Le courrier de Bruxelles

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29 januari 1914
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s.n. 1914, 29 Januari. Le courrier de Bruxelles. Geraadpleegd op 18 april 2024, op https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/nl/pid/rv0cv4d45p/
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Jeudi 29 janvier 19 H, , I ABONNEMENTS s ptun tu «ors îtoisiiis BELGIQUE. . fr. 10.00 5.00 2.60 HOLLANDE. . .î ^ 9,20 9.80 4.80 LUXEMBOURG UNION POSTALE. 30.00 18.00 7.80 j 5 CENTIMES fLttt •uptflianents no sont pas ml» en.ent# TÉLÉPHONE SABLON 178» LE COURRIER DE BRUXELLES Pro aris et focîs 53* annêa. —>N* 29. \ mmm——— " ' m BTJ^IE^TTIX: i A BRUXELLES s 52, rue de la Montagne A PARIS i 30, rue Salnt-Sulpice, 30 5 CENTIMES Lm supplément* ne «ont pas mis en venta TÉLÉPHONÉ SABLON 175» Un peu de philosophie f et de science. 11 ne faut pas abuser de la philosophie H ans les journaux, sous peine de fatiguer les lecteurs. Nous le croyons. Mais une fois n'est pa-s coutume,et le faire en suivant Paul Bourget dont la parole ou la plume sont toujours si intéressantes diminue notre ris-fiue.Essayons donc, comme suite à ce que nous 'disions hier à propos des discoure académiques, de donner quelqu'idée, par des extraits, de ce que Paul Bourget pense de la prétention de la science à suffir aujourd'hui pour expliquer tous les phénomènes de la vie et d-e l'Univers, aussi bien les phénomènes moraux, intellectuels., religieux que les phénomènes physiques, biologiques, zéolo-giques, etc. Le discours de M. Bourget expose d'abord l'erreur fondamentale de cette prétention, et déjà en l'exposant sa réfutation perce et pénètre. Il montre Taine à ses débuts disant: « La science approche enfin, et elle approche do l'homme. Elle a dépassé Te mon-ile visible et palpable des astres, des pierres, des plantes, où, dédaigneusement, on la confinait. C'est à l'âme qu'elle se prend, munie des instruments exacts et perçants dont trois cents ans d'expérience ont prou-Té la justesse et montré la portée. La pensée et son développement, sa structure et ses attaches, ses profondes racines corporelles, sa végétation infinie à traver l'histoire, sa,liante floraison au sommet des choses,voilà maintenant son objet. L'homme est un produit comme toute chose... » « J'ai tesu à citer ce texte,ajoute M.Bour-get, il traduit d'une façon saisissante la portée à la fois et la limitation du Scientisme. C'est une disposition d'esprit qui consiste a étendre aux Sciences morales le principe qui domine les Sciences de la nature, à savoir : «que tout phénomène est déterminé, qu'il a des conditions suffisantes et nécessaires, qu'il disparaîtra quand elles disparaîtront. Ce principe appliqué à la, Physique,à la Chimie, à la Biologie, venait, dans la première moitié du siècle d'engendrer des résultats extraordinaires. Les historiens, les esthéticiens, les moralistes, les écrivains même d'imagination en demeurèrent fascinés. Les uns et les autres crurent qu'en transportant ce principe des Sciences naturelles et leur metho-de dans le domaine de la vie psychologique, ils dégageraient des lois de la même précision. Nous les avons vus transformer la critique en une botanique des esprits, étudier l'histoire des religions comme un entomologiste fait la métamorphose d'un insecte,considérer l'œuvre d'art comme le résidu de la race, du milieu et du moment,inaugurer une poésie d'érudition et d'analyse, procéder dans le roman et dans la comédie,comme défi cliniciens à l'hôpital ». À ces prétentions» de la Science — ou du Scientisme—M.Bourget répond, après avoir signalé la dureté et- le pessimisme de cette doctrine: « Si le monde psychologique, en effet,participe à l'universel déterminisme que le? Sciences positives démêlent dans la nature, sr les phénomènes d'intelligence, de sensibilité, de volonté ne sont qu'une résultante, conditionnée par des groupes de phénomènes antérieurs et ceux-ci par d'autres, indéfiniment, où trouver place pour une personnalité, par suite pour une liberté, pair suite pour une responsabilité 1 Comment différen cier les actes, puisque chacun est égalemeni fatal, étant également déterminé? L'univerf moral, dans une pareille conception, peut-i. être autre chose qu'un épiphénomène, une illusion surajoutée au jeu de l'immense mé canisme cosmique ? J'ai vu Taine, durant ses dernières années, se débattre pathétique ment contre les inévitables conséquences d< ce meurtrier déterminisme. Je l'ai, vu.s'in génier à retrouver cet univers moral, en ca raetérisant les œuvres et les hommes pa leur bienfaisance et leur malfaisance.il m'é ©rivait: « Personnellement, dans mes « 0>ri gines de la France contemporaine », j'a toujours accolé la qualification morale î l'explication psychologique. Mon analysi préalable est toujours rigoureusement dé terministe et ma conclusion terminale es rigoureusement judiciaire... «Judiciaire? Ai bienfaisance et de la ma.lfaisan.ee, pour une activité à laquelle le choix est interdit, et qui n'est qu'un automatisme lucide? La distinction entre le Bien et le Mal suppose que le Bien représente un ordre et le Mal un désordre librement voulus par l'homme; qu'il doit se soumettre à l'un, éviter l'autre.Mais s'il ne le peut pas, il ne le doit pas. Si nos I résolutions ne sont qu'une sonnerie dernière de l'borloge mentale, de quel diroit demanderons-nous à la sonnerie ce qui n'était pas dans, les rouages? L'irritation de Taine contre cette conséquence du Scientisme atteste qu'il en voyait trop bien la logique. » Puis fie tournant vers le nouvel académicien, Après avoir signa-lé le retour de M. Taine à de meilleurs p<rincipe-s philosophiques, M. Bourget ajoute*. « Il ne s'agit pas de nier la Science ni d'en rien rejeter. Elle existe, et indestructible. Nous éprouvons à toute heure,à toute minute, en l'utilisant au service de nos besoins personnels, la certitude de ses lois et leur infaillibilité. Pour vous, qui aviez préparé très sérieusement les examens scientifiques exigés des candidats à l'agrégation de philosophie, cette certitude et cette infaillibilité étaient plus indiscutables encore. Votre frère. Léon Boutroux, l'élève de Pasteur, comme, plus tard, votre admirable beau-frère, Henri Poincaré, ont toujours été là poux vous maintenir dans l'atmosphère et la fa niiliarité du penser scientifique. Le problème, vous l'avez vu dès le premier jour, n'est pas de chercher si la Science, en prenant ce terme dans sa triple signification mathématique, physico-chimique et biologique, méconnaît la réalité, — il est incontestable qu'elle ne la méconnaît pas, — c'est de rechercher si elle l'épuisé. Or, votre expérien ce propre.vous attestait qu'elle ne l'épuisé pas, et qu'il y a des phénomènes d'une qualité telle que les réduire à des lois mathématiques, physiques et biologiques, ce serail les supprimer. Ces phénomènes ont été en registrés, à travers les siècles, par toutes les consciences préoccupées de vie morale. Ain si s'est constituée la tradition philosophique et religieuse. » Assez de philosophie pour aujourd'hui nous y reviendrons avec la permission de'no: lecteurs. Lettre I m iititt 1118 sur la font fis Ifi Je ne te connais ;pas, petite fille ; mais ti me connais. Tu sais que jp passe une par de ma vie avec les héros ot les_ princesse des anciens âges. Tu sais qu7 à certaine heures je converse familièrement avec le Latins, les Grecs, les Egyptiens ou les Hé breux dont l'âme palpite encore aux feuil lets jaunis des vieux livres. C'est vrai. J converse avec eux et ils me content de * belles histoires que j'en oublie le présen et ses multiples infortunes. Tu sais cela. C'est pourquoi tu m'as en voyé ton frère pour me demander un ren geignement. « Comment se nommait la fem me de Noé? » m'a-t-il demandé. Et comm je m'étonnais de cette bizarre question, j : a fallu qu'il m'en expliquât l'origine: J'r donc appris que tu possèdes parmi te jouets une arche admirable, où sont rangé des couples d'animaux domestiques o sauvages, tous les animaux comme dan l'arche historique du déluge, et avec cels lin Noé magnifique vêtu d'un mantea rouge et une femme de Noé non moins ras gninque avec ses parures d'or et de coral Tu sais le nom ae tous les animaux de to arche admirable. Tu sais aussi le nom d Noé, bien entendu. Mais tu ignores le noi de la femme de Noé et tu voudrais^ le coi naître afin de pouvoir à ton aise l'intorpe! 1er, la gronder, la féliciter selon ton capr ce, comme tu fais de toutes tes autres poi pées. Les petites filles d'aujourd'hui sont bie précoces ! Autrefois nous avions aussi des jouet; des polichinelles, des poupées, des arche de Noé. Tous ces personnages nous jetaier dans un émerveillement continuel. Ils v vaient dans un monde de rêve, tout peup1 de miracles et de prodiges, où no us-même participions à de grandes aventures, à d mémorables magies, à de mystérieuses e: péditions. Mais il ne nous déplaisait p* qu'un peu de vague flottât sur tous ces pe sonnages et sur nous-mêmes, comme ur b gaze derrière laquelle s'imprécisaient h » formes et les attitudes. Il nous sembla . que les choses étaient plus belles ainsi. 1 b cela nous permettait de changer plus soi i vent les jeux au gré de notre imaginatioi éléphant ou en grenouille, donnant tour à i tour à nos personnages familiers les noms i les plus étranges et les occupations les plus < contradictoires. t , 1 Toi, petite fille, tu veux plus de preoi- s sion. Serais-tu atteinte déjà du mal du siè- J cle? L'exactitude scientifique en soufflant ] à travers le monde aurait-elle touché ton i esprits Et vas-tu refuser la joie_ claire des i beaux contes et des légendes miraculeuses i pour le souci du petit fait vrai et la scru- < . puleuse observation de la réalité? C'est Oon j pour le savant-, cela. C'est bon pour les be- < nédictins ou les bollandistes de rechercher de pareils documents. Eucore leur recherche sera-t-elle vaine, parce que la Bible ne dit pas le nom de la femme de Noé. Non, la Bible ne le dit pas. i Elle parle pourtant de quelques femmes, de celles qu'une grande vertu ou un grand défaut a fait sortir de l'ombre douce où les i autres ont accompli leur humble destinée. ( Tu connais Eve et son immense curiosité qui nous valut la pomme et le reste. Tu 1 connais la querelle de Sara et d'Agar, la traîtrise de Dalila, la simplicité de Rebec- « ca, l»a douceur de Ruth et de Noémi,^ la ] pudeur de Suzanne, le courage inspiré de Judith et d'Esther, la sagesse de Debora, la beauté de Racliel, l'impiété de Jézabel. < Tu ne connais pas la femme de Noé. i Pourquoi la Bible n'en parle-t-elle^ pas ? Pourquoi? Je l'ignore, mais il me plaît de ; l'imaginer et l'imaginant il me plaît de te dire ce que j'imagine. _ ' La femme de Noé était une bonne fem- : me. De même que son mari était un homme ] juste, intègre parmi les hommes de son 1 temps et marchant avec Dieu, sa femme valait par sa douceur, sa sagesse et sa simplicité. Il lui suffisait de se rendre utile à son mari et à ses enfants, de garder vivante la flamme du foyer, s'entremettant | parfois pour calmer les colères des^ hommes contre les enfants corrompus du siècle. Elle avait de l'ordre et de la patience. Il lui en fallut quand elle tint son ménage dans l'ar-, che pendant quarante jours et quarante ' nuits, au milieu d'une si grande quantité , d'animaux de toute espèce. Il ne semble pas que Noé en ait souffert, ni ses fils, ni les femmes de ses fils et il faut bien que quelqu'un ait pris soin de tout ordonner. | Quand l'arche fut redescendue sur la terre ; renouvelée et que la vie des plantes et des animaux recommença sous la promesse de l'arc-en-ciel, elle ne conçut point d'orgueil de participer à des événements de cette importance, mais elle reprit aussi sa vie humble et utile auprès du patriarche, heureuse de la fécondité de la terre et de voir les enfants de ses enfants se multiplier sous la bénédiction du ciel. ' On dit, petite fille, que les peuples heureux n'ont pas d'iiistoire. Les femmes heu-1 reuses non plus n'ont pas d'histoire: Et £ c'est pourquoi la Bible ne donne pas le nom 3 de la femme de Noé. Elle vécut sans glçn-s ve, contente d'un petit idéal. Mais que a l'idéal soit grand ou qu'il soit, petit, cela " n'importe pas. Ce qui importe, c'est de " réaliser son idéal et de le réaliser chaque ? jour dans la continuité de l'effort, malgré 1 les défaillances de la nature, et peut-être ^ aussi et fcurtout malgré les appels lointains vers des tâches glorieuses mais qui sont en " dehors du devoir imposé. Maintenant si tu veux tout de même don-~ ner un nom à la femme de Noé, afin que tu ® puisses à ton aise l'interpeller, la gron-! der, la congratuler, donne-lui le nom que tu voudras. Appelle-la Rachel, Lia, Michol s où Sephora. Et n'oublie pas tous les soirs s de bien ranger tous les animaux de ton Ll arche, deux par deux, selon l'espèce et le 6 rang S'il y avait quelque désordre c'est ■> la femme de Noé qui te gronderait te len-a demain. E. D, l Un scandale clérical qui s'évanouit. i- Au commencement de ce mois, le « Journal », le « Matin » et le « Petit Parisien », n emboîtant le pas derrière le « Progrès du Loiret », petite feuille bloearde d'Orléans, ;, firent grand bruit autour d'une arrestation s sensationnelle à Olivet. t Tous les grands jeux furent tirés : sé-l- questration — tortionnaires — victimes — é martyre — infect taudis ! Les détails • les plus invraisemblables et les plus fantai&is-e tes furent donnés.On s'efforça même dere-:- jeter tou tl'odieux du crime sur la religion, .s Pensez donc : on avait trouvé dans la mai-> son de nombreux crucifix. Et les accusés e avaient assisté à la messe le jour de Noël ! >s Qu'y avait-il là-dessous? Ceci tout sim-j it plement : une pauvre fille naine, affligée1 ;t d'un eczéma et qui, pour échapper à la cui-i- santé douleur de se gratter plus à son aise, j, allait se réfugier dans la grange et y pas- rère auraient pu et dû empêcher de telles mprudences par les nuits froides que nous i.vons subies. Ils auraient pu et dû traiter a petite naine avec plus de soins et au be-oin la placer dans une maison hospitalière, is ont eu tort. Mais cela ne mérite pas la >eine de mort ( !) que requérait le procu-eur de la République Gauthier. Mais cela te justifie pas les abominables calomnies çpandues par la presse. Mais cela ne légitime pas les attaques odieuses contre la •eligion auxquelles certaines feuilles se ont livrées. De fait, il est certain aujourd'hui : Que la naine ne se plaint de rien ; Qu'elle est parfaitement saine d'esprit ; Qu'elle ne porte aucune trace de mauvais traitements; Qu'elle nie avoir jamais été enchaînée ; Que la chaîne photographiée par les jour-taux a été achetée chez un quincaillier l'Orléans; Que Mme veuve Dura n'a jamais été de a Confrérie des Mères chrétiennes ; Que lia chambre des mises en accusation a >rdonné samedi soir l'élargissement des ïrévenus ; Il est non moins certain : Que le procureur de la République a :ommis dans sa procédure des erreurs qui ;ont des nullités et s'est conduit envers Mme Dura — âgée de 68 ans — avec une possièreté répugnante . Que les journalistes ont agi avec un sans-jêne scandaleux, faisant boire plus que de •aison un individu qu'ils voulaient faire varier, et racontant tout avec un grossissement voulu. .(« La Croix »). « D'un article puiblié dians le « Temps » par M. Gaston Desdiam-psj nous extrayons le récit q.ui va suivre : On crovait à la bonté foncière de l'hom-ûie, aux bienfaits de la sauvagerie,aux grâces de la barbarie ancestrale. Et pourtant, bii 1644, sur les bords du lac Champlain, le P. Bressani fut martyrisé par les Peaux-Rouges. « Ses persécuteurs lui fendirent la main entre le quatrième et le cinquième; doigit; puis il fut battu à coups de bâton, jusqu'à être couvert de sang... Chaque soir, un chef parcourait le campement en criant: « Allons, enfants, venez caresser vos prisonniers ». La gent sauvage se précipitait alors vers la hutte où gisaient les captifs;, ils enlevaient les fragments de soutane déchirée qui, seuls, recouvraient le missionnaire; ils le brûlaient avec des pierres roupies et des charbons ardents, le forçaient a marcher sur des cendres brûlantes, rôtissaient tantôt un ongle et tantôt une phalange, réservant leurs plaisirs pour eai retrouver le lendemain; ces infamies se prolongeaient jusque vers deux heures du matin ; après quoi on laissait le malheureux par terre, fortement attaché à quatre poteaux, ayant à peine un morceau de peau de daim pour se couvrir ». Le P. Bressani, ayant survécu,on ne sait comment, à ces odieux traitements, disait avec douceur : — Je n'aurais jamais cru que l'homme eût la vie si dure. L'apôtre des Iroquois, le révérend père Jogues, fut moins heureux. Emmené en captivité par une bande qui le guettait, lui et son compagnon Lalande, aux environs du fort Richelieu, il fut attaché au poteau de torture. Un sauvage lui mordit aux bras, au dios. aux jambes, en disant : — Voyons si cette chair blanche est une chair de manitou. --Non, répondit le martyr, avec une admirable sérénité. Je suis un homme comme vous; mais je ne crains ni la mort ni les tourments... Craignez les châtiments du maître de la vie. Le lendemain on vint le détacher du poteau, sous prétexte de l'inviter à une fête de famille, sous la tente d'un chef qu'on avait surnommé l'Ours. A peine était-il entré dans l'enclos réservé au festin, qu'on le frappa d'un coup de hache. Ce courageux Français expiira sans faire entendre une seule plainte. Avant de partir pour sa mission, il avait adressé à un de ses amis cet adieu touchant : « Ibo et non redibo. Mais je serais heureux si le Seigneur voulait -achever le sacrifice là où il a commencé... » Eevue d.e la Presse o L'élection d'Amiloare Cipriani. — Du correspondant de Rome du « Temps » r L'élection de Cipriani prend une importance do premier plan. Tous les journaux y consacrent de nombreux articles, les uns tentant d'en diminuer la signification, d'autres l'exaltant, fl'nmtrAs prrfiii «s&a.vanfc d'on tiroj- ime leçon pour l'avenir. Tous reconnaissent implicitement que le résultat a dépassé l'espérance des social-listes et la crainte de leurs adversaires et qiVil faut tenir compte de cette indication. Voici un spécimen des réflexions de presse: Le « Corriere d'Italia » estime tqaie cette élection offre à la tendance insurrectionnelle du parti socialiste une occasion unique pour accentuer l'orientation du parti vers Intransigeance la pins active. Le « Popolo romano », organe gouvernemental, écrit: Cette élection ne peut manquer de produire une impression peu favorable parce que le succès de M. Cipriani avec un nombre important de voix démontre comment, dans les classes populaires des grands centres, spécialement dans la capitale de la Lomhardie, légion qui compte parmi les plus riches en ressources et les plus laborieuses de l'Italie, la perversion du sens et de la conscience politiques va ^'étendant. On est particulièrement préooentpé dea conséquences futures de cette élection. Si Cipriani vient à Milan et à Rome il sera l'objet de ma^ nif estât ions enthousiastes ; s'il va à la Chambre, que fera-t-elle? Si on invalide Cipriani, il sera certainement réélu et l'agitation continuera en croissant non seulement à Milan, mais dans toutes les villes socialistes. S'il est validé dans le Parlement, il faudra une loi nouvelle ou nue application nouvelle de la loi ; or toute modification faite en faveur de Cipriani sera «ipso facto» valable pour l'ancien ministre Nasi, inéligible par suite d'une condamnation et toujours obstinément réélu par ses coirapati-iotec. De telle sorte que si la Chambre invalide l'un et l'autre on ara denx points d'agitation populaire. Milan et la Sicile. Tandis que si la Chambre valide Cipriani, elle validera également Nasi, dont .l'élection est actuellement contestée, comme toujours. Ainsi ce dernier est en passe de rentrer à Montecitori grâce aux socialistes qui jusqu'à maintenant ont "tout fait pour l'en empêcher. La. politique, comme l'Histoire, a d# plaisantes ironies. Alliance libérale - chrétienne ! — Nous avons dit qu'un échevin libéral de Rotterdam a émis l'idée de former^ aux élections communales, une liste chrétienne-libérale, dans le but de combattre l'influence du Socialisme. Le « Nieuwe Rotterdamsche Courant » appuie cette initiative. Le « Rotterdammèr » organe anti-révolutionnaire (protestants croyants) vient clé faire connaître son opinion sur la proposition de M. de Jong. Il dit notamment: Le parti anti-révolutionnaire n'est pas seulement un -^irti anti-socialiste. Nous combattons le libéralisme, aussi bien que le socialisme. Les libéraux veulent faire pénétrer leurs principes dans la vie publique : il faut que nous nous opposions à cette tentative. Nous savons que la lutte politique est moins âpre sur le terrain communal; il n'en est pas moins vrai que M. Hollander, conseiller communal, a déclaré au récent Congrès lifbéral qu'il est urgent d'élaborer un programme libéral" au point do vue communal.D'après nous, il faut que nous luttions sons notro étendard. La conclusion d'une alliance avec les libéraux aurait pour effet de paralyser les forces dont nous disposons. Dans tous les domaines de la vie publique, il faut que notre devise soit: « L'Evangile contre la révolution. » Petite Chronique Le courage d'un prêtre. — Le maire et le conseil municipal de Navalcàn,clans la province de Tolède, viennent d'écrire une lettre à S. Gr. Mgr l'évêque d'Avila, pour le remercier et le féliciter d'avoir confié leur paroisse à M. l'abbé Nicanor May oral. Celui-ci, aidé du médecin, a, en effet, accompli un acte héroïque en portant sur ses épaules, durant deux kilomètres, jusqu'au cimetière, un homme de soixante-cinq ans, mort do la variole hémorragique. Ces deux héros ont ensuite creusé eux-mêmes la fosse et ont enseveli le cadavre.A la suite de ses efforts, l'abbé Mayoral s'est démis un bras. Son acto est d'autant plus méritoire que nul dans le pays, malgré la promesse d'une forte récompense, n'avait voulu se charger de cette tâche. Le maire termine en rendant hommage au zèle de son pasteur, qui ne marchande pas ses soins au village ; il est heureux de constater que les habitants, reconnaissants, sont revenus aux pratiques chrétiennes.I/ivrognc et ïe P. Balteinveek. — Feu le Père Baltenweck, aumônier de la chapelle de Notre-Dame de Sogelbach, près de Col-rnar, rencontrant un jour un marchand de balais, pris de boisson, lui dit : « Mais, Toni, je vous avais si souvent dit que la boisson était votre plus terrible ennemie et vous voila encore ivre! » L'ivrogne répondit : « Mon Père, l'autre dimanche vous nous expliquiez au sermon qu'il fallait aimei nos ennemis. — Oui, oui, riposta le Père Baltenweck. l'Evangile nous dit qu'il faut les aimer, mais non pas les avaler 1 » LA VILLE La Société Scientifique de Bruxelles tien--dra sa prochaine session à Bruxelles, le jeudi 29 janvier 1914. L'assemblée générale de l'après-midi commencera à 2 h. 30 ; elle aura lieu au local « Patria », 23, rue du Marais. M. Emile Harmant-,#ingénieur, fera une conférence sur le chemin de fer du Loetsch.-berg au point de vue des intérêts belges.; Son origine, sa construction, son exploitation et ses premiers résultats. Cette conférence sera accompagnée de projections. La participation du gouvernement aux fêtes de l'inauguration du canal maritime a été annoncée aux organisateurs. Le gouvernement accorde les subsides sollicités, et, dès à présent, M. le ministre de l'intérieur s'occupe de la part qui lui incombe dans l'organisation de^ ces fêtes. Celles-ci auront lieu, très vraisemblablement au mois de juin, comme nous l'avons annoncé plusieurs fois. La Hollande prendra- une part importante aux cérémonies qui au-< ront lieu à cette occasion. Une conférence d'actualité. — Jeudi 29, à 8 h. 30 du soir, au Cercle « Union et Travail », rue Brialmont, 11, le R. P. de Fa-ria Barros, S. J., ancien recteur du Collège de Campolide à Lisbonne, parlera du Portugal d'autrefois et du Portugal d'aujourd'hui. Il y aura des projections. » ». Pour les aviculteurs. — Les 21, 22, 23 et 25 février prochains aura lieu, au Palais du Cinquantenaire à Bruxelles, la grande exposition annuelle de volailles, pigeons, faisans, oies, canards, lapins, oiseaux, vorr lailles tuées, œufs, matériel d'élevage,etc., organisée par la société royale : « Les Aviculteurs belges », sous le haut patronage de S. M. le Roi et du Gouvernement. Ceux de nos lecteurs qui désireraient participer à l'un^ ou l'autre des concours ouverts à l'occasion de cette exposition, pourront obtenir tous les renseignements, ainsi que le règlement-programme en s'a-dressant, par écrit, au secrétariat de la Société Royale : 26, avenue des Rogations, à Bruxelles. Ces divers concours sont dotés de plusieurs milliers de francs de prix; ils s'adressent tant aux amateurs qu'aux industriels et aux éleveurs de profession. Un concours d'élevage industriel est réservé aux établissements avicoles, fermiers et petits exploitants se livrant habituellement; à l'aviculture économique (condition affirmée par certificat communal). La ^clôture des inscriptions, est fixée au 2 février. Etat civil de Bruxelles. — Du 11 au 17 janvier, 62 naissances et 55 décès ont été constatés dans la population bruxelloise, fioit une natalité de 18.3 et une mortalité de 16.3 pour 1000 habitants. La moyenne annuelle de la semaine correspondante de la période 1909-1913 a été de GO naissances et de 54 décès. Le groupe des maladies con-gieuses a fait 2 victimes : fièvre typhoïde, 1 décès ; coqueluche, 1 décès. Les 55 décès se répartissent comme suit au point de vue de l'âge: moins de 1 mois. 1 ; de 1 à moins de 6 mois. 4 ; de 6 à 12 mois, 4; de 1 à 2 ans, 1 ; de 2 à 5 ans, 2; de 5 à 10 ans, 1 ; de 10 à 14 ans, 1 ; de 15 à 20 ans, 0 ; de 20 à 30 ans, 1 ; de 30 à 40 ans, 1 ; de 40 à 50 ans, 4 ; de 50 à 60 ans; 8: de 60 à 70,ans, 8 ; de 70 à 80 ans, 11; de 80 anB et au delà, 8. Pour les faubourgs do I'agglomération bruxelloise, le total des naissances a été de 184 et celui des décès» de 132, soit une natalité de 16.2 et une mortalité de 11.6 par 1000 habitants. La moyenne annuelle de la semaine correspondante de la période 1909-1913 a été de 184 naissances et de 138 décès. Le groupe des maladies contagieuses a fait 3 victimes scarlatine, 1 à Jette-Saint-Pierre, diphtérie et croup, 1 à Molenbeek-Saint-Jean, et 1 à Watermael-Boitsfort.Les 132 décès se répartissent comme suit au point de vue de l'âge, moins do 1 mois, 4 ; de 1 à moins de 6 mois, 3 . do 6 à 12 mois, 10 ; de 1 à 2 ans, 8 ; de 2 à 5 ans, 8; de 5 à 10 ans, 9 ; de 10 à 20 ans, 10 ; de 20 à 30 ans, 11 ; de 30 à 40 ans, 12; de 40 à 50 ans, 9 ; de 50 à 60 ans, 14 ; de 60 à 70 ans, 15 : de 70 à 80 ans, 11 ; de 80 ans et au delà, 8. Pour l'ensemble de l'agglomération bruxelloise (Bruxelles et faubourgs), le taux correspondant sur 1000 habitants a été de 16.7 pour la natalité et de 12.7 pour la mortalité. nom de quoi ? Quelle sera la mesure de 1 FEUILLETON DU 29 JANVIER 1914. il AU SOLEIL G0UCHAN1 par ï\Xatliilcle ^Vlanic. — Pauvre petite! soupira-t-il, en lissar l'étroit gant de Suède. J'ai deviné voti trouble dès le premier jourl Je connais j bien ces indices! Je ne m'y trompe jamais Trop de fois, j'ai pu les observer, dans ] cours de ma vie! Et j'ai tant eouftert^ ave cette sensibilité aiguë qui me vaut just ment les sympathies féminines, j'ai tar souffert du mal que je faisais, m aigre moi !. Aux premiers mots, la jeune _ fille ava sursauté, comme si un pavé lui frôlait i tête... Puis, une envie cle^ rire nerveuse li chatouilla la gorge... Quoi! cet homme m; lingre et laid, qu'elle gratifiait de sa cor passion, se croyait un bourreau d'âmes, i: élu irrésistible de l'amour fatal!... Le c mi que de la situation dissipa son émoi. I une seconde, arguments sérieux, raisons se: timentales, tout fut oublié... Et, la mali< de son âge réveillée, Nivette ne songea pli qu'à s'amuser de cette expérience. — Mais! vous, je ne veux pas que voi souffriez ! poursuivi M. Graneau, en tap tant la petite main qui se débattait. Yoi m'avez touché. Je sens en vous la femme q' saura me comprendre. Et nous serons he reux, n'est-ce pas, chérie? Certain de la réponse qu'il devait obt nir, il ne pressa pas la jeune fille de l'expi mer. Mais, se rapprochant encore, il ch' chota avec mystère : — Seulement..., Mme Alibert vcrra-t-el ce bonheur 5ans en prendre ombrage?... 2 n'ai pu m'abuser... Déjà, à Paris, je m'éta aperçu de l'impression produite... Pui quelle attirance l'amena à Malvaux?. Pourquoi ces allusions constantes à la tri i nous mewimoi'pnosa.nx on cnevai, en roi, en ■ ——■——— " ' a»»"* tesse de l'isolement?... Pauvre femme ! Je la ï vénère et je l'affectionne... Mais v.us êtes là, vous, avec le charme victorieux de votre rcœur timide... Néanmoins, j'ai une peur terrible de la froisser... Pauvre Madone ! Quelles illusions avait-elle innocemment engendrées ! Geneviève serra les lèvres... Mais la grimace du fou rire comprimé ressemble, heureusement, à fc uns contraction larmoyrnte. M. Graneau s'y e méprit.. Et, onctueux comme un docteur qui ji console un enfant malade : j — Ne vous effrayez pas ! Avec un peu d'a-é dresse, nous arrangerons tout. Laissez-moi ,c profiter de mon ascendant sur votre émi î- nente amie... Privés du concours de son af-fection, nous ne pourrions unir nos destinées. Bon gré, mal erré, il faut envisager le it côté matériel de l'existence. Sans fortune, a vous dépendez entièrement de votre protec-n trice... Je la déciderai à venir vivre avec 1- vous. Ainsi, bien des questions mesquines 1- seront évitées. Par ses relations, Mme Ali-n bert m'ouvrira facilement le chemin de Par > ris... Il me tarde d'y arriver pour donner ma n mesure ...Patience donc! petite Nivette!... Ne sera-t-il pas délicieux de s'aimer un peu :e en secret?... ïe — Combien délicieux ! pensa Geneviève gouailleuse, et s'écartant légèrement. Un fat 18 doublé d'un arriviste!... Quel séductionnant d- amoureux! is Maintenant que M. Graneau ne lui impoli sait plus, elle se sentait un sang-froid éton-,1- nant. Il lui semblait jouer un rôle dans un vaudeville. Et, baissant les yeux pour ne 3- pas voir de trop près la moustache de cliien-i- dent humectée de sueur et le regard en cou 1- lisse s'échappant du binocle, elle dit-, très petite fille, d'un ton modeste et sage : e — Monsieur, vous m'honorez beaucoup... ê Mais jamais je ne consentirai à faire le is moindre tort ou dommage à ma grande et 3, bonne amie. Je ne puis accepter vos hom-.. mages que si je suis bien certaine qu'elle a ?- décliné vos propositions... A elle l'honneur sci id muo. rxùôii 1 u, i» eu AT B—miMIWtl'M WIU IWW—'I HlliMHI.1 il'IIHH Mil. I—ILMLM d'abord, comme il ee doit!... Là-dessus, elle se dressa sur deux petits souliers de toile blanche, qui se mirent er marche, sans laisser à M. Graneau, éperdu le temps de débrouiller ses pensées... D'ail leurs, la valse finie, des groupes rcvenaienl errer sur les remparts, emplissaient les al iées, et le tête à tête fut rompu... — Oh! oh! toucherait-on au dénouement' se dit Mme Alibert, lorsqu'elle vit réappa raître Nivette, rose et souriante d'une joie mystérieuse, et, un peu en arrière, M. Gra neau, méditatif et silencieux. L'air absent et les nombreuses distrac tions du professeur, le reste de la journée confirmaient ces heureux pressentiments Dès qu'elle fut seule en wagon avec sa jeune compagne, Mme Alibert, d'un ton négligent se renseigna. — Eh bien ! as-tu -té satisfaite de ton ci cérone?... Il me semble que le tour de Bios sac a demandé beaucoup de temps... Les yeux de Nivette pétillèrent, et deu^ fossettes se creusèrent dans ses joues. — 11 y avait, beaucoup de choses à expli quer, dit-elle paisible. Et, comme M. Gra néau est très documenté sur tout... La phrase resta un pied en l'air. Mme Ali bert, ayant surpris l'étincelle et le sourir fugitif, n'insista pas : — Ça y est!... Ils en sont aux caohotte ries... C'est parfait 1... IX Le train, bientôt, traversa le viaduc d'o se découvrait Malvaux. Mme Alibert fu surprise de trouver un plaisir presque affec tueux à revoir le frais tableau de la petit ville, penchant ses terrasses vers la rivière Et, sur le chemin de la gare, elle s'étonn. encore de la hâte qui l'aiguillonnait vers s: maison. Hé oui!... le petit logis baroque honni le premier soir, était devenu, peu ; peu, le « chez soi » où l'on 1 entre avec con tentement, l'abri où l'on se détend à l'aise où l'on retrouve ses habitudes et ses rêves Le long de la route même, que de jalons désormais familiers, accrochant des souvenirs... Elle connaissait, à présent, la physionomie de chacune des maisonnettes à claire-voie, et les humbles boutioues, et les balcons, garnis de pots de résédas et de géraniums. Au tournant de la place,_ elle recevait les saluts de la petite mercière et du large aubergiste; le petit Jésus blond du boulanger accourrait vers elle en trébu-, chant. Et, au bout du chemin, n'était-il pas plaisant d'imaginer la porte s'ouvrant triom-. phalement devant la maîtresse, les gaies exclamations d'Adrienne et .de mère Bérot, et ' les transports de Fidèle? , Celui-ci apparat plus tôt, folâtrant sur la place gazonnée avec plusieurs da ses con-' génères. Tout à coup, il perçut l'arrivée des voyageuses, pointa des oreilles, puis galo-. pa, les pattes au ventre. Quels bonds ! Quel délire ! Mme Alibert, ébranlée du choc, reçut : en plein visage la caresse d'une langue humide; son jabot de dentelles ne résista pas . à cette fougueuse accolade. — Mon bon chien ! Tu mfaimes pour de vrai! Je te manquais!... Elle baisa i.vec recueillement, entre les 3 deux yeux, la grosse tête velue. Il était absurde," ce pauvre épagneul, mais il l'avait choisie et la préférait à tout : cela le rendait infiniment cher. Fidèle donnant de la voix et les environnant de gambades insensée13, les deux da-i mes s'avancèrent vers la maison, distante t encore d'une cinquantaine de mètres. Trois - hommes stationnaient devant la porte, 3 non pas des hommes » vulgaires, mais des « messieurs » aux clairs costumes de toile 1 et aux panamas souples. L'un, bien recon-1 naissable' à sa barbe blonde et à son torse I , d'athlète, — le juge de paix, M. Cardemay, ; i surnommé plaisamment par sa femme le « Sa- i - lomon de Malvaux »; l'autre, mince et ner-, veux, guêtré comme un coureur des bois, — . évidemment Michel Dan tin. Mais ce troi sième, qui se présentait de dos, habillé de kaki, et dont la che'velure brune, trèse rase, formait comme un béguin de velours? Nivette poussa un cri : Mcidame ! Maurice, mon frère! Elle filait déjà, avec la mène vélocité que l'épagneul tout à l'heure, les bras ouverts, l'air ébloui, et se pendait, riant et suffoquant, au cou du jeune homme, sans s'occuper des spectateurs. Mme Alibert, peu satisfaite de la surprise, suivait d'un pas^ retenu, le maintien guindé. Mais cette raideur ne déconcerta en rien le fringant petit soldat, trop enchanté de sa fugue pour douter du bon accueil qui lui serait fait. Exultant et enjoué, il s'excusait avec brio de tomber là comme un bolide. Oh! une histoire digne d'un tire-au-flanc !... Une petite bronchite, un capitaine paternel, huit jours de convalescence escamotés... Alors, il était tout simple de faire étape à Malvaux pour emporter à Paris des nouvelles toutes fraîches de la petite.sœur. Malheureusement, Maurice arrivait le matin, après le départ des excursionnistes pour Poitiers. Et il trouvait le domicile bousculé par le branle-bas d'un astiquage général... Mais la Providence, qui veille sur les troupiers, avait permis qu'en débarquant à Malvaux, il s'informât justement de son chemin près de M. Dantin et de M. Cardemay, l'un, propriétaire, l'autre, voisin de Mme Alibert. Une chance !... Ces messieurs, alors, très gentils et très hospitaliers (tiens! au fait! ils venaient de se retirer sans crier gare !), s'étaient ingéniés à consoler le fantassin en détresse... On lui avait prêté des lignes, un bateau... Et ce soir même, sa pêche fournissait le plat cle résistance au dîner. Riche patelin,tout de même, où l'on trouvait des gens si chics et des poissons si confiants ! Il parlait, il parlait avec une volubilité étourdie de gavroche. Sa jeunesse > alerte, sa franchise pétulante ne se laissaient arrêter par aucune barrière. En quelques heu res, ce gamin prime-sautier s'était familiarisé avec le petit monde de Malvaux, empotant d'assaut les sympathies. La marmite renversée chez Mme Alibert, il avait accepté, sans sourciller, de déjeuner à la fortune du pot chez le juge de paix, goûté l'après-midi, du meilleur vin mousseux de M. Dantin père — un vétéran épatant ! — et visitait la scierie en compagnie du fils... Il citait déjà les uns et les autres avec la plus aimable liberté, traitant Mme Cardemay en cousine, Michel Dantin, en ami de collège, et la mère Bérot, comme sa propre nourrice.Comment garder rigueur à ce petit piou-piou au crâne tondu? Mme Alibert elle-même finit par se dérider, quand Maurice, plongeant dans la cuisine d'où s'échappaient un grisillement et une odeur d'huile chaude, rapporta, en grande pompe, un plat enormo de poissons poudrés de farine. — Admirez, avant qu'ils sautent dans la poêle!... N'est-ce pas là une vraie pêche miraculeuse? Me suis-je vanté a tort? Nivette s'ébahit. — Je ne te savais pas ce talent !... C est au régiment que tu l'as acquis? — On utilise ses loisirs ! fit Maurice, très modeste. x Mais, du fourneau, la mere Bérot clamait: — Donnez vite, m'sieu! Vlà l'huile qui bout!... La friture s'installa bientôt glorieusement au centre de la table, dorée, truculente, parfumée. Les convives croouèrent avec entrain les fines perches, les gardons croustillants. Mme Alibert loua hautement le régal, félicitant ces deux ari6tes : le pêcheur et le cordon bleu. Maurice saluait sans per< dre une bouchée. La bonne femme, les deux poings sur les hanches, jubilait. — Ah! c'est vrai qu'y s'entend à la cuisine du poiseon! Mam'selle Hortensc en était comblée par ses neveux, — surtout par M. Michel... C'est un finaud pêcheur, s pas, ra^ieu Maurice?

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Dit item is een uitgave in de reeks Le courrier de Bruxelles behorende tot de categorie Katholieke pers. Uitgegeven in Bruxelles van 1861 tot 1914.

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