La Flandre libérale

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24 november 1918
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s.n. 1918, 24 November. La Flandre libérale. Geraadpleegd op 28 maart 2024, op https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/nl/pid/t727942m2x/
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44* Année. — Dimanche 24JWevembre 19!8. Admis par la censure. — PRIX ! I f? OËNTIM8E8 B° 13. — Dimanche 24 Novembre 1918, LA FLANDRE LIBÉRALE ABONNEMENTS Pour la Belgique et l'Union postale, les tarifs seront publiés ultérieurement RÉDACTION, ADMINISTRATION ET IMPRIMERIE ; GAND, i, RUE DU NOUVEAU BOIS ANNONCES Pour le prix des annonces, s,adresser au bureau du journal Ou traite à forfait Une journée historique X.E3 XbOX A BRUXELLES La réouverture des Chambres UN DISCOURS DU TRONE Une voiture de la Croix-Rouge, aimablement mise à la disposition de la presse, nous a transportés à Bruxelles jeudi après-midi. Partout, le long, de la routa, des drapeaux et cies fleurs, sur toutes les maisons, les fermes, les moindres bicoques. Alost est entièrement pavoisé. — L'encombrement est considérable ; un charroi immense se dirige vers la capitale, dans la fièvre du grand jour qui se prépare. — A Berchem commencent à so montrer les mâts, • les guirlandes, les arcs de triomphe... Quand nous entrons dans Bruxelles l'obscurité est venue, mais nous trouvons la ville brillamment illuminée, vraiment éblouissante de lumière, et une animation folîe. La grande* ville est redevenue elle-même ; bien plus, la fièvre joyeuse qui l'anime lui communique une intensité de vie ardente que nous no lui avons jamais connue. — Tel est du moins le cas pour le bas de la ville : dans le haut c'est encore le silence et l'obscurité. Quand Bruxelles se réveille vendredi matin le temps est merveilleusement beau. Les derniers lambeaux du brouillard de la veille se sont dissipés. C'est le même soleil radieux, le même ciel d'azur que le jour de l'entrée à Gand... Décidément c'est bien de notre côté que s'est mis le bon Dieu que les Allemands prétendaient réquisitionner! La décoration de la ville Bruxelles a grandement l'ait les choses. Le 13 novembre Gand présentait un aspect inoubliable : le coup d'œil à Bruxelles, où la, toilette de fête de la ville a pu être fait après un travail plus longuement concerté et à plus do frais, est plus riche par certains détails. La Grand place, avec ses guirlandes de verdure, ses belles draperies brodées rouges et vertes, ses merveilleux drapeaux de corporations fe'nêtres est de toute Lfëautë ;~nous y voyons une belle statue de femme agitant le drapeau national, œuvre fortement remarquée du sculpteur Samuel ; c'est une allégorie de la Belgique. — Ailleurs, des monuments en staf, avec des groupes et des bas-roliefs. Porte de Louvain, une grande composition représente la Belgique repoussant le flot <1© l'invasion tu-desqué.--La feuie Dès les premières heures du jour, une foule extraordinairement dense s'est portée vers tous les points du parcours que devait suivre le cortège royal. A certains moments l'encombrement dépa-ssait bientôt tout ce que l'on peut imaginer ; quelques rues aboutissant au parcours étaient noires d'une foule, entassée jusqu'à cent mètres de profondeur. Détail charmant, on avait rangé en première ligne des milliers et des milliers d'enfants des écoles, coiffés pour la plupart de jolis bonnets aux couleurs nationales et agitant des drapelets. Leurs' fraîches voix qui ne cessaient d'acclamer que pour chanter dos hymnes patriotiques jetaient dans le bruit général une note particulièrement émouvante.Aux fenêtres, sur tous les murs, sur les corniches de tous les toits, de véritables festons do têtes et de bras agitant des mouchoirs, des fleurs, des bannières. Les arbres du boulevard Botanique paraissaient de loin chargés de fruits bizarres et gigantesques ; tous étaient couverts de véritables grappes de curieux. Cette foule était d'une joie enthousiaste dont rien ne peut donner une idée. Quatre années d'anxiété et de souffrance pour aboutir enfin à de tels réveils I Combien nous sentons aujourd'hui le prix de tant de belles et bonnes choses, comme la liberté, l'amour du sol natal, dont nous ne comprenions pas je dis toute la valeur. ...Et _ dire qu'il est des hommes qui par esprit de lucre ou par perversité se sont privés de cette joie. Ils sont en fuite à présent, une fuite honteuse et pleino d'angoisse. Ceux à qui ils se sont vendus, les Allemands, trafiquaient, il y a quelques jours à poine, sur ces mémos boulevards du produit do leur vol avant de so sauver eux aussi. Les avions Le cortège tardant à se mettre en marche, un spectacle admirable a été donné à la foule en attendant. Toute une escadrille d'avions a fait son apparition au-dessus de la ville où elle s'est livrée à une série de manœuvres merveilleuses. Plusieurs des machines étaient pavoisées. L'audace et l'habileté des aviateurs, — nous regrettons de ne pas connaître leurs noms, — dépassaient tout ce qu'on peut imaginer. Tantôt ils suivaient les grandes artères, semblant dépasser à peine le faîte des cheminées. Tantôt s'élevant d'un essor soudain, ils se livraient en plein ciel à des sériés de cabrioles et de culbutes. Acclamés, par la foule ils ont continué ce- jeu pendant toute la matinée. L'entrée du Roi et des troùpës. Le défilé A 11 heures, l«s cortège s'est mit* en .Ep fil"-*» 1a vsitUT* du bourg mestre de Bruxelles, M. Max. La popularité du noble maïeur, — dont toutes les persécutions des Boches n'ont pas entamé un seul instant la fière indépendance, — se traduit par do formidables ovations. Le3 voitures de la presse, très sympathiquement saluée. Puis des gendarmes à cheval; tout de suite après le Roi. Il est accompagné de la Reine, des deux princes, (le plus jeune en marin), de la princesse Marie-José, du jeune prince Albert d'Angleterre, tous à cheval. Cris assourdissants de Vive le Roi! Vive la Reine! Vive la famille royale! On jette des fleurs, on agite des milliers de mouchoirs, que souvent aussi on reporte aux yeux. Partout des gens qui ipîeurent d'attendrissement ou de joie... Voici les troupes à présent. D'abord los Américains. Ils défilent au 6on de la marche de Souza, jouée par de robustes gaillards sur d'énormes instruments argentés. Des cavaliers, d-es fantassins, des artilleurs avec leurs pièces. Tous très sympathiques, très acclamés. Après eux, les Français. 'Les cris de la fouîe signalent de loin leur approche. Eux aussi sont précédés de leur musique qui joue la * 'Marche de Sambre et Meuse Quels beaux et bons soldats, et quels merveilleux officiers, et que de reconnaissance nous leur devons! Ils sont également .représentés par les trois armes de l'infanterie, de l'artillerie et de la cavalerie. Les troupes de la Grande-Bretagne s annoncent par l'approche de la musique des Highlanders, avec leurs bag-pi-pes. Ces troupes défilent dans un ordr.e admirable et avec une tenue parfaite; d abord de l'infanterie écossaise, puis de l'infanterie anglaise, enfin de l'artillerie conduisant des pièces superbes et d un type très spécial. Très remarquée la belle attitude d'ordonnance des ca-nonniers. Tous recueillent leur large part des ovations. Au tour des Belges maintenant. Les acclamations redoublent; les mouchoirs reprennent ^do plus belle leur double office. Quo dire de nos hommes pour leur rendre la justice qui leur est duel... Nous avons assisté au début de la guerre à la première retraite. Pressées par un ennemi dix fois supérieur en nombre et qui préparait son attentat depuis plu's de quarante ans, nos troupes étaient obligés de céder au premier choc, souillées de poussière et de boue, ét les vêtements en lambeaux. Ce n'est pas pendant la paix, / niai s pendant la guerre qu'elles so sont réorganisées ot qu'elles sont devenues ce que nous voyons aujourd'hui ! Et ce n'est pas quarante années qu'il leur a fallu, mais quatre à peine! Il est vrai qu'elles avaient pour elles la foi en leur cause et le sentiment de la justice et de l'honneur. Et voyez le revirement; aujourd'hui les belles troupes allemandes s'égaillent le long des routes, dans des tenues- de bandits dépenaillés, tandis que nos troupes, à nous, admirables de fraîcheur et de santé, défilent triomphantes ! Deux régiments de carabiniers, le génie, ^'artillerie légère de campagne, l'artillerie lourde avec des pièces imposantes qui s'appellent "Louise", "Jenny", "La Foudre", "La Terrible"! Enfin les lanciers et les cyclistes. Jusqu'au passage du dernier soldat l'enthousiasme ne s'est pas ralenti un moment et il n'en est pas un seul qui n'ait eu sa part légitime des ovations et des fleurs. Après avoir traversé la ville, toutes ces troupes ont défilé devant le Roi, plus fêté que jamais. Après cette fête inoubliable commençait, la séance au Parlement; la vie politique reprenait, après les manifestations patriotiques et les triomphes militaires. Espérons que ceux-ci ne seront pas gâtés par celle-là! J. Au Parlement La Chambre et le Sénat ont tenu hier une séance plénière, qui s'est ouverte à midi, sous la présidence de M. Visart de Booarmé, doyen d'âge, pendant que 'S. M. passait la revue de nos braves sol-, dats devant le Palais de la Nation. Le bruit des acclamations de la foule se faisait'entendre jusque dans l'hémicycle. M. COOREMAN rappelle les fières paroles prononcées par le Roi en 1914 ot constate aux applaudissements unanimes de la Chambre, que nous sommes sortis vainqueurs du défi. Il montre combien fut délicate la tâche du gouvernement obligé de gouverner, sans pouvoir consulter la Nation. Il annonce que le , gouvernement a donné sa démission sans conflit avec la Cour orme, ni avec le Parlement, pour permettre de constituer un nouveau ministère 'et. d'y appeler des . mandataires de la Nation restés en Belgique pendant la guerre. ; Il » termine en rendant hommage au Roi, à la Reine prodigue d* cdiarjté, à l'armé» b'elgft,, à no» aU liés, à ceux qui sont morts et ont «ouf-fert pour la Patrie. Ce discours fut fréquemment interrompu par des applaudissements. Lorsque M. Cooreman a rendu hommage à l'armée, une ovation indescriptible de toute l'assemblée, debou-t» a accueilli ses paroles. La séance a été ensuite suspendue et reprise à midi 45, pour recevoir le Roi et la Pieine, qui ont été accueillis par les acclamations interminables de l'assistance. L'accueil chaleureux fait à nos' souverains par le groupe socialiste a été particulièrement remarqué. Au milieu d'un silence impressionnant, le Roi -prend la parole pour prononcer le discours du Trône : Le discours du Trôr.e Messieurs, Je vous apporte le salut de l'armée 1 Nous arrivons de l'Yser, mes soldats et moi, à travers nos villes et nos campagnes libérées. lit me voici devant les représentants du pays. Vous m'avez confié, il y a quatre ans, 1"armée de la Nation pour defendre la Patrie en danger; je viens vous rendre compte de mes actes. Je viens vous dire ce qu'ont été les soldats de la Belgique, l'endurance dont ils ont fait preuve, le courage- et la bravoure qu'iis ont déployés, les grands résultats acquis par leurs efforts. Quelles sont ies régies qui ont dirigé ma conduite au cours de cette longue guerre 1 D'une part., remplir, en restant toujours dans le domaine du possible, la plénitude de aies obligations internationales et sauvegarder le prestige de la Nation, devoirs auxquels tout peuple qui veut être considéré doit rester fidèle ; d'autre part, ménagea.' lo sang do nos soldats, assurer leur bien-être matériel et moral, alléger leurs souffrances.Dans la campagne de 1014, les opérations de l'armée belge furent décisives pour permettre aux grandes armées alliées d'arrêter la puissante offensive allemande sur la ligne où, pendant près de quatre ans, elle s'est stabilisée. C'est pendant cette campagne que se joue véritablement la liberté du monde; la lutte gigantesque qui se livre en Belgique et en France, doit décider si, vraiment-, c'est désormais l'hégémonie allemande qui régira l'humanité. Les nations de l'Entente n'étaient pas également prêtes pour soutenir, de toutes leurs force.'?, le formidable choc qui allait se produire. Deux d'entre elles seulement, la France et la Russie, étaient en mesure de s'opposer sur terre, sans grand délai, à l'entreprise des Empires centraux qu'une longue et minutieuse préparation avait portés à l'apogée de leur force.A l'armée belge échut le magnifique, mais périlleux destin d'être placée au point où l'état-major allemand, sûr de la décision, allait lancer le plus gros et\j le meilleur de ses forces. Luttant seule pendant deux mois et i demi sur l'entière profondeur de son territoire, de Liège à Anvers, »puis d'Anvers à l'Yser, l'armée belge d'abord bi\-sa les premières et audacieuses tentatives '-de l'envahisseur, puis, ralentit et modéra les mouvements du puissant assaillant ; elle contribua enfinr par la longue et héroïque'bataille qu'elle livra sur' les bords de l'Yser, à l'arrêt définitif des troupes allemandes. I^a campagne de 1915- s'ouvrit sous de meilleurs auspices; la Grande-Bretagne créait de puissantes armées et l'Italie apportait son important concours à l'Entente. Quatre grands peuples militaires allaient maintenant lutter contre les Etate centraux. Bientôt réorganisée, grâce surtout au patriotisme de cette jeunesse ardente qui, bravant 'tous les .dangers, franchit les frontières pour se mettre aux ordres de la Patrie, l'armée commença, dans les tranchées boueuses _ de l'Yser, dernier rempart où elle avait planté le drapeau national,la garde vigilante qu'elle devait monter, sans trêve, inlassablement, pendant près de quatre années. Elle y soutint de nombreux et durs combats pour en maintenir intacte la possession, attendant patiemment le jour où il serait enfin possible de sortir de.-ces positions, de battre l'adversaire et de le enasser. L'année 1918 amena ce jour tant dé-siré. . L'Amérique, nouvel et puissant allie, ayant ajouté le poids de son effort grandiose et enthousiaste à celui des autres nations, lo formidable adversaire chancela.C'est ce moment que l'année belge choisit. Le 28 septembre, à l'aube, tendant toute son énergie, elle bondit à l'assaut des lignes ennemies et, d'un" seul mais irrésistible et -sublime él'&n, conquiert cette crête des Flandres qui avait jusqu'alors défié les attaques des troupes les plus valeureuses. Après ces journées mémorables, elle continua d'attaquer et de poursuivre l'ennemi à côté des armées alliées, jusqu'au jour où celui-ci fut forcé de se déclarer vaincu. En terminant ce court récit de no3 opérations mi lit-aires, je vous dis h tous : la Belgique peut regarder avec fierté la tâche accomplie par son armée ; au cours de. cette lutte sans précédent, l'armée a fait .pleinement son devoir,-elle a porté à un haut/ degré le prestige national et la réputation de nos armes ; elle;. a# rendu au monde entier un service inestimable. JÏai un autre devoir à remplir, celui de témoigner des' belles1 vertus militaires i de* troupes alliées qui ont combattu aur le sol de la patrie, fraternellement confondues avec les nôtres, toutes animées d'un même idéal et d'un même esprit do sacrifice. Honneur aux soldats de la France, de l'Angleterre et des Etats-Unis qui se £ont portés à notre secours ! Je m'incline respectueusement devant ceux, qui reposent dans notre terre à jamais sacrée : la Belgique reconnaissante entretiendra pieusement leur glorieux souvenir.Honneur aussi à nos morts, à nos glorieux morts : à ceux qui sont tombés face à l'ennemi sur les champs de bataille et devant le peloton d'exécution ; à ceux qui ont succombé dans les fils de fer le long de la frontière hollandaise ; à ceux qui ont été lâchement assassinés ; à ceux qui ont été martyrisés dans les prisons et les camps de concentration atroces ; à ceux qui sont morts de douleur et de misère. Tous ont bien mérité de la patrie. Qu$ leurs noms soient ajoutés à oeux des combattants de 1830, à notre Panthéon, là-bas, à la place des Martyrs ! Messieurs, II me tient à cœur de féliciter le pays occupé de la noble attitude qu'il a gardée sous le joug allemand. Une première pensée va d'abord aux parents des soldats qui sont demeurés presque sans nouvelles pendant quatre ans et demi. Tandis que les combattants dés autres armées restaient en contact avec les leurs et qu'ils puisaient les uns et les autres" dans l'entretien d'une correspondance affectueuse et, au cours des congés périodiques, un réconfort nécessaire, les Belges du dehors et ceux de l'intérieur se sont trouvés séparés par un mur de plus en plus infranchissable. En dépit des efforts ingénieux et admirables de ceux qui, au péril de leur liberté, se sont appliqués à maintenir de fréquentes relations, la guerre a infligé à nos enfants au front et à leurs parents demeurés au foyer le supplice prolongé de vivre et de souffrir sans savoir ce que la destinée leur réservait. Avec quelle vaillance tout le peuple belge n'ar-t-il pas supporté cette épreuve si longue, et si cruelle! Elle devait ajouter chaque jour quelque chose d'aigu aux privations matérielles, aux soucis du lendemain, aux atteintes de la misère. La multiplicité des œuvres d'assistance, si magnifiquement écloses au fur et à mesure des nécessités, a atténué la rigueur d'un pareil régime. On a vu toutes les classes de la société, animées d'un même souffle d'entente et d'affection, se rapprocher intimement pour apaiser les souffrances et les infortunes. ; les femmes ont montré une fois de plus ce qu'il fânt_ attendre de .eur bonté et de cette intuition qui leur fait découvrir la plaie à panser et la peine à soulager. Les nobles sentiments de solidarité maintinrent dans tout le pays les liens les plus_ solides et constituent le témoignage vivant d'une union que l'on ne saurait briser dans l'avenir. La souffrance noblement partagée et subie d'un cœur ferme est devenue un patrimoine commun ; elle a maintenu, à travers le temps, dans toute la population, cette confiance sereine que les événements ont pleinement justifiée. Messieurs, On ne comprendrait pas que l'union féconde dont ies .beiges ont donné un si admirable exemple pendant la guerre fit place, dès le lendemain de 'la libération du territoire, à la reprise de querelles stériles. Cette union doit rester une réalité dans. les circonstances présentes. ' Telle est la raison d'être de la composition du nouveau ministère qui a accepté de reprendre, à son point d'arrêt, la tâche , ardue accomplie par les deux cabinets précédents dans des circonstances angoissantes et avec un patriotisme qui n'a jamais faibli. " Le pays sera heureux de voir la représentation nationale reprendre contact avec le gouvernement en attendant la date prochaine à laquelle il pourra être consulté par la voie électorale après le retour de ceux qui ont été éloignes du pays par la guerre et après l'accomplissement des préliminaires nécessaires. L'égalité dans la souffrance et dans l'endurance a créé des droits égaux à l'expression des aspirations publiques. Le gouvernement proposera aux Chambres d'abaisser, dans un accord patriotique, les anciennes barrières et de réaliser la consultation nationale sur la base du suffrage égal pour tous les hommes dès l'âge do la maturité requise pour l'exercice des droits civils. En attendant cette consultation, le Parlement sera appelé à voter une série de lois urgentes qui auront pour but de conjurer les effets immédiats de la guerre, spécialement pour assurer le rapatriement rapide de tous ceux que des causes diverses tiennent éloignés du sol patrial. L'administration du pays, bouleversée pendant la longue occupation, doit être, reconstituée avec un élan digne de celui dont nos soldats - faisaient preuve dans les heures critiquâtes. Cette grande œuvre nécessitera la collaboration — à côté des ministres et de leur départe, ment — de commissions gouvernementales de techniciens ou de spécialistes recrutés notamment parmi ' les chefs de notre industrie et de la finance et au sein de la classe ouvrière. De cette coopération étroite des forcés vives de la nation, le pays peut attendre le plein essor de sa vitalité et de son expansion économique extérieure. Avec le concours de ces conseillers d'Etat,' les ministères compétents assureront, à la classe ouvrière si éprouvée, les-conditions-' nécessaires à son développement physique, moral et intellectuel, Fobsèirvation des 'principes d'une hygiène sociale bien oomgriôe et do* mesure» efficaces pour la mettre à l'abri du fléau de 1 alcoolisme. La pratique de la religion, qui a été pour les croyants un grand réconfort aux jours des épreuves douloureuses, n'a jamais été dans l'armée un obstacle à la camaraderie ; comment dès lors des divergences dans ce domaine pourraient-elles être une source de divisions dans la vie civile et politique? Les lois et leur exécution, doivent concourir à faire de ces principes une réalité. La tâche si complexe du ravitaillement du pays pendant la guerre qui, au milieu des difficultés de l'heure, a pu être réalisée grâce au précieux appui des Etats-.Unis, de l'Espagne et des Pays-Bas, devra être poursuivie avec le concours des organismes qui en ont assumé la charge et qui voudront bien continuer au gouvernement leurs services ai dévoués et si éclairés en se rattachant au ministère de l'industrie et du travail. De même le comptoir national d'achat, qui fonctionne sous le contrôle de l'Etat et qui est rattaché au ministère des affaires écono miques, devra poursuivre son activité, en vue du réoutillage de l'industrie et du réapprovisionnement en matières premières.. Dans un intérêt collectif, les dommages et les destructions sans précédent causés par la guerre aux particuliers appelleront une réparation intégrale et rapide. Les effets de ces ravages ont démontré combien tout se tient dans la vie économique; l'usine est aux ouvriers ce que les ouvriers sont aux commerçants et ce que ceux-ci sont aux professions libérales. La ruine d'un rouage suffit à atrophier tous les autres. Cette solidarité impose une alliance loyale du capital et du travail, alliance de concours et d'efforts avec répartition équitable et méthodique du fruit de ces efforts communs pour mettre un frein à des luttes qui, par leur âpreté même, desservent les intérêts des deux parties. Lorsque le législateur sera sollicité de sanctionner ces coalitions d'intérêts, notamment en vue de faciliter la concurrence sur les marchés étrangers, le gouvernement veillera à assurer en même temps et par les mêmes sanctions, notamment par la liberté syndicale, l'équilibre des intérêts patronaux et ouvriers qui pourraient être en dissidence.La nécessité d'une union féconde exige la collaboration sincère de tous les enfants d'une même patrie sans distinction d'origine et de langue ; dans ce domaine des langues, l'égalité la plus stricte et la justice la p*us absolue présideront à l'élaboration des projets que le gouvernemnt soumettra à la représentation nationale. Ainsi se realisera un accord destiné à perpétuer l'unité et _ l'indivisibilité de ia Patrie . telle qu'elle s'est afîirmée pendant la guerre par ' le sacrifice de tant de sang. Un respect réciproque des intérêts aes Flamands et des Wallons doit imprégner l'administration, donner à chacun la certitude d être compris en sa iangue et lui assurer son plein ^développement intellectuel, notamment ~ dans renseignement supérieur. Que le fonctionnaire, le magistrat, l'otncier doivent connaître la iangue i de leurs administres est une règle d'équité é émentaire. L'intérêt meme du pays comporte que chacune de nos deux populations puisse,. dans sa langue, deveiopper pleinement sa personnalité, son originalité, ses dons întëïLec-tuels et ses facultés d'art. Le gouvernement proposera au Parlement de créer dès à présent les assises d'une Université flamande à Gand, sauf à réserver aux Chambres qui suivront la consultation électorale le soin d'en regler les modalités définitives. Les menées de ceux qui, à l'heure poignante où l'existence et l'avenir du pays étaient en question, avaient pour but de consommer sa ruine ne peuvent faire l'objet d'une amnistie; ies populations flamandes ont déjà elles-mêmes flétri ces menées, mais les coupables devront subir les rigueurs d'une juste répression. La suspension du fonctionnement de la justice imposée au pouvoir judiciaire pendant la dure période d'occupation a dû provoquer un arriéré considérable que le bouleversement des affaires semble devoir accentuer. Ces événements font sonner l'heure de réformes profondes dans l'organisation judiciaire, réformes qui, depuis longtemps, étaient dans le vœu des juristes et des justiciables. Messieurs, Par &), constance, son stoïcisme, l'héroïsme de son armée et de son peuple;, la Belgique a conquis les sympathies et l'admiration du monde. EPe est devenue à ses yeux, dès les premiers jours de la crise tragique où elle a été jetée, l'expression sacrée de la cause du Droit. Invariablement fidèle à ses devoirs et injustement attaquée, elle a pris les armes pour défendre son honneur et son indépendance. EPe sort de la lutte meurtrie, mais fière et couronnée de gloire. La Belgique victorieuse et affranchie de la neutralité que lui imposaient des traités dont la guerre a ébranlé les fondements, jouira d'une complète indépendance. , , Ces traités, qui déterminaient sa position en Europe, ne l'ont pas protégée contre le plus criminel attentat. Ils ne peuvent survivre. à la crise dont le pays a été la ^victime. La Belgique, rétablie dans tous Ses droits, réglera ses destinées 'suivant scis besoins et .ses aspirations ' en'pleine souveraineté. Elle devra trouver, dans son nouveau statut, 'des garanties qui la mettront à l'abri I du péril de futures agressions. Elle pren dra la place qui convient à sa dignité et à son rang dans l'ordre international qui s'annonce, fondé sur la justice. ' L'invasion et l'occupation étrangère? ont infligé au pays, à ses populations, et à leurs biens, à son^ industrie, à son commerce et à son agriculture d'immenses dommages dont la réparation corn plète lui est due par l'ennemi. Dès le début des hostilités, la Belgique, en exécution de son devoir inter national, tenta d'éviter que la guerre s'étendît au territoire du bassin conventionnel du Congo. Ce fut en vain. Ici encore l'agresssion de l'Allemagne nous imposa l'obligation de combattre. Notre armée coloniale fit tout son devoir dans des circonstances souvent très difficiles. Les événements de la guerre d'Afrique, le loyalisme des populations indigènes, les progrès accomplis ont créé entre la Belgique et le Congo d'indestructibles liens. Ainsi que la Belgique l'a solennellement et spontanément proclamé lors de la reprise, du Congo, la protection et le bien-être des indigènes demeureront le premier de nos soucis, comme ils sont du reste la condition nécessaire du développement de la colonie ; et nous sommes résolus à nous imposer tous _ les sacrifices nécessaires pour poursuivre et remplir notre mission civilisatrice en Afrique. La nation s'attachera à multiplier dans la colonie les moyens de transport, condition essentielle de la mise en valeur de ses immenses richesses naturelles. Elle considère son domaine colonial comme partie intégrante du pays' et comme un élément essentiel de son relèvement et de sa grandeur future L'opinion publique, trop indifférente autrefois à la vie du dehors, s'absorbait dans la discussion des problèmes internes. Instruite par l'expérience et consciente de la position acquise par la Belgique dans le monde, elle s'intéressera désormais, avec une vigilance patriotique, aux questions extérieures et donnera ainsi un appui solide à l'action gouvernementale.Les puissantes amitiés qui ont entouré la Belgique, lui resteront fidèles, j'en ai l'assurance, dans la paix comme elles l'ont été dans les épreuves de la guerre. Elles aideront le pays à reconstituer son outillage et ses approvisionnements et à restaurer sa vie économique. La Belgique devra, par des conventions commerciales avec les grands pays alliés, obtenir d'eux l'accès large et facile de dé bouchés nouveaux et assurer l'avenir du port d'Anvers. ! La nation rend un hommage éclatant . et unanime à tous les pays'alliés et asso-; cies qui, avec elle, ont mène jusqu'à la victoire cette guerre héroïque pour la de fense du droit et de la liberté: à la Fran ce et l'Empire britannique, à leurs sol dats et leurs marins dont les exploits ont fait passer dans le monde de.- frisions d'admiration ; à la nation américaine, ; qui a sauvé la Belgique d«. la famine et } dont les fils ont ^traversé l'océan pour | mettre la force au*Sfervice de. la justice; ! à l'Italie, où notre cause a suscité de si ardentes sympathies; au Japon, à la Serbie qui a tant souffert, et luUé. La communauté "des sacrifices,, des souffrances et des espérances a cimenté entre eux et nous une amitié et une solidarité morale que le temps n'affaiblira pas. Messieurs, Parmi les grandes leçons de cette guei re, il n'en est pas de plus saisissante qu. le désordre politique et social de nation autrefois prospères. L'ordre est à la base de la vie sociale ; sans lui, celle-ci ne peut se développer. Mais l'ordre fécond ne consiste pas dans une soumission forcée ni dans les effets d'une contrainte ex térieure ; il doit être dans l'accord com mun des cœurs et des volontés. C'est ain-' si-que l'esprit de fraternité et d'entente apparaît comme un devoir civique au même titre que le souci du maintien de l'ordre. A l'œuvre donc, Messieurs! Que Dieu vous soit en aide pour faire de la Belgique une patrie de plus en plus unie, de plus en plus digne d'être chérie par ses enfants. —o— Le Roi, en tenue de campagne, a prononcé son discours d'une voix ferme, en soulignant les passages importants. Il a été particulièrement ovationné quand il a affirmé que notre armée a rendu au monde entier un service inestimable. L'ovation a été délirante quand il, a rendu honneur aux soldats de la France, de l'Angleterre et des Etats-Unis. Lie Roi a été interrompu par les acclamations fré; nétiques de toute l'assemblée, émue, qui s'était levée par respect. Cette scène laissera aux spectateurs une impression inoubliable.La Chambre et le Sénat ont souligné d'applaudissements nourris, venant plus particulièrement du groupe socialiste, la déclaration relative au suffrage universel.Par contre, la déclaration relative aux "assises d'une Université flamande à Gand", a été accueillie avec une fioi-deur très remarquée. La séance a été levée après que M. Delacroix eut fait connaître que la Chambre reprendrait ses travaux, jeudi prochain.—o— M. Masson n'a pas encore pu prêter serment comme ministre de la guerre. Il n'est pas encore rentré d'Allemagne et doit être en route pour le retour. On est pour le moment sans nouvelles de lui. Quelques membres de la Chambre et du Sénat n'ont pu assister à la. réunion plénière probablement faute de. communications.C'est pour ce motif que la séance de la Chambre, qui devait avoir lieu, mardi, ' a été remise au jeudi, 29 novembre.

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Dit item is een uitgave in de reeks La Flandre libérale behorende tot de categorie Culturele bladen. Uitgegeven in Gand van 1874 tot 1974.

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