L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam

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05 december 1914
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s.n. 1914, 05 December. L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam. Geraadpleegd op 29 maart 2024, op https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/nl/pid/kh0dv1ds3z/
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1ère Année IV®. 43. '' S cents (ÎO Centimes) Samedi s Décembre 1914 L'ECHO BELGE L'Union fait la Force. Journal Quotidien du matin paraissant à. Amsterdam. Belge est notre nom de Famille. Toutes les lettres doivent être adressées au bureau de rédaction : N.Z. VOORBURGWAL 234-240. Téléphone: 2797. Rédacteur en Chel: Gustave Jaspaers. ( Charles Bernard, Charles Herblet, Comité de Rédaction: ) Gustave Peellaert, René Chambry, ( Emile Painparé. Pour les annonces, abonnements et vente au numéro,! s'adresser à l'Administration du journal: N.Z. VOORBURGWAL 234-240. Téléphone : 1775. Abonnement < En Hollande fl. 1.50 par mois, payable par anticipation \ Etranger fl. 2.00 „ „ [n marge il» Livre jaune M. JULES CAMBON. Je ne sais si le gouvernement français compte donner à M. Jules Cambon un poste diplomatique après la guerre; je suppose qu< la question n'a' pas encore été examinée, Mais combien il serait dommage qu' une intelligence aussi lumineuse et unjugemen aussi ferme cessassent prématurément le; éclatants services qu'ils ont rendus au com mencement de la tourmente actuelle à lt France et à la République. Quelle que doive être la suite de la carrière de .l'anciei ambassadeur de France à Berlin, il fau proclamer bien haut que la publication d< ses rapports, dans le dernier Livre Jaune met le sceau à une réputation de diplomate dont seuls quelques initiés pouvaient iuge: la mérite légitime et l'exceptionnel éclat, Et M. Jules Cambon prendrait-il sî retraite dès maintenant, qu'on pourrait dire de lui qu'il a rempli d'une façon incompa rable l'immense tâche, hérissée de tant de difficultés et de tant de pièges, que le gou vernement français, fort judicieux en cela avait confiée à son génie souriant et avisé J'ai vu M. Cambon plusieurs fois à Berlin et quand on l?a vu, on ne peut oublier cette figure si captivante. Au physique, vous le connaissez, petit, un peu fort, avec des favoris discrets encadrant une physionomie d'homme „rond", mais qu'aiguise un regard malin, chercheur, en vrille. Des manières charmantes ; une politesse élégante et bien française; un rien de hauteur, qui sent son gentilhomme; et un don de compréhension, d'intuition, d'absorption qui tient, en vérité, du prodige. Et un sang-froid! La dernière fois que j'allai à l'ambassade de Berlin (c'était pour y serrer la main à ce charmant, ce délicieux René Francèz, un de?- collaborateurs de M. Cambon qui deyait tomber en septembre dernier au cours d'un combat à Villenéuve-St-Geor-ges), c'était le jour même du départ de l'ambassade, le -1 août dernier. Berlin grondait, de rage, hurlait d'orgueil. Le matin de ce jour — dont l'histoire enregistrera toutes les minutes, — l'Empereur recevant les membres du Reichsfag dans la salle blanche du Palais de Berlin, leur dit: „Eh bien maintenant, messieurs, nous allons les rosser!" (Jetzt wolleri wir sie dreschen!). Alors que le souverain prononçait ces paroles, dont le moins qu'on puisse en dire est qu'elles étaient imprudentes, à l'autre bout de l'Allée des Tilleuls, l'ambassadeur de la République préparait lentement et froi-dem *nt son départ. Il recevait quelques amis personnels, donnait des ordres à ses secrétaires et à ses attachés, — dont René Francèz — et prodiguait des conseils prudents et sagaces à quelque cent Français, hommes et femmes, les premiers mobilisables et ne sachant comment rejoindre leur corps, les dernières, ouvrières travaillant dans les premières maisons de couture de Berlin, et qu'on venait de mettre à la porte, avec la souriante ignominie qui caractérise, en AUemagne, les exécutions de cette sorte. S'ni, à l'ambassade, l'ambassadeur ne perdait pas la tête. On avait bien, à le vu.r, la sensation du maître, du chef, de C3 que nous appelons: „un monsieur". Et la vue de cet homme qui s'obstinait à demeurer souriant et confiant au milieu de tant d'inquiétude et de haine, tout près de la meute hurlante des étudiants qui brandissaient des poings dérisoires sous les fenêtres de l'ambassade et hurlaient leurs insultes familières, — cette vue était pour tous d'un puissant, réconfort. Ce que fut l'ambassade de M. Cambon à Berlin, il faudra bien un jour qu'un historien nous le dise. Quels pièges fleuris ne furent pas ouverts sous les pas de ce diplomate étonnant, quelles invites perfides ne dut-il pas décliner, quelles menices brutales ne dut-il pas repousser du pied ? Cette ambassade tut un long combat, et un combat où l'on employait, faute d'en avoir d'autres, les armes les moins loyales. Ah! comme on le flattait, comme on lui pro liguait les marques d'amitié bruyante et soudaine, comme il avait. V la cour et au ministère des affaires étr. g res, ses flatteurs et ses courtisans ! Guilhu.ui n même, qui sait à l'occasion être un prince charmeur, n'épargnait pas ses j-eines avec M. Cambon. On voulait, proprement, .,l'avoir". On ne l'eût pas, car M. (jambon avait le sourire, un sourire angélique, patient, éternel. Il accueillaittoutes les politesses' mais comme il voyait le poignard sous les fleurs! Et dès qu i son interlocuteur, peu habitué à une aussi savante escrime diplomatique, se démasquait, avec quelle ironie glaciale, avec quelle politesse cinglante, il mettait l'Allemand à sa place ! Et c'est; ainsi qu'au milieu de mille embûches, parmi tous les obstacles qu'un gouvernement, grand déchireur de „morceaux de papier", peut mettre sur la route d'un diplomate qui n'est ni à acheter ni à tromper, — l'ambassadeur de la République gardait ses coudées franches, ses amitiés libres, ses relations intangibles, et surtout son sang-froid et son jugement. Derrière son binocle d'écaillé, ses yeux malicieux, des yeux bien français, mobiles, chercheurs, malins, voyaient —» comme rarement des yeux ont vu. Ils venaient tout, ils notaient tout. Ils retenaient tout. Et ce que ses yeux avaient vu, et ce que ses oreilles avaient entendu, il consignait tout cela dans ses rapports BQoreta <ju'il envoyait à Paris. C'est ainsi que le ministère du Quai d'Orsay étai' tenu au courant du mauvais coup qui se tramait à Berlin, ainsi que du changement constant de l'humeur impériale et surtoui du fait que l'empereur, jaloux de la popularité croissante de son fils ainé, passait lui aussi, au camp infernal des Pangerma-nistes, au camp de la guerre. M. Cambor i a vu plus clair que tout le monde. Lu: i seul a vu clair. Il a noté, au jour le jour > le travail lent, profond, sourd, constant, qui se faisait dans l'esprit de Guillaume II > l'évolution scélérate que la folie guerrière b du futur kaiser amenait dans le jugemen 3 du kaiser actuel — de l'homme qui fr - brider Louvain et détruire Arras ! El i M. Cambon recommandait à son gouvernement d'ouvrir l'oeil et de garder sa poudre i sèche ! Sage conseil, et patriotique, et qu'i t était, à l'époque, courageux de formuler. Cai ) c'était presque un article de foi, tant à Berlir i qu'àParis, et même - avouons-le, à Bruxelles - > que l'amour, le surpenant amour dé Guillaume II pour la paix! Seul, donc, M. Jules Cambon i vu clair. La France doit être fière d'avoir eu i Berlin un tel ambassadeur. MaislaTriple Entente peut le revendiquer elle aussi, et tout entière, comme son représentant à elle. Le Livre Jaune est donc le plus be' hommage que le gouvernement de la République pouvait rendre à M. Jules Cambon elle suffit, cette publication, à lui assu rer la gratitude de tousses peuples qui souffrem aujourd'hui de la souillure du militarisme prussie^. Et un souvenir, pour finir: Lorsque, le 4 aoû t dernier, les correspondants des grands journaux parisiens vinrent prendre congé de leur ambassadeur, (il y avait lt Comert, du Temps, Caro, du Matin, Dietricl: du Journal, Bonnefon du Figaro et le signataire de ces lignes), M, Cambon nous dit en manière de sursum corda: — Et maintenant, messieurs, il nous faudrait une belle victoire! Parole prophétique! Pendant la guerre comme ayant M. Cambon aura, donc, été un voyant. Il aura été une sentinelle placée chez l'ennemi pour l'étudier dans ses ruses immondes et ses perfidies. Et ce devoir^ il l'a rempli avec une grâce et une conscience et une autorité et un courage dont on ne dira jamais assez de bien. M. Cambon n'est pas seulement un grand ambassadeur; l'histoire contemporaine a déjà porté sur lui un jugement plus définitif: c'est.un grand homme. RENÉ HERBERT. ■■■— 9 mm Pour la St. Nicolas et la ~ Noël de nos soldats. Une lettre. Monsieur le rédacteur. Permettez à un Holîandais, à un f,?ieu-tre" de joindre son obole à celles de vos compatriotes pour la St. Nicolas de vos vaillants soldats. Ouiy nous sommes neutres, c-à-d. notre gouvernement l'est, et nous avons tout lieu d'en être reconadssants en voyant les dévastations, les horreurs commises en Belgique, mais ce n'est pas une raison pour que nous soyons neutres individuellement. ■ Soyez bien assuré, monsieur le rédacteur, que nous sommes fies milliers et d'$ liersy qui bénirons le jour où le dernier Allemand sera force de repasser ta ji entière belge, où vous recevrez la récompense de votre fière attitude. Le crime commis envers vous, nous le sentons comme un outrage sanglant infligé à nous autres aussi; si tel avait été l'intérêt de VAllemagne, nous aurions subi le même sort. La cause que vous défendez, c'est vraiment celle de la civilisation, du progrès, de l'affranchissement de l'Europe'entière du joug horrible du militar-isme, Aussi je n'ai qu'un regret, c'est que mon don soit si modeste, acceptez-le pourtant, monsieur le rédacteur, et dites vous bien que parmi les dons que voits recevez il n'y en a aucun offert de plus grand coeur. Montant des 2 listes précéd 165.60 frs. 40.50 fl. M. Alph. van der Elst 20.00 frs. B 10.00 fl. ' Un sacrifié 4.00 fL Que ne puis je faire mieux pour i nos braves petits soldats! 5.00 frs. M. Léon Delhez 5.00 fl. ! Mme. L. D. peu mais de bon coeur 2.— frs. Union d'agence et de commission, ^ Société Anonyme à Anvers 210.00 frs. Un Hollandais, un neutre joint. son obole à celles de nos compatriotes pour la St. Nicolas de nos vaillants soldats 2.50 fl. Mme. Mulle, Alice et André .... 10.00 frs. M. Ragoudet 4.00 fl. a mm Avis important A plusieurs reprises nous avons prévenu nos lecteurs que inos démarches faites afin de pouvoir envoyer gratuitement ' soldats au fron«î n'avaient pas encore abouti. Malgré cela, en c grand nombre de paquets, voire même des coffres. Nous prévenons nos lecteurs u nouvel ordre nous n'accepterons plus aucun envol. Ceux que nous avons déjà reçus sont toujours dans nos bureaux. Il est également inutile d'envoyer ces paquets à les Cénéral Steam Transport Co. qui pas plus que nous ne peut les faire a/river à bon oort, En Belgique. A Bruxelles. Le.bourgmestre Max ne jouit pas, à Glatz où il est interné, d'une liberté même rela tive. Il est en bonne santé, mais son sorl est pareil à celui de Silvio Pellico ou, poui être plus exact, de Nestor Wilmart. C( qui indique, à suffisance, que le vaillan patriote dont le nom restera gravé au livr< d'honneur de la guerre de 1914, ne joui d'aucun privilège et qu'il est. bel et biei emprisonné sans qu'il soit intervenu aucui adoucissement à sa rigoureuse captivité! * * * A part quelques magasins, les affaire; ; sont inexistantes. Dans une des principale . maisons de nouveautés, au centre de h ' ville, les vendeuses ne font pas plus d< i sept francs de vente par jour! Mais Tietz, (,,société anonyme belge' spécifiaient certaines affiches au lendeniaii de la déclaration de guerre !) a toute h clientèle allemande, militaire ou civile. * * * Ce qui ne laisse pas d'être amusant, dan l'un des grands magasins, c'est la dispari ; tion de toutes les marchandises de marqua allemande. Disparition ou pour dire mieuj substitution. Car les ,,made in England' ne peuvent tromper que les imbéciles. Lt preuve du pays de fabrication de certaine; marchandises réside dans leur solidité. Or, ce n'est jamais le cas des produit; allemands ! * s * Par contre, il n'y a plus de bière de Mu nich dans aucun café belge. Un cafetie] ayant essayé de réimporter de la bière mu nichoise au détriment de nos excellente; bières nationales, a vu son café se vide] comme par enchantement. C'est le com mencement d'un boycottage sévère qui n< sortira tous ses effets qu'après la guerre * « * D'aprèà 1',,Indépendance", le recteur d( l'Université Libre, M. de Moor se trouvail récemment à Londres. M. Brachet, directeur de l'Institut d'Anatoanie; M. Lameere, le professeur de zoo.o0xe ; et M. de Sélys--Longchamps, de la faculté des sciences, se trouvaient, quanc la guere a éclaté, à la station biologique de Roscoff, où ils ont reçu, dans le monde universitaire, le meilleur accueil. M. Bra chet a été adjoint au professeur d'anato-mie de l'université de Paris, et partage avec lui les charges de l'enseignement- M. Lameere est entré au muséum poui y étudier et y classer les collections entomo-logiques et M. de Sélys—Longchamps est devenu titulaire d'une bourse de la faculté des sciences destinée à lui permettre de poursuivre ses recherches scientifiques. M. Maxweiler vient de partir du Havre pour la Suisse, avec M. René Marcq, professeur à l'école des sciences politiques, afin d'y donner des conférences. M. Chewannes, professeur de chimie est caporal dans l'armée française, à Beifort M. Leriche, professeur de géologie, d'origine française également, est prisonnier de guerre en Allemagne. Enfin, M. Henriot, professeur de physique, est offi cier gestionnaire ambulancier à Besançon. M. Herschaffelt, profeseur de physique expérimentale, est en Hollande, où il enseigne.• » » Les officiers allemands ne font décidément rien avec simplicité. Le dimanche, à la grand'messe de Ste Gudule, on en voit, en grand uniforme, qui ne se contentent pas, pour l'accomplissement de leurs devoirs religieux, de poser leur séant^ sur les chaises de l'église, mais qui se mettent par terre et font des invocations d'une ézagération crispante, pour le succès de leurs armes. * * * Les villageois da le' province de Brabant ont remarqué à différentes reprises que les pillages étaient commis depuis quelques semaines par des soldats allemands déguisés en civils ! * • * Trois officiers vinrent louer il y a huit jours, un coquet appartement dans une maison d'un faubourg, particulièrement calnïe. Le soir même de leur emménagement, la logeuse fut très étonnée de croiser dans l'escalier trois civils qui lui rappelaient vaguement ses locataires. Croyant à une visite de cambrioleurs, elle rassembla tout son courage et s'apprêtait à crier, lorsque l'un des quidams lui dit dans le français le plus correct : — Ne vous effrayez point. Nous sommes vos locataires. Nous vous avons payé ce matin. Nous sommes obligés pourtant de vous quitter définitivement. Pourtant se dit la brave femme, ils ont quelque chose de changé dans la physionomie. Elle monta quatre à quatre à leur appartement où elle trouva .leurs sabres et leurs uniformes dont toutes les marques et numéros avaient été soigneusement arrachés. Sur la toilette, des fards, une fausse moustache, quelques menus objets qui ne laissaient aucun doute sur leur déguisement, dans un but de fuite. Prise de peur, la logeuse enterra les armes et brûla sur le camp les effets d'habillement.* » » La bonne entente ne semble précisément pas régner entre Prussiens et Bavarois, d'un® parfcj Allemands et autrichiens d'autre part. Ceci est tellement vrai que, lorsque trois hommes montent la garde, un Bavarois est toujours encadré de deux Prussiens ou un Autrichien de deux Allemands.La population 6'amu6e fort de ces préoccupations de l'autorité supérieure, n'ayant pas tardé à découvrir îa manoeuvre grâce aux costumes facilement recon-naissables de ces trois alliés, si peu alliés au sens cordial du mot! A Anvers. 5 À la séance du Conseil Communal, il y , a.vait en tout et pour tout, quatre journa-; listes, deux Belges et deux Hollandais! L'enceinte publique, par contre, était comble! ,,L'Aigenieen Handelsblad d'Am-, sterdam" tient de son correspondant .qu'avant l'ouverture de la séance, deux officiers allemands ont pénétré dans la salle, accompagnés d'une jeune femme fort élégante. Ils parlaient le français. A un mo-' ment donné, l'un des officiers s'adressant > à l'huissier qui les accompagnait, demanda, en désignant un des sièges : ; —• C'est le fauteuil du bourgmestre, çà? Il se laissa tomber dans le fauteuil, lança ■ sa cravache sur la table et agita la son nette qui se trouvait à portée de sa main. ; Du banc de le presse quelques murmures. Grand bruit parmi le public. L'officier de S. M. le Kaiser se leva alors et s'en alla suivi de la jeune femme élégante et de son camarade. Comme tact, c'est un peu là, comme on dit en France! Les membres du Conseil, peu après, gagnèrent leurs bancs dans le plus profond silence. C'était presque du recueillement! • * » Nous apprenons la morfc, à Streatham Hill, de Madame Vve Gustave van den Abeele, née à Anvers le 21 Juin 1840. • • * Un officier allemand s'adresse à l'un de nos amis et le prie de lui traduire le mot : ,,smeerïap". Un peu inquiet, notre ami lui donne, dans le plus pur allemand, l'équivalent de cette expression colorée. Puis il lui demande : — Pourquoi me demandez-vous spécialement la traduction de ce mot? — Je vais vous dire, repartit l'officier avec candeur. Je ne peux me promener dans : un quartier populeux, sans entendre à tout i moment le mot ,,smeerlap". Notre ami fit des efforts désespérés pour ne pas éclater de rire ! * * ■» ' Depuis hier, il est impossible d'obtenir de ,.passierschein" à destination de Hollande Seuls, lpes Allemands et les Hollandais peuvent encore passer la frontière. Les Belges n'ont , donc plus le droit do quitter leur paysl Et ceux qui s'apprêtaient à partir, tout comme les gardes-civiques, ne se cachent pas pour protester contre les promesses de l'autorité civile anversoise. Pourquoi, se demandent les An-versois désireux do partir d'Anvers, nous avoir fajt revenir au pays puisqque nous n'avons pas le droit de quitter celui-^i? L'étoile de M. Louis Franck pâlit chaque pour davantage. L'impôt de 50 millions lui a d'ailleurs porté un coup mortel. * * * L'industrie diamantaire se réveille tant soit peu. Les diamantaires hollandais, si nombreux, essaient de rendre vivante une industrie que la guerre a fortement éprouvée. Le local ,,Fortunia" est rouvert, mais les affaires sont excessivement rares- Notons à l'actif des diamantaires autrichiens établis à Anvers qu'à de très rares exceptions près la majorité d'entre eux n'ont pas repris leurs affaires, à la différence des Allemands expulsés qui se sont empressés, avec ostentation, de revenir dans notre métropole, à la suite des années de von Beseler. Ce faisant, les diamantaires autrichiens font preuve de taci^et montrent, — si tant est qu'il faille insister à ce sujet, — que les deux nations sont dissemblables à beaucoup de points de vue. Ceux qui, en Belgique, ont subi l'occupation étrangère, établissent une différence marquée entre les soldats allemands et autrichiens. « * ■» A hauteur 4es tanks, les soldats allemands (les premiers du monde !) ont construit un pont de bateaux qui, régulièrement, à chaque marée, se démolit. Les bateliers belges n'en peuvent approcher qu'à 500 mètres, comme si leur présence allait faire se détacher les bateaux les uns des autres! Il y a quelques jours, •— c'est un témoin oculaire qui nous en fait le récit, — un batelier ayant dépassé les 500 mètres, à l'idée d'un officier, ce dernier prit le fusil d'un soldat et tira sur le ,,sinjoor" qui, fort heureusement, ne fut pas atteint. Ces faits sont fréquents, de soldats qui tirent stur des Anversois, sous de futiles prétextes. On commence à s'y habituer. Mais ce à quoi les soldats alle-mands (les premiers du monde!) ne peuvent se faire, c'est qu'ils ne sont pas fichus de construire un pont de bateaux ! C'est là une source toute trouvée de plaisanteries amusantes, comme bien vous pensez. * * * Un mot amusant d'un habitant d'Anvers, après que les Allemands eurent défendu toute sortie de figeonsi mesure draconienne £ui a j fort indisposé les passionnés amateurs de courses de pigeons que sont les Flamands : d'abord, il a été interdit aux hommes de bouger, aujourd'hui les pigeons ne peuvent plus voler! Sans doute demain, les Allemands prétendront empêcher nos plantes de pousser l A Y p r e s. Outre les Halles qui sont détruites, la plupart des monuments et des maisons, si j pittoresques, de la vieille ville flamande, i sont anéantis sans espoir de rien ressusciter j de leurs ruines lamentables. Le 21 novembre, le correspondant de 1',,Indépendance", pouvait constater de nombreux dégâts. Mais les Halles et l'Hôtel de ville n'ont été détruits qu'après son départ. La bataille continuant autour d'Ypres, il est fort à craindre que cette ville justement célèbre n'existe bientôt plus. Toujours est-il que, le 21 novembre, le Nieuwwerk, bâtiment de style Renaissance qui fait corps avec les Halles, et dont façade établie sur colonnes a été reproduite ; à l'exposition de Gand ,,à la vieille Flandre", était endommagé, mais les dégradations tout en étant considérables n'étaient pas irréparables. La ville avait d'ailleurs suffisamment souffert en maints endroits. Il semble que les abords de la Grand' Place avait été spécialement visés. Tout le coin de la rue de Lille depuis la maison De Coen-Vermeulen jusqu'à la maison Angil-les Bremfaut a été incendié, les banques de Courtrai et de la Lys sont rasées, le coin de la rue Dixmude, depuis la Ghatel-lerie jusque près de la pharmacie De Houck, a été détruit. Dans la rue au Beurre la superbe maison du sénateur Fraeys et toutes celles y attenantes, tant dans la rue du Marais que vers l'église St. Nicolas, ont été la proie des flammes; dans la rue de Dixmude les maisons formant le coin de la rue Surmont de Yolsberghe jusques et y compris la maison de M. Emile Bake, sont, sauf deux, incendiées ou réduites en miettes. Au quartier de la gare le groupe des maisons Coomaifcs est détruit, sauf une; encore celle qui subsiste est-elle sérieusement endommagée. Dans la rue d'Slver-dinghe, l'école St.Michel, la maison du procureur du roi, l'Hôtel des Pays-Bas sont démolis; il en est de même des maisons Tandverne et Spillaert à la Place Yanden Peereboom. Cette énumératkm pourrait se prolonger, car beaucoup de maisons, en apparence intactes, ont souffert intérieure-i ment. 11 n'est pas un quartier de la ville i qui ait été épargné ; dans toutes les rues on rencontre des maisons dont les carreaux sont brisés, d'autres où les toitures ont été emportées, d'autres où els cheminées sont abattues. On se sent vraiment indigné à la pensée que l'œuvre dévastatrice à laquelle se sont attachés les Allemands ne s'arrête devant rien et qu'une ville comme Ypres, justement réputée pour ses trésors artistiques, n'ait pu trouver grâce à leurs yeux. Car Ypres, comme Bruges, était citée parmi les villes d'art célèbres et formait l'un des plus beaux joyaux de notre Flandre occidentale.Lorsque j'ai quitté la ville samedi les obus tombaient aux abords du quartier de la Gare, à proximité de la maison de santé, située le long de la Chaussée de Ylamer-tinghe. Le matin même on avait évacué les aliénés qui ont été dirigés sur Paris. Depuis! Que de nouveaux ravages, sans utilité ! A Fur ne s. Les trains dans la direction de Fumes ne vont pas plus loin que D'unkerque. Il y a quelques jours, les trains arrivaient encore jusque Ghysvelde. A Furnes, le prix des vivres a considérablement augmenté. Les autorités militaires ont dû y mettre bon ordre, fixant un prix maximum pour 25 différentes espèces de comestibles. Sur cette liste figure même le prix d'une tasse de caf3 et d'un verre de bière! A St. Nicolas. Le travail reprend insensiblement. Quelques fabriques, huit ou dix, ont remis leurs machines en marche. Un fabricant de cigares recommence à fabriquer, ayant reçu, nous dit un voyageur revenant de St. Nicolas, l'autorisation de vendre des cigares en Belgique et en Hollande. Mais la misère ne laisse pas que d'être pénible pour beaucoup d'ouvriers et de petits bourgeois qui se présentent chaque jour aux distributions de soupe et de pain. Dix-huit mille francs sont consacrés chaque semaine, par la ville, à l'alimentation des indigents. Dans le Hainaut. A Leuze les Allemands ont saisi pour un million €e laines brutes, payables en bons après la guerre au prix d'avant la guerre! Toutes les matières premières de l'industrie du tissage sont ainsi enlevées pour être expédiées en Allemagne. * * * A X... Des officiers logent chez l'habitant. L'un d'eux, hébergé chez un notable de l'endroit, se faisait remarquer par l'assiduité avec laquelle il suivait les préparations culinaires. Sans doute la cuisinière n'était pas mal... Un jour notre homme manifesta d'avoir à son déjeuner une omelette aux rognons. =— Yous avez cela,, dit la maîtresse de maison, demain je vous procurerai un rognon de veau. Mais, comme ce plat est assez compliqué, voules-vous avoir l'obligeance de le préparer vous-même? •— Mais certainement, Madame, iavec plaisir. Le lendemain, à l'étonnement général des convives, on voit arriver sur la table une omelette aux rognons admirablement préparée, un plat dressé avec l'art le plus méticuleux: et le plus raffiné. Tout le monde s'empressa de complimenter l'auteur. % —• C'est plus qu'un art de société que vous possédez-là, lui dit l'hôtesse. Vous 3tes un véritable maître-queux. Que faisiez, vous done avani la guerre? — Moi, Madame: j'étais maître d'hôtel. J'ai servi en cette qualité pendant deux ans chez M. Cambon, l'ambassadeur de France, à Berlin. —_ En qualité d'espion? intervint un :onvive. •— Mais évidemment, répondit avec un candide cynisme le Vatel—Judas. — —s» ■ 9 ■ — Lettre de Londres. Les réfugiés belges à Londres attendent patiemment la fin de leur exil. Les Anversois, très nombreux dans la capitale anglaise, se réunissent au quartier français et devisent des événements. La situation d'Anvers surtout est l'objet de toutes les conversations, l'attitude des autorités a le don d'e-taspérer les vrais patriotes qui n« pardonnent pas à l'administration civile de s'être immiscée dans des affaires militaires, surtout pour arriver à un si piètre résultat. Beaucoup de réfugiés ont des parents, ^ui sont retournés à Anvers sur la foi des belles promesses émises par les délégués des teutons; ils regrettent maintenant d'avoir eu la moindre confiance dans des0 politiciens beaux parleurs qui n'ont eu en vue qu'une ambition démesurée. Tout le monde ici a confiance dans le résultat final; il suffit de passer quelques semaines à Londres pour comprendre que l'Angleterre est un adversaire redoutable ît puissant qui ne reculera devant rien pour irrivér au triomphe final. Suivez lps séances du parlement, lisez les discours et les iéclarations des ministres, voyez l'enthousiasme du public pour l'emprunt de guerre, 350 millions de Livres, souscrit en une semaine, la sérénité avec laquelle il accepte es plus formidables impôts, des impôts :ur le thé et la bière, des articles de forte consommation, et vous aurez une idée de ce jue peut cette nation si calme et si décidée. L'armée anglaise a le don d'exciter l'enthousiasme de nos compatriotes ; il faut voir es soldats britanniques, admirer ces élé-nents jeunes et vigoureux rompus à tous es exercices de corps qui viennent s;en-■ôler volontairement sans la moindre pres-ion, conscients qu'ils sont de remplir un ievoir sacré, de combattre pour une cause uste. La discipline est librement acceptée, es officiers et les soldats sont comme de deux amis, ils reviennent des plaines l'exercices en chantant des airs populaires, ilternent le maniement des armes avec des outes de football, puis ils se répandent en dlle, et s'empressent de mettre oidre dans eur toilette, car le soldat anglais est coquet st élégant. Quelques instants après vous les royez attablés dans les grands restaurants, • ou jours corrects et de grande allure. Quand on voit ces masses innombrables de oldats anglais manoeuvrant dans les parcs le Londres, on a la sensation que cette nmée de création si nouvelle doit être une les plus fortes du monde. Tout le bluff lu kaiser, la menace des Zeppelins, et le aid sur Londres laissent les Anglais tota-ement indifférents. Ils désapprouvent nême les mesures que l'autorité a prises de ■éduire le luminaire. L'Anglais n'aime pas i. être dérangé, ni à changer ses habitudes, ^u'on envoie un million d'hommes de plus, ious payerons plus d'impôts, mais qu'on îe nous ennuie pas avec des histoires de Zeppelins : voilà la mentalité anglaise. Plus )n vit en Angleterre, plus on apprécie 'esprit pratique de ce peuple. L'organisa-ion des secours aux réfugiés belges est une :hose admirable, exécutée avec un tact et nie délicatesse qu'on ne peut assez louer. Chaque réfugié a été hospitalisé suivant a situation de fortune, les familles riches e sont disputées les artistes qui sont choyés tt qui tâchent de se rendre utile en se proluisant aux concerts de bienfaisance. On-Lpprécie beaucoup les artistes belges à Lon-Ires, surtout les chanteurs et les instrumen-istes. La presse leur prexligue beaucoup l'éloges. C'est ainsi que notre grand con-rère le ,,Daily Telegraph" a parlé en ternes excellents de nos compatriotes Mme. ruliette Matton—Painparé, soprano et de \îr. Carlo Matton, le violoniste "bien connu, jui se sont fait entendre à un concert Drivé en faveur du Belgian Relief Fund. Jne assistance très nombreuse et particu-ièrement selecte a applaudi les virtuoses it leur accompagnateur Mr. Georges Lau-reryns, pianiste, chef d'orchestre du rhéâtre Royal de la Monnaie. Au Criterion théâtre c'est Libeau, l'impayable Libeau qui connaît le succès avec ;a saison belge. Il tient le rôle titulaire lans ,,Ce bon Monsieur Zoetebeek", la co-nédie humoristique de moeurs bruxelloises lui fut représentée plus de 300 fois à Bruxelles.. ARMAND JOSSE,

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