L'étoile belge

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30 december 1918
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s.n. 1918, 30 December. L'étoile belge. Geraadpleegd op 28 maart 2024, op https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/nl/pid/q23qv3dj7g/
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10 centimes i@ numéro 69® année.. — N° 43 ^ Lundi 30 décembre 1913 MISE SOUS PRESSE : 4 HEURES DU MATIN L'ETOILE BELGE BUREAUX: AUE DES .SABLES, 13 Prix de l'abonnement : Pour toute la Belgique, 24 francs l'an; fr. 12.50 pour 6 mois; fr. 6.50 pour 3 mois. — Pour l'étranger le port en plus ... v'*" LE MVEIEJÏ ÎSTP1S1 El EITILKIE centralisé, mais certaines de ses pro vinces n'ont pas perdu-le souvenir d leurs anciennes libertés particulières Les pays basques, la Catalogne, l'Ara gon1 notamment ont été jadis les foyer d'une inlense vie autonome, qu'ils dé fendirent jalousement contre les entre prises du pouvoir central. Au cri d contra jueros les populations se soûle valent tout entières, mais en Ëspagn comme dans les autres grandes na tions, la centralisation a fini par triom plier. Une réaction se produit actuellemen et les pri'ncipes autonomiste et fédéra liste constituent l'évangile nouveau d la plupart des peuples, ils ont déjà reç une application tort étendue en Russi — où l'on ne doit d'ailleurs pas considc rer comme définitifs tous les chan gements opérés depuis la révolution -ils sont en voie de réalisation en Autri clie-Hongrie et gagnent chaque jour d terrain en Allemagne. Récemment, c'é tait le Danemark qui reconnaissait l'in dépendance de l'Islande. L'Angleterre qui a déjà concédé l'autonomie la plu large au Canada, à l'Australie, à l'Afri que du Sud, a aussi admis en prihçip et même voté l'autonomie de l'Irland et se montre disposée à accorder j'Jnde un premier embryon de sell government. Pour en revenir ù l'Espagne, le moi vement autonomiste a pris une grand extension en. Catalogne. La Catalogne qui a Barcelone pour chef-lieu, est 1 province la plus riche, la plus indus irieuse et la plus commerçante de tout l'Espagne. Les Catalans prétendent qu ce développement serait encore plu considérable s'il n'était paralysé pa une législation centraliste qui né perme pas aux diverses régions de déployé leur pleine activité. Le mouvement autonomiste n'est pa né d'hier en-Catalogne, mais c'est en ce derniers temps qu'il a pris assez d force pour obliger le gouvernement cen Irai à compter et même à composer ave lui. il y a quelques mois, son principa leader, M. Cambo, chef de la sliea, or gane central du parti régionaliste, fai sait même partie du gouvernement d coalition constitué par M. M aura. AI. Cambo et ses amis ne se sont pa contentés de cette satisfaction platoni que et ont formulé un programme coti cret, qu'ils ont remis, fin novembre der nier, au marquis d'Alhuccmas, alor président du'.conseil. En voici les gran des lignes : Constitution d'un gouver nèment régional en Catalogne avec u parlement comprenant deux chambres une'élue par le suffrage universel, l'au Ire par le suffrage restreint ; un pouvoi exécutif responsable devant le parle ment catalan, lequel pouvoir aura plein souveraineté pour diriger les affai res intérieures de la Catalogne, sau ALJLS Situation grave à Berlin Notre correspondant d'Amsterdam nou télégraphie : Une haute personnalité hollandaise re renne aujourd'hui d'Allemagne m'a décla rée que la situation politique à Berlin es [l'une gravité exceptionnelle. On s'atteni ^ chaque instant à la démission du consei 3es commissaires du peuple (gouverne ment) dont la capitulation devant les m? rins révolutionnaires a profondément mï contenté les masses. Ebert, chancelier, se rait déjà démissionnaire si une autre pei sonnalité jouissant d'une autorité suff santé était disposée à prendre sa place. On peut.dire que c'est le chaos complet Même en Paiss'ie, il a atteint rarement ui - internationales et la représentation di-; plomatique et consulaire, l'armée, la . marine et tout ce qui se réfère à la dé- - fense nationale, les traités de commer-3 ce et te régime douanier, les chemins - de fer et canaux d'intérêt général, la lé- - gislation pénale et commerciale, y corn-3 pris la propriété industrielle et litté- - retire, les poids et mesures, le système e monétaire et le droit d'émission du pa- - pier monnaie, la réglementation du ser- - vice des postes et télégraphes, la législation fiscale, etc. t 'Le marquis d'Alluicemas soumit «e - programme au conseil des ministres, s Les' divergences de vues furent telles que le cabinet démissionna. Il fut rem-placé, comme on sait, par le cabinet - Romanones, favorable à la cause cata- - laniste. On sîiit aussi que la question " fut portée devant ié parlement. M. Mau-" ra combattit le programme catalan en 1 un discours nui exaspéra les députés " régionalisées et les décida même à quit-" ter la chambre en remettant la défense • de leur cause entre les mains des répu-s .blicains, bien que les régionalistes eus-" sent affiché jusque-là des opinions roya- 0 listes et conservatrices. L'assemblée de la Mancomunidad et 1 des parlementaires catalans a voté les : résolutions suivantes : 1 L'as-s-emblée déclame que l'autonomie in-e t-êgrale die la Catalogne doit être établie d'urgence et qu'un Parlement éit un gouv&r-à 'nement . aaitatans doivent être créés d'urgen-. es. Ce projet n'implkjuie nullement une sé-3 paration ou un manque d'affection envers e tes autres réglions de l'Espagne, mais au s contraire une action nouvelle qui servira à r indiquer à tous les peuples de l'Espagne le t chemin diu salut. En conséquence, l'assem-r Mêe poursuivra sa tâche jusqu'à ce que son but soit atteint; S 2* Le conseil permanent de !a Mamcamu-3 nédad rédigera les premiers statuts pour as-3 surer la prompte organisait?^ deis services - dont Fera chargé ie gouvernement de la Ca-3 tàlognie; ' 3' Quand les travaux préliminaires seront 'achevés, l'assemblée sera convoquée«n réunion ex-tfaordirvaire. L'assemblée a approuvé ensuite l'atti- s tude des parlementaires catalans qui - ont abandonné la chambre des députés - le 12 courant, en signe de protestation - et a exprimé sa satisfaction aux dépulos 3 réformistes lépublicains et socialistes, - favorables à l'autonomie de la Cata- - logne. Le gouvernement de Madrid a publié , en réponse une note exprimant son mé- - contentement. Il est à prévoir cependant r qu'il s'efforcera d'entrer en discussion - avec les Catalans, afin d'essayer de so-i lutionner la question qui, sinon, risqua- - rail de compromettre la tranquillité in-f térieure de l'Espagne. !VÏAGÏ« pareil degré. Tous les milieux révolution-; naires estiment que la révolution allemande a-fait faillite. D'autre part l'opinion se - montre extrêmement méfiante à l'égard des - démocrates dont l'impuissance s'est révélée t au cours des derniers événements. 1 L'Allemagne réclame un chef, mais per- 1 sonne ne se présente. Un seul homme pour- - rait compter sur l'appui de l'armée, c'est - Hindenburg, mais naturellement les révo- - lutionnaires ne veulent pas le laisser venir - à Berlin, car ils craignent qu'il tente un - coup d'Etat. En attendant, l'ordre et la sécurité publics ne 1 sont plus nullement garantis à . Berlin. Les marins, ont arrêté Revenblow i ainsi que les rédacteurs en chef du « Vor- vaerts » et'du « Berliner Tageblatt », Staro->fer et Théodore Wolff, mais les ont rela-:hés peu après. Encore une semaine pareille et Berlin, de-■ra subir l'humiliation d'une occupation >ar les armées de l'entente ou. les hontes lu bolchevisme intégral. .a bataille fut chaude au château royal Le correspondant du « Matin » à Zurich invoie les détails suivants sur les émeutes ie Berlin : Le gouvernement de Berlin, exécédé par es derniers attentats des matelots contre îbert et contre le chef de la kommandan-ùr Wels, s'est décidé à rompre avec sa tac-ique"~de temporisation et a fait appel aux roupes' fidèles. Des combats de rue ont eu lieu, surpassant- en gravité ceux de la révolution de 1848. , Un-fait plus grave est la défection d'une îartie des troupes gouvernementales! et de fuelqués régiments de la garde. L'assaut du château et des écuries impériales, derniers retranchements des trou-jes révolutionnaires, a été donné par l'ar-illerie. Les assiégés ripostaient des toits ivec des mitrailleuses. Venant du Lustgar-en, de Sous-les-Tilleuls et de la Breites-rasse, les troupes d'assaut ont fait sauter i coups de grenades les portail^ monumen-aux de l'ex-demeure impériale. La lutte, lorps à corps, s'est poursuivie dans les ap-)artements. Les matelots qui, dès les pre-nières heures de la matinée, avaient été ex-lulsés du palais et des écuries, firent leur •ésistance dans l'aile du château contiguë i la Sprée. Dans les rues, les mêmes régiments pas-ièrent au parti des assiégés et combattirent contre la division de cavalerie de la rarde. Les contingents de la garde à pied ibandonnèrent également le gouvernement La lutte avait duré jusqu'au jmilieu de 'après-midi. Les matelots ont envoyé des larlementaires aux troupes du gouyarne-nent. Les pourparlers aboutirent à faire iccorder aux matelots, après leur désarme-nent, l'autorisatipn de quitter le palais par >etits groupes. .es Sureaux du « Vorvvaerts » occupés par les spartakistes D'après les dernières informations reçues i Berne les désordres ont continué à Berljn lurant toute la journée de Noël. Il n'y a )as eu de combat, mais lés socialistes indé-lendants et les spartakistes ont parcouru a ville avec des affiches portant èn lettres inormes : <c A bas Ebert et Scheidemann ». Le groupe indépendants et les spartakis-es ont occupé les bureaux du « Vorwaerts » iv« 14 mitrailleuses et ont fait paraître le Vorvvaerts rouge ». Ce journal dit en. derrières nouvelles : et Les -matelots et le con-;rès de leur parti exigent que le gouvernement Ebert-lïaase se retire Immédiatement t soit remplacé par un gouvernement Le-lebour-Liebknecht. » D'autre part, le « Rothe Fahne » publie les articles extrêmement violents contre le :ouvernement. » Attentat contre le comte Reventiaw La pangermanists « Deutsche Tageszei-ung » du 27 dit qu'un attentat contre la iberté personnelle du comte Reventlow, nenibre de sa rédaction, a eu lieu pendant a nuit précédente, mais qu'il n'a pas éussi. Situation instable du gouvernement D'après le correspondant berlinois du Nieuwe Rotterdamsche Courant », la si-uation est misérablement embrouillée, par-e que le gouvernement ne subsiste provi-oirement plus que par la grâce d'une soldatesque, qui agit complètement à sa guise. 1 en peut résulter qu'on le transfère dans in endroit où il soit soustrait à l'influence e la rue, qui rend une administration ré-;ulière absolument impossible. Le gouvernement est un édifice précaire, , cause de l'atmosphère berlinoise dans ia-uelle il doit agir. Tous ses membres pa-aissent reculer devant l'initiative des hangements à opérer dans son sein, par rainte de voir s'écrouler le château de artes. .a livraison du matériel de chemin de fer Les Allemands ont remis samedi aux .utorités françaises 3500 wagons et 200 ]o-omotives. ANGLETERRE [Correspondance particulière- de {'Etoile belge) Le président Wilson à Londres Le président a fait la traversée du Pas-de-Calais escorté, pendant la première partie du voyage, par quatre croiseurs français et, pendant la seconde partie, par sis vaisseaux de guerre anglais. A son arrivée à Douvres, la réception a été des plus enthousiastes. Le duc de Connaught, envoyé du roi, et M. Davis, le ministre américain à Londres, l'attendaient sur le quai. Le maire de Douvres lut une adresse de bienvenue. Le président, dans sa réponse, tout en constatant que même la mer avait collaboré à lui rendre agréable son arrivée en Angleterre, déclara notamment : c En dépit de toutes les terribles souffrances et des -sacrifices do cette guerre, j'estime qu'il arrivera un jour où, en contemplant le passé, nous reconnaîtrons que rien n'a été fait en vain, non seulement en raison de la sécurité donnée au monde contre les agressions injustes, mais aussi en raison de l'entente établie entre les' grandes nations dans le but d'assurer la permanence du droit et de la justice. » Un train royal, dont la locomotive était ornée de gui, conduisit le président à Londres. . Ij'entrée du train dans la gare de Cha-ring Cross, où le roi George attendait sur le quai son'invité, fut saluée par une démonstration sans précédent dans les annales de Londres. Tamdis que, formidables, éclataient les « Hurralis ! » de la foule, le canon tonnait à Hyde Park et à la Tour de Londres, les cloches sonnaient à toute volée, les cuivres des fanfares militaires retentissaient et des nuées d'aéroplanes faisaient de gracieuses évolutions dans les airs. Quand, précédée d'une garde d'honneur, la voiture du président quitta la gare, l'enthousiasme de la foule ne connut plus de bornes. On agitait des drapeaux et on lançait des fleurs par brassées. La reine Alexandra (la reine-mère), accompagnée de la reine de Nor-wège, sortit de son palais et se tint sur le trottoir pour acclamer le président au passage. Respectueusement, la foule se retira pour lui faire phtee et des acclamations la saluèrent quand elle regagna son palais après le passage du cortège. Le président "Wilson paraissait radieux.Dans Piccadilly, où -sont installées les missions navales et militaires américaines, des lauriers furent lancés sur la voiture du président et des fleurs sur; la voiture où se trouvaient la reiue et Mme Wilson. Au club de Saint-James, où se trouvaient réunis presque tous les membres du corps diplomatique, les acclamations furent particulièrement nourries. Mois c'est surtout aux abords du palais de Buckingham, où l'espace permet une plus grande accumulation de foule que partout ailleurs, que les manifestations et les acclamations devinrent impressionnantes par leur formidable grandeur. On demanda le président au balcon. Il s'y pendit, suivi du roi, de la reine et de la princesse Mary. Il salua, puis, comme les acclamations devenaient plus frénétiques encore, il agita son chapeau. La reine lui passa alors un petit drapeau anglais. Il l'agita et le passa à Mme Wilson, qui l'agita à son tour. Les acclamations montaient toujours avec une énergie nouvelle: Enfin', le silence se fit et le président put adresser quelques mots de remerciement qui se perdirent dans de nouvelles acclamations sans fin. Puis il se retira dans ses appartements. INTÉRIEUR LES ASSISES DE L'UNIVERSITÉ FLAMANDE Nous recevons d'un groupe de correspondants flamands la communication suivante, qui prouve que nous avions raison de dire que ce sont les Flamands qui nous débarrasseront des flamingants : Le projet signalé daias le discours du trône de créer les Assises d'une Université jla. mande à Gand a provoqué la plus vive émotion disais les milieux universitaires et intellectuels gantois. Nos gouvernants passent sous silence l'existence de l'Université française ie Gand. S'agit-il de supprimer l'ancienne Coi-versiïé au de créer une Université flaniaaie à côté de l'Université française? Une ligue -iiatioma/le fuit aussitôt créée à Gaind pour protester énergiquemeiit' contre toute tentative de suppression de l'Uniïsr-, aité française; la réputation mondiale- de eettê institution historique nous dispe^s d'en faire l'éloge. Se plaçant daas la seconde hypothèse, la ligue émettait le vœu de voir établir l'Université flamande dans toute autre viife lu pays pour éviter urne dualité d'institutions pouvant «ngeàjirer des conflits parmi les professeurs et étudiants. Les adhérents à cotte ligue s'engagent par tous les moyens en leu/r pouvoir à exercer la pression politique nécessaire sua* les gouvernante ot les mamdsjiaires publics afin de voir assurer le minimum de leur revendication. Il s'agit ici d'une question patriotique ©t libre. Certes, les .intérêts des F.la rnands sont éminemment respectables,mais \ il en -est de même pour, les milliers de P'a» ■mands habitant les Flandres et qui, de géj nératkxn em génération, ont reçu une culturel française, 1 En tout cas, il doit être libre à toui Flai-j ma-nd de s'instruire dans les soimees dsn«i telle langue qu'il lui platt, françaidè ou ila-î miande ; beaucoup de Flamands, en effet, dey puis leurs plus lointaines origines histort-; qu-es, ont toujours considéré la langue fran-f çaise comime leur deuxième langue m-aterj celle et elle leur est devenue plus chôre en-i core depuis que l'ennemi a tenté en vain oef l'extirper par la contrainte. * A l'heure où l'occupant et les aotàvîstes" qui fondèrent l'Université de si triste mé^ moire durent s'enfUir sous lea huées de la! population gantoise, à l'heure où le terril toire ybe.lge est reconquis par les armées alj] liées et où le samg français se prodigua ai' généreusement sua- le sol-flamand, en ce rno-4 ment surtout où le génie des peuples latins' a reconquis son rang dans le monde, toute! tentative d'éteindre un foyer de culture la* tiile en Flandre ou d'en amoindrir rfoflueov ce apparaît comme un grave péril pour l'avenir limteïlectuel d'une grande partie du peuplé flamand. La ligue n-ationaJe die Gand espère recueillir des adhésions nombreuses d-ams les prim-1 cipaies villes des Flandres, parmi les anciens universitaires de Gand et les personnes appartenant aux classes inteileetuelieai, de la population. .1 Noys engageons tous les Flamands à'i répondre ù cet appel. - LES CONFÉRENCES DE LA SOCIÉTÉ DE CHÎkURGIE L'une des dernières séaiiçes extraordinaires de la Société' de chirurgie, à l'hôtel de ville de Bruxelles, a été consacrée à la bactériologie des plaies de guerre. Le conférencier, le docteur Le-vaditi, chef de laboratoire à l'Institut Pasteur, de Paris, a été présenté par M. le docteur Cheval, président delà''société, qui a salué en lui .un représentant- de la gloire de la science française. « La chirurgie sait, a dit le docteur Cheval, tout ce qu'elle doit à Pasteur. Sans Pasteur, Depage n'eut pu nous exposer les audaces de la chirurgie de guerre, brillamment conservatrice. II. me revient à l'esprit une piquante anee-îote que m'a rapportée mon maître, le professeur Hégeiy.le président du conseil l'administration de l'Université libre de Bruxelles. Il venait d'assister à l'Académie dos sciences de Berlin à une conférence du professeur Koch, l'inventeur le la tuberculine. A Waldeyer, qui s'extasiait sur la beauté de la conférence de Koch, il dit : o Ce que j'admire en Koch, » c'est qu'il a pu parler pendant deux s heures sans citer une seule fois le nom » d'un savant français et sans avoir pro-» noncé le nom de Pasteur. » J'ignore si l'Allemand a compris. Si là-bas, de l'autre côté du Rhin, on oublie systématiquement la science française, ici, M. Levaditi, nous sommes dos admirateurs le la gloire scientifique et du génie de la France. En vous souhaitant la b'iénve-lue, nous attendons de vous que vous ious fassiez aimer davantage cette scieii-"■e qui chante à l'oreille, par l'élégamse le votre belle langue, et qui séduit l'esprit, par sa lucidité et sa clarté. » M. Levaditi, en tant que médecin al-ié attaché depuis près de deux ans à 'ambulance « Océan » de La Panne, a lécrit d'abord quel fut le milieu où une activité chirurgicale et un esprit scientî» fique incomparables ont été déployés, par une élite de chirurgiens et de savant» belges : » Figurez-Vous, dit-il, une cité ou plu-; tôt une usine chirurgicale, sise- à petitei portée des lignes, où le bourdonnement ; incessant des machines se mêlait au gron- j dement- du canon, où l'on voyait à toute 1 heure se mouvoir, comme dans une ru-j elle, médecins, infirmières, brancardiers, l blessés, mutilés et convalescents. An; milieu de cette cité, cinq salles d'opération, dotées de l'outillage le plus per-| fectionné, travaillant souvent sans relâ-| che, où des équipes chirurgicales se sue-] cédaient les unes aux autres, afin d'appliquer les découvertes les plus récentes aù soulagement d'horribles souffrances.- » Activité fiévreuse entre toutes, mai» dominée par uné parfaite organisation et un esprit d'ordre parfait. Ce que l'on es-j timait ailleurs difficile, voire impossible,j fut réalisé à La Panne, pour la simple raison qu'un homme, Depage, « su vouloir alors que souvent ailleurs on hésitait,-' et qu'autour de cette volonté éclairée se) sont groupés, pour aider et collaborer,! des bienfaiteurs et une pléiade de jeu-j nés talents que la guerre n'a pas tardôj de transformer en maîtres. j » La précision du hut à atteindre, l'utilisation des compétences, la spécialisa»' tion poussée jusque da.ns les détails,' l'unité de méthodes, cependant modi-| fiées suivant les exigences scientifiques' de l'heure, ce fut là le secret du créateur; de l'ceuvTe de La Panne. ! » Je suis heureux d'avoir participé SI cette activité dont l'ambulance « Océan »J pourra s'enorgueillir, et je m'estimerai1 plus heureux encore, si ceux d'entre! vous qui n'ont pas eu la consolation deij voir comment la Belgique savait pren-' L'ODYSSÉE DU FRANC-TIREUR A la première station allemande, 1< porte s'ouvrit toute grande et une ruéi de femmes entoura le train. Ah ! 1< drame avait- été effroyablement blé machiné : pour ces femmes aussi, nott étions les sanguinaires francs-tireurs di Louvain, les tortionnaires sauvages ceux qui avaient crevé les yeux de 'euri maris et de leurs fils, ceux qui avaie.i martyrisé les blessés allea ands. qui les avaient arrosé d'huile bouillante, e avaient coupé leurs me.nt res en nier ceaux... Ces femmes étaient fol1 es tl< fureur. A .grand'peine, des 'soldats lu maintenaient à quelque distance : heu-reusemen't pour nous ; elles nous auraient ëcharpés. Leurs doigts se cris paient on griffes au bout des bras tendus vers nos visages; de leurs boje-ii-"-large ouvertes st-ridaient des cris perçants de possédées ; et sous leurs lèvre; que la-rage retroussait, "les dents veillaient happer et déchirer notre clnir Nous étions épouvantés. Or, il en fut de même dans tes douzaines de gares que nous traversâmes ce jour-là et le lendemain. Les populations étaient prévenues de notre passage et accouraient nous tendre ls Poing. Partout les femmes étaient les plus acharnées. Pour les apaiser, le; soldats faisaient mine de nous mettre en joue, puis d'un geste aui a"ait d'iw i Dont à l autre au tram, ils compîêtaier - la promesse : « Tous, ils seront fous fi > sillés 1 » Et, en vérité, la stèné se répét i tant de fois que nous nous sentions ir quiets : allait-on nous réunir dans que que cirque immense et nous mitraille tous, sous les yeux et pour la plus pai faite vengeance du peuple berlinois Notre état d'abattement physique et mt ral nous livrait sans réaction aux plu sinistres pensées. Nos gardiens avaient fini par nou prendre en pitié : ils nous passèrent u peu de pain, deux bouchées pour chr ■ cum. Par contre il y eut, l'incident qu voici : dans le wagon suivant le nôtr se trouvait une jeune femme,, prisor nière comme nous, avec un bébé d ; quatre mois dans les bras. Le lait d la malheureuse s'était, tari ; l'enfan - pleurait. Dans une gare, comme des ir firmières longeaient le train, un de prisonniers leur montra la mère et l'en fant, et demanda un peu de.lait : le infirmières regardèrent, et s'éloignè ; rent sans répondre ! C'est un soldat qu voulut bien aller acheter une bouteill de lait pour le franc-tireur de' quatr mois — qui mourut d'ailleurs quelque jours plus tard. Enfin, à Minden, à la frontière di Hanovre, nous reçûmes à manger. Il ; «"afanie-h-uit- heures que nou; avions quitté L-ouvain. On nous fit descendre des w^ons, on remit à chacun de nous une gamelle en fer blanc et une cuillère, et l'on nous fit défiler pour la distribution de la soupe. Nous tremblions -de faim ; nous titubions d'épuisement. La chaude fumée de la soupe t nous entra dans les narines av.ee. vio-.- lenee, comme si elle était quelque chose a de solide et de corrosif- ; je pensai dé-:- faillir. Puis je regardai ma gamelle, .- j'y plongeai la cuillère et... je ne la re-r tirai pas. Un découragement immense ■- s'appesantissait sur moi ; cette fois, c'é-? tait bien l'exil ; cette gamelle, qu'bn i- nous ordonnait de garder après l'avoir s vidée, c'était, notre livrée de prisonniers ; il semblait qu'une épaisse porte s de cachot se fût fermée soudainement derrière moi. La faim fut naturellement la plus e foi'te, et je bus :::a soupe à petites gor-e gées. Il y eut, encore une nuit de voyage et e de supplice, et le lendemain, h six heu-e res du matin, on nous poussa hors de t notre wagon. Nous y étions vraiment - à bout . Je vis de vastes espaces où s'éle-s vaient de grands baraquements en plan- - ches ; je marchais sans comprendre; s j'allais où les soldats me conduisaient, - les jambes molles et fléchissantes ; j'en-i traï dans un des baraquements, qui s sentait l'écurie, et sur un signe d'un ? soldat, je me laissai littéralement tom-5 ber entre deux h mmes qui étaient déjà couchés par terre et"qui portaient l'uni-i forme français. Je m'endormis instàn-tanément.5 J'ai passé cina. mots dans ce camp de -Munsterlager. On ne m'a jamais interrogé : la déclaration des soldats ivres qui m'ont arrêté avait suffi. Pendant les trois premiers mois, on ne s'inquiéta pas de mon identité : j'étais un franc-tireur de Louvain. Et pendant ces trois mois, je n'eus aucune nouvelle des miens ; nous vaguions par le camp, bétail anonyme auquel nul ne pouvait, s'intéresser. Le premier jour, on nous enleva l'or, l'argent et les valeurs que' nous possédions. Un négocia..1 hollandais, empoigné au hasard, comme nous, portait dans une ceinture de cuir douze mille francs en florins cl'or : on les lui a con-' fisqués. On vida soigneusement nos poches ;' crayons, .canifs, porte-plume, coupa-cigares, ét-is, portefeuilles, tout, on nous a tout volé. Et ces menus ob- 1 jets, on ne nous les a-jamais rendus. On nous a rendu plus tard l'argent ; ^ quelqu'un, heureusement,' avait eu l'idée de faire. une: liste" des sommes c confisquées ; on nous les- a remises à notre départ; mais, bien entendu, en • papier allemand. J Notre' menu fut simple et régulier : le matin, une g nelle d'eau noircie avec un chariteau également noir. A midi, c une gamelle de soupe au poisson ; elle f était, ignoble ; les moins délicats se pin- c çaient le nez entre les doigts pcmr l'a- I valer. Le soir, autre gamelle de soupe, 1 également au poisson, plus ignoble I qu'à midi ; celle-là, bien peu l'.avalaient. ï Le menu n'a pas varié un seul jour du- ^ rant les cinq mois. 1 Et-les jours se suivaient, tous pareils, iïiiermiiaables, vides et angoissés. Ma r principale occupation fut celle-ci : je me promenais par le camp et je ramassais des clous, des morceaux de fer, des morceaux de bois, des os... Il y avait avec nous un millier de soldats français, des lignards du 51" et du 53", venus presque tous de Nîmes et d'Avignon ; ils étaient d'une ingéniosité amusante, et de 'mes trouvailles ils fabriquaient des couteaux, des fourchettes, une foule de petits objets qui nous enchantaient. Le soir, je rassemblais le plus grand noir.L-re possible de compagnons d'infortune, et je leur parlais longuement de nacS séjours dans l'Inde, au -Japon et en Amérique. Cela occupait les cerveaux pendant une heure, ou deux. Tous ceux qui le pouvaient s'ingéniaient à distraire la foule des mélancoliques désœuvrés. Les mois passèrent. Il fit froid. Nos vêtements s'étaient élimés ; des coudes îk des genoux baillaient ; des pantalons s'effilochaient. Nos souliers prenaient des formes inattendues. Notre linge,.., je n'ose plus y songer. Et nous1 étions lévorés de vermine 1 Quand, au bout de cinq mois, à la fin Je janvier 19J5, je suis rentré en Belgique, mes proches et mes amis ont cru jue j'étais devenu fou : au lieu de me précipiter dans leurs bras ouverts, je reculais et je faisais de grandis gestes pour les écarter de moi. Quand je pus Darler, j'implorai : «'Un bain, vite, je /eus en prie ! » Une heure plus tard, tous en riions de bon cœur. Hélas 1 Nous dûmes pleurer aussi. De na maison, de mes magasins, de mes stocks, il ne restait rien ; nous étions, ruinés, littéralement. Dans les. décombres calcinés de mif: demeure, parmi les débris informes da.' ce qui avait encadré notre paisible et heureuse vie familiale, on a découvert un petit lingot d'argent, die deux ceiitaj grammes environ ; c'est tout.ee qui rès* tait de l'argenterie, j'en ai fait faire ca' pommeau de canne. Heureusement, tous les miens étaienï saufs. Ensemble, nous soutenant les uns les autres, nous avons recommencé notre vie. Les premières semaines me furent bien pén! les, malgré les affections qui m'entouraient. Je nie parve-i ' nais pas à surmonter la détresse moi rate qui m'avait lentement miné pendant mes cinq mois de bagne. Je parlais bas, comme si l'oreille des gardes prussiens avait encore été dressée dans' l'ombre. Je conservais le, regard soup^ jonneux, craintif et fuyant. Par contre, i avais des hour:s de surexcitation maladive, des crises de haine au cours des*, quelles .je criais la colère indignée da mes souvenirs. Tout cela s'est tassé doucement. Il mai reste la mémoire d'une odieuse tragé-Jie et le dégoût de nos bourreaux. Et ie ne regrette rien. J'ai pris ma petite aart de l'immense calamité qu'une vo> ontié barbare a aliattue sur mon pays 2'e.st pour mon pays que j'ai souffert l'en garde quelque fierté. BcSKOLIXt

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