Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire

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18 februari 1915
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s.n. 1915, 18 Februari. Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire. Geraadpleegd op 28 maart 2024, op https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/nl/pid/1r6n012x8d/
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Jeudi 18 février 1915 no centimes le numéro 59me année No 49 JOURNAL DE GAND ABONNEMENTS : BELGIQUE : 8 fr. par an ; -4 fr. pour six mois ; 2 fr. pour trois mois Pour l'étranger, le port en sus RÉDACTION & ADMINISTRATION : 3, iRTTIfi IDE FLANDRE, 3, G.A.ÎNTI: TÉLÉPHONE 665 ANNONCES : Voir le tarif au bas de la dernière page du journal. I Une Lettre Monsieur le Directeur, ■ J'ai lu avec admiration, dans le Journal de ■Garni et ailleurs, les savantes dissertations jurt-Bdiques auxquelles ont donné lieu le* récentes ^■décisions de MM. nos juges de paix, renvoyant Kndemnes les gardes civiques récalcitrants. ■ Avec admiration, dis-je — mais avec un peu d'inquiétude aussi. ■ Dans un moment où l'audace des malandrins ■croit sans cesse, où, profitant des circonstances, ils vident métieuleusement tel magasin d'antiquaire, usent quotidiennement du vol nocturne et de l'effraction, où, pris d'émulation, ils sont sur le point peut-être, de faire concurrence aux • « chauffeurs » qui ont réapparu de nos cam-Riagnes, j'avoue que l'idée de M. le bourgmestre m'avait semblé louable, et qu'il m'avait paru Kssez naturel de réclamer à nos gardes civiques .'le service qu'il leur a demandé. ■ MM. les juges de paix ont estimé qu'il n'en Ikvait pas le droit? Je m'incline, en citoyen respectueux des lois et de leurs interprètes. Je m'incline d'autant plus volontiers que, dans le Journal de Gand, une plume autorisée nous Rivait dès l'abord prédit que les choses se passeraient de la sorte. Je m'incline enfin, devant les « attendus » qui défilent en bon ordre dans les jugements rendus. Je n'ai point ceux-ci sous la main. Si ma mémoire est bonne, ils donnent raison aux récalcitrants parce qu'un service comme celui (u'on réclamait d'eux ne peut être exigé qu'en tas de calamités soudaines telles que naufrage, mcendie ou inondation, et que si le législateur avait voulu qu'on pût l'exiger également en cas jde guerre, il l'aurait dit en toutes lettres — d'au-tanl plus que le texte date d'une époque où la ■guerre était chose tout à fait habituelle. B Bon, je n'en sais rien. Et MM. les juges de Hpaix doivent le savoir, eux. ■ Mais voilà qu'intervient un autre savant avis. D'après celui-ci, M. le bourgmestre aurait com-mis une pure erreur de forme. Au lieu de ^«'appuyer, pour obtenir le service, sur nos Hcalamités présentes, il aurait dû simplement Requérir la garde civique en la personne de son ■chef, conformément aux procédés réglemen-■aires.■ Ah I nous y voilà donc ? Il n'y a que la forme à changer? Va pour la modification — et n'en H>arlons plus. ■ N'en parlons plus !... C'est vite dit ! Voici que s'amène un troisième docteur, non moins érudit que les précédents. ■ Quoi I s'écrie-t-il, requérir la garde civique ? Hais vous n'y pensez pas ! Mais elle n'existe ftilus, la garde civique ! Elle est en léthargie par le tait de l'occupation. D'ailleurs, l'autorité alle-Hnande est de cet avis. Tant que l'occupation ■urera, il n'y aura ni chef de la garde, ni offi-| ciers, ni sous-officiers, ni caporaux, ni gardes. ■ C'est net et catégorique. Et dame, puisque cet ■vis est partagé par l'autorité allemande, qui a Bvidemment son petit mot à dire... H Seulement, voilà que me tombe entre les Hnains la feuille le Bruxellois. Or, j'y découvre Bine correspondance liégeoise dans laquelle je Vis ce curieux paragraphe : F «('règne de l'effervescence dans la garde ■ civique liégeoise. Les membres se plaignent, ■ avec raison, de ce qu'on les oblige encore B actuellement à participer à des élections pour ■ nommer quelques caporaux ou sergents. C'est ■ bien assez d'assurer le service des patrouilles » et l'ordre au Bureau de bienfaisance, sans » encore devoir se déplacer pour une besogne » inutile. Un service de police lui incombe, c'est » suffisant. Un caporal ou un sergent en plus » n'ajouteront rien à l'affaire. » Donc, à Liège, la garde civique existe toujours ? 11 y a toujours là-bas des caporaux et des sergents ? Quand il en manque, on a soin d'en faire élire de nouveaux ? Loin d'avoir disparu, la garde civique liégeoise fonctionne, fait des patrouilles, s'acquitte de services variés ? Et tout cela se passe, au vu et au su de l'autorité allemande ? En vérité, nous ne pouvons nous empêcher d'éprouver quelque surprise... Est-ce à dire que, nous basant sur le précédent liégeois, nous serions d'avis qu'on s'en inspire à Qand et qu'on passe outre à toutes les objections ? — Le Ciel nous en préserve ! La légalité avant tout ! Suivre l'exemple d'au-trui est par trop aléatoire en l'occurrence. Nous ne voudrions pas exposer nos gardes civiques à des mésaventures. Songez donc I S'il allait être jugé définitivement que la milice bourgeoise est en léthargie, ses membres ne pourraient-ils pas être rudement frappés pour avoir fait semblant d'exister, pour avoir joué au cadavre récalcitrant ? 11 doit, n'est-ce pas, y avoir dans le code des dispositions qui châtient l'usurpation de fonctions publiques ? Si bien que — après avoir vu acquitter les gardes civiques rétifs — rfous pourrions voir condamner sans merci les gardes civiques trop zélés. Pour rien au monde, nous ne voudrions exposer ceux-ci à une éventualité aussi pénible. Ah, la science du droit est belle! Mais combien déroutante, parfois. Avec tout cela, nous voilà sans solution pour l'épineux problème qu'avait tâché de résoudre M. le bourgmestre. Nous voilà toujours avec notre armée de malandrins, et rien — ou peu de chose — à leur opposer. Puisque décidément, il n'y a pas moyen d'obtenir les services sur lesquels avait cru pouvoir compter M. le bourgmestre, nous ne voyons plus pour celui-ci qu'un parti à prendre. Qu'il lance donc une proclamation bien sentie à MM. les cambrioleurs, pickpockets, escarpes et bandits de tout ordre, qu'il fasse appel à leurs bons sentiments, qu'il leur démontre ce qu'il y a de peu délicat de leur part à nous causer des ennuis dans les circonstances présentes, qu'il leur expliqua pourquoi il est impossible de leur consacrer les soins de la garde civique, qu'il leur démontre que les finances communales, si éprouvées, ne sont point en état de doubler la police, qu'il leur propose d'ailleurs des compensations pour le cas où ils souffriraient eux aussi de la crise, qu'il leur fasse entrevoir un subside du fonds de chômage à remettre à leur syndicat avec promesse d'oublier sur l'heure l'adresse de celui-ci, qu'il leur offre d'organiser à leur bénéfice quelques séances à sensation — par exemple une conférence contradictoire entre douze jurisconsultes éininents sur le droit de réquisition de la garde civique — enfin qu'il prodigue toutes les ressources de son ingéniosité, de son esprit d'à-propos, de son éloquence. ■ Le résultat sera-t-il considérable? Peut-être serait-il téméraire d'y compter trop fort, mais enfin, il n'en coûte rien d'essayer — et, en toute sincérité, je n'aperçois plus d'autre remède. Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l'assurance de ma considération distinguée. X. P. S. — Au moment de fermer ma lettre il me vient un scrupule. J'ai, pour ma part, bon espoir dans l'effet que produirait la proclamation à lancer par M. le bourgmestre. Mais une chose me chiffonne : cela serait-il )ien légal ? ÉCHOS Nouveaux ministres belges Le Gouvernement belge a nommé M. Paul Hymans, ministre d'Etat, comme successeur de M. de Lalaing, ministre belge à Londres. L'ex-ministre de la justice belge, M. Van den Heuvel, est nommé ministre belge près du Vatican. LA GUERRE Sur le front occidental Communiqué officiel allemand affiché a Gand Grand quartier général, 15 févr. — Au sud d'Ypres, nous avons pris une tranchée ennemie sur une longeur de 900 mètres. L'attaque ennemie au sud de La Bassée échoua. Au Sudelkopf, nous avons repris les tranchées perdues. Dans la Lauchthal, l'ennemi fut repoussé de Sengern; il a évacué Rensbach. Communiqués officiels français Paris, 13 févr., 11 h. du soir (Reuter). — Sur le front en Belgique et en Champagne, des duels d'artillerie assez violents se sont pro- 1 duits. L'activité de l'ennemi en Argonne, entre Fontaine-Madame et l'ouvrage Marie-Thérèse, s'est bornée à l'explo^kA de mines et au lancement de bombes. L'infanterie allemande n'a fait aucune attaque. Dans les Vosges, nos chasseurs alpins ont pris une crête au nord du Hartmansweilerkopf. Paris, 13 févr., 3 h. après-midi (Reuter). — Les Allemands ont violemment canonné Nieuport, la région des dunes et Ypres. Nous avons énergiquement répondu à leur feu. Ailleurs canonnade intermittente. Au nord de Verdun, nous avons repoussa dans le bois de Caures deux attaques de nuit Les Allemands ont canonné sans résultat appréciable les positions que nous avions acquises près de la hauteur Sudelkopf, en Alsace. Paris, 14 févr., 3 h. de l'après-midi. — Entre la mer et la Lys, les Allemands ont bombardé violemment Nieuport et les dunes. Ils ont bombardé également Ypres pendant la nuit du 11 au 12 février, et les positions au sud d'Ypres, le 12 février. Nous avons répondu activement. Entre la Lys et la Somme, une violente canonnade dans les environs d'Arras. Près de Carency, nous avons fait exploser deux mines. Sur les bords de la Somme, de l'Oise et de l'Aisne, l'artillerie fut fort active, des deux côtés. Environ dix aéroplanes ont survolé la contrée de Verdun. Les bombes qu'ils ont jetées n'ont occasionné aucun dégât. • En Lorraine, l'attaque allemande contre nos postes, près d'Arracourt, qui a été annoncée hier, fut entreprise par une compagnie, pendant qu'une autre essayait de prendre nos positions près de Ranzay. En Alsace, l'ennemi a bombardé les positions que nous avions prises le 12 février, dans les environs du Sudelkopf. Les communiqués anglais Asquith a déclaré à la Chambre des députés, que French va donner à l'avenir deux communiqués par semaine au sujet des faits accomplis par le corps l'expéditionnaire anglais. Ces bulletins seront communiqués aussitôt à la presse. Ypres Ypres est encore toujours sous la portée des canons allemands et la ville ne cesse d'être bombardée. Le bruit que les habitants y seraient retournés est donc sans fondement. Il est vrai qu'une toute petite partie des habitants y sont restés, comme il arrive dans des localités tout à fait en ruines. Quelques magasins, cafés et coiffeurs sont seuls ouverts. C'est surtout dans la partie méridionale que la ville a souffert, et au centre. La statue près des Halles détruites, est restée debout. Les rares habitants demeurent dans leurs caves. Une de ces dernières nuits, la ville fut bombardée et quatre habitants, qui ne s'étaient pas réfugiés dans les caves, firent tués. Sur le front oriental Bulletin officiel allemand affiché à Gand Grand quartier général, 15 févr. — Au nord de Tilsit l'ennemi fut repoussé de PikopOnen .et se retira sur Tauroggen (Tauroggen est situé à 32 km., au nord-est de Tilsit, sur territoire russe 1 à 10 km. de la frontière.) Dans la contrée des Lacs Masures (autour de Lotzen) nous poursuivons l'ennemi. Les troupes allemandes s'avancent à marche forcée. Dans les environs de Kolno nous avons attaqué une colonne russe venant de Lomza. Dans la contrée au nord de la Vistule nous avançons toujours. Racionz fut occupé par nous. Dans la partie de la Pologne au sud de la Vistule rien de nouveau. Communiqués officiels autrichiens Vienne, 13 fév. — En Pologne russe et en Galicie rien de nouveau. La situation sur le front des Carpathes ne changea pas à l'aile gauche. Les attaques violentes de l'adversaire sont devenues plus rares dans les environs du col de Dukla. A notre aile gauche nous progressons. Nos troupes vont de l'avant en Bukowine, ont repoussé l'adversaire près de Kûrûsmezô et se sont avancées par le col de Jablonica. Tandis que nos troupes parvenaient à la ligne de la Sereth, un violent combat eut lieu dans la contrée du Pruth supérieur et de Radworna. Nos soldats se sont avancés jusqu'à Wiznitz, Kuty, Kosow, Delatyn et Pasieczna où les Russes se maintiennent dans diverses positions. Le nombre de Russes faits prisonniers pendant les combats des derniers jours est évalué à 29,000. Vienne, 14 fév. — La situation en Pologne russe et en Galicie occidentale ne changea pas Une partie de nos troupes, dans les environs de Dukla, qui furent violemment attaquées par les Russes, ont pris l'offensive à leur tour et ont repoussé les soldats sibériens de deux hauteurs dominantes et ont pris d'assaut un village près de Vizkouz. Les attaques des troupes austro-allemandes dans les forêts des Carpathes furent couronnées de succès. On a enlevé ici à l'ennemi une hauteur fortement disputée. Pendant les combats d'hier nous avons fait 970 prisonniers. Dans le sud-est de la Galicie et en Bukowine il y a eu des combats victorieux.Au sud-ouest de Nadworna nous avons repoussé l'ennemi qui se maintenait là pour défendre la ville et nous avons pris les hauteurs au nord de Delatyn. Nous avons fait un grand nombre de prisonniers. Communiqués officiels russes Petrograd, 12 fév. (Reuter). — Entre le Niemen inférieur et la Vistule combats locaux. Sur la rive gauche de la Vistule rien que des combats d'artillerie. Dans les Carpathes nous avons repoussé des attaques ennemies près de la frontière de Bukovine. St-Pétersbourg, 14 févr. — Le grand quartier général annonce ce qui suit : Sur le front sur les bords du Niemen (Tilsit), et sur les bords de la Vistule, à l'ouest de Jimbourg, dans les environs de Lvck, près de Kodzidlo et à l'est de Sierpe, nous avons livré dès combats. Dans les Carpathes nous occupons lés hauteurs de Szwidnik de même que celles entre Collupkow et le San. Sur le front entre Uzsok et Tucholka nous avons attaqué les Allemands. A Konseur et à Koziowka les Allemands se sont retranchés à 40 pas de nos tranchées. A Wyschkow nous avons été attaqués violemment par l'ennemi. Echange de prisonniers Une entrevue russo-allemande aura lieu sous peu à Stockholm pour l'échange de prisonniers entre ces deux pays. L'échange se fera vraisemblablement via Suède. En Bukowine Budapest, 13 févr. — Les Autrichiens sont eutrés à Radantz. Il paraît que l'Etat-major n'a pas eu le temps de s'enfuir. Un général s'est suicidé. Les Russes essayent d'arrêter les troupes autrichiennes à Visnitz et Sniatyn. En Prusse orientale Le Journal de Genève intitule les événements en Prusse orientale une surprise stratégique. Pendant qu'on attirait toute l'attention sur les combats de la contrée Ramka-Sucha et des Carpathes les Allemands ont préparé leur offensive sur le front des Lacs Masures. En Mer Le Dacia Londres, 14 févr. — Le «Daily Mail» écrit: Le départ du « Dacia » a été communiqué officiellement, hier après-mi,di, au gouvernement anglais. Dans le cas où lés Anglais empêcheraient le «Dacia» de continuer sdn voyage, l'affaire viendrait devant un tribunal impartial. feuilleton du Journal de Gand 5 ILe Comte DE Monte-Cristo PAR ALEXANDRE DUMAS I il semble tout penaud, dit Danilars pous- Pnt du genou Caderousse : est-ce que nous pus serions trompés, et qu'au contraire de ce lue nous avions prévu, Dantès triompherait? |~"Dame! il faut voir, dit Caderousse; et : ''tournant vers le jeune homme : Eh bien ! Wws, le Catalan, te décides-tu? dit-il. Fernand essuya la sueur qui ruisselait de son "M et entra lentement sous la tonnelle, dont itnbragc sembla rendre un peu de calme à ses lns et la fraîcheur un peu de bien-être à son lrPs épuisé. Bonjour, dit-il, vous m'avez appelé, n'est-pas?& il tomba plutôt qu'il ne s'assit sur un des 8îs qui entouraient la table. Je t'ai appelé parce que tu courais com-'un fou, et que j'ai eu peur que tu n'allasses |îter à la mer, dit en riant Caderousse. Que '"e. quand on a des amis, c'est non-seule ment pour lui offrir un verre de vin, mais encore pour les empêcher de boire trois ou quatre pintes d'eau. Fernand poussa un gémissement qui ressemblait à un sanglot, et laissa tomber sa tête sur ses deux poignets posés en croix sur la table. — Eh bien ! veux-tu que je te dise, Fernand, reprit Caderousse, entamant l'entretien avec cette brutalité grossière des gens du peuple auxquels la curiosité fait oublier toute diplomatie; eh bien! tu as l'air d'un amant déconfit! Et il accompagna cette plaisanterie d'un gros rire. — Bah ! répondit Danglars, un garçon taillé comme celui-là n'est pas fait pour être malheureux en amour; tu te moques, Caderousse. — Non pas, reprit celui-ci; écoute plutôt comme il soupire. Allons, allons, Fernand, dit Caderousse, lève le nez et réponds-nous : ce n'est pas aimable de ne pas répondre aux amis qui nous demandent des nouvelles de votre santé. — Ma santé va bien, dit Fernand crispant ses poings, mais sans lever la tête. — Ah ! vois-tu, Danglars, dit Caderousse en faisant signe de l'oeil à son ami, voici la chose : Fernand, que tu vois, et qui est un bon et brave Catalan, un des meilleurs pêcheurs de Marseille, est amoureux d'une belle fille qu'on appelle Mercédès; mais malheureusement il paraît que !a belle fille de son côté est amoureuse du se cond du « Pharaon »; et, comme «le Pharaon» est entré aujourd'hui même dans le port, tu comprends? — Non, je ne comprends pas, dit Danglars. — Le pauvre Fernand aura reçu son congé, continua Caderousse. — Eh bien! après? dit Fernand relevant la tète et regardant Caderousse en homme qui cherche quelqu'un sur qui faire tomber sa colère; Mercédès ne dépend de personne, n'est-ce pas? et elle est bien libre d'aimer qui elle veut. — Ah ! si tu le prends ainsi, dit Caderousse, c'est autre chose! Moi je te croyais un Catalan; et l'on m'avait dit que les Catalans n'étaient pas hommes à se laisser supplanter par un rival; on avait même ajouté que Fernand surtout était terrible dans sa vengeance. Fernand sourit avec pitié. —1 Un amoureux n'est jamais terrible, dit-il. ■— Le pauvre garçon! reprit Danglars feignant de plaindre le jeune homme du plus profond de son coeur. Que veux-iu? il ne s'attendait pas à voir revenir ainsi Dantès tout à coup; il le croyait peut-être mort, infidèle, qui sait! Ces choses-là sont d'autant plus sensibles qu'elles nous arrivent tout à coup. — Ah ! ma foi, dans tous les cas, dit Caderousse qui buvait tout en parlant et sur lequel le vin fumeux de La Malgue commençait à faire son effet, dans tous les cas, Fernand n'est pas le seul que l'heureuse arrivée de Dantès contrarie; n'est-ce pas, Danglars — Non, tu dis vrai, et j'oserais presque dire que cela lui portera malheur. — Mais n'importe, reprit Caderousse en versant un verre de vin à Fernand et en remplissant pour la huitième ou dixième fois son proprè verre, tandis que Danglars avait à peine effleuré le sien; n'importe, en attendant il épouse Mercédès, la belle Mercédès; il revient pour cela, du moins. Pendant ce temps, Danglars enveloppait d'un regard perçant le jeune homme, sur le coeur duquel .les paroles de Caderousse tombaient comme du plomb fondu. — Et à quand la noce? demanda-t-il. — Oh! elle n'est pas encore faite! murmura Fernand. — Non, mais elle se fera, dit Caderousse, aussi vrai que Dantès sera le capitaine du « Pharaon », n'est-ce pas, Danglars? Danglars tressaillit à cette atteinte inattendue, et se retourna vers Caderousse, dont à son tour il étudia le visage pour voir si le coup était prémédité; mais il ne lui rien que l'envie sur ce visage déjà presque hébété par l'ivresse. — Eh bien! dit-il en remplissant les verres, buvons donc au capitaine Edmond Dantès,mari de la belle Catalane ! Caderousse porta son verre à sa bouche d'une main alourdie et l'avala d'un trait. Fernand prit le sien e; le brisa contre terre. I — Eh, eh, eh ! dit Caderousse, qu'aperçois-je donc là-bas, au haut de la butte, dans la direction des Catalans? Regarde donc, Fernand, tu as meilleure vue que moi; je crois que je commence à voir trouble, et, tu le sais, le vin est un traître : on dirait de deux amants qui marchent côte à côte et la main dans la main. Dieu me pardonne ! ils ne se doutent pas que nous" les voyons, et les voilà qu'ils s'embrassent!Danglars ne perdait pas une des angoisses de Fernand, dont le visage se décomposait t vue d'œil. — Les connaissez-vouè, monsieur Fernand? dit-il. — Oui, répondit celui-ci d'une voix sourde, c'est M. Edmond et mademoiselle Mercédès. — Ah ! voyez-vous ! dit Caderousse, et moi qui ne les reconnaissais pas! Ohé, Dantès! ohé, la belle fille! venez par ici un peu, et dites-nous à quand la noce, car voici M. Fernand qui est si entêté qu'il ne veut pas nous le dire. — Veux-tu te taire! dit Danglars, affectant de retenir Caderousse, qui, avec la ténacité des ivrognes, se penchait hors du berceau; tâche de te tenir debout et laisse les amoureux s'aimer tranquillement. Tiens, regarde M. Fernand, et prends exemple : il est raisonnable, lui. Peut-être Fernand, poussé à bout, aiguillonné pr.r Danglars comme le taureau par les bandille-

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Dit item is een uitgave in de reeks Journal de Gand: politique, industriel, commercial et littéraire behorende tot de categorie Liberale pers. Uitgegeven in Gand van 1856 tot 1923.

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