La Flandre libérale

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s.n. 1914, 14 April. La Flandre libérale. Geraadpleegd op 28 maart 2024, op https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/nl/pid/d21rf5n320/
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r Marfll M Mercredi 15 Avril 1914 ÛUÔTÏDÏEÎÏ. - 10 OENÏ. B. 104-105 — Mardi 14 et Mercredi 15 Avril 1984 LA FLANDRE LIBERALE A.BOISrTSTEM:EIVT® i mois. g mois. $ mol». J se. BELGIQUE s Fr, 2.00 4.00 8.00 16.00 UNION POSTALE s Fr„ 3.75 9.00 18.00 36.00 On l'abonna an bureau du Journal et dans tous les bureaux de poste BÉDÂGTION, ADMINISTRATION ET IMPRIMERIE 6AND, l, RUE DU NOUVEAU BOIS, l.GAND &S39NNEMENTS ET ANNONCES : =- RÉDACTION <-<-Téléphone 32 Téléphone 1$ annonces Pour îa ville et les Flandres, s'adresser a® bureau & ïonrnaL _ Pour le reste du pays et l'étranger, s'adresser 1 l'Office de Publicité, rue Neuve, 36, à Bruxelles. 1 [s politique financière tscltrltau et des libéraux Une gestion scrupuleusement économe des deniers publics a toujours institué, en Belgique, une des carac-jéristiques principales des gouverneras libéraux; un gaspillage croisent, qui a fini Par devenir effréné, a Ualé la gestion des gouvernements [léricaux, depuis qu'ils se succèdent ans notre pays. Le contrasté entre ces deux façons 'administrer apparaît saisissant quand ii compare, de décade en décade, demis 1850, les chiffres des dépenses af-[ctées au service de la dette publique le l'Etat belge. [En 1850, ce service coûtait 35 mil-ions 690,225 francs. De 1847 à 1870, sauf une interrup-ion de 3eux ans et demi, le parti libé-al occupa le pouvoir. Trois cabinets Mraux se succédèrent. M. Frère-Or-andétint le portefeuille des finances, jçed M. Liedts, dans le premier de ces abinets, et pendant les treize années ne Jura le troisième. M. Frère-Orban fut le meilleur mi-istre des finances que la Belgique ait imais eu. Un historien clérical, l'abbé ialan, élève de M. Kurth, passionné t partial comme son maître, recon-laît, comme tout le monde d'ailleurs, ombien Frère-Orban, ministre des fiances, mérita de la patrie. L'institu-ion de la Banque Nationale, de la faisse de retraite, de la Caisse d'épar-pe, sont des titres de gloire pour frère-Orban. La Belgique entra avec ni dans la voie large du libre échange, t Frère-Orban supprima les octrois, tapât éminemment vexatoire, et l'ab-Balau, à ce propos, rend hommage ! "l'incontestable supériorité de son lté". En matière d'impositions nou-ellts, comme en matière de dégrève-pents fiscaux, les ministères libéraux ^ sont toujours montrés fidèles aux irincipes démocratiques. Dès 1851, 'rère-Orban eut le courage, rare à cette époque, d'établir un droit sur les [accessions en ligne directe. Par l'im-)ôt sur les distilleries, il s'efforça d'en-ichir le trésor aux dépens de l'alcoolis-pe, politique bienfaisante à laquelle le béralisme s'est toujours montré fi-èle.' En 1860, le service de la dette nubli-[ue coûtait 40,727,208 francs. En dix ®s, il n'avait augmenté que de 5 mil-ons. alors que. de 1835 à 1850, pen-ant l'ère des ministères mixtes, l'augmentation avait déjà été de 24 milans: (V. l'Annuaire statistique de la •dqique,) La période entre 1860 et 1870, grâ-« à Frère-Orban, fut l'âge d'or pour :3 lances belges. Même l'abbé Ba-® ne peut s'empêcher de reconnaître pelles furent alors administrées d'une Manière remarquable. En 1870, le ser-|e. de la dette publique coûtait '.080,891 francs : en dix ans, il n'a-!11j augmenté que de 2 millions. .Avec le ministère d'Anethan (2 juil-fi 1870) s'ouvrit l'ère des gouvernements cléricaux, qui s'est perpétuée eP'ii5 quarante-quatre ans, interrompe seulement de 1878 à 1884 par un Nistère Frère-Orban. [ depuis 1870, la dette publique a Nruplé. En 1880, le ervice de ®tie coûtait 82,553,413 francs : en lx Ms, il avait augmenté de 40 mil-?s 2 millions pendant la dé-«e libérale précédente !) Pendant la ecade suivante, dont la première moi-Ut lbérale> progression de la 1 R publique se ralentit notablement. I n a^violemment reproché au gouvernent de M. Frère-Orban d'avoir liem l16,'' ^es dépenses pour l'ensei-pment du peuple ^ 1'avénement du cabinet îpian " ' la dépense totale de l'en-C ^ Primaire, dont nous em-kfrj)68 .chiffres à l'abbé Balau, Lnf„ ^ environ " 28 millions. Elle I Nr Cn ^ 34,800,000 francs, .^percevons encore l'écho des Pillais '■aieT?ClUe soulevèrent °es "gas-Roiia™ ' n Pourtant que n'avons- hinès \Vw6puis ! 11 y a se" toéErauJi, pei?,e' 1111 ministre clérical P Dinar déveloPPait_au Parlement |erréesn^ammf .^'extension des lignes on l'™-01? a*ses qui entraînera, si PPPléme?4v' ^ne„ déPense annuelle l^ndant in ® millions de francs dit1 dlï ans ! ^ que n'a-t-on pas hnapôt^"'^,.0j.FamP clérical, des "graux lre aniipp i n Pei?<iant l'avant-derniè-[héral no 5®® gouvernement li-Nau) l milllons en tout, d'après I Lor * [pouvoir ^6S cléricaux revinrent ai que l'iJ» iS a]lnoncèrent urbi et orb es économies allait1 être dé finitivement instaurée. Nous savons comment cette promesse a été tenue par eux. De 1890 à 1910, les recettes du trésor ont augmenté dans des proportions extraordinaires. En 1890, les impôts rendaient 166,532,127 francs. En 1910, leur rendement a été de 294,857,639 francs. Celui des péages, qui était de 152,665,975 francs en 1890, est monté à 350, 964,510 en 1910. Malgré ces recettes si brillantes, les gouvernements catholiques ont émis des emprunts formidables, à jet continu. En 1890, le service de la dette publique coûtait 99,256,523 francs; en 1900, la dépense de ce chef atteignait 128,555,565 francs; en 1910, elle atteignit 186,588,127 francs. Par suite de ces appels incessants au crédit de l'Etat, la rente belge a fléchi continûment et progressivement depuis vingt ans. Quant aux' emprunts à court terme, aucun des pays les plus civilisés d'Europe ne les contracte à des conditions plus désavantageuses que la Belgique. Dans les deux dernières années, l'Italie a émis ses bons du trésor au taux de 4 pour cent ; l'Angleterre à 4 1/2 pour cent; la Belgique a dû les émettre à 5 et 5 1/2 pour cent ! Si les électeurs belges s'obstinent 4 maintenir ce régime clérical, on peut prédire, à coup sûr, la ruine financière de ce pays ! Echos & Nouvelles L» gwfie civique La premier© question1 que l'on a posée lors de la transformation de notre état militaire a. été: "Quia va devenir la garda civique fi On dit, efc cet? "on dit" a même acquis une certaine! consistance, que M. de Bro-queville élabore uni projet de loi tendant à transformer notre garde civique ©n unie espèce de "landwehr" où eeiraient incorporés tous lesi Belges validies jusqu'à l'âge de! cinquante ans. Perspective assez peiu réjouissante*, d'autant plus que ce® gardes civiques, pour le® appeler par leur ancien nom, seraient astreints tous les ans à desi périodes! comprenant plusieurs jours. Un démenti est venu, il est vrai, dlu. gouvernement, mais lun démenti assez ambigu et qui laisse deviner qu'il y a anguille sous roche. Qu'une transformation die la garde civique .s'impose, sans quoi elle sera condamnée à disparaître, cela est certain. La garde souffre d'une crise d'effectifs. En effet, l'armée absorbant 49 p. c. des inscrits de la classe de milice, le déchet, si on peut dire, est constitué en majeure partie par les impropre® au service, en sorte que dans peu d'années, lorsque la nouvelle loi militaire sortira ses pleins effets, le recrutement de la milice citoyenne deviendra impossible. Cependant, l'armée n'absorbant que 13 classes de milice, néglige dë la f-orte un grand nombre de citoyens, aptesi à concourir efficacement à la défense dé la patrie. Aussi d'aucuns voudraient voir les effectifs de la garde reconstitués au moyen des anciens soldats âgés de 33 ans. La garde y perdrait en jeunesse ; mais combien! elle gagnerait en discipline, en cohésion, en valeur militaire! Reconstituée dansi ces conditions elle deviendrait apte à remplir le) rôle qui lui est assigné en temps de guerrei, comme de servir d'e couverture à la mobilisation, à garder les points stratégiques, à concourir à la défense des places fortes, etc. Quelle que soit la solution que l'on se propose d'y donner, la question est posée.Capitaux belges i l'étranger De 1' "Action Economique" :. " C'est un sujet de plaintes sans cesse renaissantes pour les économiste® belges quie l'émigration des gros capitaux de leur pays. Ils se consacrent, par l'intermédiaire des banques belges elles-mêmes, à des entreprises étrangère®, à, des emprunts d'Etats étrangers et négligent l'industrie nationale. La conséquence en est que le capital étranger gagne une influence considérable et dangereuse sur le commerce et l'industrie belges,_ et il y a certaines branches d'industrie qui sont entièrement dans les mains de l'étranger. Cette opinion est confirmée jusqu'à un certain degré par une récente publication du ministère des finances, où sont consignées les parts prises par les sociétés par actions belges au marché. Le capital étranger * a une grosse importance et tendance à augmenter' sa situation. Au cours de l'année dernière, il a été placé en sociétés par actions plus de 800 millions, chiffre un peu! inférieur à la moyenne des quatre dernières années (878) : 350 millions pour sociétés ayant siège et activité en Belgique, 450 millions pour sociétés fonctionnant à l'étranger. La Belgique a fourni 78 p. c. du capital pour les premières, 35 p. c. pour les secondeis. Notons aussi qu'une partie des actions prises au compte de banques belges dépendent du capital étranger, dont la participation offi cielle passe d'ailleurs de> 14 p. c. à 22 (51 p. c. pour le® sociétés belges à capital de, plus d'un million). " Les capitaux belges placés à l'étranger durant les quatorze dernières années montent à deux milliards environ : 'Sud-Amériquei 467 millions, Russie 309, Congo 190, Allemagne 123 et Erance 107." Le Parisien i Bruxelles De la " Chronique " ce croquis amusant : " Un autre agrément des journées pascales, c'est la visite des Parisiens. Grâce aux trains de plaisir organisés par 'a Compagnie du Nord, dès la veille de Pâques, le faubourg Montmartre débarque au boulevard! Anspaich. C'est le Parisien de la petite bourgeoisie, naïf et badaud, et il n'a pas beaucoup changé depuis Labiche. Cle voyage! "à l'étranger'1', ce passage de' >lai frontière a été médité pendant de longues semaines, au café, après la manille. On est parti en caravane, deux ou trois ménages, atvec M. Anatole, ou M. Félix, l'indispensable célibataire, loustic et renseigné. Il connaît Bruxelles, et fait le cicerone. Mais il n'arrive pa® à empêcher ses amis de s'émerveiller : — Comme c'est propre! C'omme c'est élégant ! Quels beaux tramways ! Tiens ! Ilg, n'ont pas d'autobus ! Avez-vous vu les "bureaux de tabac" 1 C'est ça qui est chic ! Cle bouile-vard Anspacih pourquoi qu'ils appellent ça boulevard!, puisqu'il n'y. a pas d'arbres? On dirait la rue de Rennes... (Et le Roi, est-ce qu'on le voit quelquefois? Nous irons toujours voir son Palais. Le Parisien s'intéresse toujours beaucoup au Roi. Parfois, quelqu'un! de la compagnie a des connaisancest à Bruxelles, on va leur rendre visite', La conjonction die M. et Mme Beuleman.s et de M. et Mme Denis est toujours savoureuse. On se fait-des politesses ; montrant les beautés de sa ville, M. Beulemans déclare d'un air modeste: "Ça n'est qu'à même pas Paris !" — Commença, donc? riposte M. Denis. C'est charmant, Bruxelles, c'est délicieux ! C'est une vraie grande ville, avec moins d'à bruit, d'agitation qu'à Paris! On va ®e promener au Bois : — C'est aussi bien! que le Bois de Boulogne ! On s'offre une séance de cinéma.; •— Ma parole, ils ont toutes les actualités parisiennes! On se paye l'apéritif : — On se croirait au "Café de Versailles", près de la gare Montparnasse! C'est tout pareil, n'est-ce pas? On regarde les affiches de® théâtres: les mêmes pièces qu'à Paris. M. Denis n'en revient pas de ses étormements. Alors, M. Beulemans se renfrogne, et quand on se quitte, au seuil de l'hôtel, ii déclare à sa femme: — C'epj Parisiens, ça est qu'à même des stoeffers ! Pour siir, ils croyaient qu'ils allaient arriver dans un village! Ls théâtre cù Faa Terne Jusqu'ici c'était le music hall, mais voilà que M. George Edwards, le directeur d'un des plus élégants théâtres de Londres, se propose de demander au lord chambellan d'autoriser le tabac dans son théâtre. Le public fumant en écoutant une "musical comedy", voilà ce que l'on verrait à la Gaity. C'est ce qui se voit, d'ailleurs, dans certains théâtres qui tiennent leur "license" du conseil du Comté, en dehors, bien entendu, des music halîs. C'est même la concurrence redoutable de ces derniers établissements qui a amené ce revirement dans les idées des impresarii londoniens ou de quelques-uns d'entre eux, car il en est encore qui n'admettent pas que l'on puisse fumer dans un théâtre de drame ou de comédie. M. George Edwards lui-même est un converti, car en 1908 il déclarait que jamais il ne permettrait de fumer dans le théâtre qu'il dirige. Sir Herbert Tree était alors du même avis et disait ne pas admettre que l'on pût fumer dans un théâtre " pas plus, ajoutait-il, que dans une église". Le lord-chambellan ne veut pas autoriser le tabac (sauf dans les fumoirs) dans les théâtres qui sont sous sa juridiction ; eit si M. Edwards veut introduire le tabac dans ses théâtres, il devra se faire autoriser par le conseil du Comté et renoncer à la "lioense" du lord-chambellan.Maintenant, qu'en pense le public î Va-t-il au théâtre pour fumer ou pour voir et entendre de bonnes pièces 1 Et une mauvaise pièce réussira-t-elle mieux si on la- voit à travers un nuage de fumée? Pas plus parce qu'une bonne pièce ne tombera parce qu'il sera interdit de fumer. Alors ? *** Ioximii Un professeur de boxe pour femmes, interviewé par le "Standard", à Londres, a déclaré qu'il n'y avait pas de raisons pour interdire'la boxe aux femmes, et que, dans son Institut de culture physique, elle donnait beaucoup de leçons de boxe, surtout dans le monde du théâtre. Les coups à la poitrine et généralement au corps sont interdits. Il est cependant permis de toucher aux 1 épaules et dé viser le sternum, mais c'est surtout à la figure que les coups sont portés, et un beau gauche à la mâchoire est considéré comme un des plus Êlorieux, tout comme chez les hommes, e professeur a une haute idée de son art, mais se déclare opposé à tout exhibition en public. La boxe pour femmes doit être réservée, dit-il, à l'intimité des clubs athlétiques. Rssslal et l'ambsissdrlee de France Il y a juste cent an3, au printemps de 1814, Rossini très jeune, mais déjà célèbre, se trouvait à Milan. Un jour on lui apporta un billet parfumé qui portait, en français: "Une dame venue de Na-ples dans le vif désir de voir le grand Maestro Rossini, dont les œuvres font triomphalement le tour du monde, l'attendra ce soir à la Scala, dans la loge n° 9 du premier rang, pour lui dire de vive voiï ce qu'elle n'ose confier au papier. " Rossini fut agréablement chatouillé dans son amour-propre d'artiste et d'homme. Surtout après que le ténor David, celui qu'il avait surnommé Goliath, lui eut appris que la femme de l'ambassadeur de France à Naples était à Milan et que, -se trouvant au bureau de la Soala-, il avait entendu un laquais retenir pour elle une loge pour ce soir-là. Rossini fit une toilette des plus soignées. Il se rendit à la Scala, monta au premier rang, et trouva, non sans éton-nement, la loge 9 absolument vide. Il se dit que les grandes dames se font toujours désirer et s'assit pour attendre, avec quelque impatience. Ce ne fut qu'au moment où le rideau tombait après le premier acte qu'un employé du théâtre, appelé alors à la Scala le Masohera dei palchi, lui remit une lettre. Il l'ouvrit nerveusement et lut: "Mon cher Maëstro, l'ambassadrice de France charge le soussigné de vous présenter ses excuses. Elle ne peut se rendre au théâtre ce soir pour plusieurs raisons. La première, c'est qu'elle n'a pas quitté Naples, qu'elle ne viendra probablement jamais à Milan, parce qu'elle n'existe pas. L'ambassadeur de France est veuf depuis trois ans. Daignez, chez Maëstro, recevoir l'hommage du profond respect de votre admirateur. PREMIER AVRIL." Le tour lui était joué par David. Rossini eût le courage d'en rire avec lui, un peu jaune, paraît-il. Les eartts postales Le British Muséum, à Londres, a inauguré cette année la publication en reproductions photographiques sur cartes postales, d'un grandi nombre d'objets faisant partie de ses collections. Ces cartes sont vendues au public en séries de 15 cartes, classées par sujets et accompagnées de notices dues aux conservateurs. Le succès a été si grand que l'administration vient de décider 1a. publication de 32 séries nouvelles. Da prteorsenr t Un homme est mort, à Paris, qui eut, à sa manière, du génie-. Son nom est peu connu du grand public. Il se nommait Frédéric Chatelus. Son œuvre demeure considérable. En 1881, Frédéric Chatelus était un petit ouvrier typographe: Il gagnait peu, mais il était économe. Un jour, il dit à'quelques camarades: "Voulez-vous nue nous mettions de côté, chacun, vingt sous par mois? Nous réunirons cet argent, nous le placerons, et dans vingt ans nous partagerons les revenus du capital ainsi amassé. " Ses camarades acceptèrent. Et l'association fut fondée. Elle débuta avec un capital de quatorze francs. Vingt ans plus tard, les Prévoyants- de l'Avenir — c'était le titre qu'avait pris l'association — étaient au nombre de 261,000. Ils possédaient 31 millions. Chacun des fondateurs, pour un versement total de 240 francs, allait avoir un revenu de 3,000 francs. Cela, les Prévoyants de l'Avenir le devaient au labeur infatigable^ à l'ardeur passionnée, on peut dire à la foi de Frédéric Chatelus. Son œuvre était devenue sa vié. Pour gérer les fonds de ses associés, le petit typographe avait appris la comptabilité. Il organisait des conférences. Il publiait des brochures. Il avait fondé un journal, le "Petit Prévoyant", afin de vulgariser son idée. Il eut un grand chagrin vers la fin de sa vie : on s'aperçut que l'association qu'il avait fondée n'était pas légale. On voulut l'obliger à la transformer en société de secours mutuels. Il plaidai et perdit son procès. 1 Alors il se détacha de son œuvre. Elle était désormais celle de tout le monde. Et le petit typographe, qui avait eu une idée trop belle, finit ses jours dans la! tristesse. L'iBTasIon américaine Elle -sei produit pendant éinq mois de l'année surtout et commence maintenant à Londres où l'on attend tous les mois environ trente-deux mille visiteurs d'Amérique. Le nombre des Américains qui visitent l'Europe chaque année est estimé à deux cent mille en moyenne. _ Comme les voyageurs de cette catégorie dépensent au minimum 5,OCO fr. pour un voyage de la durée moyenne de deux mois, on voit que ce n'est pas moins d un milliard par an qui est apporté à la vieille Europe par le tourisme américain. Un nouvel hôtel, en construction à Londres, contiendra douze cents chambres. L'Esprit européen C'est le titre d'un recueil d'essais que vient de publier notre excellent collaborateur, M. Louis Dumont-Wilden. Y a-t-il un esprit européen? Et s'il y en a un, quel est-il? M. Dumont-Wii-den répond tout d'abord à ces deux questions. Il croit qu'il existe en nous, si nous appartenons à l'élite cultivée, un sentiment qui n'est pas le sentiment patriotique, qui ne contrarie pas ce dernier, qui le soutient même et l'amplifie, et qui est proprement le sentiment d'un patriotisme européen. A ce sentiment vague, il ne manque, pour qu'il devienne un sentiment vif, actif, indéniable et irrésistible, comme le sentiment patriotique proprement dit, que la cii-constance d'un danger couru en commun, par tous les peuples d'Europe. Cette-circonstance est peut-être de demain. Le péril jaune l'annonce. Le péril slave, moins apparent, non moins réel, plus menaçant même, l'annonce également. Quel est ce sentiment ? Comment pourrait-il se définir ? Il est fondé sur une lointaine origine commune et sur de communes vicissitudes historiques. Tous1 les peuples civilisés d'Europe gardent la conviction qu'ils continuent plus ou moins la tâche civilisatrice de l'Empire romain. Tous ont participé à la civilisation chrétienne. Tous, un jour, ont courbé le front devant les sceptes unis du Pape et de l'Empereur. Tous ensemble, ils ont fait les croisades. Tous ont subi le contre-coup de la Réforme et de la Renaissance. Tous ont été intéressés, pour la combattre ou pour y applaudir, à l'hégémonie de la Erance au XVIIe siècle. Tous ont subi volontiers, au XVIIIe siècle, l'influence émancipatrice des philosophes et des encyclopédistes. Tous ont été remués puissamment par la tempête révolutionnaire et par l'épopée impériale. Ces souvenirs communs ont créé, entre tous ces peuples, des liens ou d'amour, ou de haine. Ils ne s'entendent pas toujours entre eux, mais ils ne sont jamais indifférents les uns aux autres. Et même quand deux citoyens d'Europe sont divisés d'opinion, chacun d'eux comprend au moins l'opinion de son adversaire. Ces Français, ces Anglais, ces Italiens ont en partage certains traits identiques que ne possèdent ni un Chinois, même cultivé, ni un Japonais, ni un Nègre. Et il ne s'agit pas ici, c'est évident, de la conformation physique. On pourrait ajouter qu'un Américain du Nord, malgré sa parenté étroite avec l'Européen, lui est également étranger par,certains côtés de sa nature morale. En effet, ce qui constitue le fond même du caractère de l'Européen, c'est sa volonté de durer, dans sa descendance ou dans ses œuvres. Nous voulons qu'on nous continue. Nous sommes tous semblables au paterfamilias de l'ancienne Rome qui avait le devoir de léguer à des fils, légitimes ou adoptés, le culte des ancêtres de la gens. Nous aussi, nous désirons par dessus tout nous prolonger, assurer la perpétuité de notre effort. Et c'est pourquoi l'institution légale de l'héritage est tellement dans nos mœurs que même une victoire complète de l'idéal socialiste n'en aurait pas raison. En Amérique, nous voyons que les choses ne sont pas tout à fait les mêmes. Le père américain, qui a amassé une grosse fortune admet fort bien que son fils-n'en hérite pas, et que ce fils soit replacé, devant la société, dans la même situation où il était lui-même à ses débuts. Je ne dis pas que l'Américain a tort d'avoir une telle conception de l'effort humain. Je constate simplement que ce qui lui paraît naturel, nous semble à nous une monstruosité. De tout quoi il résulte qu'il y a un esprit européen. Mais rien ne va, sur terre, sans direction et sans but. Cette direction, il faut quelqu'un pour l'indiquer. Ce but, il faut que quelqu'un sans cesse le propose aux efforts communs. En d'autres mots, une hiérarchie est nécessaire. Toujours, parmi les hommes et parmi les peuples, une hégémonie s'exerce, plus ou moins librement acceptée. En Europe, dit M. Du-mont-Wilden, cette hégémonie ne peut appartenir qu'à la Erance, parce qu'elle-seule est en possession d'une culture générale, assez largement humaine pour s'imposer à tous les peuples d'Europe sans opprimer les cultures locales : et les originalités particulières. La France est le seul pays qui apporte aux peuples la libération intellectuelle èt matérielle. Sa culture est purement désintéressée. Son règne est purement spirituel. Je sais bien ce qu'il est possible S'objecter à la thèse de M. Dumont-Wilden. Mais mon intention n'est pas de discuter ici son livre. Même quand on n'est pas de l'avis d'un auteur, il est extrêmement intéressant d'analyser ses idées. En Belgique, nous avons souvent le tort de ne vouloir lire que les écrivains qui reflètent exactement nos idées et nos opinions. C'est là une infirmité intellectuelle dont il importe que nous nous corrigions.- M. Dumont-Wilden continue son exposé en dessinant quelques figures d'écrivains chez qui il voit les meilleurs représentants de la culture française en ce qu'elle a d'européen. C'est tout d'abord le prince de Ligne, l'étranger qui, de l'aveu des meilleurs critiques, sut le mieux s'assimiler la culture française et, seul, en écrivant, fut non pas un disciple, un imitateur, mais un maître. M. Dumont-Wilden le représente comme l'incarnation la plus typique de l'esprit européen au XVIIIe siècle : le scepticisme philosophique le plus audacieux, mêlé à la grâce la plus fine, la plus délicate. Puis vient Talleyrand, le charmant et infâme Talleyrand, l'homme qui fut, malgré lui peut-être, l'auteur de notre indépendance, le traître à tous les régimes qui, en servant ses intérêts, servit aussi les intérêts de l'esprit européen, menacé cette fois par la France elle-même, une France de conquête et d'invasion. Ensuite, c'est Chateaubriand qui, au moment où la couronne intellectuelle de la France sombrait dans la boue médiocre de la Révolution, la ramassa et -la remit au front de son pays : grâce au succès de ses ouvrages, l'hégémonie française, un instant compromise, reprit son cours normal. Stendhal le suit, encore un Français européen, grand voyageur, curieux de toutes les' cultures et de toutes les originalités, rêvant une société qui réunirait les qualités de tous les grands pays d'Europe, mais, et c'est le point essentiel, qui s'exprimerait en français. Stendhal a prévu le cosmopolitisme contemporain des grands palaces et des paquebots, où se heurtent et se confondent toutes les nationalités, mais dont la langue commune, le glôssa koinê, est le français. Vient enfin un groupe de trois écrivains contemporains : Barrés, André Gide et Maurice Maeterlinck. En eux, M. Dumont-Wilden retrouve les trois ordres de préoccupations essentielles qui assiègent l'heure présente, dans l'Europe tout entière. Barrés, c'est le retour offensif du nationalisme. On pourrait croire que plus la France est nationaliste, moins elle est européenne. Mais c'est tout le contraire qui est vrai. Car, en s'ouvrant sans résistance à tous» les éléments cosmopolites1 qui veulent sans cesse l'envahir, elle compromet l'homogénéité de son caractère, elle cesse d'être semblable à elle-même et elle se rend moins ante à remplir son rôle européen. André Gide, écrivain moins connu, mais aui exerce sur l'élite européenne une influence très grande (je râtelle ici, une "fois de plus, que c'est M. Dumont-Wilden qui parle), André Gide représente le conflit entre la morale traditionnelle et l'instinct individualiste. L'homme se soumettra-t-il à toutes les obligations qu'enseignent les religions ou la philosophie? Ou bien, s'arrachant' à ce joug, ne connaîtra-t-il d'autre loi que sa propre loi? Question grave,d'une actualité troublante, qu'examine, sans la résoudre toutefois, le romancier le plus inquiet, le nlus douloureusement sincère qui soit. Quant a Maeterlinck, il est le représentant d'une certaine angoisse métaphysique qui a tourmenté la bourgeoisie contemporaine. Seulement, au lieu de pousser cette angoisse à l'extrême et de lui trouver une solution élevée, comme Pascal ou Nietzsche, Maeterlinck l'endort au murmure harmonieux de sa rhétorique et lui propose de se reposer dans la volonté d'être heureux. Le Bonheur, à l'en croire, tel est le but terrestre de l'humanité. Il fait descendre le Paradis sur la Terre. M. Dumont-Wilden ne cache pas le peu d'estime qu'il professe pour une philosophie aussi confortable. Tel est, résumé dans ses grandes lignes, le dernier ouvrage de notre subtil collaborateur qui excelle au jeu souple et délié des idées'. Il ne nous convainc pas toujours le bien fondé de ses conclusions, mais les sujets de méditation qu'il nous suggère sont toujours si noblement intéressants que l'on peut, sans hésitation, conseiller et recommander la lecture de son Esprit Européen.- Georges RENCY.

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Dit item is een uitgave in de reeks La Flandre libérale behorende tot de categorie Culturele bladen. Uitgegeven in Gand van 1874 tot 1974.

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