L'indépendance belge

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12 december 1918
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s.n. 1918, 12 December. L'indépendance belge. Geraadpleegd op 28 maart 2024, op https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/nl/pid/0c4sj1bc9j/
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Jeudi 12 décer&re 1918. 10 centimes 89e année* L'INDÉPENDANCE BELGE TÉLÉPHONE « Direction.. .. •• M •• H A 2278 Administration m <« ■• •• B 73 Rédaction. •m •• i* m •• B 75 Adresse télégraphique : LINDEBEL- BRUXELLES Fondée en 1829 ADMINISTRATION ET RÉDACTION s RUE DES SABLES, 17 ABONNEMENT i BELGIQUE a Un an, 24 fr. j six mois, 12 fr, j trou mois, 6 francs. ÉTRANGER » Un an, 40 fr.; six mois» 22 fr.j trois mois, 12 francs. L'ÉCONOMIE DE TRANSITION l'organisation économique interalliée Si l'on s'en tient aux conditions dans, lesquelles se 'présente actuellement, à raison des agissements de nos ennemis, notre situation industrielle, il faut convenir que celle-ci est grave, extrêmement grave. C'est que, .ainsi que nous l'avons rappelé dans notre article d'hier, ceux-ci ne se sont pas bornés ;à disposer, à leur profit et contre nofcro propre pays, de la presque totalité de nos entreprises do grande et moyenne industries, mais ils ont poursuivi, et avec quel succès ! sa destruction systématique, complète. Ces seules circonstances suffiraient déjà pour rendre infiniment difficile la reconstitution do notre industrie nationale, comme d'ailleurs la reprise de toute notre activité 'économique, si des éléments nouveaux ne venaient la compliquer encore et qui sont de nature à. faire; naitre les inquiétudes les plus légitimés. C'est que cette guerre ne &'est pas déroulée à la manière des guérres dupasse, alors que l'on voyait aux prises deux ou quelques peuples seulement, pendant un temps relativement court et sans que la production ait été annihilée de part et d'autre dans les proportions atteintes dans le conflit actuel. Dès le lendemain des hostilités, les pays limitrophes s'empressaient d'offrir aux pays en lutte leur apj>ui, en crédit et en produits, ce qui rendait aisée et rapide la restauration industrielle aussi bien que commerciale. La guerre qui s'achève a présenté de tous autres aspects. Elle s'est étendue à peu près au monde çntier. Elle a mis en scène des dizaines de millions d'hommes, c'est-à-dire les éléments les plus sains, les plus vigoureux de la production. L'appel aux armes eut pour effet immédiat l'arrêt complet du travail dans la plupart des ateliers, fabriques et usines des pays engagés dans la latte ; ce chômage forcé eut nécessairement fgon contre-coup dans les pays neutres, tributaires pour leur matériel et certains produits de ces derniers ; la production y fut ou réduite ou enrayée. . Puis, ce lut la mise sous contrôle dans tous les pays neutres, aussi bien que belligérants, dqs entreprises de production. Partout, celle-ci était orientée vers des buts de gQeai'ù,-. les autorités militaires décidaient <lç ce qui serait fabriqué ou construit, en .Se réservant par surcroît le droit de disposer de tout ce qui pouvait sortir des fabriques et des usines. Et c'est dans ces conditions que les pays d'Europe, y compris les Puissances centrales, tournèrent leurs regards vers le nouveau Continent, les Etats-Unis spécialement, qui seuls pouvaient les aider à parfaire leurs g igautesques besoins. # *** On voit clairement ce qui devait arriver ici. Chaque pays envoyait ses meilleurs courtiers sur le marché américain pour procéder à des achats. Avant l'entrée en -guerre des Etats-Unis, les Allemands eux-mêmes acquéraient, à tous prix, des stocks immenses de produits et de marchandises, dont ils proposaient de prendre livraison dès la fin des hostilités. Les prix atteignirent des hauteurs inouïes, et la spéculation rendit la situation plus confuse encore. L'Amérique étant entrée en guerre, les gouvernements alliés n'eurent pas de peine à se rendre compte qu'il était de toute nécessité que fassent centralisés leurs achats et c'est dans ces conditions que fut créée, le 25 août 1917, l'« Allied Purchasing Committee ». Ce comité entra immédiatement en action. Il fixa, après enquête et d'accord avec les producteurs, les prix ^e vente. Toute spéculation était interdite. Les représentants, des divers gouvernements alliés ! devaient traiter directement et exclusivement avec la commission d'achat américaine. Le marché était unifié; les Alliés y trouvèrent tous leur profit. Le i3 décembre 1917, fut constitué à Londres le (( Comité interallié des achats de guerre et des finauces, des transports maritimes èt des affrètements ». Ce comité, composé do délégués des divers pays alliés, avait pour but de régler les rapports économiques devant exister entre les Etats-Unis d'une part, les divers pays alliés d'autre part. En ce qui concerne les achats et les crédits, il avait pour mission d'introduire périodiquement auprès du gouvernement des Etats-Unis un avis au«sujet des achats à effectuer par les alliés dans ce pays, ainsi que des crédits demandés pour les besoins de la guerre ; puis d'étudier conjointement les divers problèmes économiques soulevés par les achats faits aux Etats-Unis et dans les pays neutres. Le comité siège tantôt à Paris, tantôt à Londres, et il a un secrétariat dâns chacune do ces villes. Celui de Londres est chargé d'étudier plus spécialement les programmes d'achat ; celui de Paris,, les questions financières.La question des transports maritimes fut réglée dès le 3 décembre 1917, à la suite d'une décision prise à la Conférence de Paris. Uu secrétariat était établi à Paris sous la direction du Conseil interallié, chargé d'ajuster les programmes d'achat des alliés à la quantité de tonnage disponible. Un service spécial lui fut adjoint, qui devait déterminer la valeur d'assurance des navires, 'accorder des licences de voyage aux navires alliés et neutres, puis surveiller l'exécution des conventions passées avec ces derniers. Mais alors que le Comité interallié avait primitivement pour mission de régler les rapports entre les Etats-Unis d'une part et les pays alliés d'autre part, on convint dans la suite qu'il deviendrait l'organisme unique qui exercerait un contrôle sur les achats de tous les pays alliés et ceux à effectuer dans les pays neutres et interviendrait dans la répartition des crédits et du tonnage, Le contrôle des achats proprement dits devait être organisé à l'intervention de trois commissions dites^ Conseils interalliés : la première s'occup<mt exclusivement des matières premières et des demi-produits, la se- , coude s'intéressant à tous les produits d subsistance, la troisième aux munitions Ces commissions avaient pour but de pre céder à la répartition des divers produits entre les gouvernements alliés, à la manièr des Clearing House; c'est-à-dire que quan l'un des pays associés avait un excédent d produits ou de marchandises, ceux-ci étaion transférés à celui qui en manquait. Et nous voici enfin arrivé au « Comit interallié pour lw. relèvement industriel e agricole de la Belgique », dénommé commu nément le C. 1. Iv. I. A. B., qui compren deux'sous-comités installés, l'un à Londres l'autre à Paris. I Ce Comité, composé de délégués des di vers pays alliés et y compris des délégué belges, fut constitué l'an dernier, en vue d'e tudier les besoins de la Belgique, tant a point de vue de son industrie que de l'agr culture. Il a pour mission d'examiner le demandes d'achats introduites pour compt de la Belgique et renvoie au pays qui, d son avis, lui parait le mieux à même de foui nir les produits, les marchandises ou l'or tillage désirés. 11 se propose d'étudier le conditions dans lesquelles il sera possibl d'assurer du crédit. Et ici, les acheteurs s trouveront éventuellement devant un orgs nisme, tel 1' «Allied Purchasing Comittee» qui fonctionne en Amêrique'et doit être cré encore en Angleterre et en Franco. Ce Ce mité a, ainsi que nous l'avons vu, pour mis sion de prendre toutes mesures' susceptible d'empêcher la hausse exagérée des produit et de mettre les acheteurs en présence de fournisseurs les plus qualifiés. Et, dès c moment, les produits ou l'outillage acqui peuvent être autorisés moyennant licenc exigée pour un grand nombre de produit à l'exportation. Nous verrons dans l'article suivant coin ment il convient de concevoir, dans notr pays, une organisation qui s'adapte à ce rouages infiniment complexes, et qui info ressent le commerce et l'agriculture, aus; bien que notre industrie. (A suivre.) G. BARXICH. JUSTE ÉTONNEMENT On a-arrêté, hier, à Bruxelles, dèux • actîvà tes malmois. La 11 ouveJe fera plaisir à tout le monde, 11 faut bien le dire, les nouvelles de ce» gen: paraissent, depuis une quinzaine .de j^Urs,.ferc rares, Trop rare <$ue l'on,rencontre, dài i«s rixes :tîo $&&&$*&.< _£e.9S. jd-ent. . ,pr£t>erjoc y- payait ..surpr^$^«, parps que l'ç connaît 'trop' "d'individus, .'non 'p'âé;'.sêûicmêr suspects, mais,- incontestablement, '' évidêti ment, coupables de trahison ou- de trafic av< l'ennemi, et. qui sont.'encore libres. On. nous en. signale constamment." On noi .dit : « J'ai-. rencontré 'Un tel. ». un Up.teî e tantôt -un fonctionnaire qui; çuvertemen | avait., pendant l'occupation,' pr;s .contact av< | les autorités allemandes, adopta à" Regard c s'"s collègues une attitude agressive,- et s'éta fait cyniquôwtént protéger par l'occupant, dar des affaires lucratives, ou bien, un raté q avait accepté des fonctions dans l'adminlstr lion flamande créée par la séparation, et ava suivi e cercueil de von" Bissing. Nous savons bien crue La justice organise doit à sa propre dignité d'agir avec prudenc avec le souci de ne pas cesser d'être la Justio que pour cela, <?!!jc doit s'entourer de rense gnements précis, de témoignages personne!* Mais, tout de même, il y a des cas de culpab iité, si flagrante, que l'on ne comprend pe l'hésitation et la lenteur. Les .parquets ont., dès le retour du gouverru me'nt, agi avec zèle et avec énergie. Leur a< tivité à. provoqué une grande satisfaction, u soulagement profond./ Cela était indispensabl< §i l'on voulait préserver la' Ai orale publique cette morale publique à la corruption de h quelle les Allemands ont tant travaillé che nous. Mais la hesogne d'assainissement n'est pa achevée. Et la foule s'étonne. Elle a été trè digne. Elle a compté sur la Justice. Elle a cei tainement eu raison. Mais il imperte que 1= Justice ne lui ..laisse pas je temps d'être in quiète.. Sur PYser 1 Au Pays de Douleur et de Gloire Précédant l'hommage unanime du Monde e le concours pieux des foules, la presse bru xeloise a. visité l'Yser. Elle était l'invitée di grand quartier général, ■ qui avait préparé e qui a dirigé l'excursion avec un soin et m tact qui méritent tous les éloges et tous les re merciements. La veille du départ, nous avon entendu le major Salmon nous faire, à l'Ecol< de guerre, un exposé très clair et très intéres saut des principales phases de la campagne Ce n'est pas ici l'endroit de résumer cette eau serie qui s'adressait surtout à des journalistes Mais il serait injuste île passer sous silène-les témoignages réitérés d'admiration que li major Salmon a rendus devant nous au solda belge. 11 s'agit, bien entendu, du simple sol da'u du <' piotte », du « jass », que le brillan officier déclare n'être inférieur à aucun autr< soldat du monde-. — « Il a volontiers, dit-il, une allure dé braillée. Mais adressez-vous à son cœur, e vous le conduirez où vous voudrez ! » Et il nous citait, à ce propos, un mot de sol dat véritablement émouvant. C'était un soir, à Dîxmude, pendant la der nière offensive. Le major Salmon avisa ui: soldat déjà âgé, qui s'isolait de ses compagnons et semblait tout mélancolique. Il s'ap procha de lui i — « Eh bien, mon brave, lui dit-il, vous êtes d'une vieille classe, vous ?. Comment se fait-i; que vous ne soyez pas à l'arrière, comme ceux de votre âge ? » — Mon major, parce que je n'ai pas voulu 1 —- Cependant, vous devez avoir une femme, des enfants ? — Oui, mon major, mais « le grand » famille passe avant « le petit 1 ». C'est' là tout le soldat belge I Ainsi documentés, nous avons quitté Bruxelles le samedi 7, à 6 heures et demie du matin, en deux autos-camions de la Croix Rouge. Un soldat qui nous accompagnait nous dit, en désignant le plancher de la voiture : — « Cette auto vient de ITser. Le 28 septembre, le sang coulait entre ces planches » Il disait cela très simplement, comme une ahose toute naturelle. Et il ne remarqua même pas, sans doute, le frisson d'horreur et de pi-*4 oui nous secoua tout entier.,* Cependant, la route filait. Nous dépasson* Assche, où des canons allemands, notammen des canons anti-aériens, sont abandonnés de: deux côtés du chemin. Des réfugiés, pénible ment, regagnent leur village, ils traînent £ bras d'hommes de lourdes voitures, chargée: de bardes de toute sorte, au-dessus desquelles ainsi qu'au temps des migrations, dés femmes dos entants, des vieillards, font des groupe: lamentables et résignés. Quelques uniforme: bleu-horizon, mais surtout, et partout, des sol dats belges, en auto, en motocyclette, à v£lo à cheval, ou bien, paisiblement assis — ah. qu'ils l'ont bien gagné ! — à la porte d'une caserne,, sur le bord de la route. Voici Alost,intacte et abondamment pavoisée Voici Gand, qui n'a pas souffert et où nou: remarquons — le fait, en ce moment est ca ractéristique — de très nombreux drapeau? français. Entre Bruges et Gand, la face de la guerr< nous apparaît pour la première fois : des mai sons démolies par les obus'; des ponts sautés et, tout à. l'en tour,' les habitations en ruines les rails des vicinaux tordus. Ces destruction: systématiques ont été, d'ailleurs, absolûmen inefficaces. Près de Bruges, dans la campagne plate des - volontaires, en costume civil, font de: marpheg et des contre-marches.. A dix.heuçe: et quart," nous entrons dans Bruges^la-Morte qui, contrairement à son surnom, nous rc trouvons, très vivante, très animée, avec se: merveilleux monuments, miraculeusement pré serves. Quatre, ans ! 11 y a quatre ans que nou: n'avons Das vu le Beffroi, que nous n'avon: pas senti pleuvoir doucement sur nous le: gouttes d'or du carillon ! Et nous aimerions i rester ici un peu de temps si les nécessité di voyage no commandaient pas le départ irri médiat. Au sortir de la ville, un bref émoi- NoU: frôlons trois autos,, qui viennent de quitter 1< gare — intacte! — alors qu'on nous avaï affirmé qu'elle était détruite... Ce sont no: Souverains, le duo de Brabant et leur suiti qui descendent à l'instant, du train de Paris e regagnent Bruxelles par la route. Émouvant entre-vision de la haute et mâle figure dt Héros de l'Yser, a.u moment.ou, par Ghistellé: et Zeve.cote, nous nous dirigeons vers le pays de Douleur et de Gloire !... Au fur et à mesure que nous nous en rap prochorit, une émotion indicible grandit er nous. Il semble q,uo nous ayons peur de c* que nous allons voir là:bas.. Et, avant d'entre: dans la zone désolée, nous nous rempiissoh: les yeux do spectacle de la. belle Flandre, ic encore grasse et fé.conde, mais d'où tout le bé tail a été enlevé par les hordes ennemies ei déroute. Premier contact A Zevecote, brusquement, le paysage ? changé. Sur un.espace de dix Kilomètres, nom ai Ions rouler entre deux Impenses marécages d'une ine&prjnWble désoiaftoru. Une yégétâftoi nouvelle, une soiv-o "de blé sauvage, aujour d'Uui desséché, a pouààé ci éfc là èt, dèê&ih< des taches jaunâtrrés'sur lé'fond verdâtre di vaste marais. b*un contre loutre, si serré: qu'à, peine quelques. centimètres les séparent s'ouvrent d'innombrables trous d'obusT plein: d'une ' eau noirâtre. Durant quatre années, jour et- nuit» sans un moment de répit, cett« terre malheureuse a ét£ battue, creusée, foui! !ée par les deux artilleries. Aux deux côtés d< la route — la route que recouvre un piec d'une boue grise, pareille à de la cendrt mouillée — les arbres, encore debout, son morts; la plupart, d'ailleurs sont hachés, le: troncs ont disparu, un moignon seul témoigne qu'il y a. eu là une vie végétale puissante. De hautes palissades : fils de fer barbelés, mas qués par des roseaux secs, s'allongent inter. minablement, à droite et à gauçhe. La route « camouflée » passé sous des toits de verdure qui, à présent, s'effondrent. Au loin, des li gnes de palissades encore : elles cachent les tranchées allemandes, dont les entrées béton nées apparaissent çà ét là. Un cours d'eau ! C'est lui, c'est le fleuve immortel, dont, le nom ne sera plus cité sans éveiller dans l'âme humaine un sentiment de noblesse et de fierté, comme les Termopyles ou Salaminé ! C'est l'Yser, que nous passons sur un pon1 de fortune. La fameuse inondation a presque disparu et l'eau qui "stagne est à peine plus abondante en cet endroit que sur la rive droite. L'eau sourd ici du soi sous la simple près, sion du pied. Et c'est dans cette fange que nos soldats ont vécu quatre ans . Sans nous en apercevoir, pris jusqu'aux larmes par l'horrible grandeur du tableau, nous avons franchi le chemin de fer de Dix-mude à Nieuport, la digue qui arrêta définitivement l'invasion germanique. Ici, nous sommes chez nous, sur ce qui n'a pas cessé un instant d'être terre belge, sur ce sol inviolé où nos soldats seraient morts jusqu'au dernier plutôt que de le livrer à l'ennemi. La désolation n'est pas moindre d'abord que de l'autre côté du remblais. Toute vie a disparu de cette terre retournée à l'état planétaire. Des lourds oiseaux de mer rament lentement dans l'air humide... Mais tout-à-coup, comme sous ces coups de baguette magique, la vie reparait. Un laboureur s'avance a.u bord du lac putride. Une prairie étale son tablier vert. Et enfin, une vache, deux vaches, tout un troupeau animent le paysage. Voici des meules, de hautes meules d'or, qui disent le travail fécond, le travail tenace, à deux pas du front, sous la menace constante des obus. Une ferme se dessine, avec ses fumées noires, ses murs blancs, ses toits rouges, ses volets verts. Des chevaux en sortent, de beaux chevaux flamands, à la croupe luisante. Et tout cela est vivant, Joyeux. C'est la vie à côté de la mort. Ces gens n'ont pas eu peur. Ils sont restés ici. Ils ont travaillé" tandis que, tout près d'eux, hurlait et se démenait la bataille. Us faisaient la moisson, ils dressaient ces meules superbes au moment où, à deux pas, se préparait l'offensive de la délivrance. Cependant, tout autour d'eux, les obus pouvaient. Tandis que la ferme et ses dépendances étaient — par quel prodigue l — épargnées, d'humbles maisons croulaient, faisaient ces mornes tas do briques noircies qui jalonnent la campagne. Furnes Voici Furnes. Nous la croyions presque intacte. Hélas! elle aussi, la délicieuse petite ville, a payé son tribut a l'odieux Molochl Pratiquement, e{ bien que les façades demeurent debout, cachant des intérieurs, en ruines, bien que' certaines boutiques aient rouvert leurs portes, Furnes est morte. Pas un habitant dans les rues. Tous ont fui le bombardement. Mais les églises, le gracieux beffroi et l'Hôtel de Ville n'ont guère souffert. Ils seront en tout cas aisément réparés, on a d'ailleurs démoli le délicat Perron du Palais de Justice et l'on en. a mis les pièces en lieu sûr. Au sortir de la ville, un habitant, le seul visible; c'est un gamin, vêtu de kaki, comme un soldat, et portant deux magnifiques chau-i drons de cuivre! Contrairement à cô qu'affirmaient les Allemands; on n'a donc pas réquisitionné le cuivre dans la partie de Belgique demeurée libre! Quelques kilomètres encore, entre des ba^ raquements de troupes, à présent abandonnés, et nous pénétrons dans La Parme où résidèrenl nos Souverains pendant toute la durée de Ta guerre (ils occupaient avec leur suite quatre villas, situées au bout de la digue, du côté de Dunkerque). La Panne a peu souffert. Les nombreuses bombes d'avions et-les obus qu'elle a reçus som tombés généralement dans , les sables des dunes. Cependant., il y a quelques mois, un obus de grand calibre a touché la. buanderie de l'Hôpital de l'Océan et y a tué 33 femmes, On connaît trop le soin avec lcquel les Allé rnands repéraient leur tir pour douter un instant qu'ils n'aient visé l'Hôpital. Ils étaleni coutumiers de ces actes inhumains. Etaplés près de Boulogne, une petite cité balnéaire « où il n'y a jamais eu que des blessés », a été complètement détruite par leurs avions... L'Hôpital de. l'Océan, fondé et dirigé, com me on le sait, par le Dr Depage, est un éta-blissement modèle qui a rendu à nos soldats d'immenses services. Tous s'accordent à en vanter la parfaite organisation ainsi, que l'admirable dévouement des dames et des demoi selles, infirmières volontaires, qui les soi. gnent sans une heure de défaillance depuis quatre ans. A deux pas de là, dans les dunes, une simple tombe attire notre attention : c'est là que repose Mme Depage, victime du torpillage di: '«Lusibmia» et dont le corps put être retrouve immédiatement après 1a. catastrophe. ^ Des tombes, i.l y en a partout dans le pays. A une demi-heure d'ici, à Adinkerke. se trou, ve la tombe où. sous une simple pierre, fui déposée par les soins de la Reine, la dépouille d'Emile Verha.erèn. Craignant les effets dr bombardement qui eût pu profaner la sépul turo, notre souveraine fil. transporter ensuite le corps du Poète, à Wulveringen. Il- y es1 encore. Au cimetière d'Adinkerke, considérablenien agrandi, gisent trois mille soldats belges. La; Panne, au milieu des dunes, exacteïnenl au Duinhoek, bîeii connu des Bruxellois pai ses gqingeU.es aux noms familiers le «VeiM chasseur», "Moéderlambic», il y a un autre ci metière où quatorze cents de nos braves dor ment leur suprême sommeil. Parmi d'autree officiers, y. repose l'héroïque Jean De Mot lieutenant à la Ire Compagnie des aérostiers qui, après avbir échappé vingt fois à 1a. inor fut tué par un obus tandis qu'il se promenai I sur une route avec un ami. Au pied du grand christ en bois, arrache à une église détruite et placé au milieu du cimetière, nous avons déposé une grande couronne, avec un ruban tricolore portant cette inscription : "Aux Soldats morte pour, la Patrie, hommage de la Presse bruxel loise. v- ... Puisse' ce modeste"- témoignage .de piété, d'admiration ét de reconnaissance apporte? quelque réconfort aux parents .de. nos braves qui viennent nombreux déjà, visiter .leurs tombes. G. R. ECHOS Le ministre des finances porte à la connal; sartee çles intéressés ou*, la souscription a.n Bons du Trésor belge à 5 .p. e., à 3- ans, ém en.vue de-la restauration monétaire, sera oi .verte dans les provinces- autres crue les deu Flandres, chez tr>us les agents dé la Banqn. 'Nationale de Belgique, à partir du jeudi 12 cl cembre courant. Dans sa dernière séance solennelle, tenu 'ftmdi dernier, l'Académie royale San Luca c -ftomo a élu, en quailité de membres dTionneu deux chefs d'Etat ; le roi Albert et le présider \Vilson. \\M. Paul Hym ans a-choisi pour chef de a binet M. Roger de Bor oh grave. Celui-ci est u diplomate.de carrier© qui, en dernier lieu, éta; ministre do Belgique en Perse. : Le Conseil général du parti ouvrier bolg 's'est réuni, mercredi matin, ek a examiné u rapport de M. Louis de Brouckère sur la- po»l . fiqûe internationaliste des socialistes belge pendant la guerre. . Cet examen continuera, ultérieurement. î! résulte d'une communication de l'admiré tration des chemins de fer de l'État belge qu la. gratuité de transport pour les rapatrié n'est accordée qu'à ceux venant directement d l'étranger. Les évacués résidant à l'étranger doiver s'adresser aux organisations protectrices qi .leur facilitent le retour aiu pays. Les jeunes gens désireux de contracter u: engagement militaire se pressent toujours e rangs serrés devant les portes des bureaux d recrutement. L'élan ne faiblit pas, au contraire Mais il paraît que certains se laissent guidei en revendiquant l'honneur de porter le glc rieux uniforme de nos « jass », par des sent: menfs d'un patriotisme un peu douteux. Cela résulte, du moins, d'une communies tion que nous adresse un officier attaché au: services administratifs de l'armée. « Savez-vous, écrit notre correspondant oçoa sionnel, ejue parmi les volontaires se glissen des activistes notoires, et, bien mieux, de jeu nés gaillards ayant travaillé * volontairement pour les Allemands sur le front ou en .-«.-c magne ? Et n'allez pas vous imaginer au raoin que ces traîtres font preuve ainsi d'un repenti sincère encore que tardif. Le vent do la vie toire aiyant; tourné, ils changent tout simple ment leur fusil d'épaule — c'est le cas de I dire — et essaient de se refaire une honorabi lité, en se disant, non sans raison, que, s'il ont la chance d'échapper à une dénonciation ils pourront, le cas échéant, invoquer leur -pas sage dans l'armée comme une sorte de réha bilitation. » Et notre correspondant conolut en formu lant l'espoir qu'on saura prendre des mesure: pour empêcher cette malhonnête combinaisoi de réussir. Evidemment, il y a quelque chose à fair< dans ce sens. Mais rejeter purement eh simple ment de notre armée, ces élémnts indésirable: ne constituerait pout-êtie pas une* sanction sa lisfaisante. Le mieux serait de les verser, quan< l'heure de la conscription aura so,nné pour eux dans des compagnies de discipline, où, si, pa; hasard, leur repentir était sincère, ils auraien tout le loisir de s'amender, sans entrer en con tact avec les éléments sains de la population Mais, à tout prix, il faut que celui'qui porta l'uniforme ne puisse 'pas être confondu ave< des criminels dans-le genre de ceux qui on coopéré, pendant l'occupation, à la ruine de -1< Belgique. M. Servais, avocat général à. la Cour de Cas sa'tion, 'vient d'accepter les fonctions de orocu reur général près ïa Cour d'appel de Bruxelles Cette nomination est contraire aux tradi faons, puisque M. Servais, l'un de nos magis trafs les plus éminents, passe de la. Cour su prème à la Cour d'appel. Mais en " les circonstances présentes, étans donnée la nécessité de sévir contre les traître: et les trafiquante, les fonctions de prooureui générai è Bruxelles exigent beaucoup de fermeté, d'intelligence et de tact. C'est pourquoi l'on a fait appel à l'un de nos magistrats qui, durant l'occupation, ont le plus nettement manifesté ces quailités-là. L'accès des trains du service public pour le réseau de campagne vient d'être réglé par l'autorité militaire. . Pourront utiliser ces trains r tout d'abord les militaires soit qu'ils paient leur place, soit qu'ils soient, porteurs de titre de. permission. , Les civils seront aussi admis; toutefois, si les circonstances l'exigent, l'entièreté du train peut être réservée aux voyageurs faiscynfc partie de l'armée. Des mesures ont été prises en vue du rapatriement, à bref délai, d'environ 150,000 de nos compatriotes séjournant en Angleterre depuis le début des hostilités. Un service de bateaux entre I-Iarwich et Anvers va permettre de transporter, chaque jour, quelque quatre mille passagers. A leur arrivée à .Vnvers, les rapatriés recevront l'aide et l'assistance nécessaires. Le Conseil communal, de Bruxelles se réunira en- séance publique, lundi prochain, 16 décembre, à 11 heures du matin. A l'ordre du joui;, ligure, notamment, la proposition de M. le conseiller Boon, relative à la création à l'Hôtel de Ville d'un livre d'or dans .lequel figureraient les noms des enfants de Bruxelles morts au champ d'honneur. Le Conseil des Hospices de la ville de Bruxelles vient de recevoir la donation d-e la nue-propriété d'un bloc- d'immeubles.situés, au boulevard Anspach, rue du Borgval, rue de la Chaufferette et rue SaintrGéry. Cét'o donation est.faite par M»® Van Langen-hove-Canler et M110 Alice Ganler, en mémoire de leurs-parents, M. et Adolphe Canler. Si les conditions de £ 'existen ce se sont Incontestablement améliorées depuis quelcfues semaines, il n'apparaît pas cependant que le prix dés denrées de première nécessité ait suffisamment baissé. • Cela tient évidemment à différentes causes, dont ia principale est la rareté des marchandises, conséquence directe du manque de communications.Mais .n'y a-t-il rie/i à faire, en attendant que îa situation redevienne normale? C'est cette -question que le Collège écheyin.al de Bruxelles rôent. de soulever dans .une note adressée au gouvernement, ^'accord avec M. NVautcrs, ministre de l'alimentation, nos édiles • ne pensent pas non plus à réclamer l'établissement de prix maximia; cependant, ils demandent une intervention 'gouvernementale énergique, surtout en ce qui concerne les moyens de transport. On que l'honorable nuriistre parait dosposer-'.à entrer rêâtiumeiît' d'ans'cette voie. ' .A ce! pfo^s faisons cette remarque qu'il serait. iàns' 'doute bon dvobliger de nouveau les commerçants à atficher les prix de" toutes leurs marchandises. Ce qu'ils ont été forcés de faire d'ans l'intérêt de l'ennemi,' il est équitable qu'ils le continuent en faveur de nos alliés et de nos concitoyens. Les négociants consciencieux ne verront, du reste, aucun inconvénient à l'application d'une mesure qui ne vise que ceux-là dont l'étalage est un trompe-l'ceil destiné à « écorcher » le client pressé ou simplement timide.Spectacle réjôuissant, hier matin, à l'EQole Militaire. Il y avait 1-à quelque dizaine de soldats en kaki, les maiijs dans les poches, la. cigarette aux lèvres. Un gendarme, tout noir, montait la garde. Et parmi les uniformes gais à l'œil se passaient trois uniformes gris, trois prisonniers allemands, courts sur pattes, maniant le balai. — Nettoyez <>a, disait un sous-officier. Et ils nettoyaient, à grande eau, .à grands coups de brosse, faisant propres les locaux que leurs camarades avaient laissé* on sait, dans ' quçl état. Et chaque fois qu'ils passaient devant quelqu'un, soldat ou ci-vil, ils avaient un sourire humble aux lèvres : — Pardon, faisaient-ils, pardon ! Et c'était toute l'Allemagne colossale qui, par 1a voix de ces humbles, nous demandait pardon. Chronique Industrielle Il y a huit jours, il n'y avait presque personne à la réunion hebdomadaire de la bourse des mé-1 taux et charbons. Aujourd'hui, il y avait déjà un i peu plus de monde. Est-ce à dire pour cela qu'il 3 puisse y être traité quelques affaires ! Il ne peut • eu être question pour le moment et cela se com- > prend, les usines ne sont pas à même de repren- - dre le travail, elles sont en trop mauvais état, les • Allemands y ont causé trop de dégâts. Il est assez curieux de constater à ce propos que ■ toutes les usines n'ont pas été traitées do la môme : façon; tandis que les unes sont complètement rasées, d'autres ont vu enlever la majeure partie de - leur outillage, et il en est à côté de celles-là d'au-k très qui sont entièrement épargnées. On se d<?- • mande pourquoi un traitement si différent a été ' appliqué aux usines et des soupyons semblent ' planer sur d'aucuns; aussi, les industriels sont-ils > tous d'accord pour réclamer du gouvernement, ' une enquête sérieuse et rapide. U serait haute- • ment désirable qu'un ou deux industriels soient ajoutés au comité d'enquête, et il est indispensa- ' b'e qu'on fasse vite. Que les coupables soient connus, mais que tout soupçon injustifié soit Aile i écarté, tel est le vceu des principaux industriels , qui désirent que toute la lumière -soit faite. Il sera intéressant de rechercher où los usines, qui ont obtenu l'autorisation de marcher, ont obtenu leurs matières premières, et vers quels endroits - et à e|ui ont été expédiés los produits finis. ; Mais a-t-on quelque idée des prix epii pour-: raient être actuellement fixés 'i Evidemment non, puisqu'il n'est rien fabriqué, rien importé. A i simple titre de curiosité, signalons qu'on parle de 120 francs pour le prix des barres eu acier, prises , à Paris. Quelques mois avant la fin des hostilités, on cotait 200 florins la tonne prise aux usines de l'autre côté de l'Océan. Avec le fret au taux ac- ■ tuel, l'assurance et les risques de tous genres,cela , mettrait certainement ce produit à 1,000 francs la tonne. Ceci est une simple indication, mais il est certain que jamais ces prix ne seront atteints chez nous, ils ne l'ont d'ailleurs jamais été, même pendant la guerre. En tout cas, il faut encore un mois à six semaines pour cju'on puisse voirv-lair dans la situation actuelle, alors, peutrétre, pourra-t-on avoir quelques produits à écouler si, bien entendu, il y a moyen de rétablir un service asser régulier sur notre railway national. Il y a beaucoup à faire, nous le savons, mais il ne faudrait pas que le fonctionarisme s'arrogeant trop de pouvoirs enraye l'effet bienfaisant de l'effort fait par les ingénieurs. La parole est actuellement aux seuls techniciens, cfa'on les laisse faire, les tracasseries administratives tiendront après. Pas d'écriture^, mais beaucoup d'actes, voilà ce qu'il faut actuellement. Comme chacun le sait, tous les besoins en aatières premières et machines nécessaires aux isines se trouvent centralisés en-32 ou 33 grou-icments qui font connaître au comité central ndustriel les besoins de chacun d'eux. Celui-ci a :réé un comité d'achats pour satisfaire aux besoins te ces groupements et donnera autant çpie pos-ible à chacun d'eux, matériaux et matières pre-, oières demandées afin qu'ils puissent être répar-is par chacun d'eux à leurs ressortissants. Les riduslriels ne sont pas sans inquiétude au sujet iu fonctionnement de cet organisme compliaud ui risquo d'énerver les trois principaux êlé-aents qui formaient la base de notre activité udustricllo : liberté! initiative!! et activité!!! PROPOS D'UN SOLDAT L'AME DES SOLDATS Je ne veux pas exalter la figure du soldat, en faire un surhomme, ni un idéal pour la société moderne. Trop longtemps, la gloil'o militaire a fait pâlir les autres sous la matérialité de son étincejlement. Trop longtemps, elle a suffi aux hommes, dispensant des autres mérites ceux-dont un caprice voulait, en se posant sur eux, transfigurer la vulgarité native et l'entourer d'une auréole aveuglante. Dans les années eiui vont venir, nous honorerons d'autres héros que les bergers qui mènent leurs troupeaux à l'abattoir des batailles. Le soldat, dont je voudrais, en quelques traits, dessiner l'âme, ce n'est donc pas le sabreur, ce n'est pas le soldal-né dont la raison d'être est la guerre. C'est le soldat que tous, vous, moi, les autres, nous avons été, lorsque la nécessité nous arrache à nos activités diverses pour nous lancer dans la communauté terrible du cataclysme, c'est le soldat des immenses armées anonymes que notre temps vit marcher le long des routes de souffrance. Celui-ci n'est pas le guerrier de nos vieux livres j c'est l'homme en guerre, l'homme vu dans la lumière crue de la vie commune, des.privations et 'du danger. Là, il a pu se découvrir lui-même, dans sa réalité bonne ou mauvaise, lui qui s'en allait flânant ou peinant sa vie s'ans se rendre compte de ce qu'il était vraiment-Appliquant le conseil socratique, il a pu se connaître, et prendre conscience des bornes | étroites de sa puissance, mais aussi de son incroyable aptitude à endurer les tourments de la chair et de l'esprit. ri faut que notre peuple connaisse, sans malentendu, aujourd'hui qu'il les retrouve, «x ses » soldats. Ils font partie de lui-même, ils sont sa propre âme. D'ailleurs, ardent est son désir de lire dans leui- regard las et profond la transformation c/u'ils ont subie. Si longtemps, le soldat qui se battait sur l'Yser a été drape du prestige de l'éloignement, qu'il en .était devenu presque légendaire, et que sa rentrée prend les proportions d'un de ces «retours* à moitié fabuleux qui remplissent les légendes primitives des peuples. Si longtemps, sa place était restée vide au foyer, qu'on le voit revenir avec cette impression étrange qu'il est un inconnu pourtant très familier : il n'a pas cessé d'habiter la pensée de ceux qui l'attendaient, mais son visage ressenible-t-il à Celui que lui donnait leur pensée?La question est an-! goissante pour les cœurs sensitifs, et rend ce moment presque douloureux. Autre raison de cette curiosité : le peuple belge doit savoir, quelle est l'âme de ceux qui l'ont représenté aux yeux du monde, et peut-être aux yeux des siècles. Enfin, les esprits qui s'intéressent aux destinées de notre société veulent avoir, des notions précises sur ces individualités qui rendues à leur action pacifique d'autrefois* vont former la partie la plus virile, la plus active de la nation. Comment pénétrer ces individualités? Que ceux c/ui eurent la bonne fortune de pouvoir vivre au milieu des soldats, de leur vie, disent ce qu'ils ont saisi de leurs aspirations, de leurs rêves, de leurs besoins moraux. Ils exprimeront cjuelles nécessités parurent essentielles à ces hommes, pour qui la vie se schématisait.Au cours de ces années sans exemple, le soldat fut, pour qui voulut bien se pencher sur lui, la figure en relief de l'homme qu'il pouvait être, mais qu'il n'aurait, sans doute, été que d'une manière bien incolore, si là guerro n'était pas venue, en secouant jusqu'au tréfonds l'humanité en passe de s'équilibrer, fai re rejaillir à la surface l'écume de tous les vices, mais en même temps toute la sublimité inconsciente eiui dormait en elle. Pour ses vices, nous les connaissions : assez d'époques troublées avaient éclaboussé l'histoire de leur boue. Mais quant à cetto étincelle d'idéal qu'a produite le choc des races, elle n'avait guère apparu jusqu'ici que dans cer^ tains épisodes où s'avérèrent des personnalités hors pair. N'allons pas la chercher dans la foule des noms célèbres qui encombrent l'h'is-toire des guerres : nous n'y trouverions que de l'énergie brutale, de l'ambition, une vanité passionnée, le magnétisme du nom d'un chef, ou encore le goût du risque, l'insouciance, vieilles vertus que doit laisser tomber derrière lui l'homme d'aujourd'hui. Dans cette guerre, il est facile de dégager, en outre de tous ces mobiles eiui, j'en conviens, n'ont pas entièrement disparu, un élément autre, purement moral, existant suiTout chez les plus humbles des combattants, à l'état souvent confus, mais ressort néanmoins puissant d'actions : le sentiment d'un « devoir », et de son importance pour l'humanité comme pour la race. Jamais, auparavant., sauf chez les volontaires de quatre-vingt-douze, on n'avait pu démêler cet élement d'héroïsme, et encore s'est-il trouvé cette fois-ci dénudé du voile res-plendissant d'enthousiasme qui enveloppait les compagnons de Hoche et de Marceau. Le citoyen d'à-présent, s'est vu en face d'un devoir, rude, morne, fangeux. Des années durant, il a dû résister à l'influence de la vie des tranchées, qui, lentement, dissolvait, en même temps que ses forces physiques, la solidité de son caractère et de son intelligence. Il a dû défendre son courage contre l'ennui, la tristesse, la lassitude des journées sans espoir.Et 'd'abord, distinguons, dans toute cette foule qui revient pêle-mêle, baignée du même reflet de lumière, ceux qui triomphèrent sans péril ou sans misère sinon sans gloire, et ceux qui souffrirent pour leurs frères la passion de la chair et du coeur. Que la reconnaissance er. l'amour du pays aillent à ceux qui furent les humbles et décisifs artisans de la victoire. Sans doute aussi, tous ont droit a l'étreinte des leurs, car tous furent mélancoliquement, anxieusement attendus. Mais tout uniforme militaire ne fut pas étoile par la boue sacrée. Reconnaissons aussi la part prépondérante qu'eurent dans la victoire la science et i'in-telligence de certains à qui des conditions plus favorables de confort permirent de passer sans trop de peines ces dures années. On peut mémo soutenir que leur devoir était d'accepter ces postes où leurs qualités pouvaient donner leur plein. rendement pour l'utilité , de tous, mieux que dans les chemins ou marchèrent, d'un pas résigné, les humbles. Mais leur mérite n'est pas le mérite propre à la guerre; ils n'ont p^s subi vêritablem'ent l'épreuve, qui, seule, donne une signification à cette folie. Pous nous, le soldat, c'est le soldat d'infan-

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Dit item is een uitgave in de reeks L'indépendance belge behorende tot de categorie Liberale pers. Uitgegeven in Bruxelles van 1843 tot 1940.

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