Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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18 december 1915
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s.n. 1915, 18 December. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Geraadpleegd op 20 april 2024, op https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/nl/pid/4q7qn62h2z/
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Samedi 18 décembre 1913 Jo> centimes le numéro «— . 59me année - N° 352 JOURNAL DE GAND ABONNEMENTS : BELGIQUE : 8 fr. par an ; -î fr. pour six mois ; 2 fr. pour trois moi: Pour l'étranger, le port en sus ' RÉDACTION & ADMINISTRATION : CAND — 3, RUE DE FLANDRE, 3 — CAND TÉLÉPHONE 665 ANNONCES : Voir le tarif iu bis de la dernière page du journal. A travers Gand XIII Quand on quitte la rue longue des Violettes, où résonne le fracas des lourds autos, ou retentit la stridente sonnerie des tramways, et qu on pénétré dans le calme asile du béguinage, on ne peut se défendre d'en goûter te charme de douceur et ue paix. Pour moi, je l'avoue, j'erre a/ec délice autour de la grande prairie, si verte au milieu des rouges pignons, dans les venelles, si mystérieuses avec leurs longs murs blancs et leurs petites portes à judas, et même dans les conventuels jardinets, si joliment vieillots avec leurs bordures de buis et leurs vierges en des chapelles. Cette placide cité des béguines est demeurée inchangée depuis le XVII' siècle, et c'est comme un peu de passé vivant qu'elle abrite dans son enceinte. Les coiffes blanches glissant sous les hauts arbres qui bordent la pelouse, ou s'engouffrant sous la vaste nef de l'église, ont une grâce désuète qui a maintes fois tenté le pinceau de nos artistes: tous les Gantois se souviennent du beau tableau envoyé au Salon de 1913 par Carolus Tré merie, et où celui-ci avait noté, dans toute sa poésie, « l'heure du salut ». Suivons discrètement jusque dans le sanctuaire les béguines chuchotantes, et jouissons du coup d'oeil qu'offrent tous ces visages de cire rose ou d'ivoire jauni inclinés sous la blancheur éblouissante des voiles. Puis arrêtons-nous devant les œuvres anciennes qui décorent la nef, et principalement devant un étrange tryptique, daté de 1596, dû à un peintre local: Horenbault. Cette œuvre curieuse achève l'impression archaïque du milieu, au point qu'on a peine, au sortir d'ici, à réintégrer le présent. Aussi est-ce machinalement qu'on s'attarde à lire les puériles inscriptions qui encadrent les portes, à contempler les géraniums qui fleurissent aux- fenêtres, à dessiner la silhouette d'une sœur passant au fond d'une ruelle, ou le profil d'une maisonnette aux croisillons de pierre. Il nous faut pourtant poursuivre ■ notre promenade. Afin d'échapper pendant quelques instants encore au bruit et au mouvement, nous nous dirigerons, par la rue des Deux-Ponts, vers la Place du Comte de Flandre. Avant de tourner l'angle de la rue longue des Violettes, jetons un regard sur la vieille maison, n" 40, où est établi un estaminet, et qui est un joli type d'habitation gantoise du XVI1' siècle. Nous voici devant la gare, jadis si animée, si joyeuse, aujourd'hui si lamentablement déserte. Le square aussi est morne et triste: jamais le « Gladiateur mourant », sur son socle qu'envahit la lierre, n'a été aussi douloureux que dans ce décor endeuillé et vide. Cette statue, qui fait face au Boulevard Frère-Orban, et que l'on regarde trop peu, comme toutes les statues, est admirable de lignes et d'expression. Elle est l'œuvre de Louis Mast, un sculpteur gantois de grand talent,mort il y a quelques années, et déjà oublié parce que son existence fut irop brève et trop cachée pour qu'il pût s'imposer à la mémoire de ses concitoyens, ni donner toute sa mesure. Son Gladiateur, son portrait du Prince Albert de Belgique (Musée de Gand), ses statues du théâtre flamand, attestent la sincérité de son art et la sûreté de sa technique. Voyez quelle j puissance d'évocation le sculpteur a su met- j tre dans cette figure de guerrier blessé : le torse prêt à se renverser, le bras droit soulevant péniblement le glaive, la main gauche douloureusement appuyée sur le cœur, et jusqu'au visage entrevu sous le masque.' disent la fierté d'avoir bien combattu, plus j encore ■ que la souffrance de succomber ; c'est bien ainsi que devaient mourir, dans un soubresaut d'orgueil et l'exaltation du sacrifice, ceux qui prononçaient le «Ave, Caesar, moriluri te salutant!» L'inscription, à moitié mangée par les lianes, est ici- d'u-ne saisissante mélancolie. Combien, auprès de ce grave et sobre chef-d'œuvre, le monument élevé à Oswald de Kerch'ove par la Société d'horticulture, paraît prétentieux et vulgaire ! Pourtant cette œuvre se réclame de l'un des plus grands noms de la sculpture belge, celui de Jef Lambeaux. 11 est juste de dire que le maître était agonisant quand on inaugura cet édifice et que sa collaboration dut y être bien faible. Nous sommes probablement en présence d'un travail d'atelier, ce qui explique le mauvais goût de la composition et la banalité des figures. A cet égard, la troisième statue qui orne la place du Comte de Flandre face à la ville, est beaucoup plus intéressante.Elle es tdue au ciseau du gantois Van Biesbroeck et s'intitule Excelsior. Il y a beaucoup d'élan et de noblesse dans le mouvement, beaucoup de science et de vérité dans l'ana-!omie de ce corps d'homme tendu vers un 'inaccessible but. LA fSjEKHE Sur le front occidental Communiqué officiel allemand Berlin, 16 décembre. — Combals violents d'artillerie et activité des aviateurs sur la plus grande partie front. Deux petits postes furent attaqués pendant la nuit par les Français près de Bailly, à la rive sud de l'Aisne. Le lieutenant Immelmann a, dans un combat aérien, descendu au-dessus de Valenciennes son septième avion ennemi, un monoplan anglais. L'attaque des aviateurs près de Mulllieim (Baden) d'avant lrer, avait pour but, d'après les rapports français, les installations de la station de chemin de fer. Aucune bombe n'est cependant tombée à proximité, par contre un civil fut tué en ville, un autre blessé. Les dégâts, militaires se résument en quelques carreaux cassés du lazaret. Communiqué olticiel français Paris, le 16 décembre. Rapport de mercredi après-midi. Combais de grenades en Artois! dans le secteur de Roclincourt et près du hameau Chanteclair, entre Oise et Aisne. Nos bombes de gros calibre ont fait exploser un dépôt allemand de munitions au nord de Puis-à-Leine, près de Tracy le Val. Nos batteries ont dirigé leur feu, près de Ban-de-Sapt dans les Vosges, sur des travailleurs ennemis qui essayaient de restaurer les tranchées détruites par notre feu d'hier. A côté des combats aériens d'hier, nos aviateurs ont entrepris le 14 décembre ds nombreuses randonnées. Un de nos avions attaqua un avion ennemi à S-hlett-siadt en Alsace et le chassa: deux autres eurent une rencontre, en Artois, avec trois avions type Albatros dont un fut forcé à descendre. Une de nos escadrilles bombarda Hervilly (Somme) en coopération avec des avions anglais. Rapport de mercredi soir. — Canonnade habituelle sur différents points du front, et plus intense en Artois entre Somme et Ois;. A Ban-de-Sapt, notre artillerie dispersa une colonne ennemie. Nos avions furent ds nouveau très-actifs.Un groupe d'avions français jeta des.bombes sur Habsheim. près de Mulhouse. Communiqué olticiel anglais Londres, 15 décembre. — L'ennemi fit exploser une mine au sud-est d'Ypres.Nous en avons occupé l'entonnoir et chassé l'en nemi. Au sud de Comines, nous avons pris des retranchements ennemis. Nos avions ont attaqué Hervilly. Communiqué officiel belge Le Havre, 16 décembre. — La journée fut relativement calme sur la part.e de notre front au nord de Dixmude. Grande ac-iivilé de l'artillerie vers .Je sud. Nos batteries provoquèrent line forte explosion d'un dépôt de munitions près, de Château de Flanckvert. Sur le front oriental Communiqué o flic tel allemand Berlin, 16 dlcembre. — Groupe d'armée du général feldmaréchal von Hindenburg. Des détachements russes,qui s'étaient avancés jusque dans nos positions, au nord des lacs Dryswjaty, ont été rejetés par une con-tre-aiiaque. Une poussée de l'ennemi, dans !e voisinage de l'embouchure de la Beresi-na, s'écroula sous notre feu d'infanterie. Groupe d'armée du général feldmaréchal prince Léopold de Bavière. La situation est inchangée. Pendant la nuit quelques petites rencontres de patrouilles. Groupe d'armée du général von Linsin-gen. Une attaque ennemie échoua près de Berestiany. Un avion russe dut descendre à la portée des troupes austro-hongroises à l'est de L.uck. Communiqué olticiel autrichien Vienne, 16 décembre.—' L'armée de l'archiduc Joseph-Ferdinand a reposssé une avance russe dans la zone de Karminbiches. Au sud-ouest de Olyka un aviateur a été forcé à descendre et fait prisonnier. Une de nos escadrilles d'avions a jeté des bombes sur la station de chemin de fer d'Anionowka, située sur la route Miedwieze-Sarny et sur la station de Klewan. Le fait eut pour résultat qu'il alluma un incendie à Klewan. Malgré une canonade intense, tous les avions sont retournés indemnes. Communiqué ofliciel russe Si-Fétersbourg, le 15 décembre. — Des aviateurs ennemis ont jetç des bombes près d'Uexkull. Feu d'artilleriejilus intense dans les environs de Jacobsladt. Dans la zone de Riga, notre artillerie repoussa les Allemands de plusieurs positions fortifiées.Rencontre d'éclaireurs à Dnjestr près d'Us-zieczko.Sur le front des Balkans Communiqué officiel allemand Berlin, 1 li décembre.— Les combats se poursuivent avantageusement dans le nord du Monténégro. Les troupes austro-hongroises sont près de Bijelopolje. Communiqué olticiel autrichien Vienne, 16 décembre. — Nos troupes ont rejeté hier l'ennemi au sud-est de Glibaci dans la gorge de Tara. D'autres troupes austro-hongroises ont atteint les hauteurs situées au nord de Bijelopolje èt la zone à mi-chemin de Rozaj Berane, après des combats acharnés: A l'ouest d'Ipek l'adversaire a commencé la retraite vers Plav et Gusinje. Le nombre de prisonniers, communiqué hier, s'est augmenté jusqu'à 900. Sur le front italo-autrichien Communiqué officiel autrichien Vienne, 16 décembre. — Au front du Tyrol et de l'Isonzo, quelques combats isolés d'artillerie. Dans le bassin du Flitsch nos troupes se sont emparées par surprise d'une position italienne avancée. Communiqué olticiel italien Rom;, 16 décembre. Rapport du 15. — Des baiteries ennemis ont bombardé dans ,a vailée de Concei, les positions sur le mont Bies, que nous avons conquises récemment et que nous avons fortifiées. Elle dirigea hier un feu violent contre Loppio, dans la vallée du fleuve Gameras (Etsch ) et contre les villes et localités sur les flancs du Karst, de Gôrz et de Gradisca jusqu'à Monfalcone. Nos batteries ripostèrent énergiquement. Une de nos escadrilles d'avions a j hier des bombes et des flèches dans la vallée de Chiapovano (Idria). En Allemagne Au Reichstag1 Berlin, 14 décembre. — Au Reichstag, M. Helfferieh, secrétaire d'Etai aux finances, a motivé le nouveau crédit de guerre de 10 milliards qui est demandé. Ce projet a été renvoyé à la Commission du budget. En France Rotterdam, 15 décembre. — On télégraphie de Paris que le 'général Gouraud a été chargé du commandement en chef de l'armée en Champagne. On sait que le général Gouraud avait été gravement blessé en juillet, comme commandant en chef des troupes françaises aux Dardanelles. 11 a été amputé du bras droit. En Angleterre i Le, Parliament Bill Le projet de loi prorogeant jusqu'au 31 janvier 1917 la session parlementaire aux Communes, passera aujourd'hui en seconde lecture. Le correspondant parlementaire du « Daily Chronicle » dit qu'on s'attend à une vive opposition des unionistes. \ M. Lloyd George fera une déclaration sur les travaux du ministère des munitions. Remplacement du maréchal French Londres, 16 décembre. — Le feld-maréchal French a été relevé de son command ment, sur sa demande et nommé feld-maréchal des troupes du royaume. Le roi l'a fait vicomte. En son remplacement sir Douglas Haig a élç. nommé commandant enl-Yance et en Flandre. Au Portugal La limitation des heures de travail La « Reuvue Sociale Catholique » écrit : Une nouvelle loi, limitant les heures de travail, vient d'être introduite au Portugal. Le chiffre'des heures de travail le plus élevé est fixé à dix par jour, soixante par semaine"; Les industries à domicile tombent aussi sous l'application de cette loi. Dans les fabriques où les ouvriers doivent faire usage d'étoffes ou de produits asphyxiants, ainsi que les mines, la durée du travail ne peut excéder huit heures pïir jour, quarante-huit feures par semaine. Le travail de nuit (soit de 9 heures du soir à 5 heures du matin) ne peut durer que huit heures et doit être payé comme une journée de dix heures. Les heures de travail supplémentaires ne peuvent être accordées que par un inspecteur du travail et doivent être payées un tiers de plus que les heures habituelles. La nouvelle loi s'est occupée aussi de la réglementation du travail pour le personnel des chemins de fer. La durée de leur service ne peut dépasser douze heures. Aux Etats-Unis Un discour» du président Wilson Dans un discours à Colombus, Wtlson a déclaré qu'il semble que les Etats-Unis doivent être la réserve de force mondiale après la guerre, sous le rapport financier et économique. Il semble qu'au moment de la res tauration européenne, les Elats:Unis seront ; appelés à fournir une foule de choses que l'Europe trouvait antérieurement sur son territoire. La paix devra donc, dans l'intérêt des Etats-Unis, contenir des garanties de stabilité. Si l'Amérique reste en termes amicaux avec tous les pays, elle pourrait servir d'intermédiaire entre les belligérants. L'expansion américaine en Chine Le gouvernement chinois va établir sur son territoire un réseau ferré de 4,000 milles. La construction des voies ferrées était confiée jusqu'à présent à des ingénieurs européens et exécutée au moyen de matériel européen. Le gouvernement chinois a décidé de confier ces travaux à l'Amérique et un ingénieur du département des chemins de fer, M. Hsia, est.parti pour Pittsburg, dans le but de confier l'entreprise à des maisons américaines. C'est un nouveau champ immense d'exploitation ouvert à l'industrie américaine. En Perse Service obligatoire D'après des nouvelles de Téhéran arrivées à Constantinople, on introduit le service obligatoire en Perse. Les Persans résidant à Constantinople ont reçu l'ordre de se présenter sans retard au consulat pour passer devant le conseil de revision. Au canal de Panama Le gouvernement des Etats-Unis vient, d'après un télégramme du « New-York Herald », de fiexer la reprise de la navigation par le canal de Panama au 15 janvier prochain.Meurtre à Nederbrakel Dans le hameau « Kruisstraat », sur la route menant vers Paricke habitait la femme Verleyen, cultivatrice, âgée de 70 ans. Elie passait pour avoir assez bien d'argent. logeait chez elle une fillette de dix ans. Dans la nuit de lundi à mardi, neuf ban-lits masqués .pénétrèrent dans la demeure. La fillette fut garottée. La femme fut assommée à coups de bâton. Les bandits fouillèrent la maison, mais ne trauvèrent rien. - Le crime fut découvert mardi matin : la fillette était encore en vie et fut délivrée. l e parquet s'est rendu sur les lieux ; des arrestations sont imminentes. Conseil communal <le Garni Séance du 13 décembre. Le Conseil : 1 ) Emet un avis sur diverses réclamations en matière d'impositions communales. 2) Accorde à Mad. De Sweemer Elise, veuve de M. S. D'Havé, de son vivant agen, de police, une pension de 217 francs; à-la Dame Van den Broucke Rachel, veuve de M. A. J. Couvreur, en son vivant commissaire de police, une pension de 1712 fr. 3) Accorde une nomination définitive à: Mlie G. Sprangers, institutrice communale: Mlle P. De Vaere, P. Ely. L. Claessens, H. Maréchal, H. Dhondt et H. De Cavel. maîtresse de couture aux écoles du soir : . Mlle L. Claessens et Mad. Van der Cruys-sen-Maenhout maîtresses de coulure aux , écoles du dimanche. j 4) Charge définitivement M. G. De Ruelle du cours de dessin aux écoles payantes rue Basse et Place du Béguinage. 5) Nomme M. le commissaire en chef Van Doosselaere membre de la Commission des Pensions, en remplacement de M. Van Wcsemael, et renouvelle les mandats de M. Feuilleton du Journal de Gand 173 Le Comte DE Monte-Cristo PAR ALEXANDRE DFMAS — Ah ! pardieu ! dépréciez les dîners des autres, avec cela qu'on dine bien, chez vos ministres. — Oui, mais nous n'invitons pas les gens comme il faut, au moins; et si nous n'étions pas obligés de faire les honneurs de notre table à quelques croquants qui pensent et surtout qui votent bien, nous nous garderions comme de la peste de dîner chez nous, je vous prie de croire. Alors, mon cher, prenez un second verre de xérès et un autre biscuit. — Volontiers, votre vin d'Espagne est excellent; vous voyez bien que nous avons en-tout à fait raison de pacifier ce pays-là. — Oui, mais don Carlos? . — Eh bien ! don Carlos boira du vin d : ———^———3 Bordeaux, et dans dix ans nous marierons son fils à là petite reine. — Ce qui vous vaudra la Toison-d'Or, si vous êtes encore au ministère. — Je crois, Albert, que vous avez adopté pour système ce matin de me nourir de fumée.— Eh! c'est encore ce qui amuse le mieux l'estomac, convenez-en; mais, tenez, justement j'entends la voix de Beauchamp dans l'antichambre, vous vous disputerez, cela vous fera prendre patience. — A propos de quoi? — A propos de journaux. Oh! cher ami, dit Lucien avec un souverain mépris, est-ce que je lis les journaux ! — Raison de plus, alors vous vous disputerez bien davantage, — M. Beauchamp! annonça le vale: de chambre. — Enrez, entrez! plume terrible! dit Albert en se levant et en allant au-devant du jeune homme. Tenez, voici Debray qui vous déteste sans vous lire, à ce qu'il dit du moins. — Il a bien raison, dit Beauchamp, c'est comme moi, je le critique sans savoir ;e qu'il fait. Bonjour, commandeur. — Ah! vous savez déjà cela, répondit te i secrétaire particulier en échangeant avec le journaliste une poignée de main et un sourire.- Pardieu! reprit Beauchamp. - Et qu'en dit-on dans le monde? - Dans quel monde? Nous avons beaucoup de mondes en l'an de grâce 1838. Eh ! dans le monde critico-politique, dont vous êtes un des lions. — Mais on dit que c'est chose fort juste, et que vous semez assez de rouge pour qu'il pousse un peu de bleu, - Allons, allons, pas mal, dit Lucien: pourquoi n'êtes-vous pas des nôtres, mon cher Beauchamp; ayant de l'esprit comme vous en avez, vous feriez fortune en trois ou quatre ans. — Aussi je n'attends qu'une chose pour suivre votre conseil. C'est un ministère qui soit assuré pour six mois. Maintenant, un seul mot, mon cher Albert car aussi, bien faut-il que je laisse respirer le pauvre Lucien. Déjeunons-nous où dînons nous? J'ai la chambre, moi. Tout n'est pas rose comme vous le voyez, dans notre métier. — On déjeunera seulement; nous n'attendons plus que deux presonnes, et l'on se mettra à table aussitôt qu'elles seront arrivées.— Et quelles sortes de personnes atten dez-vous à déjeuner? dit Beauchamp. — Un gentilhomme et un diplomate, re prit Albert. — Alors c'est l'affaire de deux petite heures pour le gentilhomme et de deu: grandes heures pour le diplomate. Je re viendrai au dessert. Gardez-moi des frai ses, du café et des cigares. Je mangerai un côtelette à la chambre. - N'en faites rien, Beauchamp, car 1 gentilhomme fût-il un Montmorency, et 1 diplomate un Metternich, nous déjeuneron à onze heures précises: en attendant faite comme Debray, goûtez mon xérès et me biscuits. — Allons donc, soit, je reste. 11 faut ab solument que je me distraie ce matin. — Bon, vous voilà comme Debray! il ni' semble cependant que lorsque le ministèr est triste l'opposition doit être gaie. — Ah! voyez-vous, cher ami, c'est qu vous ne savez point ce qui me menace. J'en tendrai ce matin un discours de M. Dan glars à là chambre des députés, et ce soir chez sa femme, une tragédie d'un pair d France. Le diable emporte le gouvernemen constitutionnel! Et puisque nous avions I choix, à ce qu'on dit, comment avons-nou choisi celui-là ? — Je comprends; vous avez besoin de .aire provision d'hilarité. — Ne dites donc pas de mal des d'scours 5 de M. Danglars, dit Debray: il vote pour vous, il fait de l'opposition. — Voilà, pardieu, bien le mal! aussi j'at-linds que vous l'envoyiez discourir au Lu- > xembourg pour en rire tout à mon aise. r- Mon cher, dit Albert à Beauchamp,on voit bien que les affaires d'Espagne sont | arrangées, vous êtes ce matin d'une aigreur ' révoltante. Rappelez-vous donc que la chro-* nique parisienne parle d'un mariage entre ' moi et mademoiselle Eugénie Danglars. Je 5 ne puis donc pas, en conscience, vous laisser mal parler de l'éloquence d'un homme qui doit me dire un jour: « Monsieur le vicomte, vous savez que je donne deux mil-: lions à ma fille. » : — Allons donc! dit Beauchamp. ce mariage ne se fera jamais. Le roi a pu le faire ; baron, il pourra le faire pair, mais il ne le - fera point gentilhomme, et le comte de Mor- - cerf est une épée trop aristocratique pour , consentir, moyennant deux pauvres mil-; lions, à une mésalliance. Le vicomte de { Morcerf ne doit épouser qu'une marquise. — Deux millions! c'est cependant joli, 5 reprit Morcerf. (A suivre.)

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Dit item is een uitgave in de reeks Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire behorende tot de categorie Liberale pers. Uitgegeven in Gand van 1856 tot 1923.

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