La dernière heure

1906 0
12 december 1918
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s.n. 1918, 12 December. La dernière heure. Geraadpleegd op 19 april 2024, op https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/nl/pid/1j9765b26x/
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BUREAUX 9, RUE ST-PIERRE, BRUXELLES Ouverts de 9 à 5 h. Les jours fériés de 9 à midi. Le» annonces et réclames sont reçues aux bureaux du journal et à l'Agence Hava», 8, place des Martyrs (1er étage), Bruxelles. V — La Derniere Heure 2me Ed. MATIN ★ ★ et La Petite Feuille PETITES ANNONCES t 30 CENTIMES LA LIGNE i ———* N» 18 TREIZIÈME ANNÉE JEUDI 12 DÉCEMBRE 1918 10 CENTIMES POUR L'HUMBLE TORRÊÂLINE Comme tout bon Belge (et qui n'est bon Belge, quand le Belge est vainqueur?), j'adore le café. Je donne tous les breuvages du monde pour une bonne tasse de « Bourbon pointu » ou de Pa-dang, pas trop torréfié (défau4 mignon de nos cafés), lentement « passé » à l'eau bouillie longtemps et bouillante encore; servi « noir comme le diable » et « chaud comme l'enfer » ! Mais que nous aimions cette boisson des dieux modernes qu'ignoraient ceux j de l'Olympe grec, n'empêche pas que nous soyons encore, pour quelque temps du moins et par la force des choses, soumis à l'odieux régime du succédané, du « substitute », de 1' « ersatz », du moka ou du Brésil authentique; i'ai nommé l'ennemie: la torréaline ! Et avec cela?... Soyons sincères, soyons justes. Avons-nous lieu de tenir pour aussi exactement de nos ennemies, cette humble torréaline qui, sans prétentions d'aucune sorte, il faut bien le reconnaître, a abreuvé tant d'estomacs... à l'état de siège? La torréaline, en stricte réalité, nous fut une aide modeste, peu brillante, mais somme toute, certaine, efficace. Et elle demeure en passe de nous rendre encore maints services, d'ici au jour béni où entreront dans nos ports les navires de l'Amérique du Sud; ou plu3 simplement d'ici au 'our où les funestes mercantis trouveront qu'il est devenu de leur intérêt, ou seulement (!) de leur dignité, de bajsser à portée de nos bourses, ces cafés acquis par eux à moins de 2 francs le kilog et vendus, durant la guerre, à des trente et quarante francs la livre!... 6 ces horribles exploiteurs! Mais, d'ici là, il faut s'entendre. Il est injuste de demander à la torréaline ce qu'elle ne peut, de sa nature même, nous donner. Il est inintelligent de ne t...s tirer d'elle tout ce que nou3 pouvons. Soyons justes et intelligents. Apprenons à utiliser la torréaline intégralement, suivant toutes ses possibilités. La sottîse, la gaffe, c'est d'avoir pris la torréaline pour du café, pour du mauvais café. L'erreur, c'est d'avoir préparé la torréaline comme le café. Torréaline n'est pas café, que diable ! Affaire de goût à part, le café est une graine dont l'eau chaude par lixiviation, c'est-à-dire en français honnête, par « lessivage », extrait, pour ainsi dire exclusivement, avec quelques essences aromatiques sans valeur nutritive un alcaloïde: La caféine; alcaloïde qui n'est lui-même comparable, au point de vue de la nutrition, à aucun des éléments ordinaires de notre régime alimentaire : graisses, féculents, sucre ou albumine. L'eau bouillante, surtout si elle se trouve pure de sels caloaires, extrait, pour ainsi dire, à la minute, cet alcaloïde précieux de la fève de café. De même, absorbé dans l'estomac, et passé dans le sang cet extrait fournit, au système nerveux, un tonique, un excitant de tout premier ordre. En sorte qu'on peut > finir le caîé : le modèle de cette espèce d'aliment, dit « aliment nerveux », dont l'effet, pour n'être pas calculable, en calories, n'en est pas moins certain, et dont font partie, au surplus: le thé, le cacao, le maté, et dans une certaine limite: le bouillon. La torréaline est tout autre chose. C'est un mélange de céréales, froment et orge, torréfiés. Pas d'alcaloïde, i „g de caféine; donc pas d'excitant nerveux à en tirer, mais d'autres éléments: albumine, graisse, hydrate de carbone dont nous avons à soigneusement tirer parti. Le faisons-nous? Non. En « passant » de l'eau, même bouillante sur de la torréaline, même finement moulue, nous n'extrayons des céréales, qu'une infime portion des aliments qui y sont contenus.Quand nous avons « passé » la torréaline dans le sac à café, comme si c'était du café, nous pouvons dire que . ^us n'avons retiré de ce froment, de cet orge, qu'une légère quantité des phosphates, des sucres, des albumines, des corps gras qu'ils pouvaient nous offrir. Nous nous sommes jouJ à nous-mêmes la comédie du café, sans plus. > Au contraire, il faut par une ébulli-tion prolongée, par une décoction soignée, épuiser les céréales de la torréaline.Que 'ait le brasseur? Durant de longues heures, il brasse son malt pour en soutirer les principes nourrissants. ? .tisons comme le brasseur: brassons notre torréaline. Faisons-en une véritable in-f 'on de céréales. Ainsi, nous pourrons espérer en obtenir tout le bénéfice dési-i. oie, une boisson, sinon exquise au goût, du moins nourrissante et jouissant même de véritables propriétés thérapeutiques.Parfaitement! L'infusion de céréales, ce que représente la torréaline bien fabriquée, représente un des meilleurs reconstituants qui existent. Dans les vices de nutrition, dont nous souffrons tous plus ou moins actuellement; dans la tuberculose, surtout, dans la neurasthénie, partout où j'ai eu à procurer un surcroît de phosphates, à réinstaurer une reminéralisation de tissus à es éclopés, j'ai toujours obtenu les meilleurs résultats par l'emploi de l'infusion de céréales. Ce que ne donne pas l'usage des phosphates chimiques, absolument inassimilables, le plus souvent toujours très chers et qui ne font que... passer à tra vers le corps — les phosphates des cé-Téales le procurent à peu de frais, sans danger et sans fatigue pour les reins, et sûrement. La torréaline fabriquée suivant mon procédé, c'est de la bière, mais de la bière sans alcools; c'est du « stout », sans l'inconvénient de cette bière trop forte pour certains organismes affaiblis ou délicats: femmes, enfants ou débiles. Nous pouvons airirmer qu'en cette période, tous nos enfants, et même ous nos adultes — j'en excepte n rossards de fermiers et de mercantis qui n'ont manqué de rien — ont le plus pressant besoin de ces reconstituants phosphatés. De la fade torréaline qui nous 1 goûtait quand on nous l'offrait en guise de café, faisons, avec les soins voulus, une potion nourrissante et tonique; appelons cette infusion bien exécutée, notre « stout » de guerre, et nous nous en trouverons bien. Même quand, avec des jour., meilleurs, sera revenu le divin café, continuons, par hygiène, chez les affaib; et les enfants, l'usage de l'extrait de céréales, torréfiées ou non. Et plaçons cette acquisition thérapeutique au rang des leçons que nous aura données la nécessité. I>r Louis Delattre. 2,000 EXILÉS RENTRENT EN BELGIQUE Londres, 7 décembre (retardée en transmission). — Ce matin, 2,000 Belges, employés dans le* usines de guerre belges dénommées « Elizabethville », à Birtley, près de Newcastle-on-T/ne, sont partis^ pour Hull, où ils s'embarqueront .ce soir à destination de la Belgique. 4,000 autres partiront prochainement avec leurs familles. — Reuter, LA MACHINE 1 ADMINISTRATIVE PLUS DE RAPIDITÉ MOINS DE PAPERASSERIE DES MÉTHODES PLUS MODERNES < I On commence à s'occuper beau-r-sfi f C0UP> dans le monde des affai- * L)fM res, des mesures qui sont pri- ï ses ou projetées par le gouver- I nement en matière économique. La machine administrative fait peur. Elle est lourde, elle est enoombrante, elle s'avance avec la lenteur d'une tortue, dont elle a, d'ailleurs, la carapi.ce. Généralement, elle est conduite par des gens qui sont devenus fonctionnaires, précisément parce qu'ils n'avaient pas le sens ni le goût des affaires. Tout cela n'est pas des plus j-assurant, aussi beaucoup d'industriels et de commerçants se méfient. Ils savent que les organisations 1 et administrations privées sont souvent j plus modernes, plus adaptables aux cir- ] constanoes, plus rapides et plus écono-miques que celles des administrations < publiques. Le personnel, d'ailleurs, y est j recruté avec plus de liberté, plus de choix et moins de faveur. Des appréhendons justifiées Ce qu'on redoute le plus, actuellement, c'est la lenteur proverbiale des administrations publiques, la paperasserie rem- i plaçant les actes, le besoin de se cou- ] vrir 3e substituant à l'initiative et aux : responsabilités courageusement encourues. On a vu plus d'une fois dépenser ! des kilos de papier, noircis pendant des mois par d'habiles fonctionnaires dont ; il faut payer les appointements, pour arriver à réaliser une économie de bout de crayon. Les appréhensions ne sont pas vaines. , Pour être à la hauteur des tâches présentes, nos administrations ont besoin de sérieuses réformes. Le soin d'éviter les anciens errements incombe, en premier lieu, aux gens compétents, nourris dans le sérail et qui en connaissent les détours. La guerre à la paperasserie, par exemple, poussée à l'extrême, risquerait peut-être d'abolir des formes * ad t «inistratives qui ont leur utilité. Tout, en ces questions, est affaire de mesure et d'expérience pratique. À .is ce que la presse peut et doit traduire, c'est le sentiment du public et ses besoins.La machine administrative va de plus en plus peser sur la marche des affaires. Il importe de ne tjdint l'alourdir inutilement. On ne devrait jamais oublier, surtout, qu'elle est destinée à éolairer et à servir la population et non à la vexer, à la tracasser et la lanterner. Des tares à faire disparaître Les Belges ont trop connu, pendant la guerre, les files, les attentes devant de multiples guichets qui les renvoyaient de Pi.-le à Caïphe, pour les choses les plus simples. Les Belges ont connu trop d'employés grossiers comme des portes de prison et qui traitaient le public c a-me un vil bétail. On a supporté tout cela parce qu'il fallait bien. Aujourd'hui, il s'agit d'être poli, de respecter jusqu'au plus pauvre des citoyens. Il ne s'agit pas de tempêter dans les bureaux, mais de remplir sa mission le plus rapidement et le plus aimablement possible. Quand une demande arrivera dans un bureau, il s'agira souvent du salut d'une entreprise, du travail pour de nombreux ouvriers et employés, d'économiser les sommes considérables que coûtent les fonds de chômage. La besogne qui va être imposée aux administrations de l'Etat, spécialement, est considérable. Elle est urgente. Il ne suffit plus de conduire de longues et savantes correspondances à propos de queues de cerises. Si nous en croyons certaines informations, il paraîtrait que si nous manquons de sucre, en ce moment, la faute en est aux difficultés rencontrées par les bureaux par suite du manque de communications postales à l'intérieur du pays. Le sucre est là, mais Madame la Douairière administrative attend sa correspondance. C'est à peine croyable. Cet exemple montre bien le profond changement qu'il faut opérer dans les esprits de certains milieux administratifs pour ne pas retomber dans l'ancien train-train du plus beau rond-de-cuirisme. Pas de temps à perdre Pour rajeunir ces organisations, on devra nécessairement recourir aux procédés qui ont fait leurs preuves partout dans les administrations privées, division du travail précise, compétence et autorité réunies dans les mêmes mains, contrôle et sanctions. Cela dérangera de vénéra-bles habitudes. Mais qu'y faire? La Belgique n'a pas de temps à perdre.EXPLOSION D'UNE BOMBE A IXELLES TROIS BLESSES Avant leur départ, les Allemands ont jeté une certaine quantité de munitions dans l'étang supérieur, à Ixelles. On est occupé à le vider, en ce moment, pour en retirer ces engins dangereux et des agents surveillent les abords, afin oue le public, par curiosité, ne commette point d'imprudence. Cet après-midi, un gamin, trompant leur vigilance, se glissa sur la berge et y ramassa une boite semblable à un appareil photographique. Il l'examina et tourna une manette qui y était adaptée. A ce moment, deux agents de police survinrent pour le faire s'éloigner. L'enfant jeta l'objet & terre et déguerpit. Il n'avait pas fait vingt mètres, qu une formidable explosion retentit. Ce qu'il croyait être un appareil photographique était une bombe, dont il avait fait jouer, inconsciemment, le déclenchement. Les deux policiers. MM. Linsing et Pierre, furent bleBséB aux jambes, et un passant, M. Derof. fut atteint à la poitrine. L'état de M. Linsing est grave. LA CHAMBRE VOTE A L'UNANIMITÉ LE PROJET D'ADRESSE AU ROI Séance du mercredi 11 décembre 1918 Public peu nombreux, aussi bien dans les tribunes ordinaires que dans les réservées. M. Delacroix, chef de Cabinet, est le premier assis au banc dos ministres, où il compulse aussitôt ses dossiers. L'hémicyie àq remplit lentement. La séance, annoncée pour 1 h. 45, eot ouverte îi 2 h. 25. M. Poullet préside, assisté de MM. De-vèze et de Kerckove. M. Poullet donne lecture d'un certain nombre de messages parvenus à la Chambre de la part du Sénat et de M. Bertrand, député (le Bruxelles. Il invite les membres, qui ne l'ont pas encore fait, à prêter, le serment constitu-tonnel.Hommage eux morts M. Poullet. — La Chambre des représentants a été cruellement éprouvée depuis la dernière session. Vingt collègues ont été enlevés avant la joie de la libération du pays- Un homme de talent a ouvert la listo: M. Louis Huysmans, qui occupait une place considérable dans son parti. Ce fnt un grand patriote. Au cours de l'année 1916, cinq collègues sont morts, dont quatre vétérans, MM.Hey-len, Delvaux, Davignon et Van Damme, dont l'orateur rappelle l'œuvre parlementaire.Une perte irréparable pour le parti socialiste fut celle d'Emile Royer. L'année 1917 enleva six collègues! le président, le vice-président et un questeur de la Chambre. Le parti catholique perd en M. Schollaert un chef infatigable, qui travailla h la reprise du Congo et au service militaire personnel. M. Nerincx, vice-prési-dent, présida les sections centrales avec tact. Grand industriel, M. Warocqué dota largement les ceuvres philosophiques. Chargé des fonctions de questeur, il jouissait, au Parlement, de toutes les sympathies. Le président paie un juste tribut d'hommages à la mémoire de MM. Bovyn. député de Tournai; Arthur Verhaegen, député de Gand-Eecloo; Delbeke, député et échevin de Roulers. En 1918, la Chambre perdit huit collègues: trois socialistes, MM. Bastien, Caelu-waert et Cavrot. M Hoyois mourut en exil. M. Pierre Daens, < plus journaliste peut-être que parlementaire », fut aussi a la hauteur de sa tâche. Enfin, M. Poullet, que la Chambre écoute debout, 6alue la mémoire de MM. Van Mer-ris, Georges Lorand et de Lalieux. M. Poullet continue: M. Lorand se dévoua, en homme de lutte, & une propagande pour la défense nationale. Sa mort laisse un grand vide dans cette Chambre. _ Il s'est est fallu de peu que la liste des défunts ne fût augmentée d'un nom. La Chambre oompte un homme condamné à mort, M. Golenveaux, qui a droit à notre admiration pour son patriotisme. (Applaudissements.)Sympathies étrangères M. Poullet déclare que le retour triom- {>hal du roi et de l'armée a donné lieu, de a part de nombreux gouvernements étrangers, à des manifestations de sympathies pour la Belgique. Il donne lecture des télégrammes et des messages parvenus à oette occasion. C'est d'abord un hommage du Grand-Duché de Luxembourg. Notre Parlement répondra que la délivrance du Grand-Ducné a réjoui le peuple belge que les souvenirs et l'affection atta^ ohent fraternellement au peuple libre du Grand-Duché de Luxembourg. (Long bravos. Très bien ') Le président lit ensuite l'hommage de M. Doschanel, président de la Chambre française, et la réponse à y faire: « La Belgique se réjouit de la réunion de l'Alsace-Lorraine à la Mère-Patrie et assure la France de son union traditionnelle. (Bravos.)Vient alors un message de la Chambre du Brésil. La réponse remercie le Brésil de s'être tourné, dès le début de la guerre, vers les Alliés. (Ovation.) Une dépêche de Stockholm dit que la seconde Chambre du Parlement_ suédois est heureuse de la victoire du Droit. (VOIR SUITE EN PAGE » QUATRE RÉPUBLIQUES POUR UN EMPIRE Bâle, 10 déœinbre. — La « Gazette populaire de Cologne • voudrait qu'à l'imbroglio actuel, succédât un régime d'ordre. Quatre républiques, suggère-t-elle, devraient être créées : — 1) La République du Rhin et de Westpha-lie, comprenant les provinces du Rhin, de Westphalie. la Hesse-Nassau, la Hesse-Bade et le Palatinat rhénan; 2) La République des pays du Danube, comprenant la Bavière, la Wurtemberg et l'Autriche allemande: 3) La République de la Baltique, comprenant l'Oldenbourg, le Hanovre, les villes hanséatiques, le èlesvig, ie Holstein, le Meclclembourg, la Pomôranie, la Prusse occidentale et la Prusse orientale; 4) La République de l'Allemagne centrale, comprenant tous Iqs autres Etats de la Confédération actuelle, le royaume de Saxe, les provint s de Saxe, de Brandebourg, la Silésie et Posen. — DECLARATIONS DE SCHEIDEMANN Londres, 9 décembre. — Le « Daily Express » dit que Scheidemann a déclaré que le comité révolutionnaire n'est que provisoire et ne durera que jusqu'à la réunion de l'Assemblée nationale. Un nouveau comité, qui représentera l'Allemagne entière, sera élu le 16 décembre. — Scheidemann dit que les délégués pour la paix seront nommés par le cabinet actuel des Six. Le Dr Soif reste au gouvernement, parce que le nouveau gouvernement croit Sue Soif a la confiance de l'Angleterre et es Etats-Unis. En ce qui concerne le juge-myit éventuel de Guillaume II, Scheidemann a déclaré que l'on discute la question d'établir un tribunal d'Etat, pour juger toute personne coupable d'avoir déterminé la guerre, mais que cette question devra être définitivement tranchée par l'Assemblée Nationale. Au sujet de la forme future du gouvernement, il Dense qôe l'Allemagne sera une république: la république des Etats-Unis d'Allemagne. A QUI LA PP;£IDENCE? B&le, 9 décembre. — Le bruit courait, hier, à Berlin, que le groupe Spartacus » allait nommer, cette nuit, Liebknecht, président de la république. CE QUE .VEUT' L'ENTENTE Amsterdam, 11 novembre (de notre correspondant). — On mande de Berlin: L'Entente a réclamé la dissolution du oonseil des ouvriers et des soldats. Cette nouvelle est la première confirmation des bruits qui circulent depuis quelques jours. On ajoute que le conseil des ouvriers perd son influence et que la presse bourgeoise berlinoise appuie la demande de l'Entente. Certains ministres sont d'avis que la démission du cabinet est nécessaire, si le conseil est dissout, mais d'autres ministres ne reconnaissent pas cette nécessité. COMMUNIQUES OFFICIELS DU GRAND QUARTIER GÉNÉRAL COMMUNIQUE BELGE 11 décembre. — Des têtes d'infanterie atteignent, aujourd'hui, la transversale Viersen-Dulken, avec éléments légers à Kempen, Mullem. Aucun incident à-signaler.SOUS SEQUESTRE A la requête du Parquet do Bruxelles, M. le président du tribuiial de 1* instance a désigné les séquestres chargés de la gérance des établissements financiers suivants: Deutsche Bank, Nationale E.ink fur Deutschland, Deutedia fiSccton und^Wcchtelbank, Barth frères; des sociétés d'assurances: L'Albingia, l'Alliance de Berlin. l'Ancre de Vienne, les Assurances Générales de Trieste, l'Atlas, la Cologne, la Concordia, le Danube, la Franck-fortoise, la Germania de Stettin, la Glad-bach. la Gotha, la Karlsruhe, la Leipzig, la Magdebourg, l'Oberrlieinsche V. G., les deux Phénix et Phœnix autrichiens, la Stuttgart, la Victoria. En outre, cent quatre-vingts établissements industriels et commerciaux importants sont également sous séquestre. Il en est de mémo de toutes les valeurs do sujets ennemis déposés dans les banques de Bruxelles et d'un nombre considérable d'objets mobiliers, se trouvant en dépôt dans les garde-meubles de l'agglomération. Ces biens peuvent s'estimer par des millions de francs; ils appartiennent à plusieurs milliers de propriétaires.DES PRISONNIERS FRANÇAIS ARRIVENT AU DANEMARK Copenhague, 7 décembre. — Des prisonniers de guerre français, rapatriés, sont arrivés, ici, aujourd'hui. Ils étaient en assez bonne santé, en raison des envois de vivres qu'ils recevaient de leur pays. Deux seulement étaient malades et ils ont été logés dans un hôtel, à Elseneur. Tous les prisonniers ont parlé en termes amers de la dureté du traitement dans les ( camps allemands. SUR LE THÉÂTRE DE LA GRANDE GUERRE AUTREFOIS VILLE DE PLAISANCE NIEUP0RT FUT UNE DES GARDIENNES DE L'ARMÉE BELGE AU i CHARNIER I DE L'YSER (De notre envoyé spécial) Après la traversée des Flandres, nous joignons l'Yser à son embouchure. Par Coxyde et Oost-Dunkerke, nous longeons la dune, en suivant une route flanquée d'arbres i tronqués et de maisons éboulées. Des prisonniers allemands déblayent ou i réfectionnent. Bientôt l'auto s'arrête. i Partout, autour de nous, des gravats s'amoncellent, des pans de murs découpent leurs silhouettes bizarres sur la gaze du ciel. Des fenêtres et des trous d'obus béent sur le vide; des madriers, des poutrelles, des charpentes s'enchevêtrent parmi le fa- i tras des briques moulues et de mille objets détériorés. i Ironie du sort: c'est ici que se trouvait Nieuport, ville de plaisance ! Les impressions se pressent, rapides, té-rébrantes; elles meurtrissent; elles appellent des mots que la langue ignore. Ici s'est jouée une partie décisive de. la grande guerre. Interrogeons le passé. Convoquons les son- ' venirs de notre remarquable oicerone. le commandant Van Truyn, vétéran de toutes les batailles de l'Yser. Une parenthèse historique Après la sortie d'Anvers, l'armée belge s'étant repliée sur l'Yser, il importait, au prix de la résistance la plus opiniâtre, de maintenir intacte l'aile gauche des Alliés et de parer ainsi à la tactique allemande qui consistait précisément à enfoncer les ailes de l'adversaire. Pendant six jours, malgré les obus du plus gros calibre dont se servait l'ennemi, les Belges, attendant l'arrivée des secours français, eurent à sou- 1 tenir le choc. A ce moment, les Allemands ayant franchi le fleuve à Sohoorebakke et à Tervaete, se trouvaient devant Pervyse et Ramscapelle. C'est alors que le major Nuyten, de la sixième division d'armée, imagina, d'accord avec l'éclusier de Furnes,' d'inonder le secteur compris entre l'Yser et le chemin de fer de Nieuport à Dixmude et d'étendre aii«si une nappe d'eau depuis Nieunort jusqu'à la maison du passeur, à 10 kilomètres au sud de Dixmude. Profitant de deux fortes marées, l'inondation fut tendue. L'instant était critique entre tous. L'opération eut plein succès; les Allemands, ébahis, virent l'eau monter tous les jours de plus en plus et beaucoup d'entre eux périrent enlisés. Entretemps, les combats continuaient; l'inonda-dation avait permis d'épargner des forces entre l'Yser et Dixmude et, le 28 octobre, le flot de l'ennemi était arrêté. La lutte ardente devait continuer ainsi pondant quatre années. La cavalerie française étant venue à la rescousse le secteur Nievport- Ville-Nreuport-Baina fut _ gardé jusqu'en juin 1917 par les deux divisions d'outre Adinkerke, après quoi les Anglais vinrent relever les Français, tandis que les Belges défendaient la partie extrême du front jusqu'à Lombartzyde. Dès juillet de la même année, les Allemands, bombardant sans cesse, coupaient à tout instant les ponts de l'Yser et bordaient la rive nord du fleuve jusqu'au phare. En novembre, les Français reprenaient leurs positions, remplaçaient le3 Tommies et maintenaient leur ligne et leur tête de pont jusqu'en février 1918, époque où les Belges réassuraient définitivement la garde du secteur. Jusque là., lo territoire belge non envahi ne s'étend même pas à deux arrondissements. On connaît le reste : en septembre, une attaque principale décidée avec la collaboration dos Anglais, au sud de Dixmude et qui permet aux nôtres, après la prise d'Houthulst et les combats de Mercfcem, d'occuper, 1e 29, la ligne Zarren, Staden-berg, West-Roosebeke, Passchendaele et Moorslede pour atteindre, le lendemain, devant la « Flandern Stellung ■» Staden, Sleyt-hagen, Oost-Nieuwkerke et Sint-Pieters, où les opérations sont arrêtées; le 14 octobre, l'assaut déclanché vers Roulers, Gits, Ise- Îhem et Thourout; puis l'offensive des 'landres se développant toujours, obligeant l'ennemi à lâcher le littoral et se terminant en poursuite jusqu'au 11 novembre, à LES ALLEMANDS PROPOSENT LES ALLIÉS DISPOSENT Karte der deutsclien Invasion in England Vari.g F F.«»i* H.mburg 19. Cr&uHrt/ngm: S'™. .TZSZSXZSXZZm» „o..,—t —— Cette carte, éditée pendant la guerre, révèle une part du gigantesque appétit du colosse de la force pure •t du droit par le thravnell 11 heures, moment de l'armistice. L'armée belge se trouve alors sur un front jalonné par Deynze, Gand et Selzaete. La partie est gagnée; l'heure de la victoire a sonné le glas de l'Allemagne. Le calvaire Au oours de cette infernale campagne, Nieuport est restée la gardienne septentrionale de l'armée belge. Tout espoir y repose; toute pensée y ramène. Par quels prodiges de vaillance obstinée, par quel serein mépris de la mort, grâce à quelle volonté bandée, au prix de quels of-torts physiques nos troupes ont-elles pu s'accrocher au lambeau de terre patriale? Il faut avoir vu ce coin de l'Yser pour mesurer leurs sacrifices, pour évaluer le potentiel de leurs souffrances. Le spectacle qui nous emplit les yeux expliquera ce calvaire. Large d'une centaine de mètres à marée haute, le chenal qui, à notre gauche, s'étend comme un lac désolé, s'étrangle bientôt aux écluses fameuses. A l'entrée du goulot, les portes ébréchées, déchiquetées et disjointes, laissent s'engouffrer l'eau. Des milliers de sacs de sable, empilés comme les briques d'un mur, endiguent partiellement le courant, puis, parallèlement à ce barrage, un pont de madriers franchit le bief. Nous y faisons halte un instant, face à Ostende. A notre droite, à quelque dix mètres en aval, les autres portes d écluses, atteintes aussi par le marmittage, se dressent parmi le chaos des digues affaissées, des sacs de sable, des longerons. Plus loin, vers Saint-Georges et jusqu'à Dixmude, de distance en dislance, des barrages à vanne ont dû être établis, entre lesquels l'eau, retenue à marée haute, déborde ou s'infiltre souterrainement, engor- ?eant les ruisseaux des polders, les « graçh-en », provoquant ainsi l'inondation dans tel secteur déterminé, tandis qu'à l'arrière, le remblai du chemin de fer de Nieuport à Dixmude, dont les viaducs ont été bouchés, endigue l'eau du côté des nôtres. Le camp ennemi devient ainsi un bourbier cependant que le secteur belge est épargné. Nous dépassons quelque peu le pont de madriers. Devant nous, c'est l'émouvant speotacle d'une terre qui meurt; jusqu'à la ferme de Bambourg, en vague demi-cer-4 cle, ajjparaît la tête de pont de Nieuport, enjeu suprême de la bataille. C'est un oloaque immonde, lugubre, d'où émergent des monticules de décombres, quelques moignons d'arbres désespérément brandis, des abris enlisés jusque près de leurs faîtes, des coins de soubassements, des fils de fer enchevêtrés, de la vase, des sacs de terre. Entre les lagunes courent des tranchées, où béent des entonnoirs. Une piste, coupée de fondrières, couverte de végétation et de fils barbelés roulés on boules, segmente la tête de pont et file vers le nord: c'est l'ancienne route vicinale de Nieuport à Ostende. De ce znarécajo convulsé s'exhale une mofette qui rappelle le relent des égoûts. Bordant la tête de pont et la ligne avancée quo nos soldats ont reportée en avant du chenal jusqu'à Lombartzyde, s'étend le « no man's land » cette zone neutre qui n'appartient à personne, large de 20 à 5C0 mètres, où les deux adversaires ont leurs postes d'écoutes et s'observent. Au delà encore et devant nous, un groupe de maisons abîmées révèle Westeude; puis c'est Middelkerke. dont il ne reste guère qu'un sol chargé de ruines, Raversyde bouleversé et enfin, dans le lointain Ostende, contusionnée. Mon imagination, bien au-dessous des réalités, fait se dérouler des batailles. J'évoque des gestes, des attitudes, des hommes se coulant dans le limon, comme des couleuvres, des canons de fusils, en rangs serrés jalonnant de points ignés les épau-lements des tranchées, dea niaripites éclatant dans la fange avec des tourbillonnements formidables de boue, d'eau, de chair, do matériaux, des obus explosant en jets de liquides aux gaz asphyxiants, des lance-flammes projetant un feu meurtrier à trente ou quarante mètres. Dans la tranchée Quittant la tête de pont de Nieuport — ce calvaire où tout n'est plus que silence et recueillement — nous repassons le bief des écluses pour visiter le boyau de tranchées dont l'épaulement borde le chenal, au sud. Nous sommes ici, en seconde ligne des derniers combats de Nieuport, nos braves étant parvenu sur l'autre rive à étendre leurs positions jusque devant Lombartzyde. Le boyau a quelque 700 mètres de longueur et moins de 2 métrés de profondeur. On y défile de front à la queue leu-leu, marchant sur ces planchers à claire-voie que sont les caillebotis, 6e cognant aux épaules, s'efffl-cant aux éboulements, s'en tortillant parmi les fils barbelés. De temps à autre, la paroi de tir est protégée par un ruban de fin treillis. Des tranchées de dégagement permettent de gagner, à l'arrière, les abris de. logement de Nieuport-Bains enfouis dans la terre où se tiennent les troupes de piquet, où l'eau potable venue de . Dunkerque est recueillie dans des citernes, et devant lesquels les wagonnets Decauville; amènent le sable et les vivres Au delà du chenal, la relève de la tranchée avancée a lieu tous les jours; ici, tous les trois ou quatre jours. Ruines et catacombes Nous revenons vers la ville. Le soleil couchant éclaire en rouge la dentelure des ruines, comme s'il voulait nous faire mieux remarquer l'importance du désastre: sa lumière traîne parmi les gravats, s'allonge vers le nord, filtre au travers des fenêtres et des lézardes. Parmi les éboulis où se maintiennent quelques murs branlants, quelques tours effondrées, nous longeons un amas de cailloux: c'était là Paling-brug (le pont aux anguilles), cette guin- Suette cliere aux villégiateurs. De l'hôtel e ville, qui datait du 17* siècle, un bout de façade est resté. La tour des Templiers, qui mesurait une cinquantaine de mètres de hauteur et servait de signal aux marins, a été tronquée à sept ou huit mètres du sol. L'arsenal, l'ancienne caserne désaffectée, les halles, l'église Saint-Pierre et tout le quartier de la Grand'Place 6ont en ruines. La rue du Marché, la plus importante, est réduite à un sentier d'un mètre et demi au plus. Des pavés y affleurent entre le platras. Quelquos murs crevassés permettent de repérer l'ancienne artère. La rue Longue et la rue d'Y près ont subi le 6ort des autres; on ne les distingue plus sous l'amas des matériaux. L'église Saint-Pierre n'a gardé qu'une Êartie du chœur et un pilier du transept. •ans l'alentour, des croix noires bousculées par l'écroulement: c'est un cimetière militaire français contigu au champ de repos des mahométans. Derrière l'hôtel de ville, nous parcourons un abri souterrain qui permet de circuler sous la ville; c'est un long couloir étroit qui rappelle les bouveaux de charbonnages. A côté un poste de secours: un escalier en contrebas donne accès à une salle basse, rectangulaire et blanchie' à la chaux Dans un coin, la table d'opération et deux civières. Une forte odeur de chlore rôde encore dans se refuge où se sont concentrées tant de souffrances et qui est habité maintenant par des prisonniers. Un éboulis bouche l'entrée d'un escalier do 15 marches qui menait à une chapelle souterraine. Appendu à un mur, un écri-teau indique 1 heure des offices. C'est devant cet escalier que fut tué le premier grenadier belge, après la relève de 1918. En regagnant notre auto, nous cueillons parmi l'herbe qui borde des gravats, une petite fleur jaune, unique sans doute en ce chaos: un souci. Nous quittons, au soir tombant, l'ancienne ville d'eau, d'où les 8,900 habitants se sont enfuis vers la France hospitalière. LA NÉCROPOLE DE LA SOMME (De notre envoyé spécial.) En attendant que le rapide Paris-Brtw xelles puisse être rétabli — et ce ne serai pas demain, nous affirmait un agent de la Compagnie du Nord — on s'en revient do Paris, au choix, ou par Boulogne, Calai* et Dunkerque: ou par Amiens,Arras Sainfc» Pol, Béthune et Lille. La durée du voyage est à peu près ausal longue par les deux routes — environ neuf -heures. A Dunkerque, on est assuré de trou-r \ ver la correspondance pour Bruges et do faire le voyage jusqu'à Bruxelles en cho« min de fer, tandis qu'à Lille on peut êtro fort embarrassé pour regagner la Belgique, en l'absence de tout service organisé. Il faut se fier à sa bonne étoile et courir la chance d'être cueilli au passage par un camion militaire qui fait route vers Bruxelles. Le plus souvent, on est pris à bord de l'un ou l'autre des camions anglais, français et belges, qui sont échelonnés par centaines sur la route, mais ce n'est paa une certitudo ! Néanmoins, Fi vous avez le goût des voyages, lequel implique le goût de l'aventure, ]e ne saurais trop vous recommander do choisir la route de Lille. A raison du mauvais état de la voie, le train modère son allure à partir d'Amiens et franchit, à toute petite vitesse, les régions d'Albert et d'Arras, que les voyageurs, penchés aux portières, ont ainsi le loisir ae considérer dans toute l'horreur de leur dévastation. Remontant le cours de l'Ancre, la voio ferrée passe par Thiépval, Grandcourt, Mi-raumont, Irles, Achiet-le-Fetit et Achiet-le-Grand, à quelques kilomètres à l'ouest do Bapaume, pour atteindre Arras par Cour-celles-le-Comto et Boisleux. Vous connaissez les noms de ces villages. Les communiqués de guerre anglais et français vous lea ont rendus familiers. Vous avez suivi sur la carte les progrès qu'ils marquaient lora de* batailles de la Somme, en 1916, en 1917, et cette année enfin, il y a quelques mois, au moment de la grande offensive des Alliés. N'oubliez jamais ces noms qui évoquaient le charme agreste de jolis villages encadrés de bois et de prés fleuris. Gravez-les au fond de votre mémoire, au fond de votre haine. Le nom qui les désignait, c'est tout ce qui reste aujourd'hui de ces pauvres bourgades que l'héroïsme tenace des armées qui les ont conquises, défendues, perdues et reprises, a rendues tragiquement célèbres. Des toits éventrés, des murs écroulés, deo Sistes boueuses parmi des amoncellement* e briques noircies, telle apparaît la villo d'Albert — la partie du moins, qu'on en aperçoit de la gare. Et aussitôt après la ville, sur une étendue de plusieurs kilomètres carrés, couvrant tout, terre, routes, jardins et prairies, depuis la voie ferrée jusqu'au pied des collines à l'assaut desquelles les Brii^nniques s'élancèrent si vaillamment pour enlever, de haute lutte, leo villages de Pozières, Martinpuich et Con-talmaison,. partout, aussi loin que les yeux pouvent voir, c'est l'inondation, l'eau, après le feu, qui achève de dévaster ces régions anéanties par la mitraille. Quelques àrores, épargnés miraculeusement par les rafales d'artillerie, émergent des eaux limoneuses sur lesquelles conrt, de place en place, le chemin léger d'une passerelle; Et l'on ne peut manquer de songer aux sacrifices multiples, aux hécatombes de jeunes vies que coûtèrent l'établissement et la défense, sous le feu de l'ennemi, de ces passerelles qui ont l'air do flotter sur la plaine liquide. Une plaine de boue L'inondation s'éloigne. Les eaux, en se retirant, ont découvert une plaine de boue et l'on voit au passage, enlizés jusqu'aux essieux, des canons, un tank, le squelette d'un avion, quelque tôle immense d'une explosion titam^ue. Le paysage change d'aspect, car la dévastation des champs de ruines prend des visages divers. Le train s'engage jusqu'à Arras dans une région tellement convulsée qu'on se croirait descendu dans un immense cratère volcanique. Ce ne sont, l'un auprès do l'autre, sur une distance de plusieurs kilomètres, et en tous sens, que trous d'obus, entonnoirs, excavations... Le sol est criblé de mitraille, tailladé, déchiré partout. Il ne reste pas un mètre cube de terre qui n'ait été retourné. Il n'y a plus ni arbres, ni haies, ni buissons. Les villages sont écroulés en un tas do décombres. On chercherait en vain une maison encore habitable. Tout est fauché, dichiqueté, pvlvérisé... Et le long du talus, de dix en dix mètres, s'ouvrent, béantes les entrées des sapes où se glissaient les soldats, les pieds fangeux à même la boue. Des abris, sous quelques sacs arrondis en dos d'âne, marquent encore la place des sentinelles vigilantes. Au pied ae la voie, amenées là comme des coquillages poussés par le flot, dea grenades et des douilles d'obus gisent en chapelet... Seuls humains parmi ces dévastations infinies, des soldats britanniques sont postés aux endroits qui étaient une gare ou un passage à niveau. Ils montent une garde 8toïque devant. ces plaines funèbres où trois cent mille des leurs sont tombés pour la,cause du Droit et de la Liberté. Sur le versant de la colline qui ferme le paysage, les cimetières, à oeine espacés, alignent des multitudes de petites croix uniformes. Après Arras, le chemin de fer fait un crochet vors Saint-Pol et l'on revoit des fermes habitées, des champs labourés, des vergers. On retourne à la aouce vie champêtre.Toujours des mines Mais à Béthune, les horreurs et les dévastations reparaissent, et c'est à nouveau une succession do ruines jusqu'aux portes de Lille. Comment restaurera-t-on ces malheureuses régions? Comment va-t-on déblayer ces entassements de ruines et d'acier? Quelle main-d'œuvre y emploiera-t-on? Pourra-t-on seulement ramener, un jour, la vie sur cette terre dévastée par la mort? J'ai lu ces réflexions et cette inquiétude dans les yeux navrés d'un artilleur qui fut, pour moi, le plus aimable compagnon do route. Il revenait de Metz, où les troupes françaises avaient reçu l'accueil enthousiaste que l'on sait. Il m'avait raconté la joie des Messins et sa joie à lui d'avoir obtenu une permission de dix jours pour aller embrasser ses parents à Arras. Il voulut me montrer le village natal de son père. Il cheroha... chercha longtemps., et ne put rien découvrir au milieu des ruines, pas un pan de mur qui lui aurait fait reconnaître le village cherché.... Alors je le vis blêmir. Une rage froide durcissait ses traits, glaçait son regard. Il tendit son poing crispé vers l'immen6ité du désastre qui s'offrait à nos yeux et je l'entendis crier d'une voix rauque: — Ah ! les vaches !... R. C. ENCORE UNE INFAMIE Namur, mardi 10 décembre. — rn terrible accident, dû à une nouvelle infamie des Allemands, vient de se produire à No-yille-les-Bois. Un incendie, probablement imputable à la malveillance, s étant déclaré dans une meule de paille aparté-nant au fermier Goffin. plusieurs jvi tonnes se rendirent immédiatement sur les lieux pour l'éteindre. Soudain, une formidable détonation retentit et l'on .it l'un des assistants, Gustave Wilmotte, ftgé do 15 ans, s'affaisser. Il avait eu la tête littéralement emportée par un obus '.'issi/nulé dans la paille par les teutons infâmes. Le désespoir des parents de la victime est incommensurable - —^

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Dit item is een uitgave in de reeks La dernière heure behorende tot de categorie Liberale pers. Uitgegeven in Bruxelles van 1906 tot onbepaald.

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