Les nouvelles: journal belge quotidien publié à Maestricht par un groupe de journalistes liégeois

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s.n. 1918, 21 August. Les nouvelles: journal belge quotidien publié à Maestricht par un groupe de journalistes liégeois. Konsultiert 30 April 2024, https://nieuwsvandegrooteoorlog.hetarchief.be/de/pid/3r0pr7nz2j/
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14£ Année - N° 361 fallon â Administratif i |îijrfmar'l<î 31 & 3K • [a Haye—Téléph. 216 Bureau à Maestricht : Motel Suisse,Vrijthof. 1 éiéj)h.'i69 |j Flessingue : Slijkstraat. 5 FRANÇOIS OLYFF I Directeur - Fondateur Les Nouvelles Journal belge fondé â Maastricht en août 1914 Mercredi 21 Août 1918 S ce^-fs !e numéro s ABONNE M'" M5 i ' . „ 1 f'Cf in pr.r trois n j. : ù r. •• c : - r 2 L/0 fi. p..! 3 mois f {ranger : pet or; sus ANNONCES : La ligne : 15 G/en 4 0 page Réclames permanentes à forfait FAUQUEBOIS Un jour sombre tout en grisaille, un Luiilard d'une glaçante et transperçante linidité et aussi naturellement l'emprise [es pensées arnères, des rancœurs exas-Irées par la tombée lente du soir. Qrâce [ Dieu, voici qu'un livre m'arrive de lance. Son titre : Fauquebois (1). J'en Innais peu qui sonne plus joliment. Le lot n'a rien de la dissonance tragique li vocabulaire actuel, évocateur de manières, de ruines et de deuils. Le roman Il signé Pierre Nothomb, nom double-le it cher aux Belges. Il rappelle un hé-hs des jours tourmentés de la conquête je notre indépendance; présentement il fct porté par un écrivain jeune encore, [ais célèbre déjà par une œuvre consi-irable : œuvre de poète, d'historien et e diplomate, de patriote et de soldat [ai ouvert le livre... je l'ai lu tout d'une laite. |.„ Parfois, après une étape fatigante, Irsque le voyageur va céder sous le fcids d'une chaleur de fournaise et la Irture de la fièvre, à l'heure d'énerve-[ent où les genoux tremblent, où le front [incline de souffrances à l'âme et au prps, parfois — presque toujours même t la Providence fait jaillir au bout du plvaire, une source inespérée. Elle se [couvre chatoyante et câline. D'instinct s paumes se lient en forme de coupe, eur creux s'efforce, en crispation d'avare, e retenir l'argent glacé et clair cherchant [fuir entre les doigts tressés. Avide est baiser des lèvres pour s'en saisir. Il e se calme qu'avec l'apaisement des ns. De la bouche, les mains portent au ont le ruissellement d'un baptême de aîcheur. Le crâne veut aussi boire l'eau strale; les pensées implorent purifica-pn ; les yeux pleurent de picotements et s paupières cherchent à revivre. L'on budrait embrasser toute la source, s'en lisir et, des épaules aux pieds, s'en courir d'une chape délicieuse. Car telle est a puissance mystérieuse : faire revenir [la vie l'homme presque perdu ! La vie de la source ne jaillit-elle pas p tréfonds de la terre nourricière ? Voilà [pense, le secret du miracle ! [Les livres, eux aussi, exercent - sur les nés une influence merveiljeuse si, di-nt plus que des mots, ils sont évan-les de Beauté. Les mots les plus har-onieux et les mieux assemblés, la phrase mieux balancée valent rarement une lanson. Leur magnétisme dépend surtout ; la matière qu'ils illustrent. L'œuvre irlera, plaira, agira sur notre perceptivité elle est fleur d'une terre chérie, si elle nspire du drame des passions humaines :st-à-dire de la vie même, si enfin, elle ive, développe ou crée une noble idée, is trois points spnt énoncés en ordre incipal, car comme en tout, il y a ici issi des raisons inconnues -ou indéfi-ssables...Le roman de Pierre Nothomb pré-ate ces qualités. Il évoque admirable-:nt les chers paysages de chez nous, la Belgique si lointaine qu'Elle nous .rait un paradis perdu, et cependant si oche de nos cœurs par toute l'ardeur nos regrets saignants et de nos es-iirs. D'une réalité saisissante, ces ta-îaux du pays campinois ont été peints ir un maîjre dont la palette n'est pas ouillée par des couleurs illusoires. Le ssia n'est compliqué d'aucune fantas-agorie. Les teintes sont vraies et sont lignées d'une lumière vivante. Voici la bruyère : " Elle apparaît tout coup, au bout du chemin, pareille à un éan rose, et l'air vibrait à sa surface mme s'il brûlait... La plaine s'étendait squ'à un horizon lointain de minces du-s, où perçaient, à peine visibles, trois ^ clochers. Une brise molle arrivait de bas apportant l'odeur de l'espace et la '/eur du silence. Quelques sentiers aux ofondes ornières partaient du grand «min des bois et se perdaient, comme perdent au désert, dans le sable, des îts d'eau. Elle portait bien son nom en ; jour d'été, la " gebrande Heide „ la ruyère de Feu, mélancolique, sauvage ardente comme si un ouragan de fiâmes était passé sur elle „... Guidé par l'auteur arrêtons - nous aux Niers sapins d'une allée. Appuyons-°us à la barrière et contemplons la preste apparition de "Fauquebois,, petit rteau paysan perdu dans les sapiniè-Quel cachet à cette Maison belge!... Ngeonnée de blanc, avec des volets ei)s lavés, elle est charmante. On a :ssiné autour d'elle un grand jardin carré borde un' canal d'eau verte. Quatre Ms de bois peints traversent le fossé à chacun d'eux aboutit une longue fe,.... , ) « Fauquebois », roman, Paris. Plon-%1,'it & Oie, 8, rue Grarancière, 1918. « -Te l'écoute d'hanter tout bas. Comme une source sous les ruines » Tel est le centre du décor. Mais, de suite, l'écrivain, le déploie devant nos yeux ravis : " Au sortir du bois de sapins s'ouvre la plaine, elle est immense, humide et luisante. Le Demer qui s'y dénoue la change en lac aux jours de crue. Une menue colline de sable roux la borde à l'ouest, à l'est un coteau boisé; au sud sur un mamelon, l'église de Montaigu s'élève comme un gros jouet pimpant, et en face, parmi les bois profonds s'élance la tour blanche d'Averbode. La grande nef, auprès d'elle, semble voguer sur un golfe vert....,, Ainsi la scène principale est élargie jusqu'à des horizons où le talent descriptif de Pierre Nothomb découpe des fresques ravissantes. Les traits sont vigoureux, sobres. Ils donnent avec une remarquable justesse la caractéristique de cette plaine-là et non d'une autre, de cette rivière, de cette abbaye... L'auteur-a jusqu'au fond des yeux la vision du pays de Sichçm, qu'il doit aimer passionnément. Ses facultés d'observation s'y sont complues. Sa plume d'artiste court sans fatigue. Elle écrit avec des mots très doux, des pages étonnantes de vérité et d'accent. Je cite comme hors de pair la visite au Béguinage de Diest : "Au bout de la ville, une petite ville vouée à la prière et au silence. Une grand porte surmontée d'anges, envolés, en ouvre l'entrée, une église candide dort sous son toit d'ardoises moussues, une église tranquille où seules se glissent, à l'heure des prières, des béguines voilées de noir. Quelques petites rues s'entre-croisent, bordées de maisonnettes aux murs crépis à la chaux, et dont les - carreaux verts laissent voir les beaûx rideaux blancs. Au-dessus de chaque porte, une statuette auréolée s'enfonce dans une niche qu'entoure un nom de bienheureuse... „ Tandis que le visiteur est assis dans la salle du fond où une sœur lui sert deux doigts " d'une pâle liqueur couventine „ " dans un petit verre sans pied, où était peint un oiseau jaune portant en son bec un myosotis „, dans le cadr# de la fenêtre apparaît le naïf jardin : " Au jardin brillait une couronne d'éclatantes tulipes, comme des lampes d'or. On goûtait une odeur de pain frais, d'eau bénite et de confitures... „ Cette vision monastique n'est-elle pas exquise ! Elle fait penser à ces échappées sur des paysages éthérés qui amenaient du soleil, des coins de ciel et des rayons bleutés dans les chefs-d'œuvre des primitifs. N'est-elle pas prise sur le vif cette savoureuse description de la fête du 15 août à Montaigu où resplendit la basilique étoilée vers où montent les pélérins? " Ils arrivaient par groupes, tête ployée, dans des murmures de chapelets, par les petits chemins des prairies, par la grande route tournante qui s'élève de l'humide vallée jusqu'au seuil du temple béni... Tandis que la procession serpentait tour à tour vis à vis de chaque horizon, Montaigu fumait comme un brasier tendu vers le ciel. L'air grésillait et l'on voyait trembler au-dessus du cortège l'azur ardent...,, Notez comme le détail qu'il faut est bien donné. Au retour par le chemins des coteaux la " vigilante „ est traînée par les vieux cheveaux qui portent " aux œillières ces petits drapeaux triangulaires où l'or, imprime en couleurs voyantes les miracles et l'histoire de Notre-Dame... „ L'exil a rendu plus visibles encore certains signes, des gestes, les coutumes du terroir. Nous comprenons mieux leur signification souvent naïve mais si profonde et venue intacte du passé. Je les chéris ces reliques de Belgique et si je m'écoutais, je glanerais et reglanerais à travers le livre. Je reprendrais avec vous des mots, des phrases, des pages toutes entières. A l'unisson, nous méditerions, nous raviverions la flambée en remuant les souvenirs, nous aimerions, très fort, très fort mais tout doucement, nos Foyers et nos frères absents... Les habitants de " Fauquebois „ nous rappellent intensément la Belgique. Dès l'abord, ils sont nôtres. Nous sentons, souffrons et nous réjouissons comme eux ; nous communions avec eux. Nous suivons avec sollicitude ^.ar les chemins divers où il s'élance, Octave, jeune homme au cœur chaud, anxieux et prompt à écouter tous les appels et que la vie ramène, bien durement parfois, à la réalité et à la souffrance. Les jeunes filles sont simples et douces comme^-l'histoire elle même. Par instants, au moment béni des vacances, je crois retrouver les petites filles modèles de la comtesse de Ségur qui enchantèrent mon enfance. Cependant une fois femmes, semblables aux vierges de d'Annunzio, elles se révèlent passionnées et brûlantes. Mais leur amour à elles, n'a rien de païen et de suite il s'élève mystiquement jusqu'à l'extase et aux miraculeux sacrifices ! Leurs baisers ressemblent "à un matin de Mai,,. "Dans cette Campineapassé Dieu„et}e crois qu'il a marqué de son sceau divin les "quatre sœurs,, surtout Audorade, la fleur transplantée, la si étrangement jolie Audorade avec ses cheveux flamands et ses yeux d'andalouse, Audorade au cœur transpercé, s'immolant par amour jusqu'aux tortures des angoisses nocturnes. Laure aussi, pour qui le devoir est roi, est une exquise petite sainte et aussi Marie la touchante infirme. L'heureuse Er-nestine "dont les yeux rient sans cesse,, est plus près de la terre. L'offrande de Béatrice est royale comme sa beauté et poétique comme son âme et ses paroles : " Ecoute, dit Béatrice, n'entends-tu pas ce bruit silencieux qui monte ? C'est l'assomption du jardin. Toutes ces tiges sont dressées, tous ces calices sont tendus, toutes ces ocleurs sont comme des âmes délivrées... Laissons nous monter avec lui,,... Fille d'un patriote italien et d'une Autrichienne elle devient Belge sans effort parce qu'en Belgique comme dans ses Alpes... on respire l'air libre. Enfin Irène la romanesque est délicieusement du règne de Lamartine, du temps dgs jupes à trois volants, des " coques „ de rubans, des bracelets de satin rose... Je n'insiste pas et ne m'appesantirai davantage ni sur l'époque d'une grâce un peu vieillotte, où nous ramène " Fauquebois non plus que sur les silhouettes de l'ancien ministre de Perse, du chanoine " Mordicus „, de provinciaux et de provinciales, croquées d'un fusain spirituel. Je ne dévoilerai point le sujet : rien n'est plus injuste et pour le livre et pour l'auteur qu'un mauvais résumé. Cependant — c'est la troisième qualité dont j'ai parlé — je tiens à attirer l'attention sur l'idée qui vivifie toute l'œuvre. Elle est très belle. Il faut être fidèle : fidélité à la Patrie ou au Souverain, fidélité en amour et en amitié, fidélité à la maison familiale et aux traditions. Voilà — avec celle de Dieu en qai la foi de l'auteur est admirable de sincérité — la religion sublime de Cv livre. Elle e-t la plus haute et la plus fière des religions humaines. En son honneur, depuis quatre ans, s'offre le sacrifice de la Belgique... Vous qui souffrez de la longueur et de la cruauté de ce martyre, qui n'en pouvez plus d'avoir perpétuellement devant les yeux des spectacles affreux ; esprits anxieux d'échapper, ne fut-ce que pour quelques heures, aux épouvantements du cauchemar, lisez ce poème nostalgique écrit par un soldat de l'Yser — il fut achevé devant Bixschoote — à la pieuse gloire de la Patrie... Imitant ce veilleur inspiré, pour retremper nos courages, écoutons " chanter tout bas, comme une source sous les ruines. „ Et vous, femmes dont les foyers d'exil sont si noirs, si tragiquement dispersés, si durement réalistes par les incertitudes et les angoisses du lendemain Et vous jeunes filles, fleurs à peine écloses et déjà crucifiées, penchez-vous sur ce roman. Il est écrit pour vous. Ecoutez chanter un Angélus ! Le reconnaissez-vous ! Il a passé sur les bruyères, là-bas, chez nous, en Belgique ! Louis DE SEGNERET. Chalfont, Juillet 1918. C2 Sur la côte belge De notre correspondant : A 2eebrugge, le pont en bois que les Allemands avait construit au dessus de la brèche faite par les sous-marins, au viaduc de la jetée lors de l'attaque navale du mois d'avril, est remplacé par un pont en fer. Ce pont a été construit par 80 ouvriers beiges des environs sous la direction de pontonniers allemands. La passerelle en bois était faite pour livrer passage à trois hommes de front; celle construite actuellement prend toute la largeur du viaduc. La population de Heyst s'est vue forcée de quitter la commune, les autorités allemandes l'ont évacuée sur Westcapelle et environs. Les commandantures et bureaux deGand-Bruges-Ostende et bientôt de toute la Belgique sont dirigées par des femmes boches. Les soldats qui y étaient sont partis pour le front. Les Allemands on fait une nouvelle base d'hydroavions à Sas-Slijkens près d'Os-tende, ainsi que des hangars et champs d'avions à Vlisseghem Hautave Stallitte et au golf de Knocke. A l'hôpital militaire de Breedene se trouvent 4 canons (Yzerweggeschut) à Maria-kerke, Roversie, Clemskerke se trouvent plusieurs batteries de 4 canons de 28 cm. Pour les Grands Orphelins du Front N'est-ce pas le seul nom qui puisse convenir à ces grands et nobles eiïfants qui, loin de tout et de tous, font vaillamment leur devoir, et autour desquels la guerre a créé un insondable abîme d'isolement moral. L'œuvre si belle du " Home des Petits Orphelins „, recueille chaque jour de nouveaux suffrages, reçoit quotidiennement de précieux et utiles encouragements. Comment se fait-il donc que nous ne pensions pas davantage — plus pratiquement surtout — à ces grands esseulés qui, dans les tranchées de l'Yser, sacrifient héroïquement leur existence pour assurer celle de notre chère patrie ! Si chacune de nous faisait simplement, strictement, son devoir, croyez-vous Mesdames, que nos braves auraient besoin d'étaler leur misère morale, lamentable, presque criante, à la quatrième pages de nos journaux ? Si nous étions moins indifférentes à ce qui se passe là-bas, les bureaux des Oeuvres telles que celle de " l'Appui du Soldat „ dont le nom me paraît cependant suffisamment suggestif pour parler à nos cœurs — ces bureaux, dis-je, seraient-ils aussi encombrés de demandes! Si nous comprenions mieux la supériorité incontestable que donne au plus humble, au plus ignorant, au plus insignifiant même de nos soldats, son titre, ses attributions et sa vie, n'aurions-nous pas toutes notre ou nos filleuls. Si, enfin, nos braves rencontraient d'une façon complète, chez les femmes belges, un peu plus de vrai patriotisme uni à une vraie frate nité, il ne s'en trouverait plus là-bas, dans la pénible obligation de réclamer, d'implorer presque d'elles, un peu d'attention. Mais.... lisez d >nc plutôt comment s'exprime textuellement à ce sujet, un de ceux avec qui j'ai' l'honneur de correspondre : Qu'elle est belle, écrit-il, l'œuvre à laquelle vous vous dévouez avec tant de générosité ! Et combien vous avez raison de dire que toutes les dajnes devraient y côopérer. Si elles pouvaient seulement s'imaginer ce qu'une lettre représente de joie et de satisfaction pour un pauvre soldat. Si elles pouvaient seulement assister une fois à la distribution des clières missives, et voir avec quelle anxiété, avec que]le fébrile impatience, nos regards sont fixés sur le paquet que le facteur tient à la main. Si elles pouvaient encore voir la déception de ceux pour qui il n'y a rien et ce sont souvent les mêmes ! je suis certain qu'elles s'empresseraient de consoler ces malheureux. ^ Quelle simplicité et combien ces paroles empreintes de la plus touchante fraternité sont de nature à faire comprendre à la femme qu'elle peut — tout en restant pleinement dans son rôle — participer utilement à la guerre, travailler, bien que de très loin, à la préparation de la victoire en se rapprochant de ceux qui sont prêt à la payer de leur sang ! Nos soldats.. mais Mesdames, il est de notre devoir de leur prouver que nous les comprenons suffisamment pour "les aimer et en être fières ! Et franchement, il y a de quoi, car ils ne constituent pas seulement pour nous, le reposant souvenir du passé, ils composent encore la page glorieuse du présent, le consolant espoir de l'avenir ! Notre petite armée que chacun chez nous s'était habitué à considérer comme l'élégante parure de notre paisible pays, en est — tout à coup et par la force brutale des choses — devenu le bouclier imprenable, le rempart infranchissable. Ne pas s'occuper de nos soldats, ne pas les aider à faire plus facilement leur devoir, c'est, me semble-t-il, méconnaître notre patrie elle même, c'est faire fi de la dignité de notre race, de l'honneur de notre nation qu'ils incarnent si parfaitement.Se désintéresser de la vie de ces braves, c'est paraître ne rien comprendre à la noblesse du geste de notre grand Roi, relevant fièrement le gant jeté si insolemment par l'ex-grande Allemagne ; c'est en même temps mépriser l'exemple sublime que nous donne notre gracieuse Reine, qui, dans les lignes de combats comme au chevet des moribonds sait si bien se faire la maman de tous. Ne rien faire pour nos soldats, mais c'est aussi manquer de reconnaissance à l'égard des familles de ces vaillants, restées en Belgique et que nous devrions avoir à cœur de remplacer dans la mesure du possible. Aurions-nous, par hasard, moins de cœur pour nos propres soldats, que ces admirables Françaises qui, au jour mémorable du 14 juillet, réservaient un accueil tout spécial aux " petits Belges „ parce que, ouvriers de la première heure sans doute, mais surtout parce que... sans famille depuis, quatre ans. Oui, Mesdames, le patriotisme, le plus élémentaire nous fait un devoir de nous occuper de nos soldats ; et plus la guerre dure plus cette obligation devient pressante. Le temps des gentilles petites marraines, faisant gravement la part du filleul, entre deux dinetfes d'amies, ou à l'occasion du baptême d'une poupée est en effet à peu près passé. Il faut maintenant à nos fils quelque chose de plus substantiel que ces gâteries-: i! faut qu'ils sentent qu'on est avec eux et qu'on les comprend, il faut qu'ils sachent que la grande Famille belge si cruellement dispersée, et pour la reconstitution de laquelle ils travaillent si âprement, reste véritablement unie dans l'épreuve. Ah ! je le sais, il n'y a chez les nôtres, ni fatigue, ni défaillance ! Que nous fassions notre devoir ou non, ils feront le leur toujours avec le même élan, la même ténacité. Mais c'est une raison de plus de ne pas oublier que pour être soldat, on n'en est pas- moins hcmme, et le geste de ces solides gaillards demandant du renfort à de faibles et insignifiantes créatures comme nous — eux, que les hordes teutonnes ne font pas broncher et à qui les privations et les souffrances de tous genres ne laissent aucun regret — ce geste dis-je, n'est-il pas assez éloquent par lui-même ? Et surtout Mesdames, pas d'embuscade dans le faux abri d'un prétexte ou d'un préjugé. Le manque de temps que l'on invoque si légèrement, me paraît laisser deviner trop de mauvaise volonté pour que l'on s'y arrête. Quant à celles, plus nombreuses et de bonne foi, qui croient faire leur devoir parce qu'elles écrivent assidûment à un fils, à un frère, un fiancé ou un ami de la famille, je tiens à leur dire qu'elles se trompent singulièrement. Ce n'est d'ailleurs pas pour ceux-là que j'écris car toute recommandation est inutile: ils resteront les gâtés jusqu'à la fin et je m'en réjouis pour eux ! Mais les autres... c'est-à-dire ceux qui, aux souffrances et aux privations communes à tous, voient encore s'ajouter le froid isolement du cœur, sont-ils moins braves, moins exposés, moins dignes d'intérêt ? Assurément non n'est-ce pas ? Quant au préjugé d'un autre âge, qui consiste à se figurer qu'il est " peu convenable „ d'écrire aux soldats que " l'on ne connait pas „ combattons-le en nous et autour de nous. Pas plus au front qu'ailleurs, la guerre n'a fait surgir, comme par enchantement des légions de saints ! Ceci soit dit plutôt pour satisfaire le caractère revêche de l'une ou l'autre, car malgré tout, je prétends que l'éducation la plus austère n'est pas incompatible avec cette manière — forcément plus ou moins modernisée — de faire du bien autour de soi. Savez-vous, Mesdames, que peut-être ma franchise déconcerte, savez-vous ce qu'il y a de " peu convenable „ de dégradant même pour une femme, quelle que soit sa nationalité bien entendu. C'est de promener partout le scandale d'une tenue qu'une ironie — réellement révoltante pour le bon sens féminin — décore du titre prompeux de " toilette habillée „ et qui est la preuve vivante de ce que le niveau moral baisse en. raison directe de la hausse des matières premières. Et puis, savez-vous ce qui est encore " peu convenable „ indigne même plutôt, pour nous, Belges surtout ? C'est d'accepter le coup de chapeau, la poignée de mains ou les avances — moins périlleuses que celles du front — d'un compatriote trop lâche pour faire son devoir ! De grâce donc, un peu plus de jugement et beaucoup moins de sensiblerie. Tout simplement et de bonne grâce, rapprochons-nous de nos soldats et acceptons de faire pour eux, le peu qu'ils demandent de nous. Rappelons-nous à ce propos que, quelle que puisse être notre situation sociale ou intellectuelle, nous devons toujours monter pour atteindre leur niveau moral ! Quant aux occasions elles ne manquent ' pas dans nos journaux. De plus, je rappelle avec plaisir que l'OEuvre de l'Appui du Soldat, bureau de placement bien nécessaire pour les grands orphelins du front, a son siège à Paris, rue Taitbouj, 24 où chacune peut écrire. A l'occasion de la cinquième année de guerre dont nous devons saluer l'aurore avec confiance, puls-je demander à chaque lectrice, au nom de ceux que nous pleurons, comme de ceux que nous admirons, en tremblant pour eux, de choisir en ce jour... un filleul de plus! MARIE LOUISE.

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