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MONITEUR DES INTÉRÊTS MATÉRIELS — Tout ce qui a rapport au bien-être général, hormis la politique. Directeurs : Maurice de LAVELEYE, Georges FONTAINE - BOTTE. BUREAUX : Bruxelles, 27, Place de Louvain. Telcpli. A 429.— Paris : 23, rue Chauchat, 9e. Tcleph. Louvre 21-86. Correspondants : Botterdam, Nijgh et Van Ditmar. — Londres, Daviea et 0", 23, lunch Lane, Corahilî, B, O. — Allemagne et Italie, Bureaux de Poste. — Genève, Agence des journaux, 6 et g, rue Pécolat-. — Alsace-Lorraine, Librairie Ammel, 8, place de la Gare, à Strasbourg. — Lisbonne, Emygdio da Silva. Prix d'abonnement par an : Belgique, 12 francs.. — l'rance, Suisse, Italie, Espagne, Portugal, Suède, Norvège, Danemark, [Turquie, Russie, Roumanie, Serbie, Bulgarie, Grèce, etc., 25 francs. — Pays-Bas, 8 florins. — Grand-Duché de Luxembourg, 15 francs. — Grande-Bretagne et Colonies, 1 £. — Allemagne,- 20 BB. — Autriche, 24 couronnes-or. ECONOMIE POLITIQUE Le 5e congrès de la Fédération nationale des travailleurs du bâtiment et la rééligibilité des fonctionnaires syndicaux. Le cinquième congrès de la Fédération nationale des travailleurs du bâtiment, qui s'est tenu à Paris du 13 au 17 avril, était attendu avec un grand intérêt dans le syndicalisme. On savait que depuis plusieurs mois des questions de tactique, qui avaient revêtu la l'orme de questions de personnes, étaient débattues âprement dans ses conseils directeurs et qu'un parti, plus ou moins puissant, allait demander au congrès de voter le principe de la non rééligibilité des fonctionnaires fédéraux. (C'est un point que j'ai déjà indiqué à la fin de ma. dernière chronique.) On comprendrait mal l'état d'esprit dans lequel se trouvaient les délégués à l'ouverture du congrès et les tésolutions qu'ils ont prises sur ce point si nous ne donnions avant tout une analyse du volumineux rapport adressé, quelques jours avant la réunion du congrès, aux organisations fédérées par le conseil fédéral. , Un fait domine dans cet important document : la Fédération du bâtiment, comme, du reste, tant d'autres organisations ouvrières, subit une crise d'effeclifs; le rapport, d'ailleurs, lie la dissimule pas : « Une diminution assez sensible s'est fait sentir depuis pas mal de temps déjà, diminution qui s'est Surtout affirmée sur nos syndicats parisiens et ce depuis le mouvement de grève générale du bâtiment de juillet 1911. » 'Au cours du second semestre de 1910 le nombre des syndiqués Atteignit 86,773; mais, remarque lé rapport, l'œuvre de propagande avait été plus vite que l'œuvre d'éducation; l'enthousiasme" excessif, les espoirs exagérés ne résistèrent pas à l'échec de la grève de 1911. « A partir de cette époque la baisse de nos effectifs se fait sentir; elle se continue, progressive et constante -et semble seulement maintenant toucher à sa fin. > Toujours est-il qu'à la fin de 1913 l'effectif fédéral était tombé à 45,207 membres pour 434 syndicats af.ili's D'après le rapport, les organisations de province n'avaient pas été atteintes par cette crise ; pourtant, durant l'intervalle de deux ans_qui s'est écoulé depuis le dernier congrès, tenu à Bordeaux (j'en ai rendu compte en son temps), 119 syndicats ont disparu {sans parler de ceux jjui ont fusionné) qui évidemment n'appartenaient pas tous à la région parisienne; il est vrai que 121 autres syndicats ont été créés et admis dans la Fédération ; mais n'est-ce pas une bien grande cause Ct une bien grande preuve de faiblesse pour une fédération que ce perpétuel va-et-visnt d'organisations affiliées, portant surplus d'un quart d'entre "elles? Sans doute, comme le dit le rapport, « le tempérament français se prête encore mal à l'organisation... Il lui manque encore ce sens de la persévérance et de l'organisation qui ferïle', ^e. conserver les résultats acquis ». Mais l'action de a fédération du bâtiment, ou plus exactement de ses minants, s'est-elle toujours exercée, pendant ces deux années, , ans un sens tel que la persëverancé et la suite dans les idées purent être une condition de succès dans les campagnes . '^Prises? Les syndicats ouvriers confondent volontiers Jes h 5 .J?"0®8 e*. l'action; il est aisé de manifester « avec dernière énergie »] c'est l'affaire d'un moment ou de quel ques moments, et il n'y a là guère de place pour la vertu (le la persévérance, à moins d'entrer dans l'action. Or, la Fédération du bâtiment enregistre comme t action » ses manifestations, sans lendemain, contre la loi Millerand-Berry, contre la vie chère, contre la guerre, contre la loi de trois ans, contre la répression gouvernementale, pour l'antimili-tarisme, etc., au même titre que sa revendication de la diminution des heures de travail et de la semaine anglaise et sa lutte contre le travail de nuit. Sans doute, le rapport que nous analysons signale un grand nombre de grèves victorieuses, grèves entreprises le plus souvent pour obtenir line augmentation de salaire et line réduction de travail, et, soit dit en passant, si ces succès sont réels, il est bien dommage que les ouvriers fédérés du bâtiment n'appliquent pas toute leur force à des revendications de cet ordre au lieu de se dépenser à peu près inutilement dans une lutte qu'ils appellent « sociale » et que nous appellerons politique. Mais ces succès sont-ils réels? Ce serait d'autant plus nécessaire que la question de savoir si le conseil fédéral ne devrait pas, contrairement à la pure doctrine révolutionnaire, faire une part de plus en plus grande à l'action corporative s'est posée et se pose encore d'une façon aiguë dans la Fédération du bâtiment, comme elle s'est posée à la dernière conîérence des fédérations et des bourses du travail, comme elle s'est posée au dernier congrès des ouvriers métallurgistes; non seulement l'ensemble de l'organisation en souffre, mais la direction est compromise par. le fait de la situation impossible faite aux; fonctionnaires fédéraux. Parlant de la commission exécutive. qui, entre les réunions trimestrielles du conseil fédéral, administre la Fédération du bâtiment, M. Liiquet des coiffeurs, a écrit dans Y-Hvmanilé : i Élle eut fort à faire et se trouva aux prises avec d'assez fortes difficultés d'ordre intérieur, résultant d'un certain esprit démagogique auquel tous n'échappent pas encore et aussi de la pernicieuse question du renouvellement automatique des fonctionnaires syndicaux. » Il y eut plusieurs changements de fonctionnaires; deux secrétaires, nolamment, se retirèrent, alléguant qu'on usait à leur égard de certains procédés de discussion qui leur rendaient impossible l'accomplissement de leur mandat. L'un d'eux, M. Ranty, publia récemment, dans l'organe fédéral, un article qui montre combien certains militants sont revenus des théories anarchistes ou syndicalistes révolutionnaires : « Qu'on ne dise plus que la quantité ne signifie pas grand'chose, en grossissant la valeur des « minorités agissantes >. Il faut reconnaître que lorsque ces minorités, malgré la sincérité de leurs intentions, ne savent plus maintenir l'enthousiasme de la «grande masse ouvrière avec laquelle il nous faut compter, ces minorités, dis-je, se sont trompées de tactique : elles doivent le reconnaître. Pour que not e syndicalisme français ne reste pas stagnant, il faut que notre action directe, mieux définie, ne soit plus un épouvantai! pour les peureux, les timides, qu'elle doit, au contraire, réchauffer. Nos organisations économiques doivent rester des groupements d'intérêts, ouverts oorpbrativement le plus largement possible à tous les exploités-du travail... » • * * Le clongrès était formé de 167 délégués, représentant 214 syndicats (clyffre relativement faible, puisque le nombre des syndicats fédérés dépasse 400); en outre, diverses organi- EDITION TRIHEBDOMADAIRE. Dimanche 24 mai 1914. 64' année. - 6g,

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