Moniteur des intérêts matériels

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Dimanche 5 avril 1914. EDITION TRIHEBDOMADAIRE. 64' année. — N* 41. MONITEUR INTÉRÊTS MATERIELS Tout ce qui a rapport au bien-être général, hormis la politique. Directeurs : Maurice da LAVEIiBTE, Georges F0KTTAÏXJE - BOTJR. BUREAUX : Bruxelles, 27, Place de Louvain. Telépli. A 429.— Paris : 23, rue Chauchat, 9<=. Téléph. Louvre 21-86. Correspondants : Rotterdam, Nijgh et Vas Ditmar. — Londres, Davies et O, 23, Finch Lane, CoTnhill,-E. 0. — Allemagne et ïtalie, Bureaux de Poste. Genève, Agenoe des journaux, 6 et .8, rue i'écoïat, — Alsace-Lorraine, Librairie Ammel, 8, place de la Gare, à Strasbourg. — Lisbonne, Emygdio da Silva, Pris d'abonnement par an : Belgique, 12 francs.. — i'rance, Suisse, Italie, Espagne, Portugal, Suède, Norvège, Danemark, Turquie, Itussie, Roumanie, Serbie, Bulgarie, Grèce, etc., 25 francs. — Pays-Bas, 8 florins. — Grand-Duché do Luxembourg, 15 francs. — Grande-Bretagne et Colonies, 1 £. — Allemagne, 20 XL3X. — Autriche, 24b couronnes-or. ECONOMIE POLITIQUE A propos du " cas Merrheim Il est hors clc doute que le syndicalisme français, subit un arrêt clans son développement, un arrêt ou plutôt un recul. On trouve, d'ailleurs, la preuve matérielle de ce phénomène dans les slalistiques publiées par le ministère du travail : au 1er janvier 1913 le nombre des ouvriers syndiqués était tic 1,027,000 (en chiffres ronds), soit une diminution d'environ 37,351) adhérents par rapport au chiffre constaté le 1er janvier 1912; d'un autre côté, les résultats des grèves ont été en 1912 (dernière année pour laquelle la statistique officielle it été publiée} sensiblement inférieurs aux résultats moyens des dix années antérieures : aiusi les échecs ont affecté 66-51 p. c. des grévistes, contre 30-21 p. c- pendant la période decennale envisagée. Ces indications concordent parfaitement avec l'impression que ressent quiconque suit un peu' attentivement le mouvement ouvrier : il devient de plus en -plus évident que la laineuse formule du congrès d'Amiens (1906) que le syndicalisme se suffit a lui-même, ou mieux encore que le syndi-. calisffle suffit à tout, a été lancée par des bluffeurs ou par des naïfs, et "les socialistes, d'un côté, les anarchistes, de l'autre, qui, pour des raisons faciles à comprendre, tiennent à rester en aussi bons termes que possible avec les syndicats, cachent mal un certain mépris, pour ce mouvement ouvrier,-qui a -voulu à toute force s'émanciper Se leur tulelle et qui ne réussit pas à s'imposer à l'a société française. A cet état actuel de dépression il y a évidemment beaucoup de causes, dont les unes sont accidentelles, comme les divers essais de grève générale, tous terminés par des échecs, cl d'autres qui sont historiques et fondamentales, telle 1 incapacité du travailleur français cie payer de fortes cotisations, telle encore sa lapon de comprendre le mandat accordé aux fonctionnaires syndicaux. Cette question des fonctionnaires, à la vérité fort ancienne, , rcl)ris nue place de premier plan depuis quelques mois et surtout depuis les incidents qui ont constitué ce qu'on appelle couramment le « .cas Merrheim ». C'est de cette ques non des fonctionnaires que je compte m'occuper uniquement Les 1 rançais ont, on le sait, la marotte de l'égalité. Dans leurs premières organisations les ouvriers ont renchéri sur rout ce que les bourgeois ont fait en matière d'égalité pour -r^'ion :;il a été déclaré que chaque membre d'un mini- (levait a son tour participer à l'administration, de umere qUC l'honneur, ou la charge, ou l'expérience ac-dcs Onctions'électives pût aller à tous ■DWii< ! rIue |es sociétés ouvrières furent de simples S>oul?«- sails importance numérique et sans respon-de r;rmru°- C' c.e.système put fonctionner sans présenter 'es s\m)jLV1COnve,luents- Mais 11 ea fut tout autrement quand feentàiiipc^ C u moiI,s certains d'entre eux. réunirent des dicals .membres, surtout quand les fcdéraiioii.s de syn-resta" a»ai™l- Pourtant Pespà-it de la masse fonctions ni'fmri• ■ °u l!a CIUC ''égalité dans le droit aux n bon nonihrt H-1 nullement l'égalité dans les capacités la clause dp iL -ian^Iô.rà maintinrent dans leu-s statuts'i ion ^éligibilité des fonctionnaires et notamment 1 du secrétaire, cheville ouvrière pourtant-du syndicat ou de la fédération. Ailleurs le principe de la rééligibililé fut posé, mais ce fut pour le plus grand mal clc l'organisation : tous les membres médiocres, envieux, étroits de cerveau se réunirent pour combattre, au nom des principes démocratiques, un fonctionnaire auquel les statuts donnaient le droit clc se faire réélire et qui souvent conservait son mandat. Dans presque toutes les industries la lutle contre les fonctionnaires fut un des buts essentiels de l'activité des syndiqués; de là une consommation énorme d'hommes, acculés d'ordinaire à la démission par l'impossibilité de se maintenir en fonctions. Quelques-uns firent taire leur amertume et rentrèrent dans la rang; d'autres, plus nombreux, créèrent des organisations rivales. Je n'insiste pas : on comprend assez le chaos où le mouvement syndical fut ainsi jeté, à s'en tenir même à cette cause de désordre. Avec le temps t'antifoiKtionnarisme (comme on dit aujourd'hui dans la langue syndicale), sans disparaître, perclil peu à lieu de son acuité; à la tète des grandes organisations, fédérations ou syndicats, des secrétaires, souvent appointés, se maintinrent. La clause de non rëéligibilité était disparue à peu près de tous les statuts; mais le mécontentement subsistait, plus ou moins avoué, contre des fonctionnaires dont l'autorité morale s'affirmait en même temps qu'avec le développement des effectifs syndicaux leur compétence technique acquérait plus de valeur. Quand, aux environs cle 1906, les anarchistes prirent en sous-màin ta direction du mouvement syndical, ils trouvèrent en face d'eux un certain nombre de ces fonctionnaires; ils les combattirent en se basant au moins autant sur le caractère dictatorial (vrai ou non) de leur administration que sur li nature « réformiste de leur action, et ils. parvinrent à en abattre quelques-uns. Mais on ne peut pas être à la fois « anarchisant » et chef d'une grande organisation ouvrière en mettant la main à la pâte, tel secrétaire côté jadis comme un « pur », s'aperçut vite de ce que valait la théorie du remplacement incessant des fonctionnaires; du jour où ils comprirent que la masse était trop inerte pour suivre ses chefs, ils établirent la doctrine .des « minorités conscientes » — ces minorités à qui incombe le rôle de diriger et de secouer la masse, 4? doctrine qui implique forcément la rééligibilité des fonctionnaires. Majs cette évolution des états-majors syndicalistes révolutionnaires ne s'est pas* produite en même temps dans toute l'armée qu ils dirigent : le cas. Merrheim en est la dernière cl la plus éclatante preuve. La Fédération des métaux se donne volontiers comme une des principales organisations du syndicalisme révolutionnaire français et M. Merrheim est l'un de ses secrétaires. 11 jouit dans cette organisation, et du reste clans tout le mouvement ouvrier, d'une grande autorité; mais it a eu le malheur d'éire inscrit comme syndiqué au Syndicat des métallurgistes de la Seine, dont la non rééligibilité des fonc: tionnaires est le principal, sinon l'unique cheval de batailla, et qui professe pour le reste des idées révolutionnaires fort avancées. Ce syndicat Jut outré -de l'attitude qu'avait eue M. Merrheim à la dernière conférence des bourses du- travail et des' fédération® (juillet 1913); j'ai noté à l'époque les déclarations dans lesquelles M. Merrheim, d'accord du reste avec ïo comité fédéral de la Fédération des métallurgistes, avajit

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