VIVE NAM EUR PO TOT Directeur : Léon DELiOOZ, X5. 33 JOURNAL MENSUEL Imprimerie de « Notre Belgique » 17, rue de Vie, Calais UNE VISION Vous reconnaîtrez l'uniforme, vous retrouvez à peine la place de ce charmant tournant de boulevard, vous pourrez difficilement mettre un nom sur une figure ! Je ne puis cependant résister à l'envie que j'ai de vous présenter ce cliché . Il nous reporte à bien des mois d'ici, à ces jours d'enthousiasme délirant où sous la menace de laguerre, le cœur joyeux nous partions pour nous défendre contre toute agression. Vous souvienc-il de l'émoi qui étreignait vos âmes, quand au son des tambours, à l'appel des cloches de votre village dans le silence de cette nuit du 29 Juillet 1914, vous étiez rappelés sous les drapeaux ? Encore mal fixés sur le sens de ce brusque appel, et comme vous éveillant après un rêve étrange, vous prépariez en hâte vos tuniques et astiquiez tout votre fou/bi, cachés au fond d'un vieux coffre, ou perdus dans un coin du grenier. Vous souvient-il encore de cette dernière visite à vos parents, à vos amis ? Il faut quitter maison, métier, distractions, tout ce qui fait la_ vie de chez nous. Mais on fait de gaieté de cœur le sacrifice. Ce ne sera pas long et puis c'est pour les vieux parents, pour la femme, la liancée que l'on va énergiquement barrer le chemin à qui voudrait se hasarder de violer nos frontières. Vous souvient-il enfin de ce dernier regard de votre mère qui tremble en pensant aux horreurs de la guerre ; de ces chaudes larmes de votre femme, entourée des enfants bien aimés ; de ce serment renouvelé à votre fiancée ? Le souvenir ! la belle et divine chose ! Mais hélas, le cours habituel des choses, le souci constant qu'occasionne la vie militaire, finissent par oblitérer sinon effacer, les souvenirs les plus vivaces. C'est une loi, l'homme doit lutter contre l'oubli. Les peuples l'ont compris. Que sont ces statues sinon le souvenir buriné dans le marbre, des hauts faits de nos ancêtres. Les familles le comprennent; témoins ces portraits, jalousement gardés, de ceux qui ont créé par leurs durs labeurs, par leur vie toute de probité, le foyer où l'on est né et où l'on a grandi. Vos parents l'ont compris, je n'en veux d'autre preuve, que cette médaille déposée dans vos mains, au moment solennel du départ ; que cette mèche de cheveux soigneusement enserrée dans le médaillon, que votre fiancée aurait voulu déposer plus encore dans votre cœur que sur votre poitrine. Laissez-moi aussi apporter ma part d'activité à ce vif combat que nous devons mener contre l'oubli. Quelle fierté illuminait vos traits quand le samedi 1er août 1914, vous arriviez à flots sur notre belle place de la gare! Avec quel enthousiasme la population applaudissait votre marche joyeuse vers les dépôts et les casernes de la ville ! Dans l'après-midi, c'était le 1er Lanciers quittant la caserne Léopold. Les hourras qui l'accueillirent résonnent encore à nos oreilles. De grosses larmes ont sillonné bien des figures. J'ai suivi jusqu'à la sortie de la ville, cette belle théorie de fiers cavaliers qui les premiers devaient sillonner la campagne. La vue que vous voyez ici, vous les représente pris du boulevard de la gare. Soldats Namurois, il nous faut revivre souvent ces belles et grandes journées. C'est le souvenir qui encourage et qui fortifie. Avec lui nous serons tels que nous étions au départ : vigoureux au combat, souples dans l'obéissance aux chefs, fiers dans les sentiments et l'accom- Ncvembre 1917 N° 11 Autorisé par VAutorité Militaire

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