La Flandre libérale

1551 0
close

Waarom wilt u dit item rapporteren?

Opmerkingen

Verzenden
s.n. 1914, 23 Juni. La Flandre libérale. Geraadpleegd op 29 maart 2024, op https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/nl/pid/wp9t14vj74/
Toon tekst

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software.

LA FLANDRE LIBÉRALE ABONNEMENT^ 1 mois. I mois. I aïoli. I as. BELGIQUE s Ff. 2.00 4.00 8.00 16.00 UNION POSTALE t Fr„ 3.75 9.00 18.00 36.00 On s'ihonna an bureau du journal al dans fous les bureaux de posta RÉDACTION, ADMINISTRATION ET IMPRIMERIE 6AND, I, RUE DU NOUVEAU BOIS, l, GAND ABONNEMENTS ET ANNONCES ; — RÉDACTION --Téléphone 32 Téléphom 13 ANNONOES Pour la ville et les Flandres, s'adresser an bnrcaa journal. _ Pour le reste du pays et l'étranger, s'adresser à l'Office de Publicité, rue Neuve, 36, à Bruxelles» TOUT LE PROBLÈME ■ " L'Etoile belge " houspille fort agréa' blement, ce matin, M. Verhaegen, qui vient, après un mois de pénibles cogitations, de nous dire son sentiment — combien alambiqué ' — sur les élections du 24 mai. Notre confrère choisit un passage de cette élucubration : " Ces bons calculateurs rouges et bleu1, oublient une chose essentielle. On n'additionne pas_ des chiffres dissemblables On n'improvise pas le cartel des chiffres, quand les électeurs n'ont pas voulu du cartel des partis d'opposition. Faute de lespecter cette règle de bon sens élémentaire, on tombe dans des erreurs grossières et l'on en arrive à découvrir qu'un parti qui dispose de 99 sièges à la Chambre devrait rendre les armes à un parti qui ne dispose que de 45 sièges. " C'est l'éternelle confusion grâce à la quelle on espere leurrer encore les esprits obtus. L " Etoile ", après s'être moquée de cette "salade romaine" — notre confrère bruxellois, par exception, n'a pas employé le mot précis, car " tomate " s'applique plus exactement à M. Verhaegen — bouscule cette logomachie " hirsute et poméranienne en trente l'gnes d'une clarté et d'une logique impitoyables:Le député démocrate est ennuyé parce que les suffrages recueillis par le parti socialiste et par le parti libéral sont pluis nombreux que les suffrages recueillis par te parti clérical. Et il nous crie : " Défense d'additionner ces chiffres-là!" Nous comprenons son ennui ; mais il ïious semble qu'il sei donne une peine inutile. Pour démontrer que le gouvernement n'a pas obtenu la majorité des suffrages, il n'est pas nécessaire d'additionner ce que M. Verhaegen appelle dles_ chiffres dissemblables. Il suffît de faire le ^oimptte dles suffrages recueillis par les listes cléricale:. C'est ce que nous avons fait, et cette addition de chiffres' que M. Verhaegen ne traitera point de dissemblables prouve que 3e gouvernement n'a pas obtenu la moitié des -suffrages. Il n'a pas la moitié des suffrages, — et il a la moitié des sièges, plus six. Tel est le fait brutal. Nous n'en avons pas conclu que le eouvernemenlt doive céder le pouvoir à l'un ou à l'autre des partis d'opposition, mais qu'il est urgent de rentrer, par une prompte revision de notre législation électorale, dans la vérité du régime représentatif. Après, on verra s'il v a une majorité, et de quel côté elle se trouve, ou bien, s'il n'y en a pas, comment on ■pourrait s'y prendre pour en former une fou sein dles Chambres. Voilà toute la question, que nous avons posée également, il y a quelques jours. Quant à la solution éventuelle, 1' "Etoile belge " encore rappelait dimanche matin l'opinion d'un ancien député catholique de Bruxelles, M. de Jaer, rapporteur, en 1899, du projet de loi établissant la représentation proportionnelle. L' "Etoile" signalait d'abord l'étrange conception du régime représentatif par les feuilles ministérielles. Pour la première fois, faisait-elle observer très justement, nous entendons des politiciens revendiquer le droit le gouverner pour la minorité la plu3 nombreuse. " Cette revendication, ajoute-t-elle, qui eût déjà semblé excessive sous le régime majoritaire, est encore beaucoup plus inadmissible sous le régime de la représentation proportionnelle, dont la vertu est précisément de donner la majorité parlementaire à la majorité du corps électoral, s'il en existe une, et sinon à obliger les partis à foi-mer dans les Chambres une majorité parlementaire. " Et elle citait le texte du discours de M. de Jaer: " Sans doute, il ge peut qu'il n'y ait pae de majorité dans 1 e paya lui-mè-m e ; que trois partis, par exemple, s'y partagent le corps électoral, sans qu'aucun d'eux y ait, à lui seul, la majorité. Dans cette hypothèse, il est n ormal qu'il n'y ait pas davantage de majorité à la Chambre. Elle reflétera la situation même du paye. Ce sera peut-être le cas de former un cabinet d'affaires. " Que s'il n'y a pas de majorité dans le pays, il ne pourrait y en, avoir une au Parlement que si celui-ci ne reflétait pas la situation réelle de la nation. Est-ce désirable 1 " Situation anormale! C'est toute l'affaire. Mais les journaux cléricaux s'abstiennent soigneusement de répondre. Et comment prétendez-vous gouverner si les prochaines élections aggravent encore l'é cart qui vous sépare de la moitié des suffrages exprimés? Allez-y... *** Les cléricaux sont en minorité, c'est en effet indiscutable après le travail très consciencieux auquel vient de se livrer le secrétariat du Conseil national. En négligeant les listeisi fantaisistes ou qui ont uni caractère exceptionnel — comme celle de® daensistes-flamingants gantois —, en ajoutant aux votes gouver-nementaux les voix obtenues par M. Cou-eot à Dinant en 1912, et en comptant parmi les partis antigouvernementaux le " Christene Volkspartij " qui a toujours affirmé «on hostilité au ministère, on arrive à ce résultat définitif que la minorité gouvernementale est de 5,609 voix. En réalité elle est beaucoup plus importante' encore, car les cléricaux ont reculé de 25,900 voix en 1914, tandis que ,les partis d'opposition gagnaient 61977 suffrages, de telle sorte que l'écart pour quatre provinces est de 87,877 voix. On peut affirme^, «ans cra!inte>, que l'écart eût été au moins aussi sensible dans les cinq autres provinces s'il y avait eu des élections générales et que la minorité virtuelle du gouvernement est donc d'une centaine de milliers de voix, dans le pays entier. C'est ce gouvernement qui va, notamment, appliquer la loi scolaire. Cette majorité d'opposition tout entière réclame la revision. Beaucoup de catholiques la réclament aussi. Comment, dans ces conditions, la refuserait-on? Comment, d'autre part, prétendrait-on gouverner ? On répond toujours à côté en affectant de railler la minorité libérale. Mais les partis anticléricaux n'ont la prétention de prendre la barre que s'ils disposent d'une majorité dans le pays et à la Chambre. S'ils n'ont pas ces deux majorités, ils laisseront place au cabinet d'affaires dont parle M. de Jaer, et qui serait constitué évidemment en dehors du personnel politique. Leur attitude modérée et constitutionnelle tranche avec les prétentions outrecuidantes de la minorité cléricale qui veut imposer sa loi, envers et malgré tout; prétentions réellement, comme on l'a dit, révolutionnaires: Le plus joli, c'est que ces révolutionnaires ne s'entendent même pas entre eux, que des majorités se constituent et s'évanouissent parmi eux; que des tendances absolument contradictoires se combattent dans leurs rangs. Et qu'ainsi c'est une majorité incertaine et instable de la "minorité la plus nombreuse" qui veut faire danser la majorité du pays comme elle siffle, hier sur un air "démocratie-sociale" et demain sur le mode conservateur. Quoique ce soient toujours des crosses qui bat-. tent la mesure, nous trouvons que cette "très moutarde" plaisanterie a suffisamment duré. Déclaration de revision et consultation générale. Après cela —■ comme disait M. Braun et comme le répète 1' " Etoile " fort à propos — on verra. ->-« o Echos & Nouvelles Le reeul clérical D'une intéressante étude que vient de consacrer le secrétariat général du conseil national du parti libéral aux dernières élections, il résulte que l'avance de l'opposition, dans les quatre provinces, où il y avait élections, est de 61,977 + 25,900 = 87,877 voix. Si l'on veut faire une comparaison entre les dernières élections et celles de 1900, la première année que fut appliquée la R. P. et où il n'y eut pae de cartel, on constate que le recul ou le progrès des forces respectives des partis peut être déterminé comme suit par 1,000 voix valables, dams les quatre provinces où des élections viennent d'avoir lieu : Les cléricaux ont, en ces quatorze ans, reculé de 19 %. Lee libéraux ont, en ces quatorze ans, progressé de 15 %. Les socialistes ont, en ce® quatorze ans, progressé de 4 %. Il s'en suit que l'opposition tout entière a progressé de 19 %, tandis que le parti clérical a reculé de 18 %. Il est à remarquer que le progrès du parti libéral est de 11 % plus considérable que celui du parti socialiste. L'augmentation du nombre de voix valables a été, pendant cette période de quatorze ans, de 29 1/2 %. Une élection provinciale Une élection provinciale a eu lieu dimanche à Teirmondè, à l'effet de pourvoir aiu remplacement de MM. Van Dam-me, bourgmestre de Termonde, décédé, et Vermersch, notaire, démissionnaire. Les libéraux, qui n'avaient obtenu que 4,250 voix aux élections du; 5 juin 1910, ont obtenu cette foas 4,820 voix, îes ca-1 tholiques 8,989 voix contre 9,310 en 1910 et les socialistes 537 voix. Ils ne luttaient pas en 1910. Le gain anticlérical, on le voit, est sensible. La. majorité absolue étant 7,165, les catholiques sont donc élus: ce sont MM. Dë Bruyne, avec 8,637 voix et M. Van Mossevelde avec 8,989 voix. *** La question flamande à Bruges Le conseil communal de Bruges, réuni samedi soir, s'est occupé de la question de savoir si les inscriptions des rues actuellement bilingues devaient être rédigées exclusivement en flamand. Cette séance a été particulièrement houleuse, toute la question flamande ayant été soulevée. Finalement, par 17 voix contre 9, le conseil a adopté l'ordre du jour du collège maintenant le " statu quo Coquille La typographie nous a fait parler hier, dans notre article sur le roman do M. Detillieux, de la " conversation " in extremis d'un libre penseur. Il fallait évidemment lire "conversion''. Nos lecteurs auront, d'ailleurs, fait d'eux-mêmes cette rectification. Une condition Les écoles de pupilles de l'armée sont ( uvertes aux fils de militaires, fonction naires ou agents de l'Etat et aux enfants mâles de familles comptant au moins six enfants. C'est fort bien. Mais certaines conditions d'admission à ces écoles sont quelque peu singulières et témoignent bien de la mentalité cléricale. Pour être accepté dans une école de pupilles, il faut être enfant légitime ou légitimé et il faut avoir fait sa première communion si l'on appartient à la religion catholique. Qu'est-ce que cela a de commun avec la préparation militaire et que signifie cette sotte exclusion des enfants naturels 1 Car il y a lieu de remarquer que l'on exige la légitimation ; la reconnaissance no suffit pas. C'est tout simplement indigne, et on î econnaît bien là des règlements faits par des sectaires. L'uniforme Ce n'est pas fini. L'uniforme était définitif, mais on n'en vient pas moins dé supprimer les pattes d'épaule des officiers. On s'est aperçu que les plaques en aluminium reoouvertes d'étoffe rendaient tout à fait impossible le port du havroaac en manœuvres ou en campagne. Dont coût 18 francs. Les tailleurs militaires eux-mêmes ne s'y reconnaissent pas. Nous avons sous les yeux, écrit le "Matin" d'Anvers, une carte postale amusante d'un des premiers dans la partie demandant à un officier de lui renvoyer sa tunique pour en modifier les boutons "pour la cinquième fois" : "Je mie suis trompé, dit-il, mais ça ne fait rien. Ce n'est que provisoire en attendant une nouvelle fantaisie de M. le ministre de la guerre". Ou allons-nous? Leg tailleurg eux-mêmes se fichent effrontément de M. de Broqueville. La flottille Ostende=Douvres Lo gouvernement a l'intention de faire construire à bref délai deux nouveaux paquebots à turbines, ce qui porterait à sept le nombre des navires de ce genre composant la flottille1 de la ligne Osten-de-Douvres.Les deux paquebots " Princesse-Joséphine " et " Princesse-Henriette " seront très probablement vendus, cette année. Le premier de ces paquebots est dès à présent désaffecté. Le baptême de Thanus "La Croix", de Paris, raconte l'édifiante histoire suivante : "Les dames de qualité s^ faisaient peindre autrefois avec leurs enfants. Cela >tevient _ maintenant un snobisme de se faire peindre avec ses chiens. Il en est de meme a la promenade, d'où l'enfant a disparu : il y donnait la main à sa maman, qui préfère s'embarrasser de la laisse de son griffon ou de son danois. Le croirait-on? L'imbécillité va jusqu'à parodier sur ces bêtes les cérémonies de la religion. .Ces jours derniers, à Versailles, était distribuée cette carte : " Madame et Monsieur... ont l'honneur de prier M... de bien vouloir assister à la soirée musicale et dansante qu'ils donneront le samedi 6 juin 1914, à partir de 5 heures, à l'occasion du baptême de leui colley écossais "Thanus". R. S. V. P. " Une cinquantaine de personnes étaient présentes. C'est un abominable sacrilège. Et vraiment, qui est le plus sot ici, de l'animal ou des maîtres?" L'indignation du journal orthodoxe est d'autant plus justifiée que les coupables sont sans aucun doute d'excellents catno-i liques. Dans le cas contraire, "La Croix" n'eût pas manqué, en effet, de rendre la franc-maçonnerie responsable de ce forfait. Typ Belge contemporain Un peintre : James Ensor On l'a dit maintes fois, la Belgique est 'le pays des contrastes : c'est la- terre classique du bon sens, d'un bon sens un peu épais, uni peu étroit. Mais c'elst aussi te pays des mystiques, des rêveurs les plus échevelés. En général, ses artistes sont sages, très sages, trop sages. Ils ont peur de quitter les sentiers battus et craignent un peu trop ces inquiétudes fécondes qui sont la vie de l'art français. Mais c'est aussi parmi les ar-. tistes belges qu'on trouve quelques-uns des novateurs les plus hardis de l'école' contemporaine. Parmi ceux-ci Ensor n'est pas le moins intéressant. Il n'y a pats de peintre plus original, et surtout /il n'en est pas de plus naturellement original, de plus instinctivement étrange. Tout en lui, peut-on dire, est exceptionnel, et l'homme n'est pas moins étonnant que l'œuvre. On l'appelle "Monsieur", Monsieur tout court parce que, même quand il cause avec sets amis les plus intimes, il a l'habitude de ponctuer ses phrases de ce vocable banal, mais dans lequel il met une nuance indéfinissable de respect, d'ironie et de méfiance. De méfiance surtout, car c'est un être lointain, mystérieux et craintif, qui n'aime point à faire pénétrer les, gens dans le dédale singulier de son âme insondable. Il est habituellement silencieux ; dans les par-lottes de café où se concentre la vie intellectuelle de la Belgique, il se tient naturellement à l'écart. Il écoute la conversation et ne s'y mêle que quand il ne peut pas faire autrement. De temps en temps, il rit silencieusement, et ce rire silencieux de "Monsieur" paraît «uussi énigmatique là ses camarades que le rire silencieux du trappeur aux lecteurs de Fenimore Cooper. Que pense au juste "Monsieur" de ses amis, de ses relations, de ses contemporains? Nul ne le sait, et peut-être ne le sait-il pas bien lui-même, mais il semble qu'il ne leur fasse pas grand crédit, et que le sentiment qui le domine à leur endroit soit l'ironie et la peur. Par instants, une force mystérieuse pousse "Monsieur" à exprimer ce qu'il sent et ce qu'il pense du monde et des choses, et alors il peint, il peint des vi-sionis étranges qui font penser tour à tour à Longhii et a Flaubert, à Edgar Poë et à Goya, à Polichinelle et au bourreau, aux funambules et à la mort; il se représente entouré de masques, aux visages immobiles et bariolés, aux yeux fixes et hallucinés; il voit l'univers comme une sorte de gigantesque mardi-gras où s'agitent toutes les turpitudes humaines et dont la Mort dirige le bal. " Grâce à ses goûts, mais aussi grâce à son caractère-, écrit à son propos Emile Verhaeiren, qui est de ses plus vieux amis, il n'a vécu pendant longtemps qu'avec des êtres puérils, chimériques, extraordinaires, grotesques, funèbres, macabres, avec des railleries faites clo-doches, avec des colères faites chienlits, avec des mélancolies faites croque-morts, avec des désespoirs faits squelettes. Il s'est improvisé le visiteur de. lamentables "décrochez-moi ça", die mal-ôdorantes arrière-boutiques de marchandes à la toilette, de piteux bric-à-brac en plein vent. Il a vogué par des allées de misère, où lui apparaissaient des plier-rots malades, des arlequins en goguette, d'as eolombines saoules. Parfois, comme un ménétrier fantasque, il monte sur un tonneau et, sur la place de je no sais quelle ville du pays de "Narquoisie", il agite au son d'un relbec invisible en un trémoussement soudain, tout une joie1 lugubre et bariolée. Il pleure peut-être lui-même en peignant tel masque hilare, ou sourit en dessinant telle, tête de mort ; les contrastes les plus aigus doivent lui plaire, et il les réalise en oppositions violentes, les rouges, les bleus, les verts, les jaunes se donnant comme des coups de poing sur la toile. Son art devient féroce, ses terribles marionnettes expriment la terreur au lieu de signifier 'a joie. Même quand' leurs oripeaux arborent le rose et le blanc, elles semblent revêtir une telle tristesse, elles semblent incarner un tel effondrement, et représenter une telle ruine, qu'elles ne prêtent plus à rire jamais. J'en sais une d'une angoisse de cauchemar. Et la camarde se mêle à 1a. danse ; le sque- à lette lui-même devient tantôt pierrot, tantôt clodoche, tantôt chienlit ; masques de viel et têtes de mort s'identifient; on ne songe plus à quelque carnavaj lointain d'Italie ou de Flandre, mais à quelque géhenne où les démons se coiffent de plumes baroques et s'affublent de draps de lit usés, de bicornes invraisem blables, de bottes crevéas et de tignasses multicolores. " Comment imaginerait-on, en vérité, la vie d'un homme que hante ce rêve grotesque et macabre, et dont les démons familiers sont le masque Wouse, les diables Dzibas et Hihahox, les pouilleux Désir et Rissolé, les soudards Rès et 'If Ai ta, enfin tous les citoyens de la ville de Bise et du territoire de Phno-sie? Ne la crodradt>on pas faite d'étranges aventuras, de noces effroyables, de misères atroces, de démêlés continuels avec les autorités régulières ? Quelle beille légende pittoresque on écrirait sur ses dessins ! La réalité, au contraire, est prosaïque et bourgeoise: "Monsieur" est un notable commerçant ; il habite une ville brillante qu'on appelle "La reine des Plages", où, durant les mois d'été, le luxe européen s'étale avec complaisance-, et qui s'enrichit méthodiquement des dépouillas de la vanité contemporaine: il habite Ostende. Mais, dans une chose vivante comme une ville, il y a bien des aspects : cette noce cosmopolite paraît joyeuse et triomphante au plus grand nombre; un esprit chagrin! y découvrira je ne sais quoi de sinistre. C'est devant les expressions du plaisir que les prophètes maudits voient le plus clairement le signe du néant de notre aspèce. Or, "Monsieur" a pu longtemps sel croire maudit. Il ne peignait pas comme (les autres ; cette hallucination qui le poursuit quand il 'représente des masques 'le saisit aussi quand il peint dbs natures-mortes, des intérieurs, des paysages ; il voit la couleur comme lies autres ne la "voient point. Aussi, quand, il y a une trentaine d'années, il montra ses premières toiles, les autres furent-ils pris d'un rire inextinguible. Ce rire, il ne leur a jamais pardonné. Parce qu'il; est obstiné comme un Flamand mâtiné d'Anglais, et puis parce qu'il lui serait impossible de peindre autrement qu'il ne voit, il continua à donner corps à ses hallucinations colo-ristefc et peu à peu l'on commençai à «'apercevoir que ces hallucinations étaient plus près de la vérité que la sagesse communie ; on comprit que "Monsieur " faisait l'éducation de l'œil de ses contemporain^, et, depuis lors, "Monsieur" a vendu, "Monsieur" a des toiles au musée, "Monsieur" est d'é-'coré, "Monsieur" passe pour un grand peintre; et c'est un grand peintre, en effet, un grand peintre qui oublie quelquefois d'avoir du talent^ mais à qui il arrive souvent d'avoir du génie. Son nom, James Ensor, ne restera pas seulement comme celui d'un personnage pittoresque qui aura mis un peu d'imprévu dans la vie si quotidienne de notre Belgique contemporaine, mais aussi comme celui d'un d'e ces artistes visionnaires qui, dans le monde visible, fout distinguer aux hommes des choses qu'ils n'avaient jamais vues. L. DUMONT.WILDEN. A TRAVERS TOUT lies futuristes et le passé Rien n'est plus étonnant de la part des futuristes que l'énorme souci qu'ils ont du passé. Signose Marinetti, par exemple, vient de lancer un manifeste, cette .fois sur l'art anglais. Il est tellement hanté par le passé qu'il le croit présent. Il part en guerre, devinez contre quoi ? Contre l'esthétisme, contre le préraphaélisme, contre notre idée que l'art est un passe-temps frivole tout au plus bon pour de petites écolières, contre notre conception grotesque du génie, débraillé, buveur, bohème, contre notre post-rossettisme aux lçngs cheveux sous le sombrero, et contre d'autres erreurs passéistes. Or, toutes ces choses ne sont pas seulement passéistes, elles sont passées. On dirait que M. Marinetti vient de lire le "Punch" d'il y a un quart de siècle, qu'il a visité Londres une seule fois, il y a quelque trente a.ns. Car les préraphaélites ne sont pas nos contemporains, et bien loin de considérer l'art comme un passe- temps futile, les Artistes d'aujourd'hui sont sérieux jusqu'à l'hypocondrie. Quant à nos post-rossettistes à la longue cheve-ilure, M. Marinetti pourrait aussi bien nous parler de dames en crinolines. Si vous rencontrez à Londres un homme chevelu au large chapeau, ce sera un musicien étranger ou quelque végétarien du terroir. Certes pas un peintre anglais. Nous n'attendons pas du génie qu'il soit débraillé, ni ivrogne, et le génie lui mê me ne se pique pas de l'être. Neus avons de même perdu le sens du mysticisme : il n'existe plus d'anachorètes parmi nous, ni dans le domaine religieux, ni dans le domaine de l'art. Nos hommes de génie ont soin de leur toilette, avec un peu d'exagération même quant à la mode, tubs et baignoires leur sont aussi indispensables qu'aux banquiers leurs contemporains, ils sont tempérants et corrects. La bohème n'est plus du tout une pose, elle est une terrible réalité pour quelques-uns, ie1S n'est plus considérée, hélas ! comme la marque du génie. Il est évident que M. Marinetti a cru tout ce qu'on lui a raconté sur l'Angleterre. Mais qui peut lui avoir dit ces choses-là? L'Angleterre, affirmc-t-il, peut être fière de ses pionniers, de poètes comme Shakespeare et Swinburne. Nous admirons Swinburne jusqu'à l'idolâtrie, mais personne jamais, avant M. Marinetti, ne l'a pris pour un pionnier en poésie. Il fut le dernier, un peu en retard même, du mouvement romantique, il rendit la poésie romantique impossible à ses successeurs. Nous voudrions bien, si c'était possible, connaître son opinion sur l'art futuriste et sur toute la théorie du futurisme, non pour la publier évidemment, mais comme document intéressant pour l'art et la littérature. Swinburne, que M. Marinetti nous ea croie, était entaché de passéisme, des traditions grecque, anglaise de la grande époque d'Elisabeth, françaiseï et italienne. Il parlait, dans ses poésies d'Atalan-te, d'Erechtée, de Tristan et Iseult ; même sa Dolorès était belle de la beauté antique. Elle n'était pas seulement noble dans sa nudité, mais absolument païenne, Libitina étant sa. mèrè et Priape son père. Tout cela Swinburne le dit expressément, comme s'il prévoyait que M. Marinetti verserait en d'étranges erreurs à son sujet et qu'il eût pris soin de lea réfuter d'avance. Si M. Marinetti rencontre un jour dans les Champs-Elysées l'ombre de son collègue, car ce futuriste est aussi un poète, et s'il pousse son cri de guerre, il pourra se convaincre que les invectives du passé valent celles du futurisme. Ce cri de guerre qu'il pousse tout à coup, on ne sait pourquoi, au beau milieu de son manifeste est : En avant 1 Hourrah pour les autos ! Hourrah pour la vitesse ! Hourrah pour les grands courants rapides! Hourrah pour l'éclair! Pourquoi l'éclair, qui est vieux comme le monde et qui a déjà tant servi aux poètes du passé 1 Le futurisme devrait évidemment ignorer la nature, qui appartient aux temps les plus reculés, tout en persistant dans le présent avec une étrange obstination. C'est le point faible du futurisme. Il méprise, il hait la nature, parce qu'elle fut toujoui*. vnai.-s maigre tous ses efforts, il ne peut la déloger du présent. Il y a le soleil, le même qu'Homère chanta, illuminant toujours de sa splendeur notre ciel, il y a le printemps qui chaque année répète son absurde renouveau. Et l'âme de l'homme ne vaut" pas mieux. Car les hommes d'aujourd'hui aiment, tout comme si Jacob et Pâris n'avaient pas aimé il y a tant de siècles. Ils chantent même l'amour, malgré la vieillesse toujours jeune du "Cantique des cantiques." Bien plus, ils parlent d'amour mieux que M. Marinetti des automobiles.Et voyez comme cet enthousiasme à propos des automobiles paraîtra vieux jeu, lorsque tout le monde ira en aéroplane? Figurez-vous un poème commen-içant par ce cri : Hourrah pour le gaz ! Il eût pu être écrit au temps déjà lointain où régnait en Angleterre la reine Victoria. Martin Tupper pourrait en être l'auteur, dans un moment d'enthousiasme pour les grands progrès de cette époque. Tupper était un futuriste de son temps. Il n'écrivait pas comme le vieux Shakespeare' et plaisait à ceux qui trouvaient Shakespeare un peu passé de mode. Il n'y a certes pas là de quoi nous effrayer outre mesure. Il se peut que M. Marinetti lui aussi réussisse dans ses efforts, qui font du reste honneur à sa modestie, pour échapper à l'immortalité. « 40- Année = Hardi 23 Juin 1914 QUOTIDIEN. *-10 CENT* H. 174 -« Hardi 23 Juin 1914

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software.

Er is geen OCR tekst voor deze krant.

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software.

Er is geen OCR tekst voor deze krant.

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software.

Er is geen OCR tekst voor deze krant.

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software.

Er is geen OCR tekst voor deze krant.

Over deze tekst

Onderstaande tekst is geautomatiseerd gemaakt met OCR (Optical Character Recognition). Deze techniek levert geen 100% correct resultaat op. Dit komt mede doordat oude drukken moeilijker te lezen zijn met software dan moderne. Dat betekent dat er onjuiste tekens in de tekst kunnen voorkomen. Er wordt gewerkt aan verbetering van de OCR software.

Er is geen OCR tekst voor deze krant.
Dit item is een uitgave in de reeks La Flandre libérale behorende tot de categorie Culturele bladen. Uitgegeven in Gand van 1874 tot 1974.

Bekijk alle items in deze reeks >>

Toevoegen aan collectie

Locatie

Periodes