Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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27 januari 1918
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s.n. 1918, 27 Januari. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Geraadpleegd op 29 maart 2024, op https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/nl/pid/3t9d50hh5h/
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SEVUE Ses journaux de la ssmaine. MET V0LK Du 22. — France. — L« mouvement commercial au Havre. - L'agence Havas annonce que depuis le débul de la "ucrre le mouvement commercial au Havre a considérablement augmenté. L'importation qui était de ,2 700 000 tonnas en 1913, a presque atteint 7 millions en V 1916. , H' Un proj.-t ■- -t aclueilement en disseusion au parlement pour l'extension des travaux du port sur une grande échelle en vue de répondre aux besoins qui se feront sentir après la guerre. Les nouvelles installations seront accessibles par tous les temps aux plus grands navires de l'Océan, tant pour l'entrée que pour la sortie. Actuaîifés économiques Le péril jaune [ J'ai passé cette semaine une soirée bien agréable : ie me suis payé le luxe d'aller voir Madame Butterfly. Cette V représentation m'a laissé songeur. Non pas que je n aie ! goûté le charme qui se dégage de cette belle partition du ■< maestro Puccini, mais parce qu'elle m'a fait penser involontairement si vous le voulez, aux Japonais et à leur im- | périalisme. N'est-ce pas un signe des temps, que cette pièce b dont le sujet se passe au Japon, qui porte un titre mi-fran-Bçais mi-anglais, et dans laquelle des personnages améri-! cains chantent en flamand de la musique italienne? C'est Kle dernier cri du cosmopolitisme. C'est à faire mourir de •r honte les partisans les moins convaincus de l'Espéranto. I Les Japonais ne se sont pas uniquement imposés à l'at-ïtention des peuples de l'Europe à la suite de Madame Chrysanthème de Pierre Loti, ou de La Bataille, de ■Claude Farrèrc. Le mode d'expansion de ces petits diables ■jaunes a eu des formes plus pratiques en même temps que >- plus terre-à-terre. Les Russes en savent quelque chose. N'ont-ils pas senti dans toute leur ampleur, à Port-Arthur Set sur les bords du Yalon, la force des arguments « frap. Epants » invoqués par les sujets du Mikado. Dans le do-^ m aine économique, l'extension croissante du commerce japonais fit rapidement comprendre aux industriels européens que l'Extrême-Orient avait donné naissance à un | concurrent redoutable dont il faudrait sérieusement tenir ■ compte, un jour ou l'autre. f Par l'effet de la guerre, l'expansion industrielle japonaise I a marché d'une façon déconcertante. Le mauvais géant an->. thropophage du Petit Poucet aurait grand'poine à la suivre 1 avec ses bottes de sept lieues. Se sentant libérés de la «concurrence allemande et soulagés dans leur lutte contre le commerce anglais, les business men de Tokio et de ! Nagasaka se sont lancés, du coup, en véritables dicta-, teurs. Leur industrie, déjà relativement bien développée, ' s'est bientôt imposée à leurs coréligionnaires de Corée et de Chine, puis est allée conquérir les Philippines, les Indes § Néerlandaises, la Sibérie, l'Amérique du Sud. Depuis quelques mois, les produits japonais se vendent comme du ■ beurre à Sydney, en Australie, et à Johannesbourg, en I Afrique du Sud. Mais cela ne suffit pas encore. Continuant là démolir ses gentilles maisonnettes se mirant dans des r. lacs mignons parsemés de lotus, afin de les remplacer par ïde noires usines et des magasins à plusieurs étages, le Ja-I pon s'est mis à produire pour ses anciens fournisseurs, l'Angleterre et les Etat-Unis. A l'heure qu'il est, des mil-Ëliers de mousmées aux minois fripons, des légions de i geishas fardées et embaumées, filent du coton, tissent des 1 étoffes et fabriquent des souliers pour les soldats d'Angle-I terre et d'Amérique. Solde du bilan : un enrichissement I considérable du pays, tel que le fait suffisamment ressortir I la balance commerciale de l'Empire des îles. Avant la i guerre, en 1913, par exemple, le chiffre d'affaires total du Japon avec l'étranger se montait à 1359 millions de yen (*) • et les importations dépassaient les exportations de 81 mil-lions de yen. En 1917, le commerce extérieur a porté sur ■ 2530 millions de yen, soit presque le double d'il y a quatre I ans. Dans ce joli chiffre, les entrées de marchandises figu-I: rent pour 990 millions, et les sorties pour 1540 millions; ■ d'où une différence, en faveur des ventes, de 550 millions • de yen. Ces bénéfices compensent largement, et au-delà, I les frais de guerre. [ Un des facteurs déterminants de l'expansion économique I du pays est la navigation marchande. Ah l Les petits ba-I teaux qui vont sur l'eau 1 C'est qu'ils valent des fortunes I par les temps qui courent. Comme chez les neutres d'Eu-** rope, le trafic maritime du Japon a fait rentrer dans ses B caisses des sommes rondelettes. Un seul exemple : la plus I forte compagnie de navigation, la Nippon Yusen Kaisha, a I amorti en trois ans presque tout son matériel, l'a complété, ? a distribué des dividendes à faire baver, et vient mainte-1 nant de porter son capital de 24 à 50 millions de yen par i; l'émission d'actions complètement libérées. A côté de | l'activité maritime se poursuit sur terre un travail fiévreux. I Hauts-fourneaux, filatures, tissages, usines électriques, | ateliers de construction,.bref toutes les branches d'exploi-| tation de la gran^L industrie, se développent sans trêve, i Fin 1913, l'industrie cotonnière disposait de près de 2 mil-1 lions de broches; en décembre 1917, elle en comptait plus I de 3 millions. Et cela continue avec toute la ténacité dont I savent faire preuve des orientaux. r La Chine, elle aussi, a eu son morceau du fromages. La ■ modernisation des Fils du Ciel ne date en somme que de ■ 1912, époque à laquelle ils ont remplacé leur antique ini-■rage oriental par l'illusion, neuve chez eux, du Parleinen-I tarisme et de la République. En guise de symbole, ils se I sont alors coupé la natte. La Révolution de 1912, opérée I après 4116 ans de chronologie impériale dûment établie, I le règne de 22 dynasties dont une garda le pouvoir pen" I dant 800 ans, et un renom séculaire de stagnation, a été le I point de départ de la revanche des jaunes sur les « civili-I lés » trop souvent entrés chez eux en conquérants. De I Boxers, ils sont devenus fabricants. Certains d'entre eux, | cessant de laisser croître leurs vilains ongles et de peintur-Slurerde belles petites choses, se sont transformés en bras-| seurs d'affaires dignes des rois du saumon fumé, des bou-I tons de manchette et des arrosoirs automatiques dont ■ s'enorgueillissent New-York et Chicago. Depuis trois ans, t (*) L'unité monétaire du Japon est le yen, à 100 sen. Le lyen vaut au pair fr. 2,59. Dimanche 27 janvier 1918 10 centimes le numéro 62* année ■ N« 22-28 Journal de Gand DES Rédaction et Administration : 3, RUE DE FLANDRE, 3, GAND Abonnements : UN F. AKC VINGT CINQ PAS, THïM'jSSTRE le« hari-kiri» est passé de mode; puisqu'on peut s« remplir les poches, on ne s'ouvre plus le ventre. Un des premiers effets bienfaisants exercés par la guerre sur la Chine, a été la possibilité de remanier le déplorable régime monétaire de cet immense pays. Grâce aux prix élevés du métal-argent, le Trésor de Pékin, qui en avait accumulé de grandes quantités, fut à même d'opérer une spéculation extraordinairement réussie. Il vendit presque toutes ses réserves métalliques à l'Angleterre, à la Russie et à l'administration des finances de l'Inde anglaise. Au moyen du produit de cette opération, il réorganisa la monnaie pour le plus grand -bien des 400 millions d'habitants de la République. Avec ce qui lui restait, le gouvernement entreprit la construction de quelques nouvelles voies ferrées, fit exécuter de grands travaux hydrauliques dans la zone des inondations du Fleqve Jaune, et boucla convenablement son budget. Parallèlement à ces progrès officiels, l'initiative privée — soutenue par le Japon — se développa. De nouvelles filatures de coton furent installées; des compagnies se formèrent pour exploiter le trafic serré du Yang-tsé-Kiang et du Hoang-Ho avec des barques tant soit peu plus commodes que les jonques traditionnelles. Une seule gaffe d'importance fut commise. Ce fut dans le commerce du thé Cette histoire du thé a été, à vrai dire, une chinoiserie. En 1915, la récolte avait été splendide, et l'Europe avait largement acheté. Sentant se réveiller le commerçant rusé qui habite au fond de toute âme chinoise, les centaines de millions de producteurs et marchands résolurent de profiter de la guerre pour exiger des prix absolument démesurés. Mais cela ne fit guère le compte des Anglais, des Russes et des Américains, d'autant plus que les prix étaient déjà assez fortement gonflés, à l'arrivée, par le taux élevé du fret de mer. L'année suivante donc, les clients ordinaires réduisirent leurs achats. La lutte fut homériquè, mais l'avantage resta, une fois de plus, à la race blanche. En ^lô^des quantités formidables de thé traînaient dans les entrepôts sans trouver acquéreur. Après quelques mois, les prix tombèrent de plus de moitié. Ce fut une excellente leçon. Au lieu de mettre du beurre dans leurs épinards, l'histoire du thé avait appris aux Chinois qu'il fallait être un peu plus modérés. C'est ce qui arriva. L'année deruière, tout marcha comme d'habitude et, à peu de chose près, le commerce du thé se poursuivit dans des limites normales. La situation en Extrême-Orient peut donc se caractériser pour le moment comme suit : ascension vertigineuse du Japon vers le sommet suprême de la puissance commerciale; réveil définitif de la Chine. Les broyeurs de noir y verront matière aux prédictions les plus pessimistes. Ils vous diront que si jamais ces gens-là forment, à l'instar des Etats de l'Europe, un concert — mais un concert jaune — ils feront une musique assourdissante et fort peu agréable à nos oreilles. Je ne partage pas cette opinion. Certes, la Chine est un pays charmant, mais, malgré sa prétendue modernisation, on y mange encore toujours des nids cWii-rondelles. Je ne vois pas pourquoi les disciples de Confu-cius deviendraient un si formidable danger pour nous autres, Européens, parce qu'ils ont quelques sous de plus en poche. Quant à l'impérialisme du Japon, il est manifeste, je n'en disconviens pas. Pourtant, en même temps que le Japonais s'est enrichi, il commence à connaîlre le revers de la médaille, en l'espèce des luttes entre le capital et le ravail. Ces luttes feront évaluer son industrie de la même façon que la nôtre. Que restera-t-il alors? Une concurrence tsur le marché mondial. Pour le moment, le Japon a pris sur l'Europe une avance considérable dans les pays neufs ou pouvant être considérés comme tels. J'admets qu'il sera dur, au lendemain de la guerre, de relever le gant. Mais je ne doute pas un seul instant que l'ensemble des i| contingences économiques ne mette aussi rapidement toutes ! les choses à leur place, et que la concurrence tourne à 5 l'avantage de tout le monde. Où serait d'ailleurs le mal, 1 pour nous, de consommer certains articles qu'on réussi-| rait à fabriquer à meilleur compte en Extrême-Orient ? H Nous en livrerons d'autres aux Chinois et aux Japonais, i et l'industrie européenne est suffisamment entreprenante | pour devancer à ce point de vue ses concurrents jaunes. i Ce serait tout. Je crains plutôt, pour l'Europe, au point de jj vue économique, après la guerre, un « péril américain ». jj Quant à la question de voir balayer l'Ancien Continent l par des hordes jaunes, je n'en crois rien. De ce côté, il \ me semble, nous pouvons être tranquilles, plus tranquilles j en tout cas que les habitanjs de la Californie et du Texas. S Par conséquent, le péril jaune me laisse assez froid. Si i les jaunes ont gagné de l'argent sur notre dos, c'est qu'ils | ont profité d'une situation existante. Si cela leur procure la ! folie des grandeurs, tant pis pour eux. Le seul péril — si péril il y a, bien entendu — auquel ils viendront peut-] être nous exposer après la guerre, sera la visite de leurs | nouveaux riches. Et puis? Ils feront comme les Américains. 1 Nous les verrons peut-être arriver un jour dans nos capitales, brandissant leur carnet de chèques, achetant tout ce qu'on voudra leur vendre cher, entretenant les anciennes joiies femmes de Paris, mettant des Van Dyck véritables dans leur lavatory et s'essuyant les pieds à un Gobelin. IA part cela, j'ai tous mes apaisements. RAOUL GUSTAVE. ÉCHOS D'M^T Au Théâtre Néerlandais Ii'Instinct Samedi ce fut le tour au doyenné A'Akkergem-Voor-wacht d'organiser une représentation de marque. Certes celles-ci se succèdent tellement et la place, étant restreinte, je rie puis toujours m'appesantir là où je le désirerais. Cette pièce de Kistemaeckers, dont nous eûmes l'occasion d'apprécier les fortes qualités dramatiques lors du passage des artistes de la Comédie française, n'a pas trop souffert en étant confiée à un groupe d'amateurs. Cette constatation suffira à leur éloge et expliquera les applaudissements réitérés des assistants. Le rôle principal est incontestablement cela de Jean Bernon, puisque c'est le cas de conscience, le combat entre le sentiment et le devoir — plus que « l'instinct » — qui fournit les données à la comédie. Le ton sobre, qui convient au personnage —le savant habitué aux souffrances matérielles de la vie —; les gestes plus passionnés de l'homme menacé dans son affection, tout celà fut rendu par M. Rob. Collier de façon naturelle et aisée. Mlle Bouûaert n'a pas pâli à côté de son partenaire. Elégante et consciencieuse elle a confirmé en Cécile l'impression avantageuse qu'elle me fit récemment dans le rôle de Yolande de Dolle Hans. Les autres artistes Mlles I. Claeys et Larno, MM. J. Michel ei L. Van Welden complétèrent un ensemble en général bien étudié et soigné. Pour finir 's Avonds in de Mane... Vraiment au souvenir de cette... farce, Madame la Lune se gondole encore... Ecole du Théâtre Dimanche après-midi eut lieu la remise solennelle du diplôme de capacité à M. Ose. Van Crombrugge, lauréat pour 1917. Notre édilité, représentée par MM. Braun, Anseele et Coppieters, y assistait, prouvant ainsi par sa présence l'importance qu'elle accorde à cette institution, subsidiée du reste par la ville et la province. Au programme l'Intruse de Maeterlinck. On peut avoir au sujet de cette œuvre, essentiellement impressionniste de notre grand poète, une epinion divergente, il faut cependant être d'accord au point de vue exécution. Ce qui importe dans ce tableau de famille, c'est l'atmosphère et seulement l'atmosphère. A ce point de vue ce fut impeccable ; l'aïeul aveugle, le seul clairvoyant, autour duquel se tient toute la maisonnée, fut rendu de façon saisissante par M. Micli. Van Vlaenderen. Tous les acteurs étaient du reste grimés avec un art consommé par M. Luc. Van de Putte, ce qui, surtout dans une œuvre pareille, est d'un intérêt capital. Dans cette recherche précise du milieu ambiant, on reconnaît la main sûre de M. Vanden Heuvel, professeur attaché à l'institution. Malheureusement pour celle-ci, comme pour nous tous, cet artiste nous quitte le lr avril prochain, appelé à Bruxelles par des engagements avantageux et comme régisseur général et tomme traducteur. L'école et l'art dramatique en général perdra en lui un élément des plus précieux. Pendant des années il me fut permis de suivre intimement les efforts incessants de cet infatigable explorateur de cîmes et mieux que d'autres peut-être il me fut ainsi donné de Apprécier. A Arie Van den Heuvel, un cordial au revoir ! Après l'Intruse, M. Pol Anri, dans un speech, spirituel comme d'habitude, nous exposa l'importance de l'étude de la psychologie pour l'acteur. Suivit la distribution proprement dite, non seulement au lauréat, mais aussi aux élèves qui subirent avec fruit l'examen de passage, notamment Mlle Paula Verbauwen, MM. Rob. Van den Hove et Jos. Demey. Qu'ils persévèrent ! Après une allocution de M. Lybaert, président, nous assistâmes à des mouvements d'ensemble des élèves de Mme Goinmaerts, les danses grecques plastiques et rythmiques et surtout une gavotte, avec véritable clavecin, aimablement prêté par M. A. De Smet, ont plu. Certes, ce ne sont pas encore des Isidora Duncan ; mais elles s'en rapprochent cependant déjà$ ne fût-ce que par... les pieds nus. Le Brand in de Jonge Jan n'a pu avoir lieu par suite du manque de perruques en notre ville. Et dire que des malveillants se plaignent qu'il y en a trop... de vieilles bien entendu. C'est à cause de cette pénurie, spéciale et momentanée, espérons-le, pour la marche normale du train-train, que M. Van Crombrugge dut se produire dans Jean-Marie, la délicieuse page de Theuriet. Tout en louant les moyens de l'acteur, il me semble que les vers, pas plus que ce rôle romantique, ne s'adaptent au tempérament du lauréat. Félicitons encore ici le Comité et le corps professoral pour tout son dévoûment et toute sa noble besogne. Troupe d'Opéra Lundi dernier, spectacle coupé, mais coupé avec goût. Avec quel plaisir avons-nous réentendu Les Deux Billets, ce joyau de Poise. C'est un parfum, plus qu'une musique. N'est-ce pas dire que, du côté interprètes et orches- 6 J tre, il faut une finesse, une distinction et en même temps | une retenue qui rappelle le siècle des petits maîtres ? Certes, pour une débutante, c'est beaucoup demander et cependant c'est ce que Mlle Bovy a tenu. Cette artiste, toute jeune encore, dispose d'un organe çristalin ; son jeu est exempt de gaucheries, presque inévitables cependant. Aussi bien ce fut pour elle un grand, grand succès, qui rejaillit également un peu sur son professeur Mme Gevaert-Stevens. Avec de la ténacité la nouvelle et bien venue est certaine d'aboutir. Ses deux partenaires M. M. Verniers — un Mezzetin aux accents touchants — et G. Haemelinck un Scaramouche, rusé, battu et... mécontent qui put éviter cependant les écueils de la charge — complétèrent ce pastel musical. Après Mara, dont nous parlâmes antérieurement, le Maître de la Chapelle. Tout le monde sait que pour baryton-léger cette piécette de Paêr constitue l'épreuve du feu. C'est le morceau de concours par excellence : on y est parfait ou on tombe. M. De Bouvre est à classer parmi les premiers, les élus. Il parvint à bout de toutes les difficultés avec une aisance remarquable. S'il a de la planche, il a aussi, ce qui est préférable ici, une jolie voix et une méthode de chant qu'il perfectionne chaque jour davantage pour interpréter la longue suite de mélodies-exercices que l'ouvrage comporte. Non, M. De Bouvre, avec de meilleures raisons que votre maître de chapelle-compositeur, vous n'aurez jamais à craindre que le... serpent de Cléo-pâtre.Dans son duo avec son cordon-bleu mélomane, il fut admirablement secondé par une Gertrude — Mlle De Vos — qui s'y montra une élève, qui n'a plus guère à apprendre. Dans le rôle de Benetto, M. Verniers donna la réplique, comme il sied. Cerole Art et Philanthropie Ce cercle vaillant qui, avec une abnégation et un dévoûment incomparables, travaille à l'œuvre humanitaire des « Eprouvés de la Guerre », comme à celle de nombre d'autres, avait organisé mardi dernier une représentation au théâtre flamand. Un public select remplissait la salle, preuve incontestable de l'appui sympathique que ce cercle trouve parmi notre population. Une partie concertante précédait l'exécution de Butterfly, de laquelle j'ai dit déjà suffisamment de bien pour ne pas devoir y revenir. Quelques notes éparses au sujet du concert, un peu lithurgique ma foi. Nous y entendîmes le duo d e Marie-Madeleine de Massenet, par Mme Lange et L. Vander Haeghen, un Amor Christi, composition nouvelle et impressionnante de M. Vander Haeghen, par l'auteur et M. Proot ; un Ave Maria de Cherubini, déTaillé avec grande délicatesse de sentiments par Mme Lange. Dans le « prijszang » « Of hij zal komen » de Vander Haeghen nous avons remarqué la voix solide et toujours aussi mordante de M. Proot; dans « Waartoe? », celte romance charmante, la voix toujours charmeuse de l'auteur. Dans « O zeg me, lieve sterre » autre « prijslied » du même compositeur, nous avons admiré sans réserve l'organe supérieuremeut timbré, étendu et bien conduit de Madem. Van Geert, qui semble la prédestiner à la scène. Bref, soirée des plus réussies, grâce à laquelle de nombreuses misères seront soulagées. Merci au nom des malheureux l Au Théâtre Minard Jubilé de M"10 De Pauw-Van Trappe C'est une carrière déjà que celle de trente ans de planches. Que de pleurs, que de rires ont passé sur le masque de l'acteur 1 Combien peu nombreux sont-ils ceux qui ont pu conserver à travers cette longue épreuve, souvent douloureuse et souvent tiop peu appréciée, le trésor intact de leur énergie artistique et de leurs qualités individuelles. Et cependant c'est le cas pour Mme De Pauw-Van Trappe. Il ne m'est pas donné ici de retracer le chemin parcouru. Lors de la manifestation qui eut lieu après le deuxième acte de Miguette et sa mère mardi dernier, sa biographie a été détaillée par le secrétaire du Comité organisateur M. De Gezelle — le secrétaire inamovible de tous les comités — ainsi que par d'autres orateurs. Ce fut une avalanche de cadeaux, une débauche de fleurs, qui tressèrent aux pieds de la jubilaire une couronne de sympathie. On se sentait enveloppé par les effluves d'une sincérité I émue, réunissant dans une même étreinte l'artiste fêtée, la direction du Minard, les confrères, les admirateurs sur scène et le public dans la salle. Le Journal de Gand s'associe de tout cœur à cette manifestation méritée et souhaite que durant de longues années encore Mme De Pauw-Van Trappe puisse rester conservée à la cause de l'Art comme à celle de toutes les œuvres d'enseignement et de charité, dont elle fut toujours la prêtresse. B. * * * Aîm0 Butterfly. Ce drame lyrique est de nouveau en pleine vogue. Qui ne désire cette partition sur son piano? On s'en procure une excellente transcription chez l'éditeur Str«yf, rue Digue de Brabant. Le recueil est complet et donne tous les passages en vus. •»# Pianos. Mais certainement I Les salons de la Maison Van Hyfte contiennent des pianos excellents, juste comme avant la guerre. ^lécroiagss Une nouvelle douloureuse s'est répandue en ville ces derniers jours. M. Paul Verbeke, avocat à la Cour d'Appel de Gand, officier à l'armée belge, décoré de la Croix militaire, a été tué au front, le 1G novembre dernier, dans les environs de Nieuport. Mutilé par un obus, M. Verbeke est mort, assisté par l'aumônier de son régiment, après quelques heures de souffrances endurées avec un sang-froid admirable. La conduite brillante de sa compagnie lui valut d'être citée à l'ordre du jour. Le premier parmi les avocats du Barreau de Gandt M. Verbeke s'enrôla en qualité de volontaire. Il était le fils de feu Monsieur le Premier-Président Verbeke et le frère de M. G. Verbeke, substitut du Procureur du Roi en notre ville. Nous présentons à la famille du regretté défunt l'expression de nos plus vives condoléances. * * n Presqu'en même temps parvenait à Gand la triste nouvelle du décès prématuré d'un autre de nos concitoyens, mort lui aussi au champ d'honneur. M. Carlos Verbessem, fils unique de l'avocat et conseiller provincial. Se destinant à la carrière du droit, il avait été amené à faire son service militaire comme étudiant; déjà il comptait, dans les milieux universitaires,de nombreux amis que lui avaient valu tant la serviabilité que la jovialité de son caractère. Il était sur le point de terminer ses études avec succès, et un brillant avenir s'ouvrait devant lui, car il était .bien doué autant que sympathique, quand la guerre le rappela sous les drapeaux. Il fit donc toute la campagne et prit part dans le rang aux combats d'août, de septembre et d'octobre 1914. En ces derniers mois, son esprit d'entreprise hardie l'avait poussé vers l'aviation; il fut. bientôt un audacieux pilote, entreprit quelques expéditions qui le firent remarquer de ses chefs, et fut cité plusieurs fois à l'ordre du jour pour les prouesses qu'il avait accomplies. Hélas, comme à tant d'autres, l'avion devait lui être fatal. Au cours d'un vol au-dessus des lignes allemandes, il fut atteint,mais parvint toutefois à revenir vers le front-belge où son appareil s'abattit sur le sol d'une hauteur d'une centaine de mètres. Le malheureux périt victime du devoir. La croix de chevalier de l'ordre de Léopold lui fut octroyée par notre souverain, sur son lit de mort. Nos condoléances émues vont à ceux que laisse derrière lui celui qui est mort en soldat, en héros !.... Découvertes dans l'Arctique On annonce de Fairbanks (Alaska) que l'explorateur Stefansson a découvert, au printemps de 1916, plusieurs grandes îles arctiques au nord-ouest de la terre de Banks. M. Stefansson revendique ces îles pour le Canada. Un tunne! sous Se Bosphore La traversée des détroits par les chemins de fer est une des questions les plus importantes qui se rattache à la réalisation complète des transports rapides. La méthode actuelle de la traversée par bateau des détroits sur lesquels on ne peut jeter un pont, ne répond plus aux exigences du jour : le transbordement du train au bateau et du bateau au train, le manque de rapidité do3 transports sur mer entraînent des pertes de temps trop considérables. En différents endroits, en Europe et en Amérique, on a construit des navires spéciaux pour le transport de trains entiers de façon à éviter les pertes de temps occasionnées par le transbordement des voyageurs et des marchandises. Les royages de cc genre les jjIus connus sont ceux établis entre Warnemiinde et G jedser ainsi qu'entre Sasznitz et Trillleborg ; en Amérique, on effectue un trajet de ce genre sur une longueur de près de 400 km. entre Florida et Cuba. Il ne faut toutefois pas exagérer la valeur de ces transports; effectués le plus rapidement possible, ils j sont encore plus lents qu'un express; aussi serait-il à souhaiter de pouvoir traverser les détroits par chemin de fer grâce à une communication ferme, soit un pont, soit un tunnel. Deux constructions de ce genre existent * déjà : l'une en Ecosse, sur le Firtg of Forth et l'autre sur le Tay, connu par la terrible catastrophe du 28 décembre 1879. Des tuunels souterrains n'ont pas été construits jusqu'à présent, quoique les projets et plans ne fassent pas défaut. Depuis plus de cent ans déjà, on discute la question du tunnel sous la M anche, qui n'a pas été creusé pour des raisons d'ordre militaire. Des projets de ce genre existent pour le détroit de Messines, de Gibraltar, le Sund, et le détroit de Behring; dans les derniers tempp, la question fut mise à l'étude pour le Bosphore. Comme à Constantinople le Bosphore n'est pas beaucoup plus large que le Rhin à Cologne, où un pont a été jeté, l'idés de relier la capitale turque à Scutari par un pont ou un tunnel n'a donc rien de fantaisiste. Mais dans les circonstances actuelles, il est facile à comprendre que l'idée de l'ancien sultan AbdulHami à de construire un pont sur le Bosphore doit faire place au projet de creusement d un tunnel; il en est de mémo | pour la Manche. Non seulement uu pont est en général plus coûteux qu'un tunnel et présente de grands dan-! gers pour la navigation, mais encore l'expérience acquise | par la guerre actuelle est décisiye en la matière. En 3 effet, en cas de guerre, un pont serait facilement endom-î magé ou détruit par les navires de guerre de l'ennemi, j ses mines, ses sous-marins, ses torpilleurs, ses navires et | ses dirigeables, tandis qu'un tunnel échaperait aux at-| taques ennemies à moins que des espions ne parvien-I nent à faire réussir un complot. I Feuilleton du Journal de Gand 310 Le Comte DE Monte-Cristo PAS ALEXANDRE DUMAS Mais M. le comte de Monte-Cristo m'entoure de soins paternels, et rien de ce qui constitue la vie du monde ne m'est étranger ; seulement je n'en accepte que le brut loin-| tain. Ainsi je lis tous les journaux, comme oin m'envoie tous les albums,, comme je reçois toutes les mélodies ; et c'est en suivant, sans m'y prêter, la vie des autres, que j'ai su ce qui s'était passé ce matin à la chambre des pairs et ce qui devait s'y passer ce soir... Alors, j'ai écrit. — Ainsi, demanda le président, M. le comte ds Monte-Cristo n'est pour rien dans votre démarche ? — Il l'ignore complètement, Monsieur, et même je. n'ai qu'une crainte, c'est qu'il la désapprouve quand il l'apprendra ; cependant c'est un beau jour pour moi, continua la jeune fille en levant au ciel un regard tout ardent de flammes, que celui où je trouve enfin l'occasion de venger mon père. Le comte, pendant tout ce temps, n'avait point prononcé une seule parole; ses collègues le regardaient, et sans doute plaignaient cette fortune brisée sous le souffle parfumé d'une femme; son malheur s'écrivait peu à peu en traits sinistres sur son visage. — Monsieur de Morcerf, dit le président, reconnaissez-vous madame pour la fille d'Ali-Tebelin, pacha de Janina ? — Non, dit Morcerf en faisant un effort pour se lever, et c'est une trame ourdie par mes ennemis. Haydée, qui tenait ses yeux fixés vers la porte, comme si elle attendait quelqu'un se retourna brusquement, et, retrouvant le comte debout, elle poussa un cri terrible : Tu ne me reconnais pas, dit-elle; eh bien ! moi, heureusement je te reconnais ! tu es Fer-nand Mondego, l'officier franc qui instruisait les troupes de mon noble père. C'est toi qui as livré les châteaux de Janina ! c'est toi qui, envoyé par lui à, Constantinople pour traiter directement avec l'empereur de la vie ou de la mort de ton bienfaiteur, as rapporté un faux firman qui accordait grâce entière ! c'est toi qui, avec ce firman, as obtenu la bague dH pacha qui devait te faire obéir par Sélini, le gardien du feu ; c'est toi qui as poignardé Sélim ! c'est toi qui nous as vendues, ma mère et moi, au marchand M-Kobbir! Assassin! ■ assassin! assassin! tu as encore au front le sang de ton maître regardez tous. Ces paroles avaient été prononcées avec un tel enthousiasme de vérité, que tous les yeux se tournèrent vers le front du comte, et que lui-même y porta la main comme s'il y eût senti, tiède encore, le sang d'Ali. — Vous reconnaissez donc positivement M. de Morcerf pour être le même que l'officier Pernand Mondego ? — Si je le reconnais! s'écria Haydée. Oh ! ma mère! tu m'as dit : Tu étais libre, tu avais un père que tu aimais, tu étais destinée à être presque une reine ! Regarde bien cet homme, c'est lui qui t'a faite esclave, c'est lui qui a levé au bout d'une pique la tête de ton père, c'est lui qui nous a vendues, c'est lui qui nous a livrées ! Regarde bien sa main droite, celle quia une large eicatrice; si tu oubliais son visage,tu le reconnaîtrais à cette main dans laquelle sont tombées une à une les pièces d'or du marchand El-Ivobbir ! Si je le reconnais ! Oh ! qu'il dise maintenant lui-même s'il ne me reconnaît pas. Chaque mot tombait comme un coutelas sur Morcerf, et retranchait une parcelle de son énergie ; aux derniers mots, il cacha vivement et malgré lui sa main, mutilée en effet par une blessure, dans sa poitrine, et retomba sur son fauteuil, abîmé dans un morne déses-j poir. | Cette scène avait fait tourbillonner les esprits de l'assemblée, comme on voit courir les feuilles détachées du tronc sous le vent puissant du nord. — Monsieur le comte de Morcerf, dit le président, ne vous laissez pas abattre, répondez : la justice de la cour est suprême et égale pour tous comme celle de Dieu; elle ne vous laissera pas écraser par vos ennemis sans vous donner les moyens de les combattre. Voulez-vous que j'ordonne un voyage de deux membres de la chambre à Janina ? parlez ! Morcerf ne répondit rien. Alors, tous les membres de la commission se regardèrent avec une sorte de terreur. On connaissait le caractère énergique et violent du comte. Il fallait une bien terrible prostration pour annihiler la défense de cet homme; il fallait enfin penser qu'à ce silence, qui ressemblait au sommeil, succéderait un réveil qui ressemblerait à la foudre. — Eh bien, lui demanda le président, que décidez-vous ? — Rien ! dit en se levant le comte avec une voix sourde *— La fille d'Ali-Tebelin, dit le président, a donc déclaré bien réellement la vérité? elle e«t donc bien réellement le témoin terrible auquel il arrive toujours que le coupable n'ose répondre : NON ? vous avez donc fait bien réellement toutes lest-choses dont on vous i accuse ? Le comte jeta autour de lui un regard dont l'expression désespérée eût touché des tigres, mais il ne pouvait désarmer des juges : puis il leva les yeux vers la voûte, mais il les détourna aussitôt, comme s'il eût craint que cette voûte, en s'ouvrant, ne fit resplendir ce second tribunal qui se nomme le ciel,cet autre juge qui s'appelle Dieu. Alors, avec un brusque mouvement, il arracha les boutons de cet habit fermé qui l'étouf-fait, et sortit de la salle comme un sombre insensé ; un instant son pas retentit lugubrement sous la voûte sonore, puis bientôt le roulement de la voiture qui l'emportait au galop ébranla le portique de l'édifice florentin.— Messieurs, dit le président quand le silence tut rétabli-, M. le comte de Moreerf est-il convaincu de félonie, de trahison et d'indignité ? — Oui ! répondirent d'une voix unanime tous les membres de la commission d'enquête. Haydée avait assisté jusqu'à la fin de la séance : elle entendit prononcer la sentence du comte :>ans qu'un seul des traits de son visage exprimât ou la joie ou la pitié. Alors ramenant son voiie sur son visage, elle salua majestueusement les conseillers, et sortit de ce pas dont Virgile voyait marcher les déesses. (A suivre.) i

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Dit item is een uitgave in de reeks Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire behorende tot de categorie Liberale pers. Uitgegeven in Gand van 1856 tot 1923.

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