L'indépendance belge

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05 augustus 1914
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s.n. 1914, 05 Augustus. L'indépendance belge. Geraadpleegd op 25 april 2024, op https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/nl/pid/6t0gt5g17s/
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E INDÉPENDANCE BELGE «BOIS ÏDmOKS PAR JOEB. — SIX EAGù cossEfivjunûs zut u nocs£g 85* ANNEE Mercredi, 5 aoC4 1914 ADMINISTRATION ET . RÉDACTION A ^ rue de» '.Sables, t ïi-uielïe* BUHtAUX PARISIENS . 11 place (le la B'curs» ABONNEMENTS 5 : ÉDITION QUOTIDIENNE BcLSIÇUE Un an 29 fr H mil 1 0 il. 3 moit. S fr. l'JHKSi'l'fiSIEr.-D.' » 28 il - i 5 tr. » 8 fr. ETtlAiiGcB » 4Sfr. » Z : ti. » Sir. ÉDITION HEBDOMAD^ (RE intirnaiionais «t ifOutri-aet XI PAGtS, PARAISSANT LE iU P.CREDI Un uu î ï*5 iranct Ëix. iiuiis 1 12» fr&uai aAguegmra.r^ a® u i r Mercredi, S août 1914 Les annonces sont reçues. RUXELLES : aus bureaux du joirj*C A.RIS ? 11, place de la Bour.e. ONDRËS : chez MM, John-F. Joues à. G3, a® Snow Hili, E. CL; à fÀgen'-e Eavas, u° lil Gheapsiue E, G.*, et chez Neyvoud <k Fils, LtdÇ »•» 14-18, Queen Victoria Street, et T» B. Brownefc Ltd. n° 163, Queen Victoria Street. HSTERDAU,ï chez Nijgh & Van Ditmar, Rotin, 2» OTTERDAU ? même firme, Wynhaven, 113. ALLEMAGNE, EN AUTRICHE-HONGRIE et m SUISSE, aux Agences de la Msi*on Rudolf Moss^ ITALIE : chez MM. Harenatein & Vogler, à Milan! Turin et Rome. fcW-ÏORK t T.fc. Browne, Ud, i% £ast 42^ StreeW Ëdition du soir — • ' vl.. " ■ ' La ©lierre Eur@péemae La Belgique. - Rupture franco-allemande. - L'Angleterre La Situation Mardi matin. La situation se dessine maintenant avec la plus grand© précision en ce qui concerne la Belgique. Mardi mat'n,1 des lorces allemandes ont pénétré sur le territoire belge. Notre envoyé spécial nous signale, à 1 heure du matin, le bruit que notre 1'ronUèr.e aurait été violée près de Verviers,muis il n'a pu obtenir jusqu'ici aucune confirmation officielle de ce bru't. Par contre, il est acquis que le génie belge a lait sauter le tunnel de Stavelot à Malmédy et rendu impraticables les tunnels de la vallée de la Vesdre. Notre défense est absolument prête; nous sommes en mesure de soutenir le choc et, s'il est exact, comme le signale une dépèche Havas, que 100,000 Allemands sont massés devant le plateau de Hervé, leur action ne nous surprendra plus. Le redoutable danger de l'attaque brusquée est définitivement écarté. Au point de vue diplomatique, notre situation est excellent© : le discours prononcé hier soir à la Chambre des communes par Sir Edward Grey, secrétaire d'Etat pour la Foreign Office, établit suffisamment que l'Anglcterre-ne laissera pas porter impunément atteinte ù. la ii> uualnù e* à i indépendance de la Belgique. Quand Sir Edward Grey a fd.it connaître la réponse du gouvernement belge à la mise en demeure de l'Allemagne, le Parlement anglais tout entier a appla,udi. Il a reconnu ainsi que la Belgique lait loyalement, bravement son devoir. Le ministre d'Allemagne à Bruxelles, M. de Below, a fourni à l'Agence Havas une explication de l'attitude de l'Allemagne.Il y est diit que l'Allemagne ne veut pas de mal' à la Belg'que, mais que si les troupes allemandes doivent traverser notre territoire, c'est qu'elles y seront contraintes par les dispositions de leur adversaire. C'est la légende de l'action française par Givet et Namur que l'on s'efforce de' créer. Nous ne voulons pas discuter en ce moment cette explication, l'honorable diplomate allemand se trouvant encore sur territoire belge. Nous ferons simplement remarquer .que . c'est le même ministre. d'Allemagne qui affirmait solennellement dimanche après-midi il un de nos confrères que l'Allemagne respecterait la neutralité de la Belgique, que cela était tellement évident qu'il n'avait même pas jugé utile de faire de déclaration spéciale au gouvernement belge en ce moment si grave, et qui, quelques heures plus tard, dimanche soir, remettait à notre ministre des affaires étrangères la communication officielle par laquelle l'Allemagne mettait la Belgique en demeure de la laisser violer sa neutralité, de lui. faciliter les opérations militaires éventuelles contre la France !... Nous croyons savoir que l'Allemagne ajoutait que si la Belgique n'obtempérait pas à cette mise en demeure, l'armée belge serait traitée en armée belligérante. Aucune explication officielle, ou officieuse ne peut prévaloir contre la brutalité des faits. Dans le cas de guerre franco-allemande, la France nous a spontanément et officiellement fait connaître qu'elle respecterait la neutralité de la Belgique; l'Allemagne nous a officiellement signifié qu'elle violerait cett© neutralité : voilà les deux faits précis qui dominent toute la situation. Nous ajouterons que la déclaration officielle faite vendredi au gouvernement belge par M. Klobu-kowski, ministre de France îi Bruxelles, ruine totalement le prétexte invoqué par l'Allemagne — 'es dispositions militaires françaises à Givet — pour essayer de justifier son attitude. D'ailleurs, il résulte clairement du discours de Sir Edward Grey que dès la semaine dernière, l'Allemagne fit pressentir l'Angleterre sur son attitude au cas où le gouvernement allemand prendrait rengagement de rétablir l'indépendance de la Belgique « après la guerre ». C'est donc délibérément que l'Allemagne viole la neutralité belge, et non pas sous la pression irrésistible diês circonstances; c'est de longue date qu'elle a pris la décision de méconnaître en ce qui nous concerne l'esprit et la lettre des traités. Le gouvernement belge ne pouvait avoir une autre attitude que colle qu'il a adoptée . en cédant il la mise en demeure de l'Allemagne, la Belgique se serait déshonorée devant le monde civilisé; elle eût violé tous les traités, tous 1er engagements solennellement pris; elle se tût exposée, de plus, aux justes représailles des puissances, dont la propre défense se fût trouvée com- j promise par une telle criminelle complaisance belge envers l'Allemagne. Le Roi et le gouvernement ont lait dignement tout leur devoir; leur accord avec la nat:on est absolu. On a tort de s'étonner, çà et là, de ce que la Belgique n'ait pas fait immédiatement appel aux autres puissances garantes. La violation de notre territoire n'est pas accomplie; il. n'est pas démontré que nos propres moyens seront insuffisants pour tenir en échec l'envahisseur et faire respecter notre indépendance. iQuand cela sera acquis, le gouvernement beige n'hésitera pas, .sans doute, à invoquer les traités dont lés garanti es valent pour nous comme pour les puissances qui ont le droit et- le devoir de sauvegarder et de défendre notre neutralité. Pour notre part, nous estimons que la. confiance de la nation doit demeurer entière, absolue, et c'est avec C'alme et sang-froid que'nous pouvons ; attendre, les événements. * * .? Au point de vue général du conflit européen, la situation ne se dessine | pas avec moins de précision et trois iaits d'une importance . capitale domi-lllent cette journée : la rupture des remuons diplomatiques entre la France tit l'Allemagne; l'attitude officiellement ppise par 1 Angleterre, et la neutralité maintenant connue de Utalie. Une note officieuse allemande cherche à rejeter la responsabilité de l'état de guerre siar la France, sOus prétexte que des troupes françaises auraient- pénétré en territoire allemand et que clts aviateurs iraçfiçais auraient" survolé la région du Khin; mais il est à "remarquer que cette jnote officieuse allemande ne cite pas. un seul des points de la frontière allemande que les troupes françaises auraient violé. Personne n'ignore que les troupes françaises se sont maintè-nue.ï. à huit kilomètres de la frontière, cela précisément alin de prévenir tout inckjeht de'ce genre. Par contre, il est officiellement constaté que des soldats allemands en armes ont. pénétré sur territoire français, à Cirey, à Bèllort et à Lougville. L'Allemagne a ainsi créé un cas de guerre; elle a évidemment escompté que la France lui déclarferait la gueiîre, ce qui eût convaincu le peuple allemand qu'il était engagé clans-une guerre défensive,et ce qui eût sans doute obligé l'Italie, en vertu des traités, à p rendre l'ait et cause pour l'Allemagne. La France s'est bien gardée de .commettre une telle imprudence diplomatique. Elle est restée, elle reste scrupuleusement sur la défensive, et c'est l'Allemag.ue qui rappelle aujourd'hui son amoiissacieur à Paris, . qui rompt les relations diplomatiques. C'est donc incontestablement l'Allemagne qui crée l'étal de guerre entre elle et la France. Nos lecteurs se rappelleront peut-être qu'il x a dix jours nous disions ici que nous avions, d'excellentes raisons ae croire qu'aucun doute n'était possible en ce gui concerne l'attituue de l'Angleterre; "que celle-ci se trouvera loyalement aux côtés de la France et de la Russie clans ce conflit européen. Les déclarations laites hier soir au Parlement patfâir Edward Grey le confirment pleinement. L'Allemagne a lait demander à la Grande-Bretagne de rester neutre, engageant, à ne pas attaquer les côte; s hollandaise", beiges et françaises. L'Angleterre a répondu qu'elle ne prenait pas d'engagement de ce genre. L'Allemagne a fait demander alors ii Londres i si l'Àngletrre se tiendrait pour satisiaile avec le rétablissement de l'intégr ité belge après la guerre. Le cabinet de Londres a répondu fièrement qu'il ne faisait pas un marchandage avec :.?es intérêts et ses obligations. Sir Ettovard Grey a ajouté que si les informations reçues par le gouvernement au sujet de la Belgique se confirmaient, l'Angleterre aurait l'obligation de faire tous ses efforts pour empêcher les conséquences qui en résulteraient « Ndus sommes prêls, a-t-il dit, à faire face aux conséquences résultant de l'emplioi de toutes nos forces pour nous défemUe. Si la situation se développe dans le sens qui paraît probable, nous y fercr.TS face. » L'intervention anglaise, dès le début de la guerre, est donc absolument certaine. La flotte anglaise entière est mobilisée; l'armée anglaise sera mobilisée ca soir; les forces navales anglaises de la Méditerranée se joignent, aujourd'hui même aux escadres fnu&çaises. Jusqu'à lundi,les doutes subsistaient au sujet de l'attitude dé l'Italie.Elle avait affirmé sa neutralité pour la guerre russo-allemande, ma te on supposait qu'elle pourrait diffic (ilement observer cette neutralité dans j.ine guerre l'ran-co-llemande. Après lav visite faite par le princ© Ruspoli, chargé d'affaires à Paris,-à M. Viviani, ministre des affaires étrangères de France, l'attitude de l'Italie est claire : la déclaration de neutralité sera publiée aujourd'hui même. En effet; les consuls italiens à l'étranger ont informé leurs nationaux qu'ils avaient à dbserver une neutralité absçr-' lue à l'égard de tous les belligérants. Là encore, aucun doute ne peut plus subsister. Ainsi, les positions prises de part et d'autre sont nettes : d'une part, la Russie, la France, l'Angleterre et la Belgique qui défend son territoire contre une agression; -d'autre part, l'Allemagne et-f Autriche, cette dernière engagée dans, une guerre contre. la Serbie • où,. suivant des dépêches reçues d'Athènes, ' elle n'a encore subi que des échecs.. . , - , Le sort en est jeté. Dans cette Europe du vingtième siècle, qui avait l'orgueil de sa culture et de sa'civilisation, la •> oix du canon domine toutes les voix et les étendards flottent au-dessus des rangs compacts des hommes qui vont mourir pour la Patrie et. pour la Liberté...ROLAND DE MARES. LA BELGIQUE1 EHMfiHIF i On.:apprend de souce officielle que le territoidre a été envahi la nuit dernière. au sud d'Aix-la-Chapelle, à proximité de Bleyberg.. ON FAIT SAUTER LES PONTS Lundi, le génie ï encore fait sauter des ponts, entre , autres, ù Argenteaiu, Hom-bourg, grès' de "Dolhain. On a réussi à rassembler aujourd'hui en vue de l'alimentation, plus de 4,000 fêtes de bétail de toutes espèces. * (a) La Séance Solennelle du Farl&mant AVANT LA SEANCE. Le drapeau tricolore flotte sur te palais de la Nation et aux fenêtres de plusieurs habitations de. la' rue Royale et du Treu-renberg.Dès' huit heures, taudis que la rue retentit du cri des vendeurs d'éditions spéciales, plus de quatre cents pereormeS .assiègent les guichets de la Chambre et appel est fait à la police pour obtenir un bon aiigrœfnient. ' ' Une musique-die la milice citoyenne précédant un ' bataillon de «Meus» exécutant l'air1 de Sambre-el-Meune, qui est devanu tragiquement d'actualité, tes curieux, pour tromper le temps,, chantant eu ehieur le refrain, et des cris de (I Vive. l'année. ! » s'élèvent de -toutes parts. . ' Bientôt le vestibule et les couloirs de la Chambre sont envahis-pur les porteurs de cartes. -Les dames sont, très ■ nombreuses. Il faut, les oirtendre'approuver J'attitude du pays. Mères et sœurs des volontaires. ou des rappelés sont les plus énergiques. Députés et sénateurs expriment le même sentiment. Si la Belgique eût oédé, edle se fût déshonorée à jamais. Dans l'attente 'du discours du Roi, tes conversations s'échangent, e{ de tribune à tribune on fraternise. M. Paiïl Hymans 'à son arrivée est très entouré ' et félicité. DANS LA RUE Toute la garde civique de l'aggioméra-tion a été requise pour le- servie» d'honneur. Les ci bleus « et les corps spéciaux occupent la place dies Palais, la rue Royale, la rue de la Loi et la rue Ducale. Place des Palans les -boys-scouts s'alignent du c-ùté du Parc, tandis que la garde civique à cheval fait face à renteée principale du Palais. beaucoup de curieux partout; une vive animation règne, l'indignation contre l'Allemagne est formidable. Soudain les'portos de la cour d'honneur s'ouvrent et dans une voiture attelée de deux chevaux se trouve le grand-maréchal die la Cour, comte Jean de Mérode. Suit la voiture de la Reine. Notre gracieuse souveraine porte un ehau/peau blanc orné de plumes blanches et une robe bleue d'une tonalité sombre. Elle est entourée des princes Léopokl et Charles, en marin noir avec col de dentelles; et de la petite princesse -Marie-José, en toilette blancheu FORMIDABLES OVATIONS -A peine la voiture de la Reine a-t-eîle rancit; les grilles d.i Palais qu'une ova-Aun formidable, àans précédent, déjsus-(irit celles de la Joyeuse-Entrée, éclate, déchaîne. 'Tandis que 1&, boys-scouts poussent des 'dtrraho frénétiques la foule acclame. On \oit que chapeaux levés, tandis que diun bout à l'autre du Parc c'est un vol jiistân/t die mouchoirs. • S'échappan#. das nuages sombres, un rayon de soleil surgit et éclaire la oité. i Telle sera peut-être notre destinée... Vous le verrons peut-être de beaux jours mec des moments tragiques. ; La Reine "s'incline, les petits princes saluent. Les acclamations iedoublent. De toutes parts on crie : « Vive la Reine I >ive les Princes l » A l'angle de la rue de la Loi et de la rue..Royale l'ovation-esi indescriptible. Les jaittas civiques niOjteint tour chapeaiu à iix puinte de leur baïonnette. C'est du délire, voire du délire patriotique admirable, iule fière réponse à ceux qui auraient pu uiul#r de nous. A l'entrée du palais de la nation, les ouastairs de la Chambre et. du Sénat re-■ )iv«nt la Reine, suivie des membres des bareaiux des deux assemblées. Notre souveraine se reod ensuite, entourée de membres des deux Cli&mbree, cUas la salle des séances. ■ UE aoi Quelques minutes après le départ de la Reine, le Roi, à cheval, en tanUe de campagne, détache sa haute silhouette siir la façade du Palais. Il est suivi du lieutenant générai Jung-bfoth, aide de camp, du lieutenant général De Coene, commandant de la garde civique, et de plusieurs officiers d'état-major. Montant un superbe cheval, le Roi a l'aspect ferme, décidé, très cr&ne. L'escadron Marie-Henriette, avec le drapeau, entoure le monarque. Aussitôt des acclamations montent retentissantes, des acclamations frénétiques: « Vive le Roi ! Vive le Roi I » et ce cri monte, répercuté au loin, en rafale. Les officiers de la suite sont acclamés eux aussi ; « Vive l'armée I Vivent nus sol-date!.'.. i> Et de nouveau les chapeaux se lèvent et les mouchoirs s'agitenx. Attx ballcoiis et aux fenêtres, sur les trottoirs, derrière les grilles du Pare, partout le public se prodigue en cris et en acclamations. Jamais monarque n'a été ovationné avec ur. pareil, élan, une aussi émouvante unanimité.Plaee de la Nation, devant la Chambre, hwdits que les « bleus » et les artilleurs présentent les armes, et que les « Brabançonne ii vibrent, le Roi descend de cheval et s'avance rapidement an-devant de» questeurs. H serre la main à MM. Waroc-qué, de Bue et Pirmez... De nombreux députés et sénateurs l'attendent sur le porche, l'entourent et l'aoclamenî. Le-Roi, à ce moment, semble fort ému, mais' bientôt il se rend dans la salle des séances, après avoir salué de la main les « bleus » alignés dans le péristyle. Au retoilr au PaJais, près de la rue Ducale et la place des Palais, le Roi, la Reine, les princes et la. petite princesse Marie-José ont été l'objet des mômes ovations. Qe fat-du délire, nous le répétons, un déliré patriotique admirable, sans précédent. LA SÉANCE Une séance historique. Dès neuf heures et demie une animation extraordinaire règne dans l'hémicycle. La vaste salle blanche a. reçu un sobre décor à la fois simple et émouvant : à la place du bureau on a installé :1e trône royal, vaste fauteuil doré, sur le dossier de velours rouge duquel est brodée en lettres d'or la devise nationale, celle que lépètent en ce moment tragique toutes las pensées et qui se grave fortc-meni dans tous les cœurs : « L'Union fait la Force ?>. Au-dessus du trône, un trophée de tro:9 drapeaux;, deux de la Belgique, au milieu le drapeau bleu du Congo, entourant un écussun aux armoiries du pays. De chaque-côté de l'escalier menant au trône, "n autre drapeau- tricolore. Au balcon des tribune!. diplomatique et sénatoriale, un autre drapeau est fixé. Et cela fait sur 'es murs clairs des soies immobiles, aux couleurs joyeuses, hunineuses comme le désir même de tous ceux qui emplissent l'enceinte et représentent toutes les classes de la nation,, étroitement associées dans la même espérance de victoire et la mènic soit de liberté. Les députés, les sénateurs s'installent au peiit bonheur; on S'empresse autour de M Paul HyraanS) afin de féliciter le nouveau ministre d'Etat libérai. Les mains se tendent vprs ,1e duç d'Lrsel, sénateur catholique de Maîmes, qui a revêtu son uniforme de cavalier-volontaire, à un régiment de guides. On cause, or discute avec feu les dernières nouvelles, et l'annonce officielle que les Allemands ont violé notre territoire met à l'ame de tous une indignation qui se traduit par des gestes vigoureux. C'est M. Delvaux qui préside. Il frappe d:e son marteau trois coups. Un silence impressionnant se fait tout à coup. Tout le inonde s'est tu. A gauche eit à droite ''u doyen d'àge-président on voit deux députés libéraux ; MM. Devèze et Pécher, les plus jeunes membres de la Chambre. A côté d'eux, à la table du bureau, celle où siègent d'habitude les sténographes, sont MM. Campioni et Pauwels, greffiers du Sénat et de ta Chambre. Tous les représentants de la.nation sont debout. Un huissier annonce ; « Lu Reine l « Elle entre vêtue de blanc et coiffée d'un chapeau blanc; les deux princes et la princesse la suivait. On aoclame formidabieanent sur tous les bancs : « Vive la Reineti) Les mouchoirs ondulent, La souveraine, entourée de ses enfants, prend place sur un fauteuil à l'entrée du couloir vers la gauche. Mais un huissier annonce : « Le Roi Aussitôt ce sont dies vivats, des cris d'enthousiasme : n Vive le Roi ! Vive le Roi ! »; les socialistes applaudissent comme ies a>u-ti\s. Mais le président frappe de son maillet. Le silence se rétablit à l'instant. Le Roi, debout, devant son trône, ému, com-menoa la lectui e de son discours. Il remarque que jamais, depuis 1831, la nation n'a :,v — i— nous ne reculeront devant aucun sacrifice pour défendre la patrie. La jeunesse est préparée à défendre notre indépendance je lui adresse mon salut àu nom du pays. Nous ne devons avoir qu'une valante : défendre notre 'territoire avec une endurance inébranlable. Et le Roi de rendre hommage à la bnacouire de tous : Il n'y a plus qu'un seul parti dans cette assemblée.L'as-semblée applaudit frénétiquement. Et le Roi de continuer ; u Jurez de maintenir intact le patrimoine. d<, nos ancêtres ? » Et l'assemblée de crier d'une seule voix ; » Oui ! » Le Roi alors de dire qu'il a foi dians notre destinée : « Un pays qui défend sa destinée ne peut périr. Vive la Belgique indépendante ! n Ce discours a été prononcé d'une voix convaincue, secouée, par l'émotion. Quand le monarque ijuitte le trône, il est acclamé; il se retire avec la Reine et les princes, au milieu des cris de loyalisme de toute l'assemblée.M. de Brcqueville monte alors à la tribune et met la Cliambre au courant des événements qui se sont produits depuis dimanche. 11 donne lecture de la note envoyée par le gouvernement allemand au gouvernement belge, et qui constitue une sorte d'ultimatum à notre pays. On connaît dans ses grondes lignes cette note, dont la lecture soulève plusieurs fois des murmures. L'honorable chef de cabinet dit alors ce qu'il a fait en réponse ù cette note. C'est à l'unanimité du conseil des ministres, auxquels s'étaient joints les ministres d'Etat, que la réponse a été décidée. Les affirmations de l'Allemagne sont en contradictions avec les déclarations de la France, qui a dit respecter notre neutralité. Rien ne justifie la violation du droit que tente l'Allemagne. Nous sacrifierions l'honneur de la nation si nous obéissions aux injonctions de l'Allemagne. (Applaudissements.) Nous ferons tout ce que nous pouvons pour empêcher qu'on porte atteinte à notre indépendance. En terminant, M. de Bro-queville lit la note que ce matin, à G heures, le ministre d'Allemagne a fait parvenir, au gouvernement belge, en réponse à notre Véclaration. Cette réponse dit que l'Allemagne, par la force des armes, passera par chez nous. Défendons-nous. Et si nous sommes vaincus, nous ne serons jamais asservis.Des bravos retentissent et. M. Delvaux, doyen d'âge, convie le pays à se serrer autour du gouvernement pour la défense de la Belgique. On crie « Vive lia Belgique ! Vive la liberté. Plutôt, mourir ! » Il est dix heures et demie. La séance est. suspendue. La séance est reprise à onze heures moins un quart; seuls les membres de la Cliaœ-bre y assistent, sur la proposition de M. Delvaux, toutes les élections sont validées en bloc. Les élus et les réélus prêtent le serment constitutionnel. L'ancien bureau est réélu par acclamations. MM. Delvaux et Scliollaert, qui vient, prendre possession du fauteuil de la présidence, se donnent l'accolade. L'honorable président se félicite de l'admirable sentiment patriotique qui anime en cette heure grave tous le» Belges. Nous ferons tous notre devoir. On est fier d'être Belge. Sur la proposition de M. Scliollaert, le bureau exprimera au Roi ses sentiments de reconnaissance et l'assurera de la fidélité des représentants de la nation. M. de Bro-queville dépose ensuite sur le bureau de la Chambre un projet de 200 millions pour faire face aux dépenses de la guerre. Puis l'honorable ministre de la guerre, lea larmes aux yeux, dit : u Messieurs, le territoire est envahi. Nous rapellerons encore deux autres 'classes, u Et aux acclamations de l'assemblée, M. de Broqueville annonce que le Roi, pour reconnaître le concoure patriotique que l'opposition a accordée au gouvernement, a décidé de nommer M. Emile Van-derveldc, ministre d'Etat. C'est alors dan» l'hémicycle une acclamation formidable et l'enthousiasme est à son comble. On se précipite vers le leader socialiste, on le lé-licite, on l'enibi asse. Des députés, des spectateurs des tribunes pleurent, les mouchoirs ondulent. L'ovation,, longuement fait vibrer la salle. Le silence revient. Et M. Carton d. Wiart, ministre de la justice, dépose divers projets de loi punissant les accapareur» de denrées alimentaires. M. Berryer, ministre de l'intérieur, donne lecture d'un projet de loi rappelant sous les drapeaux lei classes de 1911 et 1915. Un autre projet de loi prévoit les rémunérations des familles qui ont des homme» à l'armée. Le puiement se fera chaque semaine. M. Devèze demande s'il n'y a pa» d'incompatibilité entre la qualité de .volontaire et celle de député. M. Berryer, ministre de l'intérieur, Aucune. 1 Tous les projets sont votés sans formantes.M. Vandervelde fait, au nom de la gauche socialiste, une courte déclaration. !t rajipeiie jjue le parti ouvlier, jiarti interna^ tentû, pàriï (Sè la jiuix, à 'toujours 'ota u *-! vis que lé jour où la patrie serait en danger tous devraient la défendre. Et c'ejt 1 polir cela que lui et ses amis voteront tou» les crédits demandés. La séance est suspendue à 11 h. 20. Pendant la suspension de séance, M. Jour» nez, tait la déclaration suivante : « Les représentants de Liège vont vou. quitter pour rejoindre leur cité. Les populations liégeoises s'apprêtent à faire tout leur devoir. Mais nous demeurons à la disposition du gouvernement. » A la reprise, tous les prdjets de lois sont votés par un unique appel nominal. La séance est levée à midi moins dix^ aux cris de « Vive la Belgique ». LES DOCUMENTS LA HOTE ALLEMANDE Bruxelles, mardi, 4 août. Voici le texte de la not© du 2 août du gouvernement allemand au gouvernement belge : Le gouvernement allemand a reçu des nouvelles sûres d'après lesquelles les forces françaises auraient l'intention de marcher sur la Meuse par Givet et Namur. Ces nouvelles ne laissent aucun: doute sur l'intention de la France de marcher sur l'Allemagne par le territoire belge. Le gouvernement impérial allemand ne peut s'empêcher de craindre que la Belgique, malgré sa meilleure volonté, ne sera pas en mesure de repousser sans secours une marche en avant française d'un si grand développement. Dans ce fait, on trouve la certitude suffisante d'une menace dirigée contre l'Al-lemage. C'est un devoir impérieux de conservation pour l'Allemagne de prévenir cette attaque de l'ennemi. Le gou-verement allemand regretterait très vivement que 'a Belgique regardât comme un acte d'hostilité contre elle le fait que les mesures des ennemis de l'Allemagne l'obligent de violer de son cùté le territoire belge. Afin de dissiper tout malentendu, le gouvernement allemand déclare ce qui suit : 1° L'Allemagne n'a en vue aucun acte d'hostilité contre la Belgique. Si la Belgique consent, dans la guerre qui va commencer, à prendre une altitude de neutralité bienveillante- vis-à-vis de l'Allemagne, le gouvernement allemand de son côté s'engage au moment d© la paix à garantir le royaume et ses possessions dans toute leur étendue. 2° L'Allemagne s'engage, sous la condition énoncée, à évacuer le territoire belge aussitôt la paix conclue; 3° Si la Éelgiquiè observe une attitude amicale, l'Allemagne est prête, d'accord avec les autorités du gouvernement belgs, à acheter contre argent, comptant tout ce qui sera nécessaire, à ses troupes et à indemniser pour les dommages causés en Belgique; Si la Belgique se comporte d'une façon hostile contre les troupes allemandes et fait particulièrement des difficultés à leur marche en avant par une opposition des fortifications de la Meuse ou par des destructions de routes, chemins de fer, tunnels ou autres ouvrages d'art, l'Allemagne sera obligée de considérer la Belgique en ennemie. Dans ce ess, l'Allemagne ne prendra aucun engagement vis-à-vis du royaume, mais elle laissera le règlement ultérieur des rapports des deux Etats l'un | lO CexLiclmeg Cti BELGIQUE ET A PARIS

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Dit item is een uitgave in de reeks L'indépendance belge behorende tot de categorie Liberale pers. Uitgegeven in Bruxelles van 1843 tot 1940.

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