L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam

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18 november 1914
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s.n. 1914, 18 November. L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam. Geraadpleegd op 18 april 2024, op https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/nl/pid/s756d5qk51/
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jêre Année N°. 26. ÎO Centimes Mercredi I» Novembre 191-4 L'ECHO BELGE Journal Quotidien du matin paraissant à Amsterdam. L'Union fait la Force. Belge est notre nom de Famille. Toutes les lettres doivent être adressées BU bureau de rédaction: N.Z. VOORBUHOWAL 234-240. Téléphone: 2797. Rédacteur en Chef: Gustave Jaspaers. ! Charles Bernard, Charles Herblet, Gustave Peellaert, René Chambry, Emile Palnparé. Pour les annonces, abonnements et vente au numéro, s'adresser à l'Administration du journal: N.Z. VOORBUHGWAL 234-240. Téléphone: 1775. Abonnement I En Hollande H. 1.50 par mois, payable par anticipation | Etranger II. 2.00 „ „ Leur Histoire. Pour créer l'opinion publique, il ne suffit pas que, quotidiennement en un concert harmonieux, les journaux agissent sur l'esprit de leurs lecteurs, il faut aussi et surtout l'action du livre. Le livre est constant, ses effets sont subtils. Il tient compagnie à celui l'achète, il lui inspire confiance. Son texte acquiert par l'acceptation unanime, par le respect instinctif pour ce qui est consigné sous une forme permanente, une valeur générale, une consécration autrement efficace que celle d'un© colonne de journal. Les Allemands, psychloguea médiocres dans l'individuel, sont, par excellence, animateurs de masses. Ils n'ont rien à apprendre de ce que le Dr. Gustave Le Bon 9, nommé la psychologie des foules. Ils connaissent la puissance du mensonge, ils savent que le mensonge est plus actif que la vérité, qu'entre la fable la plus saugrenue et la réalité la plus évidente, la foule n'hésite jamais : elle va vers le leurre. Ainsi, par l'empreinte du verbe trompeur confié au livre, ont-ils eu soin de fausser à jamais la mécanique pensante de leui*s foules, qui sans le concours de l'élite et malgré elle parfois font l'opinion du moment et préparent celle de l'avenir. Il ne faut pas que le peuple allemand surprenne jamais le secret de ceux qui l'ont mené aux abîmes. Les livres et les brochures qui s'éditent en abondance en Allemagne servent à former le rideau devant le sanctuaire. Il y a déjà au moins trois éditions différentes du livre blanc allemand. L'une d'elles fait partie de l'Universal Bibliothek à 20 pfennig qui est le pendant de la petite Bibliothèque universelle française. Elle ouvre une série de Documents pour servir » l'histoire de la guerre de 1914. Wijholm von Massow en a écrit l'introduction. Dans es brièveté cette introduction représente le prototype des procédés alleihands pour composer leur histoire ou, oe qui serait plus exaot, leurs histoires. Elle e^t dévolue à démontrer que l'Allemagne est victime de ses voisins et que jamais la guerre n'eût éclaté si elle avait eu les moyens de l'empêcher. Cette démonstration paraît difficile, voire même impossiole. Il faudrait ignorer que l'Allemagne a attendu l'achèvement du canal de Kiel pour dé-clanoher, à l'heure choisie par elle, une guerre à laquelle aucun de ses voisins n'était préparé; que cette heure était* celle de graves difficultés intérieures en France, en Russie et en Angleterre; que les voies de ^ chemin de for qui sont outils de progrès n'étaient, pour elle, que moyens stratégiques ; que depuis quarante ans, les Allemands sècheut leur poudre, affilent leurs épées, vivent au milieu d'un rêve do militarisme et^ de conquête qui toujours inquiéta leurs voisins pacifiques. Cependant Wilhelm von Mas-sow arrive au bout de sa démonstration avec une adresse remarquable, négligeant dans ce dessein le seul facteur essentiel : l'attitude constamment provocatrice de sa nation. Par le traité de Francfort, l'Allemagne satisfaite estimait à jamais clos son différend avec la France. Von Massow s'étonne que les Français n'aient pu considérer leur défaite avec la même satisfaction et s'irrite, les attribuant à un désir de revanche alors qu'elles n'étaient que des mesures de sécurité, des alliances que tout le monde sait avoir été simplement défensives, qu ils surent faire, afin de se protéger contre un ennemi qui croissait en puissance. Pour la Russie, von Massow note, avec satisfaction, qu'en 1870 elle ne se départit pas de sa neutralité. C'était laisser le champ libre à l'Allemagne. Que n'a-t-elle continué? C'est qu' avant qu'il ne fut trop tard, la Russie s'aperçut qu'à ses côtés se dressait une force qui, par ses armements et son perpétuel effort dans l'expansion d'une influence intellectuelle et d'une omnipotence économique, menaçait, dans un avenir rapproché, de lui créer une situation diminuée indigne d'une grande nation. Elle sentit la nécessité de concentrer les éléments autochtones de son empire en une action parallèle à celle de l'Allemagne. Elle n'avait pas l'intention, oe faisant, de s'étendre moralement et matériellement aux dépens de l'Allemagne, laquelle de son côté ne déguisait pas son intention de la dominer comme elle menaçait de déborder sur tout oe qui l'entourait. Conforme aux droits les plus sacrés d'une nation, cette activité est taxée de criminelle par von Massow. Le Panslavisme est, à ses yeux, un ennemi que le Pangermanisme ne pouvait admettre. C'est grâce au Panslavisme, dit-il, qu'une ^clique" sut développer en Russie une politique de violence, appuyée sur la corruption et sur les exaltations de certaines tetee chaudes de l'armée et c'est cette ,/jliqne" qui, selon ses dires, domina le „faible" empereur Nicolas, qui ne sut être >rni énergique, ni de vues claires, ni prévoyant," qui ne fut qu'un instrument aux mains d'une camarilla. Sa grande erreur, Bon crime fut d'avoir pitié d'un Petit Poucet, Serbie, menacée par l'Ogre, Autriche, parce qu'il est dans l'ordre naturel des choses, selon l'éthique germanique, que )'ogre avale le petit pouoet. Comme tons ses nationaux, von Massow voit «a la Grand© Bret^ne l'acteur princi pal du drame, le chef d'orchestre qui, dans les coulisses, donne le ,,la" avant de paraître au pupitre. A ce propos, il esquisse de la politique anglaise une image peu flattée. Il la tient pour vaniteuse, égoïste, intéressée, brutale, envieuse, cultivant la haine de tout ce qui encombre sa route et contrecarre ses ambitions. Et si le contact avec les Anglais cultivés, qui sont correction, civilité et modération, a pu impressionner les Allemands qui les connaissent, von Massow a soin de les isoler de la politique anglaise, alors qu'ils en font partie intégrante. Ceci est une jonglerie, mais von Massow est un jongleur incomparable. Pourquoi ne serait-il pas en même temps un prestidigitateur, dont l'hocus pocus parvient à faire sortir ! d'un chapeau, où il a mis un chiffon de papier, un pigeon tout plumé, et réussirait à transformer la Belgique en une nation ' hostile à l'Allemagne, complétant de 6on plein gré le concert anglo-franco-russe. N'oublions pas que la Belgique est la plaie au flanc de l'Allemagne, le boulet qui endolorit ses chevilles. N'oublions pas qu'au moment où les aveux ne coûtaient rien dans la certitude du triomphe, dans la certitude qu'il n'y aurait personne pour oser demander des comptes à l'Allemagne victorieuse, le 4 août, devant le Reichstag, le chancelier von Bethmann-Hollweg a reconnu qu'en violant la neutralité de la Belgique, l'Allemagne a commis un crime ! contre le droit des gens. Il importe que cet I aveu soit à jamais enfoui, il est indispen-■ sable que le peuple allemand croie désor-j mais, dur comme fer, que la Belgique avait ! mal agi et méritait le châtiment qui fut son lot, il faut que dans le décompte moral qui ' va suivre la guerre, l'élément Belgique ne | pose pas trop lourd dans la balance*. On a I vu, par les révélations sensationnelles des j journaux allemands, quel rôle on prétend faire jouer à la Belgique ; ce que lui consacre von Massow n'est pas moins stupéfiant et ici, il faut traduire textuellement, parce que le cynisme y dépasse tout ce qu'un esprit retors a jamais pu imaginer: ,,Probablement en connection étroite ^vec la question congolaise qui dans les négociations franco-allemandes à propos du Maroc joua un rôle, les puissances occidentales parvinrent-elles à exciter la méfiance de la Belgique contre l'Allemagne et à s'assurer son concours. La Belgique était prête à permettre aux armées françaises le passage de son territoire pour une offensive contre l'Allemagne. Pour s'y préparer, elle avait depuis longtemps obtenu le concours financier de la "France. Dès le 25 février 19Ï3 le ,,Gil Blas" 6'était fait l'écho d'une indiscrétion de journal de province français, selon laquelle des munitions anglaises avaient été amassées dans les forts de Mau-beuge. Ceci n'avait d'autre dessein qu'une coopération des troupes françaises et anglaises sur territoire belge." | Voilà comment un historien sans ver-! gogne ose écrire l'histoire. D'historiens de i cette nature il y a une foule en Allemagne. ! Il est de notre devoir de les désigner au mépris des nations probes. CHARLES HERBIET. Propos de Guerre. Je ne sais pas si vous l'avez remarqué, mais c'est assez remarquable. Toutes les \ théories chères à la -philosophie imilitariste ' allemande se retournent contre leurs inventeurs et cette arme perfide, à double tran-' chant, menace ceux qui la forgèrent. Prenons un exemple.. Les écrivains militaires de l'Km pire germanique sont pour la manière forte. Il faut, disent-ils, terroriser la population civile, afin qu'elle exerce une pression sur le Gouvernement et l'oblige à demander la paix. De cette façon l'invasion à la manière allemande devient une question... d'humanité! Ce système a réussi... au delà, peut-être, de toute espérance. Le peuple belge a été terrorisé ; il l'a été à un degré inexprimable, et je ne pense pas qu'en Prusse ,iorientale on ait mis tant de hâte à fuir les cosaques qu'on en mit, chez nous, à éviter tout contact fâcheux avec les uhlans ou les hussards de la mort. Le résultat espéré fut, je le répète, atteint et même depàssé. Maintenant que les gens ont fui, éperdus et prit de panique, les Allemands se rendent compte que leur théorie offre des inconvénients. Ils font de leur mieux pour rappeler la population dans les contrées conquises. Cela se conçoit-, et voilà pourtant à quoi leurs philosophes-guerriers n'avaient point songé. "Entre la théorie et la pratique il peut exister un abîme. Ces abîmes, les Allemands ne sont point, toujours parvenus à les éviter, car la présente guerre controuve encore quelques autres de leurs théories. Et ce qui, dès à présent, paraît irréfutablement établi, c'est la faillite de la métaphysique militaire allemande. Qu'ils sortent vainqueurs ou défaits de cet horrible combat, leurs ,,systèmes"t déjà, ont subi d'irrémédiables échecs... G. P. '■ —■ I En Belgique. A Bruxelles. Nos ministres, nos sénateurs, nos députés, nos hommes politiques, réfugiés à l'étranger, vont porter partout la bonne parole, en l'oc-curence exposer aux neutres le point de rue belge, c'est à dire, la violation do la neutralité de notre pays, au mépris du droit le plus élémentaire. L'effet do la mission de Paul Hymans, Emile Vandervelde, Carton de Wiart, de Sadeloer aux Etat-Unis a pleinement porté'. Georges Lorand, après l'Italie, est demandé à Bucharest. MM Cooreirians et Hymans sont venus en Hollande. Les députés Mélot et Destrée visitoront la Suisse. D'autres iront en Suède, au Danemark, en Norvège. C'est la meilleure réponse à la campagne menée par les Allemands dans tous les pays neutres. . * * * I Le frère du grand violoniste Ysaye qui est à Londres, — Théo Ysaye —* résidé à Genève. Le critique d'art, Octave Maus, est daii6 le midi de la France, j * * * ' Le Conservatoire Royal a rouvert, ses portes à la date fixée par le Préfet des Etudes. Six professeurs sur 88 n'ont pas repris leurs cours. Mais le nombre des élèves est de plus en plus réduit. Il se trouvait beaucoup d'étrangers parmi ceux ci qui, dès la déclaration de guerre, ont regagné leurs pays respectifs. L'autorité allemande voulait disposer de la salle de concerts pour y loger des soldats. Mais celle ci est encombrée par les quelques milliers de tuyaux des grandes orgues — qu'on avait démontées — et inutilisable momentanément. * * * ! . L'autorité allemande s'evertue, par tous : les moyens, à faire reparaître l'un des grands quotidiens bruxellois qui cessèrent leur parution le jour même de l'entrée des Allemands. Jusqu'ici, aucune tentative n'a ; été couronnée de. succès. Plusieurs directeurs ont été presentis, mais tous les journalistes vraiment dignes, ont refusé. Et ; voilà l'autorité dans un grand embarras, \ les feuilles dont elle a protégé le vol n'étant pas lues ! Même, on commence pas mal à s'en moquer. L'une d'elles, au moment où l'heure est si grave, donne des recettes pour accommoder le veau à la sauce tomate et quelques ,,nouvelles" qui n'ont avec la guerre aucun rapport, même indirect. Tout cela est lamentable 1 ! La veille de l'entrée des Allemands, lorsque le public fut averti par la si digne proclamation de son bourgmestre, les armes ; durent être remises aux autorités belges. , Mais certains, qui ne purent parvenir aux I maisons communales, à Ixeiles principale- , ment, jettèrent revolvers et fusils dans les étangs de la Place S te Croix. Avertis du ; fait, les Allemands ont opéré des sondages i qui ont ramené à jour des centaines i d'armes, parmi lesquelles de3 fusils de I j chasse à longue portée, des revolvers de i précision. Le manque d'armes serait la cause de cette pêche miraculeuse. • • • H n'y a plus que du pain bis chez nos boulangers. Même les ,,pistolets" sont faits d'un mélange peu agréable. Il y eut aussi des arrêtés pris oQntre ceux qui cuisaient des cramiques. Mais ce sont là des histoires sans intérêt pour ceux qui ne vivent pas de la vie de Bruxelles, où la moindre futilité prend les proportions d'un événement. * * * La population continue à avoir l'attitude la plus digne qui soit. : aucun rapport entre elle et les envahisseurs. , * * * Le joyeux Libeau et sa troupe joue au Cri-terion c!o Londres : ,,Ce bon M. Zoetebeek", l'ex-succès du Bois-Sacré, i # * * Le général von der Goltz, gouverneur allemand de Belgique, publie de nouveaux ordres disant que les gardes-civiques de Bruxelles ; encourent la peine de mort s'ils refusent de se ; mettre à la disposition du gouvernement allemand.L'émotion provoquée par cette mesure de provocation qui vient d'être publiée dans la capitale est intense. — Exchange Telegraph Spécial. A Anvers. A neuf heures du soir, on entend dans toutes lès rues, car le silence dès 8 heures èst impressionnant, — fermer tout les volets et baisser tous les stores. C'est un bruit très spécial, commandé par l'Heure! » * * Les derniers trams, dans toutes les directions, quittent leur point terminus à 7 heures du soir. Alors, le calme tombe sur la ville et pèse lourdement... * * # On ne vend donc que du pain bis. Ce n'est pas un grand malheur, loin do làl L'ennui est que ce pain devienne aigre dès le lendemain 1 * * « Beaucoup d'habitants repartent. La ^Kommandantur" n'a jamais eu autant de clients. * # # Le prix du sel augmente, on parle d'augmenter le prix de la viande, le riz et la farine deviennent rares. Quant au beurre, son prix s'élève graduellement, pianissimo..* # * ? Les Allemands s occupent des douanes. Us n'ont pas encore ,,accroché" tous les services, — mais, c'est une question de jours. * * # Le conseil de guerre fonctionne régulièrement. Le négociant M. A. D. dont nous avons fait mention et qui a été condamné à 9 mois de prison pour avoir, au cours d'une conversation privée avec un Allemand, prononcé quelques mots vifs à l'adresse du Kaizer, — a été envoyé en Allemagne où il purgera sa peine. Le second oondamné d'une série qui no parait pas près de s'arrêter et qui s'en est tiré avec trois semaines de prison, est un portier d'un grand Hôtel, nommé Jean H. K. • * • Les écoles ont dono rouvert leurs portes. On remarque que les écoliers sont, contrairement à ce qu'on attendait en haut lieu, peu nombreux. D'après des document officiels, il en est rentré 15.773 alors que le chiffre normal dut être de 30.000 environ. Ceçi pour les écoles communales. Les écoles payantes sont plus délaissées encore, — ce qui se comprend. Beaucoup d'instituteurs manquent à l'appel, soit qu'ils aient été versés dans l'armée à titre d'ambulanciers, soit qu'ils soient restés dans les pays où l'on respire, c'est à dire en Hollande, en Suisse, en Angleterre. , * * * j A. Monet dans le ,,Telegraaf" écrit: ,,Je vous ai déjà raconté comment les Allemands ont aimablement laissé paraître la moitié des journaux afin de serrer l'étau davantage, après leur parution. Cinq ans de prison à celui qui oserait annoncer les défaites do l'armée allemande et qui parlerait ou écrirait au sujet des victoires do ,,l'ennemi". j L'ennemi pour la presso belge est l'armée belge ! Voila dono un témoignage précieux qui ; corrobore avec ce que nous avons écrit. * * * Poursuivons : l'histoire en vaut la peine. Il existe à Anvers ou pour dire mieux, il se trouve actuellement à Anvers, — car • les temps changent... et peuvent surtout ^changer!, — il se trouve à Anvers un certain M. Henri Meyer, dont la mère est de nationalité allemande. M. Meyer en bon patriote, noircit du papier à la „Kommandantur", j'entends libelle des passe-ports. M. Meyer, bon j employé le jour, ne dédaigne pas, le 6oir, le j tapis vert des billards de la ,,Philotaxe", la société coopérative de la rue longue de l'Hôpital où l'on sert, dit-on, des repas succulents 1 à des prix modérés. C'était un peu allemandv avant le siège, ce l'est davantage, depuis la chute de la ville. Jusqu'ici, rien que de très naturel. . Mais où l'histoire se corse, c'est ; lorsqu'un soldat allemand pria M. Henri ; Meyer qui, consciencieusement, additionnait , des carambolages en compagnie de l'avocat. ! Palmans, demanda à M. Meyer de le suivre à la Kommandantur. Ennui de quitter une j salle bien chauffée, un verre de bière bien tiré, une partie qui s'annonçait j heureuse, un ami à la, barbe fleurie : -ennui mêlé bientôt d'un peu d'effroi le soldat eo gardant bien de répondre aux questions, plutôt inquiètes, dont M. Henri j Meyer l'accablait. Dame! On ne dérange pas j un joueur de billard sans motif. Y avait il j quel qu'alerte? (Jn grand personage devait-il ! passer la frontière, nanti, au préalable, d'un passierschein que M. Henri Meyer devait remplir? Le 6oldat ne répondait toujours pat. , Une petite sueur froide perla au front do l'employé, de ces petites sueurs froides qui se transforment bientôt en un petit lac frontal et mouillent facilement tout un mouchoir, j Mais on arrivait à la ,,Kommandantur" et M. Meyer, plus heureux que les braves ,,sin- ; joren" qui attendent parfois des heures' sou» îa pluie, fut introduit 6ur le champ. M. Henri Meyer dont les genoux commençaient à s'entrechoquer ne pensait certainement ni au tapis vert, ni à l'avocat Palmans, ni au clair demi mousseux laissé à moitié vide sur la , table! Il est des présciences qui ne trompent pas. M. Henri Meyer savait que l'heure marquée à l'horloge de la grande salle, — l'heure allemande bien eutendu ! — allait lui être fatale? Il n'aurait pu le dire, mais il sentait, il devinait. Comme Jeanne d'Arc, il entendait des voix.... Il entendit surtout, tout d'un coup, la voix d'un ,,ober-leutenant" qui l'accusa d'espionnage et parla de le faire incarcérer, sans autre forme de procès. ,,Ouf " pensa le joueur de billard, mon ; compte est bon, mais se raccrochant à je ne sais quel espoir (ni lui non plus!), il pria l'officier d» lui confier le motif de cette punition d'une .faute qu'il ne pouvait avoir commise. Bon prince, l'officier lui expliqua, en deux temps et trois mouvements, comme la „paradc-marsch" qu'on l'avait vu causer à . la ,, Philotaxe" la veille, avec un officier belge.... Protestations, excuses; reprostations- M. Meyer à bout d'arguments, se taisait et se voyait déjà dans quelques forteresse de Glat«. là-bas, en Silésie, lorsque l',,ober-leutenant" le sauva, croyant le perdre. Il fit entrer brusquement l'accusateur, un nommé Forstner, qui n'avait rien de commun avec les pilules du même nom, et tout à coup, oe fut la délivrance! M. Henri Meyer se souvint. H s©, souvint que ce Herrn Forstner l'avait épié la veille, lorsqu'il causait, en cette même ,,Philotaxe", avec M. Kinart, ingénieur do la ville. C'était Kinart qu'on avait pris pour n officier, maigre sa petite taille. Joie exhultante du sieur Meyer qui n'eut pas de peine à prouver la vraisemblance de son récît. Il fut relâché et sortit précipitamment, heureux de respirer à pleins poumons l'air libre dont il s'imagina, un instant, devoir Ctro privé toute sa vie! Mais M. Henri Meyer voulut savoir comment ce Forstner s'était introduit à la ,,Philotaxe", société coopérative privée. Il apprit peu après que l'espion avait été introduit par un certain Hernn Kruger, allemand expulsé an lendemain de la déclaration ' de guerre et rentré à Anvers dans le# impedimenta de l'armée assiégeante. Il n'en fallut pas plus pour que les membres de la „Philotaxe" attendissent MM. Kruger et Forstner, prêta à leur faire un mauvais parti. Mais les oourageux citoyens se gardèrent de revenir. Ainsi finit oette histoire un peu longue, mais qui a la mérite d'être parfaitement authentique, à ce qu'assure le ,,Tel©graaf''„ A Louvain. Les missionnaires de Schout célébreront demain le 50e anniversaire de la fondation de leur maison, duo à l'initiative de l'abbé Ver-bist, ancien aumônier do l'Ecole Militaire à Bruxelles. L'activité des missionnaires de Scheut s'est manifestée principalement en Chine, depuis la mer jusqu'au Turkestan; sur cette énorme étendue de territoire, l'on compte plus de deux cents de nos compatriotes. L'anniversaire sera célébré à Stamford Hill, en Angleterre, à l'église de Notre-Dame du Cénacle. A G a n d. Un do nos amis qui revient à l'instant de la capitale flamande — le voyage par Gand-Ter-neuzen s'effectue assez commodément nous affirme que la vio devient intenable à Gand, à causo dea réquisitions incessantes que les Allemands ne cessent de'faire partout, car les banquets d'officiers se suivent sans discontinuer et tournent au scandale. Jusqu; à des gants et des fourrures pour leurs chauffeurs. Sinon; ils se conduisent relativement bien. Les convois interminables de blessés qui reviennent, sans discontinuer, du front jettent la démoralisation dans les rangs ennemis. Cette avalanche de blessés est si formidable que. tous les couvents, aux environs de Gand, ont été convertis en ambulances. Et, dans ces ambulances, on est débordé de toile sorte qu'on en est réduit à faire les pansements avec des essuie-mains. La jfTovision de charpie et d'ouate est totalement épuisée. • • • Uno proclamation affichée ici interdit formellement d'introduire n'importe quelle correspondance dans la ville. L?s Allemands ont redoublé de sévérité depuis l'attentat contre l'empereur à Thiclt. Ils ont une crainte inexprimable des espions, et défendent la circulation en vélo ou en auto dans toute la province. A Nieuport. On sait quo l'effort surhumain tenté par les Allemans, pour s'emparer de Calais, leur coûta uno quantité effroyable de vies humaines. ' L'empereur resta cinq jours au frontil faillit, comme on sait, perdre la vio à Thielt — pour encourager ses troupes puis s'en fut, voyant sans doute que la tâche de percer le mur do granit des armées alliées était au-dessus des forces humaines. A certain endroit de la terrible bataille, on lança des autobus, bpndés de fantassins, à l'assaut du pont de Niouport. Chaque fois l'artillerie décimait ces braves jusqu'au dernier. Cinq ou six autobus furent ainsi lancés à fond do train vers l'inéluctable destruction. Alors, oe qui restait des hommes se rebella et refusa do continuer cette course insensée à la mort. Mourir pour mourir, ils préféraient encore courir les chances de passer en Conseil de guerre. On les conduisit à Bruges, d'où, sans doute, ils seront expédiés en captivité en Allemagne. A Deynze. Evidemment, dans les grandes villes, les autorités allemandes punissent les soldats qui traitent mal l'habitant. Dans les villes moins grandes, on fait mieux de ne pas se plaindre, à preuve l'histoire suivante: Ici les Allemands avaient installé uno caf»3rne ... dans les locaux d'une Banque. Il s'ensuivit, naturellement, quelques dégradations. Le gérant fit rapport à son conseil^d'administration, qui déposa plainte à la Kommandantur do Deynze, et le résultat ne se fit pas attendre. Un officier supérieur allemand arriva en sacrant et tapant du pied. ,,Aih! vous osez réclamer pour quelques portes abîmées, pour quelques égratignures au coffre-fort". Moralité le gérant ne peut plus quitter la ville et s'il ose tenter de correspondre encore avec Gand, on l'emprisonnera immédiatement. La justice allemande nous paraît assez arbitraire.A Aridenne. Grande nouvelle: depuis le 2 novembre, les habitants peuvent user de luminaire, mais jusqu'à 8 heures du soir seulement. C'est un progrès sensible, car jusqu'à ce jour, on était obligé de rester plongé dans une profonde obscurité. La ville d'Andenne est, à présent, rattachée à la province de Liège. Lorsqu'on désire loger des personnes étrangères à la commune, il faut obtenir au préalable l'autorisation du commandant de la place. Chaque soir, sur la Grand' Place, est fait un appel auquel tous les jeunes gens de 18 à 30 ans sont obligés de répondre. Toutes les pièces en fer des ponts qu'on avait fait sauter et qui ne peuvent plus servir à la reconstruction de ceux-ci, ont été expédiées par train en Allemagne. * * * . * On sait que le soirt, dès 9 heures, les citoyens n'ont plus le droit de sortir de chez eux. Il y a eu huit jours dimanche, un incendie (nous en avons parlé en temps voulu) détruisit trente-cinq wagons de fourrage. Aucun des habitants qui résidaient dans les parages du lieu du sinistre n'osèrent s'aventurer dans les rues pour coopérer au sauvetage. On se demande ce qu'il conviendrait de faire si un incendie plus violent éclatait et menaçait tout un quartier? A Vervlers. Jje directeur de cotre école de musique, le compositeur Joseph Jongen est a Londres. !■> Les journaux et la censure allemande. Si les journalistes belges qui consentent à exeoer leur profession sous le contrôle allemand pouvaient conserver le moindre doute sur l'oeuvre antipatriotique à» laquelle ils prêtent leur concours, ces quelques lignes que nous découpons dans la ,,Gazette de Vos" de jeudi dernier leur ouvriront sans doute les yeux : ,,Pour ce qui concerne les relations géné. raies en Belgique, dit. le grand journal allemand, il est d'un intérêt majeur que l'opinion publique soit guidée par la presse. Aussi l'administration allemande se montre particulièrement bienveillante à l'égard des journaux et ne met aucun obstacle à leur réapparition." Ainsi, de l'aveu même des ennemis de la Belgique, ces journalistes travaillent pour le roi de Prusse. Nous le répétons, il y a là plus qu'une de ces petites lâchetés quotidiennes dont la vie est faite... H y a une' véritable félonie, un crime de lèse-patrie, comme le disait ici même notre confrère Van Boeckel, dans la lettre à ,,La Presse" d'Anvers, et nulle considération ne saurait prévaloir là-contre. Tout au plus pourrait-on voir dans la nécessité qui pousse cea journalistes à aecepter du pain dans de pareilles conditions une simple circon-» stanoe atténuante. Par exemple, les fonctionnaires et em-pHoyés de l'administration communale qui, ceci 6oit dit à l'honneur de notre corporation, forment la grande majorité dans ces conseils de rédaction où l'on conspire contre l'honneur de la Belgique, n'ont pas cette excuse. Payés par les contribuables bolges ils ont à les servir et non pas à les trahir. Est-ce donc qu'ils avaient à ce point pris l'habitude du collier qu'il leur est indifférent de savoir qui les tien^en | laisse? Au contraire: ils. aboient volontiers contre leurs premiers maîtres dont c'est la faute, après tout, s'ils ont dû changer de main. Et leur lourde ironie s'exerce aujourd'hui aux dépens des défenseurs d'Anvers et de l'autorité militaire qui, pendant le siège, avait bousculé un peu leurs ronds de cuir et secoué leurs manches de lustrine. Hé, je le sais bien: b'Hs n'attaquent pas l'administration allemande c'est que cela leur est défendu. Précisément tout est la. Car leurs articles donnent» bien l'impression qu'au rebours de naguère, aujourd'hui tout est pour le mieux sous la meilleure administration du monde. Qu'est-ce que les Allemands peuvent désirer de plus? Autre chose. Il était bien entendu, n'est-ce pas, si nous en croyons le ,,Han-delsblad", que ces patriotes d'un nouveau genre avaient mis comme condition à leur réapparition sous la botte prussienne que la censure 6e serait contentée de biffer les passages imprimés qui n'étaient pas de son goût, mais sans imposer aucune modification. Or, voici ce que nous lisons dana ,,La Métropole" (voir le ,,Standard" de Londres) de samedi dernier: ,,11 y a quelques jours, le Gouvernement belge, par une dépêche officielle, indiquait en ces termes le devoir des agents de l'Etat de la position fortifiée d'Anvers: ,,En oe qui concerne les agents de l'Etat de toute catégorie de la. position fortifiée d'Anvers, nous estimons, sauf pour les magistrats, les ministres des cûltes et les instituteurs, qu'il n'est ni digne, ni sur de rejoindre la ville jusqu'à nouvel ordre." La ,,Presse" du 7 novembre 1914 imprimée sous la censure allemande fait de cea instructions le ,,faux" suivant („La Belgique," 11 novembre 1914): ,,Pour les employés de l'Etat, à l'exception des magistrats, professeurs et instituteurs, qui exerçaient leurs fonction» à l'intérieur de 1'enoednte fortifiée d'Anvers, nous conseillons provisoirement de ne pas ieprendre leur poste." Il y a sdx faux essentiels dans oe dernier texte: lo. Le Gouvernement parle de la position fortifiée et non de l'enceinte. 2o. Le Gouvernement parle des ministres des cultes et non des professeurs. 3o. Le Gouvernement ne parle pas des agents ,,exerçant leurs fonctions," mais de tous ses agents, en fonction on non. 4o. Le Gouvernement ne ,,conseille" rien; il ,,estime". 5o. Le Gouvernement parle de la dignité et de la sûreté de ses agents. 6o. Le Gouvernement ne parle pas d'un ,,provisoire" quelconque; il fait prévoir un ,,nouvel ordre", il montre qu'il est tou* jours là. La ,,Presse", sous la censure allemande, trahit donc le Gouvernement belge au profit dj l'envahisseur. C'est le sort fatal de tous les journaux qui ont accepté, ou accepteront, de paraître dans le territoire envahi." Cette conclusion de notre confrère est absolument logique. Qu'ils le veuillent ou non, les journaux qui paraissent sur le territoire envahi sont condamnés à trahir. CHARLES BERNARD. # P.S. Nous recevons ujje nouvelle lettre de M. l'avocat E. Vliètinck que nous publierons demain. n ' ' wm ^

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Dit item is een uitgave in de reeks L'écho belge: journal quotidien du matin paraissant à Amsterdam behorende tot de categorie Oorlogspers. Uitgegeven in Amsterdam van 1914 tot 1918.

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