Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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s.n. 1914, 22 Juli. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Geraadpleegd op 25 april 2024, op https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/nl/pid/4j09w0b882/
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Mercredi 22 juillet 1914 5 centimes le numéro 58me année - N° 203 JOURNAL DE GAND ABONNEMENTS : BBIAHQUI : 15 fraaot par aa ; 7-50 fnuiot paar tfx mois ; 4 francs pour trot* Mil P*ur tétranger, le yoi i ei< sut RÉDACTION & ADMINISTRATION : a RUE DE FLANDRE, 3. GAND TÉLÉPHONE «65 ANNONCES' Voir le tarif au bas de la dernière page du journal. e Syndicalisme Ulirétien Le syndicalisme chrétien ? Encore une achine de guerre cléricale. Seulement, îst une machine de guerre que les con-rvateurs cléricaux commencent un peu regarder comme un cheval de Troie dont urrait bien sortir un jour pour eux l'en-mi. Au Congrès des Unions profession-îles chrétiennes, qui vient d'être tenu à ind, le secrétaire général, le Père Rut-i, n'a-t-il pas annoncé que les ouvriers tholiques syndiqués étaient au nombre plus de 102,000 ? Mettons, comme le pré-ident les socialistes, que l'on ait gonflé, ns une certaine mesure, les effectifs des ndicats chrétiens, il semble bien qu'un and effort d'organisation ouvrière vienne itre fait. ^'inquiétude des industriels catholiques ixplique dès lors. Le P. Rutten et ses laborateurs ont beau se porter garants parfait esprit de conciliation et de sou-ssion des ouvriers eju'ils ont embrigadés ns leurs syndicats, les conservateurs ne it pas plus rassurés qu'il ne faut. Zar enfin contre qui ces ouvriers sont-ils ganisés ? Contre les socialistes, répon-nt leurs meneurs. Nous voulons conser-r ces travailleurs croyants dans leur foi igieuse et les préserver des idées révo-ionnaires.1 se peut que telle soit leur intention, mtisocialisme n'est qu'une doctrine pu-nent négative. Est-il bien certain que les vriers catholiques s'en contentent ? Ne it-ils pas cçmvaincus, au contraire, 'on les a organisés dans un but positif, Lir augmenter leurs salaires et amélio-■ leurs conditions de travail tout comme ouvriers socialistes ? C'est tellement ti que le programme des syndicats chré-is, au point de vue des réformes prati-îs et immédiates, ne diffère guère de ui des syndicats socialistes. Or, que peut->ortir de cet état d'esprit, si oe n'est la te contre le patronat ? )t l'histoire de ces dernières années prou-qu'id en est bien ainsi. Les grèves orga-ées par les syndicats chrétiens — par-i de commun accord avec les syndicats ialistes — deviennent de plus en plus nbreuses, surtout en pays flamand. Il n a eu à Roulers, à Iseghem, à Ingel-nster, à Turnhout, à Malines, à Gand, à ereghem et, en dernier lieu, à Warmi-taine, dans le Luxembourg. convient peut-être de faire remarquer certaines do ces grèves ont été décla-5 avec une arrière-pensée politique. A ilers et à Iseghem, par exemple, il était ble que les chefs occultes du syndicale chrétien, politiciens et prêtres, dirigent surtout le mouvement contre les in-triels libéraux parce que libéraux. Je suis laissé raconter par un libéral bien cé pour être exactement renseigné aux élections de 1912, dans un arrondis-lent de la West-Flandre, les libéraux tient les chances les plus sérieuses de ^e passer un de leurs candidats. L'arron-sement comptait un certain nombre d'in-rtriels libéraux et on croyait pouvoir ri'pter sur les voix des ouvriers socialis-, des ouvrierSi indifférents, et même sur es d'un certain nombre de travailleurs tés croyants. >ue firent les cléricaux pour éviter un iec électoral, qui eût eu, en ce moment, > grande répercussion? Ils firent venir Gand des meneurs de syndicats chré-19. Ceux-ci engagèrent, peu avant les ïtions, une > campagne pouf le relèvent des salaires. Ils représentèrent les rons libéraux comme les pires des ex-iteurs alors que dans cette région de la ndre, on payait des salaires plus élevés chez un industriel catholique gantois l'on a toujours laissé parfaitement îquille. La grève éclata et fut, du reste, lue. Le jour des élections, les ouvriers, •is, votèrent en masse contre la liste raie. La farce était jouée. est donc bien certain que les syndicats itiens ont été créés dans un but politi-et religieux. Ce que l'on cherche avant , c'est de fortifier les • sentiments con-ionnels des ouvriers catholiques ou )t'd'exciter leur fanatisme et de faire x de fidèles électeurs du parti clérical, •ur s'en convaincre, il suffit de savoir s sont les hommes qui ont fondé des licats chrétiens et quels sont ceux qui iirigent encore actuellement. C'est M. îputte, c'est M. Arthur Verhaegen, ce des prêtres, ce-sont-des moines. Au ier Congrès syndical de Gand, nous ns figurer au premier plan le cardi-irchevêque de Malines, les; délégués )us le3 évêques de Belgique, des curés ■S religieux en grand nombre, M. Carie Wiart, des députés et des sénateurs 3a.ux qui ne passaient pas jusqu'ici brûler d'une ardeur démocratique grande. quand le syndicalisme chrétien est-il au monde? Au lendemain des émeu-;t des révoltes ouvrièrfes du pays de leroi et du pays-de Lidge, après 1886 187. Le mouvement s'accentua après lorsque, le régime censitaire étant , les ouvriers devinrent électeurs, i longtemps que la classe ouvrière de que ne .se manifesta ni conïme force utionnaire, ni comme foï'ce politique ctorale, l'Eglise et lie parti clérical ne îperen pas d'-elle, si ce n'est pour l'aumône aux plus pauvres qui al-à la messe, se confessaient et com-nent régulièrement. Aujourd'hui, pour attre le socialisme, l'Eglise lui em-e une grande partie die son program-presque tous ses moyens d'action. a des conservateurs que cette tacti-îquiète de plus en pl lis. Us se conso-nt sans doute assez facilement de voir 'ndiqués catholiques ffoire grève oon-m ou l'autre industriel libéral. Mais s assure que ces syndicats, qui dispo-maintenant d'une organisation, en: ont là et qu'ils ce borneront à ne série les desseins politiques de ceux qui tènent? Ne seront-ils pas enclins à de leur force syndicale aussi pour êmes, .pour relever leurs salaires, et ■T contre les patrons cathodiques com->ntre les autres ? i des conservateurs, bien des patrons îques estiment que l'Eglise joue en ment avec le feu. Et leurs*; apprôhen-s°nt grandes. ^enir nous dira dans quelle mesure yient justifiées-. , j IGNOFUS ECHOS Soyez bon pour, etc... _ , L'Espagne n'est point — loin: d< là ! — 'un pays barbare. On y mè ne, tout comme chez nous, le boi combat "ontre l'œillère. Et Madrid, a s< S P A- Elle est même sur de point d'en avoii deux. Une nouvelle Société sera prochainement crétîe qui encouragera les bons oo cners, gourmanoera ies nruies ei eienart sa sollicitude aux chats, aux chiens, au: mouches à qui nous faisons la guerre. Mais voilà! Celte Société voudrait biei «partir avec un petit capital ». Elle orga nise donc, 'avant de s'organiser un béné fice, un spectacle populaire. Et naturellement, elle a choisi de don ner... une magnifique course de tau reaux 1 %u% Le bien-dormir.: C'est un art. Nous le trouvons fornAilé de la sorte : Poser sa têto bas, afin quelle sang aif-flue d'une façon régulière au cerveau ; Ne pas lever les bras au-dessus de la tête, posture évidemment gracieuse, mais qui fatigue le thorax, contracte le cou, rend la respiration courte et saccadée ; Ne pas replier les jambes, ne pas les croiser; ne jamais relever les genoux. Enfin, — et voici l'important : prendre !e milieu du lit pour que chaque muscle ait un appui sûr et ses mouvements libres. Mais il faudrait donc être seul. Vous rappelez-vous le Triplepatte de Tristan Bernard ? Il vient de se lever. 11 énouse ce matin même. 'Et, très mélancolique, contemplant son lit de garçon : — J'y étais si bien! J'avais le droit de m'y étendre en large, en travers... Hélas! Je n'y serai phis chez moi, désormais ! Tous les soirs, tous les soirs, une personne étrangère y pourra prendre pflace... Faire lit à part ? Je désobligerais cette personne étrangère... Alors, décidément, je reste... Et Triplepatte se recouche. Et Triple-patte n'ira pas à la mairie. S'il en est temps encore, que son exemple vous serve de leçon ! ww L'esprit et la matière. M. Weisheimer, qui fut un familier du maître de. Bayreuth, raconte qu'après avoir dirigé un concert ou une répétition, Wagner était pris d'une faim incoëroible ; i. courait à la brasserie, se faisait apporter une soupière remplie d'un plantureux potage et ne disait pas ouf ! avant de l'avoir vidée. Aux amis qui s'émerveillaient de sa réceptivité, il répondait que quand l'esprit a travaillé beaucoup, le corps a besoin de compenser la perte avec une quantité égale de matière. Gcethe professait une pareille doctrine et ne manquait jamais de s'offrir un repas copieux après une forte dépense intellectuelle. Bismarck était de la même école, mais avec une nuance. Ce mangeur gargantuesque se surpassait lui-même après le travail, mais commençait souvent par croire que la fatigue lui coupait l'appétit. Un jour qu'il avait invité plusieurs grands fonctionnaires, comme il se répandait en lamentations et faisait la petite bouche, ses hôtes crurent d'abord que cette fois il disait vrai et que l'excès de travail avait eu raison de lui ; déjà on s'apprêtait à le plaindre quand tout à coup, il se mit à la besogne et se jeta sur les mets avec un tel entrain que la princesse dut intervenir et le rappeler à la modération. Il est bien juste qu'après avoir été à la peine, les grands travailleurs soient au plaisir. vw* Au Salon : — Que dis-tu de ce tableau de notre ami X... ? — Je dis que je préfère «l'ami» à la (( croûte » l Propos llisïfail POUR LES POLONAIS Une bonne Vlaamsche Gazet estime donc que des Polonais, Serbes, Bulgares et autres jeunesses des petites nations lointaines et souvent opprimées seront dans le ravissement à l'idée qu'on leur offre à Gand yne Hooge School de derrière les tonneaux de faro. Attachés en ce qui les concerne au langage de leurs pays, ces jeunes gens viendront fraternellement partager à l'Université de Gand flamandisée la langue — plutôt pâteuse — d'Emmanuel Hiel. Ils apprendront le flamand avec enthousiasme, diront schilcl en vriend, eendracht inic-mac, et autres abradabras cabalistiques. Et cela donnera gloire et profit à l'Université, pardon,, la Hooge School de Gand. Enfin, si la Pologne trouve son compte à l'opération, ce sera une consolation à la pensée que tant de jeunes Belges n'y trouvent pas le leur. La Pologne sera enchantée — Vive la Pologne ! Monsieur, — et seront enchantés les deux douzaines de savants (hum !) flamingants et jusqu'ici sans place au bénéfice de qui se fait toute cette agitation. Mais si on nous sert l'argument polonais, serbe, etc., ne serait-il pas plus simple de poloniser, de bulgariser, etc., l'Université de Gand ; quant aux professeurs flamingants, qu'on les colle chacun derrière un comptoir de cabaret à lambic, ils y feront merveille. Et là, comme dans une chaire familière, ils auront toutes occasions d'évangéliser le peuple flamand. Pour regarder de plus près et plus sérieusement l'argument de la Vlaamsche Gazet, on s'aperçoit qu'il comporte cette illusion qu'un peuple est fait pour une langue, et non une langue pour le peuple. Les droits du Flamand, qu'est-ce que c'est que ça ? Mais il y a certainement les droits des Flamands, par exemple à être élevés en français qui est une de leurs deux langues nationalesv,Etre attaché à une langue pour elle-même, c'est de la naïveté ; nous ne sommes attachés au français que pour les Idées dont il est le seul véhicule possible, que pour la «probité de son génie», les vertus qui émanent de lui, que parce qu'il est la seule clef qui nous donne accès parmi tant d'artistes et de savants. A part cela — simplement — toutes les lanKyes^se^vale^it,.jfclLon^ devrait tenir ju tant a son langage dans le temps que dans l'espace, ie veux dire que la piété due au langage des pères et nous ferait écarter les langages étrangers nous contraint à n'y pas tolérer de changement. Car le français du quinzième siècle — par exemple — nous est un peu moins compréhensible que l'italien d'aujourd'hui. C'est pourquoi ni Polonais, ni Serbes ne sont, ne seront dupes du sophisme du droit des langues. Sympathiseraient-ils avec les Flamands opprimés ? Peut-être, encore que cela soit bien platonique, mais si, intervenant dans la question comme s'ils tombaient de la lune, ils avaient à parler, que pourraient-ils dire, sinon : « Vous n'êtes pas opprimés dans votre patrie, certes non, vous y êtes les maîtres. Vous avez historiquement deux langues, admettez que nous nous attachions à l'étude du plus utile. » Du plus utiler^simplement ; le langage est un instrument, vénérable, si vous voulez, mais un instrument, et les Polonais (va pour les Polonais !) ne viennent pas chercher chez nous autre chose qu'un instrumenta BOBBY. Télescopage sur la Voie ferrée SIX MORTS, h- TRENTE BLESSES Toulouse, 2t. — Un train venant d'Auch et celui venant de Bayonne, se sont pris en écharpe hier soir, vers 9 heures, près du pont d'Empalot, à 5 kilomètres de Toulouse. Trois wagons ont été réduits en miettes. Six voyageurs, dont deux militaires, ont été tués. Leur identité n'est pas encore établie. Trente personnes ont été blessées, dont plusieurs grièvement. Elles ont été transportées à l'hospice des aliénés de Bra-queville, proche du lieu de la rencontre, et à l'hôpital de Toulouse. ' On travaille au déblaiement des voies. Dès que la nouvelle de l'accident a été connue, un train de secours a quitté la gare de Toulouse pour se rendre sur les lieux. Le drame du « Figaro » Après de longs mois d'attaques contre M. Cail-laux, attaques basées sur des faits publics et poétiques et qui, toutes, ont, en tout cas, abouti à de profondes déconvenues et se terminèrent Par d éclatants démentis appuyés de toutes, les preuves nécessaires. M. Calmette écrivait, le ' 10 mars, en tête de son journal,'ces mots qui ont déterminé sa mort : « C'est l'instant décisif où il ne faut reculer devant aucun pcoceSé, si pénible qu'il soit pour nos habitudes, si réprouvés qu'ils soient par nos manières et nos goûts. » Ces mots dominent les débats. Ils ne seraient pas suffisants pour just fier un crime froidement prémédité. Ils peuvent expliquer chez une femme et chez une femme de nature aussi manifestement impulsive et vindicative que Mme CaiUaux les pires et plus violentes exaspérations.Tels sont les éléments moraux de cette affaire qui passionne la France, enfièvre Paris et excite la curiosité du monde entier. Au moment où s'ouvre l'audience, midi vingt-cinq, le prétoire est plein à craquer. Tout le jeune barreau de Paris est lù, petites avocates coquettes, à la mine futée, et petits «maîtres», turbulents, envahissants, encombrants, malaisément disciplinés par leur bâtonnier Henri Robert et apportant au Palais, en cette journée mémorable, toutes les turlutaines nationalistes, qui l'agitent, et les indignations bruyantes du snobisme si fort à. la mode chez Thémis. Car il est convenu, n'est-ce pas? que Thémis est une intellectuelle, voire une précieuse, et que Marianne est une personne du commun, dont les tenants, quels qu'ils soient, ne sont que croquants.C'est ce petit barreau qui fait en cet instant l'opinion publique. Aussi. M. le président Alba-nel jugea-t-il nécessaire, dès l'ouverture de l'audience, de faire un appel, dont le ton ne semble pas plein d'une robuste confiance, au silence, au calme, à l'impassibilité du public, indispensables au respect dû a la justice. Nous venons bien. L'attitude de Mme Caillaux apparaît tout d'abord exempte d'anxiété. C'est une nature fine, nerveuse, blonde; mais on comprend tout de suite, en l'entendant raconter et assez longuement au jury ses déboires humains et mondains auxquels elle a été en butte dès le début de son mariage, des faits, des diffamations qu'elle rencontra sur sa route, a chaque pas. au dehors, dans le monde, dans son home, qu'elle n'est pas femme à s'abstraire des mauvaises paroles qui ne peuvent manquer d'atteindre un financier d'ans la politique, ni a faire face aux nécessités qui s'imposent à la compagne d'un 'homme d'Etat. Elle n'est pas de force. Elle est essentiellement «femme» et rien de ce qui est fénrnin ne semble lui être étranger. Elle est profondément émotive, prompte aux grands mouvements d'âme, s'y complaisant, susceptible et d'esprit un peu enfantin. I.e dn>but de la plaidoirie qu'elle adresse au jury sous prétexte de répondue à un interrogatoire, est un peu saccadé, coupé par son oppres-sion, qui hache en menus morceaux les phrases les plus simples. Mais peu à peu l'émotion qui l'étreint fait place à une parfaite fc>sur;ince et Mme Caillaux fait un discours dont l'ordonnance impeccable n'est plus interrompue que par des retours d'émotion aux r-.ssages douloureux du récit. Le débit s'anime : le geste se fait abondan. et môme éloquent. Et de plus en plus nous apparaît le caractère véritab'e du geste qui coûta la vie à M. Ca'mette. C'est celui d'une femme, d'une femme du monde qui prend le monde trop au sérieux et n'entend pas admettre nue quelque chose au monde puisse ayoir p:^ d'importance que les sentiments et les res en-timents de son cœur. Elle parle, bref, une langue d'une curieuse correction grammaticale. La phrase coule claire, simple, ne se perd pas dans les incidences et se términe toujours sans nulle obscurité.. L'impression du public ne la laissa pas un instant indifférente. Elle tourne souvent la tête vers cet océan de têtes qui l'entoure de toutes parts : journalistes — nous sommes ici plus de cent cinquante — avocats — ils sont trois cents au moins, — magistrats, gens du Palais et de la politique. L'espace qui s'étend derrière le président ect Comble et contient au moins cent personnes encore. Et cette fragile « Caillette » a parfaitement oublié le jury qui est en face d'elle et qui doit l'absoudre ou la condamner, pour ne plus penser qu'au Paris de ses fausses joies et de ses plaisirs mondains qui la guette de l'autre côté de la salle. C'est pour lui et pour lui seul qu'elle vit, qu'elle respire,, pour lui qu'elle a tué. Ce n'est qu'une pauvre «petite femme» qui comptait parmi les astres de la politique, parmi les princesses de la République et qui a tremblé si fort pour son auréole qu'elle en a perdu la tête et qu'elle a tué. Et rien n'est plus piquant que la si grande émotion que soulève en ce moment une si petite histoire. . Il y a évidemment quelque chose de très puéril en tout cela et ce singulier interrogatoire qui, de plus en plus, tourne au soliloque, réduit véritablement à bien peu de chose l'intérêt de cette affaire qui éveille la curiosité du monde .entiec. — ■ . "Gepëhdânt voici qu'il est 2 heures et le président suspend les débats pour vingt minutes. Mme Caillaux, sans une faiblesse de l'esprit, sans une défaillance du corps, parle depuis le début de l'audiience. Peut-être parviendrait-on à retrouver dans son discours des traces de la pensée de son défenseur, voire de son mari. Mais à coup sûr, ce n'est guère et c'est, avant tout, avec la petite âme de Mme Caillaux elle-même que nous venons d'être en communica-i tion. Rien ne saurait donner une idée précise de la minutie des douleurs dont elle nous fait part. Elle en a fait la statistique. N'a-t-elle pas dénombré les articles dirigés contre son mari par Le Figaro? Il y en a eu cent trente-huit en quatre-vingt-quinze jours. Son premier mouvement d'émotion — mais n'y sentait-on à la vérité un peu moins de spontanéité que dans les passages où n'était en cause que sa situation mondaine — marqua le passage où elle affirma que la très copieuse fortune dont jouit le ménage Caillaux, fortune qu'il détient de ses ascendants, est et ne s'est pas augmentée depuis l'accession de M. Caillaux au ; ministère. A la bonne heure ! voilà une affirmation qui nous rassure tout à fait ! A La reprise de l'audience, nous voici arrivés à la conversation de Mme Caillaux avec le président Monier, cette conversation au cours de laquelle il atteste à Mme Caillaux qu'il était impossible, en France, de se fairé protéger efficacement par la loi contre Les diffamations lorsqu'on occupe une certaine situation et qu'il termina, affirma-t-elle, en disant qu'étant donnés le régime légal et judiciaire et le tempérament des Français, il était incompréhensible que beaucoup de gens ne cassent pas la figure. M® Chenu, avocat de la partie civile, qui interrompt à diverses reprises pour nier que M. le président Monnier ait tenu ces propos, semble y attacher vraiment plus d'importance qu'ils ne méritent. Les faits sur lesquels Mme Caillaux appuyé le plus, et cela est dans la logique de son caractère, sont les faits d'ordre sentimental : c'est avant tout par la crainte qui l'affolait de voir son mari tuer un homme, car M. Caillaux n'avait-il pas déclaré qu'il irait « casser la gueule » à Calmette, qu'elle attribue le délire qui l'a conduite au meurtre. Le contre-ordre qu'elle envoya à l'ambassade d'Italie, où elle devait dîner, l'achat du browning chez Gastine Renette, ainsi que la lettre adressée par elle à son mari pour lui dire qu'elle allait «faire justice». Dolente et montrant sur ses traits de tragiques épouvantes, Mme Caillaux ajoute que, dans sa pensée, « faire justice » n'était nullement synonyme de «tuer » et qu'elle n'était pas résolue, en sortant de chez elle, à tirer sur M. Calmette. Mme Caillaux, très maîtresse d'elle-même, commence, au souvenir de la minute du drame, à se laisser gagner par l'émotion. Son teint, pâle d'abord, rosit peu à peu ; des sanglots lui montent a la gorge ; eue ne reponu p u» par des mots entrecoupés aux question» du président qui, maintenant, interroge d'abond-Mi-ce. Et le quasi-miutisme de ce moment-ci répond sans doute dans la pensée de Mme Caillaux à l'inconscience de ce moment-là. Voici pourtant qu'elle se reprend pour expll-•quer au jury que, de toutes les manières. Il est impossible d'admettre que la femme qu'elle est ait pu « vouloir tuer ». « Je ne suis pas une enfant, dit-elle, et comment admettre que j'aie pu vouloir tuer, alors que je suis si bien en état de me rendre compte des conséquences d'un tel acte pour moi-même, pour mon mari, pour ma fille. » L'argument, en effet, est de ceux qui animent les débats. Il est bien difficile de n'être pas frappé par sa valeur irréfragable. Mme Caillaux dit vrai ici, comme elle disait vrai en parlant du browning dont les six balles partirent dans la direction de M. Calmette. C'est effrayant 1 « ça part tout seul », disait-elle. Mais ce dernier argument, si juste et si vé-ridique pourtant, amena quelques sourires dans le public peu initié au réel danger de cette arme un peu épileptique, en effet. L'interrogatoire de Mme CaiUaux se termine dans un sanglot où s'entremêlent les protestations et les regrets, mais qui n'ajoute rien, en vérité à l'impression produite par cet interrogatoire mené avec la sûreté et le sang-froid d'un vieux procureur par la plus irrésistiblement impulsive des mondaines nerveuses. Car telles sont les contradictions du cœur humain. Et voici que le premier acte de cette grande première est joué Nous n'entendrons plus aujourd'hui, à part M. le'président, que des rô.'es de troisième plan, M. Carpin, le commissaire de police; MM. Cadestin, Boulai, gardiens de la paix, gens robustes et de bon aloi, qui viennent raconter, simplement, bonnement, honnêtement, l'arrestation de Mme Caillaux, dont nous avens lu vingt fois tous les détails, que nous connaissons par le menu et dont le récit nouveau ne nous apporte rien qui vaille. Si, pourtant. Répondant à une question précise de la défense, ils précisent avec Unanimité le point sur lequel M° Labori insiste avec tant de raison. A tous trois, Mme Caillaux, dans l'émotion intense du premier moment, un de ce? moments où on ne ment pas, où on ne joue pas la comédie. Mme Caillaux a affirmé qu'elle avait encore une balle dans son browning.Ah! ce browning ; par mon «ainme», quel drôle de pistolet ! C'est la plus décevante des armes, il faut n'avoir jamais eu en mains un «rigolo» de cette espèce-là pour ignorer véritablement que dans l'action.on ne sait vraiment pas ce qu'il fait et qu'il est presque plus difficile de l'arrêter ciuand il a commencé son tir que de le laisser continuer ce qu'il fait. Mme Caillaux a dit aux agents qu'il v avait encore dans son arme une balle. Il n'est pas douteux qu'elle ait été parfaitement sincère. Et voilà M® Labori bien fort d'une constatation qui prouve que c'est tout à fait inconsciemment que Mme Caillaux a tiré au moins l'une des deux dernières balles, l'une de ces deu> dernières balles auxquelles M. Calmette dut 1; mort... La défense a marqué un point et qufi point ! Mais voici venir M. le président Monier. Petit, trapu, allègre en sa gravité profession-nelle, le menton rasé, la moustache en brosse, le port de tête en bataille, les ïambes solidement campées au sol, la tenue du modesle magistrat de carrière, M. le président marque trèw bien, sous un air de décision, l'embarras de la déposition qu'il va faire Accoudé à la barre — car vous savez, n'est-ce pas, qu'en ce beau pays de France que nous aimons tant et qui est le pays des attitudes, il y a, au milieu du prétoire, une barre pour les témoins — accoudé à la barre, penché vers le jury, dans la plus correcte et la plus légale déférence. M. le président raconte, leur raconte comment il a nu. lui magistrat, être amené à blaguer la loi elle-même.On sait crue, croyant se rendre à l'invitation de M. CaiUaux, ministre, il se rendit à l'invitation de Mme Caillaux et que c'est après l'avoir consulté et avoir appris de lui qu'elle était sans moyen légal de défense possible contre M. Calmette qu'elle a fait ce qu'elle a fait. C'est une aventure fort désagréable tout de môme pour un magistrat. « Comment, en effet, par quel » moyen légal empêcher un homme d'écrire c,:> » qu'il lui plaît? Comment l'empêcher, l'ayant «écrit, de le faire composer? Comment l'ayant » fait composer, l'empêcher de le faire clicher, » imprimer, vendre et distribuer ensuite ? Il n'est «pas dans la loi un moyen d'assurer un pareil » résultat. » C'est ce que M. le président Monier a répondu aux pressantes questions de Mme Caillaux. Mais après? Ne peut-on pas légalement, judiciairement, demander réparation de calom- . nies aussi répandues. Oui, a répondu le président : mais sans nulle utilité efficace. Le procès viendra un jour où l'autre. Les faits seront oubliés, périmés. Nul ' n'aura souvenance de l'odieuse campagne_poursuivie. Et l'homme qu'il faut sauver aura sombré d'abord. Non, décidément. M. le président ^ ne voit nul moyen de défense légale. Il a été victime lui-même d'une campagne ( de cette sorte. Un journal, qu'il ne veut pas nommer, a fait brailler à son oreille^ un_nunié- J ro qui disait en caractères d'affiche : « Le pr sident Monier est un bandit » M. le préside] Monier n'a pas bronché. On s'est lassé et c'e ainsi qu'il, faut faire. — Fort b:en, dit M® Labori ; mais le prés dent, haut magistrat, dont le Palais exerce i patience,' ;roit?il vraiment qu'une femme, ur femme nerveuse et même énervée, peut avo autant d'endurance que lui-même, alors que I bonne renommée de son mari et aussi l'intim té de ses plus chères affections sont menacée! Oh ! ceci réplique M. le président Monier r me regarde pas en l'occurrence. Ce qu'il affirm hautement sur interpellations répétées, c'est qu' la suite de l'entretien qu'il eut avec elle, Mm Caillaux était calme, parfaitement calme, impe: turbabiement calme et que rien, en vérité, n pouvait faire prévoir ce qui est arrivé. Mais voici qu'intervient, un peu insidieux, N. Chenu, organe de la partie civile. Mme Caillau affirme, dit-il, que M. le président Monier li a dit qu'étant donnée l'impuissance légale de victimes des journalistes mal-disant, il s'étonnai de ne pas voir plus souvent les Français se «cas ser la gueule ». « Oh ! proteste M. Monier, je n'ai pas dit u mot de cela. » Naturellement, c'est enfantin. Ceci, ni pa la forme ni par le fond, ne peut pas avoir ét dit par un tel témoin. Mais M® Labori n'a pa grand effort à faire pour remettre les chose en ordre et pour faire admettre à M. Monie qu une femme un peu exaltée et dans un mou vement fort naturel a très bien pu, de très bor ne foi, tirer elle-même cette conclusion de paroles de M. le président et les superpose aux siennes en les lui attribuant sans null« neine. Et M. Monier concède du geste et M Cîienu aussi de son silence. Et la défense marque encore un point, car ur mensonge sur cet objet, un mensonge vouli pouvait mettre la cliente de M® Labori en fâ cheuse posture. Ainsi finit, le premier a^te'de cette affaire, sui laquelle quelques échauffés,'parmi les réaction naires, comptaient, en leurs rêves, pour mettre la République en péril et qui semble bien de voir se terminer dans la banalité d'une affaire où ne sera plus en question qu'un tout petit cœur de femme. GEORGES MASSET. lia tis la minière audience LA REPRISE DE L'AUDIENCE L'INTERROGATOIRE DE Mme CAILLAU: (suite) LA CONSULTATION DU PRESIDENT MONIER Paris, 20. — L'audience est reprise à 2 1/2 li La salle est littéralement envahie II y fait un chaleur étouffante. Mme Caillaux, qui paraît reposée, prend pl-ac à son banc. Elle expose comment le préslden Monier, consultée par elle au sujet d'un proie d assignation destiné à éviter la publication de lettres intimes, lui répondit qu'en France il n'i •wait pas de loi permettant de réprimer la dif .'amation des journalistes, Lorsqu'ils s'adressen l des hommes politiques. « li n'y a rien, aurait dit le président Monier qu'à se résigner et a se défendre par ses propres moyens. C'est lamentable et il est bien éton nant qu'avec le tempérament français il n'y ai pas plus souvent des gens qui cassent la figun aux autres. » M® Chenu fait observer que le président Mo nier a afifrmé n'avoir tenu aucun propos de ce genre. Le président, M. Albanel, dit alors que le pré sident Monier sera entendu. LA JOURNEE DU DRAME Mme Caillaux donne ensuite l'emploi de sf journée, le jour du drame. Elle dit. notammen que lorsqu'elle fit part à M. Caillaux de si conversation avec M. Monier, M. Caillaux lu. dit : « Puisqu'il en est ainsi, j'irai casser la., figure à M. Calmette. » Mme Caillaux a eu une hésitation avant dv prononcer le mot « figure ». M® Chenu, se levant, dit : On peut bien dii\ « gueule ». Il a été répété vingt fois à Tins-'.ruction.Mme Caillaux réplique : Oui, mais il* est de.' mots qu'on ne peut dire en public. (Murmures. Mme Caillaux ajoute : Si mon mari m'avail dit qu'il fallait se résigner, je l'aurais considéré comme un lâche. Devant le ministère de ]; guerre, je lui demandai quand il comptait exécuter sa menace, si c'était aujourd'hui : Non. répondit-il, à mon jour et à mon heure. Mme Caillaux continue : Si vous saviez et que j'ai pu souffrir ce jour-là. Penser que mon mari allait tuer un homme. -Puis, baissant la vtffx, Mme Caillaux dit : Je pensais me suicider. J'aurais clonné, ce jour-là, ma vie avec bonheur, si on me l'avait demandée pout le repos de mon mari. Au milieu d'un silence absolu, Mme Caillaux continue : Il n'y avait pas moyen d'en sortir J'eus l'idée de faire moi-même une démarche et de tâcher de faire quelque chose. J'empêcherais bien cette publication. J'ai toujours porté un petit revolver que mon père m'avait donné. En voyage, je l'avais toujours dans mon nécessaire, mais le revolver que j'avais depuis longtemps s'était égaré. Je suis allée chez Gastine Renette. Je ferai du scandale, me- suis-je dit. Mme Caillaux, portant alop«i son mouchoir au visage, ajoute, en pleurant : Si j'avais prévu l'horrible issue, j'aurais préféré laisser-publier les lettres. Mme Caillaux, debout, les mains appuyées sur la barre du banc qu'elle occupe, explique qu'elle n'a pas prémédité son acte ou tout au moins si elle envisageait l'idée de tirer sur M Calmette sa résolution demeura jusqu'à la fin indécise et elle ne voulait pas tuer. Elle n'est allée au Crédit Lyonnais que pour y prendre différents papiers et notamment l'agenda produit par son mari devant la Commission parlementaire Rocheite. Elle avait eu une première hésitation, dit-elle, lorsqu'elle était au bureau de placement. Rentrée chez elle, elle hésita encore. Elle ne savait si elle irait au Figaro ou à un thé. Finalement. elle se décida à laisser à tout hasard une lettre à son mari. LA LETTRE DE L'ACCUSEE A SON MARI Le président donné alors lecture de celte lettre, dont le texte est connu, puis il demande à l'accusée comment elle explique le§ termes d(-cette lettre que l'accusation retient pour établir la préméditation. Mme Caillaux explique que dans sa lettre a son mari, elle n'a jamais voulu dire qu'elle avait la certitude de tuer M. Calmette. Je n'y étais'pas décidée, dit-elle. D'ailleurs, j'ai bien spécifié qu'on ne devait remettre la lettre à mon mari yue si je n'étais pas rentrée à 7 heures. La relation du drame Mme Caillaux rapporte ensuite qu'à son arri vée au Figaro, elle entendit les garçons parler Je la campagne Calmette. On parlait d'un aride qui devait paraître le lendemain et lorsque le garçon l'annonça, elle entendit prononcer Jon nom à haute voix. L'attention de l'auditoire redouble à ce moment, car le président relate le drame. L'accusée baisse la tête et comme le président lui demande ce qui s'- ^ passé exactement, elle répond en pleurant : « Je ne sais pas. J'ai tiré. F ai cru ne pas l'avoir atteint. Tout cela s'est ">assé en une seconde. Ces revolvers ça part out seul. » (Hilarité dans l'auditoire). Mme CaiUaux, répondant à une question du président, dit à mi-voix : « Je regrette infini-nent. » L'accusée sanglote. le visage à demi-caché lans son mouchoir. Elle déclare maintenir qu'à lucun moment elle n'eut l'intention de tuer M Calmette; Elle voulait faire du scandale L'accusée paraît de nouveau sangloter. Elle léclare maintenir qu'à aucun moment elle n'eut 'intention de tuer Calmette. Elle voulait faire lu scandale. J'ai tiré en bas. dit-elle, dans la lirection des pieds. Je n'ai jamais dit que le hâtiment elo Calmette devait être la mort. Je t'ai rien. pxémédiW» — — La voix ae l'accusée est haletante, coupée !: sanglots. 5 En voulant éviter une catastrophe, dit-elle, l'ai rendue irréparable pour moi, pour ma fil *" J'aurais mieux fait de laisser publier n'impoi ® quoi, et Mme Caillaux s'affaisse un instant s e son banc en pleurant. £ Le président, avant de terminer l'interrogat-r re, demande à Mme Caillaux si elle veut di '• quelque chose aux jurés. — Je voudrais seulement, répond l'accust e leur faire connaître" l'état d'âme où je me tre ® vais. Mme Caillaux cite plusieurs faits qui te " dent à montrer quelle campagne on faisait cc p tre son mari et elle-même dans le monde. M< mari, dit Mme Caillaux, était traîné dans 0 boue. Je ne pourrai dire ce que j'ai souffe On voulait atteindre dans mon mari le rêpufc 0 cain. (Murmures. ' On entend une voix qui di f Très bien 1) On voulait m'atteindre dans m- 1 honneur et dans mon affect-'on maternelle. J'i 5 lais être obligée de rougir devant ma fille. Mr t Caillaux, qui semble secouée par une crise larmes, s'affaisse de nouveau sur son bar Pourtant, lorsque le président lui demande i 3lle a quelque chose à ajouter, c'est d'une vc assez claire qu'elle répond : Je regrette du pl r profond de mon cœur. J'aurais préféré laiss ê paraître n'importe quoi que d'avoir un crime ? me reprocher. s L'interrogatoire est terminé à 3 h. 40. Mme Caillaux s'essuye fréquemment les yeu Elle est très pâle, fatiguée et s'évente avec s< mouchoir. l e défilé des témoins ; L'audition des témoins commence. LES POLICIERS M. Carpin, commissaire de police, qui a f; l subir le premier interrogatoire à Mme Caillai après le drame, relate cet interrogatoire. Il e que Mme Caillaux. lui déclara avoir seuleme voulu donner une leçon à Calmette et regrett son geste. i L'accusée dit n'avoir aucune observation faire sur celte déposition. On entend ensuite le gardien de la paix q fut appelé par un garçon du Figaro pour t rêter Mme Caillaux. Répondant à une question de M® Chenu, s l'altitude de Mme Caillaux après le drame, 1 gent répond : Elle était très calme. Un poir c'est tout. M. Herbaux demande également à cet agei puis à deux autres qui viennent déposer, que était l'attitude de Mme Caillaux. Tous tre s'accordent à dire qu'elle était très calme. A un juré qui lui demande s'il restait i projectile dans le browning, un agent répoi que non. ; M° Labori déclare que Mme Caillaux croyi qu.'il restait encore une balle dans son reve ver. j M. MONIER t- M. Monier. président du tribunal civil < > la Seine, dépose ensuite sur son entrevue av Mme Caillaux, le malin du drame Le président Monier dit qu'il déclara alo à Mme Caillaux que les articles dont il étf question constituant des délits de presse, , poursuite contre ces articles ne pourrait êt • portée que devant la Cour d'assises et il 1 montra ce que ele pareils débats offraiei d'aléatoire devant le jury. M. Monier, es t mant que la campagne du Figaro allait pre dre fin. recommanda à Mme Caillaux la pr dence et le calme. Il était convaincu d'avo persuadé Mme Caillaux et croyait qu'à se tour elle inviterait son mari au calme et à résignation. Répondait à un juré que lui demande si Mr: Caillaux lui a parlé de son intention de tut Calmette, dans le cas où la campagne con nuerait, le président. Monier affirme de façon la plus formelle, que jamais, h aucu moment, Mme Caillaux ne lui a fait de d clarations semblables. Fxî président Monier ajoute que si Mn Caillaux lut avait fait impression de quelqi exaltation inquiétante, il aurait prévenu soit procureur général, soit le préfet de police, se M. Caillaux lui-même. M. Monier affirme que Mme Caillaux ne li a pas exprimé ses craintes de la publicatio de lettres privées. Elle l'a entretenu seulemei i de ses craintes pour l'avenir. M. Monier nie formellement avoir jama déclaré qu'avec le tempérament français, il fo lait s'étonner de ne pas voir plus souvent d< gens casser la figure a d'autres. Jamais, dit-i je n'ai tenu un pareil langage. UNE OBSERVATION JUDICIEUSE M0 Labori fait remarquer que* le présidei Monier avant, avec sa haute autorité, décla; t Mme Caillaux qu'il *'y avait rien à faire îelle-ci a pu, de bonne foi, se suggestionne] .usqu'à croire que ce!te phrase devait être 1 ionclusion logique de cette conversa.ion. Su ;es mots, l'audience est levée à 4 h. 25. san. ncident. Elle sera reprise demain, a midi. La deuxième audience L'ANIMATION AU PALAIS Paris, 21. — Beaucoup moins ele monde au jourd'hui, dans les couloirs du Palais ele Jus lice, que pour la première audience. Ce n'es ju'un peu avant midi que ranimriion com mence. Les mêmes personnes qu'hier sont là V1M. Arthur Mcyer, Guy de Cassagnac, Ces .•aldi, Mme Estradère. M. Joseph Caillaux arrive à 11 h. 55. accom >agné de deux inspecteurs de la sûreté ; il os •ejoint par M. Pascal Ceccaldi et M« Andn lesse. M. CAILLAUX A LA CONCIERGERIE Avant de se présenter à la Cour d'assises, M Caillaux s'est arrêté à la Conciergerie, où il ; m une entrevue d'une demi-heure avec si femme. On dit que l'ancien ministre sera appelé ■ léposer à 2 h. 30. LE DEJEUNER DE Mme CAILLAUX Mme Caillaux a passé une meilleure nuit qiu la précédente. Elle s'est réveillée de bonne heure, a pris uni lasse de café au lait, puis s'est habillée; à 1 heures, elle a déjeuné d'un morceau de file grillé, de pommes paille et d'une pêche ; elle ; liu une demi-bouteille de Graves et de l'eau mi nérale. LE DEPART DU PALAIS DE M. CAILLAUX M. Joseph Caillaux a quitté le Palais de Jus lice à midi et demi., accompagné de M. Pasca Ceccaldi. Boulevard du Palais, il a été l'objet d'un petite manifestation ; il est parti en automobile A L'AUDIENCE Paris, 21. — Avocats, directeurs de journau: et représentants de la presse occupent comnn hier la plus grande partie de la salle. Cent cin quante personnes environ se tiennent dans li partie réservée nu public debout, où, normale ment, une soixnnlaine pourraient tenir. Le bruit des conversations cesse brusquemen lorsqû®, à midi 15, la cour fait son entrée. On espère pouvoir entendre aujourd'hui un-vingtaine de témoins, parmi lesquels M. Cail laux. Derrière la cour trois rangs de sièges son occupés par des magistrats. Mme Caillaux. qui porte le même cost'mv qu'hier, s'entretient avec Ses défenseurs. Eli semble un peu moins émue qu'au début de h première audience. TEMOIGNAGE DU GAR.ÇON DE RECETTES DU FIGARO Le premier témoin entendu est M. Sirac, gar çon de recettes du Figaro. Il reçut Mme Caillaux, lorsqu'elle arriva ai journal. Il alluma, dans le bureau de M. Calmette les appliques de la cheminée, pendant que M Calmette allumait celles du bureau. Lorsqu'il entendit les elétonalions. M. Sira. rouvrit la porte du bureau, se précipita su Mme Caillaux. et lui saisit les .poifiiitfts.

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Dit item is een uitgave in de reeks Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire behorende tot de categorie Liberale pers. Uitgegeven in Gand van 1856 tot 1923.

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