LA BANANE ET SA CULTURE De tous ces fruits exotiques qui, journellement ou pério diquement, envahissent les magasins, s'étagent sur le: comptoirs, garnissent les étalages de nos marchands d< primeurs et de produits coloniaux,... de ces fruits de toute: teintes et de toutes formes qui, exhalant leur parfum subti et délicat, procurent aux passants, aux flâneurs, le plaisir d( la vue avant les délices du goût,... le plus économique, 1( plus répandu, le plus apprécié, celui qui préside, comme dessert exquis, sur la fine porcelaine et le cristal taillé de la table du riche aussi bien que sur la modeste faïence de celle de l'ouvrier, ... celui qui prend actuellement une place si considérable dans l'alimentation de l'enfant, de l'adolescent, de l'adulte, du vieillard,... celui qui, voie quelques années, était encore considéré comme une rareté un dessert luxueux pour nos gourmets et nos gastronomes., c'est incontestablement : La Banane ! D'où vient-elle ?... Quel en est le pays de première origine ? Est-ce l'Asie, l'Afrique ou l'Amérique ?.. Aucun botaniste n'a pu, jusqu'à présent, préciser nettement cette réponse !... Néanmoins, si nous relisons le: anciens documents des premiers explorateurs, si nous nous arrêtons à leurs récits, leurs études, leurs recherches, leurs découvertes, nous devons reconnaître que la banane esl un fruit de vieille date et que, bien souvent, elle fut la seule subsistance de ces pionniers hardis et audacieux perdus, des mois entiers, dans l'inconnu des forêts vierges et des marais. Il ne faut pas croire cependant que la banane se rencontre dans tous les pays chauds indistinctement !... Elle ne se propage que dans les zones tropicales ; encore est-il absolument nécessaire que ces contrées joignent à une température excessivement torride, une humidité intense et continue ! L'extrême chaleur et l'eau abondante ; tels sont les deux facteurs indispensables à la reproduction de ce fruit savoureux, justement dénommé : " La Providence des Tropiques". En Europe, nous ne faisons usage de la banane que sous une forme : le fruit de dessert, qui se mange cru. — Chez les indigènes des pays d'origine, cette forme est la moins usitée et surtout la moins estimée ; la banane se consomme cuite : le "platano" des Hispano-Américains, le "plantain" des coloniaux. Suivant ses nombreuses variétés, elle se prépare de nombreuses façons tout aussi délicieuses les unes que les autres : La " Banane fade ", bouillie dans l'eau avec une pincée de sel, remplace très avantageusement le pain et la pomme de terre ; cueillie verte et cuite sur un feu de bois, elle a le goût et la consistance du biscuit de mer. La "Banane sucrée", celle qui embaume la vanille, est d'une saveur bien plus fine et bien plus précieuse ; cuite dans sa pelure, sous la cendre, alors qu'elle est tout à fait mûre, elle constitue un délectable régal ; coupée en tranches et frite dans le beurre, l'huile d'olive, au besoin l'huile de coco, elle satisfait amplement aux exigences des gourmets les plus difficiles ; exposée longuement au soleil, elle se transforme dans son enveloppe en une exquise confiture. Mille autres préparations culinaires s'adaptent à la cuisson de la banane ; chaque espèce, chaque variété donne lieu à une infinité de " recettes ", car elles sont innombrables, ces variétés et ces espèces. Aux Antilles, par exemple, on cultive à la fois un Bananier géant dont la hauteur monte à dix et douze mètres, qui produit des fruits gigantesques longs de 50 à 60 centimètres appelés par les indigènes : n banane-éléphant ,... et un Bananier nain, de la taille d'un groseillier de nos jardins, fournissant des fruits minuscules de 3 à 4 centimètres de longueur : la " {F}anane-datten. La Banane mûre, séchée et réduite en farine, contient, d'après . les hygiénistes, les plus hautes qualités nutritives et cura-tives ; elle peut revendiquer de nombreuses guérisons de maux d'estomac et s'impose comme une source de force, de santé pour les enfants débiles, les malades trop affaiblis. Depuis longtemps, les habitants du Tropique africain connaissaient les merveilleux effets de l'alimentation par la banane. Au temps de la Traite des nègres, des Européens explorant ces contrées sauvages virent maintes et maintes fois des milliers de malheureux noirs ligottés et entassés dans des enclos spéciaux et attendant, durant de longs mois, la venue d'un trafiquant de "bêtes humaines" ; comme unique nourriture, la banane ! Troqués d'abord pour quelques morceaux de fer ou quelques débris de verre, alors qu'ils étaient chétifs, maigres, pareils à des squelettes, leurs acheteurs, chefs de tribus, les parquaient comme des bêtes de somme!... A coup de "chicotte" même par la torture, ils étaient forcés... d'engouffrer journellement... une centaine de bananes !... On conçoit aisément le résultat d'un tel régime après quelques mois !... Gonflés, bouffis, engraissés, prêts à éclater, ils étaient vendus... sur pied... comme un vulgaire bétail... et contre argent sonnant aux "Acheteurs de Noirs!!!" Le poids de ces pauvres esclaves, étant doublé, voire triplé depuis le premier échange, leur donnait une plus value très importante et le prix obtenu par les ignobles vendeurs leur permettait de réaliser des bénéfices considérables ! Les pays les mieux situés pour la culture du bananier sont : La Jamaïque, le Costa-Rica, Cuba, le Panama, le Honduras, Saint-Domingue, le Nicaragua, le Guatemala, la Colombie. A ces régions américaines, il faut ajouter quelques provinces équatoriales de l'Afrique et de l'Asie. Les conditions essentielles pour la reproduction exigeant la chaleur et l'eau dans ces différents pays, les plantations sont établies dans les plaines basses, sur des versants exposés aux vents humides de l'Est, où des pluies torrentielles de 300 jours dans l'année, s'y abattant, rendent ces 1914 ILLUSTRÉ N' 97

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