La nouvelle Belgique

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01 april 1916
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s.n. 1916, 01 April. La nouvelle Belgique. Geraadpleegd op 28 maart 2024, op https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/nl/pid/kw57d2r22t/
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La Nouvelle Belgique RÉDACTION & ADMINISTRATION 11, rue Molière (avenue de l'Opéra}. a"ARIS (1") POUB LA PUKâilC S'ADRESSER AUX BUREAUX DU JOUBHU Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus. PARAISSANT LE SAMEDI - *— ^ —-• . XiireoteTLiï» Î GBOIÎ^hs .ERNOTTE ABONNEMENTS : Trois mois Six mois TJa ta Francc, CoaeNiES, Protectorats..,. 6 fr. 12 fr. 24 fr. Étranger, 9 fr. 10 fr. 30 fr. ADRESSER LETTRES &T MANDATS Au Directeur de la NOUVELLE BELGIQUE, 11, rue Molière. L'HISTORIEN PIRENNE Les Allemands viennent d'arracher à son domicile M. Pirenne, l'éminent professeur d'histoire à l'Université de Gand, pour le soumettre au régime de leur prison. Quel crime a-t-il commis ? Quel délit lui reproche-t-on ? Nul ne le sait en France. Les Gantois sont-ils mieux fixés ? Je ne le pense pas. Les Allemands, en territoire envahi, procèdent avec une lourdeur tudesque. Leur œil grossit ce qui les gêne ; un rien qui les offusque devient un fort menaçant ; un homme dont les idées .les inquiètent est un malfaiteur qu'il îaut se hâter de mettre hors d'état de nuire. Leur-police ombrageuse agit, en pareil cas, rapidement et dans le secret. Ces gens-là pensent et jugent tout Bles"de" prendre une brutalité pour une caresse. Tant pis pour qui la recevrait. Kn temps de guerre, les caresses d'Allemands sont terribles. Ils ont une façon de comprendre et d'appliquer le droit de guerre qui les fait accuser de barbarie. Cela les étonne. Leur étonnement est fait pour surprendre. Ils ne reviennent pas de l'entêtement des Belges à ne point les accueillir comme des bienfaiteurs. Ne leur apportent-ils pas, en effet, les avantages d'une haute culture, d'une culture allemande ? M. Pirenne a dû commettre la faute grave de vouloir rester fièrement Belge. Je me le représente continuant son œuvre historique et, sans sortir de son rôle, en faisant passer l'esprit darn son regard et son attitude. Les Flamands, décidés à rester Flamands quand même, le remarquent. Le courage calme et digne de leur grand his- torien CTïtrotront xihxrra" lcaï3T"n«ivo a~ï>. : espérance que l'envahisseur voudra;! éteindre. Les maladroits ! Ils manquent rare ment l'occasion d allonger la liste de leurs gaffes. Cette arrestation en est une qui compte. Elle montre qu'ils n'ont rien compris au caractère wallon ou flamand. Ils continueront sans doute, accumulant ainsi contre eux des flots de colères. Elles éclateront un jour avec véhémence. Ce ne sera que justice. En attendant, la police germanique est venue consacrer, à sa façon, Y Histoire de la Belgigtte et grandir son auteur. Cette œuvre magistrale fait le plus grand honneur à Pirenne. On y trouve les meilleures qualités du genre, une documentation abondante et sûre, un jugement qu'on ne prend guère en défaut, un art incontestable dans . l'exposition des faits, une grande .sagacité pour iUœoovr.ries traits qui révèlent i unité nationale à travers les vicissitudes par lesquelles un peuple passe. Un beau nationalisme, large et souple, anime l'œuvre de Pirenne. Sous les rois et les empereurs francs, avec les comtes dc^Flandre et de Namur, les évoques de Liège et les princes ayant domaine aux Pays-Bas, au temps de la domination bourguignonne, espagnole ou autrichienne, il excelle à laisser transparaître l'image de la patrie, ces fortunes si diverses gardent en réserve une Belgique. C'est la vraie Belgique, celle qui a secoué définitivement au dix-neuvième siècle le joug étranger pour se donner une existence nationale parfaite. L'historien qui a pu concevoir cl exécuter une œuvre pareille a rendu à son pays un service de tout premier ordre. Les Belges n'ont pas attendu la guerre pour affirmer que tel était bien leurs sentiments. INmannjinit à m d;. renne le témoignage des ennemis qui ont entrepris la destruction de sa Belgique. Cet honneur lui a été décerné. Dcm BESSE LA SITUATION Une vague d'optimisme passe sur les pays alliés : on se rend maintenant un t compte très net de l'importance que les _ !Allemands attachaient à leur offensive sur Verdun, du danger que nous avons couru, et de la valeur de la victoire que les magnifiques troupes du général Pé-tain ont remportée. La bataille n'est pas finie. Comme les Allemands ne peuvent avouer leur défaite, ils la prolongeront, ils la traîneront en longueur. Peut-être feront-ils encore de ces furieux assauts, mais il est absolument certain aujourd'hui qu'ils ne passeront pas. Les moyens matériels qu'ils avaient accumulés étaient formidables, mais leur infanterie a beaucoup perdu de sa valeur. Elle attaque mollement et quand l'artillerie v'a pas tout détruit devant elle, elle n'avance pas. Ce qui est caractéristique, c'est l'impression des pays neutres. Au moment de l'attaque contre Douaumont, nos amis de Suisse et de Hollande ont été vraiment frappés de terreur : ils ont cru que c'en était fait, que Verdun allait tomber, que le front français allait être enfoncé; ils ont cru à une grande vie- . toire allemande, ils mesurent mainte- ■ nant la profondeur de la défaite que le Kronprinz a essuyé. Là aussi, on cons-talc la vague d'optimisme, et la résistance de Verdun, en coïncidant avec les succès russes et l'heureux résultat de la Conférence de Parti, remplit d'espoir tous ces neutres qui ne veulent pas se jeter dans la lutte, mais qui ont compris ce que leur eût coûté une victoire allemande.Il serait dangereux de s'abandonner à 'de hop grandes espérances. L'Allemagne est encore puissante, et si, dans le peuple, de même que dans les milieux industriels et financiers, on y constate à des signes certains, des traces de lassitude et de découragement, ceux qui dirigent la nation sentent trop l'importan-cc de la lutte pour ne pas tout sacrifier à la guerre. Ils veulent aller jusqu'au bout, et ils en sont venus A ce point qu'ils préféreraient une défaite éclatante à une abdication. Nous aurons donc sans doute encore des jours durs à traverser, mais tout le monde sent cependant que l'on entre dans une phase heureuse de le., guerre. Le communiqué qui a été fait à la Presse après la Conférence des Alliés ne nous apprend rien qui ne 'fût à prévoir. Mais ce n'en est pas moins 'la manifestation éclatante d'une coopération qu'il était bien difficile d'obtenir, 'étant donnés tous les intérêts contradictoires, toutes les préventions qu'il s'agissait de concilier, toutes les habitudes 'd'esprit, toutes les traditions diplomatiques auxquelles il s'agissait de renoncer. On peut raisonnablement espérer qu'elle présage la coopération décisive il concertée qui mettra les Empires du Ventre à bar. La misère en Belgique Nos malheureux compatriotes restés au >ays — et ils forment l'immense majorité - souffrent terriblement. On connaît les :onclusions du rapport de M. Walcott, se-;rétaire de. la commission Rockefeller : « la noilié de la population belge, est, dit-il, lans une situation désespérée; trois mitions de Belges vivent exclusivement de vi-ires distribués par les commissions. Ces listributions ne forment qu'un strict mi-îimum; la majeure partie de cette catégorie de citoyens doit vivre d'un repas par our; or, pour se procurer celui-ci, ils doivent attendre durant plusieurs heures devant certains bureaux. Dans les villes je es ai vus patienter, sous la pluie ét dans a neige, pendant des heures, pour se projurer du pain et de la soupe. Et souvent irempés jusqu'aux os, ils étaient obligés 3e rentrer bredouille et d'attendre 18 heures encore. » L'on aurait tort de s'imaginer que les pauvres, — les trois millions dont parle le rapport Walcott, — sont les seuls à souffrir de privations et parfois de faim ; la rareté et la hausse constante des vivres de première nécessité étendent les souffrances dans toutes les classes de la société. Ils sont nombreux les ménages « bourgeois » où l'on a passé tout l'hiver sans feu, pas même pour la préparation des mets, et où jamais l'on ne mange ni beurre ni viande. Le déjeuner du matin est supprimé presque partout, par raison d'économie d'abord et ensuite parce que la ration de pain est insuffisante. Des personnes sont mortes de faim, dans la rue; d'autres, pour mettre fin à leurs privations, se sont suicidées. A Seraing, comme nous l'avons dit, un enfant est mort en classe des suites de privations. Dans certaines régions, comme ù Charleroi, pour manger un peu do viande, on tue les chiens. Nous pensons que nos amis anglais se montrent trop rigoureux pour le passage des vivres et aussi des matières premières en Belgique; sans doute il faut éviter de ravitailler indirectement les Allemands, mais il semble établi que ceux-ci ne réquisitionnent pas les vivres des comités d'alimentation; qu'on n'oublie pas d'autre part que plus on laissera souffrir les Belges de faim, plus on les amènera à travailler pour les Allemands. On a refusé de resserrer le blocus de l'Allemagne, pour ne pas nuire au commerce des neutres, alors qu'il est patent que ce commerce sert en partie à ravitailler l'Allemagne. Il serait désolant que l'on soit plus rigoureux vis-à-vis de la Belgique que vis-à-vis des neutres, alors que pour elle il ne s'agit pas de réaliser de plantureux bénéfices, mais uniquement dè ne pas mourir do faim. Maxime de la politique des partis : « N'Importe qui étant bo1 à n'importe quoi, on peut n'importe quand le mettre n'importe où. Chirles Benoist. LA RECONSTITUTION DE LA BELGIQUE y LE CAS DE DIXMUDE/I Des villes de l'Yser, Dixmude est la seule dont nulle épave ne figure parmi les objets sauvés du désastre et expédiés en France. Cela s'explique par cette double circonstance ; i° au milieu de la panique et du désarroi causés par l'agression d'un côté, par l'organisation de la défense de l'autre, personne n'envisagea la nécessité d'emporter ou d'expédier au dehors les choses précieuses appartenant au patrimoine commun, à l'égard desquelles nulle mesure de prévoyance n'avait été prise ; quelques objets furent prétendûment mis à l'abri mais demeurèrent dans Ja ville qui allait périr ; 2° depuis lors, Dixmude, criblé de nroiectiles etAjjeu près démoli, reste entre les deux adversaires qui se canonnent réciproquement pardessus des ruines, position intenable pour l'un comme pour l'autre, à plus forte raison pour les sauveteurs d'objets d'art. La grande faute est imputable à l'autorité municipale qui aurait dû prendre tes précautions tout indiquées et n'en prit aucune. Le bourgmestre, lui, prit le train à la première alerte ; à la vérité son grand âge pouvait lui servir d'excuse. Restaient le collège échevinal et le conseil de fabrique de l'église, qui ne donnèrent point signe de vie. Seul, le secrétaire, communal Hosten. de sa propre initiative, essaya de préserver :e qu'il put : il enfouit les archives dans la cave de l'Hôtel de Ville, et, dans celle le son domicile privé, un missel du seizième siècle aux très belles enluminures, que la Ville do Dixmude était, à usto titre, fière de posséder. A l'heure dû s'accomplissait ce sauvetage in ex-'remis, la pluie de fer et de feu tombait iéjà sur la ville ; il ne semble 'donc pas }ue le secrétaire communal ait pu faire lavantage ; c'est une justice à lui ren-jûe. Relrouvera'-t-on " les archives et le nissel ?... C'est plus que douteux. Le doyen, lui, avait cru mettre en sû-■eté le fameux Jordaens (évalué plusieurs millions) en l'envoyant, non lémonté, dans un local de tout re-)0s, l'école Saint-Ignace. Le direc-.eur de l'école, ignorant complètement la valeur de cette toile célèbre, 'accrocha, sans y attacher plus d'im-jortance, dans la Salle des fêtes de son Stablissement, en facj de la fenêtre prin-npale ; celle-ci, merveilleusement ex-sosée au tir de l'ennemi, ne manqua pas l'être démolie par les premiers schrap-îels qui arrivèrent ; enfin, les défenseurs ayant occupé l'école trouvèrent ,out naturel de se servir du tableau qu'ils avaient soùs la main pour boucher 'ouverture l Cependant, quelques Dixmudois — ias beaucoup 1 — intéressés au destin le leur plus précieux trésor, le croyaient sn sûreté, roulé, introduit dans un ,uyau à gaz hermétiquement fermé aux leux bouts et profondément enfoui dans ie sol d'un caveau où nul agent de destruction ne pouvait l'atteindre. Quand ils apprirent la vérité — on était aux ierniers jours d'octobre et l'action militaire battait son plein — l'un d'eux (M. Eugène de Groot) courut à l'école Saint-Ignace, fit enlever le Jordaens et, vu l'impossibilité de l'emporter tout de suite, le fil remettre à sa place primitive, face tournée vers la paroi. Lorsque, après maintes difficultés, — secondé par un avocat bruxellois dont je regrette vivement d'avoir oublié le nom, car il fit preuve, en ces circonstances critiques, de beaucoup de vaillance et de dévouement, — il réussit enfin à revenir avec une auto blindée pour enlever la précieuse épave, il était trop tard ; les Allemands entraient dans la ville. Telle est l'odyssée pitoyable de VAdo-ration des Mages, de Jacques Jordaens, qui décorait l'église Saint-Nicolas de Dixmude. On voit qu'un sort contraire s'acharna sur elle. Ce sort, la moindre prévoyance aurait suffi à le conjurer. Pour les magistrats de Dixmude, le tableau d'honneur sera bref. • * * Les autres objets d'art ancien qui décoraient l'église périrent, cela va de soi, dans le bombardement et l'incendie de celle-ci. Il y avait, les fonts baptismaux en bronze, les stalles, la chaire, le « (Calvaire » en bois sculpté, — tout cela de la première moitié du dix-septième siècle, et un « Crucifiement », de Jouve-net (1770) donné par Napoléon. M. Charles Le Goffic, dans l'article du Petit Parisien dont je parlais l'autre jour, reproduit une lettre que lui adressa l'abbé Moulaert et où celui-ci énumère ces objets, dont'il estime la valeur 600.000 fr. Le digne prêtre avait cru les préserver également de tout danger, en fermant l'église et en mettant la clef dans sa poche, — mesure de précaution prise plutôt contre les Français qu'une légende courante dans les Flandres représentait comme « d'affreux1 Bans-cutett-s, capables des pires sacrilèges ». L'arrivé" 1 des fusiliers marins eut tôt fait de met tre cette légende à néant, mais, hélas ! la fermeture du temple fut impuissante cpnlre les obus allemands, qui n'avaient nul besoin qu'on leur ouvrît la porte. * * * Le compte des pertes de Dixmude étant réglé et les responsabilités éta-Mies, — il ne reste plus qu'à envisager las réparations, c'est-à-dire la reconstitution de la cité détruite. J'ai exprimé ijion sentiment là-dessus. Il s'applique h Dixmude comme aux autres villes qui jartagèrent sa terrible infortune. , ! « Ne faut-il pas aussi que l'on rebâtisse nos villes et nos villages en tenant cbinpte -des' exigences légitimes qu'ont fjiit naître la connaissance plus approfondie des lois de l'hygiène, le développement des modes nouveaux de trans-f.ort et le souci plus intense de respec-tir les lois de l'esthétique. » Ainsi s'exprimait le rapport officiel de sépterobre dernier, suivi de l'arrêté-loi concernant la reconstitution des communes belges. Je souligne la dernière condition. Il .est donc entendu que « l'es-licRque » doit être considérée en cette affaire. Reste à définir exactement le ferme, c'çstrà-dire à savoir si nous l'entendons fous de la même façon. Je ne lû crois pas ; il me semble même qu'il y a parfois mésentente complète à son slijet, les uns préconisant, les autres condamnant certains opérations, tous au nom de l'esthétique susdite. Le problème est délicat à résoudre, parce que sa solution dépend des circonstances et ne .peut être fournie par une formule unique appliquée partout ; chacune des vieilles cités à reconstruire avait son caractère original, et c'est ce 3aractère qu'il s'agirait de saisir l'abord. Nous avons vu que la question s'est posée en Belgique occupée comme ici et l'on nous a fait savoir que les ar-îiiitectes belges « estiment, d'une façon générale, que c'est le style historique ïjjtf convient le mieux ». Evidemment. Les modernistes in-ransigeants, en faisant table rase des styles anciens, méconnaissent ce qui lous lient au cœur, ce que nous voulions voir Dcr.Détuer_: le visasejie^la airis en poursuivent follement l'idée, jour le groupe central d'Ypres — d'édi-ler des pastiches de monuments dis-jarus à la place des ruines sacrées qui loivent perpétue^leur souvenir, mais l'adopter, dans les reconstructions né-:essaires, des formes qui ne rompent )as brutalement avec les traditions d'un jassé qui nous est cher. Il serait vrai-nent trop cruel de voir effacer jus-ju'aux lignes familières de nos paysages urbains, en réparation des dommages causés par cette invasion barbare 1 Parmi les témoignages encourageants lue j'ai reçus, approuvant chaleureusement la conservation de certaines rui-les, je me plais à reproduire celui-ci, Smanant d'an personnage haut placé : « Les ruines de l'Yser sont sacro-saintes. C'est autour d'elles que nos en-ants sont tombés. Elles leur appartien-icnt et doivent demeurer inviolées, pro-.égeant leurs tombes et racontant leur léroïsme. » Voilà une raison qui s'ajoute à tou-,es les autres. Et c'est une nouvelle pro-;estation contre cette assertion du rapport officiel cité plus haut ; « La Belgique n'a pas besoin de conserver ses ruines pour se souvenir de ses malheurs. » L'auteur de cette phrase malheureuse iloit avoir changé d'avis à l'heure qu'il est, — du moins c'est à espérer... Pour en revenir à Dixmude, je n'y vois guère de ruines à conserver. On trouvera tout de même, sans difficulté, une façon d'y commémorer l'exécrable forfait dont la Belgique fut victime. Jean d'ARDENNE, de la Commission royale des Sites et Monuments de Belgique. Comme elles sont toutes I C'est une brave batelière, que le9 ans, le soleil et le dur travail du halage sur nos rivières ont noircie, tannée. Elle vient consulter un des services pour les réfugiés que nous avons organisés au bureau du journal. Elle est Liégeoise ; son savoureux parler et sa belle vaillance reportent notre lointaine pensée vers ses sœurs, les courageuses « botteres-ses », souvenir ému de notre enfance. C'est l'bon côp d'pl Qui [ait li bon hotchet ! On cause. Avec son mari, elle s'est trouvée « en rac » parmi les Allemands, sur la Marne, au moment de Tinvasion. Mais le bateau n'a pus souffert. Eux non plus. « Et combien de temps ça durera-t-il encore 7 » Ce n'est pas qu'elle souffre trop de la guerre : celle-ci lui a laissé son métier, et elle l'exerce même pour le transport de bien des choses... Mais les amis, les parents sont restés lù-bas et il paraît que la vje n'est pas bien douce, « ju d'ia Mouse ». — « Oli ! dans six mois, nous serons rentrés, pour la plupart. Ne craignez rien. On a faim à Liège, mais on tiendra. On y donnera même un coup de main à nos soldats pour débarrasser le pays, quand le moment sera venu ! » — « Six mois 1 espérons-le ! D'ailleurs, pour moi, vous savez : s'il faut encore deux ans de guerre pour finir les I'russiens, va pour deux ans. Pourvu au'il n'en reste plus un » La conversation est terminée. Pourtant, notre brave batelière a encore quelque chose a dire : « Avec mon mari, nous avons songé que, peut-Ctre les banques ne remettent pas toujours au gouvernement français tout l'or qu'on leur don-rté. Alors je vous apporte ce que nous avons : nous, ça ne nous sert pas et il paraît que, pour la guerre, c'est utile au gouvernement. Pour-rtez-vous me changer ça en billets ? » Dans sa main, nrillent trois louis de vingt francs, et deux^^es dTTr^Je dix francs. Mais l'or le plus^réçlNbVpn#<E^ tnauvait-fl pas dans .son âme s/naburellcmorti jwrifye T Kt toufe-v^lcs fcipmcs be1£cs\sont comme celn 1 <-< \ \ «, • \ \ \ TOLBIAC, i - | U. jJ L'ANNIVERSAIRE DU ROI POUR LES RÉFUGIÉS A l'occasion de l'anniversaire de la naissance de notre grand Roi, Albert I", nous donnerons, le 8 avril, à six heures précises, un lunch dans les salons du Grand Hôtel Moderne (place de la République), mis gracieusement à notre disposition par son directeur. Pourront y prendre part tous nos compatriotes désireux de lever leur verre à la santé du Roi, de la famille royale et au succès des armées alliées. Nous espérons qu'ils viendront nombreux à cette manifestation de loyalisme. Grâce à la générosité" de plusieura maisons françaises qui ont tenu à nous témoigner une fois de plus leur sympathie, le lunch, sera absolument gratuit. Dans le numéro du 8 avril, nous compléterons la liste de nos généreux donateurs parmi lesquels beaucoup, du moins nous l'espérons, honoreront la réunion de leur présence. Mais comme nulle fête ne serait complète sans l'appoint fourni par les directeurs de théâtres et music-halls parisiens qu'on ne sollicite jamais en vain, nos réfugiés, soit avant le lunch, soit en soirée, pourront assister sans bourse délier à un des spectacles figurant actuellement au programme des théâtres, concerts ou cinémas. A l'heure présente, nous sommes déjà en possession de1 350 places gratuites- et ce chiffre sera certainement doublé d'ici 3 ou 4 jours. Il va sans dire que nous ferons connaître, dans notre prochain numéro, les nombreux théâtres, music-halls et cinémas qui ont souscrit spontanément à notre demande. Ils sont beaucoup, ils sont presque tous. Nous délivrerons ces billets, à partir d après-demain 3 avril et jusqu'au 6 avril inclus, durant quatre jours, de 10 h. à jnidi et de 2 h. à -4 h., dans nos bureaux,1* 1 te«#£ de la Nouvelle Belgique di 1" avril. A cès places, nous joindroni une invitation pour le lunch. Toutefois pour éviter l'encombrement et poui prévenir tout mécontentement, noua avons résolu de distribuer les billets dans l'ordre alphabétique; c'est-à-dire que les premiers arrivants recevront les places pour les établissements dont les noms commencent par les lettres A, B ou G, tandis que les derniers auront celles des établissements dont les noms commencent par les dernières lettres do l'alphabet. La plupart des billets qui nous ont été remis donnent droit à des fauteuils; par conséquent ceux-là, en tout cas, ne pourront être délivrés par nous qu'aux personnes ayant une tenue convenable, ce qui ne veut pas dire luxueuse. Néanmoins, nous nous efforcerons de satisfaire tout le monde, convaincus qu'on nous tiendra compte du désir qui nous anime. En terminant, informons les œuvres belges pour réfugiés qu'il leur suffira de nous indiquer le nombre de billets de théâtre et d'invitations au lunch dont elles auraient le placement pour que, dans la mesure du possible,, nous leur donnions immédiatement satisfaction. Les demandes devront nous parvenir le 3 courant. LA NOUVELLE BELGIQUE. P S. — .Les personnes qui s'intéressent aux -œuvres de réfugiés ou encore de soldats convalescents, soit en qualité de dames patronnesses, soit parce qu'elles pourvoient pécuniairevient à l'existence de ces œuvres et qui souhaiteraient recevoir des places et des invitations au twich pour levers protégés, devront nous écrire à ce sujet dès. demain. Nous leur ferons parvenir directement un certain nombre de billets, à charge pour elles de les distribuer, — La N. B. NOS SOUSCRIPTEURS Nous avons reçu déjà pour la journée du 8 awril : De notre grand confrère le Journal, WO fr.; de M Tuck, 100 fr.; de la maison Violet, 100 mominettes Byrrh ; de la maison E. Normandin, 6 bouteilles cognac ; de la maison Cusenier, 6 bouteilles cognac ; de la maison Cinzano, 12 bouteilles vermouth ; de la maison Louis Royer, 12 bouteilles Champagne ; de la maison E. Mercier, 12 bouteilles Champagne ; de la maison Devinck, du chocolat ; de la maison Olibet, des biscuits.D'autres envois, nombreux, nous sont annoncés; nous continuerons la liste da nos généreux donateurs dans le prochain numéro. ( D'autre part, remercions sans tarder les directeurs de théâtres, music-halls et cinémas, qui ont déjà, pour l'anniversaire de la naissance du Roi, mis un.. certain nombre de places gratuites à notre disposition. En attendant la liste, complète, citons MM. les directeurs du Théâtre du Gymnase, du Vaudeville, de la Gaîté, de l'Odéon, Albert ï", Sarah-Bernhardt, Gluny, Olympia, Ba-ta-Clan, la Cigale, l'Empire, l'Athénée, Théâtre de Belleviltei Gaumont-Palace, Maillot-Palace, Luna-Park, Tabarin-Skating. LA BELGIQUE et L'EUROPE La présence de M. le baron de Broque-'ille et de M. le baron Beyens à la Conférence de Paris, venant après la déclara-ion du Havre, précise très heureusement a situation de la Belgique à l'égard des Alliés. Voilà qui met Qn pour jamais aux dangereuses fictions de la neutralité. La force des choses a placé la Belgique dans le bloc anti-allemand, où nous voyons bien aujourd'hui que l'attiraient son histoire, sa tradition, sa culture et le libéralisme de ses institutions. L'Allemagne elle-même nous a jetés dans le camp de ses ennemis et nous avons acheté assez cher le droit de nous en féliciter. Notre sort est lié à celui non seulement de la France et de l'Angleterre, mais aussi de celui de la Russie, de l'Italie, de la Serbie, du Japon, du Portugal. Cette situation comporte certaine charge, mais elle comporte aussi des avantages, avantages qui seront d'autant plus considérables que nous saurons garder la situation qui nous est faite avec plus de franchise et de netteté. Ceux qui avaient rêvé de retrouver un jour leur tranquille petite Belgique d'avant la guerre, doivent renoncer à ces chimères. Quelle que soit la victoire sur laquelle nous comptons tous, nous allons entrer dans des années difficiles. Bon gré mal gré, il nous faudra apprendre « à vivre dangereusement »; il faut que nous ayons le courage d'être un grand peuple, ou bien, tût ou lard, il nous faudra renoncer à être un peuple. Et. d'abord, nous devons avoir une politique étrangère, ce qui, jusqu'à présent, ne nous était pas possible, puisque nous étions neutres, et puisque cette neutralité nous condamnait à vivre en marge de la politique de l'Europe. B y a un certain nombre de Belges à qui il est assez difficile de s'habituer à cette idée. Une politique étrangère 1 Ils n'y ont jamais songé. Notre pays, à ce point de vue, manque complètement de traditions. Comment en aurait-il une ? Sous l'ancien régime, notre pays n'était que l'accessoire des vastes monarchies à qui les hasards UC J maioiie J avaient ue, et le jour où oui une existence diplomatique, il (ut gratifié de ce funeste présent de la neutralité, c'est-à-dire qu'il fut mis en. tutelle. Plus qu aucun autre, nos diplomates ont eu pour mot d'ordre : Pas d'histoires ! Celte absence de traditions a bien des inconvénients. Cela peut être une force pour un ministre des Affaires Etrangères de retrouver dans son cabinet de travail les ombres de Vergennes ou de Talleyrand, de Pitt ou de Palmerston. Mais s'il arrive que la tradition politique soutienne une diplomatie, il se rencontre aussi qu'elle 1 alourdisse sous le poids des précédents. Cest parfois pour un diplomate? un précieux avantage de se trouver devant la table rase et <ie n'avoir à envisager que des intérêts nouveaux. C'est notre cas. Notre politique étrangère datera de 1914 ou même de 1916. Tout ce qui s'est passé auparavant n'est que de l'histoire ancienne, et du rôle que nos représentants joueront dans les négociations qui établiront te nouveau régime de l'Europe, dépendra notre avenir., C est le momênt d'avoir du génie ou, simplement ce qui, en politique, est presque la même chose; de l'énergie et de la fermeté dans Je bon sens. C'est le moment, aussi, d'avoir confiance en notre destinée?, La Belgique n'est qu'un tout petit pays, c'est entendu. Mais sa position géographique, la situation morale qu'elle s'est acquise en résistant à l'invasion, la force économique qu'elle doit à son industrie lui permettent de jouer un grand rôle. B faut qu'elle en ait le courage. « Craignons de nous abandonner à la mégalomanie des petits peuples, dit-on, n'ayons pas 'des ambitions démesurées, n Soit. Mais ayons le courage d'avoir de l'ambition tout de même., La sagesse timide et la modestie ne conviennent pas aux peuples. Leur ambition est le signe de leur vitalité, et entre la frénésie .de domination qui a saisi l'Aile-( magne et le renoncement des nations qui;; s'abandonnent, il y a place pour un ide£^ raisonnable et sain. il '! - L. DL'MONT-WILDEN, J DEUXIEME ANNEE — N° 47 Le Numéro : SAMEDI

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Dit item is een uitgave in de reeks La nouvelle Belgique behorende tot de categorie Oorlogspers. Uitgegeven in Paris van 1915 tot 1916.

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