La dernière heure

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26 november 1918
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s.n. 1918, 26 November. La dernière heure. Geraadpleegd op 25 april 2024, op https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/nl/pid/2n4zg6gq7n/
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^pmmêm ' m i ■■ i imbem——a—ma—w BUREAUX 9, RUE ST-PIERRE, BRUXELLES Ouverts de 9 à 5 h. Les jours fériés de 9 à midi. Le* annonces et réclames sont reçues aux bureaux du journal et à l'Agence Havas, 8,place des Martyrs (1erétage), | La Dernière Heure 2me Ed. MATIN ★ -k et La Petite Feuille N° 2 TREIZIÈME ANNÉE MARDI 26 NOVEMBRE 1918 ^ÏÏsTïïm ïTFTJ 10 CENTIMES ^ — ' PETITES ANNONCES J 30 CENTIMES LA LIGNE A PROPOS DE DRAPEAUX L'un des rares qui ont su regarder d'un œil qui ne cillait pas, l'amas d'infamies et d'horreurs qu'accumulent quatre années de guerre, nous déclarait dernièrement t — Il y a un bilan moral que je ne euis pas parvenu à dresser, -et je n'y parviendrai sans •loute jamais. C'est en « doit » celui des choses auxquelles je croyais, et auxquelles je ne crois plus, et, en « avoir » celui des choses auxquelles je ne croyais pas, et auxquelles je crois à présent. * Il se trouvera pourtant des gens d'ici peu, s'il n'en est déjà, pour proclamer en bons prudhommes, que « la guerre ne nous a rien appris ». Quelle erreur formidable paraît être celle-là ! D'abord, le malheur apprend toujours quelque chose, et de force... L'homme est un apprenti; la douleur eat son (maître, Et nul ne se connaît tant qu'il n'a pas (souffert... Si nous jetons un regard autour de nous, dans la Belgique enfin libérée, cette vérité nous apparaît partout. Et dans l'ordre des éléments essentiels, la période d'occupation nous a enseigné au moins deux choses, dont il nous faudra, s'il est nécessaire, enseigner l'absolu respect aux générations qui suivent: la valeur du pain, et la noblesse du drapeau . La valeur du pain... Qu'était-ce avant, sinon pour les très pauvres? Rien ou presque rien. C'était une matière acoes-soire, traditionnelle, dont on avait toujours assez, sinon trop, dont les chiens eux-mêmes ne voulaient pas à l'état sec. On était tellement habitué à le voir blanc, bien pétri et bien cuit. On en laissait par négligence, presque par coquetterie ou par plaisir, après l'avoir rompu, et les déchets d'un seul restaurant, rien que pour cet aliment, eussent suffi, à nourrir dix familles. Que d fois n'a-t-on pas vu au pied d'une muraille ou d'un arbre des boulevards, dans les immondices et la boue,les restants des « tartines » d'un travailleur ou d'un ouvrier qui « en avait eu trop > ? Pour les chevaux on en fabriquait de spécial, et il était bien meilleur que celui dont les nécessités de la guerre nous ont nourris à tant de reprises, aux mauvais jours. Alors, le public apprenait avec une d Vareuse stupeur que « la ration serait encore prochainement diminuée cie tant de gxanxtnes'j; xjtre « des "wagons d« blé hollandais ou américain étaient arrivés chargés de farines plus ou moins avariées », que le C. H. N. f ne disposait plus de pain que pour quatre jours ». Dure punition, mais combien juste. Et devant nous, par un notable commerçant charcutier, fut dit un jour ceoi, avec une ironie à la fois féroce et naïve, au sujet des clients d'autrefois: — A présent, ils viennent acheter c^iez moi ce dont ils ne voulaient pas, auparavant pour leurs chiens, ou leurs chats, mais ils le paient douze fois plus cher. Voilà pour l'estomac. Voyons pour la pensée. La noblesse du drapeau... Ç'aura été une deuxième leçon, mais d'une autre espèce, plus profonde et moins rigou-* reuse. Le drapeau, chez nous, était, lui aussi, devenu un objet accessoire, traditionnel, auquel 'on ne prêtait plus guère qu'une attention distraite et secondaire. Ornement obligé des cérémonies officielles et des distributions de prix, on ne le négligeait pas, certes, mais on le traitait avec une familiarité où disparaissait sa majesté naturelle. Peut-être, tout là-bas, en Afrique, des € Congolais », après une longue journée de marche, dure et sèche, à travers la brousse, sentaient-ils encore, parfois, battre leur cœur en apercevant au loin, flotter sur la station, le morceau d'ét' ffe tricolore qui leur annonçait l'accueil, le repos et le réconfort de la halte. Mais ici, l'on était bien loin de l'enthousiasme sacré. Le drapeau conservait encore un peu de dignité débonnaire, mai" son lustre s'était éteint, comme chez tous les peuples qui s'endorment dans une sécurité trompeuse et une prospérité qu'ils méconnaissent. Que ces quatre années de séquestration à domicile ont fait de bien au drapeau belge! Il est tout d'abord devenu relique. On disait de lui, en soupirant: < Quand donc pourrons-nous l'arborer? » Et les ménagères en prenaient soin, l'é-poussetaient, le secouaient pour le rer plier ensuite soigneusement au fond de l'armoire ou du coffre, ainsi qu'un souvenir de famille. Il avait déjà repris son rôle de symbole dans une gloire de chose défendue. Et quand l'espoir se fit plus net, quand la prévision de la délivrance se précisa, on s'inquiéta de savoir s'il était assez grand, et si celui du voisin ne serait pas plus beau... Enfin, vint à luire le jour de l'apothéose, vendredi dernier, qui restitua au drapeau belge le prestige emblématique des premiers jours de l'Indépendance, fait de l'adoration des foules et de la haine de l'oppresseur. Un souffle de souvenir passait dans ses plis, rehaussait ses couleurs, lui prêtait comme un geste; et beaucoup de ceux qui, à Bruxelles, ont vécu cette journée, auront, pour la première fois, senti ce que Pierre Loti, parlant de ses escales dans les mers lointaines, appelle « le frisson du drapeau >• ILE DISCOURS DU ROS FUT UN TRÈS BON DÉBUT i II n'est pas trop tard pour,par-1er encore du discours que le JM~I Roi a prononcé, vendredi dernier, devant le Parlement. Acclamé par la capitale, ovationné par les mandataires publics, radieusement accueilli par la ration elle-même, Albert Premier a confirmé, par ses déclarations, l'excellente impression générale qu'avait produite sa Joyeuse Entrée. O'est un heureux début, et nous avons entendu plus d'un républicain non suspect de courtisanerie, déclarer comme Paul Jan^on, jadis dans les belles années du règne de Léopold II : Aussi long» temps que le Roi restera fidèle à ses serments, nous n'entreprendrons rien contre la royauté. Certes, toute tentative d'instauration du Pouvoir personnel, môme si elle était à première vue favorable aux idées démocratiques, devrait être d'avance découragée.Il n'y a pas assez loin d-e Bonaparte à Napoléon et les Césars d'allure trop avanoée ont d'ordinaire, mal fini en abominables tyrans ou en vieux sires têtus. Cependant, même dans les limites de mis devoirs constitutionnels, le Roi des Belges peut encourager de façon heureuse l'évolution normale du pays, et c'est bien là ce qu'il semble avoir entrepris.EFFAROUCHÉS D'ANCIEN RÉGIME Aussi ne peut-on que l'en féliciter, en se riant des airs effarouchés de quelques Vieux-Catholiques, qui parlent déjà d'empiétements indirects dans les prérogatives parlementaires, ou qui se sont attachés aux premiers pas du nouveau ministère, comme cet Anglais qui suivait le dompteur pour le voir dévorer. Trois grandes questions dominent actuellement le mouvement politique: L'égalité du droit de suffrage. La restauration économique. Les relations avec l'étranger. Nous passons sous silenoe la défense nationale, que notre armée a, pour l'instant, parfaitement résolue. L'égalité du droit de suffrage est conforme à l'esprit de la Constitution, à ses tendances générales, et il est Surprenant qu'il ait fallu tant de débats orageux clôturés, hélas, par une épouvantable catastrophe, pour arriver à convaincre les sphères dirigeantes, de la nécessité de rendre enfin justice à tous les citoyens. Le Roi reste dan» son roie constitutionnel en prenant, si l'on peut dire, la tête du mouvement en faveur de celte mise au point, bien tardive, de notre charte nationale. Que la restauration économique soit au premier rang des préoccupations royales, dans l'état de délabrement où se trouve le pays, c'est là une nécessité qui ne se discute pas. TEMPORISATEURS AVEUGLÉS Restent les relations de la Belgique avec l'étranger. Le sujet est plus délicat et d'aucuns auraient peut-être désiré réserver encore la solution de ce problème. Ces temporisateurs ont tort, nous semble-t-il; nous avons fait la désastreuse expérience de la neutralité. Notre position géographique nous a désignés comme première victime de la guerre. Nous savions, d'ailleurs, et nos garants le savaient comme nous, que la neutralité ne nous protégeait pas complètement. Elle n'a servi qu'à endormir notre vigilance et à retarder notre défense. La question est jugée par les faits eux-mêmes.Il n'y a donc aucune raison de pratiquer une politique d'autruche et de vouloir remettre à une occasion moins favorable qu'aujourd'hui, le règlement de nos accords internationaux. Neutres au point de vue politique, nous serions forcément neutres au point de vue économique et livrés à notre isolement au milieu de toutes les nations. Ce serait un nouveau désastre après tant d'autres. NOUS IRONS A LA MER AU PROCHAIN PRINTEMPS Ostende, 23 novembre. — Notre reine des plages, peu à peu, se reprend â la vie. Elle a devant elle tout l'hiver pour se remettre. Au printemps prochain, auï vacances de Pâques déjà, les plus pressés d'entre nous la retrouveront plus belle que jamais; elle surgira, parée comme aux plus beaux jours, au seuil des champs de carnage où vont venir, en pieux pèlerinage, les voyageurs du monde entier. Pour l'instant, c'est encore la répercussion du terrible régime des étapes allemandes dont la population a tant et si longtemps pâti. Le trafic des denrées n'a pas encore complètement cessé; en dépit de toutes les mesures prises, le ravitaillement, s'il s'est amélioré, est encore loin d'être parfait. La profusion des mark complique encore la situation, les vendeurs n'en veulent pas : les clients n'ont, les trois quarts du temps, pas d'autre monnaie. Chacun aspire à ce que dos mesures efficaces soient prises, ou pour retirer les mark de la circulation, ou pour en assurer le cours. Les derniers Allemands ne sont pas encore partis. Evidemment ceux gui restent se cachent, mais on en a arrêté encore il y a quelques jours; d'autres ont été découverts, travestis en femmes : des sentinelles belges ont été assaillies, et des attentats essayés contre la ligne de chemin de fer Bruges-Os-tende.Ce sont là, il est vrai, les derniers vestiges d'une époque que chacun cherche à oublier pour une vie nouvelle qui recommencera vraiment avec lœ feuilles tendres. LA MAGISTRATURE BELGE REÇOIT LE ROI Aux abords du P&Iais. Une heure arant l'arrivée du Itoi au Palais de JiMice pour la rentré® du monde judiciaire, ti'asaez nombreuses personnes stationnent déjà dorant la grille. Le service d'ordre est a*suré par huit grenadier*, une quinzaine de gondaracs, une douzsine d'officiers de polie» «t... un tout jeune boy-scout, priant très poliment la foule de s'écarter davantage.Chose amusante, deux gosses coiflës l'un d'un képi rouge de Français et l'autre d'un bonnet de police d'sncien chasseur belge, ont, tout comme les soldats, l'arme au pied, un petit fusil de Saint-Nicolas qu'ils présenteront tantôt, de même qu# les grenadiers, au passage du Roi. Quelques minute* avant 11 heures, deux auto-m«bi «s arrivent à assez grande vitesse. Les têtes se découvrent, ht mouchoirs s'agitent et les cris de < Vive le Rei » éclatent. Ce n'est pas lui disent les gens qui n'ont pas distingué 1» Roi. Mais si pourtant, c'est lui. On le voit écoulant la bienvenue de la délégation en robe rouge qui l'attendait au bas des escaliers tendus d'un tapis rouge. I*s vivats sa répétant Et les curieux restant le long de la rue do la Régence jusqu'à la rue des Sablons dans l'attente dn retour. La réception solennelle Dans la &ai le des audiences solennelles de la Cour de Cassation la magistrature belge restaurée dans l'entièreté de se6 prérogatives constitutionnelles a reçu le Roi. La magnifique salle est une de celles qui a eu le moins a souffrir du séjour des soldatsalleaands qui n'y avaient établi une chambrée que pendant peu de temps Aussi un énergique nettoyage a rendu aisément le brillant à ses ors. Les riches et lourds candélabres en bronze doré qui ornent et éclaittfBt la t»alie ont été mirés u*s cachettes où M. le conservateur du palais les avait garés de la confiscation allemande. En face du bureau en hémicycle où sit-ge la Cour do Cassation, un dais de velours ronge a été disposé, abritant un simple fauteuil réservé au Iloi. Cinq drapeaux belges disposés en panoplie dans le grand cadre du mur de fond sont tout Je supplément d'ornementation qu'a reçu la salle. Une assistance nombreuse.composée de presque tous les magistrats du siège et des avocats du barreau bruxellois, se pressent de toutes parts. On entoure M. Max. bourgraostre de Bruxelles, qui a revêtu pour la circonstance sa robe d'avocat et Me Théodor, récemment rentré à Bruxelles. On remarque également plusieurs uniformes de notre armée, ro sont certains de nos avocats notamment Me» Devèze et Crickx actuellement sous les drapeaux et des membres du parquet actuellement attachés il la juridiction militaire. Plusieurs des membres du nouveau cabinet et ministres d'Etat sont également présents, ce sont: MM. Delacroix, VandervHde, Hymans, Jaspar, Michel L«vir, Carton de Wiart. A H heures, le Roi arrive en automobile. Il est revêtu du sombre uniforme de oampagne et est simplement escorté de deux officiers d'ordonnance.La Cour de Cassation tout entière se porte à sa rencontre et du seuil du Palais, le conduit à la salte des audiences par le grand escalier extérieur. Aussitôt, M. Van Iseghem prend la parole et prononce le discours suivant que le Roi écoute debeut Disoours du président de la Ccur de Cassation. Sirp s Votre Majesté, en ayi so oersoimifio ce qu'il y a de plus auguste en ce monde, le Droit, a bien voulu venir présider â la reprise des travaux de la Cour de Cassation en ce palais d'où le Droit avait été chaseé par la force. Au nom de la Cour de Cassation et de toute la magistrature, je la remercie du grand honneur qu'Elle nous fait. Je suis heureux d'être en uéme temps son organe pour Lui dire avec quelle joie nous nous nous associons aux acclamations qui ont accueilli le Roi à sa rentré* en sa capitale et affirmé la gratitude de tout un peuple. Il y a plus de quatre ans, un grand et puissant empire, poussé par l'esprit de domination et de conquête, dont chaque agrandissement a été la conséquence d'une spoliation, entrait en guerre avcc nos voisins et, violant la loi des traités, adressait à la Belgique des propositions déshonorant*?, appuyées sur des menaces brutales. Les nobles et Aères paroles par lesquelles, dans la journeo historique du 4 août 19U, le Roi, gardien de l'honneur national, réleva ce défi, resteront gravées à jamais dans le coeur des Belges. Déjà l'iniquité était consommée, des armées ennemies avaient envahi notre territoire, comme un raz de marée semant partout sur leurs passage ln dévastation et la mort, brûlant des villes et des villages, massacrant de paisibles populations Mais l'ennemi avait compté sans la valeur de nos braves soldats, qui, fort de la Justice et de la Sainteté de notre cause parvinrent à retarder la marche de l'envahisseur, à déjouer ses plans et arrachèrent au monde civilisé un cri d'admiration et de reconnaissance. Cédant ensuite devant lo nombre, nos troupes s'établirent sur les rives de ce petit Heure de la Flandre, à l'Yser, célèbre aujourd'hui à l'égal des plus fameux. C'est que pendant quatro années, électrisées par l'héroïsme du Rei, elles repoussèrent les assauts des troupes les plus agressives de l'Allemagne, jusqu'au jour oti elles prirent avec nos alliés l'irrésistible offensive qui contribua à amener la défaite écrasante de ceux qui, dans leur orgueil, s'étaient flattés de devenir les maîtres du monde, et à sauver ainsi la Civilisation et la Liberté. La cause du Droit triomphait enfin. Lo Roi et son armée avaient reconquis l'indépendance de la Belgique! Le colosse était atteint; il s'était appuyé sur la ruse, la force et l'injustice et rien de durablo ne peut se fonder que sur la vérité, la justice et le droit ! Tandis que nos frères luttaient héroïquement et vorsaient leur sang pour leur pays, nous vivions ici séparés d'eux par un mur d'acier sous un joug d'acier, traqués, menacés, rançonnés à chaque instant. Elle est douloureusement longue la liste de nos compatriotes fusillés, martyrs de la plus sainte i des causes.Des Beiges de toutes conditions,de tout âge, maltraités ou céportés de nos villes, de nos villsges et de nos monuments incendiés, deshabi. talions livrées au pillàge, des usines où l'ennemi enleva les machines et les matières premières. Les établissements d'instruction mêmes ne furent pas épargné», et l'incomparable bibliothèque de l'Université de Leuvain disparut dans un incendio allumé par nos ennemis. < La population civile restée en pays occupé ne , se laissa pas contraindre par les violences de l'ennemi, ni décourager par des journaux qui n'avaient de belges que le nom. Elle était soutenue dans sa résistance par son admiration pour son grand Roi et par l'enseignement de son exemple. La Justioe contre la force. La magistrature et le barreau unis dans un pa-' triolisme fervent restèrent courageusement à leur ' poste s'efiorçant de conserver aux justiciables des bienfaits de la juriction nationale aussi longtemps que le leur permit le souci de leur honneur et de leur indépendance. Ils élevèrent la voix pour pro-• tester contre les actes attentatoires au Droit de l'occupant. ; Mais .orsque des Belges, traîtres k leur Patrie, , profitant de nos malheurs, cemplotèrent avec nos ennemis pour déchirer la Belgique, lorsque l'action de la Justice pour la répression de ce crime fut ' entravée et les magistrats de la Cour d'Appel frappés pour leur fidélité à leurs devoir* et à leur serment, nous revendiquâmes hautement notre ! prérogative essentielle: l'indépendance du juge et nous suspendîmes nos audience*. La justice indépendante » i Barrière et sauvegarde du peuple» " Nous les reprenons aujourd'hui dans la joie de 1 la délivrance et nous portons no« regards confiants vers l'avenir, profondément pénétré de la nécessité de mettre en pratique la devise de nos consti tuants. Ce n'est pas trop de l'union de toutes les forces nationales pour reconstituer notre chère Patrie, réparer ses ruines c'. restaurer sa vie économique.Dans l'admirable discoi.rs qu'il a prononcé devant les représentants de la Nation, le Roi a montré la voie que doit suivre une démocratie sage et laborieuse. La Magistrature promet solennellement de s'associer h ces efforts dans le domaine que notre acte fondamental assigne a l'activité du pouvoir judiciaire. Elle sait que, suivant le mot d'un grand publicisle : c C'est le Pouvoir judiciaire qui est destiné, dans les démocraties, a être tout a la fois, la barrière et la sauvegarde du peuple. La Justice sera expéditive. Elle sait aussi qu'à mesure que la liberté augmente, le cercle des attributions des tribunaux va s'élarjtisMnt et que la Justice, pour être pleinement juste, ne doit pas trop se faire attendre. Aussi était-elle décidée * apporter tout son zèle et toute son activité & expédier l'arriéré importent qui s'est formé pendant la cessation forcée des fonctions judiciaires et les nombreuses causes nouvelles qui ne manqnent pas d'encombrer les rôles. Elle compte, pour atteindre ce but, sur le concours dévoué du barreau et sur les heureux résultats qu'elle attends de réformes dans l'organisation judiciaire et la procédere. Sire, Sur les champs de bataille où ils combattaient pour la Patrie, le Roi et sa vaillante armée servait un idéal et glorifiait le Droit. Une ère nouvelle s'annonce. Ce qui avait semblé une utopie, ce qui fut lo rêve d'Henri IV, de l'abbé de de St-Pierre et de tant d'autres esprits distingués, deviendra une réalité. La paix universelle par l'établissement d'institutions internationales aura des sanctions efficaces.La forci sera mise ut ..- IWement au service du droit et sous le rayonnement fécondant de la paix assurée, notre chère Belgique sortira de cette épreuve plus grande, plus belle et plus prospère, dans la Liberté, la Justice et la Fraternité. De longs vivats aecueilleftt cette péroraison e.t la parole est donnée à M. TeTlinden, qui s'exprime en ces termes : Disceurs de M. le Procureur Général. Me^ieors, Vous partagez mon émotion! Nous voici rentrés dans ce palais sur lequel Dette de nouveau le drapeau que la tyrannie de l'étranger avait arraché. Nous voici assemblé dtns cette salle profanée par l'ennemi dont il avait fait un corps de garde et dont les marbres et les meubles portent encore les traces de sa brutalité. Notre grand Roi est au milieu de nous, il a daigné se souvenir de ce que nous avons enduré et il tient à présider à la reprise de nos travaux. L'Histoire dira qu un des premiers soucis d'Albert lo Victorieux, rentré dans sa eapitale, a été de rendre au l'ays la Justice que l'Allemagne y avait supprimée. Cotte h ru ce nous paie de tout ce quo nous avons souffert. M. le proicier-pri'nidont vous a dit. en mots émus, le martyr de la DcJgique. Il faudrait une vie d'homme pour tout dire, mais c'est déjà le passé. Libres enfin! Finie l'opprescion, finie la servitude, finies les réunions «écrites et la correspondance à mots couverts, fini l'angoissant souci des lendemains incertains, fini le ràgne d'espionnage et de la délation. Nous somme» lifcrn! Libres enfin! La Belgique sort de la lutte grandie et glo- ^T^rlrrrrs fiitior inrt chipvju b:is devant, nons ! I C'CSt peur lr jprnît rjr-r « -HW" or-rr im géant qui semblait invincible. Mais c'est le Droit qt-i triomphe et refleurit sur notre sol. Notre triomphe n'est autre chose que le triomphe du Dreit et c'est le Droit que je veux aujourd'hui glorifié. Vous avez largement coopéré, mes chers collègues à ce triomphe et, en vous le disant, jr> vous drais que ma veix parvienne a tout les magistrats et à tous les berreaux du pars, car, c'est d'eux tous qu'ici je veux parler. Je dirai uu mot de votre long calvaire. Il faut qtse lo pays sache ce que la œagistriture a fait pour lui conserver sa justice. La Justice subjuguée. Pendant longtemps nous avons tout enduré, nos prétoires envahis, nos bibliothèques dévastées, notre action à tout instant paralysée, nos collJw gues injustement frappés et amenés en captivité. Mais il ne s'agissait alors que d« nous et ce que nous endurions nous le soufrions pour nos compatriotes dé-à si malheureux. Mais un jour, un soudard bnital, ivre de despotisme, se trompant peut-être sur le* causes de notre patience, après avoir touché à nos personne* osa dans un moment de folie, toucher à la Justice. Ah! Messieurs ! quel sursaut! D'un magnifique élan, sens une hésitation et sans une défaillance, vous avez mopré que la magistrature belge était ' igne de son Roi, de ses soldats, de la causepour laquelle ln Belgique saipnait à flots. Vos délibérations, retentissantes comme un soufflet, ont fait le tour du monde et partout ont provoqué d'enthousiastes ovations. Los magistrats et le barreau belges ont porté à l'Allemagne alors a« sommet de sa puissance ot aux traîtres dont elle se servait contre nous, un coup dent, tant qu'on lira l'Histoire, jamais ils ne se relèveront ! Certes, nos concitoyens ont souffert un peu plus ! Qu'importe, pendant dix mois, il n'y a plus eu en Belgique place que pour les mauvais citoyens et pour les malhennêtes gens ! La justice était sauve ! L'Avenir. Il nous reste uno lourde tâche à remplir. Nous avons à réédifier la Belgique. Tous, Messieurs, promettons-le au Roi, nous saurons nous y mettre, nous n'avons plus qu'un souci : celui de servir la Patrie. La guerre a eu une influence néfaste. Parmi les maux qu'engendrent la servitude se trouve l'abaissement de la moralité publique. Pillées et affamées par un ennemi impitoyable, nos populations se sont mises en. défense, se sont servies des seules armes qu'elles pussent opposer à leurs bourreaux :la dissimulation et la fraude; et il s'est fait ainsi que les limites du juste et de l'injuste sont devenues bien imprécises. Quo de Belges seront butés à se demander, pourquoi ce qui était hier licite no l'est plus aujourd'hui. A nous d'y porter remède. Pendint quelque temps, il faudra une rigueur exemplaire. Et maintenant, Messieurs, soyons tout à la joie et à l'espoir, l'avenir nous" payera de nos longues souffrances. Les morts glorieux. Rappelons-nous, cependant, ceux des nôtres à qui la mort n'a pas permis de vivre ce beau jour, ne perdons jamais le souvenir de ces chors disparus.Faut-il quo je vous rappelle les morts glorieux de la grande famille judiciaire tués à l'ennemi ou auassinés par lui. Honorons leurs noms comme on honore les noms des hères et des martyrs. Salut à nos Alliés. Nous avons la bonne fortune de voir assister à cette audience les membres de la Cour d'appel de Douai, chassés de leur foyer. Je salue en eux la magistrature française qui, elle aussi,a beaucoup souffert et qui, comme nous, n'a pas transigé avec l'ennemi ni déseepéré de la vietolre. Quand, Messieurs, vous serez rentrés dans votre beau pays vous direz à vos compatriotes que la Belgique n'oubliera jamais ce que ses grandes sœurs la France, l'Angleterre et les Etats-Unis ont fait et souffert pour la liberté de l'Europe. Je vous confie. Messieurs, à acclamer le Roi, le Reine et les Enfants Royaux. « De longues acclamations retentissent. M. le procureur termine en demandant à la Cour de déclarer solennellement qu'elle reprend 6es travaux.(Voir suite au verso) NOS ÉDITIONS lr0 Édition : 0 h. soir 2" Edition : dans la îluit i <J> LE ROÎ ALBERT FAIT L'ÉLOGE DE SON ARMÉE A i occasion de la libération de la Belgique, le roi Albert a adressé l'ordre du Jour suivant à l'armée : « Officiers, sous-officiers et soldats, » Vous avez bien mérité de la Patrie! Votre résistance héroïque à Liège, à Anvers, à Namur, a imposé à la marclie des hordes ennemies un retard qui devait leur être fatal. , » Pendant plus de quatre années, vous avez âpremènt défendu dans les boues de l'Yser le dernier lambeau de notre territoire. Enfin, achevant de forcer l'admiration universelle, vous venez d'infliger à l'ennemi une sanglante défaite. » L'oppresseur qui terrorisait nos populations, profanait nos institutions, jetait aux fers les meilleurs de nos concitoyens, exerçait partout l'arbitraire et le despotisme, est définitivement vaincu. L'aube de la justice s'est levée; vous allez revoir vos villes et vos campagnes, vos parents et tous ceux qui vous sont chers. » La Belgique reconquise par votre vaillance vous attend pour vous acclamer. » Honneur à nos blessés ! » Honneur à nos morts ! » Gloire à vous, officiers, sous-officiers et soldats ! » Je suis lier de vous. Je vous ai demandé beaucoup; toujours vous m'avez donné votre concours sans compter. » La gratitude et l'admiration de la nation vous sont acquises. » LA RETRAITE ALLEMANDE ET LES RÉQUISITIONS DE CHEVAUX Ciney, 24 nov. — Cest à Ciney, on le sait, que se tenaient les plus importantes foires du pays. Les Allemands n'y ont pas fait moins d'une douzaine de réquisitions pour lesquelles rapporta été dressé par les agronomes de l'Etat et nos autorités.Au début de la guerre principalement, ils ont fait « opérer > par des militaires dans losquels les fermiers n'eurent aucune peine à reconnaître leurs anciens achete rs des foires de l'avant-guerre. Us flr»nt une rafle en règle; dans certaines fermes, ils ont enlevé jusque 80 chevaux sur 40. Et le prix? Oh ! pas lourd, ils se sont emparés des » entiers » d'une valeur de 25,000 fr. pour... i ,800 francs, et de pouliches, de 5 à 0,000 francs, po. r 800 francs, allant quelquefois jusqu'à 1,200. Mais on leur a joué quelques bons tours : Au court de là deraiti, réquisition des avoines, alors qu'il était question de paix, les marchands batteurs eurent tous... des accidents de machine (bris d'engrenage ou d'autres pièces) qui empêchaient le travail. Cela dura jusqu.k la retraite rllemande, et alors los soldats enlevèrent les avoines en gerbes. (iiney a été évacué jeudi- dernier. Les transports qui venaient de la Somme et de Otarleroi encombraient tellement les routes, qu'a un certain moment une partie dut reculer de 7 kilomètres. Avant leur départ, les Allemands ont vendu à vil prix, en gaie de Ciney, le contenu de trois trains complets de ravitaillement. Après l'armistice! sent .soldais, h* fusil siir 1 -i- a lionne—jKv.;r tienner des hommes et des attelages. Le bourgmestre s'y opposa et déclara qu'il en référernit à la Commission d'armistice dos Alliés qui devait so trouver à Dinant. Celte menace ne manqua pas ton effet. Autre fait : six officiers s'étaient présentés, la semaine dernière, chez un habitent pour se loger. < Vous devez n ettre six chambres à la disposition de l'autorité militaire, dirent-ils. s — Oui, mais elles sont occiipé&s par des soldats. Si veus voulez voir... — Nous voudrions pourtant passer la nuit ici. Vous n'avez pas d'autres chambres? — J'ai un très beau grenier où vous pourriez facilement faire reposer vos hommes sur des sacs de paille. Ainsi les chambres seraient libres. — Non, non, vous comprenez qu'en ce moment il faut agir avec précaution » 11 n'avait qu'à regarder le paletot, vierge d'épaulêites et l'uniforme laissant voir encore les insignes nationaux. fnfln de compte, les six officiers couchèrent sur la paille, tandis que les soldats occupaient les chambres. COMMUNIQUÉS DES ARMÉES ALLIÉES Communiqué belge 24 novembre. — Nos troupes ont poursuivi aujourd'hui lour marche vers la frontière allemande. Les élémeiits avancés ont atteint la ligne générale Brée-Asch-Genck- Diepenbeok- Cortcs-som-Looz.Aucun incident à signaler. Communiqué français 22 novembre. — L'occupation successive des localités délivrées de la Lorraine et de l'Alsace s'est poursuivie aujourd'hui dans un enthousiasme magnifique. A Colmar, notamment, l'entrée solennelle du général de Castelnau s'est effectuée au milieu des acclamations de toute la population qui a témoigné d'une manière particulièrement touchante de son attachement â la France Depuis la Moselle jusqu'aux Vosges. 1» ligne atteinte aujourd'hui comprend Thionville, Bouzonville, Volckllngen, Sarreguemines et Bitche. En Alsace, nos avant-gardes ont atteint Reiporiswiller, Uberach, Damen-dorf, Gendertheim,\Vondenlieim, après avoir fait leur entrée à ingwullerj Bouxviller et à Brumath, où elles ont reçu le plus émouvant accueil. Le drapeau du 2' régiment colonial, qui avait été enterré à Villers-sur-Se-mois en 1914, a été retrouvé ot remis avec les honneurs militaires à l'armée coloniale par le 2* régiment d'Infanterie.Communiqué anglais 22 novembre. — Hier soir, nos détachements avancés ont occupé Namur et ont dépassé la Meuse au sud de cette ville. Aujourd'hui, notre progression a continué sur tout 1e front. Nos troupes ont atteint la ligne de la rivière Ourthc et approchent d'Andenne et d'Ambrc-sin.Plusieurs centaines de canons allemands, un grand nombre de mitrailleuses et de canons do tranchées sont tombés entre nos mains au cours de notre avance d'hier. Communiqué américain 22 novembre. — Aujourd'hui la 3• armée américaine a poursuivi son avance il travers le Grand-Duché de Luxembourg et a atteint la ligne Ingeldorf, Betzaorf, Remioh, Schengen. UN DE NOS RÉGIMENTS D'ÉLITE Le 4e Carabiniers, qui rendait les honneurs place Sainte-Gudule, au passage de la famille royale, à l'occasion du Te Deum chanté |à la cathédrale pour célébrer la délivrance de la Belgique. LE CALVAIRE DE NOS PRISONNIERS Tous, nous avons vu revenir nos vaillants soldats passant en bon ordre, au milieu de6 haies de curieux ; nous avons eu ce spectacle réconfortant et inoubliable d'une armée victorieuse rentrant dans la patrie. Mais ce que tous nous n'avons pas vu, c'est le revers de la médaiJle: c'est le cortège des soldats prisonniers revenant des geôles allemandes. Nous disens cortège et nous avons tort : ici, ce n'est plus un cortège; en réalité, ce sont des groupes épars, des masses d'honamrs désorientés, semés çà et là, se traînant au hasard des longues routes. Ah ! quel spGdacle lamentable que celui de ces loques humaines, do ces malheureux aflaissés, aux veux hagards, au visage décharné. Et quels miroirs ! Car ce sont des miroirs dans lesquels on retrouve le reflet muel, mais combien éloquent, de longues années de privations et de tortures de toutes et-pèces. A les contempler, on se sent pris au corur d'une infinie angoisse, et d'une compassion sans borne. Ce sont littéralement d'1? morts vivants qui nous reviennent, véritables effigies de la douleur. On devin# que ces malheureux ont été las d'espérer et de désespérer. Toutes les fortes émotions les ont secoués naguère et ont Gui par s'émousser. Tout sentiment, dirait-on, a été étouffé dans l'clau implacable des souffrances, et l'être en est resté hébété. 11 fai-drait des livres pour narr«r le calvaire de ces victimes ignorées. Pauvres gens! Ils ont souffert de la faim, du froid, de la maladie tt — fiel suprême 1 — de la brutalité allemande. Pour avoir connaissons — ont été jetés dan# les cachots humide» des forteresses. Une. croûte de pain moisi qu'on leur jetait comme à des bêles" féroces, telle était leur nourriture pour toute une journée. Une planche rugueuse sur laquelle ils étendaient leurs corps décharnés, telle était, leur couche. Autour d'eux quatre mur6 implacables où suintait l'humidité. Enveloppez cela de l'ombre d'une nuit continuelle et vous vous ferez une idée de la situation du malheureux prisonnier pour qui il n'est plus de jour, ni de nuit, et qui compte les minutes horribles dans cette géhenne dont il ne sortira ptut-étre plus vivant. Et cet homme a un cœur : il a laissé dans la patrie une femme, des enfants, un« mère, toute la famille qu'il chérissait. Que sont-ils devenus ceux-là qu'il aime ? Et à ses propres tortures Tiennent s'ajouter les tortures de là-bas. II sait, en effet, que la Belgique est occupée par ces monstres qui lo torturent depuis des moiset des mois, et il juge les bourreaux de là-bas par ceux qui l'ont tyrannisé depuis qu'il est prisonnier. El il frémit en songeant que les siens ont pu souffrir ce qu'il a souffert. Abîme d'angoisses! Il semble que les cauchemars les plus'lerribles de l'Inquisition roviennent hanter cette pauvre cervelle désemparée, qui n'a conservé de la vie que ce que celle-ci peut lui laisser de souffrances inouïes, surhumaines. On se souvient du conte du célèbre auteur américain Edgard PoÇ, « le Puits et le Pendule >,mnis combien ici l'imagination est au-dessous de la réalité! Personne n'écrira jamais peut-être le roman tragique de tous ees ignorés qui sont morts dans les geôles et dont ont a jeté le cadavre dans un trou aussi noir que la cellule où ils ont rendu le ! dernier soupir, en envoyant leur suprême pensée à «eux qui l'attendent là-bas, dans la patrie, h ceux qui jamais ne les verront revenir et qui ignoreront toujours de quelle abominable façon ils sont morts. Que de secrets sont enfermés dans les tombes d'Ouirf.-r«hin ! Et ceux qui sent revenus, les prisonniers qui ont eu le bonheur de voir l'aube glorieuse de la libération, ne semblent-ils pas sortir d'un a-itre monde, do quelque reyaume d'outre-tombe? Ils ont vu, en effet, la mort en face; il a été un moment où la vie et. la mort s'étaient confondues pour eux. Et ils reviennent, conservant au fond de leurs prunelles le reflet de la géhenne dans laquelle ils ont gémi durant d'interminables jours. La libération les effraye presque, le bonheur les dépayse: ils reviennent de si loin!... Certes, nous se pourrions trop honorer ceux qui rentrsnt glorieusement du front en nous apportant la délivrance; mais songeons aussi à ceux qui reviennent de l'autre cftté, du côté sombre, là où il y a une souffrance sans gloire, songeons à ceux qui ne nous rapportent que des souvenirs d'î-ngoisses et de douleurs. Jamais notre cœur ne sera assez grand pour contenir toute la compassion que nous devons à ces héros obscurs et malheureux, à ceux qui reviennent et à ceux qui ne reviendront jamais. LE PITEUX ÉTAT DU "KAISER" Londres, 22 novembre. — Le correspondant ce Reuter, qui a été à bord du cuirassé allemand < Kaiser > avec une Commission inspectrice déclare : c II n'y avait plus que trois officiers à bord et la discipline laissait visiblement à désirer, notamment an point de vue des saints. Différents militaires partaient des brassards blancs, avec les mots : « Soldats et Ouvriers ». Il était facile d'observer qu'ils exerçaient une autorité sur les autres marins. On a appris qu'ils s'étaient débarrassés des officiers d'une façon plus ou moins violente. Les trois officiers rostés k bord ont déclaré qu'ils passèrent leurs derniers jours à Wilhems-hafen, dans uno anxiété insupportable. La Commission inspectrice se rendit compte que le « Kaiser > n'avait été gaidc en ordre de combat que jusqu'en juin dernier. Tous les accessoires de cuivre manquaient et l'approvisionnement consistait principalement en boites de sardine'. D'une façon générale, on se montra très disposé à observer strictement les conditions d'armistice et l'on ne fit aucune difficulté pour délivrer tout ce qui faisait partie de l'équipement. Trois mois seront nécessaires avant que le * Kaiser i puisso reprendre la mer en erdre de combat. LEURS DERNIERS EXPLOITS SAINT-GHISLAIN DEVAIT SAUTER Saint-Ghislain. 24 novembre. — La petite ville de Saint-Gliislain, située presque à mi-route entre Mons et la frontière française, n'a échappé que par le plus grand aes basante, à Pextermmation préméditée des Allemands Les jeudi et vendredi qui précédèrent le 11, une centaine de bombes avaient été placées en divers endroits. Reliées par des lils électriques, elles étaient manifestement destinées à faire sauter la ville au signal donné. Le vendredi soir, alors que les obus allemands sifflaient de toutes parts, les premières mines explosèrent, secouant toute la région. Heureusement, les Canadiens oui se trouvaient alors à Boussu, Hainin. Thulin et Dour ne répondirent pas à cet appal meurtrier. Heureusement aussi, des mines placées — à la bifurcation des voies ferrées de Jur-bise et de Mons, à la cabine d'aiguillage, au passa*, e souterrain de la gare, à l'entrée de la Grand'Rue, en face delà barrière du chemin de fer, sous le6 quatre ponts de la Haioe, sous ceux qui franchissent le canal, au Sas, près de l'école communale des gar-çonw, ailleurs encore — beaucoup n'éclatèrent pas. _j_ u nfu.i... rlftf iii^iI(I [f*t Kl* provoqua le miracle qui empêcha la destruction totale de la cilé boraine. Le résultat du vandalisme est d'ailleurs important et on évahie à environ deux millions i.e francs les dégâts dûs à la furie teutonne. Grand'Rue. dans les quartiers de la Gare, de la Haine et du Canal, des maisons ont été culbutées, des murs éboulés, des toits détériorés, des charpentes tordues en vrille, des carreaux cassés, des rues éventrées. Le superbe pont du chemin de fer, vors Baudour, s'est effondré dans le canal ; une partie de l'écluse voisine s'est écroulée, le pont Demeyer et la passerelle qui le surplombe, le pont Leblu, l'écluse et le pont du chemin de fer des Herbières, ont subi le même sort. Lo samedi matin, vers 6 h. 1/2, Saint-Ghi&lain fut enfin délivré par les Canadiens, qui firent leur entrée par la rue de Bounsu. Une demi-heure plus tard, la ville pavoisait, prenait des airs de fête, malgré les ruines consommées et l'étourdissement des dernières angoisses. NOS MINISTRES M. Harmignie, le nouveau ministre des Sciences et des Arts, a pris possession de son cabinet, lundi matin. M. Masson, ministre de la Guerre, est rentré, on excellente santé, de sa captivité en Allemagne. Jusqu'à présent, c est M. Franck, ministre des Colonies, qui a fait l'intérim à la Guerre. Enfin, M. de Broqueville. qui a été nommé ministre du nouveau cabinet alors qu'il était au Havre et sans avoir été pressenti, n'a pas accepté encore le portefeuille qui lui était destiné. LE SERVICE POSTAL Les correspondances sont acceptées à présent pour les Flandres. Petit à petit, le service se réorganise. On ne peut enoore écrire à l'étranger (France, Angleterre ot Hollande) que pour lee militaires.On attend, pour reprendre complètement ce service, l'arrivée aes nouveaux timbres belges qui se trouveraient à Gand. LE B. C. F. G. A L'ŒUVRE Nous avons parlé déjà du bataillon spécial du génie, section du chemin de for. Ce bataillon oomporte environ 2,000 soldats, aiixquels ont été adjoints, oomme auxiliaires, 3,000 anciens agents de l'administration des chemins de fer ou des engnjjéa volontaires ajant passé par des centre* d'instruction. Il est divisé en doux sections, le bataillon du génie proprement dit et la section des chemins de fer de campagne. Cotte armée de 5,000 hommes est placée sous l'autorité du commandant Verschue-ren.Ces travailleurs disposent d'un outillage perfectionné. Ce bataillon a quitté Bruxelles-Nord, par train spécial, lundi, k 17 heures, et est parti pour Louvain. LA PAIX ET DU PAIN ! CLAME L'ALLEMAGNE Le Gouvernement suisse a transmis à l'Entente une communication du. Gouvernement allemand dans laquelle ï est demandé : 1° L'ouverture immédiate des négociations de paix; 2« La réunion d'une Conférence germano-américaine à La Haye,qui sera enarffée de délibérer sur 1e ravitaillement des Puissances Centrales.

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Dit item is een uitgave in de reeks La dernière heure behorende tot de categorie Liberale pers. Uitgegeven in Bruxelles van 1906 tot onbepaald.

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