L'indépendance belge

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09 augustus 1916
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s.n. 1916, 09 Augustus. L'indépendance belge. Geraadpleegd op 25 april 2024, op https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/nl/pid/5t3fx74s1n/
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L'INDÉPENDANCE ROYAUFV1E-UNI : ONE PENNY CONTINENT: 15 CENTIMES (HOLLANDE i 5 CENTS) B.C. ll. ?LACE I)E LàABOUBSE. MERCREDI 9 AOUT 1916. ABONNEMENTS •/! îînïs' 17 HimTTNrf' IfnwOT * P fc s ELEPHGNE : CITY 3960, TELEPH,: { 238-7 5. St en vente à Londres à 3 h. le mardi 8 août. (1 |Conservation PAR LE Progrès. LA SITUATION. Mardi, midi. 'Au moment où les Alliés lançaient leurs fermes déclarations de poursuivre la lutte jusqu'au bout, le Kaiser et l'empereur d'Autriche s'adressaient à leurs armées et à leurs peuples, car ils disent "mon peuple" comme un propriétaire <iit "mon mur." Se sentant coupables, les deux organisateurs des massacres actuels commencent par s'écrier : Ce n'est pas moi ! D'après le Kaiser "ses ennemis seuls sont responsables du sang versé." Pour François-Joseph l'auteur le .plus direct de la guerre, le signataire de la mise en demeure humiliante et arrogante adressée à la Serbie, "c'est l'humeur intransigeante de ses ennemis qui l'a forcé à la guerre." Inconscience ou mauvaise foi cynique ? Le ton du Kaiser dans ses deux proclamations est cependant moins fracasse que d'habitude. Il ose bien se vanter de la victoire navale—à la Pyrrhus—de sa marine; il affirme sa volonté inébranlable dans la victoire; mais il fait aussi appel à l'esprit de sacrifice de l'armée et il «'efforce de relever le moral du peuple qui a faim: on sent qu'il n'est pas sans inquiétudes. En fait les Alliés continuent à progresser partout. A Pozières, où le travail de l'artillerie anglaise a été excellent, nos amis ont consolidé leurs positions d'où, ils voient et dominent la "terre I promise." Aussi ordre avait été donné par le général Bellow de reprendre la côte 160 de Pozières à tout prix. Quatre furieuses attaques furent ainsi dirigées contre les troupes britanniques qui, bien abritées, repoussèrent victorieusement les Allemands, qui durent se retirer, laissant sur le terrain nombre de morts et plusieurs prisonniers. Les troupes françaises, de leur côté, s'emparèrent lundi après-midi de toute une ligne de tranchées allemandes entre le Bois de Hem et la rivière, à l'est de . ,1a ferme de Montai ; le nombre de prisonniers allemands fut de 120. Le duel d'artillerie se poursuit de 1s frontière belge à la Somme, un peu plu; a.ctif vers Bethune, La Bassée et Loos. A Verdun, après une violente canon Bade, les Allemands attaquèrent lund l'ouvrage de Thiaumont. Ils furent re poussés. Les Allemands s'élancèrent en suite, après un bombardement intense vers le bois du Chapitre, de Vaux, et il essuyèrent un échec complet. Le soi c'était au tour des Français à s'avance et ils gagnèrent du terrain au sud d l'ouvrage de Thiaumont où ils priren cinq mitrailleuses et trouvèrent uï grand nombre de oadavres ennemis, e d'autre part ils parvinrent à enleve plusieurs maisons à l'extrémité oues du village de Fleury. Sur le front italien, entre l'Adige e i'Isonzo supérieur, une attaque autri chienne contre les tranchées du flanc di Mont Zebio échoua complètement. Mai où la lutte fut la plus vive ce fut dan le secteur de Monfalcone. Après un préparation par l'artillerie, les troupe italiennes, dont les bersaglieri cyclistes e les 3e, 4e et lie bataillons, s'élancèren à l'attaque des tranchées qu'elles enle vèrent, occupèrent et purent oonserver malgré les contre-attaques de l'ennemi Lee troupes italiennes dans cette journé firent 3,600 prisonniers y compris 101 officiers dont un chef de bataillon et ui officier d'état-major; et elles s'emparèrent de 3 canons, de plusieurs douzaines ! de mitrailleuses, d'un grand nombre de fusils et de munitions. Les Autrichiens disent de leur côté qu'ils ont fait 1,200 prisonniers et que le combat continue : on sait ce que cette formule veut dire. Les troupes russes ont attaqué les Austro-Allemands sur les bords de la rivière Stokhod, donc au nord-est de Kovel, et ont pris 12 officiers et 200 hommes. Plus au sud, sur les rives de la Sereth dans le secteur de Varonège, un engagement considérable a eu lieu le 6 août, et nos amis ont fait prisonniers 13 officiers et environ 2,000 soldats, dont des Allemands. Ils s'emparèrent également de 2 howitzers et de plusieurs mitrailleuses. Des renforts austro-allemands sont envoyés de ce côté et trois nouvelles divisions sont signalées à Zlotchoff et Pomor-jany, à l'ouest de Tamopol, pour défendre le chemin de fer de Tarnopol à Lem-berg et tenter d'enrayer le passage de la rivière Bug aux environs de Busk, qui i se trouve à 50 kilomètres à l'est de Lem-berg.Au sud, sur la rivière Koropietz, les attaques autrichiennes ont été repoussées avec pertes sévères pour l'ennemi. A l'ouest de Czerncwitz la cavalerie russe, se trouvant devant des forces su-: périeures, a dû se retirer un peu à l'est. ! Pour améliorer la situation le pouvoir a . étc donné au général Hindenburg de mo-! difier les commandements des troupes ; autrichiennes, et il n'y a pas été de main . morte, car il a mis de côté non seulement , l'archiduc Joseph-Ferdinand et le général Pfianzer-Baltin, mais encore un lieu-, tenant-général, 5 généraux majors, 4 généraux de brigade, 13 colonels, 12 , lieutenant-colonels et 3 majors. Les diri-t géants autrichiens reçoivent ces coups de > j:>ied allemands sans broncher, mais il i reste, à voir si les soldats seront du même ■ avis It oi, au lieu do ramener le courage des troupes en retraite, on ne va pas, au i, contraire, les démoraliser complètement. Dans le Caucase les Russes se sont avancés^ au sud d'Erzinjan, refoulant j les Turcs dans une série de combats sanglants. Dans la région de Mushka les Turcs ont repoussé les Russes au nord sur une 0 petite distance. Mais dans la région de r Bitlis, quoique en force supérieure et r aidés par les Kurdes, ils ont été e refoulés et maintenus par plusieurs co:a-£ tre-attaques russes. 1 La défaite des Turcs à l'est du Canal ^ de Suez a été complète grâce à la con-r duite héroïque des troupes australiennes ^ et de l'infanterie écossaise. Les pertes turques ont été considérables. Le nom-bre de prisonniers est de 45 officiers et de 3,100 soldats, qui ont été transférés 1 au Caire. La poursuite de l'armée tur-s que en fuite a été menée jusqu'à 18 s milles du canal et la région du bassin de B Katia-um-Aistia est actuellement com-® plètement nettoyée. t De Roumanie rien de neuf à signaler. - Un indice intéressant cependant à mentionner: d'après la " Berliner Volkzei-. tung," un bon nombre de troupes bul-e gares qui luttaient sur le front ont été D rappelées en Bulgarie, ce qui semblerait il qu'une attaque est recloutée L'ACTION ÉCONOMIQUE. L'autre danger. Tandis que la plupart des nations de l'Europe, tendues dans un effort prodigieux qui se prolonge depuis vingt-quatre mois, dépensent sans compter leurs ressources en hommes et en argent dans l'effroyable partie où se jouent les destinées du monde, les Neutres mettent à profit l'inaction économique à laquelle se trouvent fatalement condamnés les belligérants pour essayer de conquérir pacifiquement les marchés du monde. Tout dans la vie n'est qu'heur et malheur, et la sagesse des nations ajoute que le bonheur des uns fait le malheur des autres. Si l'attitude expectante des Neutres les met en assez piteux relief au point de vue moral, elle leur vaut, par contre, d'abondants avantages et de plantureux profits pécuniaires. Us ont; réussi à capter' les sources du Pactole et à dériver des ruisseaux d'or fabuleux vers leurs contrées oui deviendront bientôt d'authentiquevs Eldorados. Certains même se sont gorgés au point de souffrir d'une crise d'abondance provoquée par l'excès de métal jaune qu'ils ont absorbé. Tls comptent bien, d'ailleurs, que l'âge d or ne finira uas nour eux avec la guerre, et qu'ils seront parvenus à détourner définitivement à leur profit les courants commerciaux qui, avant la grande mêlée, suivaient d'autres directions.L'enjeu vaut qu'on s'y intéresse ri l'on réfléchit qu'en 1913 les Puissances belligérantes faisaient au total un chiffre d'affaires de 93 milliards et demi de francs, représentant plus de la moitié de la masse globale des transactions universelles. Pendant qu'elles se consument et épuisent le meilleur de leur sgve dans une conflagration formidable, quels vides à combler sur le marché international, quelles places fructueuses à pren-di'e, ne fût-ce que durant le cours des hostilités ! Je ne parle que pour mémoire de l'aubaine inespérée qui a fait de l'Amérique le fournisseur attitré de l'Europe en vivres, en denrées, en munitions, et qui a radicalement interverti la situation respective de l'ancien et du nouveau continent au point de vue monétaire. Les statistiques nous apprennent, en effet, qu'en 1915 les exportations des Etats-Unis se sont élevées à 17 milliards 735 millions de francs et les importa' tions à 8 milliards 940 millions seulement. Les recouvrements de l'Europe sur le Nouveau-Monda sont donc fort s loin de suffire à compenser les paiements e qui doivent y être effectués pour fournitures de tous genres, et l'on peut se figu-é rer l'énorme drainage d'or qui s'est e opéré au profit de l'Amérique. Quant à e la balance des comptes, elle marquait en 1914 en faveur de l'Europe un solde cré-s diteur de 20 milliards, qui serait actuel-a, lemçnt réduit à 7 milliards et demi e environ. D'autre part, l'encaisse des 0 banques nationales des Etats-Unis a grossi de 2 milliards 271 millions en un li an ! Pour faire face aux difficultés du change, les Etats belligérants écoulent t les valeurs américaines que détient ^ a portefeuille public: la France en a déjà . réalisé pour plus d'un milliard et la 2 Grande-Bretagne pour 7 milliards. Mais . il viendra un moment où cette ressource _ fera défaut pour rectifier la balance . .commerciale continûment défavorable. . et l'on peut se demander si la situation - privilégiée de la place de Londres com-. me centre financier du monde et marché e régulateur des changes, ne se trouvera 1 pas à la longue compromise au bénéfice . de New-York. Un danger plus pressait encore me-s nace l'Europe. Des portes moins répa-. râbles que celles de capitaux résulteront de l'appauvrissement général en vies hu-e mailles. Les pays belligérants seront, i. après ost affreux carnage, littéralement saignés à blanc, car ils auront versé, a avec le meilleur de leur or, le plus pui h de leur sang. Les élites pensantes et la-,s borieuses verront leurs rangs impitoya n blement troués et clairsemés. Que de t savants et d'artistes auront disparu, que d'espérances fauchées dans leur fleur que d'hommes d'action et de capitaine: 4 d'industrie manqueront à nos cadre< 2 professionnels ! Et pourtant, il sera df toute nécessité de reprendre pied et d; e s'organiser s;ans délai pour ressaisir h j] place que des rivaux auront usurpée s e j la faveur du long tumulte guerrier... ,e | La oc icurrenca américaine ne man quera pas d'être singulièrement redou- • table, eu égard tant à l'énorme stock : monétaire dont se sera enrichi le Nou-: veau-Monde qu'aux efforts déployés par i celui-ci pour étendre son trafic et élargir ses débouchés. Les Etats-Unis, met- ■ tant à profit l'inaction forcée de l'Eu-. rope, se sont employés depuis deux ans , à perfectionner leurs organismes de production et de crédit, et à solliciter de façon pressante la clientèle de l'Amérique du Sud, dont la Belgique était, parmi les pays européens, l'un des prin- i cipaux fournisseurs de toiles et de tissus. Diverses branches fort importantes de notre industrie nationale qui trouvaient dans leurs exportations américaines un aliment substantiel, ont donc un in-! térêt direct à suivre les phases de cette , propagande dont nous finirions par payer les frais si elle aboutissait à un ; résultat décisif. Signalons, à titre indi-; catif, qu'un congrès panaméricain, con-> voqué sur l'initiative des Etats-Unis, , s'est tenu à Buenos-Ayres dans le cou-i rant du mois d'avril de cette année en - vue de resserrer les rapports commer-! ciaux entre les républiques du Sud et les . Etats du Nord. Mais il ne semble pas ; que la solution souhaitée ait pu être obtenue, ni que les nations du Sud aient ■ accueilli les suggestions de leurs voisins du Nord avec autant de complaisance et ; d'empressement que ceux-ci l'eussent - désiré. Il importe, en tous cas, que , notre vigilance et notre activité surveil-: lent les manœuvres d'Outre-Rhin, afin de ne pas perdre le bénéfice des débou- • chés éminemment productifs pour notre - pays. Cependant, bien que le marché du i Brésil, de l'Argentine et du Mexique i comprenne 55 millions de consomma-, teurs, il est fort loin d'atteindre l'am-; pleur de celui des pays européens, qui 5 en compte près de 450 millions, et sur ; lequel l'Amérique est prête à jeter son i dévolu. Dans quelle mesure l'Europe i est-elle à même de parer à ce danger ? i C'est une question que nous réserverons jour un examen ultérieur. - ' JULES COT7CKE LETTRE CONGOLAISE. Mais après cette première ardeur qui éclatait comme une étincelle, les fatigues, leur durée, les ennuis, ramenaient bien ce goût et ce besoin du logis, et des aises, déjà si sensible ■ pour JoinviUe.—Froissart (les Croisades).Dans les nuées.—L'Eldorado.—Psycho» logie nègre — Au pays du bétail — Colonisons — Vers lo passé. Ituri, juin 1916. Le matin s'élève, de partout la mon-- tagne fume et s'exhale en blanches colonnes de fumée. Les nuages toujours plus bas s'étendent en nappes sur la terre moite. La nuée se fait plus dense, des gouttes d'eau transpirent de 1'atmas-iphère. Le soleil perce ce brouillard diaphane, laisse entrevoir un disque jaune., plat de cuivre luisant dans la ' vaporeuse brume. Une ombre complète estompe toutes choses, comme en ces cadres de Fantin-Latour où les contours se devinent de blancheur nacrée. Les chemins ont disparu, les arbres se dressent en tâches plus sombres. On se croit .seul par les chemins et d'autres formes errantes font, connaître la caravane en marche ou le village en éveil. Voici l'aigre cri du corbeau cherchant une charogne oubliée, le bruissement des arbres qui s'ébrouent. La journée commence, toute faite de vague blancheur. Du haut en bas des monts, c'est un moutonnement infini de neigeuses ouates. Le oorps s'engourdit en sa moiteur, cherchant dans les pales rayons du jour un peu de réconfort. L'esprit se fond en ea.u, la pensée lubréfiée se refuse à tout effort. Dans ces promenades spectrales à l'aube, l'anéantissement des choses se perd en une impré-; cise buée. Le soleil vainqueur monte ' encore à d'horizon, la chaleur devient ; plus forte, tout rayonne, tout grésille. L'onde évaporée découvre la terre sèche, le dessin net (les paysages tropicaux. ; Jusques au soir, tout cuira dans l'air 1 étouffant, le porteur se presse, le chemin ; échauffé brûle la plante cornée de ses pieds meurtris. La plaine verte s'étend à l'infini, ; herbe triste, chemins capricieux, et tout le long des jours, cette même campagne ' sans relief fige l'esprit en une immobilité à peine douloureuse. L'habitude de l'isolement diminue l'accuité de la pensée, le passé s'éloigne imprécis, l'avenir se formule à peine. Si on voulait pourtant se secouer un peu, en ce riche pays d'Ituri, Eldorado de l'Afrique, quelles belles choses on y ferait. Les mines d'or de Kilo attirent un monde d'ingénieurs, de prospecteurs, travailleurs de toutes espèces, arrachant au sol minier, comme autrefois les gnomes du Rhin, la richesse métallique d'une contrée infiniment riche. De gras pâturages, des troupeau:; nombreux, une terre féconde désignent ce pays à la colonisation. La situation sanitaire exceptionnelle de l'Ituri en ferait une nouvelle Floride. Le riz y pousse très bien, les pommes de terre, les légumes y réuississent parfaitement. Pourquoi, après la guerre, quand on pourra se reconnaître un peu, n'organiserait-on pas ici dss fermes modèles, des élevages productifs? Le fermier belge s'est épris autrefois de l'Argentine; puis, ce fut le Canada dont les réclames savantes attiraient les chercheurs d'aventure. Pourquoi ne pas choisir chez nous-mêmes, dans, notre colonie si belle, les coins propres à l'établissement définitif de familles belges? C'est ainsi que se fondèrent, les pays sud-africains, l'Angola et toutes les républiques américaines. La population noire ne demande qu'à marcher dans la voie du progrès et la venue des machines agricoles propres à diminuer l'effort indigène, en augmentant son bien-être, sera naturellement bien accueillie partout. Vienne la paix, la reprise des affaires, la reconnaissance de soi-même, la vie reprendra plus intense, augmentée du fruit de l'expérience des choses. Déjà chez le nègre, la séparation forcée des maris et des femmes a montré des cas de conscience que les circonstances justifient un peu, sans toutefois les excuser. Bakuso, le sergent noir, le paragon des maris, le père de famille modèle, a laissé femme et enfants dans le "Bas" et s'en va guerroyer au Kivu. La chair est faible, les belles du pays consolantes et le grognard, inspiré du dieu Mars, se laisse prendre aux filets de Vénus. L'histoire n'est pas nouvelle, les tourtereaux sont heureux ; entre deux batailles, on sacrifie à l'Amour, toujours jeune et puissant. Arrive le trouble-fête en les espèces d'un vieux médecin grinchu, difficile... et peut-être un peu jaloux de succès auxquels il ne doit plus prétendre. La conversation s'engage sans cordialité : — Tu n'est pas honteux, Bakuso? Et ta femme, et les enfants?... — Ils sont restés à Borna, c'est si loin. — Et si j'écrivais à ta femme que tu vis ici avec une indigène. — Elle fait ce qu'elle veut, moi aussi, c'est trop longtemps pour penser encore ensemble... Qui pourra lui donner tort, alors que ' chez nous-mêmes, dit-on... Comment exiger d'un homme qui se fera tuer demain le détachement aux biens de ce monde? n'accorde-t-on pas au condamné à mort la cigarette et le verre de rhum. Passe pour la cigarette, un cigare allongerait trop la fête. Avez-vous jamais ouï parler d'un guillotiné "non fumeur"? Et pourquoi l'éternelle verre de rhum? Un cognac trois étoiles, une chartreuse, un verre de bénédictine, ce n'est pas mauvais non plus. Nos soldats vont au feu en chantant; leur héroïsme dépourvu de jactance est communicatif, les porteurs veulent tous s'engager à présent. Il est vrai qu'ils auront moins à travailler, seront mieux nourris et trouveront même moyen, une fois soldats, de faire porter leur "fourbi" par un indigène intimidé. Sur la route, un grand bruit annonce une auto. Nous sortons curieusement, c'est le chef des Beni-Nyama en voyage avec son cortège. Un grand drapeau tricolore flotte au vent ; le chef vient ensuite, suivi de la chaise, signe de sa toute^puissance, et l'auto... S'inspirant des clowns qui font un éléphant de toile, le sultan des Beni-Nyama s'est contenté d'une casquette de chauffeur et d'une paire de lunettes micacée. Une trompe pressée frénétiquement par un des porteurs évite les accidents, tandis qu'un de ses ministres imite à s'y méprendre le tam-tam, le bruit des cylindres et de la vapeur sous pression. Il n'y manque même pas le parfum, la troupe malodorante laissant après elle ce fumet exquis du nègre en transpiration. Puis, ce sont d'immenses pâturages, des milliers de têtes de bétail gardées le long des mares par des bouviers attentifs. Quand on est pressé, pour hâter la marche du troupeau, on empoigne délicatement la queue de la bête conductrice, on y donne un vigoureux coup de dent et aussitôt l'animal affolé part au g-alop, ; entraînant à sa suite l'homme cramponné à la queue de vache, suivi du troupeau en course folle. La chair de ces bestiaux n'est pas mauvaise, il faut cependant surveiller les animaux abattus, le noir, pas plus que le blanc, ne se fait scrupule de vendre des bêtes crevées. On avait chargé le médecin du poste de l'examen de la viande de boucherie. Le pauvre homme espérait en même temps se faire servir les meilleurs morceaux pour son : ménage, mais il s y connaît tellement : bien qu'il n'a jamais pu distinguer entre - le filet et le rabat-de-col, si bien qu'il a : dû y renoncer. Le matin au marché, les boys choisis- . sent ce qu'il y a de mieux. Les : " blancs" se font des politesses,- s'invi- - tent à dîner. Le potage sent la fumée, . la poule farcie n'a plus que la peau avec ) du pain mâché à l'intérieur... c'est une - bonne farce du cuisinier. Le ménage du , receveur accapare la cervelle des veaux pour en faire des vinaigrettes tandis que ; le perroquet parfaitement stylé installe i sur la chaise de l'invité crie à tue-tête s " Sale cochon, sale Boche !... Le bridge r règne en maître; le soir, après avoir de-î cidé de la marche des armées, des condi- t tions de la paix, chacun chante son ré- i pertoire — toujours le même —on ter- , mine par les hymnes nationaux et le len- - demain, on recommence. t Voilà la vie d'Afrique, ni meilleure, nî s pire qu'une autre. On s'efforce de rem- . plir les instants par le travail, on s'y t laisse prendre, on s'y attache et tout le • monde y gagne. Parfois aussi on s'at- c tarde à quelques-uns, le samedi soir et - longtemps dans la nuit on évoque les e anciens qu'on a connus. La liste en est - longue, les souvenirs joyeux ou lugubres a se pressent sans fin. Surtout maintenant, - on confond dans une même remem-:- brance les disparus de la guerre et ceux d'autrefois ; tout se tasse, parce que, malgré soi, on sent qu'on arrive à uni 11 nouvelle époque de l'humanité. La ^ guerre finie, il y aura séparation nette entre la génération nouvelle et celle qui ' aura survécu aux horreurs du passé. s Par nécessité, autant que par conve-e nance, on prolonge maintenant les sé-< x jours au Congo ; on ne s'en porte pas n plus mal ; des gens sont ici depuis quatre :t et cinq ans, qui n'y paraissent pas. L'anus cêtre des factoriens de Stanleyville, uit N brave homme de 73 ans, dirige gaillard e dement la marche de ses affaires ; le, tolon Figareide en est à sa 28e année de Mayumba, et, ici même, le fermier ;t Roquez, depuis plus de vingt ans, four-nit le lait, le beurre, les légumes aux i. gens d'Irumu. Les choses de l'Europe u le laissent froid, il n'a jamais vu de cinéma, mais il a une décortiqueuse méca-nique pour son riz, et une couveuse électrique pour ses poulets. ie ROBINSON CRUSOÉ. 87ème année, No 187

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Dit item is een uitgave in de reeks L'indépendance belge behorende tot de categorie Oorlogspers. Uitgegeven in Londres van 1914 tot 1918.

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