Le soir

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19 november 1918
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s.n. 1918, 19 November. Le soir. Geraadpleegd op 29 maart 2024, op https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/nl/pid/9z90863z8q/
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LLi SOIR a été particulière meut frappé par les Allemands, qui lui ont enlevé Ja piesque totalité de son matériel. Des 80 bons de réquisition qu'il a ou devrait avoir en sa possession, "un seul constate l'enièvement de près de 50 moteurs électriques; d'autres de 200,000 kilos de papier, qui ont été pris iiour être livrés aux Journaux censurés. Nous paraîtrons donc jusqu'à nouvel ordre avue des moyens de fortune, Nos lecteurs nous exçusoront. Des mac bines, un outillage complet ont été commandés il y a six mois aux Etats-Unis, et nous permettront de paraître bientôt dans des conditions meilleures que celles de 1014. .1. Les abonnements sont provisoirement suspendus, l'ennemi nous ayant enlevé nos approvisionnements. Ils seront rétablis sous peu, uotre papier' arrivant à la suite de l'armée. Nous déduirons du prix lé l'abonnement nouveau la valeur des mois non servis en 1914. Demandes d'emplois (tari! réduit) . ! . a petites lignes. i.OO Toute ligne en plu* . , , c.4<j Toutes autres rubriques oc annonces commerciales . . . 0.60 Faits Divers (I» partie) * e.oo — (a®* partie) , , _ 5.00 — (3-» partie) ..... * 4.00 •port et Réparations judiciaire* , , , , « 3.00 Nécrologies « ; . — 2.50 Réclames avant l«c tnnoneat — 2.00 Théâtres ®t Spectacles ...... 3.00 Téléph. : Annonces : A 591 — Administ. : A 4738 — Réd. : A 196 et A 3549 Rédaction et Administration : 23, Place de Louvain, Bruxelles. Peux édîtioHs : AB à 2 h. et ES à O S». HOMME AO PEDPLE Ce ne sont pas quelques regrettables et louches défections qui deivent njus empêcher de proclamer que les Belges, en général, ont bien mérité de la Patrie. Ils se sont montrés ce que leurs pères ont été d_n3/ leur glorieuse et séculaire lutte pour la liberté et l'indipendance. Sans hésiter, se sachant d'avance écrasés par la masse et le flot des ennemis, presque sans espoir puisqu'ils ignoraient d'où et si le salut leur viendrait un jour, ils ont fait face au peuple de proie qui se lançait sur eux. D'aucuns ont donné leur vie_; d'autres l'ont offerte, d'autrès encore — et par milliers — ont é té martyrisés ou assassinés et ceux que le sort n'a pas appelé aux lignes de combat ou à la mor. ont offert, en sacrifice sur l'autel pa trial, les souffrances morales et physiques, les humiliations et les privations de ces quatre années de famine et de tyrannie- Mais c'est au peuple avant tout qu'il faut rendre hommage. La seule justice exige que nous lY.dinirions et le remerciions pour la gloire qu'il aura conquise au pays. Sa persévérance dans , l'espoir malgré les défaites et les revers persistants, son abnégation au sein de désillusions chaque jour plus grandes, son attitude grave et narquoise en face "de la misère et fièrement ironique en face de l'oppresseur ont été au-delà de ce qu'on pouvait attendre des hommes. Pour une parole èe lassitude et d'impatience, que de décision . à tout supporter jusqu'à la victoire. Certes, nous avons tous souffert, et rares sont ceux dont la santé ne fut pas ébranlée par de trop longues privations ; mais les conditions' n'étaient pas égales. Nous, nous ayions une source d'énergie et d'endurance qui faisait contrepoids à la dépression inévitable de tant d'événements désastreux ; c'était notre jntellectualité plus développée.Nous savions, nous devinions ou nous pressentions tout au moins qu'il y allait du sort du monde ; que, plus haut que les intérêts économiques, plus haut que les questions de territoires et de dynasties, se jouait le sort même de la civilisation ; que l'enjeu de cette guerre : la liberté humaine, nous y étions tous intéressés, nous qui en savions le prix parce que nous en avions l'usage et la séculaire habitude.Nous savions que les ferments de la réaction, encore vivants après tant de révolutions, s'.ètaient lentement- concentrés chez l'adversaire ; qu'ils y avaient germé et produit cette théorie monstrueuse de mensonge et de cruauté dont .nous allions absorber le fiel et le venin. Npus savions que toutes les acquisitions de l'esprit libre étaient menacées par ses odieux principes de force, et de violence. Nous savions — l'avaient-ils assez publié et proclamé 1 — que les. maîtres, de l'Allemagne tenaient leur peuple pour le premier du monde, le peuple-chef investi par Dieu de la mission d'imposer sa loi de la force à l'univers entier et de réduire à un esclavage encore inconnu chez , nous, les nations qu'il aurait conquises. Nous savions que ces nations c'étaient des provinces de France et d'autres, mais nous savions aussi que c'était la Belgique, la Belgique d'abord et surtout. Nous savions qu'après une guerre triomphante pour l'Allemagne, il ne nous serait resté — à nous f .dèles de l'esprit de liberté — que l'exil seul pour nous soustraire à l'oppression et à la servitude morales. Oui, nous*savions cela, et tout cela nous aidait à supporter les pires souffrances, à nous traîner plus loin encore sur le chemiri des tortures, — parce que, au bout, tout au bout, nous apercevions la petite lueur de la délivrance. Comprendre pourquoi l'on souffre, c'est alléger de moitié la souffrance ; entrevoir le salut, c'est le secret de l'endurance. L'espoir, c'est le phare des jours tristes. Or, au fond de nos cœurs, comme une voix ; prophétique, comme une chanson de route qui soutient et ranime, nous entendions, assourdie, étouffée mais chantante quand même, comme l'écho de l'hymné universel des peuples libres, l'annonce qtie le jour de gloire allait arriver. En un mot, nous prenions conscience du sentiment de patrie, si vague et si terne avant cette guerre ; nous sentions qu'il venait d'être définitivement, irrévocablement consacré par le geste héroïque d'une nation qui préférait l'honneur à la vie. N ous, nous Sentions tout cela ; mais les autres ? Les ouvriers, les humbles er nos frères^ miséreux qui n'ont de ces choses qu'une notion obscure, une conception voilée par l'ignorance ; qui ne pouvaient constater que l'immensité du sacrifice sans entrevoir, ni deviner la grandeur de l'enjeu et là beauté de la cause et dont l'es souffrances physiques, donc plus directement perceptibles étaien. inccn.estable-ment plus lourdes que les nôtres? Ah! Ceux-là ont plus de droits que nous à la reconnaissance de la patrie. Alors qu'ils ignoraient toutes nos bonnes raisons de le faire, ils l'ont protégée, eux, par simple instinct social et national contre la plus monstrueuse ten.ativé qu'un peuple ivre de force, de brutalité et d'esprit de domination, ait encore essayée contre ses voisins. Que de fois j'ai été frappé de la naïveté avec laquelle ils appréciaient l'es événements ; leurs questions étaient d'une simplicité déroutante. Ils ne voyaient tout à fait clair en rien. Souvent même ils raisonnaient mal, mais — et c'est l'essentiel, — ils agissaient bien ; l'instinct collectif leur était un guide suffisant pour les maintenir dans le droit chemin et les immuniser contre l'afflux des théories malfaisantes qui se multipliaient autour d'eux. Aussi bien la Société n'a qu'à s'en prendre à elle-même ; le d :nger, de leur ignorance n'était pas leur fait ; comme c'est à elle de , purifier 1 es cœurs des ferments immoraux, c'était à elle d'éclairer, par son'enseignement, lé cerveau populaire. Or, qu'avait-elle fait pour y jeter l'instinct da devoir, une compréhension saine et utile de l'idée de Patrie, une vue même élémentaire des inté.ê.s primordiaux de l'humanité, de ces intérêts qui — quoi qu'en disent Certains — dominent de très haut les intérêts économiques des groupements sociaux ?; Pourtant, ils ont résisté et, selon le joli mot de l'hutnoriste français, ils ont tenu, les civils. Ils ont même tenu avec élégance, car ce fut un vrai réconfort que de constater l'humour avec lequel ils accueillaient les pires épreuves. .Quelques sarcasmes, un brocard ironique les . remontaient du coup, et. c'était beau de les voir opposer la blague, la bonne blague, cette blague sOUvent héroïque, à la tentation de s'apitoyef sur soi. Même leurs vêtements uses, déchirés, rapiécés en cent endroits et de cent couleurs différentes, vrais habits d'Arlequin de la misère, les laissaient indifférents et bientôt leur arrachaient à eux-mêmes quelques paroles de gaîlé et d'ironie. Il est vrai, il en est qui ont fléchi ; quelques centaines n'ont pu tenir jusqu'au bout; l'ap-pât de hauts salaires et la promesse qu'ils ne travailleraient pas directement pour les besoins Solitaires de l'ennemi lés a fait trébucher, mais 011 n'a pas encore trouvé, de par le monde, un peuple qui fut exclusivement fait de héros 1 D'ailleurs ce-furent avant tout les âmes simples, les esprits faibles qui succombèrent. Dans la plupart des cas qu'il me fut donné d'approfondir, j'ai constaté que ceux qui servaient ainsi dans les rangs ennemie • n'étaient que des êtres inférieurs, frustes, sans instruction ni éducation même élémentaires, des cerveaux obtus,- fermés à tout raisonnements, inaptes à accoupler deux idées et d'en déduire une conviction, en un mot des brutes, assez semblables à celles que nous avons eu en si grand nombre sous les yeux, durant ces quatre années de guerre. Je le répète, s'il peut y avoir une excuse pour eux, c'est leur intellectualité ; leur moralité n'est même pas en cause ; — les notions morales ne pénètrent dans une cervelle que pour autant que celle-ci ait déjà reçu quelques lumières. Non, ce ne furent pas réellement des traîtres ; la trahison implique la conscience de la bassesse de l'action. Ce furent des faibles, des égarés, des inconscients, des irresponsables. Aussi qu'il y a loin entre eux et ceux qui froidement, sciemment, consciemment, après avoir pesé le pour et le contre et avoir mesuré l'opportunité de leur acte, ont mis au service de l'ennemi leur savoir, leurs aptitudes et leurs influences. Ceux-là sont des traîtres dans toute l'acception du terme, traîtres par définition, d'autant plus abjects qu'ils savaient d'avance quels seraient les effets de leur trahison et la démoralisation qu'ils allaient jeter dans les âmes faibles. Pour eux il n'y aura pas assez de mépris, assez de châtiments moraux. Ils ne méritent pas même notre haine, car la haine peut être un sentiment élevé. Et surtout qu'ils ne soient pas pour -nous un sujet d'affliction. La plupart n'étaient que des épaves de la Société, des individus tarés, déjà marqués par l'opinion du sceau de l'infamie.Ah ! les pauvres I Comme ils sont loin et plus bas que les travailleurs égarés 1 Comme ils sont loin surtout de ce peuple, patient} endurant, silencieux, stoïque et héroïque jusqu'à la fin. Jean-Louis. PETITE GAZETTE Ji.a Drancsaeccrs ia reine Elisabeth. Le gouvernement do la République vient de faire remettre le grand c;.rdon de la Légion d'honneur à la reino des Belges, pour sa vaillance et sa bonté admirables, pendant plus de quatre années de guerre. Le prince Léopold est nommé chevalier do la Légion d'honneur, et recevra la Croix de guerre française. * * Au cabinet du Roi. Le baron Roger de Borchgraye, notre ancien ministre à Téhéran, et l'un do nos diplomates les plus distingués, vient d'être choisi par le Roi en. qualité de chef de cabinet, à la place de leu le comte Fritz vanden Sleen. * * * Qui logera nos officiers ? Un appel aux Bruxellois! La ville de Bruxelles invite nos concitoyens qui seraient disposés à donner asile aux officiers de notre armée à, so faire inscrire sans retard, à la salle Gothique de l'Hôtel de ville, de 10 h. du matin à midi, et de 3 à 5 h. de relevée. C'est un honneur que tous les Bruxel'ois voudront s'arracher. # ' * Les boulevards Lemonnier et Jacqmain. Par décision du Conseil communal, le boulevard de la Vanne devient « boulevard Emile • Jacqmain ». et le boulevard du Hainaut, « boulevard Lcmonnisr •>. * # La question du charbon. La Société coopérative des charbonniers bruxellois nous annonce qu'elle a pris toutes les mesures nécessaires pour reprendre contact avec les charbonnages. Les trains des associations charbonnières qui, jusqu'à présent, ont assuré le ravitaillement de la capitale sont dans l'impossibilité de circuler. En attendant la reprise des services, les arrivages seront assurés par des bateaux mis à la disposition de la Société Coopérative et qui font déjà route vers les rivages des Charbonnages. Il y a donc lieu d'espérer que l'émission des bons de charbons momentanément suspendue pourra être reprise très prochainement. D'autre part, nous apprenons de Charleroi que le calme le plus absolu règne dans la région. Le travail reprend partout. Les ouvriers descendent dans tes mines qu'ils avaient désertées de crainte des explosions et dans le but dé participer à la joie générale. * * * Au théâtre de la Monnaie. MM. Maurice Kufferathh et Corneille deTlio-ran, qui fut au front un vaillant carabinier, et aussi, entre deux combats, un chef remarquable,, sollicitent la direction de la Monnaie. En acclamant au fauteuil directorial un maître, les habitués < e notre première scène lyrique acclameront aussi un de nos plus vaillants soldats.* * La phalange du théâtre de la Reine. Là-bas, au front, sous les auspices de la reine deâ Belges, une phalange admirable do musiciens d'élite s'était fondée. Corneille de Thoran, le chef d'orchestre de la Monnaie, l'avait formée et la conduisait. Les Bruxellois apprendront avec plaisir que, dimanche piobablement, le théâtre de la Monnaie rouvrira ses portes, par une audition de ces vaiilauts artistes. Ce sera une primeur sans pareille. * Trésors d'art. Si d'aventure vos pas vous portent vers la place déserte où s'élèvent les bâtiments de la Bibliothèque et du Musée, vous remarquerez que les grandes portes blanches qui d'ordinaire donnent accès à nos collections de peintures modernes sont soigneusement closes. Un petit écriteau apposé sur le panneau principal vous dira que les musées sont fermés pour cause de travaux, et vous vous demanderez avec curiosité quelles réparations 011 exécute, quels aménagements on dispose. Vous vous interrogerez en vain. Le papier vous trompe. Ne le croyez pas, il ment. O11 11e modifie rien aux locaux banals que vous connaissez bien. Ils ont tout simplement une autre appropriation. Ils servent de dépôt. Dans les salles, dans les couloirs, on a accumulé des toiles de toutes dimensions. Il y a là des chef-d'œuvre, des Rubens, des Van Dyck, des Jordaens, des Velasquez, des Wat-teau, des richesses inestimables dont l'énuméra-tion serait trop longue. Ce sont les tableaux des musées du nord de la France, de Lille, de Valen-ciennes, de Douai, de Laon, de La Fère.qui furent, il y a-quelques mois, sauvés des dangers do la guerre. Par bateau 011 les a transportés à Bruxelles et on les a placés provisoirement les uns sur les autres, tant bien que mal, dans tous les locaux dont 011 pouvait disposer. Ils resteront là jusqu'à la paix définitive, ou plutôt jusqu'au rétablissement des communications. "On nous dit cependant que leur départ serait un peu retardé, car on voudrait 11e pas les laisser partir sans les montrer au public. Ce serait une excellente idée dont nous souhaitons la" réalisation. Le musée de Lille est un des premiers de France, ceux de Valenciennes et de Douai possèdent des œuvres de premier ordre : le premier des Rubens, des Watt eau, le second des primitifs remarquables, notamment des Bellegètmbe. Jamais les amateurs d'art n'auront pareille occasion d'admirer ces merveilles. La rentrée d'Adolphe Max à l'Hôtel de Ville une cerémonie emouvante Si bronzé que notre grand bourgmestre puisse I être contre les émotions après ces quatre au- j nées de tortures morales et physiques, "son I cœur, hier, a dû battre comme il n'avait jamais battu ! Quelle impressionnante réunion, quelle ferveur émouvante do tous pour l'homme qui personnifia si admirablement toutes les vertus civiqaesde lacité 1 La salle Gothique, au fond de laquelle une estrade est dressée, ornées de bann.ères de nos vieilles gil-des, se tr. uve comble. Remarqué : Le représentant de la Hollande, M. van Vollenhove ; MM. Francqui, Lepreux, les bourgmestres de toutes les communes de l'agglomération bruxelloise ; le sénateur Hubert, le député Louis Bertrand. MM. les professeurs de l'Université, notre grand ami le major Van Schaig, délégué général de la Croix Rouge américaine pour la Belgique, les fonctionnaires de l'hôtel de ville, les femmes des échevins et conseillers, les amis. Une foule ardente et émue qui éclate en applaudissements frénétiques, en ovations frémissantes, quand le ff. M. Lemonnier introduit Adolphe Max. Notre bourgmestre est très pâle mais son aspect étonne, et étonne heureusement, les assistants. Non seulement il n'a pas maigri, mais il a rajeuni. Est-ce sa nouvelle coiffure qui a fait ce mi- I racle — la « brosse d'antan » s'est changée en une raie impeccable. A ses côtés prennent place MM. Lemonnier, Steens, Hallet, Jacqm ain et Pladet, tous les conseillers communaux. Lorsque le silence s'est fait, M. Maurice Lemonnier prend la parole en ces termes : Mon cher Bourgmestre, Je suis incapable de trouver les mots pour caractériser la joie et l'allégresse des Bruxellois en appre nant le retour d'exil de leur grand Bourgmestre. Oui, mon cher Max, de leur « grand Bourgmestre ». C'est ainsi que vous qualitie la population fière et orgueilleuse de son premier magistrat, parce qu'elle a compris, parce qu'elle a surtout senti, avec toute • son âme ardente et imprégnée do patriotisme, que vous êtes la plus haute personnification de la bravoure et du courage civiques; parce que vous lui avez montré comment les magistrats communaux belges devaient résister à l'ennemi. Il est une journée à la fois triste et fameuse, celle du 20 août 1914, qui ne s'effacera jamais de la mémoire de la population bruxelloise. Ce jour, Bruxelles fut envahi par les troupes allemandes.Vous avez marché, ceint de votre écharpe, à la rncontre de l'ennemi, et bientôt, dans une longue conférence qui eut lieu à la oaserne de la place Dailly, vous avez dû discuter avec le criminel enva» hisseur les conditions do l'occupation de Bruxelles. Au nombre de ces conditions il s'en trouvait une dont le public, autant que je le sache, n'a guère eu connaissance ou qu'il a oubliée. Les Allemands exigeaient la livraison de cent notables en qualité d'otages. A cette demande vous avez opposé un refus tellement ferme et tellement irrévocable que les barbares n'ont pas osé insister. Au moment de vous séparer d'eux vous avez su prouver par un geste énergique que la plus irréprochable courtoisie se concilie avec le refus de toucher la- main de ceux qui avaient déjà commis en Belgique de ces crimes atroces qui ont fait pâlir l'humanité. Vous donniez ainsi l'exemple de la dignité que tout citoyen belge devait montrer devant l'ennemi. Quelques jours, après, vous avez opposé ce fier démenti à la fourberie allemande : « Le gouverneur allemand de la ville de Liège, lieutenantrgénéral von Kolewe, a fait afficher hier l'avis suivant : ■ Aux habitants de la ville de Liège. « Le bourgmestre do Bruxelles a fait savoir au j commandant allemand que le gouvernement fran- j çais a déclaré au gouvernemont belge l'impossibilité do l'assister olTensivement en aucune manière, j vu qu'il se voit lui=même forcé à la défensive. « J'oppose à cette-affirmation le démenti le plus ; formel. . Signé : Adolphe MAX. » Le 16 septembre, l'odieux et brutal gouverneur al- ! lemand de Bruxelles, le général baron vori Luttwiij:, dont le nom exécré doit passer à la postérité, annonçait, par voie d'affiches, à, la population qu'il considérait le drapeau belge flottant encore à nos fonêtres comme une provocation pour les troupes ; allemandes, et il en ordonnait l'enlèvement. Le jour même vous avez riposté à cette insulte par cette protestation indignée qui restera la plus courageuse et la plus fière protestation d'un magistrat communal : « Chers concitoyens, « On avis affiché aujourd'hui nous apprend que le drapeau belge arboré aux façades de- nos demeures est considéré comme une provocation par les troupes allemandes. a Le feld-maréchal von der Golz, dans sa proclamation du 2 septembre, disait pourtant « ne deman- , « der à personne de renier ses sentiments patrio-<1 tiques ». Nous ne pouvions donc prévoir que l'affirmation de ces sentiments serait tenue pour une offense. « L'affiche qui nous le révèle a été, je le reconnais, rédigée en termes mesurés et avec le souci de ménager nos susceptibilités. « Elle n'en blessera pas moins d'une manière profonde l'ardente et fière population de Bruxelles. « Je demande à cette population de donner un nouvel exemple du sang«froid et de la grandeur d'âme dont elle a fourni déjà tant de preuves en ces jours douloureux. « Acceptons provisoirement le sacrifice qui nous est imposé; retirons nos drapeaux pour éviter des conflits, et attendons patiemment l'heure de la délivrance. « Bruxelles, le 16 septembre 1914. « Le Bourgmestre, - Adolphe MAX. • Quelle fierté, quel réconfort pour nos concitoyens quand ils lurent cette digne protestation sur les murs de la ville 1 L'envahisseur avait imposé à l'agglomération bruxelloise. outre d'énormes réquisitions de vivres, une contribution de guerre de 60 millions de francs, payable immédiatement. Par votre résistance obstinée vous avez obtenu que le paiement se ferait par versements échelonnés, au moyen de bons communaux remis immédiatement aux Allemands, qui pouvaient les négocier en banque. Les Allemands, grâce à votre énergie, s'engageaient à ne plus faire de réquisitions de vivres que contre paiement comptant. Quelques jours après, au mépriB de ses engage- ! monts formels, — n'avait-on pas dit à Berlin que les engagements ne sont que des chiffons de papier? — le gouverneur allemand faisait opérer par ses troupes des réquisitions sans en effectuer le paie- La riposte ne se fit pas attendre : Vous décidiez que les bons de caisse communaux ne seraient pas payés le 30 septembre. Le lendemain, 26 septembre, le gouverneur allemand vous mandait pour savoir si voua étiez l'auteur de la lettre avertissant les banques d'arrêter le paiement des bons. Dans votre réponse affirmative et nette vous avez rappelé au gouverneur ses engagements. L'Allemand nia, contesta et, pris d'un de ces accès de rage qu'éprouve généralement lo malhonnête homme placé devant un homme loyal comme vous êtes, il vous déclara que vous étiez suspendu de vos fonctions et que Vous seriez intorné dans une forteresse en Allemagne. Inquiets (Te votre absence, les membres du Collège d'alors, MM. Steens, Jacqmain, Hallet et moi, nous nous sommes rendus chez von Luttwitz, qui nous apprit la mesure qu'il prenait contre vous. Nous fûmes alors autorisés «à vous voir quelques instants. Nous 11e pouvions croire que l'injuste mesure dont vous étiez menacé serait exécutée. Nous ne connaissions pas encore suffisamment la brutalité et la cruauté allemandes. C'était cependant la dernière fois, le 26 septembre, que nous pouvions vous voir, cher ami, jusqu'aujourd'hui, jour où l'Allemand vaincu, terrassé par nos vaillantes troupes victorieuses, est obligé de vous relâcher et do fuir. Votre exil a duré plus do quatre ans. Et pen« dant ce temps quel calvaire pour vous ! Nous ignorons, jusqu'à présent, les détails de votre détention; nous espérons qu'un jour, avec votre éloquence et votre humour habituels, vous voudrez bien nous narrer « vos prisons ». Je me borne aujourd'hui à faire votre « curriculum vita », ou plutôt votre « curriculum carceris »; c'est le plus éloquent discours que puisse faire aux yeux de la terre votre indomptable résistanoe. Do Bruxelles on vous a transporté à la prison de Namur. où vous êtes interné jusqu'au 10 octobre; de là vous êtes envoyé à la prison ûe Glatz, où vous êtes enfermé jusqu'au 25 novembre 1915; puis au château-forteresse j}e Celle-Schloss jusqu'au 12 octobre 1916. Vous êtes alors inoarcéré à la prison cellulaire de Berlin du 12 octobre 1916 au 29 janvier 1918. Vous faites ensuite un nouveau séjour à Celle-Schloss de trente, jours, jusqu'au 28 février, pendant lequel vous êtes muré pendant vingt jours dans un obscur cachot. Enfin vous ête3 à nouveau interné à la prison militaire de Berlin jusqu'au 30 ootobro 1918x date à laquelle vous êtes envoyé à Goslar. Cinquante mois d'exil, dont trente-neuf mois de prison, voilà votre odyssée ! J'ai comme vous, mon cher Max, passé de longs mois dans une cellule do prison allemande, et je me suis souvent demandé quelle était la mentalité de ce gouvernement qui, aux applaudissements de son peuple, a jeté dans cette prison, au milieu des ■assassins, oes voleurs, des escrocs, des malfaiteurs de tous genres, des magistrats communaux et le pr©. mier magistrat de la capitale belge, qui pour seuls crimes avaient commis des actes patriotiques. Comme ils méritent bien l'épithete do barbares ! Tant qu'ils ont été vainqueurs jamais un Allemand, mémo au Reichstag, n'a protesté contre cee actes de cruauté ! Il a fallu qu'ils soient vaincus par la force pour qu'ils affichent des sentiments humains. Ne l'oublions jamais ! Pendant votre exil la population a subi les violences physiques et morales les plus atroces. Les caisses publiques et privées ont été mises au pillage sous forme de contributions, d'amendes et do formidables pénalités. Les condamnations à mort, aux travaux forcés et à l'emprisonnement ont frappé une foule de nos meilleurs concitoyens. La police, qui a fait preuve d'un patriotisme indomptable, a été tout particulièrement l'objet des violences physiques et morales. Foulant aux pieds toutes les lois humaines, les Allemands ont dépouillé la population au moyen de. réquisitions multiples; ils ont été jusqu'à enlever à nos concitoyens leurs pauvres matelas de laine, sur lesquels ils reposaient leurs corps amaigris par les privations. Et cependant tous les moyens de terreur mis en œuvre par l'occupant n'ont pu abattre un instant l'énergie de la population bruxelloise, qui "a con* stamment résisté à l'ennemi, et telle est la santé morale do nos concitoyens qu'aux heures les plus sombres de ces quatre années de souffrances et d'espérances déçues la plaisanterie bruxelloise, s'exerçant aux dépens du lourd esprit teuton, n'a pas perdu un instant ses droits. Au milieu de ce déchaînement de violences, les administrations- communales, inspirées par votre exemple, ont été les centres de résistance. Vous pouvez êtro légitimement fier, mon cher "Bourgmestre, du Conseil communal que vous présidez.Les membres do votre Collège, auxquels se sont joints, pendant l'exil de Jacqmain et le mien, nos collègues Bosquet, Brabant et B&uwens, et le Conseil 'communal tout entier ont été admirables. Un public hommage doit être rendu au dévouement inlassable du personnel de l'administration communale et spécialement à notre éminent secrétaire, Maurice Vauthier, dont le- jugement clair, les avis juridiques et la plume experte ont été un si précieux concours pour le Collège. Pendant ces quatre années d'occupation ennemie le Conseil communal a montré une union absolue, complète. Ici. pendant ces quatre années, plus de partis, plus de nuances, un Conseil communal pour faire face à l'dnnemi, uni dans les mêmes sentiments patriotiques. » Il a faît preuve d'une bravoure, d'une énergie et d'un esprit d'initiative auxquels la postérité rendra un juste hommage; il a réconforté et soutenu la population, qui avait constamment les yeux tournés vers l'Hôtel de Ville; il a organisé des œuvres d'alimentation et de solidarité qui étonneront le monde quand on en fera l'histoire. Le Collège et tous les conseillers ont travaillé à ces œuvres, pendant ces longues et tristes années, avec une ardeur et un zèle dignes des plus vifs éloges. Jb ne puis m'ompêcher d'ajouter que l'administration communale a constamment été soutenue par les ministres protecteurs d'Espagne et do Hollande, par la Commission for Relief in Belgium et par l'admirablq Comité National, qui ont sauvé la Belgique des horreurs de la faim. La Ville de Bruxelles saisira, j'en suis convaincu, la première occasion pour leur exprimer sa profonde gratitude et leur rendre publiquement le juste hommage qu'ils ont mérité. Mon cher Bourgmestre, je vous ai fait subir une longue allocution. Je dois m'en excuser. Après une si longue séparation, j'avais tant de choses à vous dire encore que je ne vous ai pas dites ! J'ai vu que, lorsque vous, êtes entré ici, vos yeux se sont douloureusement tournés vers les vides que vous constatez sœr ces bancs. Oui, mon cher Bourgmestre, le Conseil communal, pendant ces quatre années douloureuses, a payé son tribut à la mort. Elle a frappé sans distinction d'âge ou de constitution physique nos chers collègues Dassonville, Maes, Vandersmissen, Desmet et Moons. Nous adressons à leur mémoirè un souvenir profondément ému. Maintenant, mon cher Président, je vous invite à reprendre ce siègo qui était déjà un poste d'hon* neur et ou'en digne descendant des fiers magistrats de Bruxelles vous avez encore illustré. J'ai pensé qu'aucun présent ne vous serait plus agréable quo le modeste souvenir que la Ville de Bruxelles vous offre aujourd'hui : les deux originaux des affiches, fameuses dont je rappelais tantôt le texte sublime, qui passera à la. postérité. -Vive notre grand Bourgmestre ! „ Vive Adolphe Mai ! Des ovations répétées acclament cc beau discours, puis MM. Steens, Bosquet, Albert Bauwens, Con-rardy, Brabandt, successivement, au nom du Collège, de la gauche libérale, de la gauche progressiste, du parti socialiste et de la droite, saluent en termes émus le grand bourgmestre qui nous est revenu. C'est ensuite M. Maurice Vauthier, secrétaire communal, qui prend la parole : Monsieur le Bourgmestre, Vous voilà enfin revenu parmi nous. Il me serait difficile de trouver des paroles qui puissent exprimer comme il le faudrait, au nom du personnel de l'administration communale, la joie qui remplit nos cœurs. Est-il dono vrai que vous nous ayez quittés pendant quatre ans et deux mois ? A cette question je serais tenté do répondre à la fois « oui » et « non ». Oui ! car durant oette longue période, enfermé dans les cachots de l'Allemagne, vous avez supporté avec un stoïcisme qui ne s'est jamais démenti . les souffrances que vous valurent votre pur et ardent patriotisme, votre souci de conserver intact l'honneur de la magistrature communale. Non ! car,. durantvces quatre années, quelque chose de vous n'a pas Niessé d'être présent parmi nous. Quelque chose de votre âme a passé dans l'âme de la population bruxelloise. Les exemples que vous avez donnés vivaient dans noB mémoires. La foi que nous n'avons cessé de garder dans le triomphe de la plus juste et la plus sainte des causes, c'est à vos leçons que nous en sommes principalement redevables.Le personnel de l'administration communale, au cours de cette longue et douloureuse période, a essayé de faire son devoir. S'il y a réussi c'est beaucoup parce que. dès le principe, vous lui aviez clairement indiqué la voie qu'il convenait de suivre. Mais c'est aussi, permettez-moi do vous le dire, parce que nous avons trouvé dans le Collège échevinal un guide absolument sûr, plein do clairvoyance et d'énergie. Il y a eu, dans ces quatre annéos, des moments difSciles; il s'est rencontré des heures critiques. Le personnel n'a pas eu un instant de défaillance, d'hésitation. Il savait que le Collège échevinal nè manquerait pas de lui montrer lo chemin du devoir, du patriotisme et de l'honneur. Vous avez été. pendant la guerre et malgré votre exil, notre grand et cher Bourgmestre. Vous resterez pendant ^a paix notre grand et cher Bourgmestre. Après les glorieuses et cruelles épreuves de ces années de lutte, la paix va nous imposer les^ plus graves devoirs. La Ville de Bruxelles ne se dérobera point à de semblables obligations. Pour les accomplir nous avons besoin d'hommes à l'esprit généreux, au cœur plein de bouté et de fermeté. Il nous faut des chefs qui sachent nous diriger et qui nous inspirent confiance. Vous possédez les vertus d'un véritable chef. Ce que je puis vous affirmer, c'est que, pour la réali-sation des tâches que vous entreprendrez, vous pouvez compter sur le concours dévoué du personnel de votre administration communale. C'est ensuite notre confrère M. Auguste Vierset, secrétaire du Bourgmestre, qui donne lecture de ces vers ; A Adolphe Max, bourgmestre de Bruxelles A tous ceux qui pendant cette épreuve tragique, Contre l'assaut des Huns et le joug des bourreaux, — Nobles femmes, fiers magistrats, humbles héros — Menèrent sans relâche une lutte énergique, A tous ceux-là qui font sa gloire, la Belgique Elèvera sans doute aveo des soins dévôts De grands mémorials et des arcs triomphaux Rappelait aux passants leur sens apologique. Mais l'airain se corrode et le marbre hautain Se disjoint sous l'effort du lierre qui l'étreint. La pierre, avec le temps, s'effrite dans le sable. Toi qu'on incarcéra, toi quo l'on a proscrit, . Ton monument du moins s'affirme impérissable. Puisque c'est dans nos cœurs que ton nom est inscrit. Auguste VIERSET Et voici qn'Àdolphe Max se clresse. Il a écouté attentivement tous ces discours, se contenant visiblement pour ne pas céder à l'émotion. De sa voix au timbre un peu voilé, mais si énergique dans, son expression, il dit ; Mes chers collègues du Collège, du Conseil communal Mes chers collaborateurs de l'Administration. Vous tous, mes chers amis. Je ne sais s'il me sera possible de surmonter mon émotion et de vous parler comme je le devrais et comme je le voudrais. Mais vous comprendre/, l'intensité des sentiments qui m'étreignen't au moment où, après une séparation si longue, je me retrouve enfin au milieu de vous, dans cet hôtel de ville qui s'évoque en moi dans d'inoubliables souvenirs. L'accueil qui m'est lait me trouble profondément : 1 chez moi, des fleurs, des gerbes, des corbeilles embaument la maison de leurs parfums,et déjà, je me sens •ffrayé par,l'excès des dommages <k$t je sw.is l'objet. J Mais, c'est assez parié de moi-même. J'ai hâte de donner libre cours aux sentiments qui se pressent dans mon cœur. Ma première pensée est f.eur ceux de nos collègues et de no» collabsrateurs qu'il ne devait pas m être doimé de revoir à mon retour parmi vous-,et qui disparurent pendant la période sombre de l'occupation étrangère. Ils n'auront pas eu comme noua le joie d'entendre sonner cette heure de la réparation dont 011 parlaient d'assister enfin à la revanche dn Droit et de la Justice. A l'instant où la capitale vient d'être libérée de l'odieuse présence des troupes allemandes, comment ne pas dire notre émerveillement devant la vaillante population bruxelloise dont l'attitude fut admirable durant les jours de souffrances et qui restera digned'elle-méme dans la célébration de la victoire. Je reprendrai, dès ce soir, mes fonctions et, avec l'aide et les conseils de me; collègues^ MM. Lemonnier et Steens, j'emp.oierai toute mon énergie à mettre un terme aux désordres. La population se doit à elle-même de me >.e,onc'er dans rette tâche. Elle le doit aussi à leuxqi.i 1 ont protégée et soutenue aux heures de détresse, Et, en rappelant cette protection et cette* j assistance, je songe, chacun le devine, aux représentants des Etats neutres, au marquis de Villalobar, à M. et Mme Brand Whitlockj à M. van Volle. hoven; ie songe au Comité Nationa1, à M. Ernest Solvay, à M. Francqui, à tous les collaborateurs de celte œuvre magnifique à laquelle leur nom demeurera attaché. (.Bvat-os.) Je remercie M. Lemonnier et M.Steens, d'avoir porté haut et ferme le drapeau des libertés communales et j'associe à l'hommage de ma reconnaissance M. i'éche-vin Jacqmain qui, de même que M. Lemonnier, a payé de 1 exil la haute conception qu il >. était faite de ses devoirs. J'exprime tussi ma gratitude à MM. les échevins Ilaikft et Pladet, qui ont été constamment sur la brceho (Bravos), à MM. Bauwei s, Brabandt et Bosquet qu , Jïjàis les circonstances difficiles, n'ontj pas hésité à partager les respon: a'jilités et Ijs risques de la lonciion échevinale, au Conseil communal tout entier dont l'attitude a été admirable; M. Maurice Vauthier,. rotre éminent secrétaire ; la police, les pompiers, le personnel tout.entier de l'administration, qui a été à la hauteur de sa tâche, et qui s'est acquis des titres, indéfectibles à notre attention et à notre confiance. La Belgique et sa capitale ont soufltrt cruellement dans cette guerre; mais ie suis presque tenté de dire que je ne regrette pas l'agression dont notre pays a été. l'objet et qui, en l'obligeant à prendre les armes pour la sauvegarde de son honneur, l'a préservé d'un rôle passif dans ce gnn 1 duel où se jouait tout ce qui fait, pour les populations comme pour l'individu, le prix de la vie. Roi et peuple ont été dignésl'un de l'autre.lls ont:con-quis pour nous une gloire immortelle, dont les rayons enveloppent à la fois les héroïques soldats et la population civile de l'intérieur (Bravos). La Belgique peut s'enorgueillir devoir, désormais, son nom inscrit dans les !astes de l'histoire à côté de ceux des grandes puissances libératrices du monde , et d'avoir, elle aussi, fait de ses douleurs et de son sang, la rénovation de l'humanité. (Biavos.) Ah ! la lutte a été longue et terrible ; elle a été, à chacune de ses étapes, marquée de larmes et de douleurs, mais les vertus qu'elle a développées dans nos âme?, la force dont elle a trempé nos caractères, que ces vertus, ces forces soient mises au service de l'œuvre immense qui s'ouvre devant nous, Ne négligeons rien pour assurer la renaissance du commerce bruxellois ; favorisons de tous nos efforts la-résurrection de r.os industries locales ; resserrons mes . chers confrères des faubourgs, les liens qui nous unissent, ces liens de solidarité profonde eî que tous nos actes s'inspirent de ces deux lois : le souvenir du bien public et le sentiment de la fraternité. (Bravos.) Une ovation interminable ponctue la péroraison de ce discours. Des fillettes apportent des fleurs au bourgmestre qui les embrasse. Les femmes pleurent, et combien d'hommes aussi. C'est la bonne, l'attendrissante émo;ion, la joie de se ressentir libre sous l'égide d'un homme .libre. L'arreiatiaB àes traite ei fe vendus Le p.irquer, dirigé par le patriote énergiq'ue qu'est ie vice-prc skient Benoidt,a continué pendant toute la journee d'hier, a cueillir au gite les mal-faiteurs-pseudo-journalistes, .qui ont trahi leur patrie de" concert avec les boches. Parmi les bonshommes arrêtés figurent un des principaux acteurs,le sieur André Moressée, puis le s.eur Grimberghs, les sieurs Glîes juière, Ray IN; st et Aimé Hutt, de la BeUji^ue ; p£tis les sienrs Kiet-jens, Joseph Kerrerni.ns, Gielen, Stegers, llippo-lyte Haerynck dit «Boestvinckr>; lo sieur Gliislain de l'iîc/io; enfin le nommé Wilhelm Vogel, l'atiteur de papiers financiers inspirés par les allemands. Tous ont été placés sous la même justice. Papier, machines, tout a été saisi... par un juste retour des choses d'ici-bas! Et ce n'est pas fini ! De ci faites peines sont-ils passibi:s? Quelles seront les sanctions qui rrapperont les traîtres, c'est-à-clire les activistes flamingants et wallingants qui ont appuyé les desseins politiques de l'autorité allemande? C'est la question que nous avons posée à : M. Hollevoet, procureur, du Roi, dont on con- j naît. l'action à la fois énergique et pleine de : tact pendant les années d'occupation ennemie. « La question, nous dit le distingué magis-trat, est réglée -par l'article 115 du code pénal et par l'arrêté-loi du 8 avril 1017 du gouverne-^ ment belge. L'article 115 punit « ceux qui auront secondé le progrès des armes d-e l'ennemi en ébranlant la fidélité des militaires ou autres citoyens envers le Roi et l'Etat ». L'arrêté-loi frappe ceux qui auront servi « la politique ou les desseins de l'ennemi, participé à la transformation par l'ennemi d'institutions ou organisations légales, ou ébranlé en temps de guerre la fidélité des citoyens envers le Roi et TEtat ». Les peines prévues par l'artiele 115 vont jus qu'ù la détention perpétuelle, celles prévues par l'arrêté-loi sont de quinze à. vingt ans de travaux forcés. La question était de déterminer si l'activisme, la trahison politique pouvaient être atteints par l'article 115 comme favorisant le progrès des armes de l'ennemi. Plusieurs bons esprits, juristes distingués, estiment qu'il en est ainsi. D'àutres sont d'un avis contraire. Le gouvernement belge s'est rangé à cet avis ét a estimé l'arrêté-loi nécessaire, avec des peines moindres.Une chose est certaine : c'est que l'arrêté-loi nous permet d'atteindre sans contestation un plus grand nombre de traîtres politiques que 11e le permettrait l'article 115, interprété même largement. Tous ceux qui, a par actes, paroles ou écrits, ont favorisé volontairement la politique de l'ennemi » sont frappés, soit qu'ils aient pris avec l'ennemi l'initiative de mesures séparatistes, soit qu'ils aient simplement apporté lem' concours à leur application et au fonctionnement des nouvelles administrations de Bruxelles, Namur ou autres lieux... L'épuration s'opère. Il faut surtout que les principaux coupables payent leur det,te. Après les traîtres, les accapareurs. Quelle action la justice possède-t-elle contre eux ? Ceux qui ont servi l'ennemi tombent sous le coup de l'arrêté-loi, et c'est le cas de beaucoup d'accapareurs. Quant à ceux qui n'ont point servi l'ennemi, il reste contre eux la disposition d'août 1914, visant l'accaparement de quatre denrées : pommes de terre, sel,' céréales et riz. C'est tout. Le point essentiel c'est que les arrêtés-lois pris par le gouvernement belge au Havre étaient obligatoires en droit dans toute l'étendue du royaume, territoire occupé et territoire libre. Seule la présence de l'ennemi empêchait en fait leur exécution en territoire occupé. Aussi, dès la libératiqn du territoire, tous les arrêtés-lois, arrêtés et ' règlements du gouvernement sont-ils appliqués ici sans nouvelle publication. Tous les faits juridiques postérieurs à eux sont régi9 par ces arrêtés. Les auteurs des infractions commises en territoire envahi comme en territoire libre auront à en répondre devant la juridiction nationale. Tel est l'avis que nous a esquissé le distingué magistrat. Espérons que, tout de même, l'article 115 du code pénal ne soit pas oublié. Comment, il y aurait-des gens qui, ayant pendant quatre ans odieusement trompé leurs compatriotes, publié les mensonges allemands et semé la désespérance, s'en tireraient avec vingt ans de détention! Les traîtres, pour un seul fait de traîtrise établi, sont fusillés sur le champ de bataille. Et des gens auraient trahi quinze cents fois de suite — car la guerre a duré plus de quinze cents jours — leurs concitoyens et ne seraient pas envoyés au poteau ! Il y aurait des individus, activistes flamands 011 wallons, qui se seraient associés avec l'ennemi pour empoisonner la vie de centaines de mille Belges, pour en faire envoyer des centaines à la mort on en prison dans les geôles allemandes,, et ils ne seraient pas exécutés ! En ces derniers mois le gouvernement avait pris un arrêté-loi punissant de mort la désertion devant l'ennemi. Ces pseudo-journalistes, ces activistes, ne sont-ils pas des déserteurs pis même : des traîtres ? Si l'on veut éviter la fureur populaire, si l'on ne veut pas que les Belges exaspérés se fassent justice à eux-mêmes, que la Justice soit inexorable ! m j 1 ,"1 fil 1.1 LE SMI STÈRE OomiBieuf 21 étesât co»ip»gû au Havre Hier soir, par la ville, des amis nombreux nous ont abordé, nous exprimant leur joie d'avoir vu e:.fîn reparaître Le So r, mais s'etonnant un peu de ce nors leur ayons parlé notamment, en termes si vagues, du gouvernement qui,de Sainte-Adresse, repr.senta la Belgique vls-â-visde nos alliés. Quels en étaient les membres?Quelles Jurent leurs attribu tioi s ? Et les questions de pleuvoi -. De fait nous ne savions rien ici de ce qui sefa:sait liirbas. Et c'est la preuve la plus éclatante de l'étac de vasselage dans lequel devait vivre yis-ù-vis des allemands la presse embochéequi sévit à Bruxelles pendant quatre ans. Le gouvernement qui, le 13 octobre 1914, quittait le rivage d'Osrende sous les bombes que des avions boches lançaient sur le bassin maritime, en cherchant a atteindre le Jan Brryâel qui les portait, se composait de : MM. de Broqueville, ministre de la guerre; Carton de Wiart, justice; Dayjgiion, affaires étrangères: Berryer. intérieur; Pouflet, sciences et arts; Vande Vyvere, finances; Segers, chemins de fer; lielleputte, agriculture et-trav.tux publies; Hubert, industrie et du travai ; Renkin, colonies. MM. Goblet d'Alvlella, Louis -Suysmans, Paul iijumus, Lie'jaer:, .S-hoiiaer.:, qui se trouvaient ave2 le gouvernement a Anvers, lurent convies à i 'acco m pagn e r atr Ha v r e. Ri juin 1915, M*. Davignon, déjà fatigué avant la guerre et que celles-ci avait, visiblement déprimé donnait sa démission : il était remplacé yar M. Beyens. ' ._ Puis en octob.-e de la même année, comme il semblait avéré que la guerre durerait plus de trois mois — comme tant de gens l'avaient cru ou plutôt comme on l'avait persuadé, tout d'abord, a tant de gens — les ministres d'Etat de l'opposition déclaraient «à leurs collègues qu'il leur serait I impossiblo de continuer a l'aire partie du gouver-[ nement, s'ils n'étaient associés plus directement à son action. » Ils avaient, disait l'un deux, trop d'honneur et pas ai-sez de responsabilités *. Après des palabres, sur lesquelles il est superflu d'insister en ce " moment et au tours desquelles on distingua particulièrement M. Helle pntte hostile à une concentration natio.nale, le l'r janvier 1916, M. Vanderveide recevait ui.e fraction dès attributions de ministre de la guerre sous le titre de « ministre de l'intendance «. j jviv Hymans, ministre de Belgique à Londres, de j venait » membre du cabinet Cela marcha jusqu 'en juin 1917, époque à laquelle M. lieyens donna sa démission de ministre des aflaires étrangères. M. de Broqueville, à ce moment, abandonna le porleleuille de la guerre pour prendre celui des affaires étrangères, ayant à ses côtés M. Pierie Orls, jusqu'alors conseiller diplomatique au département des colonies, et qui était nommé ministre plénipotentiaire. INous aurons l'occasion de reparle.- du petit-fils d'Auguste Orts, dont ies qualités brillantes, hors pair, exceptionnelles, assurent; à nos affaires étrangères une direction"qu'elles ne connaissaient plus depuis 30 ans. En même temps, M. Hymans devenait titulaire d'un nouveau ministère,-que l'on dénommait " ministère des affaires économiques ». Mais le cher du cabinet s'étant fait, à Tinsu de ses collègues et des gouvernements alliés, l'introducteur de M. Ever.ce Coppée, porteur des proposition de paix... de M. von der Lancken, auprès du député Aristide Briand, devait, en décembre dernier, abandonner le portefeuille des affaires étrangères. Un nouveau ministère était constitué,dont il prenait un portefeuille et que, après beaucoup d'avatars, on devait dénommer «• ministère de la reconstitution nationale ". Sa vie iut plus qu'éphémère. En mai dernier, M. de Broquevi:ler avait avec les catholiques, sur une question d'ordre constitutionnel, un vif incident, qui ameliait sa retraite définitive. Il était remplacé a la tête du cabinet par M. Gérard Cuoreuian, l'ancien et sympathique président de la C.ia.nbre, et prenait les affaires économiques, tandis que M. Paul Hymans devenait titulaire de* affaires étrangères ; ec M. Emile Brunet était nommé ministre d'Etat et membre du Cabinet. En quittant Sainte-Adresse le ministère était donc constitué comme suit : MM. Cooreman, affaires économiques ; H. Canton de Wiart, justice ; P. Hymans, affaires étrangères ; P. Berryer, intérieur. P. Poullet, sciences et arts ; Vande Vyvere, finances ; Segers, c'.iemins de fer ; Helleputte, agriculture et travaux publics , Hubert, industrie e: travail ; Renkin, colonies ; E. Brunet, ministre sans portefeuille f Comte Goblet d'Alviella, id. ; Liebaert, ministre d'Etat. » * # Le nouveau Gouvernement Le Roi a procédé au château de Lopliem à des consultations nombreuses d'iiomnies politiques de tous les partis. Ainsi que nous l'avons dit hier, c'est le nouveau gouvernement national, den' sa composition i.atio-nale, en ce sens qu'il comprendra six à sept hommes de droite, trois socialistes et trois libéraux, qui se présentera devant la Chambre, mais rien de définitif n'est arrêté, et-il serait prématuré d» fournir actuellement une liste de noms. — La situation sanitaire du pays ■ Rencontré M. -Velghe, directeur de l'hygiène publique au ministère de l'intérieur, et qui a assumé les mêmes fonction» au Comité National pendant l'occupation. —=- Nos bureaux se rouvrent demain, «ou» dit* il. Tous les services Reprennent. — Et l'-état sanitaire du pays? — Grande amélioration dans ce» dernières semaines. La grippe a presque disparu. Reste us peu de diphtérie. — La mortalité* 32* AN ÉK NAEItf 19 NOVEMBRE 1918. P.niTïnN AR lift niim^rn wrnvîsnîrpmp.nt • in^nfîmAa

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