Le courrier d'Anvers

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16 januari 1914
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s.n. 1914, 16 Januari. Le courrier d'Anvers. Geraadpleegd op 19 april 2024, op https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/nl/pid/p843r0qz9f/
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Douzième Année - N* 3 Le Numiro 10 Centimes Vendredi 16 Janvier 1914 RÉDACTION 21, place de la Gare ANVERS Téléphone 4781 POUR LA PUBLICITÉ s'adresser au Bureau Central di Publicité 21, place de la Gare LE COURRIER D' ANVERS ADMINISTRATION 21, place de la Gare ANVERS Téléphone 4781 ABONNEMENTS : Belgique. . . Frs 10 Union Postale. » 12 PARAISSANT LE VENDREDI „ ^ ëk. y)s ^ Notes d'un Grincheux Samedi 10. — Jadis les provinciaux disaient: " J'irai à Bruxelles pour le Salon ".Et dès la fin de mai, ils s'acheminaient vers la capitale, savourant d'avance le plaisir de défiler devant le portrait du Roi, maçonné par Detilleux, devant les flamboyants velours de Vloors et de lorgner les nymphes blafardes éclairées à l'intérieur par les soins de M. Bougue-reau.Aujourd'hui les provinciaux disent encore: " J'irai à Bruxelles pour le Salon , mais c'est en janvier qu'ils se mettent en route et que de tous les points de la périphérie belge ils accourent, pour contempler les Renault et les Panhard, les limousines étincelantes et les dispendieux doubles phaétons. L'axe intellectuel s'est déplacé. Cessant de prendre garde à la peinture, 1 immense majorité des Belges rêve automobile.Les soupapes commandées, 1 échappement libre et le carburateur automatique sont devenus les sujets de conversation les plus ordinaires au sein des familles bourgeoises. Et s'il vous est jamais arrivé, comme à tout le monde, d écouter derrière une porte l'entretien de deux jolies femmes, voire de deux innocentes jeunes filles, vous les aurez entendues parler avance à l'allumage et cônes de friction tout comme de vieilles chauffeuses. C'est que l'automobile n'est pas devenu seulement le sport à la mode, le plus commode des moyens de communication et la plus agréable façon de se ruiner, il est aussi le parfait symbole de la vie contemporaine. Actions et sentiments, opinions, goûts,- le!«V'H. puselor;fc tout cela va, vient, court, file, disparaît. Les emballements sont de règle en politique, 1 a-maur procède par à-coups, les ménages dérapent et les vertus font panache... 11 y aurait un joli diptyque à faire qui montrerait en pendant le fiancé de 1860 et celui de 1914. Le premier, moulé dans son habit bleu et culotté de casimir blanc, s'en allait rejoindre sa bel'e au trot cadencé de deux steppers anglais. Son maigre tilbury traversait une ville toute parfumée de jardins. 11 suivait des boulevards encore pavés de cailloux pointus et bordés de cultures maraîchères. Il gagnait la plaine verdoyante et de temps en temps faisait s'envoler sur sa route une compagnie de perdreaux et il pénétrait chez 1' " objet aimé " sans un grain de poussière, la boutonnière fleurie d'un impeccable camélia, la cervelle débordante d i-dées romanesques et de métaphores prin-tanières.Le fiancé d'aujourd'hui arrive en auto, couvert de peaux de bêtes comme les fils de Caïn- Il a l'oreille bourdonnante du ronflement des pistons. Un parfum d huile chaude émane de ses mains rudes. Ce qu'il dit ,ce qu'il pense est à l'image de son occupation favorite. Ses paroles sont brèves, ses sentiments saccadés. Il aime avec brusquerie. Son cœur se met en marche comme un moteur, d'un coup vif de manivelle. Il veut aller vite, il brûle les étapes et les nuances de tendresse lui sont aussi indifférentes que les paysages qu'il traverse au vol de sa quarante-chevaux. Il veut être tout de suite très loin, derrière l'horizon. Il ne sait plus s'attarder aux méandres des sentiers mystérieux. Il méprise le chemin creux et ne se plaît qu aux grandes routes. La Carte du Tendre est devenue une carte larride... Et voilà ce qui explique le prodigieux, le colossal succès de i'annuel Salon automobile- L'homme est égoïste et ne s'intéresse vraiment qu'à lui-même. Or, c est bien eux-mêmes, c'est leur parfaite image que nos jeunes contemporains admirent, exposée sur les Stands du Palais du Cinquantenaire. C'est pour cela qu'ils s y rendent, qu'ils s'y accumulent, qu ils l'y écrasent, comme des femmes devant un miroir. Mardi 13. — En sortant du Théâtre Royal, après la Fille du Far-West. — Vous aimez ça ? — Mais oui ; c'est du bon théâtre. Et puis, c'est autre chose-— Huit représentations, mon cher, et à grand peine. — Allons donc, avec de pareils interprètes... — Et de tel» fournis seurs... — Je ne comprends pas. — Dame: armes de la Maison Pire, chevaux de la Maison De Ridder, accessoires de la Maison Ducheyne, cartes de Tumhout... — Vous êtes bête.-. — Que voulez-vous, je n'ai vu que cela, moi. — Pour une fois qu'on vous donne une première. — Dites donc, il était temps; après trois mois d'exploitation... — Ce n'est pas fini; Vercin-gétorix... — Non, mon cher, parlons de choses sérieuses. — De la saison prochaine ? — Si vous voulez. — Je vois à votre mine que vous êtes parmi les mécontents. — Vous citiez tout à l'heure Vercingéto-rix ; Coryn a capitulé comme lui. Il a réengagé Dilson et Geyre, une grosse faute, croyez-moi- Ils ne retrouveront ni l'un ni l'autre, l'année prochaine, le succès de l'année dernière. J'ai toujours été, d'ailleurs, de ceux qui ont reconnu à Dilson une jolie voix et l'absence totale de qualités dramatiques, d'intelligence scéni-que. A la fin du premier mois on en sera las. — Je le sais bien pardi, mais, Geyre... — Lemaire que Coryn vient d'engager va rendre apparents ses défauts, car Geyre est un artiste, mais la voix qui lui reste... — Et Lemaire qui a de la voix n'est pas artiste pour un sou. — Mais il joue du piano, il compose. — Si ça fait l'affaire du public..- — Allons, bonsoir, n'en jetons plus. ECHOS A TRAVERS ANVERS Dimanche matin, en la salle de la commission administrative du Musée, a eu lieu l'assemblée annuelle d'Artibus Patrice, cette société de mécènes qui a pour but d'enrichir notre Musée de nouveaux chefs-d'œuvre. Nous notons laJ;présencg_de M. Sme-kens, le vénéjable,-président honoraire du Tribunal, président de la Société, Mme Léonie Osterrieth.MM.De Vos,bourgmestre, Caroly et Huffmann, vice-présidents, Paul Huybrechts, secrétaire, Pester, trésorier, Bocking, Kmtschots, Paul Ceur-sters, Van der Ouderaa, Elsen, Le Blon, Paul Buschmann, Pol De Mont, etc. Avant ia séance, tous expriment leur admiration pour les tableaux exposés dont deux acquis par Artibus Patrias- C'est tout d'abord un portrait d'homme, admirable d'allure, du grand portraitiste hollandais Van der Helst, le fameux peintre des " Doelen les compagnies d'arquebusiers bien connues, et dont l'admirable portrait de groupe qui décore le Rijks-museum fut cité par David et Reynolds comme le chef-d'œuvre de l'école hollandaise. Il s'agit ensuite d'un fort beau paysage du peintre harlemois Wynants, un des premiers qui s'adonnèrent exclusivement au genre paysagiste auquel il fit faire un progrès marquant. M. Fester, trésorier, fait part de la situation financière. Cette situation est peu brillante — ce qui est tout à l'honneur de la société, hâtons-nous de le dire ! En effet, l'achat du Van der Helst et du Wynants a absorbé la somme de 27,500 francs et Artibus Patriae a dû s'endetter à cet effet. Il convient donc de faire un pressant appel à tous les citoyens généreux qui ont à cœur nos intérêts intellectuels et moraux.HORS ANVERS Les héritiers américains sont dans la joie. L'Amérique avait fait une telle consommation de porteurs de grands noms anglais que le stock en était complètement épuisé ; il vient de se renouveler, tout un lot de lords venant d'atteindre leur majorité. Les journaux anglais afin que nulle n'en ignore viennent d en publier la liste complète. Pour peu que les Gaity girls en laissent il y aura bientôt quelques tilles de roi — de rois du porc salé ou autre denrée — qui ne croiront pas déchoir en briguant une couronne ducale, voire comtale. « » » Si vous voulez écrire en bon français et ne jamais prêter aux critiques des aris-tarques, suivez les conseils longuement mûris de l'Académie Française, consultez son Dictionnaire. Se» définitions sont les seules bonnes et ne craignent pas la concurrence. Vou-lez-vous «avoir ce que c'est exactement qu'une patte ? Lisez : " Patte. Se dit du pied des animaux quadrupèdes qui ont des doigt, des ongles ou des griffes et de celui des oiseaux, à l'exception des oiseaux de proie- Ex. : les jambes d'une autruche ! Pourtant, Maurice Donnay n'était pas encore de l'Académie. * * * Dans la poétique avenue de Berlin, Unter den Linden, vient de s'ouvrir une agence matrimoniale des plus modernes. Aux murs de vastes salles, claires et pimpantes, s'alignent des milliers de photographies : la sincère épreuve d'amateur y voisine — avec la savante épreuve du grand amateur. Ce sont les portraits des Gretchen, des Lisbeth, des Ena qui voudraient trouver un partenaire pour cueillir la petite fleur bleue. Quelques lignes placées au bas de chaque portrait donnent des précisions sur la dot de l'original ce qui n'est pas sans intérêt même pour celui qui cherche une âme sœur. ■jt * * Le second fils du tsar Ferdinand de Bulgarie porte le titré de prince de Presla, mais ses camarades l'appellent Cyrille tout court. Il a dix-huit ans et fait le désespoir de son père. Le jeune homme est la terreur du palais de âofia, car il imagine toutes sortes de niches desagréables pour les dames de la Cour. Le palais donne sur une rue étroite et paisible. Le prince se poste aux fenêtres et, armé d'une seringue, asperge les passants. Ces jours-ci, la femme d'un officier fut la victime de cette farce. La pluie improvisée abîma la riche toilette qu'elle avait mise pour rendre visite à la reine. Plainte fut adressée au roi qui punit le délinquant en lui infligeant quinze jours d'arrêt et en le privant de son sabre pour toute la duree de 1 expiation. Le coupable fit des excuses, exprima des regrets, et recommença le lendemain- Les Bulgares lui pardonnent ces espiègleries qu ils mettent sur le compte de ia jeunesse, mais le tsar Ferdinand est fort inquiet de l'avenir de son fils. ££ £££ ££££££&££ Le Courrier à paris POUR LiAfiTr Nous allons avoir, le 24 janvier, au Samedi de poésie du théâtre Antoine, - tmo belle bata:lle avec 1' " Eclaiiroie la pièce1 de MM. Hen~y de Forge ot Berteaux. musique de M. Jéan NoUguès. On n'a pas oublié le9 violentes polémiques qui accueillirent la- " Danseuse de Pompéi La critique fut particulièrement dure pour celui qui avait cependant écrit " Chiquito " et n Quo Vadis M. Nouguès veut rispofter par une oeuvre d'un genre tout nouveau. Et lui qui. après lee attaques contre la " Danseuse de Pompéi " -«efusa de convier la oritique à 1' " Aigle demandera au contraire que 1' '• Eclai'rcie " eo:t loyalement entendue-D'ailleurs, par son sujet même, tout différent, paraît-il, de ce qu'on-est habitué à voir au-théâtre I pl par la personnalité des auteurs du livre, dont l'un est rédacteur en chef de " Fanta«io " et l'autre secrétaire de M. Jacquier, la bataille vaut la peine d'être livrée. Mais verrons-nous une soirée héroïque où l'on se batura un peu ? A LA COMEDIE FRANÇAISE. Parmi les engagements nouveaux, il faut citer d'abord celui de M. Gappellani qui entrera dan# la Maison a<u mois d'octobre prochain. Mentionnons feiioore celui de M. Denis d'Inès, de l'Odéon, Enfin, malgré les démentis officiels, il reste probable que M. Le Bargy reviendra, rue Richelieu, aveo le répertoire de M- Lavedan et apportera à la Comédie-Française "Cyrano de Bergerac". Ce;te nouvelle est peut-être plus p"ès de se 'réaliser que l'on ne dit. Me Albert Clemenceau, avocat de M Le Bargy. n'estri] pas venu s'entretenir à ce sujet avec M. Albert Carré avant l'entrée en séanco du Comité ? Me Clemenoeau a tant d'influence eur les ministres en ce moment. Ce Courrier à Bruxelles ERREUR SUR LA PERSONNE. On a invité à un» noce Mlle V..e, une aimable et spirituelle airtisie, mai» fort distraite; elle a horreur .du monde, n'y /a. jamais, et volontairement l'ignore. Mais, cette foi», elle a bien dû accepter : il s'agissait de vieux amis qu'elle aime beaucoup. Au déjeuner, un déjeuner somptueux, on ne l'a pas *j:op mal placée; elle s'amuse comme quatre «M mange comac six. On passe de la poularde couverte d'une magnifique sauce blanche, et entourée de boules noires qu'elle prend pour de« pruneaux : " Des pruneaux avec du poulet, c'est drôle, se dit-elle. Mais j'adore les pruneaux ! " Et .voilà qu'elle empile sur eon assiette une quantité de oes boules noires. " Eh bien ! mademoiselle, vous aimez les tru?_ fes ? lui dit son voisin. — Ah ! c'est ça des truffes î et moi qui croyais que o'étaient des pruneaux 1 Je trouve ça bien mauvais. ' Voici qu'on passe du Champagne. Le maître d'hôtel, tenant une bouteille dans chaque main, arrive à Mlle V... : " Veuve Cliquot ? dit-il d'un air interrogateur. — Non, Sophio V... dit l'artiste d'un air indigné.Celte fois, toute la table ne put se retenir de ri"to. L'héroïne de l'aventure avait, du reste, donné le " la CALERIE CiaOUX. Le peint"e Willem Paerels exposera à la Galerie Giroux, 26. rue Royale, du 15 janvier au 1er février. LE SALON. La carrosserie Van den Plas expos* les dernières créations dans ses stands et dans ceux det plus Importantes usines d'automobiles beiges et étrangères. Aux Variétés EDUCATION DË PRINCE Le programme de cette semaine se compose d'une brillante série de représentations extraordinaires les vendredi 16, samedi 17 et dimanche 18 janvier de Education de Prince. La célèbre et capiteuse pièce en 4 actes de M. Maur. Donnay, de l'Académie Française sera donnée avec le concours de Mme O. Jane Ziziane. On sait que sous ce pseudonyme se cache le nom d'une grande mondaine russe. Les costumes que celle-ci portera seront signés les uns Hubert-Moriss, de l'avenue des Champs Elysées, à Paris, les autres (la toilette de dîner et le manteau royal) de la Maison Léonie, boulevard Montparnasse. Ses chapeaux seront de la Maison Lewis. LA PRINCESSE 1IZIANOFF, Le 3me acte, celui du festin chez le prince de Silistrie, servira de prétexte à un délicieux intermède pendant lequel une danseuse de l'Ecole Impériale de Danse de Moscou, Mlle Elly Tscheroff, accompagnée au piano par M. Paul Daubry, scandera des danses, russes et géorgiennes; d'autre part, Mlle Dolly Stell et M. Albert Lévy danseront un tango mondain, accompagnés par le fameux orchestre tzigane Sgaloiroff. Le prix des places habituel est maintenu mais les cartes de famille ne seront pas valables pour ces représentations- Le dimanche 18 janvier, le spectacle commencera à 6 1 /2 heures très précises, par la Dame et le Fou, pièce en un acte de Mlle Clémence Van Malderghem, et M. de Tallenay- Les autres jours, le rideau se lèvera à 8 I /2 heures très précises. Voici, sommairement narré, le sujet d' Education de Prince: La reine de Silistrie, dont M. Maurice Donnay a dressé le portrait familier, est une ancienne chanteuse de théâtre de Prague, qui s'est enflammée d'amour, un soir, chantant Carmen, pour le roi Bogi-dar, qui assistait, d'une avant-scène, à la représentation. La chanteuse a lancé un bouquet au roi, et c'est à la suite de cette déclaration qu'elle a été épousée et sacrée reine. Notre temps a connu quelques faits-divers du même ordre, et l'auteur d'Education de Prince pouvait prendre là un point de départ pour la comédie ultra-légère qu'il rattache au cycle d'aventures des rois en exil ouvert par Voltaire et si brillamment continué par Alphonse Daudet, car la reine de Silistrie est une reine en exil, une reine veuve et belle-mère... Bogidar est mort, elle a été détrônée et elle est venue vivre à Paris avec le fils d'un premier lit de Bogidar, le jeune prince Alexandre, ou Sacha. Elle comprend ses devoir de reine avec son ancienne désinvolture de chanteuse amoureuse. Elle estime qu'elle doit émanciper Sacha, et lorsque le rideau se lève, nous ass.stons à une petite révolution de palais, le remplacement du précepteur, le solennel M. de Roncevol, par un personnage plus moderne, M. Cercleux, suffisamment et commodément défini par son nom. Il s'agit de déniaiser et de lancer le prince, de faire de lui un parfait rasta-quouère de boulevard, de petits théâtres, de restaurants nocturnes, de courses, de bains de mer et de boudoirs de filles.C'est là tout le sujet de la pièce ; mais si le plat manque de substance il y a des sauces, il y a dès piments; l'ensemble constitue un spe^acle d'une drôlerie piquante, qui ne lai ira pas d'exciter une vive curiosité, f-. Raoul Pugno A voir ce gros homme barbu* ce pous-sah à l'air bon enfant, mettre ses énormes mains sur l'ivoire du " Pleyel de concert une frayeur vous prenait: comment ces doigts anneiés de graisse allaient-ils pouvoir se poser sur l'étroite touche et ne pas heurter deux notes à la fois ?•.. Mais, tout de suite, une gamme montait perlée, légère, aérienne, d'une justesse et d'une sonorité exquises et l'enchantement commençait... C'était aux plus tendres, aux plus gracieux et aux plus romantiques des musiciens que Raoul Pugno prêtait la séduction d'un jeu plein de liberté et de tendresse. Rien dans ce jeu de la virtuosité déroutante et de la pureté un peu sèche d'un Diémer, de la science classique d'un Risler, de l'acrobatie mécanique d'un Saiier; mais quelque chose de délicat et de fin, où l'on sentait monter l'âme. 11 n' " attaquait " pas la touche avec l'intrépidité provocante de Rosenthal ; bien moins soucieux d'émerveiller par les tours de force d'un mécanisme intrépide que de rendre toutes les suggestions de la musique, il jouait près du clavier et comme d'une façon caressante... 44 Prenez la note par le gras du doigt ", disait-il souvent à ses élèves, et il obtenait ainsi un touché ouaté* plein de délicatesse... Telle était la technique séduisante qu'il apportait à l'interprétation de Chopin, de Schumann et de ce Grieg dont il révéla les œuvres au public des Concerts. On lui reprocha maintes fois la monotonie de ses programmes, en ce qu'il ne servit jamais que cette famille de musiciens sensibles : c'est que Pugno n'était pas seulement un 44 virtuose ", surtout soucieux d'imposer sa propre manière aux œuvres qu'il interprète et de s'y révéler original, au risque de les déformer, mais un artiste qui allait d'instinct aux œuvres qui étaient accordées à son âme-.. Aussi nous en donna-t-il les exécutions les plus intimes et les plus vraies. Sa vie fut celle de la plupart des pianistes ! 11 fut — naturellement — un prodige... A neuf ans, il monta pour la première fois sur 1 estrade; lorsqu'il mourut — à soixante et plus — il allait donner une suite de concerts en Russie. Il fut entouré et choyé comme ces êtres qu un don étrange et merveilleux favorise, qu'il soit calculateur, pianiste, ou acrobate... Un monsieur qui " fait ses doigts " huit heures par jour, puis dans une courte soirée dispense l'enchantement mystérieux des sons, est un " phénomène " qui donne à maintes jeunes filles et même à quelques jeunes hommes de singulières ambitions... Combien, après l'avoir entendu, ont rêvé de paraître, quelques jour, sur une estrade et de " jouer avec orchestre " ce qui dans la vie d'un virtuose est à peu près équivalent au ' ' championnat du monde pour un boxeur... Hélas ! le plus souvent, après avoir connu la courte gloire des concours des prix et donné quelque obscur " récital ", leur destinée s'achève dans l'ingrate besogne du professorat de piano, aux "cachets" misérables. Raoul Pugno éprouva tous les enivrements de ce succès sans mesure qu'on accorde à la virtuosité : il n'y perdit point le sens de la musique. La recherche de l'effet " pianistique qui commanda toute la fantaisie arpégée d'un Li«tz et dépare d affublements superflus les compositions les plus émouvantes d'un Chopin, ne lui semblait pas comme à tant d'autres " virtuoses " à la fin de l'art. Ce pianiste fut d'abord un musicien. A ses élèves, il enseigna le mépris de la facilité- Les quelques pages où il fixa sa propre inspiration sont d'une qualité très fine. Avec Mlle Nadia Boulanger, il avait écrit naguère sur la Ville Morte de d'Annunzio une partition d'un lyrisme authentique. Cet artiste, qui illustra l'écoiei française du piano, fut aussi un homme de cœur, et nombreux sont ceux-là qui, après avoir reçu de lui les consens les plus précieux pour leur art, éprouvèrent aussi sa bonté. Henri DELAHAYE. Nos Cercles CERCLE UNION DRAMATIQUE. L'Union Dramatique " interprétera au Théâtre Royal, le 3 février, le Bon Juge, un des meilleurs et des plus amusants vaudevilles d'Alexandre Bisson. AU CARDENIA. Un gros succès pour notre grand cercle. Le 20 janvier, les amateurs de la section dramatique, MM. Delersy.Smeysters.Lan-doy, Hollanders, Reinemund, Bastin.

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