Telephoon: Muséum 267. et Pat Bureau: 21, Russell Square, W.C. Abonnement: îs. 6d, pour trois mois. Subscription : is, 6d. for three months. lre Année. No. 14. JEUDI, MAI 11, 1916. Pour la France : 2 fr. Pour les Pays-Bas : 1 fl. Prix ld. RECRUDESCENCE D'ACTIVITE DEMIT VERDUN. LES ALLEMANDS DÉCIMÉS. A nos Amis. Commençant un second trimestre, nous nous faisons un devoir de remercier tous ceux d'entre nos compatriotes qui nous ont aidés si généreusement jusqu'à ce jour. Lorsque nous débutions ce ne fut pas sans appréhension, car nous connaissions les nombreuses difficultés auxquelles nous allions nous heurter. Grâce au concours bienveillant de nos amis nous les avons surmontées. Aussi pour ce nouveau trimestre sommes-nous remplis de confiance, car nous ne doutons pas que nos amis auront à cœur, non seulement de continuer à nous prêter leur soutien et leur concours mais aussi de redoubler leurs efforts pour notre complète réussite. Nous faisons un ardent appel à la collaboration de tous, aux vaillants soldats du front pour qu'ils nous transmettent leurs impressions, pour qu'ils nous fassent partager un peu de leur vie..., aux exilés pour qu'ils nous communiquent tout ce qu'ils apprendront soit de leur Patrie, soit du coin de terre où ils ont été chercher un refuge. Nous sommes heureux de publier les listes que l'on nous fait parvenir, comme celles des Flobecquois, des Schaerbeequois que nous avons publiées, et qui sont un moyen très utile pour se retrouver. Que tous contribuent à notre œuvre. Abonnez-vous, propagez le journal. L'Intention droite. Au fur et à mesure que la guerre se développe et dure, on voit se modifier et se multiplier les buts poursuivis par les belligérants. Toute guerre a pour caractéristique: i) de réveiller toutes les questions dormantes dont on réservait la solution à des moments favorables ; 2) de faire dominer dans chaque pays ce qu'on peut appeler le programme maximum de revendications politiques et territoriales. Dans tous les pays belligérants ce sont les ultras qui dominent, les impérialistes, les militaristes soutenus d'ailleurs par une opinion publique exaltée, jouant adroitement du magnifique idéalisme qui est l'âme du patriotisme. Il y a, dans cet état de choses, un grand danger. Dernièrement, je demandais à un Anglais, un homme aimable d'ailleurs, instruit, influent, de caractère doux et d'allures fort paisibles, ce qu'il pensait de la durée de la guerre. Oh ! me dit-il, j'espère qu'elle ne durera pas aussi longtemps qu'on pensait. Dans deux ans tout sera fini Dans deux ans ! Mais que serons-nous devenus, nous Belges, Serbes, Monténégrins, et soyons francs, qu'en sera-t-il des Français? Les Français ne céderont jamais, ce sont des hommes d'honneur.— Mais, lui dis-je, quel but poursuivez-vous ? Quel but ? L'écrasement complet de l'Allemagne militaire et économique. Nous voulons la rendre à jamais physiquement incapable de recommencer un pareil coup. Je ne prétends pas que mon interlocuteur soit un représentant fidèle de l'opinion anglaise, je n'en sais rien. Son terme de deux ans est purement fantastique. Aucun belligérant ne peut durer deux nouvelles années. Je dis ce que j'ai entendu de la bouche d'un homme paisible et particulièrement qualifié pour émettre une opinion autorisée. La guerre a des effets démoralisants. Elle engendre la haine et elle en fait un devoir et une vertu. Que deviennent dans tout cela les préceptes de la morale religieuse ? On les foule aux pieds avec une incroyable désinvolture. Pour les catholiques soucieux de pratiquer leur religion pour qu'une guerre soit et reste juste, il ne suffit pas quelle soit faite pour une cause juste, il faut encore qu'elle soit faite avec une intention pure et droite. St. capable d'amener une paix juste et durable. Il y a là un renversement des rôles qui nous ménage pour l'avenir des surprises désagréables. Il n'est pas bon, il est souverainement dangereux, que les représentants de l'ordre placent délibérément leur conduite politique en dehors de la morale et du droit. Aucune autorité n'est respectable qu'à condition de se respecter elle-même. X. Bataille de Charleroi (août 1914). (Cliché- communiqué -par M. de Dorlodot, 4, Priory Gardens, à Folkestojie.) Ce....monument (?), inauguré le 22 août 1915, a été élevé par les Allemands en commémoration de la bataille de la Sambre (août 1914). Il est situé le long de la route de Couillet à Châtelet, non loin du rivage des Fiestaux. Thomas développe ainsi qu'il suit une pensée de St. Augustin : Il est nécessaire que l'intention de ceux qui combattent soit droite, c'est-à-dire qu'ils se proposent de faire le bien ou d'éviter le mal. C'est ce qui fait dire au même docteur, que "chez les véritables serviteurs de Dieu, les guerres elles-mêmes sont pacifiques n'étant pas entreprises par cupidité, ni par cruauté, mais faites par amour de la paix, dans le but de réprimer les méchants et de soulager les bons." Par conséquent, il peut arriver que, quoique la guerre ait été déclarée pour une juste cause, elle n'en soit pas moins illicite en raison de la perversité de l'intention de celui qui la fait. Car Saint Augustin dit: "Le désir de nuire, la cruauté de la vengeance, une âme implacable, ennemie de toute paix, la fureur des représailles, la passion de la domination et tous autres sentiments semblables, voilà ce qui mérite à juste titre d'être condamné dans la guerre." Qu'on y prenne garde, il se passe en ce moment un phénomène très dangereux. Les idées de morale, d'humanité, de justice et de loyauté apparaissent surtout dans les journaux à tendances révolutionnaires. Plus les journaux sont conservateurs et cela dans tous les pays, plus ils sont impérialistes, chauvinistes, plus ils ont le culte de la force, plus ils sont persuadés que la force et la force seule est " Le Pape devrait..." Demain, tous les chrétiens alliés communient 'pour le Pape... Telle est la consigne que le cardinal Mercier jette au monde qui lutte, l'épée à la main, pour le droit et la justice. Petite phrase... immense chose! Fermez les yeux quelques secondes, et méditez sur elle ! ... Tous les chrétiens alliés... C'est-à-dire les chrétiens des villes, mais aussi la petite Bretonne dans sa lande, le montagnard au fond de sa vallée, le sauvage de la mission perdue au fond d'une île du Pacifique. ... communient... c'est-à-dire font leur âme pure et belle, et y reçoivent l'Infini. ... pour le Pape... c'est-à-dire pour celui qui, sur deux épaules humaines, porte le fardeau qui écrasa celles du Christ. * * * J'ai écrit ici, l'an dernier, un article de terreur sur ce thème : "être évêque." Et un des nouveaux prélats me répondit : "J'aurais pu signer toutes les lignes de votre article..." Mais... "être Pape!..." Il y a des milliers d'evêques... il n'y a qu'un seul Pape... Avez-vous jamais essayé de vous représenter ce centre du monde qu'est une âme de Souverain Pontife?... Tout y venant retentir ... tous les droits et toutes les intrigues accourant soutenir leur cause...tous réclamant un mot, guettant un geste qu'on exploitera devant le monde entier: Roma locuta est!... Et lui, le Pape... écoutant ceux qui par-I lent... écoutant surtout ceux qui se taisent, regardant, pesant, sachant que chacune de ses paroles est une parole d'histoire, presque d'éternité, et qu'elle retentira en des âmes sans nombre.... J'en appelle à tous ceux qui sont allés à Rome... à tous ceux qui sont avertis... qui savent la variété, l'intensité, la ténacité des mille et mille influences croisant, recroisant, entrecroisant leur action autour du trône auguste de la plus haute puisance morale du monde. Et nous, pressés, fiévreux, hâtivement documentés, nous réclamons une parole immédiate.Si elle ne vient pas, alors aussitôt nous jugeons, comme des enfants qui jugent leurs parents... nous jugeons comme si toutes les raisons d'agir, ou de ne pas agir, du Pape, pouvaient être jetées là, en public. Nous jugeons... hélas ! nous parlons aussi !... Combien de catholiques français peuvent se frapper la poitrine : Je suis cet homme là !... meâ culpâl... Moi, petit sous-chrétien, qui conduis d'une façon très ordinaire mon humble famille— moi qui ne dois même pas juger mon égal, j'ai jugé le Pontife suprême!... Oui, je suis tombé dans cet orgueil enfantin, ce piège de division, si classiquement allemand ! J'ai jugé... j'ai parlé... j'ai même critiqué... Je me suis séparé un peu, mais séparé tout de même !... J'ai dit: "Le Pape devrait..." comme ces Marius de salon qui s'écrient en brandissant le dernier journal du cru: Ah! si fêtais le général en chef!... Le Pape devrait...! Pauvres petits!... Il devrait vous consulter...? Et le Saint-Esprit aussi peut-être?... * * * Il devrait !... Et à mesure que la fumée des premiers champs de bataille commence à se dissiper, la situation difficile, mais aussi l'action profonde du Pape, apparait aux yeux des intelligents.Et cette action se dégageant des influences héréditaires, des préférences politiques, résistant aux pressions des nations de proie, monte et s'épanouit de plus en plus sur ces hauteurs où le Christ prononce les jugements définitifs. * * * Aussi, hérissez-vous contre tout ce qui critique le Pape... contre tout ce qui tend à faire monter un nuage entre lui et nous. Aimez le Pape, et donnez-lui demain la marque suprême de l'amour, qui est la communion.Et quand, revenu à votre place, la tête dans les deux mains, au milieu de votre tranquille église, vous sentirez le Christ en votre cœur, parlez-lui du Père visible de l'Eglise universelle, de celui qui supporte le fardeau géant du monde moral en ce terrible XXe siècle. Et, du plus profond de votre filiale tendresse, dites la prière liturgique : ...Je vous prie, Seigneur, pour notre Pontife aimé Benoit XV... conservez-le et fortifiez-le!... Que la terre méchante ne lui soit pas trop cruelle... Et surtout ne le livrez pas à Vâme avide de ses ennemis!... Ainsi soit-il! Pierre l'Ermite. (La Croix.) r\ La Philosophie Scolastique et la Guerre.* La guerre actuelle a révélé aux esprits les plus inattentifs l'existence d'une question internationale. Pour qu'une guerre comme celle-ci, si manifestement opposée aux véritables intérêts des peuples en lutte, si contraire aux aspirations de la conscience moderne ait pu se produire, il faut qu'il existe quelque vice fondamental dans l'organisation internationale. Il y a une question internationale, c'est-à-dire un ensemble de problèmes se rapportant aux relations entre les peuples, brutalement posés par la guerre, et qui réclament des solutions conformes à la morale et au droit. A ces problèmes, les Catholiques peuvent-ils trouver dans leurs doctrines des réponses satisfaisantes? On en pourrait douter quand on voit les Catholiques des pays belli- * THE DUBLIN REVIEW: avril, 1916.

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