L'INDÉPENDANCE ROYAUME-UNI: ONE PENNY. BELGE. CONTINENT » 15 CENTIMES Administration et Rédaction, Tudor House, Tudor Street. E.C. t rT?^r«Tafr^T>înr> * TELEPHONE: CITY 3960. LONDRES, MERCREDI 7 AVRIL 1915. NEWSPAPER.] Conservation par le Progrès. L'ANNIVERSAIRE DU ROI ALBERT 1er. LE PRINCE LÉOPOLD AU FRONT. I ^ _ Notre correspondant du Havre nous télégraphie que le prince Léopold, héritier du Trône, désireux de célébrer l'anniversaire du Roi son père, en lui apportant l'une des plus grandes joies et des plus grandes fiertés de sa vie, vient de prendre un engagement dans l'armée héroïque, et qu'il s'est rendu de suite au front. La nation partagera la joie et la fierté d'Albert 1er et souhaitera à ce jeune soldat de quatorze ans et demi—le duc de Brabant est né le 3 novembre 1901— de compter au premier rang de ceux qui libéreront la Belgique. Vive le Roi ! Vive le prince Léopold ! VIVE LE ROI ALBERT ler! C'est demain l'anniversaire du roi nlbert 1er, né le 8 avril 1875, à Bruxelles, dans le palais du comte de Flandre, son père. Cette fois ce n'est pas à Bruxelles, dans le home royal, que ses proches le fêteront. Ce n'est pas à Bruxelles, que le roi Albert recevra de son entourage, de ses ministres, des fonctionnaires, les hommages officiels et protocolaires. Mais il y aura mieux. Là-bas, dans cette modeste villa de La Panne, accrochée au dernier lambeau de notre plage belge, ce. n'est pas de la Belgique seulement que le roi Albert 1er recevra de; témoignages de réelle sy ipathie et de sincère admiration. Ce n'est pas l'armée belge seule, cette poignée de braves qui l'entoure, qui acclamera son phef vaillant. C'est le monde entier, ce sont toutes les nations, ce sont tous les peuples et ce sont toutes les armées alliées qui saisiront cette occasion pour applaudir le roi Albert 1er, pour lui confirmer la grande estime et la haute admiration inspirées par son courage, sa fermeté, sa ténacité, et sa grande loyauté. Nous voici au huitième mois de la guerre. Voici huit mois que la Belgique fut odieusement et lâchement envahie. Voici huit mois que le roi Albert s'adressait à la nation belge, et disait à ses représentants : "Si l'étranger, au mépris de la neu-Iralité dont nous avons toujours scrupuleusement observé les exigences, viole le territoire, il trouvera tous les Belges groupés autour du souverain, qui ne trahira pas, qui ne trahira jamais, son serment constitutionnel, et du gouvernement investi de la confiance absolue de la nation toute entière." Nous sav>ns tous avec quelle admirable grandeur d'âme le roi Albert allait ainsi au devant des plus cruels sacrifices. Nous savons ce qu'en son cœur de citoyen belge il a dû souffrir de voir son pays ruiné, pillé, dévasté. Nous savons avec quel stoïcisme il a tenu son serment. Il a tout perdu fors l'honneur. Mieux que cela : il a grandi dans l'estime des autres peuples. Et, en même temps, s'élevait la re-l ; nommée de la Belgique; en même temps s'affermissait et se faisait connaître au loin la valeur morale du peuple belge. Jusqu'en ces derniers temps, nous étions regardés comme une petite nation n'ayant pas de bien grands devoirs à remplir. Nous axions bien été secoués par le roi Léopold II, qui nous avait fait connaître des horizons grandioses, quelque peu grisants, mais purement commerciaux. Nous \ ivions en sécurité à l'abri des traités. Nous ne songions pas à nous défendre contre une agression quelconque. Nous étions, en somme, un peuple de travailleurs heureux, vivant sans soucis. Nous nous ignorions nous-mêmes, et il a fallu les tragiques Circonstances uu moment; il a fallu l'appel énergique du Roi pour que nous ressentions en nous, travailler dans nos veines, le levain des vieux lutteurs, des moyenâgeux communiers, héroïques défenseurs de Leurs libertés, et nous nous sommes montrés dignes de nos ancêtres. Le roi Albert disait le 4 août 1914 : "Dans ces graves circonstances, deux vertus sont indispensables : le courage calme mais ferme et l'union intime de tous les Belges." De ce courage !.e roi Albert nous a donné l'exemple, et nos braves soldats ont, en répondant à son appel, accompli les actes les plus valeureux, les plus héroïques, que le monde entier a reconnus et applaudis. L'union, elle est née, le 4 août, soudain entre toutes les classes, comme entre tous les partis. Il n'y a plus ni riches ni pauvres. Il n'y a plus ni libéraux ni catholiques ni socialistes ; il n'y a plus que des Belges ayant une aspiration commune : le salut de la Patrie. Et aujourd'hui que nous voyons poindre l'aurore de la délivrance de la Belgique notre reconnaissance va à Celui qui personnifie si complètement son peuple, qui répond si parfaitement aux sentiments, aux aspirations des Belges ; a Celui qui a soutenu nos efforts, qui a fait grandir la réputation de la nation belge. Et ce sera de tout cœur que demain, 8 avril, et dans la Belgique envahie, et dans l'exil, et là-bas dans les tranchées, tous les Belges pousseront le cri de: Vive le roi Albert 1er ! A. L. LE "DAILY TELEGRAPH" ET L'ANNIVERSAIRE DU ROI. Le "Daily Telegraph," le grand journal anglais, n'a cessé depuis l'heure tragique de l'invasion allemande d'affirmer !>our notre pays les plus vives sympathies et pour notre Roi la plus grande admiration. Sa souscription, unique dans l'histoire de la presse contemporaine, a donné un total de 142,000 livres, qui demain, en 1 honneur de l'anniversaire du Roi, grossira de plusieurs milliers de francs. Son livre sur notre héroïque souve-ram, bréviaire exaltant le courage chevaleresque, le droit et l'honneur, vendu dans le monde entier, a constitué le suprême défi à la barbarie allemande, qui avait dépossédé le plus loyal des monarques.(i ( ette double œuvre accomplie, le Daily Telegraph" avait le droit d'ac corder quelque repos a son amitié dévouée. Il ne l'a pas voulu, et avec une opiniâtreté digne de cette nation anglaise aux desseins tenaces, aux résolutions incapables de fléchir, à la volonté die fer dans le bien, il a tenu à s'unir aux Belges en célébrant, lui aussi, l'anniversaire d'Albert 1er. Et, connaissant les sentiments de notre souverain, il a pris pour les satisfaire le moyen le plus heureux. Il a fait appel à l'aristocratie anglaise ; il l'a invitée à organiser demain, 8 avril, de nombreuses fêtes intimes en l'honneur de l'anniversaire royal. Ces fêtes permettront aux représentants de la société anglaise d'ouvrir leurs salons aux artistes belges, de les seconder, de mettre un rayon dans le ciel triste de' leurs journées d'exil et, aussi, faciliteront au*; lords philanthropes, Ie^ouscriptions en faveur de la nation martyre, pour le plus grand prl^t de l'admirable Fund du " Daily Telegraph," celte source de secours, d'aides et de bienfaits. En dehors de ces réceptions familiales il fallait trouver un projet de fête élégante capable d'apporter un maximum de recettes. Il sera réalisé, fton sans éclat, demain l'après-midi, air" Savoy Hôtel. Les plus célèbres actrices de Ixmdres, participeront à un Jhé aristocratique, portant les toilettes de guerre, créées par les grands couturiers à la mode, MM. Revillc et Rossiter, dons de ces messieurs. Les cantatrices animeront cette matinée en chantant des pages empruntées aux génies de la musique moderne Rt, comme conclusion à ce thé, où toutes les élégances se donneront rendez-vous, une vente aux enchères aussi pittoresque qu'originale des robes portées avec tant de goût affiné, aura pour commis-saires-priseurs r'es deux premiers acteurs de Londres, les comédiens de la grande ville, comme ceux de Paris ou de Bruxelles, restant voués, par le cœur, à la déesse Charité. Toute la recette sera versée au Fund du " Daily Telegraph." Et en assurant du pain aux Belges que la misère guette là-bas au pays, notre excellent confrère ne célébrera-t-il pas de la façon la plus délicate l'anniversaire de notre Roi? Grâce à la suggestiondu " Daily Telegraph,'" une célèbre chanteuse anglaise, Mlle Floyd Ariston, organisera à ses irais un concert à "The Studio, Langford- Place," au programme captivant, et un dîner réunira au Ritz Hôtel les représentants des hautes classes anglaises, amis de la Belgique. Plusieurs y ont invité les Belges, avec qui ils sympathisaient. Les nôtres, désireux de reconnaître ce geste, ont décidé d'y envoyer leurs enfants, les mains chargées de fleurs qu'ils offriront aux convives. .Et c'est ainsi que k*; fils de la Grande-Bretagne et de !a nation crucifiée s'uniront dans une même pensée, en songeant au Rt#i et à la contrée envahie, appelée à être bientôt libérée. Des concerts,, des thés, des matinées, sont annoncés à d'autres dates pour l'alimenter, le grand journal ami et soutien des Belges ayant jugé inépuisable la générosité britannique. Grâce à son intervention si bienveillante, la journée de demain, chère à la nation belge, aura à Londres un retentissant écho. Nous ne serons pas isolés dans la cité immense et, tandis que l'aristocratie, en des fêtes intimes ou brillantes, s'associera à l'hommage belge au Roi chevaleresque, le peuple, en donnant son cJaole aux collecteurs de "L'Enfant du S(*lat," tendra la main à notre armée et s'uera son chef. Ainsi, dais cette journée du 8 avril, se rapprocheront plus étroitement les nations sœurs que la guerre a unies à jamais. G. V. POUR IjfeNFANT DU SOLDAT. — - La collecte de demain. " L'Œuvre pour l'Enfant du Soldat " fut créée à Anvers en août dernier. Elle avait pour but de donner un secours mensuel de 15 francs par enfant aux femmes des soldats mobilisés, n'ayant d'autres moyens d'existence que le travail du père de famille. L'œuvre fut soutenue en Belgique par des souscriptions et des dons des familles privilégiées pécuniairement, mais à la suite de l'occupation ennemie, la majeure partie des gens fortunés a fui et s'est réfugiée à l'étranger. D'autre part, l'œuvre, se voyant ainsi privée de ses principales ressources, a dû faire face à des demandes grandissantes, et ses fonds disponibles ont diminué en conséquence. U,n appel à la charité sera fait demain par la voie de collectes publiques dans les rues de Londres avec autorisation spéciale des autorités. Cette date coïncidant avec l'anniversaire du Roi Albert, il sera donné, à tout donateur de 6tl. au moins une médaille en aluminium à l'effigie des souverains belges à l'avers. Au revers l'acheteur trouvera les paroles de notre Roi prononcées aux Chambres avant qu'il partît prendre le commandement de l'armée belge. A tout donateur de, ls. au moins il sera offert également une même médaille, mais en bronze. Ces médailles ont une réelle valeur artistique, sortant des ateliers de MM. Mappin et Webb, les orfèvres bien connus. Elles constitueront un souvenir précieux d'un acte de bienfaisance, à l'égard de ceux qui, après nos vaillants soldats, sont les plus dignes d'attention. Les dons seront reçus avec reconnaissances soit chez le notaire Futers, 40, Leinster Gardens, W., soit chez le président de l'œuvre, Chaveney Cottage, North End Road, Hampstead, N.W. En outre, la riiédaille est en vente chez MM. Selfridge and Co., Oxford Street, pour ceux qui éventuellement ne pourraient s'en procurer demain, 8 courant. Nous faisons appel à la générosité de tous, pour assurer à cette œuvre le succès qu'elle mérite à tous égards, c'est-à-dire le plus absolu, le plus complet.Que tous les Belges donnent demain leur obole ! Pour le Rci ! Pour l'armée! Pour l'enfant du soldatI L'A DM [RATION DU MONDE, Le roi Albert a conquis l'admiration du monde et l'on célèbre en Orient, comme en Occident, ses vertus militaires et sa passion de l'honneur. Comme notre correspondant de Moscou nous le disait hier, c'est son portrait équestre qui prime à la grande exposition des Beâux-Arts de la cité sainte de la grande Russie. La presse mondiale n'a pas été seule à saluer sa vaillance et celle de son peuple, les poètes l'ont chantée, les bardes du Levant comme ceux du Nord. Dans "The Near East " du 26 mars dernier on lisait un poème arabe dû à M. A. Séfi, écrit en l'honneur de notre souverain. Poème d'un beau lyrisme et d'un sentiment profond. Il montre Albert 1er appelant, les Belges au combat et se jetant sur les Barbares.Energiquement le poète arabe flétrit nos ennemis. Il montre l'Allemagne g'éante levant sa massue formidable pour nous écraser, notre résistance, nos espoirs. Et quand il parle du Roi il s'exprime avec verve et enthousiasme : C'est bien l'homme parfait, le héros sans égal, que tout un peuple aime et entoure, animé comme lui des senti-inents d'honneur et de justice. Rien ne saurait l'abattre ! Comme le dit si bien le poète arabe, rien n'abattra le Roi, et bientôt son armée victorieuse, avec le concours de nos puissants et admirables Alliés, Anglais et Français, lui rouvriront les portes de Bruxelles. AU ROI DES BELGES. Sire, le monde entier, a, les regards sur vous Et, votre front nimbé do claire anothéose Dévoi'e à l'univers, de son éclat jaloux, Comme ■ on peut être grand et noble quand on 1 ose. Et vous avez osé, simplement, en héros, Relever le défi que. la bave à la bouche, Vous jetait un dément, sans trêve ni repos Qui salit ce qu'il voit et flétrit ce qu'il touche. Et vous avez osé lutter pour le bon droit Sans reproche et sans peur affronter la mitraille Votre peuple en Belgique était trop à l'étroit Il a su conquérir un royaume à sa taille. ' Vous l'avez couronné de myrtes, de lauriers.. bur les tables de marbre, où s'inscrit la légende On vous verra debout, les Teutons à vos pieds. Flétrissant d un regard la cohorte Allemande. Et vous êtes entré, grave et l'épée en main. Dans l'arène sanglante où les peuples se tuent. Ou l'honneur, grâce à vous, sera vainqueur demain. Et ceux qui vont mourir en passant vous saluent. Voua grandirez encor dans le recul des temps, Et, votre nom inscrit au fronton de la gloire. Aux Rois de l'Avenir, aux pères, aux enfants, Apprendra qu'un héros a passé dans l'liipt<5ire. CHKISTIANE DE TIÎACY. A JL A LdUUll U JK S PATRIOTES. L'Anniversaire Royal AU LONDON P AVILI ON, PICCADILLY CIRCUS. La manifestation organisée demain, jeudi 8, à 2h. 30, par la Ligue des Pa« triotes à l'occasion de l'anniversaire de la naissance de Sa Majesté le Roi Albert, produira une sensation profonde. M^ Paul Hymans, l'éminent ministre de Bel* gique à Ix>ndres, honorera cette cérémonie de sa présence. Les discours célébré* ront les vertus du souverain dont l'hé* roïsme est magnifié dans le monde en-» tier et évoqueront les figures de quelques-uns des patriotes belges les plus fameux, dont les noms s'inscrivent dans les pages sublimes de l'histoire de la résistance belge. D'admirables artistes apporteront leur concours à cette céréipo-nie, dont voici le remarquable programme : " Vers l'avenir " (Gevaert) M. Kochs Discours : Apologie du Eoi Albert, Allocation au peuple belge M. J. E. Raina (l'illustre orateur du barreau de Londres) " Notre Armée" . M. de Bauvr " Chanson s flamande " I (Marcel Houdret) I "iierceube du petit i 'Mma Jeanne De!unes soldat blessé " ( M. Liouia Delune (Louis Delune) "Mélodie wallonne" (Louis Delune) (pour violoncelle et piano) ' Le clergé belge " M. l'Abbé Prieras, ' ' Le général Fivé " M. Delchevalern " Ceux de Liège " (Emile Verbaeren) Mme Baphaëly de Pau (des théâtres du Gymnase et du Vaudeville de Paris) ' ' Le général Léman " . le docteur Cl. Philippe "Le bourgmestre Mai" M. A. Chainaye Duo de la Muette de Portici... MM. Dua et Goossens (du Théâtre Royal da la Monnaie) " God Save the King" Mme Peltesse (du Théâtre Royal da la Monnaie) Des cartes de membres de la Liguo des Patriotes servant d'invitation à la solennité peuvent être retirées chez M.. le docteur Clément Philippe, secrétaire- général, 3, Hyde Park Street, de 10 h« à midi, demain, jeudi. Rappelons que* la cotisation à cetta Ligue n'est que d'un shilling par an. VENTE DE COCARDES BELGES. En l'honneur de l'anniversaire royal, un comité de dames patriotiques a eu la délicate attention de mettre en venta des cocardes aux couleurs belges. Nous applaudissons de tout cœur à cette initiative heureuse et nous ne doutons aucunement du succès de la vente dont le produit sera consacré intégralement au monument à élever au Champ des Morts de Shorncliffe, sur la tombe de nos braves soldats belges décédés à Folkestone des suites de leurs blessures. Les dames porteront un brassard officiel. AU ROI! Sur la Belgique, hélas! les Huns campent en» i coxe !.. Elle est debout, depuis que fut souillé son seuil.,, Mais tout croule, le fer détruit, le feu dévore.. .La dévastation fait du sol un cercueil ! Chaumières, palais, ce que l'art fit éclore, Ce que l'amour fonda, tout le passé, l'orgueil D'un avenir de paix dont s'éclairait l'aurc^e. Tout périt!.. Mais, que dis-je? Il te reste, en ton deuil, Roi sans peur, attendant la revanche certaine. L'âme de la Patrie, et ta gloire, et ta Reine 1.. Chevalier qui donna l'exemple sans égal De tout ce que le cœur humain a de loyal. Roi d'un pays martyr de la plus sain te Va use, Vaincu dont la défaite est une apothéose! MARTHE GAUTIER B6ème année. No. 81

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