excellent. Qu'en dites-vous ? Signalons encore une expression nouvelle : un poilu qui vient d'étonner à l'extrême un de ses camarades ne dira plus « je l'ai épaté », ni même « je lui en ai bouché un coin », mais « je l'ai complètement asphyxié. » PENSEES POILUES Du « Bochofage » (Journal du front) : Avec la discipline, le pinard est la force principale des armées. L'homme qui n'a pas effectué une relève, en hiver, par une nuit noire, sous la mitraille et sous la pluie, ne reconnaîtra pas les limites extrêmes de la misère humaine. Aux poilus qui reviendront après avoir risqué mille morts extraordinaires, comme ça paraîtra bête, la mort dans un lit, des suites d'un « chaud et froid:-). Les gens de l'arrière qui s'imaginent connaître la guerre, parce qu'ils ont lu, me font penser à ces jeunes filles qui croient savoir ce qu'est le mariage en lisant des romans. • * L'intelligence de la situation. Le général G... arrivait récemment au quartier du ... d'infanterie, à B.... Aussitôt, suivant sa manie favorite, il se livra à un interrogatoire en règle de la sentinelle devant les armes, qui ne manqua pas de bafouiller piteusement dans ses réponses. Justement indigné, le général demanda l'officier de service et le tança vertement : Pourtant, mon général, répliqua lelieutenant, je me suis «'issuré personnellement que tOU; les hommes de gardesavaient parfaitement leu?3 consignes.Cet homme n'a saus doute pas comprismes explications. Pas compris ! pas compris !... Apprenez, monsieur, que lorsqu'un inférieur ne comprend pas son supérieur*,c'est que le supérieur est. Avezvous compris ? Non ! mon général, répondit posément l'officier. Sa Grâce. Le duc de Norfolk, qui est mort la semaine dernière, était le moins prétentieux des hommes et certainement le plus mal vêtu de toute la noblesse britannique. Excepté quand il apparaissait dans les .grandes cérémonies d'Etat où l'appelaient ses charges, il ne portait jamais que de vieux habits qui semblent n'avoir pas été faits pour lui, et, dans sa terre d'Arundel, il avait souvent été pris par les touristes pour un pauvre homme se promenant dans les jardins. On racontait, et on brodait là-dessus de nombreuses anecdotes, mais dont quelques-unes, parfaitement véridiques, étaient assez amusantes. Un jour, un Américain qui visitait le château l'avait vivement interpellé et lui avait montré une affiche défendant de marcher sur les pelouses. Une autre fois, des visiteurs, entrant dans les jardins, lui avaient dit : « Mon brave homme, pouvez-vous nous indiquer quelqu'un qui nous ferait visiter le château ? » « Je vais vous le montrer », dit le duc, qui promena les voyageurs partout, à leur grande satisfaction. En lui remettant un pourboire, l'un d'eux lui dit : « Nous aurions voulu entrevoir sa Grâce ». Le duc empocha la demi-couronne et dit : « Ce ri'e fc pas difficile, je suis Sa Grâce l » La J©yrsiée 1 qii et puis lé commencement du repli des' demandés autour de Bapaume, it conservé le village d'Irlea pu suivait pour ainsi dire de charnière -, re exécutée sur sa gauche ... sa droite. Ce petit village, assis au c d'un éperon perpendiculairement enfoncé dans les lignes de nos alliés é- devenu le réduit extrême de la dée. Les troupes qui s'y trouvaient avaiéfft pour consigne de tenir l& plus -longtemps possible afin de moté: Ui retraite du corps principal et de» de s'organ'ser sur? aouvellès positions. Naturellement. le village d'irles avait été transformé en une véritable forteresse, entouré d'uneceinture de blockhâui garnis de nom* breuses mitrailleuses. action de ce saillant s'imposait ic à l'attention du comandemanfc ■.nniquo. Tandis que des tommies nu à gauche et à droite des ites audacieuses et parvenaient à déborder la position, l'artillerie anglaise*, ouvrait un feu concentré sur l'ennemi qu'elle écrasait littéralement sous sea projectiles, rendant ainsi le village im Ole selon la méthode dont l'efficacité avait été déjà démontrée contre Serre, Grandcourt et autres lieux. Samedi matin, quand nos alliés ju> nt que la préparation était suffisant te et qu'ils apprirent que le commande* ment allemand se disposait à évacuer Irles, l'ordre fut donné d'attaquer. Les» Allemands furent surpris au moment de leur départ et un combat acharné» mais cependant de courte durée se dércula dans les rues du village. En moins d'une demiheure, les Anglais étaient maîtres du terrain. Puis, non contents de ce succès, ils poursuivaient la bayonnette dans les reins, les arrières-gardes allemandes fuyant sur la route d'irles à. Grévillcrs. ; Dans le même temps que cette posU tion tombait entre leurs mains, nos alliés enle\aient toutes les organisations ennemies sur un front de cina kilomètres. Comme conséquence de ce succès, les lignes adverses vont sans doute être reportées d'Achietlo-Petit à Grévillers, laissant à peu près découvert l'ouest de Eapaume. Les bulletins de Berlin explique difficilement ces revers successifs, à moins que le grand état-major ne se serve encore d'un euphémisme bizarre pour lès faire admettre au peuple allemand. C'est lui, en effet, qui a. prétendu récemment que les replis sur l'Ancre constituaient un intermédiaire entre la guerre de positions et la guerre de mouvements. Si nos ennemis peuvent se consoler de leurs maux, avec des mots, grand bien leur fasse I Peut-être les Turcs ne seront-ils pas d'aussi facile composition quand ils apprendront la prise de Bagdad par les Anglais, l'occupation de Senna dans la Kurdistan, par les Russes et la marche de ceuxci sur Kermanchah. Bien que les corps d'armée de nos alliés se trouvent encore fort éloignés les uns des au< tres, il est possible d'envisager l'éven«: tualité de leur jonction. En attendant le développement des opérations dont la conjugaison n'est plus maintenant qu'une affaire de *emps, la chute de Bagdad causera une sensation profonde dans le monde ottoman. C'est une revanche éclatante que viennent de prendre nos alliés britaniques et elle autorise les plus solides espérances dans l'action combinée des forces anglo-russes qui ne peut plus tarder à leur offrir une situation stratégique de premier ordre d'Arménie en Mésopotamie et qui dissipera pour toujours les rêves ambitieux de l'impérial mégalomane de Berlin. Georges Bernard. Du « Pétard » : Le rondin n'est pas un ami de l'homme ; semblable aux singes'de l'Afrique, il est d'un naturel sauvage et se laisse difficilement apprivoiser. Aussi, peuton dire qu'avant la guerre, on voyait rarement le rondin et ce n'est que depuis que la chase est fermée que l'on en voit qulquesuns. Quelles ruses ne fautil pas employer, pour arriver à s'en saisir ! Ce n'est que la nuit qu'ils arrivent. Le poilu qui dort, est souvent réveillé par ces mots : « Voilà les ronoins ». Aussitôt, le poilu sort de sa cagna et se hâte vers les lieux où ils sont signalés, heureux s'il peut arriver à en captu. rer quelquesuns. Il est également inexact de prétendre que le rondin ne peut se déplacer et que les nodosités que l'on voit sur son. corps, sont les membres amputés pour l'empêcher de fuir. Le rondin est au contraire un animal rapido. Pour s'en convaincre, il suffit de laisser des rondins sans surveillance sur le. bord d'une route ; le lendemain, plusieurs sont partis et en trois jours, un troupeau de 2.000 disparaît sans laisser; de traces. | Il nous faut donc repousser la théorie I qui prétend qu'on a coupé les membres de cet animal pour l'empêcher de fuir*

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Cet article est une édition du titre Notre Belgique appartenant à la catégorie Oorlogspers, parue à Calais du 1916 au 1918.

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